Mission éducation/animation à Noflaye 2 juillet- 1 er août

Transcription

1 Mélanie (en équipe avec Jérémy) -18 ans- 1 ère année à Sciences Po Toulouse Mission éducation/animation à Noflaye 2 juillet- 1 er août Mission éducation + animation Les extras de la mission : ramassage des déchets et sensibilisation à l hygiène des mains et des dents La vie à Noflaye : l hébergement et le village Quelques conseils aux prochains volontaires 1

2 1) La mission éducation : Le Mardi 3 juillet fut notre première journée à l école mais nous n avons pu intervenir comme cela était prévu qu à partir du Lundi 9 juillet. En effet, les enfants étaient en révision ou en composition tous les matins de la semaine. Ainsi le directeur de l école ne nous a pas autorisé à nous occuper des classes de primaire. Alors, pendant cette première semaine nous avons aidé les élèves de 1 ère et de terminale présents à l école. Nous avons travaillé ensemble avec plaisir car ils étaient très motivés et demandeurs d aide! Ce soutien était plus ou moins improvisé : par exemple, Astou, une élève de 1 ère souhaitait que l on discute en anglais pour améliorer son niveau à l oral, d autres élèves voulaient que l on corrige ensemble une dissert de français J ai aussi donné quelques cours de philo à des terminales très assidus! Ensuite, durant la deuxième semaine, chacun des volontaires se chargeait d un groupe de niveau : CI-CP (Salômée), CE1 (Moi), CE2 (Jérémy), CM1 (Gabrielle). Les cours se déroulaient de 16h à 18h et pour se détendre on finissait la journée par des jeux tous ensemble. Pour les cours, nous avons surtout mis l accent sur le français : leçons de grammaire, conjugaison et orthographe. C est la priorité! Ces petits adorent les maths et demandent : «calcul! calcul!» mais ce n est pas la matière où ils ont le plus de lacunes. 2

3 Les parents confient souvent aux enfants d aller acheter du pain, du thé à la boutique et ils sont alors assez familiers avec le calcul mental. Le plus dur pour nous a été de les canaliser mais aussi de les faire venir régulièrement à l école. Ils sont débordants d énergie, de gaieté mais quand il faut travailler ce n est pas évident pour les faire tenir en place! Beaucoup se lèvent, changent de place, marchent sur les tables mais les plus perturbateurs sont ceux qui trainent dehors. Ils rentrent par les portes ET les fenêtres, d autres viennent chercher des craies ou de l eau pour le tableau Bref c est assez sportif mais il ne faut pas baisser les bras et se laisser submerger! Le mieux est de faire comme si de rien n était et ne pas sembler perturbé. On sent bien qu ils cherchent à nous tester mais une fois que nous les connaissons bien, l autorité vient! Il se trouve que les enseignants arrivent à frapper les plus perturbateurs pour se faire respecter. Alors que notre mission fut d instaurer un climat de confiance et de vraiment travailler «en équipe» avec eux. Concernant les effectifs, ils sont très variables mais limités car c était une période de vacances : de 5 à 15 pour les CE1. Les élèves qui venaient étaient les mêmes et majoritairement des filles! Pour les autres niveaux, les élèves étaient aussi une petite dizaine environ. Je me suis rendue compte que ces enfants assidus faisaient partie de la tête de classe (ils ont reçu leur classement mi-juillet). Le défi a été de les faire venir tous les jours et à l heure. Les élèves arrivaient souvent au compte-gouttes et certains ne venaient qu occasionnellement. En effet, ils doivent parfois aider leurs parents au champ, à la maison, d autres vont à l école coranique deux fois par semaine et d autres encore étaient partis de Noflaye pour les vacances. Cependant, j ai passé d excellents moments avec eux! Ils sont motivés, toujours gais et prêts à partager, à nous apprendre leur culture. Il y a de beaux échanges. Je me suis beaucoup attachée à ces élèves touchants car au-delà là de mon rôle de «prof», j étais avant tout leur amie. La douleur du départ a bien reflété la force de ces liens tissés entre nous Enfin, à partir de la troisième semaine et jusqu à la fin du mois, les cours de soutien se déroulaient de 9h (ou 10h) à 12h tandis que l après-midi était consacrée aux jeux (15h30-17h30 ou plus). 3

4 2) La mission animation : Le bilan des animations a été très positif : tout le monde a pris plaisir aux activités que nous proposions. La plupart du temps, chaque volontaire s occupait du groupe qu il avait en soutien le matin. Nous nous mettions parfois en duo ou trio. C était la meilleure solution pour s organiser car il était trop difficile de faire seulement une activité avec 50 élèves en même temps. Pour donner des exemples, on a choisi de faire de la peinture sur des grandes feuilles de papier, du dessin, des scoubidous, des bracelets de perles. J ai été agréablement surprise du respect des élèves pour le matériel que nous apportions. Mais ces ateliers devaient se faire en petits groupes pour éviter les débordements (d où le rassemblement par classe). Mais nous avons aussi organisé des jeux en extérieur qui leur plaisent beaucoup : 1, 2,3 soleil!, loup, le béret, des chants, des danses, la course de vitesse et le fameux tomate-ketchup! 4

5 3) Les extras de la mission : pour aller plus loin -Constatant l ampleur des déchets qui se trouvaient dans les rues, nous avons voulu sensibiliser davantage la population aux problèmes écologiques. Ce n est pas du tout évident de changer des modes de vie, des habitudes en quelques semaines. La plupart des habitants ne se sentent pas alertés ou concernés par la propreté du village. Jeter les ordures dans les rues est une simple habitude, une évidence. Pour ce projet, nous avons reçu l aide de l AJUC (Association des Jeunes Unis et Conscients) : c est une association composée d une trentaine de membres entre 17 et 25 ans environ dont le but est d agir pour le développement de Noflaye. 5

6 Notre mission s est portée d abord sur la sensibilisation avant d entreprendre d autres projets de grande ampleur. Pour une action symbolique, nous avons organisé un après-midi de nettoyage de l école. Regroupés par équipe, les enfants ont ramassé à l aide de sacs poubelles tous les déchets plastiques, papier et feuilles mortes trainant dans la cour. Les élèves étaient très impliqués et s empressaient de ramasser le plus d ordures puisque la récompense des participants était une sortie pédagogique au village des tortues. Ensuite, nous avons réfléchi longuement pour trouver la meilleure solution pour un ramassage des ordures hebdomadaire plus efficace. On a conclu à l installation d un réseau de poubelles en plastique qui seraient vidées dans une grande benne pour que les ordures soient récoltées par le camion. Le projet est en cours et le maire de la communauté des villages a promis son soutien matériel et financier. - De plus, un après midi, nous avons accompagné tous les élèves à la case de santé pour une sensibilisation à l hygiène des mains et des dents avec les volontaires de santé. 4) L hébergement et le village : - Avec Jérémy, nous étions logé chez Bathily, un homme vivant seul dans une paisible petite maison. Le confort était sommaire mais le minimum était là : une chambre avec un lit et matelas, un salon, une petite cour. Les sanitaires se situaient à l extérieur. Les toilettes étaient à la turque, la douche était simplement une pièce avec une évacuation d eau : nous avions des bidons d eau à notre disposition pour remplir une cruche et se laver avec. Pour boire, nous avions chaque jour des bouteilles d eau minérale. Concernant les repas, nous les prenions tous (sauf le petit déjeuner) chez Madame Kassé. Un régal! Au menu, repas typiques du Sénégal comme le célèbre Tiep bou dien ou Poulet Yassa (les quantités étaient vraiment suffisantes). Et l on pouvait manger en toute sécurité car la préparation des plats respectait nos fragiles estomacs occidentaux. 6

7 TIEP BOU DIEN (Riz au poisson) Mais ce que je retiendrai de plus important, est le formidable accueil qui nous a été réservé. L intégration a été très facile car les habitants nous ont accueilli à bras ouverts. De suite, nous nous sommes sentis habitants de Noflaye et non plus touristes de passage. Je remercie vraiment Ibra et toute sa famille, Ibou, Mme Kassé, Tata France, l AJUC, tous les élèves et plus largement tous les habitants de Noflaye. C est grâce à eux que l on s est senti aussi bien! Nous avons vécu de belles choses, des échanges culturels, du partage, beaucoup d affection et des moments de convivialité. Ce fut une expérience humainement très riche. On comprend alors pourquoi l association a choisi Noflaye car c est un village où l on ne peut que s épanouir! 5) Quelques conseils : D abord, concernant la mission éducation en elle-même, je conseillerais aux prochains volontaires de donner la priorité au français. Ce n est qu à l entrée à l école à l âge de 7 ans que les enfants apprennent le français. Ils ne le maitrisent donc pas parfaitement. Ainsi, le wolof est largement parlé à la maison (pour mieux s intégrer, il nous a fallu apprendre quelques mots c est le passage obligé!). 7

8 Pour être plus efficace, le mieux est de faire quelques leçons axées sur des temps conjugués et des règles de grammaire précises et les répéter pour que les élèves s en souviennent, plutôt que s éparpiller à vouloir leur enseigner toutes les règles de la grammaire française. Donc à privilégier : dictée, conjugaison, «épèle-moi» (jeu d orthographe) et quelques leçons de grammaire ciblées. Le mot d ordre est aussi ADAPTATION : adaptation aux nombres d élèves, au niveau, aux horaires, à toutes les habitudes qu ils ont pris à l école De plus, en arrivant au Sénégal, j ai été assez surprise de la place importante de la religion dans le quotidien des habitants. 90% de la population est de religion musulmane et il y a plusieurs écoles coraniques dans le village. Par exemple, chaque matin vers 5h, nous entendions l appel à la prière venant de la mosquée, beaucoup de femmes et fillettes sont voilées ; je conseille aux volontaires filles de prévoir pantalons larges et éviter les décolletés. 8

9 C était amusant car il m est arrivé de porter un pantalon trop moulant ou trop court (aux genoux) et les fillettes, à l école me l ont fait remarqué en me disant «Nerul» signifiant «mauvais» en wolof. Pour les garçons, il y a beaucoup moins de problème, les shorts choquent beaucoup moins. Toujours concernant la culture, le français n est parlé qu à l école ou par les personnes d un certain degré d éducation. Donc, il m est souvent arrivée de me sentir exclue de la conversation, ne comprenant pas grand chose au wolof. Il est aussi arrivé que d autres personnes parlaient wolof en notre présence pour ne pas que l on comprenne. Mais en général, les personnes que l on rencontrait faisaient des efforts pour parler français avec nous. Enfin, pour ceux qui se posent quelques questions sur la connexion à internet : un ordinateur était présent dans le bureau chez Mme Kassé et même si internet ne fonctionnait pas tous les jours, la connexion restait vraiment correcte. Enfin, en arrivant au Sénégal, il faut acheter une puce locale que l on trouve très facilement dans les boutiques. Ensuite il est possible d acheter des recharges de crédit orange de 1000 Fcfa ou plus. Cela nous permet de joindre et d être joignable par Ibra et de donner des nouvelles à nos proches en France. Dieureudieuf au Sénégal! 9