EGALITE FILLES GARÇONS EN LETTRES-HISTOIRE

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1 EGALITE FILLES GARÇONS EN LETTRES-HISTOIRE QUELLE LEGITIMITE POUR TRAITER DE L EGALITE FILLES-GARCONS? LES ENJEUX DE LA MIXITE EN LP «DISCRIMINATIONS», «EGALITE», «GENRE», DE QUOI PARLE-T-ON? LES MANUELS RESSOURCES ET TEMPS FORTS Aurore LULKA vendredi 3 avril 2015 A. Lulka /04/15

2 QUELLE LEGITIMITE POUR TRAITER DE L EGALITE FILLES-GARCONS? CONVENTION INTERMINISTERIELLE ( ) Depuis 1989, «les écoles, les collèges, les lycées et les établissements d enseignement supérieur [ ] contribuent à favoriser la mixité et l égalité entre les hommes et les femmes, notamment en matière d orientation. [ ] Ils assurent une formation à la connaissance et au respect des droits de la personne ainsi qu à la compréhension des situations concrètes qui y portent atteinte. [ ] Les écoles, les collèges et les lycées assurent une mission d information sur les violences et une éducation à la sexualité.» (Article L du code de l éducation). C est bien la mission du système éducatif de faire réussir chacun et chacune, fille ou garçon, de la maternelle à l enseignement supérieur. Cette réussite implique que les valeurs humanistes d égalité et de respect entre les femmes et les hommes, les filles et les garçons, soient transmises et comprises dès le plus jeune âge. Ces valeurs sont inscrites dans la Constitution et dans les textes internationaux ratifiés par la France comme la Convention des Nations Unies sur «l élimination de toutes les formes de discriminations à l égard des femmes». Extrait du préambule A. Lulka /04/15

3 1. Acquérir et transmettre une culture de l égalité entre les sexes 1.1 Intégrer dans les enseignements dispensés, dans les actions éducatives, dans les supports pédagogiques, la thématique de l égalité entre les femmes et les hommes 1.2 Prévoir des formations à l égalité et à la déconstruction des stéréotypes sexistes dans le cahier des charges de la formation des personnels enseignants, d éducation et d orientation. 1.3 Intégrer des actions de formations à l égalité et de déconstruction des stéréotypes sexistes dans la formation continue des personnels enseignants, d éducation et d orientation. 2. Renforcer l éducation au respect mutuel et à l égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes. 2.1 Mieux connaître et prévenir les situations liées aux comportements et violences à caractère sexiste et sexuel dans le système éducatif 2.2 Promouvoir l égalité et le respect mutuel entre les sexes : prévenir et agir 2.3 Prendre appui sur une éducation à la sexualité effective pour développer l égalité entre les sexes et l accès à la contraception 3. S engager pour une plus grande mixité des filières de formation et à tous les niveaux d étude 3.1 Renforcer la connaissance des parcours d études des filles et des garçons et de leur insertion professionnelle, assurer leur visibilité et définir des objectifs pour l action 3.2 Veiller à exclure tout stéréotype sexiste dans l information délivrée sur les métiers et les filières de formation 3.3 Promouvoir la mixité dans les parcours de formation et les secteurs professionnels. Convention = texte non contraignant A. Lulka /04/15

4 CIRCULAIRE «MISE EN ŒUVRE DE LA POLITIQUE EDUCATIVE EN FAVEUR DE L EGALITE ENTRE LES FILLES ET LES GARÇONS A L ECOLE» (n du ) La politique éducative en faveur de l'égalité entre les filles et les garçons à l'école repose à la fois sur la formation, initiale et continue, de l'ensemble des personnels, et sur la prise en compte, au cœur des enseignements et de la pratique pédagogique, d'un principe qui est au fondement de notre République et qui constitue un des objectifs du service public d'enseignement. Elle a pour finalité la constitution d'une culture de l'égalité et du respect mutuel partagée par l'ensemble des membres de la communauté éducative, élèves, personnels, parents et partenaires concourant aux missions de l'école, et garantit à chaque élève, fille ou garçon, un traitement égal et une même attention portée à ses compétences, son parcours scolaire et sa réussite. Bulletin officiel n 4 du 22 janvier in_officiel.html?cid_bo= Généraliser la formation initiale et continue de l ensemble des personnels à l égalité entre les filles et les garçons. Formation initiale des personnels Formation continue des personnels - priorité nationale ( ) - conférences du séminaire national «L'égalité entre les filles et les garçons à l'école» Ouverture du séminaire "L'égalité entre les filles et les garçons à l'école" (Conférence en ligne - 26 novembre 2014) Stéréotypes et performances scolaires (Conférence en ligne - 27 novembre 2014) Table ronde "Agir pour l'égalité à l'école en relation avec les familles" (Conférence en ligne - 28 novembre 2014) 2. Mobiliser de nouvelles ressources, pour fédérer l ensemble de la communauté éducative autour d une ambition partagée et permettre aux enseignants de mettre en œuvre des séquences en classes - Eduscol : rubrique «L égalité des filles et des garçons» - Réseau Canopé : «Outils pour l égalité entre les filles et les garçons à l école» A. Lulka /04/15

5 LES ENJEUX DE LA MIXITE EN LP DES FILIERES MARQUEES PAR LE GENRE Affectation en 2nde professionnelle et 1 ère année de CAP du SECTEUR DE LA PRODUCTION selon le sexe (Candidats vœu 1 par domaine en fonction du sexe) Affectation en 2nde professionnelle et 1ère année de CAP du SECTEUR DES SERVICES selon le sexe (Candidats vœu 1 par domaine en fonction du sexe) Tableaux extraits de Repères pour l orientation ( ), Service académique d information et d orientation (SAIO), académie de Rouen, janvier 201 A. Lulka /04/15

6 LE LP AU CŒUR DE LA «VALENCE DIFFERENTIELLE DES SEXES» (F. Héritier) Des métiers qui sont le prolongement de la sphère domestique La question de l orientation (données académiques) - moins de places en services où sont les filles sont majoritaires Services = 2941 places (72,2% de filles) Production = 3904 places (12,2% de filles) - un taux d attraction plus fort, en particulier dans les filières «de filles» Services = 1,64 - esthétique : 4,73 - coiffure : 3,23 - soins à la personne : 3,06 - un taux de satisfaction plus faible Production = 1,28 Services = 0,60 Production = 0,67 Les conséquences sur l insertion professionnelle - le temps partiel (2013) - 9% des écarts de salaires injustifiés 30,6 % des femmes actives (contre 7,2% pour les hommes) Source : Insee, enquête Emploi Extrait de «Femmes-hommes, l égalité en action», Alternatives économiques poche, HS n 63, septembre 201 A. Lulka /04/15

7 «DISCRIMINATIONS», «EGALITE», «GENRE», DE QUOI PARLE-T-ON? CF. EGALITE ET MIXITE, ETAT DES LIEUX ET MOYENS D ACTION AU COLLEGE ET AU LYCEE, HUGUES DEMOULIN, CANOPE EDITIONS, 2014 DISCRIMINATIONS Inégalités filles/garçons et système scolaire Dans le domaine de l éducation, les filles et les garçons jouissent des mêmes droits de choisir et d accéder aux mêmes possibilités d études. Pourtant, leurs destins scolaires divergent avec des conséquences notables d insertion professionnelle, de condition de travail et de salaire. Discrimination directe La personne est explicitement traitée différemment parce que porteuse d une caractéristique. lourdement sanctionnée Discrimination indirecte ou «systémique» La discrimination résulte d une interaction de pratiques, de décisions ou de comportement individuels ou institutionnels dans tous les domaines de la société qui provoquent une situation d inégalités cumulatives pour un groupe social. Exemple : le temps partiel pour les femmes A. Lulka /04/15

8 TROIS APPROCHES DE L EGALITE L égalité des droits Approche centrée sur les droits, qui constituent un socle de référence définissant les garanties juridiques dont bénéficié chaque citoyenne, sans distinction de sexe ni d orientation sexuelle L égalité des chances Approche attentive aux chances et aux opportunités visant à compenser et corriger les inégalités consécutives au fonctionnement même du système éducatif, en mettant en œuvre des dispositions spécifiques pour une catégorie d élèves L égalité des capabilités Approche qui vise à développer les capabilités des individus, c est-à-dire leurs capacités et leur liberté à utiliser les biens disponibles pour choisir leur propre mode de vie. GENRE Façon de parler, de se comporter ou de vivre jusqu à l affectation Style artistique Une espèce Ex : genre humain Catégorie grammaticale Masculin / féminin GENRE Catégorie au sein de laquelle les éléments partagent des traits communs Catégorie d analyse des sciences sociales Le genre peut être considéré comme un «sexe social» qui permet d analyser les différences entre les filles et les garçons comme résultant du fonctionnement de la société (et non d une différence biologique). A. Lulka /04/15

9 LES MANUELS LE CENTRE HUBERTINE AUCLERT REPRESENTATION DANS LES MANUELS QU EST-CE QU UNE REPRÉSENTATION? On reprendra ici la définition proposée par Denise Jodelet. Il s agit d une «forme de connaissance socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d une réalité commune à un ensemble social 1». Il est important de retenir que la représentation n est pas le reflet de la réalité. ( ) De fait, tout système de représentations est aussi un système de valeurs. L étude des représentations permet donc de mettre à jour ces systèmes de valeurs ; dans notre cas, l étude des représentations sexuées et sexistes permet de mettre en évidence un système d inégalités entre les sexes. Parmi les représentations étudiées, on peut déceler des stéréotypes de sexe. QU EST-CE QU UN STÉRÉOTYPE DE SEXE? Les stéréotypes de sexe sont des représentations schématiques et globalisantes qui attribuent des caractéristiques supposées «naturelles» aux filles/femmes, aux garçons/hommes sur ce que sont et ne sont pas les filles et les garçons, les femmes et les hommes, sous-entendu par nature. Si les stéréotypes les plus flagrants disparaissent peu à peu des manuels, nos études ont démontré qu ils sont toujours présents et que les femmes sont largement sous-représentées dans les manuels scolaires. Guide pratique Faire des manuels scolaires des outils de l égalité entre les femmes et les hommes, Centre Hubertine Auclert, Jodelet Denise (dir.), Les représentations sociales, Paris, PUF, 1989, cité dans Brugeilles Carole, Cromer Sylvie, Analyser les représentations du masculin et du féminin dans les manuels scolaires, Paris, Les collections du CEPED, A. Lulka /04/15

10 CONSTATS Si nous ne faisons rien, quelle image de notre société s offre à nos enfants? À en croire nos manuels scolaires aujourd hui : une société dans laquelle plus de 90 % des citoyens et des citoyennes seraient des hommes. Une société dans laquelle les grandes découvertes, l art, la philosophie, les mathématiques seraient des domaines réservés aux garçons. Une société dans laquelle nous apprendrions que des métiers sont dédiés aux femmes et d autres aux hommes, ou que les femmes sont avant tout des «femmes de» avant d être des individus à part entière. Est-ce là le message que nous voulons transmettre? Sommes-nous mêmes conscient-e-s que ces représentations vont à l encontre de l égalité entre les femmes et les hommes qui est pourtant une valeur de l école républicaine? Extrait de l édito du Guide pratique Faire des manuels scolaires des outils de l égalité entre les femmes et les hommes, Centre Hubertine Auclert, Les femmes restent extrêmement sousreprésentées - HISTOIRE : 3,2% des biographies présentes dans les manuels de Seconde générale et de CAP - FRANÇAIS : 5% d auteure-s des textes littéraires et théoriques proposés dans les manuels de seconde (générale, technologique et professionnelle) Des procédés de minimisation, d invisibilisation et de cantonnement - HISTOIRE : les femmes apparaissent dans des dossiers dédiés (marginalisation du récit historique) / femmes d exception) : invisibilité des femmes dans la production économique / massivement représentées dans la sphère privée - FRANÇAIS : certaines femmes ayant joué un rôle majeur dans l histoire culturelle, scientifique et technique sont parfois citées sans que soit présenté leur rôle (présentée comme des épouses ou amantes) Des stéréotypes toujours présents - femmes présentes dans les manuels à travers le prisme d un désir stéréotypé des hommes (écrivain, peintre ) - FRANÇAIS : figures féminines récurrentes : «femme fatale», «femme animale», «femme muse», la mère ou l amante de l auteur ou de l artiste. A. Lulka /04/15

11 QUELQUES PISTES A EXPLORER Français Arts plastiques - La quasi-absence des femmes dans l histoire de la littérature ; - L étude de textes écrits par des auteures ; - L argumentation autour de l égalité des sexes au siècle des Lumières. - Questionner l absence des femmes de certaines périodes et/ou disciplines artistiques ; - Proposer l étude d œuvre de femmes artistes ; - Questionner les représentations des femmes dans l art et l histoire de l art Histoire - Travailler à enseigner une véritable histoire mixte ; - Questionner l absence des femmes de certaines périodes historiques ; - Questionner les représentations des femmes dans l art et l histoire de l art - l argumentation autour de l égalité des sexes au siècle des Lumières. A. Lulka /04/15

12 RESSOURCES ET TEMPS FORTS LA MISSION EGALITE FILLES-GARÇONS Hugues DEMOULIN Tél: egalite-filles-garcons@ac-rouen.fr Au sein du rectorat, rattachée à la délégation académique à la formation des personnels enseignants, la mission «égalité filles/garçons» est chargée de coordonner la mise en œuvre des engagements académiques pris dans la convention et de mettre en œuvre des actions de différentes natures.!"#$%&'()(*%+%&',-../012-.(-&(&-34.(5/1&.( 6789()(678:!"#$%&'()(*%+%&'()(,-../012-.(-&(&-34.(5/1&.(6789)678: A. Lulka /04/15

13 BIBLIOGRAPHIE Sitographie Outils égalité filles-garçons Réseau Canopé : Espace ressources Egalité Filles/Garçons : Représentations sexuées dans l audiovisuel : Le module «Jeunes et genre» - Approche LUCIDE : Le centre Hubertine Auclert : Site de l université d Angers : A. Lulka /04/15

14 CONCLUSION «L école n a pas par principe pour vocation à se mêler de tout. Les actions mises en place correspondent à sa mission de service public d éducation et s inscrivent dans un cadre législatif et réglementaire. ( ) Pour autant, l éducation se fait nécessairement contre les déterminants sociaux, contre les préjugés, contre l ignorance, contre les idéologies et donc contre le genre. Elle affirme des valeurs, enseigne des savoirs éprouvés et favorise l émancipation. Elle est nécessairement amenée à s opposer aux comportements et aux représentations du monde et de soi qui restreignent les libertés et les capabilités individuelles, et à imposer des règles de conduite nécessaires à la vie dans une société démocratique» Extrait de Egalité et mixité, Etat des lieux et moyens d action au collège et au lycée, Hugues DEMOULIN, Canopé éditions, 2014 A. Lulka /04/15