Forêt et valorisation du bois : la filière bois de l Ain Livre Blanc 2009

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1 Forêt et valorisation du bois : la filière bois de l Ain Livre Blanc

2 Sommaire Introduction... 6 Diagnostic Le patrimoine forestier de l Ain Un patrimoine boisé étendu La production ligneuse Organisation structurelle des peuplements Surface Forestière et taux de boisement La place respective de la forêt publique et de la forêt privée La forêt publique La forêt privée L avenir de la forêt dans l Ain Les essences forestières et les peuplements Les principaux feuillus Les principaux résineux Répartition des principales essences en surface Enjeux du patrimoine forestier Des milieux naturels riches et diversifiés Les milieux naturels La forêt et l'environnement La démarche «Natura 2000» en forêt : Les corridors biologiques : La forêt et la chasse Le risque sanitaire, lié aux évolutions climatiques Perspectives générales en matière d évolution climatique Les étages altitudinaux et leur évolution Le risque lié à l inadaptation des essences aux étages Enjeux liés au changement climatique L économie de la filière bois L Ain L emploi L exploitation forestière L exploitation Les enjeux de l exploitation et de la commercialisation forestière La première transformation Les scieries Les enjeux du monde du sciage Bois énergie Les enjeux du bois énergie L industrie du papier La seconde transformation Le bois un matériau incontournable La construction bois L ameublement, charpente, menuiserie Emballages Tourneur Tabletier L industrie du panneau de bois Le commerce Les enjeux de la deuxième transformation Investissements Page 2

3 3.7 Certifications et normes PEFC Marquage CE Traitement NIMP AOC bois du Jura Les enjeux de la certification La formation et le recrutement Lycées professionnels Centres de Formation par l Apprentissage Ecoles de production Organisme de Formation Spécialisée Recrutement Les enjeux de la formation Les acteurs de la filière Les acteurs institutionnels Service Régional de la Forêt, du Bois et des Energies (SERFOBE) de la Direction Régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la Forêt (DRAAF) La Direction Départementale de l'agriculture et de la Forêt de l'ain (DDAF) L Office National des Forêts Le Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) Les Communes Forestières Le syndicat des propriétaires forestiers privés de l Ain Les groupements de sylviculteurs Les experts forestiers et experts en bois La coopérative forestière Le Syndicat Intercommunal d'initiative Forestière du Haut Bugey (SIIF) FIB Le Groupement des Exploitants et Scieurs de l'ain L'Union des Fabricants d'articles en Bois (UFAB) Entrepreneurs Des Territoires Le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement de l'ain (CAUE) Hélianthe Les métiers de la filière bois Le sylviculteur Le technicien forestier Le bûcheron L exploitant forestier L Entrepreneur de Travaux Forestiers (ETF) Les métiers de la première transformation Le scieur Le déroulage bois Les métiers de la deuxième transformation Les menuisiers Les ébénistes L'emballage Les tourneurs tabletiers Le Charpentier L'Insertion par l'activité Economique Divers types de structures Les principaux donneurs d'ordre potentiels Page 3

4 5.6 Organisation fonctionnelle des acteurs Les outils de la politique forestière Les «chartes forestières de territoire» Les Pôles d Excellence Ruraux (PER) Les aides du Conseil général de l Ain Les Contrats de Développement Rhône-Alpes (CDRA) Les aides de la Région Rhône-Alpes Les aides aux opérations sylvicoles Fonds Régional d'aide au Conseil filière bois (F.R.A.C. Bois) Fonds Régional d'intervention Stratégique Industries du bois (F.R.I.S. Bois) Le plan pluriannuel d actions de FIBRA La loi forestière Le regroupement foncier Les PSG et les nouveaux documents de gestion Plan de Développement Rural Hexagonal (PDRH) financé par le fonds européen (Feader) Les aides publiques accordées par l état : Projet INTERREG IV franco suisse ( ) : le «Pic Tridactyle» Les Communautés de Communes Les plans de massifs Réseau de suivi de la santé de la forêt au niveau national Enjeux des Politiques territoriales Les enjeux Principaux enjeux pour un développement durable Les enjeux de la filière forêt bois Les enjeux transversaux : Le programme d actions Enjeux 1 : Développer la production et anticiper le renouvellement des forêts Enjeux 2 : Développer et renforcer le tissu d entrepreneurs forestiers et le réseau local d entreprises Enjeux 3 : Développer les chaufferies bois et les filières locales bois énergie Enjeux 4 : Développer la construction bois et les filières locales de mise en œuvre Enjeux 5 : Favoriser le renouvellement de la ressource humaine dans la filière forêt bois Enjeux 6 : Garantir la cohérence des politiques en faveur de la filière forêt bois Page 4

5 GLOSSAIRE ASA : Association Syndicale Autorisée ASGF : Association Syndicale de Gestion Forestière CBPS : Codes de Bonnes Pratiques Sylvicoles CDDRA : Comité de Développement Durable Rhône-Alpes CNDB : Comité National du Développement du Bois CNPPF : Centre National Professionnel de la Propriété Forestière CRPF : Centre Régional de la Propriété Forestière DDAF : Direction Départementale de l Agriculture et de la Forêt DGPAAT : Direction Générale des Politiques Agricoles, Agroalimentaire et des Territoires DRAAF : Direction Régionale de l Alimentation, de l Agriculture et de la Forêt DTU : Document Technique Unique ETF : Entreprise de Travaux Forestiers FEADER : Fond européen Agricole pour le Développement Rural FIB 01 : Fédération Interprofessionnelle du Bois de l Ain FIBRA : Fédération Forêt-Bois Rhône-Alpes FNCOFOR : Fédération Nationale des Communes Forestières IFN : Inventaire Forestier National INRA : Institut National de la Recherche Agronomique IRB : Inter Région Bois MAP : Ministère de l Agriculture et de la Pêche ONF : Office National des Forêts PDRH : Plan de Développement Rural Hexagonal PEFC : Bois provenant de forêts gérées durablement PER : Pôle d Excellence Rurale PSG : Plan Simple de Gestion RTG : Règlement Type de Gestion SCOT : Schéma de Cohérence territoriale SERFOBE : Service Régional de la Forêt, du bois et des Energies UCFF : Union de la Coopération Forestière Française UFAB : Union des Fabricants d Articles en Bois UFCB : Union Forestière des Coopératives Bois Page 5

6 Introduction Le Conseil Général de l Ain a souhaité mettre en place une politique départementale et s appuyer sur un état des lieux de la forêt et de la filière bois du département, complété par des propositions d actions susceptibles d alimenter la future politique. Le livre blanc de la filière forêt bois s inscrit dans une démarche de développement durable du Conseil Général de l Ain et d anticipation des évolutions climatiques. Ce travail collectif a été confié aux acteurs de la forêt et de la filière bois : ONF, CRPF, DDAF, groupements de sylviculteurs, association des communes forestières, coopérative forestière, syndicat des propriétaires forestiers, acteurs de la formation, FIB 01, syndicat des scieurs, entreprises de la filière bois. La coordination technique de ce travail a été confiée à FIB 01 en lien avec Hélianthe. FIB 01(Fédération Interprofessionnelle du Bois de l Ain) qui regroupe l ensemble des différents acteurs de la filière forêt bois a été créée en 1991, sous l impulsion du CAUE de l Ain. Cet organisme l a pendant de longues années hébergé et l a aidé à se structurer. Membre du Réseau FIBRA (Fédération Forêt Bois Rhône- Alpes), FIB 01 a désormais son siège social à Cormaranche en Bugey, où est situé le pôle formation des métiers du bois de l Ain. Page 6

7 Diagnostic 1 Le patrimoine forestier de l Ain 1.1 Un patrimoine boisé étendu Le département de l Ain bénéficie d une couverture forestière importante, qui a fortement progressé dans un passé récent et dépasse désormais ha. Il s agit pour l essentiel ( ha) de forêts de production, c est à dire ayant vocation à fournir une récolte de bois. Ces chiffres correspondent à un taux de boisement de plus de 31%, nettement supérieur à la moyenne nationale (27%). Si l on reste proche de cette dernière dans la moitié ouest du département, correspondant aux «pays» de plaine (Val de Saône, Bresse, Dombes, Plaine de l Ain..), on atteint par contre fréquemment 55% dans les communes de montagne, voire jusqu à 72% dans le Haut Bugey. Si la superficie forestière est désormais globalement stabilisée en plaine (voire localement en légère régression compte tenu de la pression grandissante de l urbanisation et des infrastructures), elle semble continuer à s accroître dans certains secteurs montagneux (Revermont, Bas-Bugey...) au détriment de surfaces agricoles délaissées. Toutefois, un récent diagnostic effectué par la Chambre d Agriculture pour le SCOT de Bellegarde indique que la friche ne s étend plus sur les surfaces agricoles car tout ce qui devait s enfricher l a été. 1.2 La production ligneuse En 2007, la récolte de bois de la région Rhône-Alpes s élève à 2,6 millions de m3, avec une moyenne de 2,2 millions de m3 au cours des 10 dernières années, ce qui place la région au 2 ème rang national avec près de 7 % de la récolte française. La région Rhône-Alpes se caractérise par son importante production de grumes qui représente 80 % des volumes exploités. En revanche, la part de la production de bois d industrie (papier, panneau, bois énergie) y est plus faible que sur le plan national (14 % pour Rhône-Alpes contre 30 % pour la France). Quant au département de l Ain, il se positionne au 2ème rang de la production régionale pour la récolte totale et pour celle de bois d œuvre feuillus et résineux. Il est le 1 er département de la région sur le plan de la récolte bois d œuvre en chêne, hêtre et frêne-merisier et le 2 ème sur celui de la récolte bois d œuvre peuplier. En moyenne, sur une longue période, la forêt publique et la forêt privée fournissent, à part égale, les bois d œuvre exploités ; les 2/3 de la récolte résineuse provenant de la forêt publique et les 3/4 de la récolte de feuillus de la forêt privée. Ceci s explique par le fait que la majorité des forêts publiques de l Ain sont situées plutôt en altitude (région du Bugey). Page 7

8 1.3 Organisation structurelle des peuplements La futaie (peuplement forestier composé d arbres issus de graines) est majoritaire dans le département (52 %). Si sa plus grande part est privée (59 %) bien quelle soit minoritaire au sein de cette forêt privée (46 %), elle caractérise en revanche les 2/3 de la forêt publique. Actuellement la tendance est de promouvoir la futaie irrégulière ; autrement dit un mélange d essences et surtout d âges et de diamètres au sein d une même parcelle. Les peuplements résineux, dont la surface totale se répartit à peu près par moitié entre le privé et le public, sont pour l essentiel classés en futaie. Les mélanges futaie-taillis et taillis (peuplement forestier composé d arbres issus de rejets de souche et drageons) sont beaucoup plus représentés en forêt privée qu en forêt publique, ceci étant lié au fait que ces formations comportent surtout des feuillus, essences largement dominantes en plaine (et accessoirement dans le Bugey méridional), secteurs où précisément la forêt privée occupe des surfaces importantes et reste nettement majoritaire ( ha globalement, soit 80 % du total des forêts de ces régions). 1.4 Surface Forestière et taux de boisement Par rapport aux surfaces forestières de l ensemble de la région Rhône-Alpes, l Ain détient: 12 % de la forêt totale 16 % de la forêt publique 11 % de la forêt privée Dans le département de l Ain, dont le taux de boisement (31 %) est légèrement inférieur à celui de Rhône-Alpes, la forêt privée est nettement majoritaire (66,7 %). Tableau 1 : surface boisée Forêt Publique Forêt Privée Total Forêt (hors forêts domaniales) Surface (ha) % Surface (ha) % Surface (ha) % Taux de boisement (% total du territoire) AIN , Rhône- Alpes , , Source IFN Page 8

9 Carte 1 : Taux de boisement Page 9

10 1.5 La place respective de la forêt publique et de la forêt privée Tableau 2 : Répartition par type de propriété dans l Ain TYPE DE PROPRIÉTÉ FORÊT PUBLIQUE (432 propriétés bénéficiant du régime forestier assuré par l ONF) 11 forêts domaniales 250 forêts communales (et sectionnales) 20 forêts d établissements publics FORET PRIVEE (environ propriétés particulières) propriétaires moins de 4 ha propriétaires de 4ha à 10 ha 1300 propriétaires de 10 à 25 ha 500 propriétaires de plus de 25 ha Source IFN 2003 Surface en ha % de la surface totale de forêt 1,7 31,2 0,4 27,3 13,4 9,9 16,1 Tableau 3 : Répartition forêt publique / forêt privée par secteur géographique et part de chaque secteur dans le total départemental Secteurs Bresse, Dombes, Val de Saône, Basse Vallée de l Ain Total forêt Forêt publique Forêt privée ha %/Ain %/secteur %/Ain %/secteur %/Ain ,60 9,30 7,10 90,70 34,80 Petite Montagne et Revermont ,80 37,30 20,00 62,70 16,70 Bugey méridional ,30 41,70 16,60 58,30 11,60 Bugey, Bugey central, Haut-Jura, Pays de Gex et Bugey oriental ,30 43,30 56,30 56,70 36,90 Total Ain , ,70 100,00 Source IFN 2003 Page 10

11 Tableau 4 : Surfaces forestières par secteur avec répartition feuillus/résineux Forêt publique Forêt privée Secteurs ha % feuillus % résineux ha % feuillus % résineux Bresse, Dombes, Val de Saône, Basse Vallée de l Ain Petite Montagne et Revermont Bugey méridional Bugey, Bugey central, Haut-Jura, Pays de Gex et Bugey oriental Total Ain Source IFN 2003 Carte 2 : Répartition forêt publique / forêt privée Page 11

12 1.5.1 La forêt publique Nature de la propriété Les forêts publiques sont celles qui appartiennent aux collectivités locales (départements, communes, sections de communes, établissements publics) et à l état (forêts domaniales). Dans l Ain, les ha de forêts publiques représentent 35 % de la surface forestière soit un peu plus que la moyenne nationale (25 %) et sont à 80 % situées dans le Bugey (cf. carte 2). Tableau 5 : Structure de la propriété Forêts domaniales Forêts communales Forêts sectionnales Forêts d étab ts publics Nombre Surface totale Moyenne Nombre Surface totale Moyenne Nombre Surface totale Moyenne Nombre Surface totale Moyenne ha 315 ha ha 254 ha ha 121 ha ha 55 ha Source IFN 2003 Avec un total de ha pour 259 unités de gestion soit une moyenne de 245 ha, les forêts publiques de l Ain ne souffrent pas d un morcellement excessif. La part des forêts de l Etat (forêts domaniales, domaine privé de l Etat issu la plupart du temps dans l Ain de l aliénation d anciens domaines ecclésiastiques à la Révolution) est remarquablement faible dans le département, puisqu elles représentent moins de 2% des boisements (3150 ha en tout et pour tout); l ONF en assure la gestion pour le compte de l Etat. La part des forêts communales ( ha, soit 32% des surfaces boisées du département) est considérable, ce qui fait des communes des interlocuteurs tout à fait privilégiés en matière de gestion forestière, en particulier dans le Bugey, le haut- Jura et le Pays de Gex. Quant aux autres collectivités locales, elles ne possèdent à ce jour pour ainsi dire aucun domaine forestier. En ce qui concerne le Conseil Général, cette situation est néanmoins susceptible d évoluer, avec la mise en œuvre de sa politique de protection des espaces naturels sensibles, qui permet de procéder à des acquisitions foncières. Les forêts publiques relèvent du «régime forestier» et sont gérées par l Office National des Forêts. Chaque forêt est dotée d un plan de gestion dit «aménagement forestier» qui consiste à élaborer un état des lieux de la forêt, à définir les objectifs à atteindre à long terme (production de bois, accueil du public, protection des biotopes,...) et à prévoir pour une durée de 20 ans les actions à mettre en œuvre pour tendre vers ces objectifs. L aménagement doit permettre d identifier à l échelle d une commune le potentiel de la ressource en volume, en surface et en qualité. Page 12

13 La production de bois en forêt publique La coupe de bois est un acte sylvicole nécessaire au renouvellement et à l amélioration du patrimoine forestier. C est aussi un acte de récolte qui conduit à la mise en marché d un matériau recherché. En 2007, les volumes de bois vendus dans les forêts publiques se sont élevés à m3 (grumes et houppiers) dont m3 de résineux et m3 de feuillus. Ces volumes sont achetés pour près de 80 % par des scieurs ou exploitants forestiers installés dans l Ain. Le surplus est partagé entre les départements limitrophes. En 2007, les ventes de bois ont généré une recette brute de l ordre de k dont k pour les collectivités et 750 k pour les forêts domaniales. Dans bon nombre de communes rurales du Bugey, la vente des bois représente une part importante sinon majoritaire des ressources communales. On comprend donc que leur budget peut être significativement impacté par les fluctuations du marché. Pour avoir une idée complète de cette ressource bois, il convient d ajouter les 14 à m3 de bois de feu délivrés annuellement aux communes pour satisfaire les besoins domestiques de leurs habitants (affouage). D une manière générale l accès à cette ressource est satisfaisant en raison d un relief peu accusé par rapport aux départements Alpins. En terme de desserte, il demeure quelques «points noirs» principalement dans la Haute-Chaine du Jura et le massif du Colombier Les investissements en forêt publique Les propriétaires réinvestissent une part non négligeable de leur recette forestière dans des travaux destinés à maintenir ou améliorer la capacité de production de leur patrimoine. En 2007 ce sont ainsi environ k soit 30 % des recettes forestières, qui ont été consacrés à des travaux dans les peuplements forestiers, des travaux d infrastructure ou de maintenance. Page 13

14 Code Nature des dépenses Montant EXP Exploitation des bois CRE DES Création de desserte ENT INF Entretien desserte et équipements PEUP Travaux dans les peuplements forestiers MAIN Maintenance du domaine (limites...) ACC Accueil du public (création et entretien) DIV Divers Source ONF 2008 Page 14

15 1.5.2 La forêt privée Nature de la propriété La forêt privée représente deux tiers des surfaces boisées du département ( ha pour propriétaires), soit moins de 2 ha en moyenne seulement par propriétaire propriétaires possèdent plus de 4 ha de forêt, ils représentent 59 % de la surface propriétaires possèdent moins de 4 ha de forêt (souvent en plusieurs parcelles). Ce fort morcellement est nuancé par de «grandes» propriétés de plus de 25 ha représentant plus du tiers de la surface. Plus de 80 % des propriétaires, possédant 75 % de la surface boisée, résident dans le département. Chaque propriétaire privé gère librement sa forêt conformément à la réglementation générale. Seules les propriétés les plus étendues sont obligatoirement assujetties à un «Plan Simple de Gestion» (PSG) comme le sont les forêts des collectivités. 11% des superficies de forêts privées disposent actuellement de tels PSG, qui concernent essentiellement les propriétés de plus de 25ha d un seul tenant. Il existe également les PSG volontaires à partir de 10 ha. Il existe également des "Plans de Massif", action concentrée d'animations sur 5 ou 6 communes pendant 2 ans afin de mobiliser beaucoup plus de bois. 20 à 25 % des forêts privées sont mal desservies. En plaine, la voirie est en général de qualité médiocre (ornières - manque d'assainissement). Beaucoup de forêts privées sont difficiles à exploiter en raison des pentes en zones de montagne et de piedmont (environ 30 % de la forêt privée occupent des pentes supérieures à 30 %). La création de dessertes demande des aménagements adaptés sur une partie de ce territoire (pentes > 30%, quantité de bois, et qualité trop médiocre des bois). Compte tenu des conditions d exploitation difficiles et de la qualité des bois, 30% de la forêt privée actuellement non desservie n est pas économiquement exploitable. 14% des forêts privées nécessiteraient une amélioration de leurs accès La forêt privée de l Ain est constituée d une grande diversité d'essences et de peuplements forestiers : Des peuplements mélangés dans le Bugey / taillis sous futaie dans la plaine Surface : 77 % en feuillus, 23 % en résineux Volume sur pied : 57 % en feuillus, 43 % en résineux Types structurels : 46 % en futaie, 34 % en mélange futaie-taillis, 20 % en taillis Essences "majoritaires" : grands chênes, hêtre, épicéa, sapin Forte proportion de peuplements naturels irréguliers Une importante peupleraie cultivée: ha. Les feuillus sont prédominants : 77%, pour l'ensemble du département. Il serait possible d'introduire de nouvelles essences dans les secteurs Plaine et Revermont. Page 15

16 La production de bois La forêt privée de l Ain est actuellement une ressource écologique et renouvelable sous-exploitée : La production brute annuelle est estimée à m 3 Le taux d accroissement naturel est de 6,7 m 3 /ha/an La part exploitée chaque année représente 60 % de la production biologique Chaque année, m3 de bois sont récoltés en forêt privée dont : m3 de résineux m3 de bois d œuvre feuillus m3 de bois de feu Une politique de qualité de la gestion forestière durable est mise en place par la certification (certification PEFC). Les peuplements de la forêt privée de l Ain ont une bonne productivité. Les conditions de milieu sont généralement favorables à la production forestière résineuse ou feuillue suivant les massifs : Résineux = 4 à 13 m 3 /ha/an Peupliers = 8 à 15 m 3 /ha/an Feuillus (hors peuplier) = 2 à 7 m 3 /ha/an L'Ain se place, au niveau de la Région Rhône-Alpes, au 1er rang pour la récolte totale et pour celle de bois d'œuvre feuillus et résineux. Il est le 1er département de la Région sur le plan de la récolte bois d'œuvre chêne, hêtre, et frêne-merisier, et le 2ème sur celui de la récolte bois d'œuvre peuplier. Environ la moitié des bois d'œuvre exploités proviennent de la forêt privée, laquelle fournit les trois quarts de cette récolte feuillue et le tiers de la récolte résineuse. Les cours des bois sont fluctuants mais sont restés globalement stables depuis 20 ans malgré l augmentation du coût des travaux en forêt, ce qui peut expliquer le désengagement des propriétaires forestiers dans la gestion de leur forêt. Des marchés ont disparu notamment pour les chênes de qualité moyenne qui ne trouvent plus de débouchés. Les peuplements de peupliers et épicéas connaissent des problèmes sanitaires. La main d'œuvre pour les travaux sylvicoles est difficile à mobiliser L avenir de la forêt dans l Ain Un certain nombre de menaces pèsent sur la forêt de l Ain: Diminution du nombre de scieries et disparition des " petites scieries de proximité" et donc des emplois locaux Marché du bois très incertain. Page 16

17 Demande extérieure d'une "gestion écologiste " pas toujours suffisamment "raisonnée". Opposition d'objectifs, donc de points de vue : image erronée de la sylviculture véhiculée occasionnellement (critique soit de la "gestion forestière productiviste", soit de la forêt qui "envahit les friches"). Ceci peut entraîner parfois des excès dans l'utilisation de la procédure de réglementation des boisements. Méconnaissance de la forêt privée et de sa gestion par le grand public alors que la fréquentation est en constante augmentation. Forte densité du gibier (chevreuil généralisé, sanglier dans le Revermont, cerf dans le bassin belleysan et Pays de Gex) qui décourage les propriétaires de replanter ou d'enrichir et entraîne des surcoûts excessifs. Incidence du réchauffement climatique sur l adaptation des essences forestières et la production. Sous exploitation de la forêt. Des opportunités s offrent à la forêt : Effet d'entraînement (valeur d'exemple - vulgarisation) des opérations initiées par les acteurs de la forêt (éclaircies, élagages, enrichissements, etc.). Demande d'une gestion "proche de la nature" (futaie irrégulière) bien adaptée aux forêts locales telles que pessières, sapinières, chênaies, hêtraies, pineraies... Possibilité de certification de la gestion durable des forêts. Mise en œuvre d une politique forestière par le Conseil Général de l Ain. Prise de conscience progressive des décideurs de l'intérêt du bois dans la construction et du bois-énergie et de ses possibilités multiples d'utilisation. Action de l'interprofession. Page 17

18 1.6 Les essences forestières et les peuplements La répartition des essences est fonction des données du milieu: climat, sol, topographie, altitude. De la vallée de la Saône jusqu aux montagnes du Bugey, des contreforts du Revermont aux sommets du Pays de Gex, la diversité des essences est extrême. Toutefois deux essences dominent largement les peuplements de l Ain. Les chênes couvrent près de la moitié des surfaces feuillues et l épicéa représente près de la moitié des résineux recensés. Les feuillus dominent sur près de ha et les résineux occupent quelques ha. Carte 3 : répartition des essences dans l Ain Page 18

19 1.6.1 Les principaux feuillus Les chênes Pédonculés ou sessiles en plaine ou sur les coteaux, pubescents dans le sud et en versant méridional, les chênes sont omniprésents en dessous de 700 mètres d altitude. Ils couvrent de vastes surfaces et sont souvent traités traditionnellement en taillis sous futaie en plaine, en taillis simple ou plus ou moins mêlés de résineux sur les coteaux. Si de beaux peuplements se distinguent en Bresse et Dombes, la qualité des chênaies reste très variable jusqu à être médiocre dans les taillis de chêne sessile ou pubescent des coteaux, parfois mêlés de charmes dans les peuplements les plus septentrionaux. Le chêne rouge d Amérique, exotique à croissance rapide, connaît un véritable essor en Bresse et Dombes où il valorise des sols parfois difficiles mais il faut être vigilant car c'est une essence invasive. Production brute moyenne et surface totale (pédonculé + sessile) : 3,8 m3/ha/an ha Le hêtre Très présent en secteur de montagne, il constitue de vastes massifs parfois mêlés de sapin. La plupart des peuplements sont constitués de vieux taillis ou de vieilles futaies sur souches. En raison d une densité excessive due à l'absence de toute sylviculture, le hêtre est souvent un arbre nerveux, de faible qualité technologique, mais fort apprécié en bois de feu. Certains peuplements peuvent toutefois produire du bois d œuvre de qualité. Production brute moyenne et surface totale: 6 m3/ha/an ha Le peuplier Cet arbre couvre en France hectares, la récolte annuelle varie entre et m3. Sa consommation en eau est comparable aux céréales (sans arrosage) et est inférieure au tournesol. C'est un bois blanc, léger, qui est classé dans les bois dit "alimentaire", par un arrêté. Il est utilisé dans l emballage pour les fruits et légumes ainsi que pour le contreplaqué industriel. Dans le département de l'ain, près de ha sont concernés. C est une essence performante réservée aux stations humides. On la trouve essentiellement en vallées de la Saône et du Rhône. Les cultivars installés ont été le Robusta, le I 214 et plus récemment le Beaupré qui rencontre actuellement de graves problèmes phytosanitaires. Les peupleraies élaguées fournissent un bois destiné au déroulage, les autres, des bois de caisserie et de palette. Production brute moyenne et surface totale:15 à 25 m3/ha/an ha Les populiculteurs de l'ain ont à faire face à deux attaques sur leurs plantations: La rouille Mélampsora, sur le cultivar Beaupré, qui anéantit pratiquement ce plant d'année en année en obligeant les propriétaires à abattre ces arbres avant leur maturité et à replanter d'autres cultivars à la place. C'est une rouille foliaire qui s'apparente aux rouilles sur les Page 19

20 céréales. Les superficies de beauprés dépassent les 1000 ha et d'ici 5 ans auront disparu. Le puceron lanigère qui a obligé l'abattage de 200 ha en Val de Saône. Cette attaque est récente et nous pouvons craindre un fort développement Autres feuillus Parmi de nombreuses essences, outre le charme dont l importance économique reste bien faible mais qui occupe tout de même plus de ha en tant qu essence principale, on peut citer : - d une part le robinier et le châtaignier, présents ponctuellement (le robinier, avec près de ha, et secondairement le châtaignier, pour environ ha, en peuplements dispersés), presque exclusivement traités en taillis et qui pourraient être mieux valorisés, - d autre part, le frêne, fortement représenté avec ha (Production brute estimée: 8 m3/ha/an), puis l'érable, le noyer et le merisier, à l état naturellement diffus, qui sont de plus en plus utilisés en reboisement en zones de plaine et coteaux. Réservées aux meilleurs sols, ces essences dites précieuses ne concernent encore que des surfaces réduites. La tournerie utilise localement de l'aulne (verne) pour la fabrication d'urnes funéraires Les principaux résineux L épicéa commun L épicéa est naturellement très abondant en altitude. C est aussi l essence de prédilection des reboisements en montagne. Cependant et même si l Ain a été relativement épargné par la tempête de 1999, la succession d années de sécheresse influe fortement sur l épicéa. Celui-ci connaît un dépérissement inquiétant dû non seulement à ce phénomène climatique mais aussi en raison de l'attaque de scolytes (bostryches), en conséquence, les volumes récoltés sont moindres, il est par ailleurs fort probable que, de ce fait, les surfaces consacrées à ce résineux soient réduites à l avenir. Ces forêts demandent plus d entretien que par le passé. Aussi les propriétaires doivent éclaircir davantage pour ne laisser qu un volume susceptible d être correctement alimenter en eau. Toute parcelle contaminée par le bostryche devrait être exploitée rapidement en totalité pour éviter toute propagation. Les années 2007 et 2008 ont été épargnées grâce à une pluviométrie plus importante. Production brute moyenne et surface totale: 8 m3/ha/an ha Le sapin pectiné Le sapin pectiné est naturellement abondant à moyenne altitude dans le Bugey. Il constitue de belles futaies plus ou moins irrégulières, parfois mélangées de hêtre. Sa capacité à coloniser des peuplements à caractère pionnier comme le taillis de chêne favorise son extension vers des secteurs de plus faible altitude. Sa rigueur est alors moindre et il peut présenter des phénomènes de sénescence précoce. Production brute moyenne et surface totale: 7 m3/ha/an ha Page 20

21 Le douglas Le douglas est introduit comme essence de reboisement depuis les années 50. La majorité de ces plantations se situe en Bresse Dombes. Quelques plantations prometteuses sont implantées dans le Bugey. Production brute moyenne et surface totale: 16 m3/ha/an ha Autres résineux (introduits) Le pin noir d Autriche, avec sa capacité à tolérer les sols sur marnes calcaires, est assez présent dans le Revermont Production brute moyenne et surface totale: 5.7 m3/ha/an ha Le pin Weymouth connaît un succès localisé en Bresse - Revermont puisqu il constitue l essence principale des peuplements forestiers (qu ils soient privés ou communaux). Avec plus d un millier d hectares, le peuplement de Bresse - Revermont constitue la plus forte concentration de cette essence en France. Production brute moyenne et surface totale: 11 m3/ha/an ha Page 21

22 1.6.3 Répartition des principales essences en surface La ressource en bois est évaluée à environ 30 millions de m3 sur pied dans l Ain; elle est marquée par une assez grande variété, traduite par la répartition suivante par essence: 38% de sapin et d épicéa, 18% de chêne, 15% de hêtre, 23% d autres feuillus (feuillus précieux, mais surtout peuplier); 6% d autres résineux (pins...). Tableau 6 : répartition des essences dans l Ain Espèces Forêt publique (% surf.) Forêt privée (% surf) Volume total sur pieds (m3) Chênes sessile et pédonculé Hêtre Frêne Peuplier Chêne pubescent Autres TOTAL FEUILLUS Sapin Epicéa Pins (PS, PNA, PW) Douglas Autres TOTAL RESINEUX Source IFN 1996 Page 22

23 1.7 Enjeux du patrimoine forestier Les rendements des forêts de l Ain diminuent assez fortement (surtout en forêt publique), il convient donc : - d anticiper le renouvellement de cette production dans les années futures et ce d autant plus que la demande en bois augmente au plan national. - De veiller à l accessibilité des massifs et à la ressource en fonction de critères économiques - De poursuivre les investissements pour maintenir un niveau de récolte suffisant. - De favoriser les travaux d entretien et renouvellement qui procurent un revenu forestier minimum aux communes et aux propriétaires. - De remédier à l émiettement foncier et au morcellement foncier - De regrouper les propriétaires privés pour des opérations concertées de gestion et de coupe. - D inciter la traçabilité de la gestion à travers les générations - De promouvoir la mise en place de documents de gestion durable (PSG, RTG, CBPS). - De répondre à la demande de bois certifié - De concilier la production de bois d œuvre et les fonctions environnementales, paysagères et de loisirs de la forêt (futaie jardinée, ) - De faire évoluer la forêt et les peuplements aux nouvelles formes d exploitation (mécanisation moderne) - De concilier les différentes fonctions de la forêt : production, tourisme, loisirs, chasse, Page 23

24 2 Des milieux naturels riches et diversifiés 2.1 Les milieux naturels Outre les forêts, la nature est bien présente sous toutes ses formes dans le département, à travers des milieux très variés et souvent de grand intérêt biologique et paysager. C est pourquoi de nombreux sites protégés y ont été délimités, parmi lesquels des réserves naturelles ou encore ceux appartenant au réseau européen Natura Contrairement à ce que l on pourrait imaginer de prime abord, la protection de tels espaces implique le plus souvent la mise en œuvre de programmes de travaux, destinés tantôt à assurer la conservation d espèces en déclin, tantôt à permettre l entretien de paysages en voie de banalisation, ou encore à remettre en état les abords de certaines rivières. Diverses collectivités telles que plusieurs syndicats de rivières ou encore le Parc Naturel Régional du Haut-Jura, peuvent être maîtres d ouvrages de tels programmes. En outre, le Conseil Général met en œuvre depuis 2003 la politique des «espaces naturels sensibles», qui lui permet de prélever la Taxe Départementale des Espaces Naturels Sensibles (TDENS), et de financer ainsi des acquisitions foncières ou des travaux de gestion, de protection et de valorisation des milieux naturels et des paysages. 2.2 La forêt et l'environnement La démarche «Natura 2000» en forêt : Un ensemble de sites naturels remarquables Le réseau Natura 2000 est constitué d un ensemble de sites européens choisis pour leur richesse naturelle (présence d espèces ou de milieux menacés à l échelle européenne). Où conjuguer préservation des milieux naturels et d activité humaine Ces sites sont en général occupés par l Homme, qui les habite et les exploite. Cette présence humaine peut être bénéfique ou néfaste à ces milieux et à ces espèces. Natura 2000 cherche donc à trouver un équilibre entre : - la conservation des milieux naturels et des milieux de vie d espèces fragiles ; - les activités humaines, les exigences économiques, sociales, culturelles et les particularités régionales et locales Dans une démarche contractuelle. L option d une gestion durable assurée par voie contractuelle est privilégiée. Page 24

25 Concrètement, pour un propriétaire forestier? - Un propriétaire forestier sur le site Natura 2000 peut prendre l engagement via la signature de la charte de gérer sa forêt dans le respect des préconisations Natura 2000, et mettre en œuvre un des traitements préconisés dans le document d objectifs du site. Dans ce cas, il peut bénéficier d une exonération de la taxe foncière. - Si le propriétaire souhaite effectuer dans sa forêt certains travaux utiles à la conservation des milieux et des espèces, il a la possibilité de passer un contrat avec l Etat et l Europe. Dans ce cas, ces travaux sont financés à 100% dans la mesure où ce contrat est respecté (certains engagements non rémunérés peuvent être demandés). A ce jour, 4 contrats forestiers sont signés pour une somme globale de euros sur les sites Natura 2000 «de la basse vallée de l Ain» (lutte contre l envahissement de l érable Negundo) et «des crêts du Haut-Jura» (travaux visant à améliorer l habitat du Grand Tétras tout en conservant celui de la Gélinotte des bois) Les corridors biologiques : Des échanges nécessaires entre population De nombreuses espèces voyagent mal à travers des milieux qui leur sont hostiles. Ainsi, certains amphibiens pourront avoir des difficultés à atteindre de nouveaux sites de pontes potentiels s il leur faut traverser une grande étendue de terres cultivées. Certains insectes menacés, vivant dans le terreau organique d arbres creux, ont une faible capacité de dispersion : ils ne pourront jamais traverser un jeune taillis dépourvus de vieux arbres pour coloniser un site qui leur serait favorable quelques centaines de mètres plus loin. Maintenir ou recréer des liaisons efficaces grâce à des corridors biologiques - Relier les bosquets isolés par des haies ; - Conserver quelques vieux arbres dans une parcelle exploitée située entre deux vieilles parcelles inexploitées - Favorise les échanges entre populations. Ces haies ou ces vieux arbres forment un corridor de circulation. Dans l Ain, un appel à projet a été réalisé sur la mesure 323D du PDRH (Programme de développement Rural Hexagonal, financé par le Fonds européen Feader) pour un programme de plantation de haies bocagères avec une aide publique maxi de 80% sur un montant de 15 du mètre linéaire de haies HT. Page 25

26 2.3 La forêt et la chasse. L histoire de la forêt ne peut pas s écrire sans citer la chasse. La chasse est une des composantes incontournables de la forêt, elle est aussi une des ressources non négligeables qui trouve ses racines au fond des âges. La forêt accueille dans le département, selon les secteurs géographiques, de nombreuses espèces grands gibiers et en particulier le sanglier, le chevreuil, le cerf, ainsi que le chamois en limite des zones de pré-bois et des alpages des secteurs montagneux. Le petit gibier lièvre, bécasse affectionne les zones de sous bois, fourrés, taillis. Les effets lisières constituent la frange d accueil privilégiée de très nombreuses espèces de la faune sauvage. Outre, un lieu de refuge et d abri incontestable, la forêt est une réserve de nourriture fructifications forestières pour la faune sauvage et notamment pour le gibier. L importante couverture forestière du département de l Ain est un atout essentiel de développement des activités cynégétiques et contribuent au développement socioéconomique du département. La gestion forestière se doit d intégrer et de composer avec la chasse qui constitue le moyen de régulation des espèces et de maintien de l équilibre sylvo-cynégétique. La chasse dans l Ain en chiffres (2008): Les activités de chasse dans le département de l Ain s organisent autour de 842 chasses privées, 373 Associations Communales de Chasse, 33 Groupements d Intérêt Cynégétique, 28 Associations Communales de Chasse Agréée; l ensemble ayant regroupé dans le département de l Ain chasseurs. La Commission Départementale de la Chasse et de la Faune Sauvage, réunie sous la présidence du Préfet, en 2008 a : Attribué 860 demandes individuelles de plan de chasse grand gibier donnant lieu à l attribution par décision préfectorale de 3018 bracelets chevreuil, 224 bracelets chamois, 54 bracelets cerf; 15 bracelets daim. Attribué 158 demandes individuelles de plan de chasse petit gibier donnant lieu à l attribution de 4349 bracelets lièvres et 15 demandes individuelles de plan de chasse sanglier donnant lieu à l attribution 574 bracelets sangliers. Défini les conditions de destruction à tir des espèces classées nuisibles dans l Ain. Page 26

27 2.4 Le risque sanitaire, lié aux évolutions climatiques Les résultats présentés ci-dessous sont extrapolés d une étude réalisée par FIB01, le CRPF et l ONF à la demande du Syndicat Intercommunal d Initiatives Forestières du Haut-Bugey en vue de l élaboration de sa charte forestière territoriale Perspectives générales en matière d évolution climatique À la surface de la Terre, l atmosphère se réchauffe, indubitablement. Selon le dernier rapport du Groupe d experts intergouvernemental sur l évolution du climat (GIEC), paru en 2007, la hausse de la température moyenne globale se situera entre 1,8 C et 4 C d ici à la fin du siècle. Ce rapport c onstate aussi un accroissement mondial en fréquence et en intensité des évènements extrêmes, tels les sécheresses, les incendies, voire les tempêtes Concernant la forêt, les premières conséquences d un réchauffement dans les 100 prochaines années ont été simulées à l aide de modèles ; l Institut national de la recherche agronomique (INRA) a par exemple proposé une délimitation possible des aires potentielles des formations végétales forestières et de différentes essences (projet CARBOFOR, 2005), en s appuyant sur le scénario A2. Page 27

28 Sur le territoire du Bugey, les sylviculteurs ont vraiment pris conscience du problème récemment, et notamment lors de la canicule de 2003 et du dépérissement de bon nombre d épicéas (avec attaques de scolytes) : ces évènements ont fait basculer dans le concret et dans l urgent ce qui semblait jusqu ici n être que des prévisions théoriques et relativement lointaines. Ainsi face à cette situation, que peuvent faire les forestiers, que peut faire l ensemble des acteurs de la filière forêt-bois? Quelles seront les conséquences sur la principale ressource bois du massif du Jura, composée aujourd hui des deux essences résineuses que sont l Épicéa commun et le Sapin pectiné? Pour répondre à ces questions, une analyse des différents étages de végétation actuels et leur évolution future a été effectuée. Les étages de végétation, définis par des conditions de température et de pluviométrie spécifiques, sont essentiellement tributaires, dans les secteurs de montagne, de l altitude et de l exposition des versants Les étages altitudinaux et leur évolution Des étages altitudinaux sont définis selon l altitude et l exposition, à l aide d un modèle numérique de terrain (il s agit de l équivalent des courbes d altitude d une carte, sous format numérique). Page 28

29 NB : Le confinement n a pas été pris en compte ici, bien qu il puisse jouer un rôle important mais local, en particulier dans les combes et cluses des plateaux. La situation actuelle est la suivante : Subalpin : 3 % Montagnard : 72 % Collinéen : 25 % Un réchauffement de 0,6 C a été pris en compte qui correspond aux toutes premières prévisions avancées par les scientifiques, à l origine, diffusées dans les premiers rapports du GIEC. Rappelons que ce ratio est bien en deçà des prévisions du GIEC Une telle augmentation de 0,6 C correspond en fait à un décalage de 100 m des limites altitudinales des étages de végétation (le gradient actuel utilisé par les biogéographes et les écologues est plus précisément de 0,55 C/100 m). La proportion des différents étages de végétation évoluera alors de la façon suivante : Subalpin : >1 % Montagnard :61 % Collinéen : 39 % La carte ci-dessus permet de visualiser le positionnement de ces différents étages de végétation, avec deux simulations d augmentation de la température : Le Bugey oriental et la Petite Montagne sont déjà très largement des régions collinéennes. Le Bugey central et le Haut-Bugey seront les régions qui perdront le plus de surfaces montagnardes (effet de plateau). Ceci pouvant sans doute être modéré par endroit par des effets de confinement. Les situations Montagnard-Subalpine et Subalpine disparaîtraient quasiment dans l hypothèse +0,6 C. Page 29

30 2.4.3 Le risque lié à l inadaptation des essences aux étages On considère qu il existe un «risque sanitaire» élevé : Pour le sapin dont l optimum écologique est au montagnard - à l étage «collinéen» (arbres affaiblis et guités, dépérissement progressif) Pour l épicéa dont l optimum écologique est au Montagnard-Subalpin et au Subalpin - aux étages «collinéen» et «collinéenmontagnard» (attaques d insectes Typographes) Aucun risque sanitaire n est envisagé pour le feuillu actuellement Le risque actuel Le risque actuel est évalué en fonction des étages altitudinaux définis d après le climat observé actuellement. D après ces critères, 50 % du volume d épicéa et 9 % du volume de sapin seraient dès aujourd hui en situation de risque fort. V (m3/ha) Total B. centr. Haut B. Ht Jura B. orient. Pte mont. "Volume" Volume/ha résineux à risque par région IFN Les plus gros volumes «à risque» se situent dans le Bugey central (ce qui constitue 42 % du volume résineux de la région) La grande majorité des peuplements résineux du Bugey oriental et de la Petite Montagne est menacée (respectivement 78 et 84 %) Le risque futur? Une simple augmentation de la température de +0,6 C, conduirait à accroître le risque sanitaire de 27 % en volume, soit environ Mm3. Volume Risque actuel Risque +0,6 C Variation du Total milliers m3 Volume % Volume % risque Sapin % % 109% Epicéa % % 15% Résineux % % 27% Ce risque s accroîtrait considérablement (+109%) pour le sapin, à cause du développement important du climat «collinéen» sur le secteur. Ces premières estimations ne doivent pas occulter les nombreuses questions encore en suspens, non élucidées par les scientifiques : Page 30

31 que se passera-t-il pour les précipitations? quelle quantité? quelle répartition au cours des saisons de végétation? quelles sont et seront les capacités d adaptation des essences forestières?. et également des écosystèmes forestiers en tant que tels? quels seront les phénomènes climatiques extrêmes? quel sera le pas de temps des changements climatiques? etc. 2.5 Enjeux liés au changement climatique Les principaux enjeux sont de l ordre de la prévention, et de la recherche avec des implications incombant aussi bien aux pratiques sylvicoles, à la gestion forestière, qu aux forestiers eux-mêmes. Il conviendrait de préparer les peuplements existants, d agir rapidement en cas de crise, de former et d informer les gestionnaires et de suivre l évolution des peuplements Que planter demain et comment? Réaliser des placettes de tests dans plusieurs points du département avec de nouvelles essences. 1. Reboisement boisement régénération naturelle : Comprendre la station et ses potentialités : des essences adaptées aux stations et des plans de qualité Créer des parcelles d expérimentation de nouvelles essences afin de sélectionner au plus vite les mieux adaptées aux changements climatiques Travailler le sol si besoin Considérer la végétation herbacée Mélanger les essences Réduire les densités de plantation Adapter la sylviculture pour l épicéa 2. Conduite des peuplements : Anticiper les récoltes si risque avéré Réduire l âge d exploitabilité (forêt vieillissante) Améliorer le potentiel en qualité et volume producteur Intensifier les éclaircies Mélanger les essences Réviser les techniques Surveiller la santé des peuplements Page 31

32 3 L économie de la filière bois 3.1 L Ain La filière bois représente un enjeu très important pour l économie et l aménagement du département tout entier. Même si une part importante de la ressource forestière et de l activité se situe en zone montagneuse, la Plaine (essentiellement Bresse et Val-de-Saône) possède également des richesses forestières (bois précieux, peupliers) et des savoir-faire non négligeables. Etablissements de formation Les entreprises du bois dans l Ain Bourg en Bresse Bourg-en-Bresse : CAP - BAC PRO Ambérieu-en-Bugey : CAP - BAC PRO Cormaranche-en-Bugey : CAP BP BEP BAC PRO BTS formation continue Péronnas: formation continue. Cormaranche en Bugey Ambérieu en Bugey Entreprises par taille *sans chefs d entreprises Page 32