L ENGAGEMENT DES FAMILLES ET LEURS LIENS AVEC LE MILIEU SCOLAIRE

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1 L ENGAGEMENT DES FAMILLES ET LEURS LIENS AVEC LE MILIEU SCOLAIRE Michèle Vatz Laaroussi, professeure titulaire École de travail social Faculté des lettres et sciences humaines Université de Sherbrooke Colloque La réussite des élèves issus de l immigration au Québec: stratégies à privilégier 18 mars 2015

2 Cette présentation reprend certains éléments du livre La réussite éducative des élèves issus de l immigration. Dix ans de recherche et d intervention au Québec Marie Mc Andrew Alhassane Balde Mahsa Bakhshaei Kristel Tardif- Grenier Geneviève Audet Françoise Armand Sylvie Guyon Jacques Ledent Georges Lemieux Maryse Potvin Jrène Rahm Michèle Vatz Laaroussi Alain Carpentier Christian Rousseau Paru aux Presses de l Université de Montréal en 2015, où l on trouvera aussi les références exhaustives des ouvrages cités.

3 PLAN DE LA PRÉSENTATION Un aperçu de la recherche nationale et internationale La recherche québécoise Conclusion et pistes d action

4 UN APERÇU DE LA RECHERCHE NATIONALE ET INTERNATIONALE

5 La littérature nationale et internationale illustre les liens étroits qui existent entre les dynamiques familiales et la réussite scolaire Capital social Capital culturel Capital économique Style parental Modes de communication Pour les familles immigrantes: similarités et importance de l engagement familial sous des formes diverses

6 Caractéristiques de la société et du quartier: culture, institutions, organismes communautaires. Collaborations familles-école Avec les élèves/avec les familles Formel/informel Avec les communautés ethniques Divers modèles de collaboration familles-école Stratégies et pratiques Engagement parental Caractéristiques et trajectoires des familles. Capital économique, culturel et social Langues Réusssite scolaire des jeunes Une perspective éco-systémique des facteurs de réussite scolaire en lien avec les familles et les communautés

7 LA RECHERCHE QUÉBÉCOISE

8 Une immigration stratégique (Vatz Laaroussi et al., 2005, 2008; TCRI, 2011b; MICC, 2012b; ICSQ, 2013a) Un profil globalement favorable Caractère planifié de l immigration (+ de 80% dans les catégories indépendants et famille entre 1980 et 2010) Importance de l immigration économique (70% entre 1980 et 2010) Connaissance du français (60% parlent français dans les dix dernières années) Scolarité et éducation élevées (54% des nouveaux arrivants entre 1992 et 2011 ont un niveau universitaire, contre 25% pour les Québécois natifs)

9 Mais un profil nettement plus problématique pour les familles ayant un statut de réfugiés publics ou demandeurs d asile (15% des familles chaque année) Connaissance plus faible du français Longue histoire de précarité, de violence et d exil

10 Les difficultés d insertion des familles nouvellement arrivées (Vatz Laaroussi, 2009; Bourdabat et Boulet, 2010; TCRI, 2011a; ICSQ, 2012b; MICC, 2013; Vatz Laaroussi et al., 2013 a et b) La majorité des immigrants sont favorisés par leur capital culturel à leur arrivée, mais beaucoup ont une trajectoire de déqualification, du fait du manque de reconnaissance de leurs diplômes et expériences professionnelles. La connaissance du français n est pas une garantie pour intégrer le marché du travail et beaucoup doivent retourner aux études pour tenter d obtenir un diplôme québécois.

11 Les conditions socioéconomiques sont difficiles, particulièrement pour les nouveaux arrivants et les familles de minorités visibles de première et deuxième générations. Taux de chômage beaucoup plus élevé pour les immigrants que pour les natifs (11,9% vs 5,6%). Certaines populations, comme les Maghrébins, ont des taux qui dépassent 18%. Les conditions d habitation, d alimentation, de satisfaction des besoins de base sont difficiles pour plusieurs communautés et ce, quel que soit leur statut à l arrivée.

12 Projet migratoire et engagement parental (Vatz Laaroussi et al., 2005, 2008; Lafortune, 2006, 2012; Lamothe-Lachaîne, 2011; Vatz Laaroussi et al., 2012, 2013a; Bakhshaei, 2013; Sun, 2014) L engagement parental est le plus souvent abordé au travers de la supervision des enfants en dehors de l école et des collaborations famille-école. Pour la majorité des familles immigrantes, la réussite scolaire de leurs enfants est la motivation et l objectif principal de leur immigration.

13 Ce succès prouve la réussite de leur immigration et valide leur trajectoire migratoire en lui donnant sens au travers du bien-être de la famille et des possibilités d avenir des enfants. Cette motivation profonde est la source de leur engagement parental et se développe selon des modalités différentes selon leur culture, leur origine et leur parcours migratoire. La participation aux activités formelles de l école est plus faible que celles des parents natifs, mais varie aussi beaucoup selon les groupes.

14 Trois types d engagement familial (Vatz Laaroussi et al., 2005, 2008) La réussite scolaire inscrite dans la continuité familiale: familles avec un haut niveau d éducation avant l arrivée, mais disqualification. Niveau d attentes élevé pour leurs enfants. Aide et soutien scolaire à la maison. La réussite scolaire comme promotion sociale: la réussite des enfants est le moteur et la preuve de la promotion sociale de la famille. Aide et support scolaire même si les parents n ont pas toutes les connaissances. Utilisation des organismes communautaires de soutien scolaire par exemple La réussite scolaire pour la famille: familles plus défavorisées avec expériences de précarité et d exclusion sociale. Ils veulent la réussite de leurs enfants, mais ils se sentent souvent impuissants pour les aider. Pour ces enfants, les attentes familiales de réussite peuvent représenter un lourd fardeau.

15 Stratégies et pratiques des familles immigrantes, facteurs de risque ou facteurs de protection (Vatz Laaroussi et al., 2005, 2008; Kanouté et al., 2011a; TCRI, 2011a; Gosselin-Gagné, 2012; Harnois, 2012; Lafortune, 2012; Potvin et Leclercq, 2012; Rahm et al., 2012; Bakhshaei, 2013; Sun, 2014; Archambault et al., 2015) Plusieurs familles ont le capital culturel et financier nécessaire pour accompagner l éducation de leurs enfants. D autres n ont pas de capital financier et un capital social moins développé. Ils attendent de l école les savoirs et le support nécessaires à leurs enfants. Ils utilisent souvent les organismes communautaires et de charité. Il peut y avoir un écart entre le discours des parents qui valorise l école et leurs attitudes (par exemple voyages au pays d origine durant la période scolaire).

16 Dans certaines communautés, les pratiques de discipline physique sont plus présentes et il y a des différences entre l éducation des filles et des garçons. Ces pratiques peuvent constituer un problème pour la société québécoise, parfois créer une situation de conflit dans les familles et représenter un facteur de risque pour le succès scolaire de certains jeunes. La valorisation de l éducation par la famille et les encouragements du réseau transnational influencent positivement la réussite des élèves issus de l immigration. Mais, pour certains élèves, en particulier les jeunes d origine chinoise, la fierté et l honneur de la famille peuvent être vécues comme une pression importante.

17 Rôle de la langue maternelle (Mc Andrew et al., 2004; Vatz Laaroussi et al., 2005, 2008; Bakhshaei et al., 2012a; Vatz Laaroussi et al., 2012; Sun, 2014) Pour les familles allophones (35% des nouveaux arrivants dans les 15 dernières années), la langue représente un obstacle pour aider leurs enfants dans le travail scolaire à la maison. Ceux qui ont un bon capital culturel dans leur langue maternelle trouvent des stratégies pour dépasser ces difficultés. Pour ceux qui ont moins de capital social et culturel, la langue représente un obstacle important. Ces parents sont plus dépendants des demandes et normes de l école. Ils ont des difficultés à comprendre le système scolaire et à aider leurs enfants à s adapter à ce nouveau fonctionnement. Ils ont besoin de médiations vers l école et d organismes communautaires (ethniques, multiethniques ou de quartier) pour aider leurs enfants.

18 Collaborations famille-école (Vatz Laaroussi et al., 2005, 2008) Six modèles de collaboration qui soutiennent la réussite scolaire, s ils sont investis et reconnus tant par les familles que par les acteurs scolaires Trois modèles plus communs au Québec: La collaboration assignée La collaboration partenariale La collaboration fusionnelle Un 4 e modèle dans les écoles et quartiers habitués à la diversité ethnique et culturelle: la collaboration avec espace de médiation

19 CONCLUSION ET PISTES D ACTION

20 Ces divers facteurs (capital social, culturel, financier et linguistique, projet migratoire, valeurs, attentes, engagement et pratiques familiales, collaborations avec l école) sont interconnectés et les études actuelles ne permettent pas de valider leur poids respectif. Des recherches quantitatives et qualitatives visant à modéliser ces interactions sont nécessaires pour mieux comprendre l impact de ces dimensions sur la réussite scolaire des jeunes issus de l immigration.

21 La recherche actuelle permet cependant de dégager les pistes d action suivantes: Développer la connaissance du personnel scolaire sur le vécu des familles immigrantes S appuyer sur les forces importantes que peuvent présenter ces familles Mettre en œuvre des mesures compensatoires pour pallier les problèmes qu elles rencontrent Reconnaître pleinement la légitimité des parents immigrants ou d autres personnes de la famille élargie comme interlocuteurs de l école Être ouvert à une variété de modèles de relation entre l école et la famille