Retranscription du café culturel Event&Sens du 25 juin Sur le thème «Diffuser la culture à l ère du numérique»

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1 Retranscription du café culturel Event&Sens du 25 juin 2015 Sur le thème «Diffuser la culture à l ère du numérique» Intervenants : Opéra de Rennes Diwel propose une technologie radio temps réel de hautes performances, intégrable dans vos équipements, afin d assurer le transport de données numériques dédiées à des missions critiques. ireplay est un Online video provider (OVP) qui construit et opère des services vidéos et chaînes TV 24x7 multi-écrans (Mobile, Tablette, TV connectée, STB, Console de jeux) depuis tout contenu. Architecture, encodage, programmation, personnalisation, distribution et hébergement, lecteur. French Miracle Tour : Tournée de jeunes talents rennais en Asie, coproduit par I Love Creative Music et l association FAKE, avec le soutien de l Institut Français

2 Cluster Event&Sens : Bienvenue au café culturel qui a pour thématique la problématique suivante «comment les technologies peuvent desservir la culture de demain» en rapport avec le cluster Event&Sens monté par Rennes Atalante il y a 3 ans. Nous avons orienté ce café autour de différents témoignages qui mèneront nous l espérons à de nombreux échanges. Le cluster a pour objectif de mettre en lien les entreprises technologiquement innovantes et les acteurs artistiques, culturels et sportifs. Le but est d approcher les acteurs de l écosystème événementiel du territoire pour qu ils se rencontrent, pour créer la confiance, et pour que naissent des projets ensemble. Dans le cadre du cluster, on essaye de valoriser les technologies qui sont développées par nos entreprises pour aller au contact des acteurs culturels. Event&Sens est aussi un portail pour ces mêmes acteurs artistiques qui veulent trouver des technologies mises au point par des acteurs du monde économique pour les aider à réaliser et à mettre en œuvre leurs idées. On va tout de suite laisser la parole à nos invités qui vont nous faire part de leur expérience.

3 Collaboration entre l Opéra de Rennes et la société Diwel. Opéra de Rennes : Nous travaillons avec des acteurs du numérique depuis Le point de départ de la démarche a été l idée d ouvrir l Opéra au plus grand nombre, de faire un accompagnement numérique de notre politique de médiation, avec un projet au centre de toute cette démarche qui était la diffusion d un Opéra en direct, en plein air sur la place de la mairie. Autour de ce projet de diffusion, de captation d un ouvrage lyrique s est peu à peu agrégé d autres projets autour du numérique. L idée était de trouver des partenaires pour nous aider à faire la diffusion et la captation, et finalement ce projet en soi de captation et de diffusion a été financé de manière autonome. En parallèle, dès 2009, on a monté des projets avec des entreprises, la première étant Orange qui avait fait une expérimentation autour de la captation et de la rediffusion en direct de Don Giovanni en 3D. Et au fur et à mesure des projets et des années, on a fait connaître notre démarche, on a été parmi les premiers acteurs culturels à rejoindre le cluster Event&Sens de Rennes Atalante. On a participé à des réunions où on a rencontré Diwel en L idée était de venir présenter nos projets et ensuite de proposer aux acteurs économiques de venir à l Opéra réfléchir autour de brainstormings sur le projet qu on menait à l époque : la diffusion de la Traviata en Notre position n était pas de venir avec des projets autour du numérique inscrits, mais vraiment de favoriser la discussion en disant «voilà le contenu culturel que nous l Opéra nous offrons, est-ce que vous avez envie de travailler avec nous? Quelles technologies pouvez-vous expérimenter autour de ce projet?» La société Diwel était venue nous rejoindre en septembre 2012, et l idée de collaboration est née de ces rencontres. Cette collaboration ne s est pas arrêtée uniquement entre l Opéra et Diwel, puisque la société a également eu l occasion de travailler avec Orange pour aboutir en juin 2013 au projet que Diwel va vous présenter. Diwel : Cette rencontre a vraiment été de l opportunisme, en fait j avais eu vent de ces réunions qui avaient lieu à l Opéra pour essayer de trouver des idées dans le cadre de la démarche numérique. Je suis arrivé sans idées particulières, et même clairement en présentant ce que l on faisait autour de la table, les gens ont dit «non ça ne nous intéresse pas, on n a pas d idées, je ne vois pas». On fait des systèmes de transmission radio. Et puis finalement, il s est avéré qu il y avait un problème de transmission radio dans un projet existant, mais j avais su vraiment par hasard et donc on s est greffé au projet. Ce qui est intéressant dans cette démarche c est de voir qu en fait on n a pas fait l expérimentation, on est arrivé avec quelque chose de relativement abouti mais utilisé dans

4 un contexte que l on n exploitait pas. On s est mis dans un projet qui était déjà en route, mais qui au bout de quelques mois comportait encore quelques incertitudes techniques, et ils ne savaient pas comment résoudre le problème. Pour nous, c était plus ou moins facile parce qu on avait déjà tout prévu. L expérimentation était l idée d avoir un casque sans fil, avec une transmission de très haute qualité sachant que nos produits font de la diffusion sans fil mais plutôt pour des gros événements et de grosses infrastructures. Du coup, faire une diffusion dans une salle sur quelques mètres sachant que nous on le fait déjà sur plusieurs kilomètres la problématique était vite maitrisée. Cela dit on avait ce projet audio qui nous a permis de nous faire connaître par l Opéra, par la direction technique en particulier, qui eux étaient déjà en phase préparatoire des spectacles de l année à venir où le metteur en scène prévoyait de mettre des choses mobiles ou nécessitant du sans-fil sur scène, dans le cadre de vidéos. Ce qui fait qu on s est fait connaître de cette façon et qu on a pu ensuite fournir l équipement pour un système de transmission sans fil vidéo pour un Opéra, qui a ensuite parcouru la France. Finalement, cette démarche qui était plutôt de se greffer dans un projet, à quelque chose qui pour nous n était pas forcément très compliqué, nous a permis d avoir des collaborations multiples, de mettre vraiment en valeur nos produits, et de les faire connaître dans différents endroits en France. Donc c était vraiment intéressant pour ça. On aurait voulu le refaire cette année, on n a pas pu parce que les plannings ne s accordaient pas, mais on ne désespère pas de le refaire. On a beaucoup apprécié l état d esprit dans lequel ça se fait, la collaboration qu il y a avec les entreprises, de se faire connaître aussi par Orange. Ça nous a permis d être présents en local, parce qu aujourd hui, dans nos activités, c est beaucoup en région parisienne, on a du mal à capter des événements locaux, même si on fait Bobital la semaine prochaine, le Festival du roi Arthur. Une fois que les gens connaissent nos produits, ils le réutilisent tous les ans, mais se faire connaître ce n est pas simple. Donc c est vrai que cette démarche avec l Opéra était assez intéressante. Opéra de Rennes : Nous à l Opéra il y a deux types de démarches avec les acteurs économiques. Il y a à la fois, des gros événements dont j ai parlé comme la diffusion de l Opéra sur écran autour du quel s agrègent des expérimentations essentiellement liées à l image et au son. On propose aux entreprises sur ces one shots un contenu culturel fort et ils peuvent développer les expérimentations qui les intéressent au moment de l événement. Il y a une vraie collaboration entre les deux entités, mais aussi de la part des artistes qui peuvent aménager des temps de répétitions spécifiques pour que les entreprises puissent travailler. Les artistes étant très conscients que finalement ces projets ont un fort rayonnement. Pour l Opéra c est également très intéressant puisque ces événements nous permettent de rayonner en dehors de Rennes et du territoire rennais voire breton. Même si l art lyrique

5 est un petit microcosme en soi, l Opéra de Rennes est reconnu comme un lieu dynamique, innovant et un lieu d expérimentation numérique, même au-delà des Opéras, ce qui est un atout extrêmement positif pour nous, pour la Ville de Rennes et pour la métropole. Je sais que maintenant certaines entreprises et certains Opéras viennent nous solliciter en tant qu experts en la matière, donc ça c est très positif. Mais au-delà de ces événements très ponctuels, on mène aussi des expérimentations à plus long terme, notamment autour de la médiation culturelle. Cette année par exemple, on a travaillé avec Artefacto, qui vient de développer une visite virtuelle de l Opéra de Rennes. L Opéra est un lieu qui a des contraintes spécifiques : il ne peut pas se visiter de manière régulière et les visites sont réservées essentiellement aux écoles. Mais il y a plein de personnes qui passent à Rennes, des touristes et même des Rennais qui souhaitent le visiter, et jusqu à présent ce n était pas vraiment faisable. On a maintenant cette visite virtuelle qui sera à disposition à la billetterie pour que chaque visiteur puisse découvrir les espaces publics et les coulisses de l Opéra. Ce sont des objets qui sont très importants quand on travaille dans la médiation. Ces événements sont aussi l occasion de mettre en lien des acteurs par exemple le Labfab est venu faire un openlab le 5 juin, une vraie découverte pour nos directeurs techniques. L idée que l on va mettre en œuvre c est que l Opéra c est aussi du spectacle en création avec notamment des accessoires. Un accessoire d Opéra c est un objet unique et on va se rencontrer très vite pour savoir comment le Labfab peut construire des accessoires pour nos productions lyriques. Diwel : Je voulais justement rajouter un point c est que dans le milieu culturel/ événementiel, faire de l expérimentation ce n est pas commun. Nous, on fait plein d activités dans le domaine de l événementiel, quand vous allez sur un événement même si les gens veulent tester vos produits il faut que ça marche. Là au moins, on est dans une démarche, pour avoir vu avec les artistes, quand ça se passe mal, personne ne dit rien, tout le monde sait que c est de l expérimentation, si il faut que l on recommence, on recommence. Il y a vraiment un bon état d esprit ou justement vous pouvez expérimenter avec une pression saine. Dans certaines autres occasions la pression n était pas aussi agréable. C est la possibilité de mener une vraie expérimentation. Opéra de Rennes : On insiste beaucoup sur cette notion d expérimentation. Diwel : Il a fallut que l on monte un système sur scène, tant que le système n était pas en place il fallait attendre quoi.

6 Collaboration entre le French Miracle Tour (I LOVE CREATIVE MUSIC) et la société ireplay. Notre expérience du numérique elle est implémentée dans notre activité depuis que le web existe presque. C est vrai que pour nous c est un outil de détection, de veille, de curation pour aller chercher de nouveaux talents, c est aussi un outil de promotion de nos activités et des créations de nos artistes et enfin c est un moyen significatif pour rémunérer nos créations. Pour aller droit au but, nous avons co-produit une tournée en Asie qui s appelle le French Miracle Tour en partenariat avec la SACEM, les instituts français et ireplay pour les partenaires technologiques. On adresse un territoire que l on connait mal, sur lequel il faut savoir, Youtube n est pas accessible. Il fallait donc que nos vidéos puissent être accessibles en Chine au plus grand nombre. Cela dit ne connaissant pas les acteurs, on voulait garder la maîtrise de nos vidéos, d où l idée de travailler avec ireplay qui est un service de vidéos streaming OTT. ireplay : On a pensé ireplay pour s inscrire dans les process de démocratisation et de désintermédiation de la diffusion média. On s adresse à plein d acteurs et notamment des acteurs sur des projets beaucoup moins emblématiques que des chaînes de télévision. Ce qui était vraiment intéressant sur le projet du French Miracle Tour c était de pouvoir utiliser toutes les fonctionnalités en plus de notre application, c'est-à-dire de créer un flux et de pouvoir le géolocaliser, le customiser automatiquement sur un territoire où les grandes plateformes n ont pas accès. On a pu se confronter à ce que l on dit en tant que startup pour essayer de convaincre nos clients. Il y avait un vrai aspect avec en plus un projet culturel, un projet musical donc c était pas mal de retombées au niveau presse. C était vraiment un très beau projet à accompagner sur l année. Ne connaissant pas le marché, l idée à l avenir est d obtenir grâce à cette technologie tous les insights (personnalisation, géolocalisation ) et d adresser un message pertinent aux fans qui arriveront jusqu à notre chaîne. L internet chinois est assez contraignant il faut casser déjà quelques firewalls pour y accéder et l audience est difficile à capter puisque les messages ne sont pas du tout les mêmes. On ne s adresse pas à un milliards et demi de Chinois comme on s adresse à un Européen ou un Américain. Donc on a encore beaucoup de choses à apprendre de ce point de vue là, ceci dit le fait d avoir la maîtrise de l outil nous permet de mieux comprendre le parcours et le comportement des fans qui sont venus sur la chaîne. L autre objectif de cette chaîne est, si un jour on arrive à créer du trafic, de

7 l audience, à la fidéliser et à l engager sur le long terme. C est de monétiser cette chaîne et plutôt «brander» c'est-à-dire s associer à une marque qui apposerait ses couleurs sur la chaîne, et puis envisager du payroll et du postroll. C est aussi une volonté de monétiser ce projet d une autre façon. ireplay : Ça peut faire venir aussi d autres acteurs locaux comme l idée de faire intervenir le centre culinaire contemporain par exemple, de mixer un peu les mondes. En effet, on est là pour lancer une chaîne, pour s interroger sur des logiques de programmation, des logiques d audience, sur les horaires de connexion sachant qu on n est pas du tout sur le même fuseau horaire. Et puis, pour tenir, qu elle soit éphémère ou pas, il faut du contenu donc on va être vite limité en termes de contenus. C'est-à-dire aujourd hui il s agit de vidéos musique, des documentaires que l on a pu produire, des vidéos tournées tout au long de la tournée, mais très rapidement l intérêt pour l internaute chinois risque d être assez limité. Donc on va être dans une logique soit d acquisition de contenus soit de partenariats avec des acteurs établis qui produisent eux-mêmes beaucoup de contenus, sachant encore qu on adresse une population gigantesque et que la France aujourd hui est vu par les Chinois comme un pays où il fait bon vivre, l image est excellente. ireplay : On se connaissait un peu d avance. Après c est vrai qu à partir du moment où les contenus étaient là, nous il n y a pas de soucis. On met vraiment à disposition un outil ultra simple où on peut mettre sa chaîne à jour que l on soit en mobilité en Chine, à l autre bout du monde ou à Rennes. La difficulté pour nous c était de tout traduire en Chinois que ce soit le site internet, les soustitres. En plus, on passait du Français, à l Anglais, au Chinois, ce n était pas une bonne idée et puis d aller chercher des leviers de trafic. On avait une présence offline à travers le festival assez percutante puisqu on a fait 6 dates en Chine sur des festivals où il y avait personnes, après il n y avait pas personnes devant nous mais au moins Certains ont eu la curiosité d aller nous retrouver sur internet, on a également un partenariat fort avec une plateforme de télé qui s appelle Letv qui est un des leaders du streaming vidéo en Chine. On l appelle souvent le Netflix chinois mais c est une erreur puisqu ils se sont créés bien avant Netflix et surtout ils ont bien plus d abonnés. Letv mettait en avant nos contenus sur sa plateforme avec toujours cet objectif de créer du crosslink entre cette plateforme et la notre. Et les contenus premium étaient diffusés exclusivement sur notre chaîne TV pour donner un intérêt supplémentaire aux visiteurs.

8 On a également printer des cartes postales à dédicacer avec des QR codes qui amènent vers la chaîne, ça n a pas vraiment marché et on ne sait pas encore pourquoi, on était vraiment dans l expérimentation. En Chine, les réseaux sociaux ne sont pas du tout les mêmes que nous en France, Youtube, Facebook, Twitter et Instagram n existent pas, donc ce sont d autres réseaux. Pour les appréhender il faut parler un peu Chinois, ce qui n est pas très pratique, ce qui n était pas au départ le cas dans notre équipe, il a donc fallut enrichir notre staff parce qu on ne comprenait rien. C est encore tout l enjeu du travail que l on a à faire : comment on va attirer de l audience sur notre chaîne puisqu encore une fois l idée est de monétiser ce trafic, et de valoriser cette expérience. Mais on a de nouveaux partenaires à Hong-Kong avec qui on va mieux travailler à l avenir. ireplay : C est une technique qui permet de faire très local mais aussi le lendemain pouvoir s exporter très loin, de pouvoir customiser selon ces goûts etc. Pour nous c était notre première expérience à l international. Il faut souligner qu on a eu une subvention de la DGMIC pour déployer ce projet en novembre, puisqu on utilise une technologie innovante. Ireplay : En tant que porteur de projet c était intéressant aussi que le côté technologique puisse apporter du financement. Echange avec le public : Question : Est-ce que typiquement vous êtes en liaison avec des acteurs comme la Fevis (Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés)? Il y a 150 ensembles qui sont adhérents, eux se débrouillent tous avec leur site web, leur chaîne Youtube et ainsi de suite. Ils font partis des acteurs que l on a repéré comme l Opéra, bien sur tous les producteurs de contenus aujourd hui nous intéressent : à la fois ireplay puisqu on est assez étroitement liés. Question : Et typiquement eux n offrent pas ce type de services, ils vont être fédérateurs puisqu ils vont animés les coupes, ils vont défendre un petit peu la cause française, car il y a une notion européenne de cette Fevis. Ils vont jouer le rôle de captation sur les demandes d emploi de diffuseurs ou de producteurs mais ils n ont pas du tout un volet numérique. Or on sait que

9 ces ensembles aujourd hui pour exister, ont besoin d avoir une présence très forte. A minima Twitter, Facebook. Ils ont tous un site web ; quasiment la moitié à un Twitter et un Facebook, et après ils sont à la rue. On peut le comprendre, leur métier n intègre pas forcément tous des professionnels de la diffusion, sinon ils se débrouillent. Et puis, quand on est un ensemble de 4-5 personnes voire même de 10 c est déjà pas évident de maintenir un site web donc de diffuser, de faire de la captation Ils ont des gens comme Classique news où ils sont trois dans l équipe de production à faire de la captation et un peu de diffusion, mais sinon ils sont à la rue. Donc je pense que des solutions comme les vôtres pourraient être apportées à des acteurs qui font juste de la fédération d ensembles. French Miracle et ireplay : Le vrai problème même si les coûts ont drastiquement baissé, reste la captation. Puisque la captation est chère, la solution de diffusion elle est vraiment, et c est pour ça qu on fait frémir aussi les diffuseurs classiques, broadcasters classiques c est que notre solution de diffusion aujourd hui elle est peu onéreuse. Donc effectivement tous les producteurs de contenus qu ils soient culinaires, Opéra, théâtre, musique sont potentiellement intéressants pour nous. Après on rentre tout de suite dans des problématiques de droit, ce que je n ai pas précisé, mais on n a pas eu ce problème en Chine, et des problèmes de géolocalisation effectivement, de territorialité en fait. Dès lors que l on veut diffuser en France, et tant mieux car on profite également de ce système, il faut des autorisations, il faut rémunérer les ayants droits, le vrai frein il est que maintenant que l on a des solutions comme ireplay et encore ils sont les seuls fournisseurs de ce type dans le monde, cela n empêche pas ces problématiques de territorialité. On a des contenus qui sont sous licence Universal pour certains territoires, pour d autres c est d autres labels. Cluster Event&Sens : Merci pour ces témoignages, vous voyez les technologies peuvent s adresser à des domaines très divers. On passe à de la musique underground au lyrique un peu institutionnel. French miracle : On a des logiques connexes c est d adresser nos publics c est de leur montrer nos travaux, nos créations donc forcément on converge vers les mêmes objectifs. Opéra de Rennes : Nous, on est dans une logique de lyrique pas institutionnel et le numérique nous permet d ailleurs d avoir un public qui l appréhende de manière différente. Quand on écoute de l Opéra via des casques HOA ou via des tablettes numériques, le code d appréciation du lyrique évolue, pas complètement mais un peu, et pour nous c est un objectif aussi d ouverture, de concrétisation de diffuser l art lyrique autrement aussi.

10 Il y a aussi un doux fantasme qui est plutôt de l ordre théorique, c est que l on pense que l audience est dans Youtube, or ce n est pas vrai. Vous pouvez avoir la meilleure vidéo sur Youtube, si vous n avez pas des leviers de trafic sur des blogs, sur des radios, sur des papiers, des télés qui parleront de votre musique, personne n ira la voir et personne ne la partage sur Facebook. Si vos amis ne vous en parle pas et là on revient à cette logique de curation et de recommandation. Ils sont découverts parce qu on nous l a soufflé, parce que le bouche à oreilles fonctionne très bien. ireplay : Même chez les médias, parce que je regardais la chaîne Youtube du Figaro, ça reste le Figaro quand même et ils ont des vues catastrophiques sur certains contenus (50-70 vues) alors qu ils ont eux-mêmes des outils de promotion. Alors si le Figaro fait 70 vues sur des vidéos sur Youtube pour les autres c est encore plus compliqué. L audience n est pas dans Youtube, quand on dit «j ai découvert un groupe sur internet» non, en général quelqu un vous l a soufflé, vous avez vu un article passé sur cet artiste, ou une programmation du festival. Mais on ne découvre pas un artiste sur internet. Ça arrive rarement et uniquement par hasard il y a toujours une curation en amont de cette découverte. C est un moyen, et ça c est un paradigme assez fort. Question : Qu est ce qui a fait que vous êtes rentrés en contact? On connaissait le fondateur d ireplay de longue date, on a travaillé déjà il y a 5 ans sur un système de billetterie dématérialisée qui fonctionne encore aujourd hui, qui était déjà en amont d une problématique qui pour les diffuseurs est primordiale. Et on se connaissait même bien avant parce qu il avait développé de manière simultanée mais en toute modestie un service similaire à itunes US, une plateforme de téléchargement de contenus audio sur internet qui s appelait Neomusicstore. Et aujourd hui il a lancé ireplay parce que la vidéo est partout, elle remplace la recommandation, l éditorial. Question : Typiquement, par rapport à ce que vous disiez sur le fait que ça avait donné une image dynamique moderne de l Opéra au niveau national, est-ce que cela a généré des propositions ou des orientations vers une entreprise comme Diwel ou Orange permettant à d autres Opéras de s approprier les outils que vous aviez mis en œuvre ou pas?

11 Opéra de Rennes : Non, les expérimentations sont restées sur le territoire rennais. Chaque expérimentation est assez lourde à monter, je sais que l Opéra de Nantes à solliciter Orange mais Orange se concentre sur le territoire rennais. Ce qu on a eu par contre, là c est une anecdote, c est que quand on a monté la première grosse expérimentation avec Orange, l Opéra de Paris a appelé la direction d Orange Paris en demandant pourquoi ils faisaient ça à Rennes alors qu il serait plus intéressant de le faire à Paris. La direction régionale d Orange a vraiment bataillé pour garder cette expérimentation à Rennes. Pour l instant, mis à part peut-être ce que l on a fait avec Artefacto qui pourrait être reproduit dans un autre Opéra, il n y a pas eu d expérimentations qui ont été menées dans d autres Opéras. Mais ça serait très bien, après tout ça c est une histoire de réseau, de collaboration étroite donc ça fait déjà de nombreuses années qu on travaille dans le domaine. On a des acteurs fidèles mais chaque année on en a d autres qui s agrègent au projet mais tout n est pas reproductible de manière très facile. Question : Sauf à avoir des moyens considérables que n ont pas les autres Opéras, parce que là c est un investissement d Orange et des autres entreprises. Diwel : Après la proximité joue également, c est vrai que si on doit aller à l Opéra on y est en un quart d heures. Opéra de Rennes : Après ce sont des modèles que l on peut peut-être reproduire, je sais qu on a travaillé avec la société Eliga, ils ont développé avec nous un quiz sur «comment casser les clichés autour de l Opéra», mais également un système de surtitreurs. Nous on n a pas souhaité poursuivre cette idée parce que ce système fait que les spectateurs ont leur propre tablette ou téléphone portable en salle. C est vrai qu on a beau être innovants, on dit tout le temps aux spectateurs d éteindre leur portable, donc ce ne serait pas vraiment cohérent. Mais pour autant, on a dit a Estelle Bagot, de chez Eliga, «il y a un réseau qui s appelle la réunion des Opéras de France, ils ont un site, ils ont des contacts, voilà mes collègues n hésitez pas à les contacter et ils sont en train de le faire». Et elle m a dit hier qu elle était allée faire une démonstration à Rouen et à Massy, il y a d autres Opéras qui sont susceptibles d être intéressés donc il y a des suites et d autres liens qui se font.

12 Question : On parle beaucoup, et je pense que c est l objectif d Event&Sens, du numérique au service d une captation, transmission, diffusion et ainsi de suite. Mais est-ce qu il a aussi vocation à faire connaître le numérique en tant que matière première pour les artistes? C'est-à-dire qu il y a l innovation numérique, moi je ne sais pas le processus aujourd hui d un artiste quand il veut créer quelque chose, il est en veille évidemment. Mais est-ce que l objectif de ce cluster est aussi de donner une vision de l innovation numérique qui pourrait servir de matière première pour la création d œuvres artistiques? ireplay : J étais à un atelier hier avec une startup et 9-10 acteurs culturels et j ai commencé à parler très rapidement ce qu était techniquement capable de faire la solution à savoir customiser et géolocaliser automatiquement les contenus, et faire des chaînes qui se mettent à jour selon la personne en face. Et 10 minutes plus tard, j avais deux associations culturelles qui étaient pas du tout dans la technologie qui disaient «ah ouai on va pouvoir faire» et en fait j ai compris que ireplay c était au-delà de la diffusion ça pouvait aussi être un support à la création. Et c est vrai que c était une révélation. Cluster Event&Sens: En fait ce n est pas vendu en tant que tel dans la construction du cluster, c est vrai que nous on l a plutôt construit dans une logique de business car c est le travail de Rennes Atalante, de valoriser les entreprises technologiques face aux acteurs culturels et artistiques pour qu ils puissent connaître toutes les innovations disponibles pour les aider dans la diffusion, ou dans leur contact avec le spectateur, l organisation de leur lieu de culture, d événements et pas trop dans l utilisation artistique des technologies, mais on sent que plus le lien se fait avec des acteurs du type associations culturelles, plus les créatifs eux-mêmes trouvent tout de suite cette dimension à la mise en contact donc ça se fait quand même. Question : L introduction de la lumière et de l image aujourd hui dans les scénographies fibre optique et LED typiquement sur notre territoire, on serait bien mal de dire qu il n y a pas de représentants innovants, les Bouillants le montrent bien. Présentation de la collaboration entre Oya Light et l artiste Vittoretti. Oya Light : On est une TPE de Châteaugiron, et on héberge une artiste contemporaine depuis 2 ans en même temps que notre activité pour ceux qui nous connaissent de luminaires. Cette artiste on l a rencontré en vacances et on a craqué sur sa toile, et de fil en aiguille en discutant l idée est venue de faire une première maquette pour mettre en lumière sa toile. On a fait

13 une première maquette à Sarlat et on a eu un bon retour. De là est venu le projet de 13 toiles qui sont toujours en exposition au 18 quai au siège de la BNP Paribas. C est un lieu qui est accessible pour les artistes gratuitement, moi je l ai découvert par l intermédiaire d Energiency (une startup) qui faisait un pitch sur sa société. En fait les toiles sont connectées à une box et on a créé une messagerie entre l artiste et le collectionneur, la toile est mise en couleur, la thématique étant «de jour de nuit» et c est marrant parce qu il y a des peintures et des couleurs qui ressortent différemment une fois éclairées ou non. On a joué un peu sur toutes ces couleurs, et on a eu aussi notre petite part de créativité en choisissant les endroits éclairés. À l aide d une tablette, vous choisissez votre éclairage et pour ceux qui sont moins «geek» on a mis un bouton avec une technologie radio qui permet d ajuster d une façon statique et en même temps on a profité sur une des touches de mettre «l artiste vous parle». Vous achetez la toile admettons et personne ne connait Vittoretti, vous sortez votre tablette et vous appuyez sur l artiste vous parle et vous voyez sur la toile par une technologie qui est le LIFI, le film où l artiste explique un peu qui elle est, ce qu elle fait Maintenant il y a eu un tableau de vendu. Pour nous c était aussi une façon de mélanger ce qu on sait faire avec elle : la lumière et aussi notre savoir faire. En même temps, pour un artiste contemporain c est hyper complexe aujourd hui de vendre et de vivre de son art. On a essayé de trouver des lieux éphémères avec cette thématique en mêlant le numérique et l art, pour aller chercher le client et augmenter la visibilité de l artiste en faisant tourner les toiles plutôt qu elles restent dans un endroit statique. Cluster Event&Sens : Merci pour tous ces témoignages, qui ont pu permettre aux acteurs culturels de rêver des innovations. Article sur l exposition des «Hélio-vittos» d Oya Light et Vittoretti Article sur le lancement de la French Miracle TV Article sur l opéra sur écrans Contact : Cluster Event&Sens event&sens@rennes-atalante.fr