Marcel Tessier. Directeur honoraire de la SNCF ENREGISTREMENT REALISE AU DOMICILE DU TEMOIN A PARIS, LE 27/09/2007 PAR MARIE- NOELLE POLINO

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1 Entretien n 4 Marcel Tessier Directeur honoraire de la SNCF M. Marcel Tessier est né le 19/09/1920 à Avignon (Vaucluse). ENREGISTREMENT REALISE AU DOMICILE DU TEMOIN A PARIS, LE 27/09/2007 PAR MARIE- NOELLE POLINO FONCTIONS A LA SNCF DATE D ENTREE ET DE DEPART DE LA SNCF AXE DE L ETUDE SUJET PRINCIPAL Ingénieur à la division des études de traction électrique ( ), chef d arrondissement ( ), adjoint au chef de la division des études de traction électrique ( ), chef de la division de l entretien du matériel de la région ouest ( ), chef de la division des études de traction thermique ( ), chef adjoint puis directeur du service de la recherche ( ), directeur du réseau de l Est, président-directeur général de Sofrerail, directeur de la coopération internationale ( ), conseil pour la liaison transmanche ( ) Récits de carrière Récit de la carrière de M. Marcel Tessier -THEMES ABORDES Le service de la recherche, création et structures Fonctionnement de la recherche : la commission de la recherche, le rôle des directions techniques, distinction entre études et recherche Les projets du service de la recherche catégories de projets, gestion de projet, projet «Acheminement des marchandises» Le projet C03, ses objectifs, son déroulement Jugement sur le projet C03 jugement sur la suppression du service de la recherche. Bilan personnel

2 OUTIL DE CONSULTATION CD audio MATERIEL D ENREGISTREMENT Enregistreur numérique Hzoom 4 DUREE DE L ENREGISTREMENT DUREE DE L ENREGISTREMENT APRES TRAITEMENT DU SON 1 heure 39 minutes 33 secondes 1 heure 38 minutes 58 secondes 2

3 Carrière Ingénieur à la division des études de traction électrique ( ), chef d arrondissement ( ), adjoint au chef de la division des études de traction électrique ( ), chef de la division de l entretien du matériel de la région ouest ( ), chef de la division des études de traction thermique ( ), chef adjoint puis directeur du service de la recherche ( ), directeur du réseau de l Est, président-directeur général de Sofrerail, directeur de la coopération internationale ( ), conseil pour la liaison transmanche ( ) Extrait de Who s Who in France, édition , corrigé par le témoin Décoration - Officier de la Légion d honneur - Member of the American institute of electrical engineers (août 1960) Bibliographie Articles parus dans la Revue générale des chemins de fer : «La voiture électrotechnique de la SNCF», sept. 1951, 11 pages. «Les solutions mono-triphasées 50 Hz», nov. 1951, 10 pages. «Les automotrices monophasées à moteurs directs et à redresseurs», nov. 1951, 5 pages. «Le matériel moteur à redresseurs», juil. 1955, 24 pages. «Le chauffage électrique des trains en traction Diesel. Réalisations actuelles de la SNCF», sept. 1965, 11 pages. «Vers une nouvelle locomotive Diesel-électrique la CC 72000», janv. 1967, 10 pages. «Les recherches sur les liaisons intervilles à très grande vitesse aux État-Unis», in «comptes rendus de missions SNCF à l étranger», nov. 1969, 5 pages. «Les liaisons intervilles à très grande vitesse sur les infrastructures ferroviaires nouvelles et le projet Paris-Lyon», janv. 1970, 8 pages. «Le programme des recherches techniques sur les très grandes vitesses», 13 pages. «L informatique au service de la Recherche», nov. 1972, 5 pages. «La traction électrique en France ou les fruits gratuits d une recherche», janv. 1974, 6 pages «L assistance technique de la SNCF à l étranger, juil.-août 1978, 6 pages. «Les actions de coopération internationale de la SNCF pour le transfert de connaissance», juil.- août 1983, 3 pages. «Les perspectives d application du TGV dans le monde», sept. 1983, 1 page. «Le recours aux techniques avancées dans la conception des matériels roulants. Sophistication ou rusticité?», mars 1984, 10 pages. Autres articles «Les harmoniques produits en traction monophasée 50 Hz par les locomotives à redresseurs», Bulletin société française des électriciens, août «L interpénétration des techniques aéronautiques et ferroviaires», Revue Transports, n 167 (novembre 1971). Traction électrique et thermo-électrique [Cours professé au CNAM de 1970 à 1980], Paris, Editions scientifiques Riber, The railroads position in the very high speed ground transportation development, Technical Paper, American institute of electrical engineers, déc The most recent developments in the field of very high speed in France: Electric traction and turbotrains, communication au International automotive engineering congress and exposition, The Society of Automotive Engineers, janvier Communication Le témoin autorise immédiatement la consultation individuelle et la copie de l enregistrement, son exploitation pour des travaux à caractère historique ou scientifique et la diffusion sonore au public dans un cadre scientifique ainsi que sur l Internet, avec mention de son nom. Il a par ailleurs cédé à l AHICF, qui en est le propriétaire exclusif, les droits patrimoniaux attachés à l entretien. 3

4 Compte rendu analytique (Plage 01) Introduction (15 s) I Le service de la recherche, création et structures (Plage 02) Questions posées par l enquêteur : la création du service de la recherche, sa signification, ses structures et ses projets (1mn:53s). (Plage 03) La création du service de la recherche n est pas le résultat de la prise du pouvoir à la SNCF par une nouvelle équipe elle a pour objectif la coopération des directions techniques et de leurs capacités de recherche pour des recherches à long terme, prospectives insuffisance des structures existantes, comme la commission de la recherche placée sous la présidence du directeur général adjoint [Henri Lefort] association des directions techniques à des recherches pluridisciplinaires rappel de la rapidité et des étapes de cette création au printemps 1966 reformulation de la question de l enquêteur : une nouvelle génération fait valoir ses vues revient sur les cadres auteurs du rapport demandant la création du service et sur les collaborateurs qui rejoignent aussitôt le service nouvellement créé (5mn:03s). (Plage 04) Structure du service et articulation avec les directions techniques : les outils de recherche et d expérimentation existant dans les directions ne sont pas rattachés au nouveau service, les directions devant conserver leurs capacités techniques et responsabilités de recherche en revanche rapprochement géographique des unités de recherche souhaité après un temps de réflexion pour assurer échanges permanents entre elles (projet de construction d un centre de recherche à Cergy- Pontoise, ville alors en construction) précision sur les services concernés par le rapprochement motifs : réunion des capacités et modernisation du fonctionnement, visibilité de la recherche à l extérieur de l entreprise échec du projet qui ne retient pas l attention de la direction générale regrets du témoin, juge l efficacité du service et l innovation obtenue moindres ; illustre par des exemples la stimulation et l émulation qui auraient été suscitées par la confrontation des idées et des projets au sein de groupes de travail (5mn:54s). II Fonctionnement de la recherche : la commission de la recherche, le rôle des directions techniques ; distinction entre études et recherche (Plage 05) Peu d influence du voyage d études aux États-Unis entrepris par le témoin et le directeur du service Bernard Heurart de Fontgalland ( ) en janvier-février 1967 série de visites : en Pologne dans le centre de recherche ferroviaire, en France chez EDF les centres américains sont exclusivement techniques (matériel et équipement) définition de la recherche souhait d ouverture dès la constitution de l équipe sur l exploitation (Bernard Revol, ), la cybernétique (M. Lemaire), l économie (Michel Walrave) pas de recours aux sciences sociales, alors ignorées en revanche création contemporaine du département du marketing à la direction commerciale par le directeur général adjoint Roger Hutter ( ), confié à Jean Ravel, venu d une autre entreprise tableau des mentalités des dirigeants de la SNCF avant la création du service de la recherche excluent le développement de l offre et l étude de la demande les directions commerciales étudient le développement des moyens à court ou à moyen terme et ignorent la concurrence grandissante des autres modes de transports, avion et transports routiers fermeture de la SNCF sur elle-même (7mn:51s). (Plage 06) La commission de la recherche, son rôle autorité de tutelle du service de la recherche associant les directeurs des directions concernées par les projets (matériel, équipement, direction commerciale) réunions mensuelles pas de propositions venues des directions, mais accord ou non donné aux projets exemple du projet A22, définition du matériel roulant voyageurs, refusé par la commission difficultés de communication avec le directeur du Matériel, pourtant ancien membre du groupe des rapporteurs ayant préconisé le service de la recherche (Jean Dupuy, ) pas de difficultés avec Jean Alias ( ), devenu directeur de l Equipement (4mn:45s). 4

5 (Plage 07) Rôle budgétaire de la commission budget de la recherche considéré comme faible à la SNCF confusion usuelle entre études et recherches accord de la Cour des Comptes exception : financement des prototypes de TGV [voir entretien n 3] articulation entre études et recherches, entre directions techniques et service de la recherche le service définit pour les directions les études qu il rend possibles en les intégrant dans des projets à long terme (4mn:12s). III Les projets du service de la recherche catégories de projets, gestion de projet, projet «Acheminement des marchandises» (Plage 08) Questions posées par l enquêteur : 14 projets approuvés en avril 1967 par la commission de la recherche ; le témoin responsable du projet C03 (TGV), place de ce projet classement effectué dès le départ par le groupe des fondateurs projets à long terme, utilisation de l outil existant classés dans la catégorie A réflexions sur l économie des transports : catégorie B, «Perspectives à long terme du trafic ferroviaire» nouveaux transports terrestres guidés : catégorie C, Aérotrain (C02) et «Possibilités ferroviaires sur infrastructures nouvelles», C 03 les projets «D» sont introduits en 1969 par B. de Fontgalland parmi les projets A, priorité donnée à l amélioration du transport de marchandises par wagon isolé, avec le projet A 11 «Acheminent des marchandises» ; augmentation du débit des lignes et de la sécurité des circulations avec le projet A 31, «automatisation de la circulation» ; projets B : intéressent davantage R. Hutter et B. de Fontgalland que la commission de la recherche commentaire de la liste des projets, confiés à M. Walrave rapport avec le projet C03 (8mn:51s). (Plage 09) Chaque projet donne lieu à un rapport, revu par B. de Fontgalland et présenté à la commission de la recherche intérêt de la rédaction pour préciser les projets et pour justifier l utilisation des moyens fournis par les directions techniques organisation en projets et sous-projets, les responsables des sous-projets étant des collaborateurs des directions techniques coopération voulue (3mn:15s). (Plage 10) Pas de réflexion théorique sur la gestion de projet définition de la pluridisciplinarité mise en œuvre : association de fonctions et réflexions en dehors des direction techniques (matériel et équipement) incise : prédominance de l exploitation et de son prestige sur les autres fonctions le chemin de fer, système pluridisciplinaire couvrant le territoire, exemple de l acheminement d un train à longue distance motif de la condamnation de l Aérotrain par le témoin, ne peut couvrir le territoire, n est pas un système de transport mais un outil (4mn:16s). (Plage 11) Les projets non aboutis certains ont produits indirectement des retombées, exemple de l amélioration du débit de la ligne C du RER entre les gares d Invalides et d Orsay, retombée du projet A 31 «Automatisation de la circulation» non abouti comme tel. projet A 11 «Acheminement des marchandises» mené par B. Revol la gestion centralisée du trafic marchandises étudiée par la direction du mouvement est nécessaire mais non suffisante le projet comprend l analyse de la demande description du système existant menacé par la concurrence du transport routier, «régime ordinaire», «régime accéléré» avec leurs triages propres (6mn:12s). (Plage 12) Le projet A 11 préconise l amélioration de la qualité du service offert au client, sa garantie et donc un «régime unique» entraînant des fermetures d établissements critique de la formation insuffisante des cadres de l exploitation pour accueillir le changement oppose la formation des écoles d ingénieurs à la formation par l expérience le projet C03 n impliquait pas de changement de mentalité ou de structure projet A 11 achevé mais non appliqué, objectif final non atteint regrets du témoin devant l essor de la concurrence du transport routier permis par cet échec aurait souhaité que le transport ferroviaire justifie sa pertinence pour les distances supérieures à 200 km compare le destin des projets A 11 et C03 et regrette vivement la résistance de la SNCF à sa mise en œuvre (7mn:30s). 5

6 IV le projet C03, ses objectifs, son déroulement (Plage 13) Omniprésence de la vitesse dans les 3 catégories de projets le projet C03, projet phare du service dès ses débuts correction apportée par le témoin : projet justifié par son équilibre économique la durée de trajet, la fréquence et la qualité du service (régularité) sont l objectif des projets, la vitesse peut être leur moyen et n est pas un but en soi (3mn:34s). (Plage 14) Rappel par l enquêteur des étapes du déroulement du projet C03 scindé en sous-projets «études générales» et «Paris-Lyon», avec groupes de travail consacrés aux points à approfondir : «guidage roue-rail», «signalisation», «étude de la demande» mention de Pierre Moron et d autres collaborateurs des directions du matériel et de l équipement associés aux groupes de travail (spécialistes des signaux, du freinage) rôle du directeur du projet et du secrétaire du projet, Charles Mignot dans la stimulation des équipes premier rapport du sous-projet «études générales» possible 10 mois après l approbation du programme du service de la recherche par la commission de la recherche (avril 1968), justifiant la possibilité technique du projet et la suite des recherches et études concrétisation des options par les études des directions techniques par la suite (6mn:54s). (Plage 15) Le projet Paris-Lyon est annoncé par la SNCF par un rapport en novembre 1969, examen par les commissions présidées par les membres du conseil général des ponts et chaussées Roger Coquand ( ) [rapport de la commission des transports du 6 e Plan, décembre 1970] et Paul Le Vert [1908-?] [rapport sur les grandes vitesses à la SNCF pour le ministère de l Equipement, avril 1967 ; mise à jour du rapport Coquand, 1973] choix de la liaison Paris-Lyon : étude parallèlement des liaisons Paris-Lyon, Paris-Nord (jonction avec le tunnel sous la Manche), Paris-Est (projet C04) Paris-Lyon étudié avec traction à turbine à gaz et avec traction électrique à partir de la fin de 1969, l exécution de Paris-Lyon est décidée, Paris-Nord est subordonné à la construction du tunnel sous la Manche rappel d une visite du ministre des Transports et d essais sur la ligne des Landes avec le TGV 001 à turbine à gaz en 1973 le président de la SNCF André Ségalat défend auprès du gouvernement Paris-Lyon dont l exécution n est pas conditionnée par celle du tunnel sous la Manche, en effet abandonnée en 1976 poids symbolique de la liaison Paris-Lyon pour la SNCF (dite «ligne impériale») qui appuie ce choix (6mn:20s). V Jugement sur le projet C03 jugement sur la suppression du service de la recherche. Bilan personnel (Plage 16) Rôle de l argument de la saturation de la ligne Paris-Lyon, mis en avant par la SNCF, dans la décision n aurait à son avis justifié qu un contournement des goulets d étranglement fut un moyen efficace d emporter la décision (2mn:45s). (Plage 17) Les retombées du projet C03 desserte de l ensemble du territoire du sud-est de la France, fondant sa rentabilité démonstration par le schéma dit de «l arbre à boules» question du lien entre la suppression du service de la recherche en décembre 1975 et l achèvement de la construction de la ligne nouvelle Paris-Lyon achèvement des études techniques du projet, établissement de sa méthode : ces enseignements peuvent être assumés par les directions techniques pour d autres lignes pas d autre grand projet porteur rapprochement études générales et recherche dans une direction opportunité de carrière pour le témoin à ce moment ne regrette pas le service de la recherche mais condamne la diminution ultérieure des capacités techniques des directions techniques (matériel et équipement) au profit de l industrie de construction fin de la structure ressentie moins brutalement que par d autres témoins pas de ressentiment envers les auteurs de la décision (8mn:42s). (Plage 18) Jugement final du témoin sur le projet C03 : rupture et non continuité, révolution a prouvé à l opinion et aux pouvoirs publics les capacités de création et de développement de la SNCF pour l avenir destin des jeunes cadres impliqués dans le projet (Hubert Autruffe, Jacques Berducou devenu directeur commercial voyageurs, Jean-Philippe Bernard, Yves Chenel, Roger Forray devenu directeur du matériel, Philippe Roumeguère devenu directeur de l équipement et directeur général adjoint, Francis Taillanter, recommandé par Roger Hutter, devenu directeur du transport, Michel Walrave devenu directeur des études générales et recherche et directeur général adjoint) rôle du projet dans l épanouissement des capacités mode de sélection influence du service de la recherche en dehors de ses productions (4mn:53s). 6

7 (Plage 19) Bilan personnel du témoin : le témoin quitte le service de la recherche pour devenir directeur du réseau est et directeur de la coopération internationale enseignements retirés de la période : importance fondamentale du travail d équipe a beaucoup appris dans le domaine technique en dehors du matériel ignorait auparavant l informatique et l économétrie le travail en équipe condition du succès du projet C03 «le TGV a sauvé la SNCF» évocation de Mai 68 prévisions économétriques réalisées sans moyens informatiques conclusion sur la confiance nécessaire du dirigeant dans ses collaborateurs (5mn:51s). 7