Paris, Quai d Orsay, le 8 octobre Madame la Secrétaire d Etat au Développement et à la Francophonie, Annick Girardin,
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- Dorothée Mongeau
- il y a 7 ans
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1 Discours de la Directrice générale de l UNESCO Irina Bokova, à l occasion de la conférence-débat «Apprendre sans peur : un enjeu majeur pour l éducation des filles» Paris, Quai d Orsay, le 8 octobre 2014 Madame la Secrétaire d Etat au Développement et à la Francophonie, Annick Girardin, Mesdames et Messieurs les Ministres, Monsieur Pierre Bardon, Président de Plan International France, Mesdames et Messieurs, C est un plaisir de m exprimer à l occasion de cette journée importante et symbolique, qui est une belle occasion de porter les valeurs qui unissent la France et l UNESCO. Je salue, Madame la Secrétaire d Etat, votre belle initiative de proposer une résolution au Conseil Exécutif de l UNESCO sur les violences de genre en milieu scolaire assortie de recommandations pour les combattre. Soyez assurée que vous aurez tout mon soutien. Cette troisième Journée internationale des filles intervient dans un contexte d attaques répétées contre l éducation en général, contre l éducation des filles en particulier, au Soudan du Sud, au Nigéria, en Iraq et d autres pays. Des filles sont enlevées ou attaquées dans une guerre contre l éducation qui cible l école comme lieu même du développement, de la tolérance, de l épanouissement. Aujourd hui nous voulons rappeler deux choses. DG/2014/143 Original: Multilingual
2 L éducation des filles et des femmes est un droit fondamental. Et c est le meilleur investissement de développement humain. Les Nations Unies élaborent un nouveau programme de développement durable, qui sera adopté en 2015, et cherchent de nouveaux leviers de développement, de durabilité. L éducation des filles représente justement cette nouvelle énergie, largement ignorée jusqu à présent, et qu il faut libérer. L éducation des filles ne permet pas seulement de transformer les vies, elle en sauve : un enfant dont la mère sait lire a 50% de chances supplémentaires de survivre après l'âge de 5 ans. Le meilleur moyen, aujourd hui, de réduire la transmission du virus du SIDA de la mère à l enfant, c est l éducation des filles. Le visage du développement aujourd hui, c est celui d une fille de 12 ans qui va à l école et qui reste à l école, sans peur d être victime de violences ou de harcèlement, en particulier sexuelles. Le développement, c est une jeune fille qui n est pas mariée dès l âge de la puberté, qui n est pas victime d une grossesse non désirées, et qui n a pas non plus besoin d aller chercher de l eau, ou de travailler dans les champs, tandis que son frère, souvent plus chanceux, peut apprendre un métier. Aujourd hui plus de 70 million d entre elles sont exclues de l école primaire et secondaire, et à peu près autant dans le secondaire. 100 millions de jeunes filles sortent de l école sans pouvoir lire une seule phrase ce sont les dernier chiffres du rapport de l UNESCO sur l éducation pour tous, dont nous avons publié une synthèse sur l égalité des genres. Le résultat, c est que les femmes représentent deux tiers des adultes analphabètes du monde. DG/2014/143 - Page 2
3 Si nous pouvons garantir que toutes ces jeunes filles développent leurs compétences, nous pouvons libérer une force de développement colossal. Certes, des progrès ont été réalisés ces dernières décennies, sous l impulsion du mouvement de l Education pour tous. Je tiens à saluer la présence de Madame la Ministre de l Education nationale et de l Alphabétisation du Burkina Faso et la féliciter pour les avancées très importantes de son pays dans le domaine de l éducation ces dernières années, et saluer l engagement exemplaire de la Première Dame, Madame Chantal Compaoré, en faveur de l éducation pour les filles et ses actions contre toutes les formes de violence. Il faut soutenir cette action. Depuis 1999, le nombre d enfants non scolarisés a été quasiment divisé par deux, passant de 102 à 57 millions. La part des filles dans l ensemble des enfants non scolarisés des pays en développement a diminué, passant de 58 à 53 %. Pourtant, la situation des filles les plus pauvres du globe est dramatique. Au rythme actuel, il faudra attendre 2072 pour qu elles sachent toutes lire. Ces chiffres nous appellent à nous mobiliser. D abord, il faut impérativement intégrer l égalité des genres dans les politiques publiques d éducation post C est pourquoi l UNESCO a proposé d adopter un objectif global : «Assurer une éducation et un apprentissage tout au long de la vie équitables et de qualité pour tous d'ici à 2030». Ensuite, il faut cibler les maillons faibles de l éducation des filles il ne suffit pas de les inscrire à l école, il faut qu elles réussissent le passage du primaire au secondaire, qui correspond à un âge délicat pour elles. DG/2014/143 - Page 3
4 Cela suppose d intégrer les questions d égalité de genre dans les apprentissages beaucoup de pays l ont fait, la France, l Afghanistan, Bangladesh, Burkina Faso, Ethiopie, Ghana, et l UNESCO développe des modules sur l'intégration du genre dans la formation des enseignants. Cela suppose aussi de mettre en avant des modèles féminins positifs, des femmes enseignantes, des femmes scientifiques, pour inciter les filles à poursuivre leurs études. Tel sont aussi les objectifs du Partenariat mondial pour l'éducation des filles et des femmes, que j ai lancé en 2011, en collaboration avec de grandes entreprises du secteur privé. En Ethiopie et en Tanzanie, avec la Fondation Packard, nous accompagnons les filles dans la transition vers le secondaire. Au Sénégal, avec Procter & Gamble, nous menons une campagne d alphabétisation auprès de filles et femmes. En Afghanistan, l UNESCO mène le plus grand programme d alphabétisation de l histoire du pays, qui vise personnes, en priorité les filles et les femmes. Et cette année au Pakistan nous avons lancé le Fonds Malala pour réduire les disparités l égalité des garçons et des filles en éducation, dans les provinces les plus vulnérables. Enfin, il ne peut y avoir d égalité par l école s il n y a pas d égalité dans l école, et cela suppose une lutte sans relâche contre toutes les formes de discriminations et de violences. Je tiens ici à saluer la France, pays champion dans le domaine de la lutte contre les violences en milieu scolaire. Quels que soit leur âge, leur classe sociale ou leur situation géographique, les filles sont les plus susceptibles d être victimes de violences, de harcèlement, d intimidation ou de menaces. DG/2014/143 - Page 4
5 60 millions de filles dans le monde subissent des agressions sexuelles en milieu scolaire ou sur le chemin de l école. Dans certaines parties du monde, une fille court plus de risque d être violée que d avoir la chance d apprendre à lire. Ces violences en milieu scolaire reflètent les violences qui existent plus largement dans les sociétés et relèvent d une responsabilité sociale collective. L'UNESCO et l ONU Femmes travaillent ensemble pour établir des directives mondiales pour les ministères de l'éducation sur la façon d'éliminer la violence envers les filles. En Asie Pacifique, nous élaborons des outils pratiques pour aider les enseignants et les personnels de l éducation à répondre aux discriminations et aux violences liées au genre. En décembre dernier, 20 ministres de l éducation et de la santé d'afrique australe et orientale ont signé un accord historique pour favoriser l'accès à l éducation sexuelle, dans des régions touchées par le SIDA. Notre pire ennemi, dans cette lutte, ce sont certains préjugés, certains discours qui autorisent qu on donne une fille à marier en échange d une tête de bétail, ou qui suggèrent que l éducation des filles seraient contraire à la tradition ou à une culture. Notre rôle, à l UNESCO, c est aussi de dire que la diversité culturelle ne peut jamais servir d excuse à la violence et quel que soit le pays, les croyances, la violence envers les femmes n est jamais acceptable, et rien ne peut la justifier. L UNESCO est fière d accueillir le nouveau groupe de travail mondial sur les violences liées au genre. Nous avons commencé à travailler avec plusieurs partenaires, dont beaucoup sont dans cette salle aujourd hui. Et je veux saluer tout spécialement Plan International, pour son immense engagement, et la fabuleuse campagne menée depuis 2 ans pour l éducation des filles, qui a réuni plus de 2 millions de signatures et que j ai eu l immense honneur de recevoir il y a quelques jours à New York, au nom du Secrétaire général. DG/2014/143 - Page 5
6 Nous pouvons prendre exemple sur les millions de jeunes filles qui, à travers le monde, réclament leur droit à l éducation. Je pense aux filles du centre d apprentissage de Pikine, au Sénégal, que j ai visité. Je pense aux filles de l école Ayesha-e-Durrani de Kabul, qui ont écrit sur les murs de leur classe «la plume est mon épée». Je pense au courage de toutes ces filles qui vont à l école malgré toutes les difficultés. Il doit nous convaincre à notre tour, que nous n avons peur de rien. Je vous remercie. DG/2014/143 - Page 6
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