Chapitre IV : L'analyse classique de la répartition des revenus
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- Simon Labranche
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1 Chapitre IV : L'analyse classique de la répartition des revenus I. La répartition chez un économiste classique : David Ricardo (1817) D. Ricardo : Principes de l'économie politique et de l'impôt (1817) Ricardo va se différencier de ses prédécesseurs de part l'objet de ses analyses. Pour lui, l'économie politique doit s'intéresser à l'établissement des lois qui gouvernent la répartition des revenus entre les 3 classes constitutives de la société : les propriétaires fonciers, les capitalistes et les travailleurs. Les auteurs classiques qui l'ont précédé (Adam Smith, Malthus) se sont, eux, intéressés en priorité aux origines de l'enrichissement des nations = aux sources de la croissance économique. Pour Ricardo, seule la répartition est un objet d'analyses pertinent, précisément parce qu'il adhère à la loi de Say = loi des débouchés : l'office crée sa propre demande et les producteurs ne rencontrent pas de contraintes de débouchés. En conséquence, seul le profit est la variable pertinente pour expliquer la croissance économique. Le premier pilier sur lequel repose la théorie ricardienne est la théorie des prix. A) Théorie des prix Pour exposer sa théorie des prix, Ricardo procède en 4 étapes. Dans un premier temps, il considère une société fictive où l'on produit tout à mains nues (pas de machines). Dans ce cas, on ne produit qu'avec du travail ; le rapport des prix entre les marchandises est déterminé par le rapport des quantités de travail qui ont été nécessaires à la production des marchandises. Si le taux de salaire en vigueur dans l'économie est le travail, si pour produire une marchandise 1 il faut L1 de quantité de travail et L2 de quantité de travail pour une marchandise 2, wl1 / wl2 = P1 / P2 Dans une deuxième étape, Ricardo complexifie son raisonnement en introduisant les outils de travail, les machines et les gains. Dans cette économie où l'on produit avec du travail, le rapport de prix est déterminé avec le rapport des quantités de travail direct et indirect (= travail nécessaire à la fabrication des outils) nécessaire pour la production de ces marchandises. Troisième étape : Ricardo prend en compte le fait que les combinaisons productives (travail / capital) peuvent différer d'un produit à l'autre. Dans ce cas, le rapport d'échange entre les marchandises serait influencé par la répartition salaire / profit. Ricardo va considérer que cette influence de la répartition des revenus sur le rapport des prix est négligeable et qu'il ne dépend donc que des rapports de quantités de travail. Quatrième étape : Ricardo considère qu'un même produit peut être obtenu dans des conditions de production + ou efficaces. Dans ce cas, le rapport des prix est ficé par les conditions de production les plus défavorables (c'est une hypothèse de travail mais elle a son importance)
2 B) La théorie ricardienne de la Ricardo suppose que pour répondre à l'accroissement de la population, des terres sont mises en culture dans un ordre de fertilité décroissant. Cela signifie qu'au fur et à mesure que des terres sont mises en culture, le produit qu'il est possible d'obtenir sur les terres supplémentaires est de plus en plus faible. Page 5 : Illustration numérique de ce qu'est la théorie ricardienne de la En période 1, seule la catégorie de terre n 1 est exploitée => rendement à l'hectare = 40 quintaux de blé pour un hectare de terre. En période 2, deux terres sont exploitées : rendement de la terre n 1 = 40, terre n 2 = 30. Cette différence de rendement va entraîner une : = 10. En période 3, on met en cuture les trois terres : rendement de la terre n 1 = 40, terre n 2 = 30, terre n 3 = 20 =>. La qui résulte de la loi des rendements décroissants est égale à la différence entre la production obtenue sur la terre considérée et la production qu'il est possible d'obtenir sur la dernière terre mise en culture. Ici, les 3 terres produisent le même bien avec une efficacité diffé. Ce sont les conditions de production les plus défavorables qui vont déterminer les conditions des revenus des propriétaires fonciers (= on ne trouvera pas mieux ailleurs, seulement + défavorables). On suppose que le coût salarial pour produire le bien est égal à 10. t1 : on met en culture la terre n 1 -> produit = 40, profit = = 30 t2 : on met en culture les terres 1 et 2 : Sur la terre n 2, produit = 30, coût salarial = 10 => profit = 20 quintaux de blé Sur la terre n 1, produit = 40, = 10, coût salarial = 10 => profit = 20 => différence entre ce que la terre n 1 et la terre n 2 peuvent produire. t3 : on met en culture les terres 1, 2 et 3 : Sur la terre n 3, produit = 20, coût salarial = 10, profit = 10 Sur la terre n 2, produit = 30, = 10, coût salarial = 10 ; profit = 10 Sur la terre n 1, produit = 40, = 20, profit = 10 Au fur et à mesure que sont mises en culture des terres de moins en moins fertiles, la part de la dans le produit total augmente. En conséquence, la part des profits diminue, or les profits sont à la fois le mobile et la source de financement de l'investissement = l'acquisition des capitaux supplémentaires. Lorsque la part du profit devient nulle, l'accumulation du capital cesse et l'économie entre dans un état stationnaire = il n'y a plus de croissance économique. Chez tous les économistes classiques (Smith, Ricardo, Marx...), le taux de profit est nécessairement uniforme quel que soit le secteur de l'économie considéré, car dans la mesure où le profit est l'unique objectif de l'accumulation / de l'investissement, il est impensable que les profits récoltés ne soient pas proportionnés à la masse de capitaux qui ont été investis. Le taux de profit diminue dans le secteur agricole. Comment se transmet cette baisse du taux de profit du secteur agricole au secteur industriel? La réponse est dans la théorie du salaire
3 C) La théorie du salaire Ricardo distingue le salaire naturel du salaire courant. Le salaire naturel est celui qui permet la reproduction de la classe ouvrière sans accroissement ni diminution. C'est un minimum de subsistance qui dépend de la valeur des biens agricoles (biens de première nécessité). Dans le secteur agricole, il y a des terres en culture. C'est le prix qui s'établit sur la terre la moins fertile qui va s'appliquer sur le marché => baisse des profits dans le secteur industriel. Le salaire courant dépend du rapport de la demande à l'offre de travail. Il gravite autour du salaire naturel. Comment expliquer la gravitation? Ricardo convoque la loi de population de Malthus : lorsque le salaire courant passe au-dessus du salaire naturel, la prospérité de la classe ouvrière l'incite à se reproduire sur une échelle élargie = il considère que le taux de fécondité de la population dépend directement des conditions dans lesquelles elle vit. L'augmentation de l'offre de travail qui en résulte fait baisser le salaire courant et le fait tendre vers le salaire naturel. Inversement, si le salaire courant tombe sous le salaire naturel, il y a une augmentation de la pauvreté et une baisse de la fécondité. Le rapport de la demande à l'offre de travail se fait en faveur des ouvriers. La baisse du taux de profit de transmet du secteur agricole vers le secteur industriel grâce à l'augmentation des mises en culture de terres de moins en moins fertils. Cela entraîne une augmentation du prix des denrées agricoles, donc une augmentation du salaire naturel, donc une baisse de profit. Le profit est le reste du produit lorsqu'ont été payées la et le salaire. Cette théorie de la répartition de Ricardo a constitué quelque chose de très important au niveau économique (influence importante en matière de libre-échange). II. Exercice Doc 23 : Lot de terre Produit
4 Question a) Doc 24 : On suppose que les coûts salariaux s'élèvent à 30 unités. Pé ri ode 1er lot de terre 2ème lot de terre 3ème lot de terre 4ème lot de terre 5ème lot de terre Rente Produit Profit Doc 25 : Période Produit marginal Produit total Rente totale Salaire total Profit total = La production augmente mais lentement. Question b) Périodes Rente / produit total Salaire / produit total Profit / Produit total /100 = 0,3 0,7 2 5% 31% 63% 3 16% 33% 55% 4 17% 35% 47% 5 25% 37,5% 37% III. Illustration graphique Question c) Doc 26 Nombre de lots Produit moyen Rente moyenne Salaires moyens Profit moyen ( ) / 2 = 95 10/2 = 5 60/2 = /2 = /3 = 90 30/3 = 10 90/3 = /3 = /4 = /4 = /4 = /5 = /5 = /5 =
5 Masse salariale = salaire moyen x nombre de terres mises en culture Profit total en période 4 = produit marginal x 4 salaire total => 70 x = 160 Rente moyenne = = 15 => Rente totale = 15 x 4 = 60 Question d) Par quels mécanismes la baisse du taux de profit dans l'agriculture se transmet-il au secteur industriel? -> Doc 27. Question e) Selon Ricardo, quel doit être le taux de croissance de l'économie à long-terme? (= conséquence de la loi des rendements) Question f) - 5 -
6 D'après vous, quelles sont les principales limites à l'analyse ricardienne de la répartion? -> Dans le domaine agricole, il n'y a pas eu des rendements décroissants mais croissants (machines...) => sa théorie n'a pas été validée par les évolutions historiques = n'a pas été vérifiée. Il a négligé l'impact que pouvait avoir le progrès technique (critique externe). -> Il esquive l'influence de la répartition des revenus sur le rapport des prix (critique de cohérence interne) alors qu'il y a une influence. Vers 1950 est né un courant néo-ricardien avec P.Sraffa : il reconstruit la théorie ricardienne en corrigeant ces deux défauts. Question g) En supposant que ces limites soient surmontées, quelles applications peut-on faire de la théorie de Ricardo? -> les mouvements écologistes qui mettent en garde contre l'épuisement des matières premières (question : quelles vont être les conséquences sur l'évolution des prix). -> dans les pays sous-développés où l'agriculture est prépondérante et le progrès technique faible, cette loi des rendements pourrait s'appliquer
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