Zones d activités de la pêche artisanale guinéenne

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1 Zones d activités de la pêche artisanale guinéenne Laurent DRAPEAU Centre I.R.D 1 Montpellier Laboratoire HEA Résumé La localisation des activités de la pêche artisanale est un élément important pour la compréhension de la distribution spatiale et temporelle des pêcheurs, ainsi que pour la perception des interactions entre les différentes pratiques de pêche. On présente les résultats de plusieurs études menées dans le cadre des programmes de recherche du Centre National des Sciences Halieutiques de Boussoura (CNSHB). Ces études ont pour objectif la description de l espace accessible et exploité par les différents types de pêches artisanales rencontrés sur le littoral guinéen. Sur la base d enquêtes descriptives des espaces exploités (nature des fonds, bathymétrie, accessibilité), des caractéristiques des moyens d exploitations (type d engin, mode de propulsion dispositifs d aide à la navigation), des lieux de pêches (gps), des sites de débarquements, un partitionnement de l espace maritime est réalisé. Ce partitionnement a permis la création d objets géographiques et la génération de couches thématiques dans le projet Système d Information Géographique pour les pêcheries en Afrique de l Ouest de la FAO. L analyse de la distribution de ces zones, des statistiques de pêches, des données sur la ressource et sur l environnement a été facilitée par l outil SIG. A plus long terme, et sous réserve d'une connaissance accrue des stratégies de pêches (facteurs économiques, culturels, sociaux...) il s agira de suivre l évolution spatio-temporelle des efforts et des captures et l évolution globale des ressources et de leur exploitation. Introduction L'exploitation de l'information géographique par l'outil SIG a permis une étude de localisation des zones de la pêcherie artisanale dans le cadre du projet SIG F.A.O Afrique de l Ouest 2 et des programmes de recherche du CNSHB 3. L'objectif était l'intégration de la dimension spatiale dans les indicateurs statistiques fournit par l'observatoire des Pêches. Cette dimension permet une description de l espace accessible aux différents engins ainsi que celui exploité par les différents types de pêches artisanales rencontrées sur le littoral guinéen. Cette description de l'occupation de l'espace est la synthèse de deux approches : une étude descriptive des zones de pêches réalisée auprès des pêcheurs selon leur pratique de pêche, conduisant à un partitionnement de l'espace maritime et une approche de type observatoire permettant le suivi des statistiques de pêches. La mise en présence des zones, des statistiques de pêches, des données sur la ressource et sur l environnement est rendue possible par l outil SIG. Figure 1 : Littoral guinéen et 1 I.R.D Institut de recherche pour le développement 2 Système d Information Géographique pour les pêcheries en Afrique de l Ouest (projet FAO GCP/RAF/288/FRA) 3 Centre National des Sciences Halieutiques de Boussoura Page 1

2 répartition de la pêche artisanale Approche descriptive L'identification de zones d'activités potentielles est une tâche complexe. Les pêcheurs ont une connaissance implicite des zones qu'ils fréquentent, ils les nomment. Mais on est confronté à la diversité des engins utilisés, à la variabilité temporelle des zones (liée aux habitudes de pêche, à la réglementation, à la connaissance des pêcheurs...). Définir des contours, des limites, aux régions où les pêcheurs effectuent leur opération de pêche, nécessite une très bonne connaissance des flottilles. Les enquêtes ont consisté à questionner les pêcheurs d un certain nombre de débarcadères représentatifs de la pêche artisanale (figure 1). Le questionnaire utilisé comporte les niveaux d informations suivants : Les caractéristiques techniques de l unité de pêche : définition du type d engin utilisé, du type de barque, du mode de propulsion et des aides à la navigation, du mode de conservation du poisson et de l'autonomie en carburant pour une marée. Ces éléments interviennent dans la définition des zones accessibles (définition des rayons d'actions). Les zones de pêches exploitées à partir des débarcadères : le nom du lieu de pêche, les points d'amers (ports, estuaires, références géographiques à terres définissant un ensemble de repères), caractérisation du milieu fréquenté par les caractéristiques physiques (bathymétrie, nature du fond). Les obstacles physiques : les bancs de sables, les fonds rocheux, la profondeur, la présence de vagues limitant l accessibilité de l unité de pêche. L inventaire des noms de lieux de pêches fréquentés sur l ensemble du plateau continental guinéen est issu d enquêtes journalières effectuées dans les débarcadères et des données de suivis d activités de pêche (sorties et débarquements journaliers) du programme Observatoire des pêches. Les enquêtes ont abouti à la caractérisation de sept grands types de flottilles en tenant compte des éléments énumérés, dont les rayons d'actions varient de 10 à 200 km. Une zone correspond à un partitionnement de l'espace sur ces critères. zones autorisées : ce type de partitionnement est réalisé sur les textes réglementaires définissant les conditions d'accès à l'intérieur de la ZEE. zones accessibles : zones pouvant être fréquentées par une flottille (unité homogène de pêcheurs selon l'embarcation, le moyen de navigation et de conservation). La définition des zones accessibles fait appel à deux notions, la distance maximale et la présence/absence d'obstacles. La définition d'une distance maximale pour une flottille doit faire l'objet d'une analyse fine prenant en compte les paramètres des bateaux mais aussi les contraintes économiques. zones d'activités : zones où une flottille peut (potentiellement) pratiquer son activité de pêche. Ces zones partitionnement l'espace accessible bien sûr mais doivent être confrontées aux critères réglementaires (zones autorisées) pour aboutir à une définition de zones d'activités effectives. zones d'exploitation : croisement d'information sur la ressource et sur l'activité. La cartographie de la ressource (indices d'abondances, occurrences d'espèces, variabilité forte ou faible) associée aux zones d'activités est une source d'information très importante pour la mise en évidence de comportement. Le SIG permet de générer les objets de chaque type. En ce qui concerne les aspects réglementaires, les procédures de calculs de distance sont utilisées. Pour les aspects d'accessibilité, les rayons d'actions à partir des différents ports du littoral sont calculés. Les restrictions d'accès (critères bathymétriques, nature des fonds) sont exploitées à partir de couches sédimentologique et bathymétrique (figure2). Page 2

3 Figure 2 : Nature des fonds sur les zones de pêches exploitées par les ligneurs. Figure 3 : Illustration de points d'amers à la côte (géo-référencés), de distances parcourues vers le large parallèlement à la côte). Les informations GPS complètent les enquêtes pour certains lieux de pêche. Ceci permet la création des zones de pêche pour sept flottilles. A la Figure 3, est illustré un exemple de zonage pour les filets tournants. Il s'agit des zones d'activités potentielles, sur lesquelles il faut appliquer les restrictions d'accessibilité et de réglementations. Page 3

4 Figure 4 : Illustration des zones potentiellement exploitées Les rayons d'actions associés à chaque débarcadère et à chaque type de flottille permettent de définir des zones d'activités effectives. Sur la Figure 5 sont illustrés les rayons d'actions à partir des débarcadères de Dougoula, Sakama, Matakang pour les pêcheurs utilisant des palangres (rayon d'environ 35km) jusqu'aux rayons d'actions supérieurs à 150km. Par la suite, les rayons d'actions des débarcadères sont agrégés par préfectures pour l'exploitation des statistiques de pêches issues de l'observatoire des Pêches guinéen. Figure 5 Page 4

5 Figure 6 : Illustration de l'accessibilité des zones de pêches (palangres) pour les préfectures de Boké, Boffa et Forécariah pour un rayon de 35km. Définition d'un "taux" d'accessibilité des zones. Figure 7 : Zone d'activité de la pêche artisanale (superposition et intersection des zones de la Figure 4) Page 5

6 Figure 8 :Production totale (tonnes/km2) Sur la base des zones et des statistiques de pêches, les fonctionnalités relationnelles des SIG permettent différentes approches de la répartition spatiale de l'effort et des captures. La sélection d'une unité de résolution temporelle adaptée (mois/année) et d'une unité spatiale permet la cartographie du/des phénomènes (figure 8 et 9). Figure 9 : Effort total (jour de mer/km2) Figure 10 : Simulation du potentiel capturable à partir de Dougoula, Sakama et Matakang et degré d'enclavement) Objets accessibles pour un rayon <50km Objets accessibles pour un rayon <25km Page 6

7 Figure 11 La notion de zones d'exploitation suppose de confronter la répartition de la ressource aux zones d'activités effectives. Pour ce faire cela suppose une bonne connaissance des espèces ciblées (la figure 11 confronte les captures du Pseudotolithus Elongatus à partir de la préfecture de Conakry aux données de campagnes). Figure 12: Confrontation des données de captures aux zones réglementaires. Page 7