Document pays : GABON
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- Louis Trudeau
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1 Atelier PARIS21 pour l Afrique Centrale sur l utilisation des statistiques dans les politiques de lutte contre la pauvreté et de développement Yaoundé, Cameroun : décembre 2002 Document pays : GABON
2 LA SITUATION DE LA PRODUCTION STATISTIQUE AU GABON Historique Le système statistique gabonais date du début des indépendances avec la création des premiers bureaux statistiques. Avec le temps, les services statistiques ont pris de l envergure au même rythme que d autres entités de l administration centrale. Depuis la dernière modification des cadres organiques des différents départements ministériels qui date du milieu des années 80, l organe central est maintenu au niveau de Direction Générale et la plupart des entités statistiques sectorielles sont érigées en services. Au Gabon, le système statistique est décentralisé et la Direction Générale de la Statistique et des Etudes Economiques (D.G.S.E.E.) en constitue l organe central. En dépit de l existence d un cadre juridique complet, le système statistique gabonais se caractérise par une difficulté à mettre en œuvre une coordination viable. 1. Intervenants dans la production statistique La production statistique se répartie entre la D.G.S.E.E. et les services statistiques sectoriels décentralisés. Dans son ensemble, le système se caractérise par un développement contrasté de ses différentes composantes. 1.1 Statistiques démographiques, des prix et la comptabilité nationale produits exclusifs de l organe central La D.G.S.E.E. est la seule structure au niveau local à avoir les moyens (humains et matériels) pour produire des statistiques démographiques, des prix et des comptes nationaux de qualité. Elle s occupe de faire la synthèse des données produites au niveau national en élaborant l annuaire statistique. De plus, elle supplée les services sectoriels défaillants, pour diverses raisons, en produisant les statistiques qui relèvent des activités courantes de ces derniers (production industrielle, transport,.etc). Les performances en terme de production sont assez mitigées. En effet, le champ des statistiques produites est en constante amélioration, mais les délais et la périodicité de publication ne sont pas encore totalement satisfaisants. 2
3 En matière de prix, de production industrielle et de comptabilité nationale les délais de parution des publications sont honorables. Parcontre, dans le reste des domaines les choses restent à améliorer. Concernant les enquêtes et recensements, le respect de la périodicité n est valable que pour le recensement général de la population. Le 4 ème recensement général de la population du Gabon a eu lieu en 1993, le 5 ème est actuellement en préparation et est prévu d être réalisé en Les autres opérations d envergure se classent en deux grands groupes : - celles réalisées de manières ponctuelles sans assurances quant à leurs renouvellements périodiques : c est le cas notamment de l Enquête Budget Consommation (1994) et de l Enquête Démographique et de Santé (2000) ; - celles qui sont oubliées : dans cette situation, on retrouve les enquêtes agricoles. La dernière opération partielle (puisqu elle ne couvrait que deux provinces sur neuf) sur cette question date du milieu des années 70. Depuis lors rien de concret n a été mis en œuvre. 1.2 les services statistiques sectoriels à la traîne Les services statistiques sanitaires et de l éducation sont les plus représentatifs des services décentralisés. Ils se caractérisent par une grande sollicitation avec des dotations budgétaires qui ne sont pas conformes aux résultats escomptés. Conséquences, la qualité des statistiques produites laisse à désirer (champ couvert et délais de parution longs). En dépit de l effort qui est fait de doter ces services de personnels qualifiés en spécialité statistique, il reste que dans la plupart des cas ces services sont marginalisés au sein des administrations auxquelles ils sont rattachés. Le financement de leurs activités est par la même occasion relégué au second rang. 2. Les pesanteurs du système Plusieurs éléments concourent à la faible production statistique. Parmi ces éléments on peut citer : le cadre institutionnel, les difficultés de recrutement, les dotations budgétaires insuffisantes et l absence de coordination. En ce qui concerne le cadre institutionnel, il est reconnu que le système statistique actuellement en vigueur est peu favorable au développement de l activité statistique. La lourdeur administrative qui caractérise le fonctionnement de l administration centrale est le nœud de cette affirmation. De plus, ce mode d organisation cautionne la marginalisation des services statistiques décentralisés. 3
4 Pour ce qui est des recrutements en personnels statistiques qualifiés, la réalité est que depuis près de cinq ans la D.G.S.E.E., encore moins un quelconque service statistique décentralisé, n arrive à recruter des statisticiens de haut niveau (ITS et ISE). La raison en est que la fonction publique propose aux candidats au recrutement (généralement les nouveaux diplômés) des délais d attente variant de neuf à douze mois au moins. Ce qui est totalement en déphasage par rapport au fait que ces mêmes diplômés ont des opportunités d emplois rapides et mieux rémunérés dans le privé. Suite à la situation de rareté de ressources qui prévaut dans le pays, l insuffisance de moyens alloués à la statistique nous semble être davantage le fait de l ignorance de son utilité. Cet état de fait conduit par exemple aux pourvoyeurs de ressources à restreindre l utilité du recensement de la population au seul service qui en défend l opportunité de financement. Les besoins de planification en matières d éducation et de santé sont par exemple volontairement ou involontairement ignorés. Enfin, le très mauvais fonctionnement du dispositif de coordination statistique encourage les errements observés, notamment la programmation d activités statistiques lourdes dans les services statistiques décentralisés. 3. Les originalités du système Le souci d améliorer la production statistique a permis de prendre certaines initiatives propres à atteindre cet objectif. Les initiatives les plus significatives concernent : - la conception d un module de comptabilité nationale dit «comptes rapides» élaboré pour mettre à la disposition des utilisateurs des comptes nationaux dans des délais suffisamment courts ( 8 à 10 mois après l année de référence) ; - l introduction de l organisation du recensement général de la population dans les dispositions constitutionnelles pour en garantir le déroulement tous les dix ans ; - la mise en place d un comité inter-institutionnel de statistique pour harmoniser les statistiques produites par différentes administrations. Ce comité ne s intéresse pour l instant qu aux statistiques à caractères économiques et financiers facilitant ainsi les négociations avec les partenaires au développement. 4. Les perspectives Elles s établissent à deux niveaux différents : Au titre des perspectives immédiates, il y a : 4
5 - l aboutissement de la loi statistique qui est actuellement sur la table du gouvernement. Celle-ci consacre un organe central de la statistique qui jouit d une autonomie de gestion et organise un cadre de coordination statistique plus souple ; - l organisation de séminaires d information sur les activités menées par le système statistique et les différents produits qui y sont issus. Des thèmes d intérêt général pourront être associés à ces rencontres. La présentation des nomenclatures harmonisées des activités et de produits pourrait en être un ; - la création d un site web de la D.G.S.E.E. avec l aide d AFRISTAT pour améliorer la diffusion de l information statistique. En ce qui concerne les objectifs à court-terme, on peut citer : - la proposition d une stratégie pour la réhabilitation des statistiques sociales (santé et éducation exclusivement) issues de sources courantes afin de faciliter l évaluation des politiques mises en œuvre dans les secteurs sociaux ; - la recherche de moyens pour le développement d un plaidoyer auprès des partenaires au développement qui permettrait d obtenir les financements nécessaires à l organisation d ici à 2006 des enquêtes respectives suivantes : * enquête sur le secteur informel ; * enquête budget consommation ; * enquête démographique et de santé. - le lancement d un travail de formalisation d un cadre de développement à moyen terme de la statistique. LA DEMANDE ET L UTILISATION DES INFORMATIONS STATISTIQUES L environnement statistique gabonais est caractérisé par l absence d un véritable cadre de concertation entre producteurs et utilisateurs de statistiques. Cette situation résulte de plusieurs facteurs aussi importants les uns que les autres. On note la faible connaissance de l existence des produits statistiques à cause de l insuffisante publicité autour de l activité elle même et la diffusion de l information restreinte à quelques personnes averties. La faible variété des supports de diffusion (limité encore au support papier) contribue à nourrir la méconnaissance de la statistique. Les statistiques économiques et financières sont produites dans des délais raisonnables puisque le dispositif de production courante fonctionne avec moins de difficultés. Toutefois, les contraintes fortes qui pèsent sur la production de ces statistiques expliquent en grande partie leur régularité, car la nécessité de présenter à échéances précises des documents comme le budget de l Etat exige que les informations utilisées en amont soient préparées à l avance. 5
6 Contrairement aux statistiques économiques et financières, les statistiques sociales courantes sont de très mauvaises qualités et sont publiées avec beaucoup de retards. Cela est la conséquence de la négligence dont font l objet les services statistiques décentralisés. Elle se manifeste par l insuffisante dotation matérielle et financière, puis par le faible renforcement en capacité humaine. De ce fait, il est difficile de suivre annuellement l impact d une politique. Les données crédibles en la matière provenant d enquêtes de périodicité au moins quinquennale ne permettent pas des ajustements à court-terme. Les besoins des utilisateurs qui peuvent être assez versatiles dans le temps ne peuvent valablement trouver une réponse pertinente que si la production statistique courante est améliorée. LE FINANCEMENT DU SYSTEME STATISTIQUE Au Gabon les habitudes sont au financement des activités statistiques sur fonds propres. Aux nombreuses requêtes faites à différents bailleurs de fonds, les réponses sont généralement négatives. Cet état de fait découle de ce que le Gabon, pays à revenu intermédiaire (tranche supérieure), n est pas éligible à plusieurs facilités. D une manière générale, le financement du fonctionnement courant des services statistiques est exclusivement assuré par l Etat. La participation marginale des partenaires apparaît uniquement dans le cadre de financements d enquêtes ou de formation des ressources humaines. Sur ce registre la France est le premier intervenant, suivi de l union européenne. Les agences spécialisées des Nations Unies interviennent le plus souvent dans le cadre de l appui technique dans les projets. Depuis l année 2000, le Gabon a réalisé sa première enquête démographique et de santé, puis se livre à la préparation de son 5 ème recensement général de la population. Dans le premier cas, l Etat a couvert plus de 90% du financement, tandis que dans le second cas les promesses d appuis actuelles n avoisinent pas 5% des besoins globaux. Sur la base de ce constat, les attentes du Gabon vis à vis de la communauté internationale sont : - bénéficier de financements substantiels dans le cadre des opérations de collecte qu il compte mener ; - recevoir un appui en matière assistance technique ponctuelle et le financement de bourses d études. LES APPUIS QUE LE PAYS POURRAIT APPORTER AUX AUTRES PAYS DE LA SOUS REGION 6
7 Les domaines liés à la statistique dans lesquels le pays pourrait apporter son appui aux autres pays sont rares. Toutefois, grâce à l expertise acquise au contact d AFRISTAT et à différentes autres occasions, le Gabon peut fournir un appui dans les domaines suivants : - conception et réalisation d enquêtes ; - organisation générale et particulièrement un dispositif d élaboration de comptes nationaux. 7
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