DE LA SENSATION A LA RÉALISATION DE SOI

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1 DE LA SENSATION A LA RÉALISATION DE SOI I) DE LA SENSATION A L INCARNATION A) Le corps comme instrument Notre corps est notre instrument. Il nous accompagne toute la vie, et c est lui qui va nous permettre d accomplir notre projet de vie. Habiter son corps est de la plus haute importance, parce que c est ce qui nous permet de nous relier à nous-mêmes par les sensations. Ce vécu sensoriel s inscrit dans notre mémoire corporelle, permettant d affiner la perception de nous-mêmes et ainsi mieux se connaître. Le corps est un chantier, un terrain d exploration à expérimenter quotidiennement. Nous sommes face à lui comme un artisan face à l œuvre qu il s apprête à accomplir. S il ne sait se servir que d un pourcentage limité de ses outils, il ne pourra pas aboutir. Nous serons limités de la même façon si nous ne connaissons pas notre corps. C est par la sensation qu on peut entrer dans la matière corporelle. Pour se connaître, il est nécessaire d être dans la conscience (saveur) de nos sensations. B) L apprentissage des sensations a - Le traumatisme de la naissance Le monde entier s accorde à dire que la naissance est traumatique. Les modes d accouchement varient selon les cultures, mais aussi les coutumes. Les pratiques modernes ajoutent au traumatisme vécu par l enfant (accouchements programmés, césarienne et péridurale), décisions qui sont quelquefois plus d ordre logistique que de l intérêt du nouveau né. Pour la petite histoire, c est Louis XIV, pour raison d État, qui a imposé la position allongée à la mère qui accouchait, ne pouvant laisser de doute à l observateur quant au fait que le nouveau-né est bien l enfant de lignée royale. b - L apprentissage commence très tôt Dans l utérus maternel, le bébé est un être sensoriel. Cet apprentissage commence très tôt, avant la naissance. Durant la vie intra-utérine, par la perception de tous les rythmes, les sons, les mouvements de la mère. Au moment de la naissance les contractions stimulent la peau du bébé permettant l activation des systèmes vitaux qui vont devenir autonomes (système neuro-végétatif).

2 Le toucher est équivalent dans le règne animal au léchage qu une mère prodigue à ses petits. Une étude menée aux États-Unis sur des rats de laboratoire, nés sous la mère, puis isolés et privés de léchage génito-urinaire, montre une forte mortalité des bébés rats par défaut de mise en fonctionnement de leur système digestif et système d évacuation. c - L apprentissage sensoriel varie selon les traditions La naissance provoque la perte brutale du contact permanent avec la mère. Cette rupture fondamentale du contact avec la mère marque le début de la frustration. Car la permanence sensorielle est pour le bébé un temps révolu et rien ne lui prouve à cet instant qu il recevra la quantité et la qualité du «toucher» dont il a tant besoin. D autant qu encore une fois, dans le monde occidental, la mode n est pas au portage qui garantit au bébé le contact prolongé avec sa mère, comme c est le cas en Chine, en Afrique, chez certains peuples Eskimos. Une étude menée auprès de l ethnie NETSILIK dans la péninsule de BOOTHIA Arctique canadien, a observé des mères pendant les premiers mois de la vie de leur bébé. Ces enfants nus que leurs mères portent sur le dos, peau contre peau, montrent que l éducation de ces bébés se fait par imprégnation, La mère et l enfant se parlent par la peau. Ces enfants assimilent parfaitement ce qu ils sont en âge de comprendre, et les relations de domination sont absentes des relations parentales. Au bout de deux ans, ils révèlent beaucoup plus d autonomie, et d altruisme, ainsi qu une meilleure perception (vision globale et vision du particulier). Le stimulus par le toucher est vital pour la survie du nouveau né, la frustration tactile entraîne des anomalies dans le développement physique, psychique, émotionnel, mental et des difficultés dans la relation aux autres. Cet apprentissage devrait se poursuivre par des contacts tactiles longtemps après la naissance (massage Shantala en Inde) d - Le toucher se fait par l intermédiaire de la peau La peau est un organe issu de l ectoderme, à l origine de tous les sens et à la base du système nerveux. La peau, d une surface moyenne de Cm² chez un adulte, est un organe sensoriel qui nous relie au monde extérieur, il est organe respiratoire, protecteur, thermorégulateur, métabolisant, évacuateur de toxines. En médecine chinoise, la peau est reliée aux poumons et au gros intestin. Cette médecine considère que les problèmes de peau ou respiratoires sont directement liés à des frustrations tactiles vécues dans l enfance.

3 Ainsi par exemple, on peut se demander, lors d une crise d eczéma chez un enfant, s il ne manifeste pas tout simplement par ce biais une demande adressée à sa mère afin qu elle s intéresse plus à lui. C) L homme dans l univers C EST EN ETANT DANS NOS SENSATIONS QUE NOUS HABITONS NOTRE MATIERE CORPORELLE CE QUI NOUS RAMENE A LA REALITE ET NOUS RELIE A L INSTANCT PRESENT. L être humain se situe dans la verticalité, entre la terre où il pose des pieds et le ciel vers lequel il se redresse. «C est en se reliant à la terre pour croître que l incarnation prend toute sa dimension» Un des buts de l incarnation sur terre est de rencontrer le monde et son prochain s humaniser. Lorsque l humanisation est incarnée c est la perfection. La Perfection en chinois c est le nombre 10. Serrer la main de quelqu un, c est la rencontre de dix phalanges. Avancer dans la vie, c est l alternance de dix orteils. 10 = + SHI Le trait vertical I situe l homme entre la terre et le ciel Le trait horizontal --- est l ouverture vers le monde, vers l autre. C est dans l ouverture que l homme rencontre son prochain. Pour connaître (savoir) ce que nous sommes nous devons être conscients (saveur) de ce que nous sentons. Dieu Hermès Trismégiste (Table d Emeraude) «Connais-toi toi-même et tu connaîtras l univers et les Dieux» Dans la tradition Daoïste (taoïste) l être humain est un microcosme faisant partie d un tout le macrocosme. Le corps daoïste représente la terre, le ciel, les collines, les montagnes, lacs, ruisseaux, mers, océans. Nous ne pouvons oublier que notre projet personnel s inscrit lui-même dans le projet global où chacun est acteur. «Le battement d ailes du papillon change l ordre du monde» Dans la médecine traditionnelle chinoise de nombreux points d acupunctures portent le nom d éléments de la nature.

4 Exemples : Yin ling quan = 9 ème point de la rate (la source de la petite colline yin) Qi hai = 6 ème point du vaisseau concepteur (l océan du qi) Tian fu = 3 ème point du poumon (le palais du ciel) Il est remarquable de constater combien l intérieur du corps humain est, à l image des paysages et reliefs de la surface terrestre, fait de plaines, de gorges profondes, de collines, de vallées et de montagnes Autant de points particuliers très nombreux que la médecine chinoise a reliés. Cette médecine millénaire qui depuis toujours professe que l humain ne pourra se relier à l univers que s il est relié en lui-même. EXEMPLE : La respiration Souvent, en respirant, nous ne nous rendons pas compte que notre respiration est courte, c est une respiration physiologique qui utilise les muscles intercostaux pour ouvrir la cage thoracique et non une respiration énergétique impliquant l amplitude du diaphragme. Le muscle du diaphragme par sa forme est solaire car composé de fibres disposées en rayons. Lorsque nous respirons profondément le diaphragme fait un massage sur le système neuro-végétatif (respiratoire, cardio-vasculaire, digestif, évacuateur). Le plexus solaire ou centre des émotions est le lieu de circulation et de stockage de nos émotions, trop de stockage finit par déborder et envahir le mental, par la descente du souffle dans le bassin, on obtient un drainage et une libération destensions émotionnelle. Les intestins sont des capteurs de stress et de tensions, (constipation, colite) le massage des anses des intestins par le souffle du diaphragme permet de leur redonnerleur péristatie comme «une danse de ruban». Dans la tradition chinoise le gros intestin est relié à la musicalité de l être. 2) MON EXPERIENCE A) Enseignement Mon expérience porte sur des publics variés, tous publics et étudiants des conservatoires, comédiens, chanteurs, musiciens, et musiciens professionnels

5 B) Apprentissage des sensations sur la matière corporelle et vibratoire Toutes mes recherches sont essentiellement orientées vers le développement d une conscience de notre corps pour une véritable incarnation. Il s agit d une exploration de tout l univers intérieur du corps, que ce soit au niveau de la matière corporelle (squelette, muscle, tendons, organes, peau, chair, liquides organiques) ; qu au niveau du corps vibratoire. Tout dans l univers comme dans le corps, est vibratoire ; la médecine chinoise considère que chaque organe à sa propre vibration. Exemples : La fréquence vibratoire des poumons est le sol Celle de la rate est le Fa Celle du cœur est le Do Celle des reins est le Ré Celle du foie est le La «Lorsque je me trouve face à des personnes formant un groupe de travail, je me branche sur le groupe et je capte la vibration présente. C est un peu magique et très intéressant, parce qu il ne s agit jamais de la même chose.» Je constate parfois au cours des séances qu il est très difficile pour le groupe d entrer dans sa matière : de grosses douleurs sont présentes, ou bien certains sont déconnectés de leur ressenti. Ce dont il est question ici, c est d aller de plus au plus profond en soi, à la rencontre de nos sensations. Le rythme effréné du monde extérieur nous coupe de nous-mêmes. Or, c est à l intérieur de nous et non à l extérieur que nous trouverons les réponses à nos questions, puisque nous sommes des êtres parfaitement fabriqués. Rendons-nous compte à quel point nous le sommes! Songeons simplement que l énergie de notre deuxième centre énergétique (trois doigts en dessous du nombril) est le lieu qui contient toute la mémoire d où nous venons (la rencontre de l énergie de notre père et de notre mère). Dans un extraordinaire Big bang ces deux énergies vont s unir pour former la cellule souche qui contient la spécificité des cellules de chaque élément de notre corps. C) Observations sur le corps et le mental Le travail dont je parle ici est celui d une reconnexion avec soi-même, avec La confiance en soi. Car déconnectés de notre matière, nous sommes dans le mental qui lui n est pas connecté à la réalité. Le mental nous embarque et ses divagations génèrent beaucoup de peurs, des doutes, des angoisses. On n a peur d avoir peur Alors qu il est moins difficile de vivre une peur plutôt que de l imaginer. Quand on retourne dans la matière, on reprend contact avec la réalité.

6 D) Placer le corps et trouver sa place Aligner les différentes lignes de force du squelette c est accorder notre corps comme nous le faisons pour un instrument de musique afin qu il ne fasse pas de fausses notes. Si les lignes de force du corps ne sont pas ajustées, on ne peut pas utiliser les muscles profonds dits posturaux, qui nous servent donc à maintenir le squelette dans sa juste position. Alors, on se sert des muscles moteurs comme relais, mais c est maintenir une posture avec des muscles inappropriés ; il ne peut s ensuivre tôt ou tard que tensions et déséquilibres. Certes, dans les exercices proposés pour rétablir les différentes zones musculaires dans leurs fonctions, tenir une posture peut être douloureux. Mais à quel type de douleur nous référons-nous? La douleur ne devrait pas être reliée à une pathologie, mais à une douleur d ouverture. Une ouverture est synonyme d élargissement. Et c est bien ainsi que devrait être comprise la douleur, comme celle de l enfantement. En effet, que dire de l accouchement sous péridurale, où un des partenaires est absent?» Cette pratique doit être quotidienne, si nous voulons nous approprier notre instrument, un musicien, un danseur, un chanteur ne passent-ils pas une dizaine d années à raison de six à huit heures par jour? 3) CONCLUSION Notre corps est notre instrument de devenir. Il est notre partenaire. Ce qui m apparaît fondamental dans la conscience du corps, est que nous nous relions à notre être profond. C est un chemin par lequel il nous est possible de préserver et faire grandir notre autonomie, notre libre arbitre, indépendamment du poids des medias et des institutions. Devenir de véritable maître de nous-mêmes. 4) PRATIQUE La respiration ventrale, le souffle profond. *