Initier son enfant aux plaisirs du goût

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1 À e ir d t par 18is mo Initier son enfant aux plaisirs du goût ou comment gérer les «J aime pas!»

2 Un projet original au service de l apprentissage de la diversité alimentaire «Génération bébé a du goût» a pour ambition d aider les parents à faire face aux problèmes rencontrés dans l éducation du goût. Ce livret est le fruit d une expérience pilote menée dans les crèches municipales d Issy-les-Moulineaux et de Valenciennes en partenariat avec l Association Nationale des Puéricultrices Diplômées et Étudiantes. En collaboration avec la psychologue et chercheuse Natalie Rigal, spécialiste du goût de l enfant, cette démarche initiée par la Fondation Nestlé France s appuie à la fois sur les résultats de la recherche scientifique internationale et sur l écoute des parents et des personnels de crèches lors de groupes de discussion organisés en Ce livret a été conçu pour tous ceux qui ont été ou seront un jour confrontés au «J aime pas!» de leur enfant. C est-à-dire tous les parents! En effet, le cap des mois n est pas si simple et beaucoup de questions surgissent à l occasion de l éducation des jeunes papilles aux multiples expériences des saveurs, senteurs et usages de la table. Dans ce livret, vous trouverez : - des questions que se posent les parents, - des explications pour mieux comprendre les comportements des enfants, - et surtout des conseils pratiques.

3 Comment le goût vient au bébé ou comment le bébé vient au goût? A table, les bébés! Courage, les parents! Parce qu il a commencé dans le ventre de sa mère, le nouveau-né a déjà une expérience de goûteur et deux fois plus de capteurs gustatifs que ses parents! S il a des goûts innés, comme celui du sucré, le bébé expérimente de nouvelles saveurs avec plus ou moins de facilité lors de la diversification. Tout ce qu on lui propose, il le jette. La plupart des parents remarquent qu entre deux et trois ans, les découvertes sont ponctuées par des «Non!», des «J aime pas!», autant voire plus, que par des sourires. Il n est pas toujours facile de faire apprécier à son jeune convive un légume vert ou un filet de poisson C est la période du non. On comprend bien qu il s affirme, mais on aimerait quand même qu il goûte au moins ce qu on lui propose. À mois, les nouveautés et les acquisi- tions se multiplient pour celui qui n est plus tout à fait un bébé. Il commence à parler, à s affirmer. Il porte à présent lui-même les aliments à sa bouche et les aime ou non, selon des critères qui laissent bien souvent les parents perplexes. Le jeune omnivore («qui mange de tout») est Elle s est métamorphosée : tout d un coup, elle ne veut plus rien manger. alors en proie à deux instincts contradictoires : explorer la nouveauté et se méfier de l inconnu. 85% des parents remarquent que leur enfant vers 18 mois devient de plus en plus difficile à table.

4 Bien manger, cela veut dire quoi? A mois, les petits ont une alimentation variée mais des besoins qui ne sont pas ceux d un adulte. Parole de puéricultrice Petits et gros mangeurs P our composer un menu équilibré à votre enfant : varier les aliments d un même groupe en proposant une juste portion pour chacun d eux. Adapter à l âge et à l appétit de votre enfant. Une assiette équilibrée c est par exemple : OU OU 2 cuillères à soupe OU OU 3 ou 4 cuillères à soupe 3 ou 4 cuillères à soupe Ajouter au plat principal un laitage type petit yaourt ou une part de fromage, un verre d eau et selon son appétit un demi fruit ou 2 ou 3 cuillères de compote. Il est important de continuer à lui donner du lait de croissance (½ litre/jour soit 2 biberons), spécifiquement formulé pour éviter la carence en fer, en plus de satisfaire les besoins en calcium, il est donc vivement recommandé pour tous les bébés de 12 à 36 mois. Laurence Guéry, experte à l'association Nationale des Puéricultrices Diplômées et des Etudiantes pour la nutrition de l'enfant D un enfant à l autre, et même au sein d une fratrie, l appétit diffère. Certains grignotent alors que d autres dévorent. Sauf si votre enfant a un problème de poids identifié par votre pédiatre, ne soyez pas inquiet : il est capable, dès ses premiers mois, d adapter les quantités qu il consomme à ses besoins en énergie. Votre enfant a encore faim en sortant de table Si votre enfant a bon appétit et qu il sort de table non rassasié, pensez à associer légumes et féculents dans son plat principal. Par exemple, des pommes de terre et des carottes, ou du riz et des courgettes. Vous pouvez aussi lui proposer un morceau de pain. Il réclame à manger en dehors des repas Dès 6-8mois, le bébé passe à 4 repas par jour : petit déjeuner, déjeuner, goûter et dîner. C est une phase importante pour la structuration de son alimentation. Si votre enfant a tendance à demander à manger lorsqu il s ennuie ou qu il se fâche, proposez-lui une activité qu il apprécie pour le faire patienter. Eviter le bonbon-récompense au quotidien.

5 Miam On passe à table! Pour un tout-petit, le contexte compte beaucoup dans l intérêt mais aussi le plaisir qu il éprouve à manger un aliment. Trois éléments importants sur lesquels vous pouvez jouer : 3 «On lui montre que nous on 1 «Elle aime bien goûter ce qu on prépare ensemble : un bout de courgette crue» Associez votre enfant à la préparation des repas. Choisir les légumes au marché, les laver et les éplucher, les cuisiner C est pour un petit une aventure passionnante à laquelle il peut participer à sa mesure. Dites-lui comment s appelle ce poisson, montrez-lui comment vous coupez ce fruit : il y a des chances pour qu il l apprécie. aime, cela titille sa curiosité» Passez à table ensemble et dès que cela est possible, partagez votre repas (et vos plats!) avec votre enfant. En vous voyant manger et apprécier les différents aliments, votre tout-petit a souvent envie de vous imiter. En vous voyant manger et apprécier de nombreux aliments différents votre tout petit aura envie de vous imitez. 2 «Une jolie table bien dressée et une assiette bien présentée... Il a tout mangé!» Avec son aide, soignez la présentation de sa table et de son assiette. Les enfants ont besoin de repérer ce qu ils mangent et sont attentifs aux formes et couleurs... Le moment du repas doit être un moment privilégié et toute son attention et ses sens seront plus réceptifs si le repas est vécu comme un rituel important de sa journée. Et surtout, évitez la télévision qui accapare son attention! Les bienfaits du partage L enfant modèle son comportement sur celui de son entourage qu il voit consommer et apprécier les mêmes aliments que lui. C est en faisant des repas des moments chaleureux d échanges et de partage que l on initie son enfant au plaisir de manger.

6 Mon enfant refuse de goûter certains aliments. Que faire? Quand les petits affirment leurs goûts, ils le font avec toute leur jeune énergie et leurs parents s interrogent. «Pourquoi devient-il difficile de lui faire manger de tout?» Autour de 24 mois, la plupart des enfants connaissent une phase d opposition. C est le moment où il conquiert une nouvelle autonomie, avec plus ou moins de force et d humeur. Et il est vrai que ce sont les parents qui en font principalement les frais! Quelques pistes pour expliquer le «j aime pas»! Dire non, c est une façon de dire «je». C est l âge où l enfant accorde une grande importance aux nouveautés. La moindre différence, même imperceptible pour ses parents, lui importe : brin de persil, couleur de l assiette C est l âge dit «moteur» où l enfant explore son environnement. Certains chercheurs pensent que le fait d être alors peu enclin à goûter des nouveautés contribuerait à lui éviter de s intoxiquer en mangeant ce qui lui tombe sous la main

7 «Pourquoi veut-elle toujours commencer par le dessert?» «Comment expliquer qu il mange mieux chez ses grands-parents?» La majorité des parents remarque que leur enfant mange plus facilement lorsqu il est à table avec ses grands-parents. Ils sont aussi souvent étonnés lorsqu on leur rapporte son comportement à la crèche, où il mange comme ses camarades. Pourquoi leur «réserve»-t-il les problèmes? Probablement parce que le tout-petit accorde plus d importance à la table familiale, où sous l œil des parents, il devient grand. C est là où il s affirme, teste, mais aussi progresse le plus. Plusieurs études ont montré que les aliments nourrissants, à forte teneur en sucre et en matière grasse, arrivent en tête du hit-parade des goûts des enfants. Un peu comme si les enfants recherchaient spontanément les aliments les plus denses en calories. Il n est pas question de les priver de ces aliments, mais de leur apprendre à apprécier aussi les autres, comme les fruits et les légumes. «Dès qu il voit que c est nouveau c est «non»!» Entre 2 et 10 ans, on estime que les trois-quarts des enfants ont un comportement néophobe («qui a peur de la nouveauté») dans le domaine alimentaire. Réticents à goûter les nouveaux mets, ils ont aussi tendance à les trouver mauvais quand ils les goûtent du bout des lèvres Ils se rabattent alors sur des aliments qu ils connaissent bien, qui les rassurent, quitte à ce que ce soit toujours les mêmes.

8 Comment faire goûter et accepter les aliments? Insister, jouer ou encore punir Quelle attitude est la plus efficace pour l éducation alimentaire? Chaque parent tente de trouver la bonne, selon ses valeurs et sa propre éducation. Notre spécialiste, Natalie Rigal, les oriente. 7 à 8 «rencontres» sont parfois nécessaires! Des études prouvent qu un des moyens d aider l enfant à dépasser ses réactions de rejet ou de sélection quand il se trouve face à un aliment, nouveau ou familier, est de l y exposer progressivement en lui proposant plusieurs fois. Il a été démontré que l acceptabilité d un aliment augmente au cours des présentations dudit aliment. Il est donc indispensable de proposer à nouveau un aliment que l enfant n aime pas pour qu il apprenne à l apprécier. Même s il est décourageant de le voir rejeter à chaque fois un aliment, il ne faut pas se décourager et le représenter. Les études montrent que 7 ou 8 présentations à un même aliment sont en moyenne nécessaires pour qu un enfant l apprécie. Ainsi pour un tout-petit, des carottes en purée sont très différentes de carottes en rondelles : il lui faut «redécouvrir» chaque aliment sous chacune de ses formes. Manger la même chose à la même table Les études montrent que c est lorsque ce climat de partage est présent que l enfant accepte le mieux un nouvel aliment. Autour de la table s échangent non seulement les plats, mais aussi les paroles et les habitudes Car l enfant imitent ses aînés, ses parents, et adopte (avec plus ou moins de facilité!) leurs aliments.

9 Rien ne sert de punir Même s il arrive à chacun de s énerver, il vaut mieux laisser l enfant ne pas manger que de punir. Priver de dessert, par exemple, n est pas une bonne stratégie, car cela revient à faire d un aliment une récompense. Ni récompense, ni menace, les aliments sont simplement destinés à être goûtés, appréciés ou pas, et à nourrir! Goûter, la règle de base Sauf en cas d aversion marquée, les parents peuvent imposer le fait de goûter chaque aliment comme une règle. Du même ordre, par exemple, que celle qui consiste à se laver les dents matin et soir. L enfant n est pas obligé de manger, mais il l est de goûter deux ou trois bouchées. Dans un contexte chaleureux et en lui expliquant combien c est important, il acceptera cette règle. Elle est l une des clefs essentielles qui permettent aux parents d ouvrir petit à petit l horizon alimentaire de leur enfant. Argumenter les faux amis On peut tenter de convaincre, en expliquant d où vient l aliment, comment on l a cuisiné Mais il faut éviter les arguments du type «c est bon pour ta santé». De la même manière, on ne devrait pas dire à un enfant que tel aliment «fait grossir» ou qu il va «maigrir» s il ne mange pas. Ne pas changer le menu familial Il ne faut pas changer de menu, même quand celui que l on propose est rejeté par l enfant. Il peut ne pas aimer, mais pas changer le repas qui a été prévu pour la famille. Manger et goûter à tout, cela s apprend! Perseverez et ayiez confiance en vous et en votre bébé.

10 Cas pratiques : comment lui faire manger de tout, même des légumes? Vous l avez surement remarqué, votre enfant consomme assez facilement les pâtes ou le riz que vous lui servez, mais rejette en revanche très souvent les légumes. Quelques astuces pour lui faire goûter et accepter les légumes. Représentez plusieurs fois les aliments. Il faut être persistant, en particulier pour les légumes dont la texture en bouche peut être fibreuse et surprenante. Pour adoucir le goût parfois amer de certains légumes et rendre la préparation plus onctueuse, ajoutez un peu fromage, râpé ou fondu, ou de la courgette cuite à vos préparations. Faites participer l enfant à la préparation du repas et faites le manipuler les aliments. Par exemple le simple fait de «touiller» avec une cuillère, lui permettra de se familiariser avec les aliments et de faire tomber la barrière de l inconnu.

11 Associez toujours pâtes, riz, semoule fine, pommes de terre ou pain aux légumes. Mangé seul, le légume n est pas assez nourrissant. Introduisez progressivement les nouveaux légumes. Par exemple en purée ou en soupe. Introduisez en douceur l ail, les herbes et les oignons qui peuvent troubler la découverte d un nouveau goût. Mangez avec lui et le même plat de légumes et à la table familiale. Des goûts et des couleurs : attention aux mélanges Plus les aliments sont «compliqués», plus ils risquent d être rejetés par les petits. Ainsi, une purée passe mieux sans un semis de persil. Pour faciliter les découvertes, évitez les mélanges comme la ratatouille, la macédoine ou encore les assiettes rassemblant trop d éléments différents.

12 Qu est-ce que la Fondation Nestlé France? Créee en 2008, elle est la première fondation d entreprise dédiée aux comportements alimentaires. Ses missions : Comprendre et agir pour aider les familles à adopter des comportements alimentaires bénéfiques à la santé en favorisant la transmission de la culture alimentaire française. Ses engagements : Comprendre les comportements alimentaires en soutenant la Recherche. Agir auprès des familles : - Par l Education : En soutenant le programme VIF : «Vivons en Forme», un programme dans les collèges «Mieux manger, Mieux vivre» avec la Croix-Rouge française, ou encore en initiant un programme «Réenchanter la cantine». Avec le soutien de : - Par la Transmission : En transmettant son savoir et son expérience au travers de programmes courts comme «Les Enfants à table» ou l initiative «Tous ensemble à table». - Par la Solidarité : En étant partenaire du «Plan Alimentation et Insertion», du programme «Urgence bébés» du Samu Social et des «Espaces Bébé Maman» avec la Croix-Rouge française. - Par les Nids d Or : En valorisant les initiatives de terrain exemplaires conduites par les associations et les collectivités locales.