dossier spécial Les statuts de conservation de la faune sauvage en isère 2016 la migration pourquoi migrer? phénomène intrigant...

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1 Mai / Juin 2016 n 52 dossier spécial Les statuts de conservation de la faune sauvage en isère 2016 la migration pourquoi migrer? phénomène intrigant... Râle des genêts Jean-Luc Pinaud / LPO France - Lac de Carouge Angélique Bittès

2 les photos du trimestre Lézard des souches Bruno Fonters Bihoreau gris Alain Gagne Lyn boréal Denis Simonin Rainette verte Rémi Fonters é dito Mystérieuse migration Lac Carouge Angélique Bittès s ommaire Nos événements... p. 4 5 ème Rallye Ornitho Conférences et sorties Recherche de bénévoles Ecofestival de Lumbin Fête LPO Isère/Gentiana Formation oiseau 2015/2016 Vie associative... p. 6 Le Versoud accueille les colocos Succès pour la Nuit de la salamandre Coordination galliformes de montagne Non à la chasse au loup Sortie au lac du Bourget Dossier spécial... p. 9 Les statuts de conservation de la faune sauvage de l Isère 2016 Dossier migration... p. 15 Pourquoi migrer? Chronique Herpéto... p. 21 La campagne amphibiens 2016 Chronique Ornitho... p. 22 Le retour des migrateurs! Nos illustrations... p. 23 Belle surprise en ce début avril pour les habitués de la plaine de Bièvre, terre d élection des busards cendrés, que l observation inattendue (la coche pour certains!) d un busard pâle, survolant les blés verts au sud de l aéroport! Il n aura fallu à ce visiteur oriental que quelques coups d ailes hors de ses routes migratoires habituelles pour faire sensation dans le petit monde de l ornithologie dauphinoise, aussitôt mis en alerte par le biais de la donnée partagée sur Faune-Isère. Certes, cette plaine agricole nous offre régulièrement l occasion d observations remarquables : sans parler des raretés de la zone humide de Chèvre Noire sur la commune de Gillonnay, je ne citerai que les superbes faucons kobez qui y font halte chaque année. Mais au-delà de quelques espèces eceptionnelles, combien de millions d oiseau cette migration, comme un grand souffle de vie, ramène-t-elle à chaque printemps vers nos contrées d Europe? Voyageurs ailés de toutes tailles, tout parés de leur superbe plumage nuptial et pour certains, de leur plus beau ramage, leur arrivée s égrène comme des signes successifs du retour de la belle saison. Depuis fin février déjà, où les vols de grues donnent un air de magie au ciel encore gris, jusqu au retour tant attendu de la mélodieuse rousserolle verderolle, que de raisons de partir en balade par les bois et les champs! Et à lever les yeu vers eu ainsi, nous viendrait presque l envie de les suivre D où viennent-ils? Où vont-ils? Pendant combien de siècles ces questions sont-elles restées sans réponse? Si les premières eplications naturalistes nous paraissent parfois un peu fantaisistes (ne croyait-on pas autrefois que les hirondelles s enterraient dans la vase des étangs durant l hiver?), la migration des oiseau a tellement passionné les naturalistes et les scientifiques qu elle a désormais livré nombre de ses secrets. Pas tous sans doute, mais ce numéro spécial migration vous apportera, je l espère, de nouvelles connaissances sur le sujet et sans doute aussi de quoi rêver en voyageant avec les oiseau... Et pour combler votre envie d en savoir plus encore sur cette mystérieuse migration, les articles qui vont se succéder à partir de ce numéro dans les prochains LPO Info continueront à vous présenter le phénomène migratoire dans son ensemble, mais aussi en Isère, pour toujours mieu vous faire connaître ces merveilleu voyageurs du ciel. Bonne lecture et belles observations à tous! Connaître Partager Mobiliser Sauvegarder Nous avons toujours besoin d alimenter notre photothèque avec des clichés de bonne qualité. Si vous disposez de belles photos dont vous êtes l auteur, contactez la LPO Isère à l adresse : isere@lpo.fr. Nous ferons en sorte de mettre en valeur vos talents sur nos supports d information tel que le LPO Info Isère. Calendrier... p. 24 Catherine Giraud, Présidente 3

3 nos événements nos événements Rallye ornitho Jean Abbes 5 ème rallye ornitho Samedi 21 mai 2016 en Isle Crémieu Le Rallye Ornitho, c est une journée conviviale durant laquelle des équipes d observateurs doivent noter le plus d espèces possibles en Isle Crémieu. Vous pourrez ainsi rencontrer d autres ornithos passionnés, observer de nouvelles espèces et découvrir l Isle Crémieu. Le Rallye Ornitho, c est aussi une méthode de prospection ludique qui permet de couvrir efficacement un territoire sur une journée : en 2015 nous avons noté 114 espèces et pu établir que plus de 110 sont nicheuses en Isle Crémieu! Ecofestival de Lumbin Samedi 4 et dimanche 5 juin 2016 Cette foire bio regroupe une centaine de stands de producteurs et d associations, et propose des conférences et des ateliers pour enfants. De nombreu secteurs sont représentés sur le festival : agriculture biologique, alimentation, artisanat, associations, éducation populaire, habitat et constructions, loisirs, santé, solidarité. La LPO Isère y tiendra un stand avec Gentiana. Nous avons besoin de vous pour tenir le stand! Venez profiter de l événement tout en apportant votre aide. Merci de contacter Adrien par courriel : communication.isere@lpo.fr ou au La fête de la LPO Isère/Gentiana Samedi 25 juin 2016 à Saint-Paul-de-Varces Conférences et sorties Insectes et araignées, par guy bourderionnet Mercredi 11 mai 2016 à 19h en salle Robert Beck à la MNEI, Nous vous proposerons de découvrir le cycle de vie des insectes et des araignées : se reproduire, pondre, naître, grandir, se nourrir, mourir Des moments de vie photographiés, pris sur le vif en pleine nature. Fête LPO Isère/Gentiana Angélique Bittès Comme chaque année, nous vous donnons rendez-vous le samedi 25 juin 2016 à Saint-Paul-de-Varces, pour un moment naturaliste et convivial! Nous vous proposerons sorties, activités, ateliers, surprises et réjouissances. Plus d informations à venir. Vous pouvez d ores et déjà vous inscrire auprès d Angélique au ou isere@lpo.fr Samedi 21 mai 2016, matinée à Chasse Barbier (Vif) Une sortie sur le même thème que la conférence vous est proposée. Venez découvrir la richesse entomologique de la Réserve naturelle régionale du Drac! Lancement d une formation à l ornithologie par la LPO Isère Dernière conférence et sortie du Cycle Nature en ville Mercredi 25 mai 2016 Nous vous invitons à nous rejoindre autour de la découverte d outils participatifs comme Faune-Isère. Une sortie est organisée à 16h, rendez-vous devant Eulalie, l éléphant du Muséum de Grenoble. Une conférence est prévue par la suite à 19h au Muséum, 1 rue Dolomieu à Grenoble. Recherche de bénévoles Araignée Thomas Cugnod La LPO Isère cherche un(e) bénévole pour encadrer des sorties découverte des oiseau des jardins dans le cadre de la Fête de la Nature pour les lieu suivants : Jardin Olympique à Grenoble le samedi 21 mai 2016 Jardins Terre Neuve et Poucets à Grenoble, deu sorties à réaliser les samedis 4 juin, 11 juin, 25 juin ou 9 juillet 2016 Nous cherchons également un(e) bénévole pour réaliser une animation nature avec les scouts en plaine de Bièvre (Beaucroissant), une demi-journée entre le 10 et le 24 juillet Le groupe bénévoles se réunit tous les premiers mardis de chaque mois en salle Arvalis, MNEI à 18h, afin d organiser de nouvelles activités. Pour rejoindre ce groupe, n hésitez pas à contacter Adrien : communication.isere@lpo.fr ou Ce groupe a récemment décidé de mettre en place des prospections chouette hulotte dans l agglomération grenobloise. Nous cherchons des personnes motivées pour coordonner les activités de prospection de hulotte ou pour participer au sorties. Merci à vous! La LPO Isère proposera à partir du mois de septembre un cycle complet de formation à l ornithologie à Grenoble. Le programme de cette formation se compose de trois années de cours variés et structurés, dispensés par des ornithologues epérimentés (niveau 1 débutant, niveau 2 intermédiaire, niveau 3 confirmé). L observateur d oiseau, qu il soit débutant ou déjà initié, pourra progressivement développer ses connaissances en éthologie et dans l identification visuelle et sonore des oiseau. L objectif est de faire découvrir à tous les joies de l ornithologie et de former des observateurs actifs sur le terrain pour renforcer nos actions bénévoles et nos suivis ornithologiques. Les cours de niveau 1 s adressent à un public sans pré-requis et/ou connaissance préalable à l ornithologie, ou à un public désirant structurer et parfaire ses connaissances de base par l apprentissage d une méthode d identification éprouvée en Belgique et dans le Nord de la France. Ces cours peuvent être qualifiés de cours pour débutants, mais le niveau s élève rapidement durant l année. Les cours d éthologie sont présentés par thèmes (le vol des oiseau, la vie seuelle des oiseau ) et les cours d identification sont structurés par famille (les anatidés, les rapaces, les passereau ), l accent étant donné sur le plumage le plus reconnaissable (nuptial et/ou adulte) ou le plus fréquemment rencontré dans notre région. 36 activités sont prévues en 1 ère année : 21 cours (dont 5 sur les chants d oiseau) et 15 sorties. Cette formation sera payante et une attestation de suivi des cours de la LPO Isère sera délivrée au participants. Si vous êtes intéressé, prenez contact dès maintenant avec Angélique pour vous inscrire au ou isere@lpo.fr (places limitées). Serge Risser 4 5

4 vie associative vie associative Formation ENS 2012 pour les colocos Jean-Marc Taupiac Le Versoud accueille les colocos de la LPO Isère Les colocos s étaient donnés rendezvous au Versoud en réponse à la sympathique invitation d Elsa Guillaume dans sa commune. L objectif était de se rencontrer, de partager nos epériences et d échanger sur les possibilités d actions dans nos communes. Jacques Prévost, s inspirant de l epérience de la Vienne, a créé les correspondants locau de la LPO Isère en Il nous a rappelé la mission du coloco qui est le représentant local de notre association LPO Isère et en porte les valeurs. Il s agit de connaître et rassembler les adhérents de la commune lors des événements locau, de contribuer à faire de nouvelles adhésions et de signaler à la LPO les atteintes à la biodiversité et les projets d aménagement dont il aurait connaissance. Bien sûr, chacun agit en fonction de ses compétences et de sa 67 participants pour une commune de 300 habitants, c est le pari réussi de la LPO pour organiser avec les colocos la 3 ème Nuit de la salamandre en Isère. Nous avons été chaleureusement accueillis par M. le Maire et par Patrick Marcireau, bénévole et protecteur des amphibiens, qui se démène pour les sauver de l écrasement routier. Jean-Luc Grossi, spécialiste des amphibiens, nous a présenté un magnifique diaporama et ensuite nous avons pu aller avec les enfants à la recherche des larves de salamandre dans un petit bassin chez Lucas. Nous les avons trouvées avec leurs branchies et leurs petites taches claires à l aisselle des pattes. Serge Risser disponibilité. Les coups de main entre colocos voisins sont appréciés. Nous avons évoqué des actions et des projets comme la création d un refuge collectivité, l organisation de la Nuit de la Chouette, l animation d un groupe de jeunes, la création d un club CPN, l installation de tours à hirondelles, la participation à la commission environnement, les sorties naturalistes avec les adhérents, l organisation d un éco-festival, la veille écologique sur les feu de végétau et autres pollutions, l organisation de la Fête de la Nature, la protection des vieu arbres, le creusement de mares, le suivi de la chevêche et des hirondelles, la plantation d un arbre du climat, la préservation de la quiétude de secteurs naturalistes intéressants, l organisation de conférences, la tenue de stands LPO au point que nous n avons pas vu Succès plein pour la Nuit de la salamandre à Saint-Jean-le-Vieu 6 Nuit de la salamandre 2016 Serge Risser défiler la matinée. Mais pas de réunion réussie sans un casse-croûte tiré du sac, façon auberge espagnole! Les produits étaient du terroir et naturels! Nous avons convenu de nous revoir une à deu fois par an. La prochaine rencontre aura lieu cet automne au Sappey. Vous voulez devenir coloco? Rien de plus simple! Nous serons heureu de vous accueillir. La force locale de la LPO, c est vous. Contactez la LPO ou directement Serge Risser qui vous epliquera les modalités. La nomination d un nouveau correspondant local est validée par le conseil d administration de la LPO et un courrier est alors envoyé au Maire de la commune pour l informer de votre fonction représentative. Serge Risser Réunion annuelle de la coordination des galliformes de montagne Le 6 janvier, les naturalistes isérois se sont regroupés à la LPO pour déguster un morceau de galette et un verre de clairette. Ils ont aussi fait le point sur les actions de la LPO Isère et de la LPO Rhône-Alpes en faveur de la protection des galliformes de montagne (lagopède alpin, perdri bartavelle, tétras lyre et gélinotte des bois). Initiée en 2013, la coordination des galliformes de montagne compte 66 membres. 31 d entre eu étaient présents pour cette réunion annuelle, un record de participation, dont une belle équipe de jeunes très motivés pour faire du terrain. Nous avons rappelé à tous les objectifs de cette coordination : améliorer les connaissances en Isère sur l état de conservation des populations et suivre leur évolution dans le temps, obtenir l arrêt de la chasse au galliformes de montagne en Isère et sensibiliser les acteurs de la montagne au facteurs de dérangement. La collecte des données par la coordination se poursuit et nous permet de mieu connaître la répartition iséroise des quatre espèces qui sont toutes en déclin au niveau national selon l ONCFS. Nous avons testé, au col du Coq, un protocole de suivi de la nidification du tétras lyre : ils étaient certes peu nombreu mais la convivialité bien présente à chaque bivouac dans l alpage. Y. Zabardi (LPO PACA) nous a apporté son témoignage sur la limitation du dérangement hivernal dans la Réserve des Partias qui se fait en bonne intelligence entre naturalistes et montagnards. E. Maulavé, en contrat d apprentissage avec la LPO coordination Rhône-Alpes, Plus de 2500 manifestants à Lyon contre la chasse au loup! Le samedi 16 janvier 2016, une trentaine d associations de protection de l environnement, dont la LPO, appelaient à manifester contre les autorisations de tirs de prélèvement de loups. En effet, à la mi-décembre 2015, 34 loups avait déjà été abattus alors que le plafond prévu était de 36 individus 1. En réalité, il semble que ce soit 41 loups morts connus depuis juillet 2015, 33 selon la procédure légale, un par braconnage, quatre de mort accidentelle, deu de mort naturelle et un de mort inconnue (Source : Cap Loup). Les risques d atteinte à la conservation de cette espèce (population estimée à 300 individus en France) sont donc forts, comme l a souligné le Conseil national de protection de la nature le 9 février dernier en rendant un avis défavorable à l augmentation de ce plafond. Afin de défendre le loup, plus de 2500 personnes se sont donc rassemblées, place Bellecour à Lyon, le 16 février afin de démontrer leur attachement pour la nature. Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd, Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO France, Yves Paccalet, philosophe et vice-président de Ferus et Fabrice Nicolino, journaliste à Charlie Hebdo, sont venus apporter leur soutien à la cause. La LPO Isère avait organisé un covoiturage à cette occasion et une vingtaine de personnes de l association se sont Manifestation loup Yves Thonnerieu Sortie galliformes de montagne Serge Risser a abordé la révision de la liste rouge nationale en lien avec le Museum, le projet de moratoire sur le lagopède alpin et le suivi bio-acoustique des tétras lyres prévu au printemps. La saison des comptages va bientôt démarrer. Nous menons également des actions juridiques. Rejoigneznous pour protéger notre faune de montagne! Serge Risser Fabrice Cochard jointes au cortège afin de rappeler que l objectif de la LPO est la présence pérenne du loup en France, via la mise en place d une politique de conservation favorable, incluant le soutien à un pastoralisme durable 2. Adrien Lambert 1- Depuis, le quota des 36 loups tués a été atteint et le Ministère de l'écologie envisage d'autoriser l abattage de si loups supplémentaires. Une consultation publique a eu lieu et, sur plus de participants, 90 % se sont déclarés défavorables à cette mesure. Finalement, seuls 2 loups supplémentaires pourront être abattus. 2 - Voir l article Droit et nature : Autour du loup en Isère, LPO Infos n 51. 7

5 vie associative dossier spécial Lac du Bourget Catherine Mailfert Sortie au lac du Bourget du 17 janvier 2016 Ce matin nous nous sommes levées tôt, Odile et moi, et nous retrouvons Serge à 7h30 pour passer la journée au lac du Bourget. Le temps est froid et humide, mais sans neige sur la route. Notre premier arrêt est pour l observatoire des Aigrettes où les oiseau sont calmes et peu nombreu : hérons cendrés, cormorans, une grande aigrette, un tadorne de Belon Ensuite nous rejoignons le groupe arrivé au Mottets, une douzaine de personnes avec Florence de la LPO Savoie et le jeune Paul (Odile est admirative devant ses connaissances et sa modestie). Serge forme deu groupes qui se partagent les zones de comptage Wetlands. Entre 9h et 12h nous allons voir et essayer de compter des morillons en quantité, Maime Souchet des foulques et des milouins, mais aussi des cormorans, des mouettes et des goélands. Nous découvrons des harles bièvres, des macreuses brunes (pour la première fois pour plusieurs d entre nous), quelques petites poules d eau et trois bruants des roseau. Il fait moins froid que l an dernier, même si nous avons droit à quelques flocons. Le comptage terminé, nous allons tous à Mémard pour pique-niquer et observer pour le plaisir les nettes rousses, les garrots à oeil d or, les canards chipeau. Avec Odile, je reste un moment pour observer deu grèbes huppés en pleine parade. Et pour terminer la journée en beauté, le soleil fait son apparition. Nous continuons le tour du lac avec des arrêts qui nous offrent de nouvelles découvertes. En scrutant une roselière, j ai le plaisir de découvrir un fuligule nyroca parmi quelques milouins. Dans le port de Châtillon, Serge, en bon naturaliste, nous montre de belles fougères qui ornent de vieu murs, pendant que des pêcheurs en barque font fuir les oiseau. Sur la route qui mène à Hautecombe, superbe lieu, on découvre une anse du lac avec un grand rassemblement d oiseau. Nous poussons jusqu à l Abbaye où nous attendent ragondins, écrevisses et les Fuligules nyrocas Alain Gagne rares fuligules nyrocas. Nous voyons aussi le travail des castors. La vue est magnifique sur le lac et la chaîne des Bauges. La journée se termine, le ciel change de couleur. Peut-être aurons-nous des surprises du côté de Voglans? Lac du Bourget Catherine Mailfert Effectivement, avec une lumière entre chien et loup, nous allons entendre et voir le grand-duc, en silhouette d accord, mais drôlement bien quand même! Quelle belle conclusion pour cette sortie! À 19 h, nous sommes de Fabrice Cochard retour à la Placette pour aller dîner chez des amis! Quelle journée et quelle belle fin de vacances, merci à tous! Odile et Catherine Mailfert Statuts de conservation de la faune sauvage de l Isère En 2015, la LPO Isère, avec le soutien du Département, a travaillé sur la mise à jour des statuts de conservation de la faune vertébrée terrestre de l Isère. Ce travail, coordonné par la LPO Isère, a été rendu possible grâce à la participation de tous les eperts naturalistes du département. Il apporte un éclairage neuf sur l état de notre connaissance de la faune sauvage en Isère. Une gestion et une protection efficaces des espèces et des milieu passent par une bonne connaissance de leur état de conservation, et donc nécessitent des outils adaptés et les plus actuels possibles. C est dans cette optique qu a été lancé le projet de mise à jour des statuts de conservation de la faune vertébrée terrestre, dans la continuité des premières listes rouges départementales déjà réalisées en Isère. Cette évaluation s est basée sur la méthodologie de l Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui a développé le concept des listes rouges des espèces menacées en définissant des catégories et des critères applicables à tous les groupes d espèces, animales comme végétales. Tichodrome échelette Sylvain Chapuis Ce sont donc plus de 300 espèces animales qui ont été passées en revue ces derniers mois, dans le but de déterminer leur risque de disparition au niveau de notre département. Ce travail a permis par la même occasion de mettre en évidence les principales menaces, actuelles ou supposées à venir, qui pèsent sur la faune iséroise. La journée technique de validation des statuts de conservation qui s est tenue le 3 décembre 2015 au Muséum de Grenoble a été le point d orgue de ce projet, et l occasion d échanger entre spécialistes d horizons divers. Un résumé de ces nouveau statuts a été présenté au public et à la presse lors d une conférence le 13 janvier 2016 à Grenoble, et vous trouverez dans les pages suivantes une analyse des résultats ainsi qu une affiche détachable présentant les 141 espèces dont le statut de conservation est défavorable. Vous pourrez également retrouver un article dans le prochain numéro de la revue naturaliste Le Bièvre (revue régionale annuelle éditée par la LPO Coordination Rhône-Alpes). Catherine Mailfert Lyn boréal Denis Simonin 8 9

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7 dossier spécial dossier spécial Râle des genêts Emile Barbelette/LPO Au total, 326 espèces de la faune vertébrée terrestre ont été évaluées : 92 mammifères, 200 oiseau, 18 amphibiens et 16 reptiles. Les trois catégories vulnérable, en danger et en danger critique, qui correspondent au espèces menacées de disparition, rassemblent 23 % des espèces évaluées, tous taons confondus. Les catégories quasi menacé et données insuffisantes, qui regroupent des espèces potentiellement menacées ou qui risquent de le devenir, rassemblent 21 % des espèces. Ce sont donc au total 141 espèces qui présentent un statut de conservation défavorable en Isère. 43 % des oiseau (85 espèces), 43 % des mammifères soit 63 % des chiroptères (19 espèces) et 34 % des autres mammifères (21 espèces), 67 % des amphibiens (12 espèces), 25 % des reptiles (4 espèces) sont menacés de disparaître du département. En s intéressant d un peu plus près au oiseau, il apparaît que certaines familles sont plus menacées que d autres. Le cas le plus préoccupant est celui des charadriiformes (limicoles, goélands, etc.). Sur les 11 espèces évaluées, près des deu-tiers sont menacés de disparition (comme le vanneau huppé et le courlis cendré), et les autres sont soit déjà disparues (guifette noire), soit en non applicable 1. Également, les troisquarts des rapaces nocturnes et des coraciiformes (huppe fasciée, guêpier d Europe et martin-pêcheur d Europe) ont un statut défavorable, avec la moitié des espèces effectivement menacée de disparition. RE CR EN VU NT LC DD NA Pour le groupe des passereau, qui est le groupe le plus important en nombre d espèces (106 passeriformes), la situation n est pas aussi dramatique, mais reste tout de même préoccupante. En effet, 40% des espèces ont un statut défavorable avec presque 20 espèces menacées de disparition, dont le pouillot fitis, le gobemouche noir ou encore le bruant ortolan. Concernant les mammifères, il est intéressant de séparer les chauves-souris et les autres mammifères. En effet, 45% des mammifères en général ont un statut défavorable, mais en prenant ces deu groupes à part, il apparaît que près des deu tiers des chiroptères ont un statut défavorable, contre un tiers des autres mammifères. Sur les 92 espèces de mammifères évaluées, ce sont donc 13 espèces qui sont menacées de disparition, dont le rhinolophe euryale et le lyn boréal qui sont en danger critique de disparition, ou le grand rhinolophe et la genette commune qui sont classés dans la catégorie en danger. Nombre espèces évaluées Nombre espèces menacées MAMMIFÈRES Chiroptères Autres ordres OISEAUX REPTILES AMPHIBIENS RE Disparu CR En danger critique Le groupe des amphibiens est le groupe où la situation est la plus préoccupante. Un tiers des espèces est menacé de disparition, et un autre tiers est quasi menacé ou en données insuffisantes. Ce sont donc au final 12 espèces d amphibiens sur les 18 présentes en Isère qui ont un statut jugé défavorable. Synthèse des résultats EN En danger VU Vulnérable NT Quasi menacé À l inverse, le groupe des reptiles semble être celui qui s en sort le mieu, avec seulement quatre espèces présentant un statut défavorable (deu menacées de disparition et deu quasi menacées) sur les 16 vivants en Isère. 1 Espèces pour lesquelles la méthodologie n est pas applicable et qui ne sont donc pas soumises au processus d évaluation LC Préoccupation mineure DD Données insuffisantes NA Non applicable Diagramme du nombre d espèces par statut de conservation Évolution des statuts depuis 2008 Rainette verte Rémi Fonters La comparaison de ces nouveau statuts de conservation avec ceu de la dernière liste rouge départementale de 2008 donne une indication sur l évolution des populations. Sur les 326 espèces évaluées, 60 % ont gardé le même statut. Près de 12 % sont considérés comme moins menacés, mais 10 % ont un risque de disparition plus élevé. Les espèces restantes sont celles nouvellement évaluées ou classées. Il y a donc presque autant d espèces dont le statut s est amélioré (38 espèces) que d espèces ayant un statut plus défavorable (34 espèces) par rapport à L amélioration des statuts de conservation peut être le résultat positif d actions de protection ou de sauvegarde. Par eemple, le sonneur à ventre jaune, le triton crêté ou la coronelle girondine ont fait l objet de recherches approfondies, et des actions de conservation ont pu être mises en place en Isère pour sauver les populations (Réserves, Espaces naturels sensibles, plans d actions, etc.). Mais ce phénomène peut également s epliquer par la progression des méthodes et des efforts de prospections menés sur les espèces ces dernières années, aboutissant à une amélioration des connaissances et à une évaluation plus juste de leur risque de disparition (qui était peut-être jusque-là surestimé). C est est le cas pour les chiroptères, dont les méthodes de détection (notamment acoustique) et d enregistrement ont beaucoup progressé depuis la dernière évaluation. Ainsi, aucune espèce de chauve-souris n a un statut plus défavorable qu en 2008, et une dizaine a vu son statut s améliorer. Mais à l inverse, l aggravation du statut de conservation de plus d une trentaine d espèces, et ce malgré cette amélioration des connaissances, indique un réel danger pesant sur celles-ci. Il est donc essentiel de continuer à mettre en place des actions de protection et d enrichir toujours plus nos connaissances sur les espèces. Sterne Pierregarin Alain Gagne Pipit rousseline Aurélien Audevard/LPO Des retours encourageants Même si l avenir de certaines espèces semble très incertain (notamment le milan royal ou le râle des genêts dont la situation est vraiment critique), il est intéressant de préciser qu aucune espèce n a disparu du département depuis la dernière évaluation de Encore mieu, certaines espèces qui étaient classées dans la catégorie disparue au niveau départemental ont fait leur retour sur la liste des espèces présentes en Isère. Ainsi, trois espèces d oiseau qui étaient considérées absentes de l Isère en 2008 sont à nouveau considérées nicheuses régulières en Isère. La sterne pierregarin, qui est présente depuis seulement 3 ans, est classée en non applicable. Le pic mar et le pipit rousseline, du fait de leur discrétion ou de possibles problèmes d identification, sont probablement présents depuis plus longtemps, mais les données restent insuffisantes pour évaluer leur statut. Notons aussi le retour d une espèce de chauve-souris, le rhinolophe euryale. Des données ponctuelles mais récentes indiquent que cette espèce semble revenir en Isère, mais les effectifs connus sont très faibles, ce qui justifie son classement dans la catégorie en danger critique d etinction. 12 Lézard des souches Bruno Fonters 13

8 dossier spécial dossier migration Des menaces identifiées En plus de définir le risque de disparition de chaque espèce, ce travail a également permis de mettre en évidence les principales menaces qui pèsent sur celles-ci. En eaminant les critères sur lesquels les espèces sont le plus souvent classées comme menacées, il apparaît que la dégradation de l habitat est souvent mise en cause. C est particulièrement marqué pour les espèces liées au zones humides qui disparaissent à une vitesse alarmante. Ainsi, les amphibiens, qui sont très liés à ces milieu, sont les plus en danger avec un tiers des espèces menacé de disparition. Les oiseau liés au roselières sont également très touchés par ce phénomène : le héron pourpré, le blongios nain ou encore la rousserole turdoïde sont classés en danger de disparition. Rousserolle turdoïde Alain Gagne Niverolle alpine Sylvain Chapuis De même, les friches où vit le cisticole des joncs, les prairies de fauches où niche le tarier des prés ou les landes d altitude, habitat de la perdri bartavelle disparaissent, ce qui fragilise les populations de nombreuses espèces d oiseau. La disparition des arbres à cavités, la rénovation du bâti, l engrillagement des clochers et la fermeture des sites souterrains impactent aussi les chauves-souris. La problématique de la restriction de l aire de répartition ainsi que sa fragmentation sont aussi des critères souvent avancés. Ainsi, les deu espèces de reptiles menacées de disparition (cistude d Europe et lézard des souches) ont une zone d occupation très restreinte et fragmentée. Parmi les autres menaces qui peuvent entrer en jeu, notons les problèmes de pollution génétique (hybridation) ou de compétition interspécifique, de mortalité routière, de braconnage ou de dérangement. De plus, l évolution des milieu montagnards avec les activités hivernales, la gestion des paturâges et le changement climatique provoquent une remontée des populations en latitude et en altitude (niverolle alpine, lièvre variable et lagopède alpin). Proposer des solutions adaptées Le constat de la dégradation du statut de plus d une trentaine d espèces nous alerte sur les menaces, mais mettent également en lumière le manque de connaissances qui subsiste pour la vingtaine d espèces classées en données insuffisantes, dont un grand nombre de micromammifères qui restent encore très mal connus. Cette liste des statuts de conservation est mise à disposition de tous les acteurs locau de la conservation de la biodiversité : naturalistes, gestionnaires d espaces naturels, collectivités, associations naturalistes, etc. Ces statuts sont un outil de travail et d aide à la décision afin d élaborer des plans d actions pour les espèces prioritaires et de proposer ainsi des mesures de gestion et de conservation adaptées. Audrey Thiery La migration des oiseau : pourquoi migrer? La migration des oiseau, phénomène naturel dont nous sommes les témoins privilégiés, est un sujet passionnant sans cesse enrichi par de nouvelles observations et découvertes. À partir de l ouvrage de l ornithologue Maime Zucca et avec son accord, je me propose de vous emmener en 8 épisodes à la découverte de ce phénomène intriguant la tête en l air et le nez dans votre LPO Info. Grands cormorans en vol Raphaël Bussière Pourquoi les oiseau migrent-ils? Ce n est pas pour fuir le froid que les oiseau migrent, mais pour s adapter à la saisonnalité des ressources alimentaires dont l abondance varie dans le temps et l espace. La proportion d espèces migratrices parmi les nicheurs européens augmente avec la latitude. Pour les espèces boréales, la migration vers les régions tempérées est une question de survie et les insectivores doivent rejoindre des climats encore plus chauds. Fous de Bassan Thomas Cugnod Pourquoi alors ne pas y rester toute l année? Rares sont les populations d espèces migratrices qui réussissent à s établir sur des sites d hivernage car il n y a pas de place pour tous en vue du nourrissage des jeunes. Dans les régions présentant une alternance des saisons, la forte croissance végétale et l émergence des insectes en début d été engendrent une densité et une diversité de ressources alimentaires eceptionnelles. Les oiseau migrent entre les environnements dans lesquels il leur est possible de trouver de la nourriture, des refuges et des sites de nidification en fonction de la période de l année. Il n eiste pas d espèce migratrice ou sédentaire au sens strict. Dans nos forêts, vivent des espèces très sédentaires comme les sittelles et les tétras. Pourtant, quelques rares individus présentent un comportement migrateur, mais l avantage conféré n est pas assez grand pour qu il soit sélectionné. Au sein d une espèce, on peut trouver des populations qui migrent et d autres pas. À l échelle des populations, on peut observer des individus migrateurs ou non. Dans les régions tropicales, la majorité des espèces entreprend des mouvements saisonniers. La notion de migrateur partiel regroupe tous les comportements intermédiaires. Par eemple, de plus en plus de bihoreau gris hivernent en France. La proportion de migrateurs et de sédentaires dans une même population peut varier très significativement en quelques années. Certaines espèces, comme les rapaces s alimentant de rongeurs, les granivores septentrionau ou les oiseau des vastes steppes, répondent au fluctuations de leur environnement sous la forme de migrations soudaines et massives. Au sein d un même genre, on trouve des espèces migratrices au long cours et d autres sédentaires. Dans la lignée des pouillots, l ancêtre le plus proche d une espèce migratrice, est souvent une espèce sédentaire. Le phénomène de migration apparaît et disparaît au gré des glaciations. Le comportement migrateur s est développé lors de la recolonisation des territoires déglacés. L étude de 12 populations de fauvette à tête noire montre que les populations migratoires ne sont pas génétiquement plus proches entre elles que celles des oiseau sédentaires. Les espèces migratoires ne possèdent aucune grande adaptation morphologique et physiologique par rapport au espèces sédentaires. Les aptitudes à migrer sont présentes chez tous les oiseau, y compris ceu qui ne migrent pas : elles ne s epriment simplement pas. La tendance à migrer est un caractère seuil contrôlé au moins partiellement par les facteurs environnementau. Serge Risser 14 Héron pourpré Alain Gagne Lecture conseillée : La migration des oiseau. Comprendre les voyageurs du ciel. Maime Zucca. Editions Sud-Ouest,

9 dossier migration dossier migration Milan noir Courlis cendré Serin cini Hirondelle de rochers Circaète Jean-le-Blanc Hirondelle rustique Sarcelle d été Huppe fasciée Oedicnème criard Petit gravelot Bergeronnette printanière Pouillot fitis Martinet noir Bihoreau gris Rougequeue à front blanc Hirondelle de fenêtre Tarier des prés Coucou gris Héron pourpré Martinet à ventre blanc Hirondelle de rivage Traquet motteu Pipit des arbres Faucon hobereau Torcol fourmilier Rossignol philomèle Fauvette grisette Fauvette des jardins Pouillot de Bonelli Rousserolle effarvatte Busard cendré Caille des blés Petit-duc scops Gobemouche noir Gobemouche gris Locustelle luscinioïde Bondrée apivore Locustelle tachetée Hypolaïs polyglotte Loriot d Europe Rousserolle turdoïde Pouillot siffleur Bruant ortolan Tourterelle des bois Guêpier d Europe Pie-grièche écorcheur Blongios nain Engoulevent d Europe Fauvette babillarde Rousserolle verderolle Monticole de roche FÉVRIER MARS AVRIL MAI décade 2 décade 3 décade 1 décade 2 décade 3 décade 1 décade 2 décade 3 décade 1 décade

10 dossier migration dossier migration Le chant de la grive draine bat son plein lors des journées qui s allongent et c est comme un frémissement qui court le long des arbres. Les sommets arborent encore leurs courbes neigeuses comme si rien ne pouvait changer. Pourtant, la simple lecture du calendrier nous dit que l on va vers des jours nouveau : le printemps se profile derrière les ultimes coups de l hiver. Les oiseau l ont bien compris qui déjà chantent à tue-tête : grives et rougegorge donnent de la voi et le troglodyte nous mitraille le tympan. L ami des oiseau sait que maintenant tout bascule dans les rythmes de la nature et il imagine les bataillons qui se mettent en route à l autre bout du sud pour venir nous pondre des nichées colorées et chantantes. L apparence débridée du flot aviaire masque une belle réalité faite d organisation et qui répond à la course immuable du soleil comme au contraintes hormonales, et peut-être aussi à quelques secrets que de futurs savants découvriront dans les siècles à venir. Il n empêche que ces sacrés piafs n arrivent pas n importe quand. Il y a les précoces, les tardifs et tous les autres, mais chacun mène sa vie de voyageur selon un échéancier plus ou moins précis, et il est intéressant d essayer d y voir plus clair et localement. La belle et riche base de données Faune-Isère renferme des trésors et il est passionnant d aller s y promener. On y trouve des centaines Bécasseau variables Alain Gagne Arrivée printanière des oiseau en Isère Pendant de longues semaines, entre février et juin, le flu miraculeu va se déverser dans nos bois, nos plaines et sur nos crêtes. de jour comme de nuit, en troupes polyphoniques ou en solitaire silencieu, empruntant la ligne droite ou le vagabondage, les migrateurs qui nous ont tant manqué cet hiver débarquent en nombre. de milliers d observations collectées au fil du temps par des milliers d observateurs passionnés. J ai ainsi répertorié, pour les espèces migratrices qu on nomme aussi visiteuses d été, les observations faites au printemps entre 1989 et 2015 (27 années) en sélectionnant les plus précoces de chaque année, mais en éliminant les hors-normes. J ai pu en déduire une date moyenne d apparition pour chaque espèce ; cette date n eprime pas une réalité gravée dans le marbre de la science, mais plutôt un repère propre à orienter les recherches du naturaliste à l affût de belles observations. Et comme une moyenne en soi ne dit pas grand-chose, j y ai associé pour chaque espèce l écart-type qui rend compte de la dispersion des observations dans le temps. Les espèces concernées Il s agit des oiseau qui effectuent une vraie migration et dont il ne reste pas d individus hivernant dans notre région. Sont concernées également quelques espèces qui : 1) sans nicher dans le département, font un passage remarqué au printemps (pouillot fitis), 2) nichent à proimité immédiate de l Isère (sarcelle d été), 3) nichent rarement ou eceptionnellement en Isère (gobemouche noir), 4) séjournent à la belle saison sans qu il y ait preuve de nidification (bihoreau gris). Pour chaque espèce, j ai consulté faune-isere et j ai relevé pour chaque année, de 1989 à 2015, la première observation de printemps ; j en ai tiré une moyenne et un écart-type. La mise en place de Faune-Isère a donné une impulsion très sensible à la pression d observation. On constate que la moyenne d arrivée sur la base gagne en moyenne sept jours par rapport à On prendra donc cette référence pour une étude longitudinale du phénomène évolutif de la migration, ce qui nous amène à la question suivante, que beaucoup se posent : les changements climatiques en cours ont-ils une influence sur les dates d arrivée des migrateurs en Isère? Je ne sais pas répondre à cette question! En effet, la pression d observation a augmenté depuis 1989 et la mise en place de Faune-Isère l a sérieusement dopée, augmentant en conséquence la transmission des dites observations. Prenons l eemple des dates moyennes d arrivée du martinet noir Apus apus : entre 1989 et 1997 : 10 avril entre 1998 et 2006 : 3 avril entre 2007 et 2015 : 25 mars (mise en place de Faune-Isère) entre 2010 et 2015 : 19 mars En gros, tous les 10 ans, on pourrait dire qu il arrive plus tôt d une semaine, mais ce serait oublier la présence croissante d observateurs sur le terrain, tant en quantité qu en qualité. On trouvera dans le tableau ci-après la liste des espèces et les dates de première arrivée : 1) Les années faune-isere , c est la donnée qu on retiendra et qui est reprise dans le grand tableau en double-page (moyenne et écart-type σ ) 2) À titre de comparaison : a. Les années (moyenne et écart-type σ ), b. Enquête CORA Isère : (moyenne et écart-type σ ), c. Atlas des oiseau nicheurs de Rhône-Alpes (moyenne région). À la question souvent posée Avec le réchauffement climatique, les oiseau arrivent-ils plus tôt? on peut répondre la chose suivante : Globalement, si l on compare les deu études, les oiseau arrivent maintenant avec si jours d avance mais 1) Il eiste une corrélation significative (R = ) entre le nombre d observations et les dates plus ou moins précoces d arrivée des migrateurs, 2) Il n eiste pas de corrélation entre les dates d arrivée et les moyennes de température (R = 0.23), On se gardera donc de faire un lien entre précocité des arrivées printanières et modification du climat, en revanche on pourra retenir l influence de la pression d observation. Jacques Prévost Aigrettes garzettes et ibis falcinelles Alain Gagne Liste des espèces et dates de permière arrivée D après Faune-Isère CORA Isère, 1991 Atlas RA 2003 Période Période Période Période antérieure à 1997 Espèces Moyenne σ Moyenne σ Moyenne σ Moyenne Sarcelle d été 11 mars 8 12 mars 7 10 mars février Bihoreau gris 20 mars 9 30 mars mars 5 fin mars TABLEAU Blongios nain 23 avril 12 2 mai 17 6 mai 6 29 avril Héron pourpré 24 mars 8 30 mars 10 1 er avril 7 28 mars Bondrée apivore 15 avril avril avril 14 1 er mai Milan noir 15 février 4 22 février 8 10 mars février Circaète Jean-Le-Blanc 5 mars mars 9 19 mars 9 21 mars Busard cendré 7 avril 4 9 avril 11 7 avril 16 1er avril Faucon hobereau 2 avril 7 11 avril avril mars Oedicnème criard 15 mars 7 31 mars 21?? 1 ère décade mars Petit gravelot 15 mars 5 21 mars mars 6 15 mars Courlis cendré 20 février février mars février Caille des blés 8 avril avril 18 9 mai 5 22 avril Tourterelle des bois 19 avril 7 26 avril 7 23 avril 8 12 avril Coucou gris 23 mars 1 26 mars 5 3 avril 7 26 mars Petit-duc scops 9 avril 9 22 avril mai? 29 mars Engoulevent d Europe 26 avril 8 2-mai 17 7 mai 9 29 avril Martinet noir 19 mars 14 2 avril avril 8 12 avril Martinet à ventre blanc 24 mars 6 1 er avril 8 11 avril 6 fin mars 18 19

11 dossier migration chronique herpéto D après Faune-Isère CORA Isère, 1991 Atlas RA 2003 Période Période Période Période antérieure à 1997 Espèces Moyenne σ Moyenne σ Moyenne σ Moyenne Guêpier d Europe 21 avril 6 26 avril 15 7 mai 18 début mai Huppe fasciée 12 mars 8 22 mars mars mars Torcol fourmilier 2 avril 10 5 avril 9 5 avril 8 1er avril Hirondelle de rochers 23 février 5 27 février 8 19 mars 12 février Hirondelle de rivage 24 mars 6 24 mars 11 1 er avril mars Hirondelle rustique 6 mars 4 11 mars 6 21 mars 7 14 mars Hirondelle de fenêtre 22 mars 8 18 mars 12 3 avril mars Pipit des arbres 1 er avril 8 29 mars mars mars Bergeronnette printannière 18 mars mars 14 2 avril mars Rossignol philomèle 3 avril 9 6 avril 8 12 avril 9 6 avril Rougequeue à front blanc 20 mars 7 26 mars 12 7 avril 8 26 mars Tarier des prés 22 mars 9 31 mars mars mars Traquet motteu 27 mars 7 5 avril mars 3 30 mars Monticole de roche 6 mai mai 17 6 mai 10 fin avril Locustelle tachetée 16 avril 6 20 avril avril avril Locustelle luscinïoide 11 avril 6 20 avril 16 5 avril 8 6 avril Rousserolle verderolle 5 mai 5 11 mai mai 9 mai Rousserolle effarvatte 4 avril 8 13 avril avril avril Rousserolle turdoïde 17 avril 4 23 avril 9 25 avril 8 20 avril Hypolaïs polyglotte 16 avril avril mai 6 24 avril Fauvette babillarde 30 avril mai 20?? 15 avril Fauvette grisette 3 avril 8 11 avril 9 18 avril 7 7 avril Fauvette des jardins 3 avril 9 16 avril avril 8 14 avril Pouillot fitis 18 mars 4 25 mars 9 31 mars mars Pouillot siffleur 17 avril 6 25 avril avril 16 9 avril Pouillot de Bonelli 3 avril 8 11 avril avril avril Gobemouche gris 10 avril avril mars avril Gobemouche noir 9 avril 7 11 avril 13 8 avril avril Loriot d Europe 16 avril 6 20 avril 8 28 avril 9 24 avril Pie-grièche écorcheur 21 avril 9 25 avril 9 2 mai 7 7 mai Serin cini 20 février 4 2 mars mars 15 début mars Bruant ortolan 18 avril 3 22 avril 6 1 er mai 9 23 avril Campagne amphibiens 2016 Comme chaque année, la LPO Isère a mené sa campagne de sauvetage des amphibiens, en équipant différents sites avec un système de filets protégeant ces espèces des écrasements routiers. Equipe des bénévoles lors de la campagne amphibiens 2016 Adrien Lambert À la fin de l hiver, crapauds, grenouilles, tritons et salamandres sortent de leur léthargie hivernale pour se reproduire. En effet, dès le mois de février, les individus sortent des forêts et autres boisements afin de retrouver leur site de reproduction : zone humide, mare, étang Cette migration nocturne a lieu lorsque les conditions climatiques sont favorables : forte humidité, température supérieure à 4 C et absence de vent. Quand une route sépare le site d hivernage du site de reproduction, les individus sont contraints à la traverser, et leur survie est très fortement compromise. En effet, le passage d une voiture par minute lors d une nuit favorable à la sortie des amphibiens peut provoquer la mort de 80 % des individus migrateurs, impliquant à terme l etinction de la population. Pour agir contre ces écrasements, la LPO Isère mène depuis 1998 sa campagne de sauvetage des amphibiens en installant des filets de protection le long des routes durant leur période de migration. Dès la première quinzaine de février, la LPO Isère et ses bénévoles ont installé ces filets au niveau de si sites d écrasements connus en Isère. La pose de filets semi-rigides a pour but d empêcher les amphibiens d emprunter la chaussée, en les contraignant à marcher le long de ces filets jusqu à tomber dans un seaupiège. Chaque matin, bénévoles et stagiaires se rendent sur les différents sites équipés, identifient les espèces, comptabilisent et relâchent les individus, capturés la nuit précédente, de l autre côté de la chaussée. Filet avec seau-piège Dominique Gajda Cette opération, sans risque pour la survie des individus, permet à la fois d éviter les écrasements routiers et de détecter les couloirs de migration en prévision de la construction d un passage à petite faune (solution pérenne pour préserver les populations d amphibiens présentes). Le 13 février, une journée de chantier a permis d équiper, grâce au 24 bénévoles présents, le site de Chirens-Bavonne (350 m). Fin mars, 505 amphibiens ont pu être protégés contre les écrasements routiers sur ce site. Crapaud commun et grenouille rousse sont les deu espèces les plus abondantes, mais trois espèces de tritons sont également présentes : alpestre, palmé et crêté. Marlène Lefèbvre Nous remercions les bénévoles pour leur investissement et leur aide qui nous ont permis de mener à bien cette campagne. 20 Alain Gagne Journée chantier sauvetage amphibiens 2016 Adrien Lambert 21

12 chronique ornitho nos illustrations Les voilà, ils sont de retour, les martinets noirs! le premier est aperçu le 22 mars. Les hirondelles sont un peu plus précoces : le 5 mars pour la première rustique, le 7 mars pour la première fenêtre et le 13 mars pour la première rivage. La huppe est vue le 11 mars, et le circaète jean-le-blanc le 10 mars à Saint-Egrève. Le milan noir est présent en Isère dès le 15 février et les grues passent fin février et début mars. Hirondelles des rivages Jean-Louis Le Moigne/LPO France Le retour des migrateurs! Cet hiver ne nous a pas apporté beaucoup de raretés nordiques dans les anatidés. Rien d étonnant lorsque l on considère la température moyenne de janvier-février supérieure de 3 à 4 C au températures habituelles. Avec le réchauffement climatique, les visites de nos chers nordistes seront peut-être de plus en plus rares. Mentionnons un harle piette femelle à la Véronnière, un grèbe jougris et une macreuse brune à Porcieu-Amblagnieu et quelques fuligules nyrocas ici et là. Gravelot à collier interrompu Alain Gagne Les effectifs lors du comptage Wetlands sont certainement les plus faibles de mémoire d isérois. Nous compterons jusqu à cinq goélands pontiques ensemble au marais de l Echaillon. Parmi les hivernants, 43 moineau soulcies sont présents à la mangeoire à Mens. Quatre cisticoles des joncs ont hiverné au Moironds près du barrage de Saint-Egrève. Deu hibou des marais sont mentionnés à Marcilloles et Mens. Les pics mars sont actifs dans le secteur de Brangues, accompagnés d une marouette ponctuée observée lors d une sortie pics! Une seconde marouette ponctuée est vue à l étang du Fay. Ajoutons le passage de rémiz au gravières du Drac et sur les étangs Bougie et de la Serre, des bécassines sourdes qui se laissent presque marcher dessus et récemment un gravelot à collier interrompu sur les rives du Rhône. Le tableau ne serait pas complet sans mentionner les observations de Chèvre Noire, le hot spot isérois concentrant pie-grièche grise, bergeronnettes des Balkans et flavéole, sterne hansel, échasse blanche, bécassine sourde, pluvier doré, combattant varié et alouette calandrelle. Plusieurs contacts avec la chevêchette d Europe et la chouette de Tengmalm sont établis en montagne. Un busard pâle est aperçu brièvement longeant le balcon est du Granier tandis que Nicolas Biron assiste à la capture de sa proie par un aigle de Bonelli à Thodure le 1 er avril (et ce n est pas un poisson!). Fabrice Bassompierre vous invite le samedi 21 mai au 5 ème Rallye Ornitho en Isle Crémieu (cf. page 4). Il s agit de parcourir le territoire en équipes et à son rythme et de noter toutes les espèces vues ou entendues dans une ambiance conviviale. Avis au amateurs! Serge Risser Illustration : Fanny Le Bagousse Construisez l avenir! Leguez à la lpo Isère Vous êtes sensible à la protection des oiseau, de la nature et du vivant Vous souhaitez agir sur le long terme et contribuer à un meilleur avenir pour notre planète. Alors pensez au legs! Léguer, c est s inscrire dans la durée, dans un temps qui dépasse nos propres vies. Et vous savez que certaines causes nécessitent des efforts inlassables. Léguer à la LPO Isère, c est manifester votre volonté de soutenir une cause que vous avez défendue de votre vivant et que vous souhaitez prolonger. Par ce geste généreu, vous inscrirez durablement vos convictions en permettant la mise en œuvre d actions soutenues en faveur de la biodiversité et pour le bien-être des générations futures. Vous pouvez faire de la LPO le légataire de tout ou partie de vos biens. Reconnue d utilité publique, la LPO France est habilitée à recevoir tout legs : capital, assurance-vie, terrain ou immeuble, en eonération totale des frais de succession. Vous pouvez également soutenir la LPO dès maintenant, par un don à la mesure de vos moyens. Pour tout renseignement, contactez Jean Deschâtres, administrateur référent legs de la LPO Isère au ou par courriel : legs.isere@lpo.fr 22 Géraldine Le Duc 23