Espace Naturel Sensible de la Vallée en Barret

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1 Espace Naturel Sensible de la Vallée en Barret Suivi des lépidoptères rhopalocères (papillons de jour) Année 2013 Septembre 2013

2 PREAMBULE Dans le cadre de la mise en place des actions prévues au dernier plan de gestion de l ENS de la Vallée en Barret (commune de Brignais, Chaponost et Soucieu-en-Jarrest), la Communauté de Communes de la Vallée du Garon (CCVG), maitre d ouvrage des actions de préservation et de mise en valeur menées sur l ENS, a décidé de mener en 2013 le suivi des populations de papillons et notamment de celle du Cuivré des marais, espèce protégée, emblématique des zones humides. Cette espèce n a pas été revue dans l ENS depuis 2005 dans le secteur de Fontanille. Les zones humides du site sont favorables au développement de l espèce et le suivi mis en place a pour but d améliorer les connaissances des populations présentes et d appréhender leur état de conservation. Des préconisations de gestion pourront être proposées et mises en place dans le but de maintenir cette espèce à forte valeur patrimoniale au sein de l ENS, notamment en partenariat avec le monde agricole. Auteurs L étude a été conduite par Latitude uep Section Biodiversité, pour le compte de la CCVG : Inventaires faunistiques : Olivier Montavon et Marc-Antoine Colleu (Stagiaire Licence professionnelle MINA) Rédaction et SIG: Olivier Montavon Cartographie : Florence Bignon Contrôle qualité, validation : David MULA 1

3 SOMMAIRE 1 - Contexte de l étude des papillons de l ENS Suivi des papillons des zones humides Méthodologie Résultats Le Cuivré des marais Les populations de l ENS Fonctionnalités Éléments de conservation Annexes

4 1 - Contexte de l étude des papillons de l ENS L ENS de la Vallée en Barret présente des habitats naturels diversifiés, favorables à une diversité importante des espèces d insectes. Les milieux naturels du site étant principalement des milieux ouverts, les communautés de papillons trouvent des habitats favorables à leur reproduction et à leur alimentation par la diversité des cortèges floristiques présents. La compilation des données d inventaire montre que 43 espèces de papillons de jour occupent l ENS. Parmi-elles, le Cuivré des marais, espèce protégée en France et inscrite à l annexe II de la Directive Habitats-Faune-Flore a été recensée au niveau des prairies humides du vallon de Fontanille sur la commune de Soucieuen-Jarrest. Il s agit du principal enjeu écologique concernant les papillons du site de par les statuts règlementaires et patrimoniaux de l espèce. L espèce est en effet considérée comme «vulnérable» selon la Liste Rouge Nationale des insectes menacés, et son déclin est avéré en Rhône- Alpes selon la Liste Rouge régionale. Un maximum de 8 individus a été observé en 2002 au niveau du Vallon de Fontanille, puis un seul individu observé en 2003 et L espèce n a donc pas été revue dans ce secteur depuis presque 10 ans. La fiche ZNIEFF de 2007 concernant le secteur humide des Ramières fait également état de la présence de l espèce. L étude d impact concernant la déviation de la RD 50 à Chaponost montre également que l espèce est présente dans le secteur en Ainsi, le dernier plan de gestion de l ENS ( 2013) préconise de suivre l évolution des communautés de papillons en attachant un intérêt particulier aux secteurs de prairies humides. Le principal objectif de ce suivi est donc de savoir si le Cuivré des marais occupe toujours l ENS et auquel cas, approfondir les connaissances sur les populations présentes. Plateau des Ramières Secteur de présence du Cuivré des marais dans l ENS Vallon du Fontanille Cuivré des marais Prairie humide du vallon de Fontanille 3

5 2 - Suivi des papillons des zones humides Méthodologie Dans le cadre de la recherche du Cuivré des marais, les prospections ont été dirigées sur les deux principaux secteurs de prairies humides de l ENS : le Vallon du Fontanille en partie Ouest, secteur historique de présence de l espèce ; le plateau des Ramières au Nord, concerné par plusieurs prairies humides de qualité. Des transects ont été définis sur ces deux secteurs afin de pouvoir reconduire les inventaires pour un suivi pluriannuel. En tout, 26 transects ont été définis, 14 dans le secteur de Fontanille et 12 dans le secteur des Ramières. Pour chaque transect parcouru, les espèces présentes ainsi que le nombre d individus ont été notés. Certaines espèces ont été déterminées en vol ou posées, d autres ont fait l objet de captures temporaires au filet à papillon pour leur identification. Ces espèces ont été déterminées soit directement dans la poche du filet, soit dans une pochette plastique transparente ; les individus capturés étant relâchés sur place après identification. Trois passages (dont deux réalisés par deux personnes) ont été effectués les 14 et 21 juin et le 6 septembre 2013 autour des pic d activité du Cuivré des marais pour les deux générations. Les passages du 14 juin et du 6 septembre se sont déroulés dans de bonnes conditions météorologiques (temps clair, température supérieure à 20 C, vent faible à nul). Le passage du 21 juin s est déroulé dans de bonnes conditions le matin, le temps s est ensuite dégradé (couverture nuageuse et rafales de vent). 4

6 2.2 - Résultats Peu d espèces ont été recensées dans les deux secteurs de prairies humides prospectés. Au total, 26 espèces ont été observées, dont le Cuivré des marais, présent dans les deux secteurs. Les autres espèces sont communes et largement réparties et peu d entre elles sont spécialistes des zones humides. À part le Cuivré des marais, seules deux espèces ont des préférences pour les milieux à tendance humides : le Demi-argus et la Piéride du navet dont seulement 5 et 1 individu ont été comptabilisés respectivement. La Mélitée des scabieuses, la Mélitée orangée, le Myrtil, le Procris, la Piéride du chou et l Azuré commun sont les espèces les plus fréquemment recensées. Ces espèces sont communes, mais témoignent d une certaine qualité floristique des prairies fréquentées puisque le caractère florifère du milieu détermine la présence de la majorité de ces espèces. La richesse spécifique est plus importante dans le secteur des Ramières avec le recensement de 22 des 26 espèces observées et avec un maximum de 9 espèces recensées pour le même transect (n 1, 8, 10 et 26). Ceci est probablement dû à la richesse végétale plus importante aux Ramières que dans le secteur de Fontanille où le pâturage est plus important. La majorité des prairies prospectées dans le secteur des Ramières est en effet concernée par une gestion en fauche qui favorise un cortège de plantes plus diversifié favorable à une plus grande diversité des papillons de jour (diversité des plantes hôtes et des plantes nectarifères). La gestion en fauche, lorsqu elle est tardive, permet également aux papillons de profiter des plantes nécessaires à leur développement durant toute la bonne saison. À titre de comparaison, le secteur de Fontanille est concerné par 19 des 26 espèces recensées, mais plusieurs espèces uniquement présentes dans le secteur sont strictement liées aux orties, espèce témoin d une teneur en nitrate importante des sols (bovins). Ces résultats ne reflètent probablement pas le potentiel des prairies humides prospectées pour les communautés de papillons de jour. La météo particulière (très pluvieuse) du printemps 2013 est probablement la cause d une faible diversité et des faibles effectifs recensés. Les températures basses et les fortes précipitations peuvent en effet impacter le développement des papillons. En Rhône-Alpes il est courant d inventorier 35 à 40 espèces dans les secteurs de prairies. Demi-argus Mélitée orangée 5

7 Espèces recensées Famille et Nom vernaculaire Nom latin Plantes hôtes Habitats fréquentés Fontanille Ramières Nymphalinae Le Vulcain Vanessa atalanta Urticaceae : Urtica dioica, U. urens, Parietaria officinalis Milieux ouverts, lisières et bois clairs jusqu à 2000 m. La Mélitée orangée La Mélitée du mélampyre Melitaea didyma Melitaea athalia Linaria vulgaris, L.alpina, Antirrhinum brevifolium, A.orontium, Plantago subulata, P.amplexicaulis, Veronica Teucrium. Melampyrum pratense, M.arvense, Plantago lanceolata, Veronica arvensis, V.teucrium, V.chamaedrys, Linaria repens. Habitats variés. Lieux secs et fleuris, clairières et éclaircies de broussailles, prairies, vallons secs rocheux, friches et bordures de cultures. Jusqu'à 2300 m. Lisières, bois clairs, clairières, prairies bocagères et pelouses sèches. Jusqu'à 2000 m. La Mélitée des scabieuses Melitaea parthenoides Plantago lanceolata Prairies fleuries. Jusqu'à 2000 m. La Mélitée du plantain La Mélitée des centaurées Melitaea cinxia Melitaea phoebe Plantaginaceae: Plantago lanceolata, P.-major, P. media, Veronica Teucrium, V. spicata Centaurea jacea, C.montana, C.gracea, C.scabiosa, C.nigrecens, C.alba, C.columbaria. La Carte géographique Araschnia levana Urtica dioica La Petite violette Clossiana dia Viola odorata, V.hirta, V.canina, V.reichenbachiana, V.tricolor Le Grand mars changeant Apatura iris Salix caprea, S. aurita, Populus nigra La Belle Dame Vanessa cardui Echinops ritro, Carlina acanthifolia, Cirsium arvense, Cynara scolymus, Helichrysum stoechas, Logfia gallica, Malva sylvestris, Echium vulgare, Borago officinalis, Plantago lanceolata Prairies maigres, pelouses, friches et talus jusqu à 2400 m. Variés, lieux herbus, secs fleuris et découverts, souvent parmi les broussailles ou les bois clairs. Jusqu'à 2000 m. Lisières, mégaphorbiaies et bois clairs, le plus souvent en stations humides. Les mâles s'éloignent parfois pour monter vers les coteaux plus secs et chauds. Jusqu'à 1200 m. Clairières fleuries et herbues buissonneuses, sèches ou humides, en forêt claire ou mature. Jusqu à 1500 m. Lisières et clairières de forêt, surtout vieilles hêtraies, berges des étangs et forêt alluviales. Jusqu'à 2000 m. Milieux ouverts jusqu'à 2500 m. Lycaenidae Le Cuivré des marais Lycaena dispar Rumex crispus, R.conglomératus, R.obtusifolius, R.aquaticus, R.hydrolapathum, R.pulcher, R.acetosa Prairies humides ou inondables, marécages en plaine et à basse altitude, jusqu à 400m. Il se reproduit également le long des fossés ou dans des friches agricoles ou industrielles. Parfois en ville. Le Cuivré commun L'Argus bleu Lycaena phlaeas Polyommatus icarus Polygonaceae : Rumex acetosa, R. acetosella, R. bucephalophorus, R. pulcher.. Fabaceae : Lotus corniculatus, L. pedunculatus, Medicago minima, M. sativa. Le Demi-argus Cyaniris semiargus Trifolium pratense, T.repens, Anthyllis montana Milieux ouverts de toutes sortes jusqu à 2300 m. Milieux ouverts de toutes sortes jusqu à 2000 m. Terrains herbus fleuris (trèfles), souvent humides, prairies de fauche, broussailles, clairières. Jusqu'à 2200 m. 6

8 Famille et Nom vernaculaire Nom latin Plantes hôtes Habitats fréquentés Fontanille Ramières Hesperiidae L'Hespérie du carthame Pyrgus carthami Potentilla hirta, P.tabernaemontani,P.arenaria. La Sylvaine Ochlodes venatus Poacées : Poa compressa, P. nemoralis, Brachypodium pinatum, Dactylis glomeratamolinia caerulea. Prairies maigres et pelouses rases, lisières ensoleillées, de préférence en station chaude. Jusqu'à 2300m Haies, lisières et prairies bocagères jusqu'à 2500 m. Satyrinae Le Demi-deuil Melanargia galathea Festuca ovina, Brachypodium pinnatum, Holcus lanatus... Prairies maigres et pelouses jusqu à 1800m. Le Myrtil Maniola jurtina Festuca ovina, F. rubra, Poa trivialis Prairies, talus herbeux et bois clairs jusqu à 1600m. L'Amaryllis Pyronia tithonus Phleum pratense, Poa annua, p.nemoralis, Elytrigia repens, Agrostis capillaris, Festuca ovina, Lolium perenne, Dactylis glomerata, Milium effusum... Lieux herbus fleuris et buissonneux, variablement humides, à proximité de bois de feuillus ou de pins, jusqu'à 1700 m. Le Procris Coenonympha pamphilus Poa annua, Cynosurus cristatus Prairies, friches et bois clairs jusqu à 2100m. La Mégère Lasiommata megera Festuca ovina, Brachypodium phoenicoides, B.retusum, Poa bulbosa, P. pratensis. Milieux ouverts et lisières ensoleillées, avec une préférence pour les lieux rocailleux et secs. L'espèce vole à basse altitude, mais atteint localement 1700 m. Le Tircis Pararge aegeria Poa annua, P.bulbosa, P.pratensis Bois, lisières, parcs urbains arborés, jusqu à 1500 m. Pieridae Le Souci Colias croceum Nombreux genres et espèce de Fabaceae: Medicago sativa, M.marina, Lotus corniculatus, Trifolium pratense, T.repens, Dorycnium pentaphyllum, Hippocrepis comosa, H.glauca, Anthyllis gerardi Habitats ouverts variés. Plus commun dans les lieux chauds fleuris, friches et jachères. Jusqu'à 2800m. La Piéride du navet Pieris napi Brassicaceae :Cardamine pratensis, C.amara, C.palustris, Nasturtium officinale, Lepidium campestre, Lunaria rediviva, Alliaria petiolata Lieux humides herbus et fleuris un peu ombragés, lisières, haies, prés, vallées boisées, ripisylves, fuyant généralement les milieux secs. Jusqu'à 1800m. La Piéride du chou Pieris brassicae Rorippa sylvestris, Lepidium campestre, L. graminifolium, L. virginicum Potager, jardins et prairies jusqu à 2000m. La Piéride de la rave Pieris rapae B. napus, Sinapis arvensis, Eruca vesicaria, Rorippa sylvestris Cultures, friches agricoles jusqu'à 3000m. 7

9 Tircis Vulcain Petite violette Cuivré commun Demi-deuil Argus bleu Mélitée du plantain Belle dame Procris Photos : 8

10 3 - Le Cuivré des marais Le Cuivré des marais (Lycaena dispar) est un papillon de jour inféodé aux milieux humides. Il s agit d un papillon de taille moyenne (aile antérieure de 15 à 20 mm) caractérisé par un important dimorphisme sexuel (différences morphologiques entre le mâle et la femelle). Le dessus du mâle est uniformément orange vif, avec une marge sombre étroite qui borde les ailes antérieures et postérieures. La ponctuation noire très marquée, ainsi que la bande submarginale orange sont typiques de l espèce. Le dessus de la femelle présente la même coloration générale orangée, mais avec une large plage sombre marquée de nervures orangées aux ailes postérieures, et une forte ponctuation noire aux ailes antérieures. L espèce utilise les oseilles sauvages (Rumex ssp.) de milieux humides pour pondre ses œufs et comme plante hôte des chenilles. La présence d Oseilles est donc déterminante pour la reproduction et le développement larvaire du Cuivré des marais. Une fois la métamorphose terminée, les imagos (adultes) se nourrissent du nectar des fleurs de plusieurs plantes souvent liées aux zones humides. Il s agit principalement des Menthes, Renoncules, Œnanthes, Pulicaires et quelques Fabacées, Lythracées, Apiacées, Brassicacées ou Asteracées comme le Cirse des marais (Cirsium palustre). La présence de ces plantes nectarifères est également déterminante au développement d une population de Cuivré des marais. Le Cuivré des marais utilise également pour son alimentation des plantes plus communes sans spécificité particulière pour les milieux humides. Il s agit d une espèce bi-volitine caractérisée par l émergence de deux générations de papillons dans l année. La première génération émerge autour du 10 juin et la seconde autour du 15 aout. Mois jan fev mar avr mai juin jui aou sep oct nov dec Adulte Œuf Chenille en activité Chenille en diapause Chrysalide Phénologie du Cuivré des marais en France Les populations françaises de Cuivré des marais sont en régression. Elles sont généralement très localisées, et présentent de faibles effectifs, notamment en raison de la raréfaction des zones humides liée à l intensification de l agriculture et à l aménagement du territoire. L espèce fonctionne en métapopulations (grande population représentée par de petits ilots dispersés) et l importance d interrelations entre populations a été démontrée pour la survie de l espèce. Le Cuivré des marais est présent dans les zones à forte densité de prairies humides et le maintien d une densité minimale de ces milieux semble indispensable à la pérennité des métapopulations. Espèce emblématique, car souvent indicatrice des zones humides de qualité, il est protégé au niveau national et inscrit à l Annexe II de la Directive «Habitats». Cette espèce occupe aussi d autres formations prairiales, notamment pour son alimentation. L'habitat du cuivré des marais, comme entité nécessaire au bon déroulement des cycles biologiques de l'espèce, est également protégé par la loi française. Cuivré des marais mâle Cuivré des marais femelle L observation du déclin des populations et les menaces qui pèsent sur l espèce font que le Cuivré des marais est considérée comme «Vulnérable» à l échelle nationale 9

11 3.1 - Les populations de l ENS Le Vallon de Fontanille Le secteur est concerné par des prairies humides pâturées (bovins) dans la majorité de sa partie Sud, par deux prairies de fauche en partie centrale et à nouveau par une prairie pâturée au Nord, où la pression de pâturage semble importante. La dernière observation du Cuivré des marais dans ce secteur date de Les prospections établies au niveau du vallon du Fontanille ont permis l observation du Cuivré des marais pour 2 passages : un mâle a été observé le 14 juin dans une des 2 prairies de fauche en partie centrale (transect n 19) et une femelle a été observée le 21 juin dans une prairie pâturée juste au Sud des prairies de fauche (transect n 17). Peu d individus ont été observés, mais il semble que le vallon soit fonctionnel pour la reproduction, car la femelle observée le 21 juin semblait chercher à pondre. En effet, elle est restée plusieurs minutes dans la prairie en prospectant minutieusement chaque pied d oseille sauvage (plantes hôtes utilisées pour la ponte et pour l alimentation des chenilles). La ponte en elle-même n a pas été observée, mais la prairie semble convenir aux femelles de l espèce. En ce qui concerne le passage du 6 septembre, aucun individu de seconde génération n a été observé. Prairie du Fontanille utilisée par le Cuivré des marais Le Vallon du Fontanille est concerné par des effectifs faibles en 2013 (seulement 2 individus de première génération). Toutefois, l observation d une femelle en recherche de site de ponte prouve que ce secteur est fonctionnel et important pour la reproduction de l espèce. Cuivré des marais observé au Fontanille 10

12 ENS de la Vallée en Barret 11

13 Le plateau des Ramières Le secteur est concerné par plusieurs prairies humides de fauche. Seules 2 prairies en partie Nord étaient concernées par une gestion en pâturage bovin. La dernière observation de l espèce dans ce secteur date de 2012 (étude d impact de la déviation de la RD 50). Auparavant, seules les données d inventaire des ZNIEFF (2007) faisaient état de la présence de l espèce dans le secteur. Les prospections établies au niveau du plateau des Ramières ont permis l observation du Cuivré des marais pour le premier passage du 14 juin et pour le dernier du 6 septembre. Un total de 6 mâles (5 de première génération et un de seconde génération) a été recensé dans 3 prairies de fauche en partie Nord du secteur (transect n 2, 3,7 et 26). L absence d observation pour le second passage du 26 juin est probablement due aux conditions météorologiques qui se sont dégradées dans le cours de la journée. Les rafales de vent de l après-midi ont probablement poussé les individus à se réfugier dans les parties basses de la végétation dense, limitant leur observation. Toutefois, l observation d un plus grand nombre d individus aux Ramières pour le passage du 14 juin montre que le secteur est très favorable à l espèce. En effet, d un point de vue phytosociologique (dénomination des habitats naturels), les prairies humides des Ramières sont des prairies à Jonc acutiflore, souvent utilisées par l espèce dans la région. En effet, des études de l habitat de l espèce (Observatoire des milieux humides écologiquement remarquables de Brévenne-Turdine, 2010 ; Approche phytosociologique de l habitat du Cuivré des marais,, Zone humide info n 75, 2013) montre que deux tendances se distinguent au niveau de la végétation des prairies occupées par le Cuivré des marais: certaines sont caractérisées par un cortège prairial et d autres par un cortège lié aux marais. Ainsi les prairies d affinité marécageuses font partie de l alliance du Juncion acutiflori Braun-Blanquet in Braun-Blanquet, Emberger & Molinier Les prairies humides du plateau des Ramières faisant partie du Juncion acutiflori (cartographie des habitats naturels du plan de gestion 2013 de l ENS), l espèce trouve ici un habitat favorable à son développement. De plus, la gestion en fauche tardive permet à l espèce de profiter sur le long terme du cortège riche des plantes nectarifères de cet habitat. Le secteur des Ramières semble donc plus fonctionnel pour l espèce que celui du Fontanille. Prairie des Ramières utilisée par le Cuivré des marais Cuivré des marais observé aux Ramières 12

14 ENS de la Vallée en Barret 13

15 3.2 - Fonctionnalités Le Cuivré des marais fonctionnant en métapopulation, il est probable que des échanges existent entre le secteur des Ramières et celui du Fontanille. De plus l absence de prairie humide de qualité entre ces deux secteurs laisse supposer qu il s agit des deux seuls secteurs de l ENS pouvant accueillir l espèce et permettant des échanges entre ilots de population. À une échelle plus large le Cuivré des marais est également présent au niveau du Val d Yzeron, des bassins versants de la Brévenne et de la Turdine et du plateau Mornantais. Le site de la vallée en Barret est donc un site important pour la dynamique des populations de Cuivré des marais à l échelle locale, les individus, notamment de deuxième génération, pouvant parcourir plusieurs kilomètres pour établir de nouvelles populations ou renforcer celles déjà implantées Éléments de conservation Les mesures de conservation favorables au Cuivré des marais consistent en l'amélioration de l'hydromorphie de prairies humides et dans le maintien des milieux ouverts dans les zones humides où il est présent, que ce soit par la fauche des prairies (une fauche annuelle) ou par un pâturage extensif. Les herbivores domestiques les mieux adaptés pour entretenir les milieux abritant ce papillon sont les chevaux. En effet, ils ont la particularité de laisser de nombreuses plantes à fleurs appréciées par les imagos (adultes) telles que les Renoncules ou les Menthes et de ne pas consommer les Oseilles sauvages qui sont les plantes hôtes de sa chenille. Toutefois, un pâturage bovin extensif peut convenir à l espèce car les oseilles sauvages ne sont pas consommées. Un passage au pâturage équin au niveau des prairies pâturées du Fontanille ne semble pas envisageable. La conservation de la mosaïque de prairies pâturées et prairies fauchées doit être maintenue dans le secteur et la zone de dépôt ne doit pas s étendre en partie centrale. La date de fauche pourra toutefois être plus tardive au Fontanille. En effet, les prairies ont été fauchées le 21 juin en 2013 (juste après les prospections), au niveau du pic d activité de l espèce. Un décalage dans la date de fauche permettrait au Cuivré des marais de trouver des ressources alimentaires sur le plus long terme dans ce secteur. Une fauche hivernale des secteurs humide est la meilleure solution. Un meilleur équilibre de la pression de pâturage pourrait également favoriser l espèce. En juin 2013, les prairies en partie Sud étaient concernées par une pression de pâturage faible tandis que celles situées en partie centrale étaient surpâturées, laissant peu de ressources à l espèce. L abandon du pâturage sur les parcelles les plus intéressantes pourrait également favoriser l espèce. Les conditions d humidité du secteur pourraient également être améliorées par le rehaussement du rau de Fontanille qui traverse les prairies du Sud au Nord. La surface des habitats humides serait alors augmentées et le secteur deviendrait plus favorable au Cuivré des marais. Les conditions de faisabilité pourront être étudiées. Au niveau du plateau des Ramières, la surface importante de prairies humides de qualité et les modes de gestion semblent convenir à l espèce. La plus forte densité d individus témoigne de conditions favorables au développement d un ilot de population. Aucune mesure particulière ne semble indispensable ici. Toutefois, une amélioration des conditions d hydromorphie des prairies drainées en partie Sud permettrait de recréer des habitats humides favorables. Comme pour le secteur du Fontanille, le comblement (total ou partiel) des drains permettrait de rétablir l humidité de certaines prairies et permettrait ainsi d augmenter sensiblement la surface d habitat favorable au Cuivré des marais. Enfin, les échanges entre îlots de population étant importants dans le maintien de l espèce, les fonctionnalités pour le transit de l espèce entre le secteur du Fontanille et celui des Ramières pourront être étudiées plus en détails afin d identifier les secteurs nécessitant une gestion particulière (création de micro zones humides, fauche hivernale de certains fossés, plantation de haies ). Un suivi régulier de ces deux secteurs doit être conduit afin d identifier d éventuels dysfonctionnements dans la population de Cuivré des marais de l ENS. Si des mesures de gestion particulière ou d aménagement des prairies sont envisageables, ces suivis permettront de juger de leur efficacité. 14

16 4 - Annexes Résultats des campagnes d inventaires Secteur des Ramières Transects : 14/06/ /06/ /09/2013 Espèce Amaryllis 2 2 Azuré commun Belle dame 1 2 Cuivré des marais 1 M 1 M M Cuivré commun 1 Demi argus 1 1 Demi deuil 1 Grand mars changeant 1 Hespérie du carthame 5 Mégère 1 Mélitée des mélampyres Mélitée des scabieuses Mélitée orangée Mélitée du plantain 3 1 Mélitée des centaurées Myrtil Piéride du chou Piéride rave 1 1 Procris Souci Sylvaine 1 Tircis 1 Effectifs Richesses spécifique M 1 M hors transect

17 Secteur de Fontanille Transects : 14/06/ /06/ /09/2013 Espèce Azuré commun Carte géographique 1 Cuivré commun 1 Cuivré des marais 1 F 1 M Demi argus Mélitée des mélampyres Mélitée des scabieuses Mélitée orangée 1 1 Mélitée des centaurées Myrtil Petite violette 1 Piéride du chou Piéride du navet 1 Piéride de la rave Procris Souci Sylvaine 1 1 Tircis Vulcain 1 1 Effectifs Richesse