Définition d une zone propice à l installation d une ferme hydrolienne pilote dans le Fromveur

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1 Définition d une zone propice à l installation d une ferme hydrolienne pilote dans le Fromveur 1 La commande gouvernementale Dans le cadre de la conférence environnementale de septembre 2012, le gouvernement a annoncé le lancement par l ADEME en 2013 d un appel à manifestation d intérêt concernant des projets de fermes hydroliennes pilotes. En préalable, la ministre de l écologie, du développement durable et de l énergie a demandé aux préfets de réaliser un travail de concertation afin d identifier en lien avec les différentes acteurs et usagers de la mer concernés des zones propices au développement de fermes hydroliennes pilotes et les conditions dans lesquelles ces installations peuvent être raccordées au réseau électrique terrestre. Ces zones propices, d une surface de 2 ou 3 km2, doivent être situées au sein de «macrozones» pré-identifiées par la direction générale de l énergie et du climat. Le raccordement doit privilégier des lieux d atterrage situés hors espaces remarquables au titre de la loi littoral tout en limitant la distance à la côte pour éviter des coûts trop importants. La direction générale de l énergie et du climat a indiqué par ailleurs que la puissance de ces fermes pilotes se situait entre 5 et 15 MW. De telles installations ne nécessitent aucune sous-station en mer. Le résultat de ces travaux est attendu pour tout début juin La proposition issue des travaux du GT EMR Les réflexions ont été conduites au sein du groupe de travail dédié (GT EMR) constitué sous l égide de la conférence régionale de la mer et du littoral avec pour objectif de définir les conditions propices au développement des énergies marines renouvelables au large de la Bretagne. Cette notion de condition propice ne se réduit pas à l évaluation d un potentiel technicoéconomique : elle prend en compte également les conditions d acceptabilité de futurs projets vis-à-vis notamment des enjeux environnementaux et des autres usages. Ce groupe est constitué de l ensemble des parties prenantes : services de l Etat, établissements publics, collectivités territoriales, représentants des pêcheurs professionnels, des industriels, personnes qualifiées, milieux associatifs Les services du PNMI en particulier participent aux travaux de ce groupe. 3.1 La localisation Depuis plusieurs mois déjà, une zone a été définie dans le Fromveur au sein du Parc Naturel Marin d Iroise (PNMI). Peu fréquentée par les pêcheurs, elle présente des enjeux considérés par les services du PNMI comme modérés sur le plan environnemental dans la mesure où aucune espèce remarquable n y a été identifiée hormis en zone côtière où la question de l implantation d hydrolienne ne se pose pas. Cette zone a également recueilli l accord des milieux industriels. 1/5

2 S agissant d une ferme pilote, il est peu probable que le régime hydrodynamique du secteur soit significativement perturbé. Dans ces conditions, le transport sédimentaire ne devrait pas être modifié. En particulier, à cette échelle, le risque d une sédimentation dans le Fromveur à cause d une diminution des courants imputables aux hydroliennes est faible. De même, il ne devrait pas y avoir d évolution sensible du fonctionnement hydrosédimentaire du banc du Four ou du haut-fond d Ouessant situés aux extrémités du passage et qui présentent un grand intérêt pour la faune. En revanche, l installation puis le suivi d une ferme pilote doivent permettre de mieux évaluer ce type d impact dans la perspective d une éventuelle installation industrielle. Concernant la sécurité maritime, le trafic est modéré mais le passage du Fromveur est notamment fréquenté par des ferries. C est pourquoi, les technologies retenues devront garantir le maintien d un brassiage (hauteur d eau au-dessus des machines) suffisant pour permettre le trafic en toute condition de mer. La réalisation d une ferme pilote devra également être mise à profit pour étudier la question des opérations de maintenance. Enfin la «macro-zone» pré identifiée par le ministère a soulevé des interrogations car les critères qui ont conduit à sa détermination n ont pas été communiqués. Néanmoins, cette zone comprend une large intersection avec celle définie localement ce qui permet de s affranchir de la difficulté. 2/5

3 3.2 Le raccordement Le raccordement constitue un enjeu majeur. Deux options sont envisageables : un raccordement au continent ou à Ouessant Raccordement au continent Le tracé du câble appelle une attention toute particulière liée à la préservation de l environnement et à la pêche. En effet, dans les fonds meubles, les câbles sont ensouillés ce qui permet de maintenir l utilisation des arts traînants si l épaisseur de la couche sédimentaire est suffisante et si les fonds sont stables. Les impacts de la pose sont en général limités : augmentation locale de la turbidité durant les travaux et remaniement des matériaux. Néanmoins ces impacts peuvent être sensibles sur des milieux peu résilients tels que le maërl ou encore les herbiers de zostères. Le passage dans de telles zones doit être évité dans la mesure du possible. Sur les fonds durs, il peut être impossible d ensouiller le câble qui est alors protégé par des matelas en béton ou des enrochements. Le dragage, le chalutage et le mouillage y sont alors interdits. En général, seuls les arts dormants y sont pratiqués ainsi que la récolte des algues. Sur le plan environnemental, le milieu peut présenter une sensibilité particulière. Concernant l atterrage, différents lieux potentiels situés sur la côte Nord du Finistère hors espaces remarquables ont été identifiés par RTE. Le raccordement doit ensuite rejoindre un poste situé à Saint-Renan. Au total le raccordement est constitué de 20 km de câble privé en mer puis 10 km à terre jusqu à Saint-Renan ce qui est considérable (20 à 30 M selon ERDF). 3/5

4 A l échelle d un projet de ferme pilote, le coût d un tel raccordement, entièrement à la charge du porteur de projet, est extrêmement pénalisant. L idée d un précâblage industriel (en vue d une future installation de 200 MW par exemple) paraît également hypothétique dans la mesure où, en l absence d appel d offres, aucun maître d ouvrage industriel n est identifié à l heure actuelle par RTE. En outre le passage à l étape industrielle suppose la validation de l étape «ferme pilote» et dans le cas du Fromveur anticipe un avis favorable du conseil de gestion du PNMI Raccordement à Ouessant Le raccordement d une ferme pilote à Ouessant serait court. De plus un tel projet présente un réel intérêt sur le plan de l alimentation électrique. Pour autant les contraintes réglementaires, espaces remarquables en particulier, qui pèsent sur Ouessant compliquent singulièrement la réalisation d un tel projet (câble privé et poste de raccordement). De plus, la réglementation actuelle limite la puissance en énergie renouvelable raccordable à 30% de la puissance active soit 0,5 MW. Cette limitation trouve son origine dans les contraintes engendrées par le développement de l éolien et du photovoltaïque dans les territoires ultra marins où les variations de production peuvent être brutales (nuages, mise en sécurité des éoliennes en cas de coup de vent) avec de réels risques de black-out. Or l énergie hydrolienne est prédictible ce qui permet de limiter ce risque. De plus associée à une capacité de stockage, une puissance maximale de 5 MW pourrait être envisagée d après les études conduites par Sabella et ERDF: le recours aux groupes diesel n aurait alors lieu qu en morte eau. Toute l énergie produite ne pourrait néanmoins pas être injectée sur le réseau et le porteur de projet devrait donc prévoir des pertes d exploitation. La solution d un raccordement d une ferme pilote à Ouessant est donc envisageable sous un certain nombre de conditions de nature réglementaire et pour une puissance correspondant à la valeur minimale annoncée par le ministère (5 MW). Elle constitue cependant une expérimentation intéressante avec un réel projet d alimentation électrique. Toutefois la fiabilité de l alimentation électrique de l île doit être garantie. Enfin, la solution d un raccordement mixte d une ferme pilote à la fois vers le continent et vers Ouessant n est techniquement pas envisageable. Conclusion : Le développement de l hydrolien en France nécessite le franchissement de 3 étapes : - le test de prototype à l échelle 1sur des sites d essais de type Paimpol Bréhat ; - la validation précommerciale sur des fermes pilotes de 6 à 10 machines, objet de la commande ministérielle et de l appel à manifestation d intérêt à venir de l ADEME ; - la réalisation de fermes industrielles au large de nos côtes, «vitrine technologique» en vue d un développement à l export. Ces étapes ont pour objectifs aussi bien de valider l efficacité et la fiabilité des technologies que d en évaluer les impacts sur le milieu naturel et les usages. Pour investir, les industriels ont besoin d une visibilité sur ces trois phases : on ne finance pas le développement d une hydrolienne sans perspective de développement industriel. Les principales zones à fort courant se trouvent au large de la Normandie. Néanmoins, le Fromveur présente un potentiel intéressant même s il est limité en surface. 4/5

5 Les précédentes phases de planification ont montré qu au-delà des critères techniques, l acceptabilité constituait l un des points clés de la prise en compte des projets par le gouvernement. C est la raison pour laquelle, les préfets ont souhaité recueillir l avis du PNMI (avis simple favorable), de la conférence régionale de la mer et du littoral puis du conseil maritime de façade préalablement à toute instruction réglementaire. A cet égard, le secteur est pénalisé par la longueur du raccordement au continent qui va peser sur les possibilités de financement d un tel projet. Dans l hypothèse d un raccordement à Ouessant, la puissance d une ferme pilote sera limitée à 5 MW et des dérogations au titre de l expérimentation (limitation des 30% en puissance et espaces remarquables) devront être obtenues tout en garantissant la fiabilité de l alimentation électrique de l île. Il est donc proposé de retenir : - une zone propice constituée de l intersection entre la zone définie localement et la macro-zone pré-identifiée par la direction générale de l énergie et du climat ; - et deux alternatives pour le raccordement, sur Ouessant ou sur le continent. 5/5