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1 SYSTÈME IMMUNITAIRE, INFLAMMATION, DÉPRESSION (et/ou anxiété) Le cerveau possède son propre système immunitaire, lequel est également en lien avec celui de l organisme. L activation du système immunitaire (par le stress, par un pathogène, par une maladie chronique) a des conséquences sur le cerveau : il augmente son inflammation. Ce schéma est extrait de la conférence de Lucille Capuron, que l on peut visionner en ligne : Il montre que le stress (flèches bleues) a le même effet sur le système immunitaire qu un pathogène (microbe), il entraîne la production de cytokines.

2 Les cytokines sont des molécules pro-inflammatoires, produites par le système immunitaire. Leur élévation est impliquée dans de nombreuses pathologies psychiatriques, comme le montre le schéma ci-après. Ces cytokines sont nécessaires à l action du système immunitaire. C est grâce à leur sécrétion que se met en place la défense de l organisme lors d une agression. Lorsque la survie est menacée par une blessure ou une infection, il est préférable de se mettre à l abri et de se reposer. C est probablement parce que l inflammation périphérique (celle du corps) se communique au cerveau qu elle entraîne ce «comportement de maladie». L inflammation du cerveau engendre en effet une baisse des neurotransmetteurs, la production de produits neurotoxiques, ce qui fatigue, diminue l envie d agir et peut même rendre triste.

3 L article ci-dessous est une interview de Lucille Capuron, qui explique les mécanismes de la dépression et de ses différents symptômes dans les pathologies inflammatoires : Pour résumer, l inflammation modifie l orientation des voies de synthèse enzymatique et favorise la synthèse de molécules pro-inflammatoires, au dépend des neurotransmetteurs. L enzyme IDO agit sur différentes voies de synthèse. L inflammation entraîne une stimulation préférentielle de la voie des kynurénines, qui a pour produit final l acide quinolinique neurotoxique. Cette stimulation se fait au dépend de la voie de synthèse de la sérotonine. L enzyme GTP-CH1 est également augmentée lors d un climat inflammatoire et elle entraîne une synthèse préférentielle de néopterine (une molécule nécessaire au système immunitaire), au dépend de la synthèse des neuromédiateurs sérotonine et dopamine. On voit aussi sur le schéma que l inflammation produit des radicaux libres (ROS) qui sont des dérivés réactifs de l oxygène. Ces ROS sont utiles dans la

4 lutte contre les pathogènes mais ils sont aussi potentiellement dangereux pour les cellules en place. L inflammation est le mécanisme par lequel l organisme lutte contre les pathogènes. La plupart du temps l inflammation est résolutive et s arrête lorsque le virus ou la bactérie est éliminé ou lorsque la plaie a cicatrisé. On constate cependant qu il existe souvent, de manière chronique, une inflammation de faible intensité. Elle est due à la présence de graisse abdominale, à la présence d infections chroniques, à la présence de maladies auto-immunes, à l âge et au stress. Ceci engendre une activation du système immunitaire, laquelle a des conséquences négatives sur le taux des neurotransmetteurs, augmente la production de produits neurotoxiques et a pour résultat des symptômes dépressifs.

5 Si les traitements antidépresseurs sont efficaces, c est qu ils ont une action sur les neurotransmetteurs, ainsi qu une action anti-inflammatoire sur le cerveau. Ils sont également efficaces sur les troubles anxieux, dont on connaît la comorbidité avec la dépression. L expression «un esprit sain dans un corps sain» trouve ici sa justification : la diminution de l inflammation de l organisme réduit le risque dépressif. Enfin, l origine de cette hyperactivité du système immunitaire trouve aussi sa source dans un environnement plus large, celui du monde microbien, comme l explique dans cette vidéo le père de «l hypothèse de l hygiène», le Pr Jean- François Bach : 71.html