Update. Diagnostic. Un cas de pancréatite aiguë chez un chat Notre cas clinique. Examen clinique. Hypothèses diagnostiques
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- Daniel Lafond
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1 Diagnostic Update janvier 09 Un cas de pancréatite aiguë chez un chat Notre cas clinique Dr vét. Patrick Lecoindre St Priest Signalement et motif de consultation Rasta est un chat de race Charteux de 3 ans de 4,5kg, stérilisé, correctement vermifugé et vacciné, référé en consultation de médecine interne pour l exploration de troubles digestifs récurrents dominés par des vomissements et l apparition récente d une diarrhée qui s est accompagnée d un amaigrissement. Anamnèse et commémoratifs Les premiers troubles digestifs sont apparus vers l âge de 1,5 an et étaient surtout caractérisés par des épisodes de vomissements et d anorexie. Un traitement symptomatique (pansements digestifs) et le passage à une alimentation hyperdigestible n ont pas permis d éviter les récidives de ces troubles digestifs. L apparition d une diarrhée de type intestin grêle, liquide et nauséabonde accompagnée d un amaigrissement, d une anorexie persistante et d un abattement, a inquiété le propriétaire et motivé cette consultation. Une analyse cytologique, et bactériologique des selles n a pas donné de résultats. Les tests FeLV, FIV, PIF, Toxoplasmose sont négatifs. Examen clinique L animal est affaibli, déshydraté (5%) mais modérément amaigri. Les muqueuses sont subictériques, la palpation abdominale n est pas douloureuse, mais révèle une certaine rigidité des anses intestinales et une adénopathie mésentérique. L auscultation cardio-respiratoire est normale. Une hyperthermie est également notée (39,8 C). L index d activité clinique (CIBDAI Jergens) est supérieur à 9 et confirme le caractère préoccupant du syndrome digestif. Hypothèses diagnostiques Les éléments symptomatiques majeurs sont donc : - Un syndrome digestif félin chronique associant vomissements, diarrhées et amaigrissement ; - Un subictère ; - Une hyperthermie. Les hypothèses retenues dans ce cadre clinique chez un jeune chat sont : - Une entéropathie chronique (MICI, allergie alimentaire, etc.) ; - Une hépatopathie ictérogène (cholangite, lipidose) ou une Obstruction des Voies Biliaires Extra hépatiques (OVBEH) ; - Une pancréatite. Examens complémentaires Un bilan hémato-biochimique est réalisé afin d explorer les différentes hypothèses, d éliminer les causes systémiques extradigestives et de préciser les répercussions métaboliques de la maladie. Une échographie abdominale est réalisée au cours de l examen clinique et une endoscopie digestive haute et basse est programmée dès que l animal sera en état de supporter une anesthésie (contrôle de la déshydratation et de l équilibre électrolytique). Analyse d urine L analyse d urine montre une densité de 1.035, l absence de protéinurie, mais confirme la présence de bilirubine (++). Bilan hémato-biochimique On retiendra de ce bilan une leucocytose avec neutrophilie non spécifique, une augmentation des gamma glutamyl transférases, des PAL et de la bilirubinémie confirmant une cholestase. La calcémie est anormalement basse.
2 Paramètres mesurés Valeurs Valeurs usuelles Urée (g/l) 0,73 0,34-0,76 Créatinine (mg/l) 11, ALAT (UI/L) PAL (UI/L) GGT (UI/L) Glucose (g/l) 0,95 0,74-1,59 Protéines totales (g/l) Albumine (g/l) Globuline (g/l) Amylase (U/L) Lipases (U/L) Cholestérol (g/l) 1,15 0,65-2,25 Bilirubine totale (mg/l) Calcium total (mg/l) Phosphore (mg/l) Potassium (meq/l) 3,2 3,8-5,2 diffus de l intestin grêle sans anomalies de l échostructure, bien que l on puisse retenir un épaississement non spécifique mais anormal de la couche hypoéchogène musculeuse. L échogénécité du pancréas est anormalement renforcée et hétérogène. La glande semble hypertrophiée. Le pancréas semble anormalement hypertrophié et présente une échogénicité renforcée Il n est pas observé d épanchement. La vésicule biliaire est dilatée mais son contenu semble homogène et les voies biliaires extrahépatiques ne sont pas dilatées. Tableau 1 : Biochimie sanguine (Valeurs usuelles du VetTest d IDEXX Les valeurs en gras sont en-dehors des valeurs usuelles.) Paramètres mesurés Valeurs Valeurs usuelles Hématocrite (%) 38, Hémoglobine (g/dl) 12, CCMH (g/dl) 31, ,9 Globules blancs 19,8 5-18,9 (x109/l) Granulocytes 16,8 2,5-12,5 % Granulocytes 85 Lymphocytes / 3 1,5-7,8 Monocytes (x109/l) % Lymphocytes / 17 Monocytes Plaquettes (x109/l) Tableau 2 : Numération et formule sanguines (Valeurs usuelles du QBC VET d IDEXX Les valeurs en gras sont en dehors des valeurs usuelles.) Imagerie médicale Une radiographie abdominale de profil ne montre pas d anomalies suspectes. L examen échographique abdominal a confirmé une hypertrophie des ganglions mésentériques sans anomalie suspecte de leur échostructure, un épaississement pariétal La vésicule billaire semble anormalement dilatée Le parenchyme hépatique ne montre pas d anomalies suspectes, absence de signes de cholestase intrahépatique. Une cholécystocentèse a été réalisée. La cytologie du prélèvement biliaire montre un nombre important de neutrophiles, mais la bile n est pas modifiée macroscopiquement. Une cytologie hépatique (ponctions à l aiguille fine 22G) a par ailleurs confirmé la présence d un infiltrat neutrophilique abondant, orientant le diagnostic vers une cholangite neutrophilique aiguë. Une légère vacuolisation des hépatocytes est également observée. Endoscopie digestive L examen a montré une augmentation de la granularité de la muqueuse duodénale avec quelques zones d érythème sans ulcération. Pas de lésion de la muqueuse gastrique, la muqueuse colique est d apparence également normale. Des biopsies étagées ont été réalisées. Echographie de l intesin grêle : épaississement pariétal diffus avec une couche musculeuse hypoéchogène anormalement épaissie Endoscopie de l intesin grêle : La musqueuse présente des zones d érythème et apparaît granuleuse
3 Histologie des biopsies digestives L histologie des biopsies duodénales a confirmé une entérite de type lympho-plasmocytaire de grade modéré. Diagnostic Une entérite lymphoplasmocytaire de grade modéré et une cholangite neutrophilique aiguë sont confirmées par les différents examens. Devant les anomalies échographiques du pancréas et le risque que cet animal présente une «triade pathologique» (MICI, Cholangite, Pancréatite), un dosage de la Spec fpl est demandé. Le résultat (8µg/l) confirme l existence d une pancréatite associée. Pronostic Le jeune âge de l animal et un état général encore modérément altéré, le peu de répercussions systémiques de ces affections, l absence de signes d OVBEH sont des critères positifs quant à l évolution de l affection. Toutefois une triade pathologique chez le chat peut entraîner à court terme des complications graves (ictère cholestatique, pancréatite suppurée..) et à long terme l installation d un processus inflammatoire chronique tant au niveau du tractus digestif, biliaire ou pancréatique. Traitement L animal a été perfusé et une réalimentation entérale précoce par sonde nasooesophagienne a été instauré en raison d une anorexie persistante. Les vomissements ont été contrôlés par des injections de maropitant et de ranitidine. Le traitement médical a associé une antibiothérapie (amoxicilline, marbofloxacine), une gestion de la douleur, difficile à évaluer chez le chat, mais vraisemblablement présente (injection de buprénorphine, puis pose d un patch de fentanyl). Une corticothérapie est également instaurée en raison des lésions inflammatoires importantes du tractus digestif qui sont peut être à l origine des complications biliaires et pancréatiques (prednisone 2mg/kg/j). L animal s est rapidement amélioré, a repris de l appétit après 3 jours de réanimation. Lors de la sortie de l animal (J0+5), la bilirubinémie était à 9 mg/l et les GGT à 11 UI/l. Un examen échographique de contrôle a montré une vésicule biliaire de taille normale, mais la persistance d une certaine échogénicité pancréatique. Un nouveau dosage de la Spec fpl montre une amélioration (4,1µg/l). Sa concentration doit néanmoins être contrôlée régulièrement, elle car reste supérieure à 3,5µg/l, afin de s assurer que l animal ne démarre pas une pancréatite chronique fréquente dans cette espèce. Le traitement d entretien est le suivant : Antibiothérapie 6 semaines Corticothérapie à doses dégressives (jusqu à une dose de 0,5mg/kg/j) et jours alternés sur 4 semaines Acide Ursodesoxycholique : 10mg/kg/j 6 semaines Vitamine B12 : 1 injection toutes les semaines de 250 µg/ injection les 6 premières semaines, puis 1 fois par mois pendant 3 mois, en raison de la présence chez ce chat d un MICI Alimentation : de type hyperdigestible. L animal 6 mois après cette hospitalisation n a pas présenté de récidive, mais garde une Spec fpl légèrement supérieure à la normale (4µg/l). Une biopsie pancréatique sous cœlioscopie sera proposée. Discussion Pancréatites félines : mythe ou réalité? Patrick Lecoindre, DVM Dipl ECVIM (CA) Les pancréatites félines ont longtemps été considérées comme des affections d évolution plutôt chronique, peu fréquentes et ayant des répercussions cliniques limitées. Toutefois, des études récentes cliniques et surtout nécropsiques (De Cock HE et al Vet Pathol 2007) ont montré que ces pancréatites chroniques pouvaient avoir des conséquences graves, avec l apparition d une insuffisance pancréatique exocrine ou d un diabète et que le mode évolutif des pancréatites pouvait être également aigu, avec un taux de mortalité élevé. 67% des chats de l étude nécropsique de De Cock présentaient des lésions de pancréatites avec une prévalence importante de la forme chronique (60%, contre 15% pour la forme aiguë). Jusqu à ces dernières années, le diagnostic ante mortem des pancréatites félines était considéré comme difficile en raison d une clinique peu spécifique, de l absence de tests biologiques sensibles et spécifiques, d une exploration en imagerie délicate et surtout de l impossibilité dans la plupart des cas de différencier les formes chroniques des formes aiguës de la maladie. Une étude récente (Ferreri et al 2003) a tenté de définir et de caractériser les signes cliniques, biologiques, radiographiques et anatomopathologiques qui permettraient de différencier une pancréatite aiguë nécrotique (PAN) d une pancréatite chronique non suppurée (PC). Les résultats ont montré qu il était impossible objectivement de faire un diagnostic différentiel entre ces deux affections inflammatoires du pancréas. Enfin, l apparition de nouveaux tests biologiques (fpli, Spec fpl ) va certainement augmenter considérablement notre pouvoir de diagnostic non invasif des pancréatites félines. L étude de Forman (JVIM 2007) concrétise les progrès considérables réalisés dans l approche des pancréatites félines. Etiologie L étiologie des pancréatites aiguës ou chroniques est encore mal déterminée. Un traumatisme abdominal, une toxoplasmose, une Péritonite Infectieuse Féline, une lipodystrophie, une intoxication aux organophosphorés ont été cités dans la littérature en association avec le développement d une pancréatite aiguë. Des études nécropsiques ont là encore permis de préciser non seulement l incidence de ces pancréatites, mais surtout de montrer l évolution concomitante de différentes affections (Hill&Van Winckle JVIM 1993, De cock Vet pathol 2007) particulièrement lors de PC. Des affections hépatiques et du tractus biliaire (cholangiohépatites, cholécystites, lipidose hépatique), des maladies rénales (néphrites), des thromboembolismes pulmonaires, des atteintes inflammatoires ou tumorales intestinales, un diabète
4 sont les principales affections décrites en association avec une PC. Il est encore difficile dans l état actuel de nos connaissances de déterminer si ces maladies sont la conséquence de la pancréatite, d un processus pathologique commun ou sont totalement indépendantes. Il existe visiblement chez le chat une «trilogie ou triade pathologique» associant cholangite, MICI et pancréatite, comme le cas clinique présenté ci-dessus. Dans l étude de Weiss (JAVMA 1996) et l étude plus récente de Forman (JVIM 2007), 39% à 75% des chats présentaient des lésions de MICI et de cholangite associées à une pancréatite. Diagnostic Jusqu à ces dernières années, le diagnostic de confirmation d une pancréatite féline a surtout été réalisé post mortem et il existait avant l étude de Forman (JVIM 2007) peu d études cliniques décrivant une pancréatite féline ante mortem (Simpson et al JAVMA 1993, Gerhardt et al JVIM 2001). La clinique des PAN ou PC est souvent discrète, associe des symptômes peu spécifiques, anorexie, abattement, amaigrissement, qui sont souvent le tableau clinique observé dans les MICI, qui restent une dominante en gastroentérologie féline. Les vomissements et la douleur abdominale caractéristiques dans les pancréatites de l homme ou du chien ne sont que rarement présents dans le tableau clinique d une pancréatite féline. L apparition d un ictère oriente généralement le clinicien vers une affection hépatique qui est dans la plupart des cas confirmée par une modification des enzymes hépatiques ou l histologie des biopsies hépatiques. Sur le plan biologique, ce diagnostic est encore compliqué par le manque de sensibilité des activités lipasique et amylasique, souvent normales, même en présence d une pancréatite sévère. Une hyperglycémie a été rapportée par plusieurs auteurs, mais on connait la sensibilité du chat au stress et cette élévation n est probablement pas pathognomonique. 41% des chats à pancréatites aiguës présentent une diminution de la calcémie totale et 61% du calcium ionisé associé à un mauvais pronostic. La mesure de l immunoréactivité trypsinogène sérique (TLI), est très controversée dans le diagnostic de pancréatite chez le chat. Une augmentation est constatée dans 33 à 88 % des cas selon les études (Swift et al JAVMA 2000, Simpson et al JSAP 1994, Gerhardt et al JVIM 2001, Forman MA JVIM 2007) avec une valeur seuil de 100 microgr/l. La spécificité semble également faible car de nombreuses affections (insuffisance rénale, MICI, Lymphome intestinal) peuvent entraîner secondairement une élévation du TLI sans atteinte histologique du pancréas. L examen échographique du pancréas n est pas aisé chez le chat et seulement 30% des chats suspects de pancréatite aiguë semblent montrer des signes échographiques d atteinte inflammatoire pancréatique. Les pancréatites chroniques sont encore plus difficiles à explorer et les modifications de l échogénicité de la glande sont le plus souvent difficilement interprétables. L examen échographique est toutefois intéressant pour confirmer une cholestase extrahépatique, souvent associée chez le chat à une sténose de la portion cholédocienne intrapancréatique lors de fibrose ou d inflammation importante de la glande. Une étude récente (Forman 2007) semble toutefois montrer que l examen échographique pouvait présenter une sensibilité de 80% dans les cas de pancréatite sévère et de 62% dans les cas de pancréatites modérées. Il est vraisemblable que le niveau de l expertise des imageurs et la technicité des appareils jouent un grand rôle dans ces résultats. Alors que l examen TDM est la base du diagnostic et du suivi d une pancréatite chez l homme, les études de Gerhardt et al (JVIM 2001) et plus récemment de Forman (JVIM 2007) montrent la sensibilité médiocre de cet examen dans le diagnostic des pancréatites félines. Ces dernières années, les Drs Steiner et Williams ont développé et validé un test de mesure de l immunoréactivité de la lipase pancréatique féline (fpli). L étude de Forman et al (JVIM 2004) a montré que la sensibilité et la spécificité de ce test permet un diagnostic non invasif des pancréatites félines avec une sensibilité de 100% dans les cas de pancréatites sévères ou modérées et de 67% dans les cas de pancréatites légères. La spécificité de ce test est proche de 91%. Enfin IDEXX en collaboration avec les Drs Steiner et Williams a développé un test, la Spec fpl qui utilise des antigènes recombinants et des anticorps monoclonaux. La sensibilité de la Spec fpl d après les premiers résultats est voisine de celle du fpli. Ces tests sont également très intéressants dans le suivi à long terme d une pancréatite chronique ou dans le dépistage systématique d une pancréatite chez des chats souffrant de lipidose ou de diabète. Traitement Le suivi thérapeutique d un chat atteint de pancréatite chronique est mal défini. Il est important de considérer que ces chats sont généralement anorexiques, sont prédisposés à développer une lipidose hépatique compliquant sérieusement le pronostic et peuvent souffrir enfin d affections diverses, hépatiques ou intestinales. Le traitement sera basé sur le traitement des affections associées, particulièrement dans les cas de pancréatites chroniques. Une fluidothérapie et un support nutritionnel semblent essentiels et la base d une réanimation d un chat à pancréatite aiguë en raison du risque de développement d une lipidose hépatique. Enfin, même s il est difficile d évaluer la douleur chez le chat atteint de pancréatite, il est essentiel de gérer cette douleur en utilisant les opiacés comme décrit dans notre cas clinique. Une carence en vitamine B12 est fréquente chez les chats à entéropathie chronique et une supplémentation semble importante lors de pancréatite souvent associée à une MICI. Enfin, une corticothérapie est probablement incontournable lors de triades et semble intéressante dans la gestion des pancréatites chroniques félines.
5 Focus Diagnostic des pancréatites félines Franck Guetta, DVM, Reference Laboratory Medical Associate Les pancréatites félines, lésions inflammatoires du pancréas exocrine, sont des maladies multifactorielles avec des symptômes et une issue variables. Avec souvent un tableau clinique assez flou, leur diagnostic représente un véritable défi. Connaissant ces difficultés, les Drs Jörg Steiner et David Williams ont développé et validé le test fpli (Feline Pancreatic Lipase Immunoreactivity) au laboratoire de gastroentérologie de l université du Texas A&M. Le test fpli est sensible pour détecter des pancréatites significatives et spécifique pour contribuer à exclure des pancréatites. IDEXX a continué à travailler avec les Drs. Steiner et Williams pour mettre au point le test Spec fpl. Ce test utilise des anticorps monoclonaux et des antigènes recombinants. Il est aujourd hui disponible au laboratoire IDEXX Alfort. Quelle est la prévalence des pancréatites félines? Dans un article publié en 2007 dans le «Journal of Veterinary Pathology», De Cock et ses collaborateurs ont réalisé l analyse histologique du pancréas complet de 115 chats présentés pour autopsie, dont les causes de décès étaient très variées. 67% de l ensemble de ces chats présentaient des lésions histologiques de pancréatites ; le chiffre descendait à 45% lorsqu il s agissait exclusivement de chats apparemment sains [1]. Les pancréatites chroniques étaient en outre plus fréquentes que les pancréatites aiguës (60% versus 15.7%). L étude récente que Forcada a réalisée avec le dosage de fpli sur deux groupes de chats, non diabétiques et diabétiques, a confirmé cette prévalence de pancréatites pour le 1er groupe, mais a mis en évidence une prévalence plus élevée (82%) chez les chats diabétiques [17]. Pourquoi ces chiffres ne correspondent pas à la prévalence clinique? La présence de lésions inflammatoires du pancréas ne s exprime pas toujours par des symptômes visibles. C est le cas des pancréatites subcliniques. Bien que la prévalence des chats cliniquement atteints ne soit évidemment pas aussi élevée, cette étude histologique suggère que l inflammation pancréatique peut s exprimer par une large variété de conditions cliniques. Quels sont les signes cliniques classiquement observés lors de pancréatites? Les chats à pancréatite présentent habituellement des symptômes non spécifiques tels que la léthargie, un appétit diminué, une déshydratation et une perte de poids. Les vomissements peuvent être absents ou intermittents, et la douleur abdominale est rarement mise en évidence. Les diarrhées peuvent être associées aux pancréatites ou secondaires à la maladie gastro-intestinale déjà présente. L examen clinique peut mettre en évidence un ictère, une fièvre et une masse abdominale palpable. Quel est l intérêt des examens de laboratoire dans le diagnostic des pancréatites? Les résultats des examens de routine de laboratoire en présence de pancréatites peuvent être «normaux», non spécifiques ou attribués aux autres maladies associées. Les modifications hématologiques les plus communément oservées sont des anémies non régegénératives, des leucocytses et des leucopénies [6]. Un bilan biochimique peut mettre en évidence une augmentation de l activité des enzymes hépatques, une hyperbilirubinémie, une hyperglycémie, une urémie, un déséquilibre électrolytique et une hypocalcémie [7]. Si ces résultats ne sont pas spécifiques pour le diagnostic des pancréatites, pourquoi doit-on les réaliser? Ils peuvent en fait se révéler très intéressants pour explorer les maladies associées, qui sont soit compliquées par les pancréatites, soit la cause sous-jacente des pancréatites. Il est important de considérer l animal dans son ensemble et non pas uniquement la pancréatite. Quelle est l intérêt diagnostique du dosage de l amylase et de la lipase pour le diagnostic des pancréatites? Les activités sériques de l amylase et de la lipase classique ne permettent ni de confirmer ni d exclure les pancréatites félines. Quel est l intérêt du dosage de la ftli? La concentration sérique en ftli (trypsine-like immunoreactivity) est spécifique de la fonction pancréatique exocrine ; il s agit du test de choix pour le diagnostic des insuffisances pancréatiques exocrines. Néanmoins, chez les chats avec des signes cliniques de pancréatite, la concentration sérique en ftli est rarement associée au diagnostic histologique. La sensibilité et la spécificité de ce test sont respectivement de 28% et de 75% pour le diagnostic des pancréatites [8,9]. Qu apporte l imagerie dans le diagnostic des pancréatites? Les éléments radiologiques en faveur d une pancréatite sont généralement subjectifs ; un diagnostic conclusif n est pas possible avec uniquement une radio abdominale. L échographie abdominale est intéressante car elle permet aussi d évaluer les autres organes, ce qui est souvent utile car d autres maladies hépatiques et/ou intestinales sont communément associées. Les éléments en faveur d une pancréatite sont un changement de l échogénicité parenchymateuse, la mise en évidence d une nécrose de la graisse péri-pancréatite et une accumulation de liquide. Les études récentes montrent une sensibilité de 24% à 67% et une spécificité de 73% pour le diagnostic des pancréatites [5,8]. Peut-on réaliser une cytoponction du pancréas? Selon Forman, bien que les radiologistes étaient inquiets de la réaliser il y a plusieurs années car ils craignaient de causer une pancréatite, il a été prouvé que cette inquiétude n était pas fondée. Cet examen permet de déterminer s il existe une population lymphocytaire ou neutrophile, ainsi que parfois de diagnostiquer des cancers. Quelles sont les performances du test fpli (radio-immunoessai) réalisé au Texas? L étude récente de Forman avec l examen histologique comme test de référence a montré l intérêt et la supériorité du test fpli pour le diagnostic des pancréatites félines. Chez les chats à pan-
6 Diagnostic Update créatites «modérées à sévères» la sensibilité aptitude à détecter les pancréatites du test fpli est de 100%. Chez les chats à pancréatites «légères» la sensibilité diminue à 54%, ce qui représente une sensibilité générale de 67%. La spécificité aptitude à exclure une pancréatite du test fpli est de 100% dans le groupe des chats sains et de 67% chez 3 chats avec symptômes de pancréatite mais un pancréas histologiquement normal, ce qui représente une spécificité générale de 91%. Quelle est la corrélation entre la Spec fpl et la fpli? Le test Spec fpl corrèle extrêmement bien avec le test fpli. L étude sur plus de prélèvements au laboratoire de gastroentérologie du Texas A&M a montré une corrélation de plus de 93% et des résultats positifs/négatifs concordants dans 98% des cas pour détecter ou exclure une pancréatite. Les résultats préliminaires d une étude réalisée sur plus de 150 chats, cliniquement sains ou malades, en suivant les valeurs de Spec fpl supportent l utilité diagnostique de ce test. Les données de cette étude seront disponibles dès que le manuscrit sera accepté pour la publication. Quelles sont les maladies généralement associées aux pancréatites? Il s agit surtout du diabète, des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI), des cholangiohépatites et des lipidoses hépatiques [2 à 5]. Le terme «triade» est utilisé pour décrire le complexe cholangiohépatite, MICI et pancréatite. La lipidose hépatique et la pancréatite apparaissent souvent ensemble. Pourquoi cette triade est-elle plus souvent observée chez le chat? Le système canalaire du chat est différent de celui des chiens. Le canal biliaire est lié au canal pancréatique pour finalement aboutir à seul canal qui rejoint le tractus intestinal. Il n est pas rare de constater que l inflammation d un canal peut ensuite conduire à l inflammation d un second système canalaire. Quels autres tests utiles peut-on réaliser lors de pancréatite féline? Afin d explorer les autres maladies associées, il est recommandé de doser la vitamine B12/folates, la fructosamine et les γ-gt dans le sérum. Comment réaliser le suivi des pancréatites félines? Lors de pancréatite aiguë, il est utile de mesurer la concentration de la Spec fpl tous les jours lors de l hospitalisation, ainsi que lors de la visite de contrôle. En présence de pancréatites chroniques, le dosage de ces concentrations permet d évaluer la réponse au traitement et de le modifier éventuellement ; par exemple en introduisant le cas échéant un traitement aux corticoïdes. Quel est le pronostic des pancréatites? Il est directement lié à la sévérité de la pancréatite, aiguë ou chronique, sévère ou légère. Les pancréatites peuvent compliquer la gestion des maladies associées telles que le diabète. Akol et ses collaborateurs ont également démontré que le pronostic des lipidoses hépatiques est moins bon lorsqu elles sont associées à une pancréatite ; seulement 20% de guérison avec la pancréatite aiguë, contre 50% si la lipidose est seule [3]. C est pourquoi le diagnostic précoce et le suivi des pancréatites peuvent s avérer essentielles dans la guérison de ces maladies associées. Dans quel cas dois-je doser la Spec fpl? Selon Williams, sur tout chat avec : Léthargie / abattement inexpliqués Appétit diminué Vomissements Diarrhées Perte de poids Réaliser également un dosage en présence de maladies associées : Diabètes Affections gastro-intestinales Affections hépatiques En pratique, que faut-il envoyer? 0.5 ml de sérum (tube sec) Les résultats sont disponibles dès le lendemain. La liste des références est disponible sur demande à news-alfort@idexx.com. Laboratoire IDEXX Alfort The fpli, now the Spec fpl, is an emerging gold standard for pancreatic inflammation. Dr. David Williams Laboratoire IDEXX Alfort Parc d activité du Val de Seine 17 Allée Jean-Baptiste Preux Alfortville Tél : ( ) Fax: labo-alfort@idexx.com Dr vét. Franck Guetta Directeur de la publication Laboratoire IDEXX Alfort FR
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