CROISSANCE DES JEUNES ENTREPRISES ET TERRITOIRES APPROCHE ECONOMETRIQUE



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Transcription:

Centre de Recherche pour l Etude et l Observaton des Condtons de Ve CROISSANCE DES JEUNES ENTREPRISES ET TERRITOIRES APPROCHE ECONOMETRIQUE Marjore MAZARS Phlppe MOATI Laurent POUQUET CAHIER DE RECHERCHE N 205 OCTOBRE 2004 Département «Dynamque des marchés» drgé par Laurent POUQUET Cette recherche a bénéfcé d un fnancement au ttre de la subventon recherche attrbuée au CREDOC. Pour vous procurer la verson paper, veullez contacter le Centre Infos Publcatons, Tél. : 01 40 77 85 01, e-mal : publcatons@credoc.fr 142 rue du Chevaleret 75013 Pars http://www.credoc.fr

SOMMAIRE RÉSUMÉ...1 INTRODUCTION...2 1. LES DÉTERMINANTS DE LA CROISSANCE DES JEUNES ENTREPRISES...9 1.1 Les opportuntés de crossance...10 1.2 Le beson de crossance...11 1.3 La capacté de crossance...12 2. L INFLUENCE DU TERRITOIRE D IMPLANTATION SUR LA CROISSANCE : SURVOL THÉORIQUE...16 2.1 L offre de ressources...16 2.2 L offre de débouchés...18 2.3 L accès à des mécansmes de coordnaton...19 3. LES DONNÉES...22 3.1 La varable à explquer...23 3.2 Les varables explcatves...23 3.2.1 Les varables relatves aux terrtores...23 3.2.2 Les varables de contrôle...28 4. LE MODÈLE...31 4.1 Le tratement de la colnéarté des varables terrtorales...32 4.2 Le tratement du bas de sélecton...36 4.3 Le chox de la méthode d estmaton...37 5. LES RÉSULTATS...39 5.1 Les détermnants de la surve...39 5.2 Les détermnants de la crossance...40 5.2.1 Analyse sur l ensemble de l échantllon...41 5.2.2 Segmentaton selon la talle de l entreprse...43 5.2.3 Segmentaton selon le rayonnement commercal de l entreprse...46 CONCLUSION...51 ANNEXE...52 BIBLIOGRAPHIE...60 I

RESUME Cette étude s ntéresse à l nfluence des caractérstques du terrtore d mplantaton sur la crossance des jeunes entreprses. Le terrtore d mplantaton consttue à la fos pour les entreprses une offre de ressources, une offre de débouchés et un accès à des mécansmes de coordnaton. Les terrtores sont négaux par rapport à ces facteurs susceptbles de contrbuer à la défnton des opportuntés et de la capacté de crossance des jeunes entreprses. Par la moblsaton des données ndvduelles des deux premères enquêtes SINE réalsées par l INSEE auprès d un vaste échantllon d entreprses nouvellement créées, un modèle de crossance est construt afn de tester l nfluence d un large ensemble de varables décrvant l envronnement local des entreprses (mesure au nveau des zones d emplo, avec prse en compte des zones d emplo vosnes, par un système de pondératon fondé sur le temps de transport). Il ressort de l estmaton du modèle que les caractérstques du terrtore d mplantaton jouent un rôle sgnfcatf, mas modeste, sur la crossance des jeunes entreprses au cours des tros premères années d actvté. En partculer, la capacté d un terrtore à offrr aux entreprses qu y sont mplantées un envronnement dense et rche en ressources (man-d œuvre, nfrastructures) exerce une nfluence postve sur la crossance des jeunes entreprses. De même, la spécalsaton marquée du terrtore dans l actvté de l entreprse, gage de la présence locale de ressources spécfques et d économes de localsaton, apporte un souten à la crossance. À l nverse, et compte tenu de cet effet postf de la spécalsaton du terrtore, l ntensté de la concurrence assocée à une forte densté locale d établssements du secteur de la jeune entreprse tend à pénalser sa crossance. 1

INTRODUCTION Avec les los pour l ntatve économque de 2003 et 2004, le gouvernement Raffarn poursut et approfondt les poltques engagées par les précédents gouvernements en faveur de la créaton d entreprses. Cet effort mené au plan natonal pour promouvor la créaton d entreprses est fortement relayé par les terrtores. En effet, les poltques d ades et d accompagnement des créateurs d entreprses occupent souvent une poston centrale dans l acton économque des collectvtés locales qu y voent un facteur détermnant du dynamsme économque et de la créaton d emplos, par le renouvellement du tssu économque et le développement d actvtés nouvelles. Les études portant sur l mpact sur l emplo de la créaton d entreprses sont rares et lacunares. L effet mmédat des créatons d entreprses sur l emplo est clar : selon les données de l enquête SINE, les 210 000 entreprses créées ou reprses en 1998 ont représenté un volume de 463 000 emplos [Thron et Demoly, 2003]. Toutefos, l mpact à moyen et long terme est plus délcat à évaluer. En premer leu, parce qu l est quasment mpossble d estmer l effet ndrect de l apparton des nouvelles entreprses sur l emplo des entreprses en place. Envron 15% du flux annuel de créatons d entreprses consstent en reprses d entreprses préexstantes et ne génèrent pas de créatons d emplos au sens strct 1. En outre, l offre ne crée par toujours la demande. Près du quart des créatons d entreprses ntervennent dans les secteurs du commerce et des servces aux partculers. La demande adressée à ces secteurs étant très largement ndute par le nveau du revenu, l augmentaton de l offre par l apparton de nouvelles entreprses s accompagne souvent de la sorte d entreprses préexstantes ou d une durée de ve très courte des entreprses nouvellement créées. En second leu, la mortalté des jeunes entreprses est en effet très mportante. Selon l enquête SINE, seules 64% des entreprses créées ou reprses en 1998 étaent pérennes tros ans plus tard. Ce taux de surve est, certes, mnoré par les conventons statstques de l INSEE qu condusent à consdérer comme ayant dsparu les jeunes entreprses ayant été revendues par leur créateur ou ayant changé de statut jurdque 2. 1 Même s une proporton dffcle à estmer de ces reprses aura perms d évter des cessatons d actvté. 2 Il semblerat cependant que le bas sot relatvement modeste. La réntégraton, dans le calcul, des entreprses ayant arrêté leur actvté temporarement, qu ont été vendues ou transmses ou mses en locaton gérance au cours de leurs tros premères années d exstence (nformaton obtenue au moyen du questonnare de la seconde vague de SINE) fat passer le taux de surve à 66%, sot un gan de seulement deux ponts. 2

Il n en demeure pas mons que la mortalté des jeunes entreprses est mportante 3, et que, depus pluseurs années déjà, les poltques en faveur de la créaton d entreprses s efforcent de la rédure par l assstance aux créateurs au moment de l élaboraton de leur projet, pus par des dspostfs d accompagnement au cours des premères années d exstence. En dépt de cette mortalté, l mpact drect de la créaton d entreprses sur l emplo est tout à fat sgnfcatf. Selon Thron et Demoly [2003], les 127 000 entreprses créées ou reprses en 1998 et toujours actves en 2001 employaent 472 000 personnes. Le volume d emplo ntal est donc mantenu et même légèrement dépassé, en dépt de la dsparton d une proporton mportante des jeunes entreprses 4. Le blan est encore melleur lorsque seules sont prses en compte les créatons pures, les effectfs occupés en 2001 par les entreprses ayant survécu dépassant de près de 14% ceux de l ensemble des entreprses créées ex nhlo en 1998. Ces bons résultats sont cependant en parte mputables à l excellente conjoncture dont ont bénéfcé les jeunes entreprses à la fn des années 90. Les mêmes calculs effectués sur la cohorte des entreprses créées en 1994 font apparaître un recul au fl du temps de l emplo créé 5. La propenson des jeunes entreprses à la crossance est donc, avec le taux de surve, une varable clé pour l mpact à moyen et long terme de la créaton d entreprses sur l emplo. Or, cette propenson à la crossance est très négale parm les entreprses nouvellement créées. Seules 36% des entreprses créées en 1998 et pérennes en 2001 ont créé des emplos et, pour la plupart d entre elles, le nombre d emplos créés est très modeste (1 ou 2 pour 23% des entreprses créatrces d emplos), ce qu l convent, ben sûr, de mettre en regard de la très pette talle de la plupart des entreprses à la 3 La même observaton est fate à l étranger (vor, par exemple, Gerosk [1991] pour la Grande-Bretagne, Bonca et Sestto [1992] pour l Itale, Mata et Portugal [1994] pour le Portugal. Vor auss la récente étude comparatve menée par l OCDE [Barteslman et al., 2003]. 4 Des dfférences mportantes apparassent cependant selon les secteurs. Alors que l emplo en 2001 dans les secteurs du transport et des servces aux entreprses dépasse de plus de 30% le volume comptablsé en 1998, l année de la créaton, le "taux de persstance" n est que 92% dans le secteur du commerce et tombe à 80% dans celu des servces aux partculers. C est donc dans les actvtés les plus soumses à la demande locale que le blan des créatons d entreprses sur l emplo est le mons favorable. Cec ne semble pas consttuer une spécfcté françase : dans leur étude de la trajectore des entreprses talennes du secteur des cafés-hôtels-restaurants créées en 1989, Pergovann et al. [2002] observent que le volume d emplo représenté par les entreprses pérennes en 1994 ne représentant plus que 60% de celu mesuré lors de l année de créaton. Sur la base des données de l enquête SINE 1994, le taux de persstance de l emplo à 5 ans dans le secteur franças des cafés-hôtels-restaurants s élève à 54%. 5 En 1997, le volume d emplo représenté par les entreprses créées en 1994 ayant survécu ne représente plus que 83% de celu comptablsé au démarrage. À 5 ans cependant, en 1999, le taux de persstance se redresse pour attendre 90%. Notons également que les performances de la France concernant l mpact des créatons d entreprses sur l emplo semblent relatvement fables comparatvement à d autres pays ndustralsés, s l on en juge par l étude comparatve réalsée par l OCDE couvrant les années 90 (Bartelsman et al. [2003]). Le taux de persstance et la crossance de l emplo parm les entreprses pérennes sont fables comparés aux autres pays prs en compte dans l étude, et en partculer les États-Uns où la crossance des jeunes entreprses est partculèrement forte, ce qu est en parte mputable au pods dans ce pays des entreprses de haute technologe dans le total des créatons. 3

nassance. Les effectfs sont stables dans 55% des entreprses, alors qu ls dmnuent dans près de 9% des cas 6. Ce caractère très négal de la crossance des jeunes entreprses renvoe à des détermnants multples : nature de l actvté, objectfs du créateur, compéttvté de l entreprse, dynamsme du marché Cette recherche s ntéresse à l nfluence du terrtore d mplantaton sur la crossance des jeunes entreprses. Cette nfluence du terrtore peut emprunter tros voes. Premèrement, le terrtore d mplantaton est pourvoyeur de ressources (man-d œuvre, nfrastructures ) que les entreprses peuvent moblser dans le cadre de leur actvté. Alors que la grande frme, mult-établssement, a généralement la possblté de moblser des ressources productves sur un espace élarg, vore de créer en son sen les ressources qu feraent défaut localement, la compéttvté de la pette entreprse est largement contrante par la dotaton en ressources de son terrtore d mplantaton. Deuxèmement, pour beaucoup de pettes entreprses, le terrtore est également l espace de transacton prvlégé. Leur potentel de crossance dépend alors notamment de l mportance du marché local, de sa crossance et de la densté de l offre qu contrbue à l ntensté de la concurrence qu y règne. Trosèmement, le terrtore peut être producteur de mécansmes de coordnaton, c est-à-dre de modaltés spécfques de mse en relaton de l entreprse avec d autres frmes ou des nsttutons locales susceptbles de lu faclter l accès aux ressources et aux marchés et d amélorer sa compéttvté. C est le cas, en partculer, lorsque le terrtore est le sège d un dstrct ou d un technopôle. S les travaux sur la nature des relatons entre frmes et terrtores se sont multplés ces dernères années, en partculer dans le cadre de la problématque de la proxmté 7, la queston de l nfluence du terrtore d mplantaton sur la crossance des jeunes entreprses n est que très rarement abordée 8. On observe pourtant des dfférences spatales mportantes dans le rythme de crossance des jeunes entreprses. Le tableau c-dessous, ssu du tratement des données de l enquête SINE 1998, témogne de l hétérogénété des dynamques de crossance des jeunes entreprses (unquement créatons pures) parm les régons françases. Ans, c est dans le Lmousn que la proporton d entreprses ayant bénéfcé d un 6 La dynamque de l emplo à 3 ans au sen de la cohorte de 1994, dans un contexte conjoncturel mons favorable, fat ressortr une proporton proche d entreprses ayant conservé la même talle (53,5%). La proporton d entreprses en recul est cependant plus forte (14,2%) alors que celle des entreprses ayant accru leurs effectfs salarés est plus fable (32,3%). 7 Vor, notamment, Glly et Torre [2000]. 8 Pluseurs publcatons récentes abordent cette thématque. La plupart étudent cependant la crossance des frmes de manère agrégée, s ben que leur problématque est en fat l étude des détermnants terrtoraux de l évoluton de l emplo dans tel ou tel secteur. À notre connassance, seuls Audretsch et Dohse [2004] abordent frontalement la queston de la localsaton sur le taux de crossance des entreprses. La lttérature est sensblement plus rche concernant la relaton entre les caractérstques des terrtores et les deux grands moments de la démographe d entreprse : la créaton et la dsparton. 4

accrossement de leurs effectfs au cours des tros premères années d exstence est la plus fable (28,8%), sot près de 18 ponts de mons que la Haute-Normande, en tête du classement. 11,4% des jeunes entreprses mplantées dans la régon PACA ont connu une basse des effectfs, contre seulement 4,5% de celles localsées en Franche-Comté. Dynamque de crossance des entreprses par régon françase (en %) Régon Proporton des entreprses selon Créaton d emplos l évoluton de l emplos Basse Stablté Hausse 1 emplo 2 à 4 5 à 9 10 et + Ile-de-France 9,8 51,3 39,0 16,2 13,9 4,7 4,2 Champagne-Ardenne 8,1 49,6 42,3 17,4 17,6 6,2 1,1 Pcarde 10,7 54,6 34,7 13,3 14,2 6,9 0,3 Haute-Normande 7,8 45,8 46,4 22,2 15,5 6,1 2,6 Centre 9,1 55,2 35,7 14,5 12,6 4,6 3,9 Basse-Normande 6,8 51,1 42,1 16,7 17,0 4,9 3,5 Bourgogne 7,1 57,9 35,0 15,9 14,8 2,9 1,5 Nord Pas-de-Calas 10,1 49,1 40,9 14,0 15,5 6,4 4,9 Lorrane 11,8 48,7 39,5 13,9 18,5 5,3 1,8 Alsace 10,2 54,5 35,3 15,5 12,4 4,9 2,5 Franche-Comté 4,5 56,4 39,0 12,6 19,1 6,3 1,0 Pays de la Lore 8,1 56,7 35,2 15,4 13,4 5,2 1,2 Bretagne 8,5 53,6 38,0 18,3 14,3 3,6 1,9 Potou-Charentes 9,0 50,4 40,6 16,4 18,0 4,8 1,3 Aqutane 10,0 51,4 38,7 16,7 15,9 4,0 2,1 Md-Pyrénées 8,4 55,1 36,5 15,8 14,9 4,2 1,5 Lmousn 7,0 64,2 28,8 12,7 8,7 4,0 3,3 Rhône-Alpes 9,1 50,8 40,1 18,3 15,5 3,8 2,5 Auvergne 8,0 58,2 33,8 14,1 14,3 4,6 0,9 Languedoc-Roussllon 9,4 53,0 37,6 19,5 11,5 5,4 1,2 PACA 11,4 47,6 41,0 18,0 15,2 4,8 3,0 (Source : Calculs CREDOC sur données SINE) Une parte de ces écarts régonaux est mputable à la dfférence de structure des créatons d entreprses par secteur. L analyse structurelle-résduelle 9 réalsée sur la base d un découpage sectorel en 114 secteurs met en évdence la présence d un effet résduel non néglgeable dans la dynamque de crossance des jeunes entreprses dans les régons françases. 9 L analyse structurelle-résduelle consste à mesurer, dans l écart observé dans la valeur d un ndcateur au plan local et au plan natonal, la part attrbuable à un "effet structurel" (généralement la structure du tssu économque local par secteurs), afn d soler un "effet résduel" (souvent appelé "effet régonal" en ce qu l est supposé mesurer ce qu est mputable à l offre spécfque du terrtore sur la varable étudée). 5

Régon Les détermnants de la crossance de l'emplo - Effet sectorel et effet régonal (1) Ecart à la moyenne natonale Basse Stablté Hausse Effet structurel (secteur) dont Effet résduel (régon) Ecart à la moyenne natonale Effet structurel (secteur) Effet résduel (régon) Ecart à la moyenne natonale Effet structurel (secteur) Effet résduel (régon) Ile-de-France 0,31% 0,27% 0,04% -0,55% 0,60% -1,15% 0,24% -0,88% 1,11% Champagne-Ardenne -1,41% 0,13% -1,53% -2,17% -1,82% -0,35% 3,58% 1,69% 1,88% Pcarde 1,26% -0,18% 1,44% 2,77% -0,92% 3,69% -4,03% 1,09% -5,12% Haute-Normande -1,62% -0,13% -1,49% -6,04% -0,80% -5,24% 7,67% 0,93% 6,74% Centre -0,34% -0,52% 0,19% 3,36% 0,57% 2,79% -3,03% -0,04% -2,98% Basse-Normande -2,62% -0,17% -2,45% -0,75% -0,99% 0,24% 3,37% 1,16% 2,21% Bourgogne -2,33% -0,07% -2,26% 6,06% -2,09% 8,14% -3,72% 2,16% -5,88% Nord - Pas-de-Calas 0,60% 0,12% 0,48% -2,71% -0,03% -2,68% 2,11% -0,09% 2,20% Lorrane 2,29% -0,09% 2,38% -3,06% -1,17% -1,89% 0,77% 1,26% -0,50% Alsace 0,72% 0,00% 0,71% 2,72% 0,47% 2,25% -3,44% -0,47% -2,97% Franche-Comté -4,93% -0,10% -4,83% 4,62% -3,04% 7,66% 0,31% 3,14% -2,83% Pays de la Lore -1,39% -0,41% -0,98% 4,89% -0,54% 5,43% -3,51% 0,95% -4,45% Bretagne -1,00% -0,51% -0,49% 1,77% -0,14% 1,91% -0,77% 0,65% -1,42% Potou-Charentes -0,45% 0,18% -0,64% -1,37% -2,09% 0,72% 1,82% 1,90% -0,08% Aqutane 0,51% -0,22% 0,72% -0,43% -0,31% -0,12% -0,08% 0,53% -0,61% Md-Pyrénées -1,02% -0,08% -0,94% 3,29% -0,61% 3,90% -2,27% 0,69% -2,95% Lmousn -2,44% -0,46% -1,98% 12,41% -0,08% 12,49% -9,97% 0,55% -10,52% Rhône-Alpes -0,33% -0,20% -0,13% -1,01% -0,14% -0,86% 1,34% 0,35% 0,99% Auvergne -1,48% 0,14% -1,62% 6,43% -0,82% 7,25% -4,95% 0,68% -5,62% Languedoc-Roussllon -0,08% 0,23% -0,31% 1,21% 0,44% 0,77% -1,13% -0,66% -0,47% PACA 1,98% 0,09% 1,89% -4,23% 1,15% -5,38% 2,26% -1,24% 3,49% Moyenne françase * 9,46% 9,46% 0,00% 51,80% 51,80% 0,00% 38,73% 38,73% 0,00% dont dont * hors Corse et DOM-TOM (Source : Calculs CREDOC sur données SINE) Gude de lecture : Ce tableau présente les résultats de l analyse structurelle-résduelle effectuée au sen des régons françases, sur les jeunes entreprses répartes par classe de crossance de l emplo. L effet structurel correspond à la part de l écart à la moyenne sur la varable étudée mputable à la composton sectorelle de la populaton des jeunes entreprses de la régon. Elle exprme quelle aurat dû être la valeur de la varable étudée s la crossance des jeunes entreprses dans la régon avat été égale à celle de l ensemble des jeunes entreprses de leur secteur au plan natonal. Ans, compte tenu de la répartton par secteur d actvté des entreprses de la régon Lmousn, la proporton des entreprses ayant bénéfcé d une hausse d effectf devrat s établr à 39,28%, sot 0,55 pont de plus que la moyenne natonale. L effet résduel correspond à la dfférence entre la proporton réelle observée et celle mputable à l effet structurel. La part des entreprses ayant connu une hausse d effectf en Lmousn étant de 28,76%, l effet résduel s élève à 28,76%-39,28%= -10,52 ponts. Des facteurs spécfques attachés à la régon sont donc susceptbles d avor joué comme un fren à la crossance des jeunes entreprses lmousnes. 6

Régon Les détermnants de la crossance de l'emplo - Effet sectorel et effet régonal (2) Ecart à la moyenne natonale 1 emplo 2 à 4 emplos 5 à 9 emplos Effet structurel (secteur) dont Effet résduel (régon) Ecart à la moyenne natonale Effet structurel (secteur) dont Effet résduel (régon) Ecart à la moyenne natonale Effet structurel (secteur) Effet résduel (régon) Effet structurel (secteur) Effet résduel (régon) Ile-de-France -0,38% -0,74% 0,36% -0,71% -0,33% -0,37% -0,09% -0,17% 0,08% 1,41% 0,37% 1,04% Champagne-Ardenne 0,82% 0,81% 0,01% 2,95% 0,80% 2,14% 1,49% 0,45% 1,03% -1,68% -0,37% -1,31% Pcarde -3,33% 0,70% -4,03% -0,44% 0,53% -0,97% 2,20% -0,02% 2,22% -2,46% -0,11% -2,35% Haute-Normande 5,66% 0,23% 5,44% 0,88% 0,48% 0,40% 1,34% 0,41% 0,93% -0,22% -0,19% -0,03% Centre -2,03% -0,04% -1,99% -2,00% -0,11% -1,89% -0,12% 0,22% -0,34% 1,13% -0,11% 1,25% Basse-Normande 0,09% 0,99% -0,91% 2,38% 0,38% 2,01% 0,17% 0,11% 0,06% 0,73% -0,32% 1,05% Bourgogne -0,69% 0,78% -1,47% 0,11% 1,05% -0,94% -1,82% 0,56% -2,38% -1,32% -0,23% -1,09% Nord - Pas-de-Calas -2,58% -0,10% -2,48% 0,87% 0,01% 0,86% 1,69% -0,09% 1,78% 2,14% 0,09% 2,05% Lorrane -2,65% 0,67% -3,33% 3,86% 0,60% 3,26% 0,51% 0,23% 0,28% -0,95% -0,24% -0,71% Alsace -1,08% -0,05% -1,03% -2,19% -0,09% -2,10% 0,13% -0,21% 0,33% -0,29% -0,13% -0,16% Franche-Comté -3,98% 0,44% -4,42% 4,51% 0,94% 3,57% 1,56% 1,41% 0,15% -1,77% 0,36% -2,13% Pays de la Lore -1,15% 0,46% -1,61% -1,25% 0,25% -1,50% 0,50% 0,23% 0,27% -1,61% 0,00% -1,62% Bretagne 1,67% 0,63% 1,04% -0,35% 0,21% -0,57% -1,17% 0,12% -1,28% -0,92% -0,31% -0,60% Potou-Charentes -0,15% 1,17% -1,32% 3,39% 0,57% 2,82% 0,06% 0,57% -0,51% -1,47% -0,40% -1,07% Aqutane 0,12% 0,53% -0,41% 1,26% 0,15% 1,11% -0,76% -0,04% -0,72% -0,70% -0,11% -0,59% Md-Pyrénées -0,78% 0,43% -1,21% 0,28% 0,46% -0,18% -0,52% 0,01% -0,53% -1,25% -0,21% -1,04% Lmousn -3,87% 0,63% -4,50% -5,94% 0,26% -6,20% -0,72% 0,06% -0,79% 0,57% -0,40% 0,97% Rhône-Alpes 1,72% -0,18% 1,91% 0,86% 0,21% 0,66% -0,92% 0,26% -1,18% -0,33% 0,07% -0,40% Auvergne -2,49% 0,35% -2,84% -0,38% 0,15% -0,53% -0,15% 0,03% -0,19% -1,93% 0,14% -2,07% Languedoc-Roussllon 2,88% 0,29% 2,58% -3,14% -0,50% -2,63% 0,67% -0,22% 0,89% -1,54% -0,23% -1,30% PACA 1,42% -0,10% 1,52% 0,58% -0,48% 1,06% 0,09% -0,41% 0,50% 0,17% -0,24% 0,42% Moyenne françase * 16,58% 16,58% 0,00% 14,64% 14,64% 0,00% 4,74% 4,74% 0,00% 2,78% 2,78% 0,00% * hors Corse et DOM-TOM dont Ecart à la moyenne natonale 10 emplos et + dont (Source : Calculs CREDOC sur données SINE) Il subsste donc des écarts sgnfcatfs dans la dynamque agrégée de crossance des jeunes entreprses entre les régons françases, qu apporte un certan souten à l hypothèse selon laquelle le terrtore d mplantaton de la jeune entreprse n est pas neutre sur la crossance réalsée au cours de ses premères années d actvté. Cette étude vse à explcter le rôle du terrtore d mplantaton dans la crossance des jeunes entreprses par le tratement des données ndvduelles de l enquête SINE et la prse en compte des caractérstques des terrtores d mplantaton défns au nveau des zones d emplo. Il ressort de cette étude que le degré de "munfcence" 10 de l envronnement local (densté économque, nveau de revenu, abondance des ressources cogntves ) apporte un souten à la crossance des jeunes entreprses. La spécalsaton 10 Ce terme, largement utlsé dans la lttérature anglo-saxonne, renvoe à la rchesse et à la dversté des ressources et des opportuntés en tout genre offertes par un terrtore. 7

du terrtore dans le secteur d actvté de l entreprse est postvement assocée à la crossance, alors que l ntensté de la concurrence locale exerce un effet négatf. Ces résultats confrment le rôle de pourvoyeur d externaltés joué par les terrtores. Il ressort cependant de cette étude que l nfluence du terrtore sur la crossance des jeunes entreprses est globalement très modeste. Décomposton entre effet structurel et effet résduel des entreprses ayant augmenté leurs effectfs 8,0% 6,0% Effet résduel Haute-Normande Provence-Alpes-Côte d'azur 4,0% Basse-Normande Nord-Pas-de-Calas 2,0% Champagne-Ardenne Ile-de-France Rhône-Alpes Effet structurel Potou-Charentes 0,0% -1,5% -1,0% -0,5% 0,0% 0,5% 1,0% Lorrane1,5% 2,0% 2,5% 3,0% 3,5% Languedoc-Roussllon Aqutane Bretagne -2,0% Alsace Centre Md-Pyrénées Franche-Comté -4,0% Pays de la Lore -6,0% Auvergne Pcarde Bourgogne -8,0% -10,0% Lmousn -12,0% (Source : Calculs CREDOC sur données SINE) Le rapport est organsé de la manère suvante. La secton 1 rappelle l état des connassances sur les détermnants de la crossance des entreprses. Dans la secton 2 sont étudés les prncpaux mécansmes par lesquels les terrtores sont théorquement en mesure d affecter la crossance des jeunes entreprses et dont seront dédutes un certan nombre d hypothèses testables. Les données moblsées dans l étude emprque sont présentées dans la secton 3. Les résultats des tratements sont exposés dans la secton 4. 8

1. LES DETERMINANTS DE LA CROISSANCE DES JEUNES ENTREPRISES L hétérogénété des taux de crossance des entreprses est un phénomène de portée générale, dépassant de beaucoup le cas spécfque des jeunes entreprses, et qu a donné leu à la producton d une abondante lttérature théorque et emprque. La crossance des entreprses est un phénomène extrêmement complexe, résultant du jeu combné d une multtude de détermnants relevant de champs dfférents : crossance des débouchés, caractérstques de la foncton de coût, ntensté et modaltés de la concurrence, objectfs et compéttvté des entreprses Face à cette complexté, la mcroéconome du producteur a longtemps reposé sur l hypothèse commode de l entreprse «représentatve» 11 pour s ntéresser prncpalement aux condtons d équlbre des marchés. Dans de telles condtons, l n est pas étonnant que la queston des détermnants de la crossance des frmes (approche dynamque) et des écarts de crossance au sen d une populaton d entreprses (problématque de l hétérogénété) at longtemps été néglgée par les économstes. Les recensements d entreprses font cependant apparaître une grande dsperson de la talle des entreprses (y comprs au sen d un même secteur), cette dsperson pouvant être représentée au moyen d une courbe log-normale. Depus les travaux de Gbrat dans les années 30, l état plus ou mons adms que cette dsperson de la talle des entreprses découlat du jeu de la «lo de l effet proportonnel» qu suppose que le taux de crossance d une entreprse est ndépendant de sa talle. Tout se passerat ans comme s, à chaque pérode, chaque entreprse trat un taux de crossance d une dstrbuton donnée et partagée par l ensemble des entreprses. Autrement dt, les facteurs à la base des écarts de crossance entre les entreprses sont s nombreux et forment un ensemble s complexe que l on peut fnalement consdérer le taux de crossance comme une varable aléatore On montre asément que, partant d une populaton d entreprses de talle dentque, la répétton de ce type de trage condut progressvement à la formaton d une dstrbuton de type log-normale des entreprses par tranche de talle 12. La lttérature emprque s est longtemps concentrée sur l étude de la valdté de la lo de Gbrat. Alors que les premers travaux concluaent généralement à la valdté de la lo 13, les études plus récentes, réalsées à partr d échantllons d entreprses plus mportants et englobant des pettes entreprses, 11 Un secteur est composé d entreprses dentques en tous ponts et réagssant de la même manère (celle dctée par l hypothèse de ratonalté substantelle) aux nformatons délvrées par le système de prx. 12 Vor les smulatons numérques de McGloughan [1995]. 13 Par exemple, Hart et Pras [1956], Pashgan et Hymer [1962], Bonn et Smon [1958] 9

parvennent à des résultats plus contrastés 14. Sans rentrer dans les détals, l est aujourd hu à peu près adms 15 que le champ de valdté de la lo de Gbrat est lmté aux grandes entreprses, que la talle des entreprses est corrélée négatvement à leur taux de crossance, et que la varance de la crossance est elle auss décrossante avec la talle. En outre, et contrarement à ce que suppose la lo de Gbrat, l exste une certane auto-corrélaton des taux de crossance 16, ce qu sgnfe qu une entreprse qu enregstre une forte crossance au cours d une certane pérode rsque de réalser de nouveau une forte crossance au cours de la pérode suvante. Toutefos, la «rémanence» de la crossance serat de relatvement courte durée 17. Les travaux autour de la lo de Gbrat ont ouvert le chanter de la recherche sur la crossance des entreprses et une lttérature mportante s est développée au cours des vngt-cnq dernères années, sur les plans théorque et emprque. Pour reprendre la formule de Davdsson [1991], on peut regrouper les détermnants de la crossance des entreprses (et, en partculer, des pettes) autour de tros regstres : les opportuntés, le beson, et la capacté. 1.1 Les opportuntés de crossance Le regstre de l opportunté renvoe au potentel de marché que rencontre chaque entreprse. Ce potentel de marché qu peut évoluer au cours du temps dépend ben sûr de caractérstques sectorelles : la poston du produt dans son cycle de ve, la conjoncture de la demande De fat, les études mettent en évdence une nfluence du secteur d actvté sur la crossance des entreprses en général et des jeunes entreprses en partculer 18. Les opportuntés de crossance offertes à chaque entreprse dépendent auss de sa poston compéttve : pertnence de la segmentaton de marché opérée, qualté relatve de l offre, nveau de compéttvté-prx Depus Nelson et Wnter [1982], la théore évolutonnste a produt de nombreux modèles s ntéressant aux dynamques qu nassent de la concurrence entre frmes hétérogènes. Dans ces modèles, la crossance (ou le décln) de chaque entreprse est foncton de son nveau de compéttvté, c est-à-dre de l adaptaton de ses comportements aux spécfctés des crtères de sélecton mposés par l envronnement concurrentel. Mas les 14 Vor, parm beaucoup d autres, Kumar [1985], Evans [1987], Dunne, Roberts et Samuelson [1989], Dunne et Hugues [1994], Acs et Audretsch [1990], Hart et Oulton [1996] 15 Vor les synthèses de Sutton [1997] et Marsl [2001]. 16 Chester [1979], Kumar [1985], Wagner [1994]. 17 Gerosk, Machn et Walters [1997]. 18 Audretsch [1995], Gerosk et Toker [1996], Moat et al. [2000] 10

entreprses ne subssent pas passvement le jeu de la sélecton. Elles dsposent d une capacté relatve d adaptaton. La théore évolutonnste travalle à une théore de la frme comme acteur collectf engagé dans des processus d apprentssage qu condtonnent la dynamque de ses compétences et de ses capactés d adaptaton à son envronnement. De fortes convergences exstent entre cette théore évolutonnste de la frme et les approches en termes de ressources en plen développement dans le champ du management stratégque 19. On se contentera c de retenr que l étendue du champ d opportunté de crossance offert à chaque entreprse dépend, à court terme, du patrmone de ressources que celle-c est capable de moblser et, à plus long terme, de sa capacté à fare évoluer ce patrmone. S la noton de compéttvté est dffcle à appréhender emprquement, on dspose d un certan nombre d ndces relatfs à son nfluence sur la crossance des entreprses. Par exemple, Crépon et Lung [1999] ans que Franços [1998], à partr des résultats de l enquête Innovaton, ont ms en évdence l avantage de crossance dont bénéfcent les frmes nnovantes de l ndustre françase. Le même résultat avat été obtenu sur données brtannques par Gerosk et Machn [1992] et Van Reenen [1997], et par Papadak et Cham [2002] pour un échantllon de mcro-entreprses canadennes non ndustrelles. En Itale, Bottazz et al. [2001] observent une relaton postve entre le nveau de la productvté apparente d un échantllon de frmes ndustrelles et le taux de crossance de leurs effectfs. Ce résultat est cohérent avec le constat par Greenan [1995] que les entreprses ndustrelles utlsant des robots ou des machnes-outls à commandes numérques ou ben ayant ntrodut des systèmes assstés par ordnateur ont enregstré une crossance de leurs effectfs supéreure à celle de la populaton de référence, compte tenu de leur secteur d actvté et de leur talle. 1.2 Le beson de crossance Le beson de crossance comporte deux dmensons. La premère correspond à la nécessté d assurer la compéttvté, ou smplement la surve de l entreprse. Ce beson «objectf» de crossance est partculèrement marqué lorsque l entreprse souffre d une dmenson nféreure à la talle mnmale optmale de son secteur et se trouve ans pénalsée sur le plan des coûts face à ses concurrents (Audretsch [1995]). Le beson d attendre la «talle crtque» peut également naître de l mportance des nvestssements en matère de R&D ou de communcaton que l entreprse dot consentr pour demeurer dans la course. 19 Vor notamment les travaux fondateurs de Wernerfelt [1984], Rumelt [1984] et Barney [1986]. 11

La deuxème dmenson du beson de crossance relève d un regstre plus psychologque. Elle renvoe à la place que tent la crossance dans les objectfs du responsable de l entreprse. L hypothèse selon laquelle les comportements des entreprses n obéraent qu au seul crtère de la maxmsaton du proft a été mantes fos contestée. Les auteurs du courant manageral, dans les années 60, ont développé l dée émse par Berle et Means [1932] selon laquelle la crossance serat le crtère de geston prvlégé dans les entreprses drgées par des managers salarés. À l nverse, les travaux réalsés dans le champ de l entrepreneurat ont à de nombreuses reprses ms en évdence la relatvté de la crossance (comme, d alleurs, du proft) dans les objectfs qu présdent à la prse de décson dans les pettes entreprses drgées par leur proprétare 20. L explotaton des opportuntés de crossance peut alors se trouver sacrfée en faveur du désr de rester fdèle à une certane concepton de l exercce du méter, de la volonté de ne pas perdre le contact avec le terran, de ne pas se lasser envahr par les tâches de geston et d admnstraton C est ans qu une récente enquête réalsée pour le compte de la Drecton du commerce et de l artsanat (DECAS) du mnstère de l Économe nous apprend que 80% des artsans «solos» du bâtment se sont fxés comme objectf de se contenter de mantenr l actvté de leur entreprse à son nveau actuel. La prncpale rason mse en avant est, dans 47% des cas, le refus de la responsablté de l embauche d un salaré. D où une passvté commercale patente de la part de cette populaton d entreprses : dans près de 80% des cas, ce sont les clents qu prennent contact avec l entrepreneur ; seulement 4% consultent les appels d offres et 3% effectuent des démarchages (Rmlnger [2003]). 1.3 La capacté de crossance A opportuntés et à beson de crossance donnés, la crossance des entreprses dépend de leur capacté à la mener à ben. La capacté de crossance renvoe à la queston de la moblsaton des ressources nécessares, mas auss à celle des capactés organsatonnelles appelées par leur mse en œuvre. Croître mplque d augmenter le patrmone de ressources productves de l entreprse : recrutement de personnel, acquston de nouveaux équpements, augmentaton du beson en fonds de roulement L accès à ces ressources peut se révéler problématque et compromettre l explotaton du potentel de crossance. On connaît par exemple les dffcultés rencontrées par certanes pettes entreprses pour recruter du personnel doté de qualfcatons spécfques, face à la concurrence de gros employeurs capables de proposer des condtons de traval et des perspectves de carrère plus attractves. De 20 Par exemple, Davdsson [1989], Duchéneaut [1997], Papadak et al. [2002] 12

même, les pettes entreprses penent souvent à consentr l effort de formaton nécessare à l évoluton du portefeulle de compétences 21. Les dffcultés d accès aux ressources fnancères sont fréquemment mses en avant par les entreprses en crossance. Les pettes entreprses ndépendantes sont naturellement davantage exposées à ces dffcultés que les flales de groupes [Kremp et Sevestre, 2000]. Teurla [2004], sur la base des données de SINE, met en évdence que, toutes choses égales par alleurs, les jeunes entreprses qu fnancent leur actvté entèrement par leurs captaux propres souffrent d un défct de crossance comparatvement à celles qu recourent unquement à la dette ou adoptent un fnancement mxte 22. Papadak et Cham [2002] n ont cependant pas découvert de lens sgnfcatfs entre les sources de fnancement et la crossance des mcro-entreprses canadennes de leur échantllon, confortant ans le résultat obtenu par Storey [1994]. La lttérature sur l entrepreneurat soulgne l nfluence de l ntensté de «l orentaton entrepreneurale» du chef d entreprse dans sa capacté à obtenr les ressources nécessares à la crossance 23. Elle nsste également sur le rôle de l nserton du chef d entreprse dans des réseaux varés comme facteur ntervenant dans la plus ou mons grande faclté d accès aux ressources. Brüderl et Presendorfer [1998] ont ans ms en évdence l nfluence du souten du créateur par ses ams et sa famlle sur la surve et la crossance des jeunes entreprses, et Antoncc [2002] l mportance de la rchesse du réseau socal du créateur sur la crossance de son entreprse. Plus généralement, Papadak et Cham [2002] observent un effet postf sur la crossance des mcro-entreprses du fat d être en réseau avec «des assocés, des consultants, des fournsseurs ou des clents» 24. Un len entre le nombre de partenarats au démarrage et la crossance a été établ par Cooper et al. [1992]. Sur la base des données de SINE, Moat et al. [2000] montrent une nfluence postve, sur la crossance, de l exstence de lens étrots de coopératon avec d autres entreprses, de l exercce d une actvté de sous-tratance, ou sous contrat de franchse, de concesson ou d agent de marque. En amont, l nserton dans les réseaux peut renforcer le «beson de crossance», comme le montre le len établ par l étude de Lao et Welsch [2001] entre le captal socal des chefs de jeunes entreprses et leur aspraton à la crossance. 21 Challot [1995]. 22 Carpenter et Petersen [2002] parvennent à une concluson smlare à partr d un échantllon de PMI amércanes. 23 Perren [2000], Brown et Krchhoff [1997], à partr d un échantllon d entreprses de l Etat du New Jersey, mettent en évdence une nfluence sgnfcatve de l orentaton entrepreneurale du chef d entreprse (évaluée sur la base des réponses données à une battere de questons vsant à appréhender l atttude à l égard du rsque, de l nnovaton ) sur la crossance de l actvté. 24 Par contre, être en réseau «avec des avocats, des comptables ou des nsttutons fnancères» n est pas sgnfcatvement corrélé à la crossance. 13

La crossance d une pette entreprse provoque rapdement le beson de changements organsatonnels majeurs qu sollctent fortement les capactés managerales du chef d entreprse. Le problème est partculèrement agu dans les pettes entreprses où la crossance se tradut souvent pas un changement de statut jurdque, une modfcaton de l organsaton, une évoluton du mode de management mplquant notamment certanes délégatons de responsabltés de la part du chef d entreprse 25 Un certan nombre de travaux théorques s nscrvant dans le paradgme standard ont modélsé l nfluence de l négal nveau de talent entrepreneural ou manageral au sen de la populaton des chefs d entreprses. Le modèle de Lucas [1978] montre comment l négale dotaton des ndvdus en compétences managerales détermne, d une part, le nombre d entreprses (chaque ndvdu, en foncton de son nveau de compétences managerales, chost d être chef d entreprse ou de rester salaré) et, d autre part, leur dstrbuton par tranche de talle (les managers les plus talentueux drgeant les plus grandes entreprses). La même dée est explotée de manère dynamque par Calvo et Wellsz [1980] qu modélsent une stuaton où les frmes drgées par les managers les plus talentueux (ceux qu sont les plus effcaces dans l applcaton des connassances technques générales aux besons de l entreprse) bénéfcent de la crossance la plus rapde. Dans le modèle de Jovanovc [1982], les acteurs économques sont ncertans quant à leur nveau de compétences managerales. Celu-c se révèle progressvement (et mparfatement) après la créaton d entreprse. Les chefs d entreprse révsent ans à chaque pérode leur nveau de producton de façon à maxmser leur proft attendu sur la base de la mse à jour de leurs antcpatons concernant leur degré d effcence. Les entrepreneurs qu réalsent que leurs compétences excèdent leurs antcpatons augmentent l échelle de leur actvté alors que les autres la rédusent. Les études emprques ont effectvement ms en évdence une relaton entre la crossance des entreprses et un certan nombre de varables permettant d approcher la noton de compétences managerales 26. En partculer, le captal human du créateur (mesuré par son nveau de dplôme, la poston hérarchque occupée dans le derner emplo ) est postvement corrélé à la crossance, notamment lorsque ce captal human est spécfque à l actvté dans laquelle s nscrt la nouvelle entreprse 27. L ntensté de l orentaton entrepreneurale du chef d entreprse est également susceptble de rendre compte de sa capacté à gérer la crossance. Brown et Krchhoff [1997] ont ans établ 25 Red [1993]. 26 Storey [1994], Cooper et al. [1994], Vvarell et Audretsch [1998]. 27 Perren [2000], Brüderl et al. [1992]. 14

l exstence d une relaton entre l orentaton entrepreneurale du chef d entreprse (mesurée subjectvement par son atttude à l égard du rsque, de l nnovaton, son caractère plus ou mons proactf ) et la crossance enregstrée par son entreprse 28. Les données de l enquête SINE révèlent une relaton entre le type de motvaton ayant condut à la créaton de l entreprse et sa propenson à croître au cours des premères années de son exstence. Ans, les créatons motvées par le goût d entreprendre ou par la volonté d exploter une dée nouvelle sont plus souvent assocées à la crossance que celles découlant de l observaton d une «opportunté» et du désr de créer son propre emplo (le même constat est opéré sur un échantllon de jeunes entreprses talennes par Vvarell et Audretsch [1998]). L enquête SINE révèle également que le fat d avor réalsé des études avant la créaton ou d avor eu recours au consel est postvement assocé à la crossance 29. 28 La même relaton est observée sur un échantllon de mcro-entreprses canadennes de tous âges par Papadak et Cham [2002]. 29 Storey [1994] observe lu auss cet effet favorable du fat d avor eu recours au consel. 15

2. L INFLUENCE DU TERRITOIRE D IMPLANTATION SUR LA CROISSANCE : SURVOL THEORIQUE L nfluence du terrtore d mplantaton sur la crossance des jeunes entreprses est susceptble d ntervenr à tros nveaux d analyse. 2.1 L offre de ressources Certanes des ressources nécessares à l actvté des entreprses se dstnguent par le fat qu elles sont géographquement peu mobles et se trouvent donc attachées aux terrtores où elles se trouvent et qu, souvent, les produsent. Par exemple, s le captal dspose d une remarquable moblté (tout au mons du pont de vue des grandes entreprses), le traval reste, en règle générale, un facteur de producton attaché aux terrtores en rason de la fable moblté géographque des salarés. Chaque terrtore affche donc certanes spécfctés en termes de dotatons en ressources fxes. C est pourquo le terrtore d mplantaton n est pas neutre pour la compéttvté des entreprses, celle-c se trouvant renforcée lorsque les entreprses peuvent bénéfcer localement d un accès asé et à fable coût aux ressources mmobles nécessares à leur actvté. Les grandes frmes, par l explotaton de pluseurs établssements pouvant être dspersés dans l espace ans que par une certane propenson à la re-localsaton de leurs untés productves, ont la capacté d aller à la rencontre des ressources fxes. La fable moblté des pettes entreprses (pour des rasons qu relèvent souvent de chox prvés de la part de leurs drgeants) les rend partculèrement dépendantes de l offre de ressources de leur terrtore d mplantaton. La rchesse de l offre de ressources du terrtore (mas auss l adaptaton qualtatve de cette offre aux besons spécfques de l entreprse) est donc susceptble d nfluencer le rythme de crossance des jeunes entreprses (acton sur la «capacté» de crossance). La crossance des jeunes entreprses devrat donc, toutes choses égales par alleurs, être plus forte dans les terrtores à forte densté économque 30 (qu offrent aux entreprses un envronnement dversfé, partculèrement munfcent). H1 : La crossance des jeunes entreprses est favorsée par leur mplantaton sur un terrtore à forte densté économque Plus précsément, les caractérstques du marché du traval consttuent un aspect mportant de l offre de ressources des terrtores, par l ntermédare du nveau des salares, mas auss par la faclté d accès 30 Glaeser et al. [1992]. 16

aux qualfcatons. L exstence d un marché du traval local pour certanes qualfcatons spécfques est généralement assocée à la présence d un nombre sgnfcatf d entreprses de la même branche ayant pu favorser la consttuton d un pôle de formaton spécalsé. Les nfrastructures de formaton consttuent ans un des éléments consttutfs de l offre de ressources terrtorales. L agglomératon au sen du terrtore d un ensemble d entreprses du même secteur ou de la même flère est donc susceptble de générer des externaltés favorables aux jeunes entreprses. Aux externaltés lées au marché du traval s ajoutent alors celles pouvant naître de la présence sur place de fournsseurs spécalsés et de prestatares de servces, ans que les externaltés de connassance assocées notamment à la crculaton de la man-d œuvre et la facltaton de la mse en réseau par la proxmté (vor plus bas). Fngleton et al. [2004] ont montré, pour le secteur brtannque des servces nformatques, que la présence sur le terrtore d un cluster a un mpact postf sur la crossance des PME du secteur, confortant ans le résultat obtenu par Van Oort et Stam [2004] pour l ndustre néerlandase des technologes de l nformaton et de la communcaton. H2 : La crossance des jeunes entreprses est favorsée par leur mplantaton sur un terrtore doté des ressources spécfques nécessares à leur actvté Les nfrastructures de communcaton consttuent un autre aspect très mportant de l offre de ressources des terrtores. Couplées au postonnement géographque du terrtore, les nfrastructures de transport condtonnent la faclté avec laquelle les entreprses locales pourront se connecter aux grands réseaux d échange. Cette dmenson de l offre de ressources terrtorales est évdemment plus mportante pour les entreprses dont l envergure commercale est natonale ou nternatonale que pour celles dont l essentel de l actvté est réalsé localement. Les nfrastructures de télécommuncaton détermnent quant à elles la qualté et le coût des échanges d nformatons, dont on connaît le rôle crossant dans la ve des entreprses. H3 : La crossance des jeunes entreprses est favorsée par la rchesse des nfrastructures de communcaton du terrtore Le degré de munfcence de l envronnement local dot être ms en relaton avec l ntensté de la concurrence à laquelle se lvrent les frmes locales pour l acquston des ressources. Cette concurrence peut jouer un rôle ambguë sur la crossance des jeunes entreprses : rendant l accès aux ressources plus dffcle, elle est de nature à entraver la crossance. On pense aux tensons qu peuvent régner sur le marché du traval de certanes qualfcatons spécfques ou à la saturaton des dsponbltés foncères et mmoblères. Dans le même temps, cette concurrence contrant la jeune entreprse à amélorer sa 17

compéttvté (notamment par l augmentaton rapde de sa talle) afn de survvre 31. Une concurrence locale ntense pour l accès aux ressources peut être ans assocée à l observaton d une forte crossance des jeunes entreprses, par l élmnaton rapde des entreprses les mons compéttves. H4 : Une forte concurrence locale pour l accès aux ressources rédut la capacté de crossance des entreprses ou, H5 : Une forte concurrence locale pour l accès aux ressources stmule le beson de crossance des entreprses 2.2 L offre de débouchés 46% des entreprses créées en 1998 déclarent travaller prncpalement pour un marché local et 32% pour un marché régonal. Elles ne sont que 22% à déclarer un champ commercal natonal ou nternatonal. Cet ancrage des jeunes entreprses sur les marchés locaux est pour une bonne part mputable au pods des créatons dans les secteurs du commerce de détal et des servces aux partculers qu, par défnton, mplquent des marchés de proxmté. Pourtant, la proporton d entreprses à rayonnement local est également sgnfcatve dans l ndustre et les servces aux entreprses. Cet ancrage local est une caractérstque dstnctve des pettes entreprses (et, peut-être, plus encore des plus jeunes d entre elles), alors que la mondalsaton ntensfe la dssocaton entre l espace de producton et l espace de transacton des grandes frmes. La crossance du nombre de jeunes entreprses est donc fortement dépendante des débouchés que leur terrtore d mplantaton offre à leur actvté (regstre des «opportuntés de crossance»). Pour les entreprses s adressant aux consommateurs (marchés «BtoC»), ces débouchés (et leur crossance) reposent sur l mportance (et la crossance) de la populaton locale et de son revenu moyen. Ils dépendent auss de la capacté du terrtore à attrer, pour un temps plus ou mons long, les consommateurs venus d autres terrtores : attracton commercale sur les terrtores vosns, flux tourstques, résdences secondares Pour les jeunes entreprses qu vendent à d autres entreprses (marchés «BtoB»), les opportuntés de crossance dépendent de la densté de la clentèle locale et de sa propenson à s approvsonner localement. La présence locale de grands donneurs d ordres attachés à une fournture de proxmté est évdemment un contexte favorable à la crossance des jeunes entreprses. 31 Porter [1990]. 18

H6 : La crossance des jeunes entreprses est postvement lée à l mportance et à la crossance des débouchés qu leur sont ouverts localement La présence locale de débouchés mportants et crossants consttue évdemment un ngrédent détermnant de l nfluence du terrtore sur les opportuntés de crossance des jeunes entreprses. Il convent cependant de prendre également en consdératon la densté de l offre locale qu détermne l ntensté de la concurrence à laquelle devront fare face les entreprses nouvelles. H7 : L ntensté de la concurrence lmte le champ des opportuntés de crossance assocé aux débouchés locaux 2.3 L accès à des mécansmes de coordnaton Nous avons évoqué plus haut les travaux mettant en avant l nfluence sur ses performances de l nserton de la jeune entreprse dans dfférents types de réseaux (réseaux socaux, professonnels, économques ). Les réseaux sont à la fos des vecteurs de souten psychologque, des sources d dées, d nformaton et d assstance, des facltateurs de transacton par le jeu d effets de sgnal ou de réputaton 32 Les réseaux auxquels les entreprses sont susceptbles de partcper peuvent avor des emprses spatales très dfférentes : réseaux natonaux assocés à la communauté professonnelle sectorelle, réseaux transnatonaux de coopératon nterentreprses, réseaux locaux de chefs d entreprses pratquant l échange d expérences au sen de clubs, réseaux régonaux de sous-tratance Mas plus les relatons au sen du réseau sont ntenses et mplquent des échanges d nformaton peu formalsés sur un mode nteractf, plus les contacts nterpersonnels sont nécessares à la bonne marche du réseau. La proxmté géographque est donc de nature à favorser la partcpaton à des réseaux, en partculer de la part de pettes entreprses mono-établssement et dont les effectfs d encadrement sont très lmtés. Les réseaux personnels du créateur d entreprse (relatons famlales, amcales, assocatves, ssues de son expérence professonnelle passée ), fréquemment moblsés à dfférents nveaux pour la bonne marche de l entreprse, s nscrvent le plus souvent de manère prvlégée localement. L nserton dans de nouveaux réseaux est elle auss favorsée par la proxmté qu faclte la recherche, l dentfcaton et la rencontre de partenares potentels [Mallat et Kebr, 1999]. 32 Hang et Antoncc [2003]. 19