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Cahers de recherche EURIsCO Caher n 2008-05 L épargne des ménages au Maroc : Une analyse macroéconomque et mcroéconomque Rapport d étude Najat El Mekkaou de Fretas (coordnateur) Eursco Unversté Pars Dauphne Touham Abdelkhalek Insea, Maroc Florence Arestoff Eursco Unversté Pars Dauphne Jézabel Couppey-Soubeyran Centre d économe de la Sorbonne-CNRS Unversté Pars 1 Sabne Mage Eursco Unversté Pars Dauphne

L ÉPARGNE DES MÉNAGES AU MAROC : UNE ANALYSE MACROÉCONOMIQUE ET MICROÉCONOMIQUE* Najat El Mekkaou de Fretas* (coordnateur) Touham Abdelkhalek** Florence Arestoff* Jézabel Couppey-Soubeyran*** Sabne Mage* Jun 2008 Unversté Pars-Dauphne * Cette étude a bénéfcé d un support fnancer de l Insttut CDC pour la Recherche. Nous remercons Isabelle Lauder, Mohamed Fass-Fehr, Abdesselam Aboudrar, Mohamed Soual, Mhamed Grne, Hamza ElHajou, Hocne Tanjaou pour leur souten et les échanges effectués lors de la réalsaton de cette étude. La parte portant sur l analyse mcroéconomque de l épargne a pu être réalsée grâce à l explotaton de la base de données CBMS «Communty Based Montorng System» mse à notre dsposton par la Drecton des études et des prévsons du Mnstère de l Econome et des Fnances. Nous les remercons vvement et partculèrement Mohamed Chafk et Hnd Jalal pour leur dsponblté et collaboraton. Nous remercons également Baptste Venet et Laure Jaunaux pour les échanges effectués lors de la réalsaton de la parte portant sur l épargne des ménages ans que Régs Bourbonnas, Abdesselam Fazouane et Mouna Cherkaou pour leur souten et leur ade lors de la rédacton du rapport fnal. Nos plus vfs remercements vont enfn à Ines Chaar et Cndy Duc pour leur partcpaton. * Laboratore d Econome de Dauphne (EURIsCO), Unversté Pars Dauphne ** Insttut natonal de statstque et d économe applquée (INSÉA), Maroc *** Centre d économe de la Sorbonne-CNRS, Unversté Pars I Panthéon-Sorbonne 2

Le Maroc se stue à la tête de la régon du MENA (Mddle East and North Afrca), «en termes d'ouverture de sa Socété Cvle, de la promoton de la démocrate, de l autorté de la lo, de la décentralsaton et de la partcpaton de la communauté» (Banque Mondale, 2005). En effet, dès 1970, le Maroc a amorcé des réformes en matère de lbéralsaton poltque et s est également engagé dans un vaste programme de développement. La crse économque de 1983 a condut l économe marocane à ntensfer ses réformes en matère d ouverture commercale et fnancère notamment. Depus le début des années 1990, la stuaton économque et fnancère du Maroc est relatvement stable mas la crossance, très volatle (des actvtés agrcoles en partculer), n a néanmons pas perms de fare reculer le chômage et la pauvreté. Dans ce contexte, la moblsaton et l affectaton de l épargne des ménages représentent une des stratéges majeures des nsttutons publques et prvées pour promouvor l nvestssement et la crossance. La mse en œuvre de ces stratéges nécesste une analyse assez précse des détermnants de l épargne. Très peu de travaux emprques sur les problématques de revenu et d épargne des ménages ont été menés au Maroc. Cette étude propose une évaluaton emprque des détermnants de l épargne domestque mas auss des détermnants mcroéconomques de l épargne des ménages en utlsant une enquête de terran : l enquête CBMS «Communty Based Montorng System». Aucune évaluaton de ce type n avat auparavant pu être menée dans le cadre de l économe marocane en rason de l absence de données mcroéconomques sur le revenu des ménages. L enquête moblsée dans cette étude est tout à fat orgnale pusqu elle rensegne sur le revenu et la consommaton des ménages et couvre un échantllon de la populaton qu dstngue des ménages urbans (vlle d Essaoura) et des ménages ruraux (vlle de Bouaboud). Notre objectf est de comprendre le comportement d épargne de ces ménages en foncton de la zone de résdence mas auss en foncton d un certan nombre de facteurs socoéconomques tels que le nombre d enfants dans la famlle, le nombre d nactfs, le type de logement Les données recuelles permettent de mesurer le nveau moyen de revenu et d épargne dans ces deux vlles mas auss de meux dentfer les détermnants mcroéconomques du comportement d épargne des ménages. Il est toutefos dffcle d en trer des conclusons au nveau natonal. Seule une enquête élarge avec un échantllon représentatf de la populaton natonale permettrat une analyse d ensemble. L étude est organsée en sx sectons. Pour appréhender l envronnement économque marocan, nous proposons dans un premer temps un état des leux de la stuaton macroéconomque (performances économques récentes, rôle des dfférentes composantes du produt ntéreur brut (PIB), poltques budgétares et monétares). À partr de statstques macroéconomques, notre analyse s orente dans la secton 2 plus spécfquement sur le nveau d épargne globale et sa répartton entre les catégores d agents. Les deux sectons suvantes mettent en exergue un certan nombre de détermnants de l épargne qu jouent un rôle à la fos sur le plan macroéconomque et mcroéconomque. Nous proposons dans la secton 3 une analyse de l état du développement fnancer. La moblsaton de l'épargne va le système fnancer est en effet un préalable ndspensable à une allocaton effcace des ressources. La stuaton sur le marché du traval, le nveau de pauvreté relatve ou encore le taux de fécondté qu sont autant d éléments qu ntervennent dans la décson d épargne des ménages sont présentées dans la secton 4. La secton 5 propose une sére d estmatons économétrques des détermnants de l épargne réalsées à partr des données macroéconomques de la base World Development Indcators (WDI) de la Banque Mondale. La sxème et dernère secton moblse les données obtenues à partr de l enquête CBMS pour appréhender le comportement d épargne des ménages au nveau mcroéconomque et pour tenter d en dentfer à partr de régressons mcroéconométrques les prncpaux détermnants. 3

Secton 1 : L envronnement économque Mesurée en valeur ou en volume, la crossance du PIB apparaît très volatle depus le début des années 1990 mas cette volatlté est mondre depus quelques années. L actvté économque a contnué de progresser en 2006 avec un taux de crossance du PIB à prx constants estmé par la Banque centrale du Maroc à 8% alors qu l est évalué à 2,4 % en 2005 (données en base 1998). Cette évoluton semble lée à la hausse de la demande ntéreure très soutenue en 2006. L année précédente, l envronnement n a pas été très favorable : les mauvases condtons clmatques et notamment les sécheresses ont fortement affecté la producton agrcole, la hausse du prx du pétrole a renchér le coût des mportatons et l Accord sur les textles et les vêtements (ATV) a expré en 2004 1 soumettant la producton marocane de textles à une plus grande concurrence nternatonale. Le profl de crossance marocan L évoluton du PIB depus 2002 ndque que l économe marocane affche en 2006 de très bons résultats en matère de crossance (graphque 1). En 2005 en revanche, le pays a accusé une décélératon de son rythme de crossance avec des performances économques moyennes : 2,4% de crossance du PIB à prx constants. 1 L accord textle vêtement (ATV, 1995-2004) sgné à Marrakech en 1995 dans le cadre des accords de l OMC prévoyat le démantèlement progressf de toutes les restrctons quanttatves sur ce commerce jusqu en 2005. Ms en place en 1975, l'accord multfbre allouat des quotas d'exportaton aux pays en développement vers les pays rches pour les vêtements et produts textles et avat garant un accès aux marchés des pays développés aux productons d'ase, d'europe de l'est et d'afrque. Ce qu a perms à ces derners de fare face à la concurrence des gros producteurs comme la Chne qu n'avat pas sgné cet accord. 4

Graphque 1 : Taux de crossance du PIB, 2002-2006 En % 12 10 8 6 4 2 0 PIB à prx constants PIB à prx courants 2002 2003 2004 2005 2006 Source : Auteurs, d après les données (base 1998) de la Banque Al-Maghrb, Rapports annuels (2005 et 2006) Pour meux appréhender le profl de crossance marocan, le graphque 2, ssu du rapport annuel 2006 de la Banque Centrale ndque l évoluton du PIB depus 1990. Nous observons en premer leu une mportante volatlté de la crossance marocane depus deux décennes ben que celle-c sot mons marquée en fn de pérode. Les varatons annuelles de la producton natonale sont en effet mons mportantes de 2001 à 2006. D après les données des comptes natonaux en base 1998 (Royaume du Maroc, HCP, 2006), le taux de crossance moyen sur la pérode 1998-2005 évalué à 3,8% est nféreur de pratquement un pont à celu évalué sur la pérode plus récente 2000-2005 (4,9%) mas les statstques de 2006 vennent nuancer ce résultat. Graphque 2 : Evoluton du taux de crossance du PIB global et par secteur, 1990-2006 Source : Rapport annuel 2006 de la Banque Al-Maghrb Le graphque 2 met également en évdence l évoluton du PIB par secteur et montre que ce sont les varatons du PIB agrcole qu sont les plus marquées. L essentel de la volatlté de la crossance marocane s explque donc par l nstablté productve dans ce secteur. Le tableau 1 qu rensegne sur la valeur du PIB agrcole (y comprs la pêche) et non agrcole («secteurs secondare et tertare») confrme ce résultat. Le taux de crossance à prx courants dans le secteur agrcole est passé de pratquement 15% en 2005 à +28% en 2006. Les condtons clmatques explquent le plus souvent les écarts de productons très mportants d une année à l autre. Les actvtés prmares représentent encore aujourd hu une 5

part mportante des actvtés de l économe marocane (14% du PIB en 2006) et nfluencent donc fortement les performances macroéconomques. Tableau 1 : Produt ntéreur brut (base 1998), 2001-2006 (en mllards de drhams) 2001* 2002 2003 2004 2005 2006 PIB à prx courants 383.2 446.0 477.0 500.1 522.6 575.3 PIB agrcole 59.7 65.5 73.9 73.7 62.6 80.5 PIB non agrcole 119,5 380.5 403.1 426.4 460.0 494.8 Source : Banque AL-MAGHRIB, Rapports annuels (2005, 2006) * donnée en base 1980 Néanmons, cette varablté agrcole affecte mons l évoluton du PIB global que par le passé. Comme le note le FMI dans son derner rapport sur le Maroc (FMI, 2007), la crossance régulère du PIB non agrcole tradut en effet une dversfcaton des actvtés économques. Cette dversfcaton est confrmée par la part de la populaton actve occupée dans les dfférentes actvtés. En 2000, pratquement 81% de la populaton occupée en mleu rural partcpe à des actvtés agrcoles, de sylvculture et de pêche contre mons de 78% en 2006. Inversement, dans le secteur ndustrel (y comprs le bâtment), plus de 10% de cette populaton travalle aujourd hu dans ce secteur contre 8,5% en 2000. 6

Les composantes du PIB L équlbre emplos-ressources (cf. tableau 2) montre que les deux prncpales composantes du PIB sont les dépenses de consommaton fnale des ménages (envron 60%) et l nvestssement (envron 25%), ce derner étant mesuré par la formaton brute de captal fxe (FBCF). Ressources Tableau 2 : Equlbre emplos-ressources, 2000-2006 (à prx courants, en mllons de drhams) 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Produt ntéreur brut 393786 462871 446044 476987 500081 522649 575271 Importatons 131007 136004 143187 149155 171973 197443 220998 Total 524793 562875 589231 626142 672054 720092 796269 Emplos Dépenses de 242134 246780 258334 274162 288243 295998 319127 consommaton fnale des ménages Dépense de 72346 79577 81778 86018 94112 100580 105207 consommaton fnale des APU F.B.C.F. 102202 105937 112320 120360 133404 149054 165301 Varatons de stocks -1689 5466 3349 10682 10342 9078 16713 Exportatons 109800 125115 133450 134920 145953 165382 189921 Source : Comptes de la Naton de base 1998, Royaume du Maroc, Haut Commssarat au Plan, 2006. Les dépenses de consommaton fnale des ménages ont augmenté de 7,8% en 2006 (3,9% en volume) alors que leur crossance est évaluée à 2,7% en 2005 (1,1% en volume). Cette évoluton récente confrme que la hausse de la demande ntéreure explque en parte les performances économques récentes. D après le HCP (2006), l nvestssement et les exportatons avec un taux de crossance respectvement en valeur de 10,9% et 14,8% ont néanmons joué un rôle mportant sur la conjoncture récente. L étude des contrbutons aux varatons du PIB met en évdence un autre détermnant à la volatlté du PIB au Maroc. En effet, nous observons une grande varablté dans la contrbuton des dfférentes composantes du PIB et en partculer celle du solde extéreur et celle des varatons de stock (cf. graphque 3). 7

Graphque 3 : Contrbutons aux varatons du PIB entre 2000 et 2006 en ponts de crossance 5,00 4,00 3,00 2,00 1,00 0,00-1,00-2,00-3,00 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Dépenses de consommaton fnale des ménages Dépenses de consommaton fnale des APU F.B.C.F. Varatons de stocks Solde extéreur Source : Auteurs à partr des Comptes de la Naton de base 1998, Royaume du Maroc, Haut Commssarat au Plan (2006). La contrbuton de l nvestssement (FBCF) aux varatons du PIB a progressé d année en année depus le début de la décenne ; elle est stable en 2006. Un autre fat notable est relatf à la contrbuton du solde extéreur qu, après avor frené la crossance du PIB de 2003 à 2005, partcpe postvement à la varaton du PIB en 2006. La contrbuton de la dépense de consommaton des ménages s est également sensblement amélorée en 2006 confrmant la reprse de la demande ntéreure. Néanmons, une contrbuton extrêmement varable en début de pérode est observée : la dépense de consommaton des ménages a contrbué à hauteur de 30% à celle du PIB en 1999 (0,43 pont des 1,39 ponts de crossance du PIB), à 150% en 2000 (1,54 ponts des 1,03 ponts de crossance du PIB). La volatlté des dépenses de consommaton des ménages se reflète d alleurs assez ben dans l évoluton annuelle des postes de consommaton des ménages enregstrée dans les comptes natonaux : par exemple, l évoluton de la dépense en produts de l agrculture (à prx constants) osclle entre -5,6% en 2000 et 28,4% en 2003, celle des produts de la pêche entre 64,4% en 2001 et -45,1% en 2002, celle des produts de l ndustre entre 41,4% en 2001 et -2,4% en 2003, ou encore entre 111,3% et 5,9% pour les dépenses en Postes et télécommuncatons. 8

Tableau 3 : Contrbutons à la crossance du P.I.B entre 2000 et 2006, en ponts de crossance 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Produt ntéreur brut 1,03 8,40 4,49 6,94 4,84 4,51 10,07 Dépenses de consommaton fnale des 1,54 1,18 2,71 3,55 2,95 1,55 4,43 ménages Dépense de consommaton fnale des 0,59 1,84 0,52 0,95 1,70 1,29 0,89 APU F.B.C.F 1,12 0,95 1,5 1,80 2,73 3,13 3,11 Varatons de stocks -0,12 1,82-0,5 1,64-0,07-0,25 1,46 Solde extéreur -2,10 2,62 0,27-1,01-2,47-1,21 0,19 Source : Comptes de la Naton de base 1998, Royaume du Maroc, Haut Commssarat au Plan, Avrl 2006. La dépense de consommaton des admnstratons publques (APU) qu représente un peu mons de 20% du PIB a contrbué de manère encore plus varable à la crossance du pays. L évoluton des dépenses d nvestssement répartes entre l agrculture, l ndustre, le bâtment et les servces n apparaît guère plus stable : par exemple, -28,2% de basse dans l agrculture, en 2002, contre une hausse de 13,2% l année suvante ; -6,5 de basse dans les servces en 2001 contre 12,1 de hausse en 2002 et -1,8 de basse en 2003. Du côté des ressources, la valeur ajoutée du secteur agrcole n est pas celle qu contrbue le plus à la valeur ajoutée natonale (15,3% de la valeur ajoutée globale en 2004, 12% en 2005 et 14,5% en 2006) mas reste un secteur prépondérant. L ndustre représente (hors raffnage de pétrole) respectvement pour les mêmes années 16,6%, 17,2% et 16,5% de la valeur ajoutée totale (cf. tableau 4). La branche «servces» est le trosème secteur d actvté avec une valeur ajoutée qu partcpe à hauteur de 14% à celle de la naton. 9

Tableau 4 : Structure des valeurs ajoutées par branche à prx courants 2005 2006 Agrculture 12,0 14,5 Pêche 1,3 1,2 Industre d extracton 1,8 2,0 Industre 17,2 16,5 Raffnage de pétrole et autres produts 0,4 0,3 d énerge Electrcté et eau 3,1 2,8 Bâtment et travaux publcs 6,5 6,2 Commerce 12,2 12,3 Hôtels et restaurants 2,6 2,5 Transports 4,0 3,8 Postes et télécommuncatons 3,8 3,8 Actvtés fnancères et assurances 5,6 5,8 Servces rendus aux entreprses et 14,0 14,0 personnes Admnstraton publque générale et sécurté 10,2 9,8 socale Educaton, santé et acton socale 10,1 9,6 Branche fctve -4,9-5,1 Total 100,0 100,0 Source : Comptes de la Naton de base 1998, Royaume du Maroc Haut Commssarat au Plan, 2006. Les comptes extéreurs Les opératons sur bens et servces D après la Banque Al-Maghrb, «la structure des échanges commercaux par régon révèle la prédomnance des transactons avec l Unon européenne». En effet, elle consttue le prncpal partenare du Maroc avec près de 73% du total des exportatons et presque 53% de la valeur totale des mportatons en 2006. Le solde de la balance commercale marocane affche de manère récurrente un défct qu s est aggravé en 2004 et la tendance s est confrmée en 2005 et 2006, en dépt d une progresson des exportatons supéreure à celle des mportatons. En 2006, le solde négatf est évalué à 5,4% du PIB. 10

Tableau 5 : Défct commercal global 2 entre 2000 et 2006 (en mllards de drhams) 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Exportatons globales 78,8 80,7 86,4 83,9 87,9 99,3 111,7 Importatons globales 122,5 124,7 130,4 136,1 157,9 184,4 207,0 Défct commercal global -43,7-44,1-44,0-52,2-70,0-85,1-95,3 Source : Banque Al-Maghrb, Rapports annuels (2001 à 2006) La facture pétrolère, et donc l augmentaton du coût du fret, mas auss une hausse des achats de denrées almentares à l étranger explquent, en grande parte, cette récente évoluton. Les bens d équpement représentent néanmons une part mportante des mportatons (22% des mportatons en 2004) partcpant ans à l évoluton de l apparel productf. En effet, les «Machnes et apparels dvers» consttuent avec les votures un des premers postes d mportatons. Les mportatons de bens de consommaton représentent en 2006 plus de 40 mllards de drhams et les bens d équpement plus de 45 mllards. Du côté des exportatons, ce sont les ventes de phosphates et dérvés qu ont perms une hausse du total des ventes à l étranger de 7,2% en 2005 malgré un recul des exportatons de textles. 2 Les données tennent compte c des transactons effectuées sous le régme des admssons temporares sans paement et ne recoupent donc pas celles des comptes de la naton proposées dans le tableau 2 «Equlbre emplos-ressources». 11

Le compte de captal et des opératons fnancères La balance des paements avec l étranger ndque que le Maroc affche un solde (recettes dépenses) du compte de captal et des opératons fnancères postf en 2005 et 2006 (tableau 6). Tableau 6 : Compte de captal et d opératons fnancères (en mllons de drhams) Solde 2005 Solde 2006 Compte de captal et d opératons 14515,6 12290,1 fnancères 1. Captal transferts des mgrants -39,8-25,8 2. Opératons fnancères 14555,4 12316,0 ---2.1 Secteur prvé 16270,5 10536,0 Crédts commercaux 2886,7 699,1 Prêts et nvestssements étrangers au Maroc 14002,0 13765,0 Prêts et nvestssements marocans à -2321,7-3777,4 l étranger Monnae fducare et dépôts 1703,5-150,7 ---2.2 Secteur publc - Prêts -1715,1 1780,0 Source : Rapport annuel de la Banque Al-Maghrb, 2006. Le compte de captal présente les opératons relatves à des actfs et le compte des opératons fnancères retrace toutes les formes d nvestssements, prêts et placements. Plus précsément, le compte des opératons fnancères rensegne sur l évoluton des créances ou des engagements des résdents vs-à-vs des non-résdents. Le compte de captal met en évdence l mportance des transferts des mgrants au Maroc dont le solde s établt à pratquement 40 mllards de drhams en 2005 et 26 mllards en 2006. Rappelons que les transferts représentent une source de revenu pour des mllons de ménages dans les pays en développement ou à revenu ntermédare. A l occason d une conférence organsée par l OCDE et la Banque centrale marocane sur les transferts de fonds nternatonaux des émgrés, Straubhaar et Vadean (2005) montrent que le Maroc fat parte des 30 premers pays recevant les transferts des mgrants les plus élevés. En 2002, ls évaluent ces flux de transferts à 8,8% du PIB (avec la nouvelle base, nous évaluons ce chffre à 9%). Pour appréhender dans sa totalté le compte fnancer, l étude de la poston extéreure du Maroc qu rensegne sur l ensemble des créances et des engagements à l égard du reste du monde en encours, et donc sur la poston nette à un moment donné est ndspensable. Ans, d après le derner rapport de la Banque centrale, la poston du Maroc est débtrce nette par rapport au reste du monde (-150 mllards de drhams en 2005). En ce qu concerne notamment les nvestssements drects étrangers au Maroc, la poston nette est évaluée à 192 mllards. La dette publque extéreure Le Maroc reste un pays endetté envers l étranger et plus partculèrement vs-à-vs des nsttutons fnancères nternatonales et notamment de la Banque Mondale. Malgré la crédblté fnancère du Royaume, la confance des marchés nternatonaux de captaux et le 12

souten poltque et fnancer des pays occdentaux et des nsttutons multlatérales, la dette extéreure du Maroc reste un fardeau pour le budget de l Etat. S le rato dette extéreure / PIB reste élevé, la tendance générale est cependant à la basse depus le début de la décenne (graphque 4). 13

Graphque 4 : Dette publque extéreure, (2000-2005) 60 50 40 30 20 10 0 En % du PIB 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Source : Auteurs d après les données de la Banque Al-Maghrb, Rapports annuels (2001 à 2005) La stuaton budgétare Le rapport de 2005 du FMI ndque que la stuaton budgétare du Royaume «ne présente pas de rsque pour la stablté des fnances publques à court terme» mas nsste sur la nécessté de poursuvre la réforme du système fscal. Le rapport de 2007 se félcte quant à lu de «l excellente performance des recettes fscales et [de] la modératon des dépenses [qu] ont sgnfcatvement améloré la poston budgétare en 2006». Tableau 7 : Dette totale du secteur publc, 2002-2008 (en % du PIB) 2002 2003 2004 2005 2006 2007* 2008* Dette du secteur publc 64,9 62,0 59,9 63,7 58,2 58,0 55,6 Source : Rapport du FMI (2007) * projecton du FMI Le nveau de dette est passé de 64,9% du PIB en 2000 à 58,2% du PIB en 2006 tradusant ans une volonté des autortés marocanes de ne pas lasser dérver ce rato. De 2004 à 2005 néanmons, une varaton postve de la dette totale est venue nuancer ces bons résultats. La maîtrse des dépenses et notamment de la masse salarale a perms d nfléchr récemment la tendance et les projectons du FMI confrmeraent cette évoluton en 2007 et 2008. Le graphque 5 qu ndque l évoluton du solde budgétare (solde y comprs paements d ntérêts) et du solde prmare met en évdence cette récente améloraton de la poston budgétare. Nous constatons en effet que pour la premère fos depus un certan nombre d années, le solde prmare devent postf en 2006. Graphque 5 : Soldes budgétares, 2002-2008 (en % du PIB) 14

2 1 0-1 -2-3 -4-5 -6 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Solde budgétare Solde prmare Source : Auteurs à partr des données du rapport du FMI (2007) Nota : le solde prmare correspond à la dfférence entre les recettes et les dépenses hors prse en charge de la dette sous forme d ntérêt. De 2004 à 2005 néanmons, les dépenses ont largement excédé les recettes. Sgard (2006) précse qu après avor prs en compte les recettes de prvatsaton (dont le produt devrat cependant déclner dans les années à venr), le défct budgétare partcpant à la créaton de dette publque n est plus que de 2,6% (en pourcentage du PIB) en 2004. La dégradaton observée en 2005 (4,7%) est lée à un facteur partculer : le fnancement d un programme de retrate antcpée des fonctonnares. Cette mesure s nscrt notamment dans les objectfs de réducton de la masse salarale de l Etat décdés en collaboraton avec la Banque Mondale. Poltque monétare La condute et la défnton de la poltque monétare sont confées à la banque centrale qu a pour objectf expressément défn, la stablté des prx. Ben qu un tel objectf sot porteur de crédblté monétare, l crée des contrantes fortes dans une économe en développement. La composton du Consel de la Banque a été revue pour en exclure les représentants de l'admnstraton, à l'excepton du Drecteur du Trésor et des Fnances Extéreures qu ne prend toutefos pas part au vote des décsons relatves à la poltque monétare. Les possbltés de fnancement du Trésor ont été rédutes à une faclté encadrée dans son montant et dans le temps. L'autonome de la Banque Centrale a été consoldée par l'oblgaton de son retrat du captal et des nstances de geston des organsmes soums à son contrôle. L nflaton telle qu elle est mesurée apparaît relatvement fable et maîtrsée en dépt des tensons des dernères années sur le prx du pétrole mas auss d une forte augmentaton de la demande ntéreure en 2006. Néanmons, les prx à la consommaton ont augmenté de plus de 3% de 2005 à 2006 alors que le nveau d nflaton s état stablsé autour de 1,5% les tros années précédentes (graphque 6). Graphque 6 : Évoluton de l ndce des prx à la consommaton (2000-2006, en %) 15

3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Source : Auteurs d après les données du FMI (2007) La Banque Al-Maghrb puble, à l nstar d autres banques centrales, un ndce d nflaton sous-jacente, pour mesurer la tendance fondamentale des prx : la hausse mesurée pour 2005 est de 1,6%, un chffre plus élevé qu en 2004 (1,3%) mas reste en deçà de la lmte de 2% retenue comme référence pour la hausse des prx à moyen terme. D après la banque centrale, la poltque monétare prudente mse en œuvre explque en parte la détente des prx. Les nterventons de la Casse de compensaton ont en effet réuss à atténuer les effets de la flambée du cours du pétrole sur le nveau général des prx. Une analyse sur plus longue pérode montre que c est pour les bens almentares que l ndce du coût de la ve a le plus augmenté. En normalsant cet ndce à 100 en 1989, l est en 2007 de 181,8 pour l almentaton et de 174,3 pour les produts non almentares (HCP, 2007). L observaton de l évoluton de l ndce des prx à la consommaton depus 1960 confrme une volonté de stablté des prx depus le mleu des années 1990. (cf. graphque 7). Graphque 7 :Taux d'nflaton sur longue pérode 20 15 Indce des prx à la consom m aton (% annuel) 10 5 0 1960 1970 1980 1990 2000 2010 tsd source : WDI 16

Secton 2 : L épargne La mesure de l épargne dépend des conventons adoptées en ce qu concerne le revenu dsponble et la consommaton. Tradtonnellement, l épargne des ménages est défne comme un solde brut correspondant à la dfférence entre le revenu dsponble brut et la dépense de consommaton. Cette conventon de mesure suscte cependant des dscussons. Celles-c se rapportent aux dfférents facteurs qu peuvent modfer de manère sgnfcatve la mesure de l épargne dans une économe : - les transferts socaux en nature (ou consommatons ndvdualsables à la charge des admnstratons publques) : leur prse en compte modfe sensblement le champ de la consommaton des ménages, et partant celu de l épargne. - la consommaton de captal fxe (CCF) : étant donné que l épargne peut servr à compenser en parte ou en totalté la perte de valeur du captal, l est ntéressant de calculer un taux d épargne net. Dans le cas des ménages, la CCF mesure la perte de valeur des équpements productfs des entrepreneurs ndvduels et l obsolescence du patrmone en logement des ménages. La noton est cependant délcate en ce qu concerne les logements. En outre, elle est dffcle à produre et vare sensblement d un pays à l autre. - la structure fscale (pods relatf des mpôts ndrects) : le revenu dsponble brut (RDB) s entend après déducton des mpôts perçus drectement par les APU. En revanche, les mpôts ndrects sur les produts (TVA, TIPP, ) sont prélevés ndrectement par le bas de la consommaton ou de l nvestssement (en France par exemple, l nvestssement en logement est soums à la TVA). La mesure du revenu est plus élevée dans les pays où les mpôts ndrects représentent une part mportante des prélèvements oblgatores. Mas ces mpôts se répercutant sur les prx de détal toutes taxes, ce surcroît de revenu nomnal ne confère évdemment pas plus de pouvor d achat aux ménages. Dans une perspectve de comparasons nternatonales, certans auteurs préconsent d évaluer l épargne après avor dédut les mpôts ndrects du RDB au même ttre que les mpôts drects. - les plus-values fnancères (peu pertnent s le développement fnancer est fable) : contrarement aux ntérêts et aux dvdendes, les plus-values ne sont pas ntégrées dans le revenu des ménages. En revanche, les mpôts sur les plus-values réalsées sont nclus dans les mpôts drects et sont donc déduts du RDB. La prse en compte des plus-values rehausserat l évaluaton de l épargne. - les bens durables : la frontère entre consommaton et épargne peut être déplacée s l on donne aux achats de bens durables un caractère d nvestssement. On peut se demander s de tels bens ne devraent pas être comptablsés en consommaton de captal fxe plutôt qu en dépense de consommaton. Le taux d épargne s en trouverat accru. Épargne nvestssement Les comptes natonaux permettent de détermner la capacté ou le beson de fnancement d une économe pour chaque année. Le tableau 8 confronte l épargne natonale brute et l nvestssement brut (FBCF) de l économe marocane de 2000 à 2006. Tableau 8 : Epargne et nvestssement de 2000 à 2006 (à prx courants, en mllons de drhams) 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 17

Epargne 95 466 129 614 131 945 146 280 152 297 168 152 198 340 natonale brute FBCF 102 202 105 937 112 320 120 360 133 404 149 054 165 301 Source : Comptes de la Naton de base 1998, Royaume du Maroc, Haut Commssarat au Plan, 2006. L année 2001 est marquée par une forte progresson du taux d épargne natonale (cf. graphque 8). C est d alleurs à partr de cette pérode que le Maroc dégage une capacté de fnancement de son économe (cf. graphque 9). 18

Graphque 8 : Taux d nvestssement et taux d épargne en % du PIB courant, 2000-2006 35 30 25 20 15 Taux d'nvestssement Taux d'épargne 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Source : Comptes de la Naton de base 1998, Royaume du Maroc, Haut Commssarat au Plan, 2006 20000 15000 10000 5000 Graphque 9 : Capacté de fnancement (+/-) 2000-2006 (en mllons de drhams) 0-5000 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Source : Auteurs d après les données de la Banque Al-Maghrb, Rapports annuels (2001 à 2006) Cette capacté de fnancement reflète toutefos l atone du taux d nvestssement, qu se stue à un nveau quas nchangé depus quelques années : de 25% contre 23% en moyenne au cours de la décenne 1990. Comparé à ceux des pays vosns du Sud de la Médterranée, ce taux d nvestssement se stue à un nveau ntermédare, supéreur à celu de l Egypte (18% en moyenne au cours de la décenne 90) mas nféreur à celu de la Tunse (28%) et de l Algére (30%). Ce taux d nvestssement a cependant une répercusson assez fable en termes de crossance du PIB. Cela tradut un problème, commun à l ensemble des pays à revenus ntermédares, d allocaton des ressources au sen de l économe, en grande parte lé à un développement nsuffsant de l ntermédaton fnancère et du système fnancer dans son ensemble. Le Maroc a donc un surplus d épargne que le crcut tradtonnel d ntermédaton ne parvent pas à achemner effcacement jusqu aux forces productves du pays. Les PME qu composent pourtant un large pan du tssu productf du pays rencontrent notamment d mportantes dffcultés de fnancement. Comme le note Sgard (2006), «le problème est qu au leu d apporter leurs ressources aux entreprses moyennes, les banques achètent des ttres publcs, fnancent les grandes entreprses et stockent leur lqudté résduelle à la Banque centrale. S elles le pouvaent, elles nvestraent en Bons du trésor amércans». Or s les banques estment nsuffsantes les garantes qu elles peuvent obtenr auprès du 19

secteur des PME, on comprend asément que l émsson d actons, même sur un compartment adapté du marché bourser, ne pusse guère rencontrer plus de succès. Épargne par catégore d agents Au sen de l économe domestque, pluseurs catégores d agents partcpent à la consttuton de l épargne natonale brute dont les socétés fnancères (qu partcpent à la collecte de l épargne), les socétés non fnancères, les ménages et les admnstratons publques. Les comptes natonaux permettent également de détermner l apport fnancer de l extéreur. Le tableau 9 rensegne sur les montants épargnés pour chaque nsttuton de 1998 à 2003 qu est à ce jour la dernère année dsponble dans les données des comptes natonaux sectorels. Les deux secteurs nsttutonnels qu partcpent le plus à l effort d épargne natonale sont les socétés non fnancères et les ménages. Le rôle des admnstratons publques et des socétés fnancères s est rédut depus 1998. 20