Agriculteurs ou particuliers : L'entretien durable des haies ou le recours en grâce de la tronçonneuse

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1 T RIEUX, L EFF, I C ET RUISSEAUX COTIERS Communiqué de presse Agriculteurs ou particuliers : L'entretien durable des haies ou le recours en grâce de la tronçonneuse Préambule Un arbre n'a pas besoin d'être taillé pour pousser. L'élagage, le recépage, la taille mécanique latérale sont des techniques d'entretien qui doivent permettre de répondre à un objectif choisi : limiter l'emprise sur la route ou la parcelle agricole, créer un brise vent efficace, produire une ressource énergétique, favoriser la bio-diversité, La première question est donc : dans quel objectif je taille? La plupart du temps, il s'agit de limiter l'emprise de la haie pour contenir la «gêne» qu'elle peut occasionner dans la parcelle agricole ou sur la route. L éligibilité totale de la haie aux aides PAC, jusqu'à une emprise de 10m, permet aux exploitants agricoles d'alléger considérablement la pression d'entretien des haies. En effet, nul besoin d'un élagage excessif des arbres ou d'une coupe sévère au lamier des arbustes du taillis (saules, noisetier, ) pour conserver les aides PAC sur l'ensemble de la surface de la parcelle. Il est donc aujourd'hui possible d'être moins exigent sur l'emprise en largeur de la haie ce qui permet de choisir un itinéraire technique moins coûteux financièrement et moins consommateur de temps. Des règles générales Même si l entretien peut être variable d une haie à l autre, certains principes s appliquent systématiquement : effectuer des coupes franches et nettes, au ras du tronc pour les branches des arbres ou au ras du sol pour le taillis, afin d'assurer une bonne cicatrisation, et ne pas offrir une porte d entrée aux nombreux pathogènes, bactéries ou champignons, ces coupes permettent également de limiter la repousse de branches, la cicatrisation empêchant le réveil de bourgeons dormants sous l'écorce, travailler en période d'inactivité de l'arbre en coupant entre le mois de novembre et le mois de février.

2 Une bonne coupe de branche Il est également important de se préoccuper de l avenir de la haie après intervention en prenant en compte la régénération. On doit faire en sorte de favoriser une régénération naturelle ou de planter. Tailler c'est bien, planter c'est mieux! Le bocage est un habitat naturel construit par l'homme mais la maison a vieilli, des murs se sont écroulés et elle a besoin d'être rénovée. Le maintien de haies fonctionnelles qui remplissent correctement leurs rôles agronomiques ou écologiques dépend de ce principe. La bonne gestion de la «futaie» dans la haie La futaie est composée d'arbres de hauts jets : chêne, châtaignier, hêtre, Ces arbres atteignent leur maturité bien au-delà du siècle! Il convient donc de les récolter avec parcimonie et de toujours s'assurer qu'il existe des tiges d'avenir assurant le renouvellement. Au cours de la longue vie des arbres, il est possible de pratiquer un élagage, c'est-à-dire de couper les branches basses qui gênent le plus. Ne couper pas plus d'un tiers des branches. C'est souvent inutile pour faire passer les engins (tracteurs dans les champs ou camions sur la route) et cela provoque irrémédiablement la pousse d'une multitude de nouvelles branches. Un élagage qui respecte cette règle de proportion (1/3 élagué, 2/3 en branches) garantie de n'avoir pas à recouper dans quelques années les mêmes branches. Ne couper pas trop et les branches ne repousseront pas, la croissance de votre arbre se fera dans les branches du haut. Avec cette pratique, un entretien sur les arbres tous les 10 à 15 ans est suffisant. La bonne gestion du «taillis» dans la haie Le taillis pousse sur une ancienne souche ce qui lui donne une vigueur importante. Les essences que l'on retrouve sont les saules, le noisetier, le prunellier, parfois le châtaignier En premier lieu, il est important de pratiquer un recépage tous les 10 à 15 ans (selon l'essence). Il consiste à la coupe de tous les brins de la cépée au ras du sol ce qui provoque la formation d'une nouvelle cépée. Si la rotation est trop courte, on épuise les souches qui perdent petit à petit leur capacité de production et si elle est trop longue, elles rejettent moins bien.

3 A la différence des arbres dont les branches les plus basses sont au-dessus de la cabine du tracteur, le taillis prend autant de hauteur que de largeur. Entre chaque recépage (5 à 7ème année), vous pouvez pratiquer un entretien latéral. Deux possibilités s'offrent à vous : le mécanique ou le manuel. Le lamier va permettre de maintenir la largeur de la haie mais va accentuer la croissance du taillis vers les côtés puisqu'il laisse de nombreuses branches, aux diamètres importants et qui vont s'empresser de rejeter. Ces rejets peuvent en une année atteindre plus d'un mètre. Il faudra donc intervenir 2 à 3 fois entre chaque recépage. Les interventions mécaniques sont les plus rapides mais augmentent la fréquence. Il est également possible de pratiquer un détourage à la tronçonneuse en coupant au ras du sol les tiges gênantes, plus long à réaliser mais qui ne demandera qu'un passage. Autre avantage de cette technique, elle permet de récolter lors du recépage des tiges plus grosses car moins en concurrence. Haie avant interventions Détourage manuel d'un taillis de noisetier Haie après recépage et élagage

4 Le lamier : un faux ami? Outil mécanique qui permet de couper des branches allant jusqu'à 20 cm de diamètre, le lamier est de plus en plus utilisé. Il est possible d'utiliser le lamier dans la gestion de la futaie et du taillis. C'est souvent un choix lié au gain de temps à court terme mais qui engendre un certain nombre de problèmes.

5 Pour les arbres de haut jet, le lamier permet de faciliter l'intervention manuelle mais ne peut totalement la remplacer puisqu'il faut couper, à l'aide la tronçonneuse les morceaux de branches restant après le passage du lamier. Dans le cas contraire, ces branches vont utiliser les bourgeons dormants présents sous l'écorce et produire des branches qu'il faudra à nouveau couper dans trois ou quatre ans (voir dessin). Il faut couper au maximum 1/3 des branches comme pour un élagage sinon le lamier devra être passer tous les 5 ans au lieu de tous les 10 à 15 ans avec un élagage. Pour le taillis, le maintien en largeur des cépées peut être réalisé au lamier à raison de deux ou trois passages entre la 5ème année et le recépage. Moins coûteux en temps qu'un détourage manuel mais sans doute plus onéreux. En effet, au-delà du coût/mètre des deux ou trois passages, le lamier pose souvent un problème pour celui qui voudra produire des plaquettes bocagères du fait de la multitude de branches et de leur enchevêtrement qui bloque les broyeurs. Il n'y a donc pas de valorisation. Les haies tondues : un choix coûteux Il est également possible de «tondre» les haies avec cet outil. Il s'agit d'abandonner complètement l'intervention de la tronçonneuse en mécanisant tout l'entretien. Les arbres et le taillis sont gérés sans distinction. Cette technique demande un passage en entretien presque tous les ans afin de maintenir les nombreuses repousses. Au-delà du fait que la haie n'est plus aussi fonctionnelle (accueil des auxiliaires des cultures, brise-vent, ), ce choix coûte très cher. Une étude technico-économique de la Chambre d Agriculture de l Orne met en évidence qu un entretien par recépage revient à 6 fois moins cher qu un entretien par taille latérale. De plus le passage fréquent du lamier à scies ou à couteaux détériore la qualité des haies et diminue la production de bois.

6 Massacre à l'épareuse : une fatalité? Une épareuse utilisée correctement effectue du bon travail. Elle doit pour cela travailler à vitesse réduite, être équipée de petits fléaux bien aiguisés et travailler sur des branches de tout petit diamètre (1 à 2 cm au maximum). Elle peut très bien s'adapter à l'entretien d'un jeune taillis de prunellier. Malheureusement, dans la plupart des cas, de gros marteaux remplacent les fléaux pour une plus grande polyvalence et l épareuse fonctionne à sa vitesse de pointe : elle fait alors de multiples tâches - broyage d herbes et de branches - à moindre coût, mais à quel prix pour la haie! Les branches éclatent, se déchirent et ne parviennent pas à cicatriser,. L année suivante, on entre encore d avantage dans la haie, réduisant inexorablement son volume, abîmant les souches. Le végétal s épuise, est plus sensible aux attaques de ravageurs. La répétition de ce type d entretien entraîne à terme la mort de la haie. Enfin, en raisonnant au coût horaire, l'épareuse semble être la méthode la plus économique. Lorsqu'on intègre des critères de vitesse d'avancement, de fréquence d'intervention et d'impossibilité de valoriser les produits de coupe, il s'agit de la méthode la plus onéreuse.

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