Salles Curan Maison de Bertrand de Chalencon

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1 PATRIMOINE Midi Pyrénées Service connaissance du patrimoine DCAV Région Midi Pyrénées Salles Curan Maison de Bertrand de Chalencon Diagnostic patrimonial Août 2010 Complété en août 2014 Diane Joy, Maurice Scellès

2 Présentation L édifice qui fait l objet de ce diagnostic a été acheté par la commune de Salles- Curan pour en faire un établissement culturel (lieu d exposition, médiathèque ). Il s agit d une maison située au sud de l église de Salles-Curan, occupant les parcelles 231 à 237 de la section AM du cadastre de Les travaux de réhabilitation ont déjà débuté : la toiture et les façades extérieures ont été restaurées ; un nouvel accès sur la place à l est (porte en rez-de-chaussée) et la restitution d éléments de croisées disparus ont été effectués. Les intérieurs n ont pas encore fait l objet de travaux. Une visite rapide de la maison a été effectuée le 28 juillet 2010, en compagnie de Madame Françoise Cunienq, adjointe au maire de Salles-Curan chargée de la culture, de Diane Joy et Julie Lourgant (service patrimoine du Grand-Rodez), et de Pierre Lançon (bibliothécaire de la Société des Lettres de l Aveyron). Elle a permis de définir l intérêt de la maison et l opportunité d une étude archéologique appuyée par des analyses de dendrochronologie (des bois en place, notamment dans les cloisons en pan-de-bois des étages, permettent d envisager une datation par dendrochronologie). Eléments d historique Dans son état actuel, la maison présente une homogénéité apparente remarquable. La mise en œuvre de la maçonnerie (en moellon), le dessin des portes, aux piédroits en quart de rond et couvertes d arcs segmentaires chanfreinés, la modénature des croisées et demi-croisées et leurs appuis saillants, invitent à situer la construction dans la seconde moitié du XVe siècle. Les armes de Bertrand de Chalencon représentées sur la croisée d angle ne permettent pas de resserrer davantage la fourchette chronologique puisqu il fut évêque de Rodez de 1457 à Description L édifice occupe presque la totalité de l îlot compris entre la Grand-rue, la rue Noire et la place de l Eglise. Il est de plan trapézoïdal, plus étroit à l est qu à l ouest. Il est divisé en deux d est en ouest par un mur de refend (qui servit de trame au découpage parcellaire moderne) et la moitié méridionale de la maison est plus étendue vers l ouest que la partie nord. La maison s élève sur quatre niveaux : un niveau de soubassement voûté qui rattrape le fort dénivelé du terrain (il est plus haut à l ouest, où il est divisé en deux, et où il constitue un véritable rez-de-chaussée avec une porte de plain-pied sur la Grandrue), deux étages carrés et un étage de comble. Un escalier en vis, implanté au nord, en œuvre et au revers de la façade sur la Grand-rue, assure la distribution de tous les niveaux, dès le niveau de soubassement voûté, dont la vocation était vraisemblablement de servir de réserves. Chacun des étages est desservi par trois portes depuis l escalier, distribution qui indique bien la différenciation des espaces et leur hiérarchisation. A chacun des étages, en effet, on distingue une organisation tripartite de l espace : un tiers oriental (qui est le moins bien conservé actuellement) et deux pièces de part et d autre du refend vers l ouest, la pièce sud étant desservie par un couloir pris sur l espace de la pièce nord par une cloison en pan-de-bois. Les deux pièces sud-ouest des étages 1

3 sont celles qui reçoivent le plus d équipements de confort et celles dont le traitement est le plus soigné ; le choix de ces pièces pour établir les lieux de vie confortables se justifie vraisemblablement par leur exposition. La pièce sud-ouest du premier étage se distingue par ses nombreux équipements, regroupés, qui plus est, dans l angle nord-ouest de la pièce : une cheminée sur le mur ouest, des latrines sur le même mur, sur le mur nord un évier (avec pierre d écoulement au niveau du sol) et un placard. La fenêtre à croisée de la pièce est en outre pourvue de coussièges. La pièce contiguë, au nord, comporte elle aussi une cheminée, mais moins vaste, jouxtée d un potager, et, vers l est, un petit évier avec une pierre d écoulement inclinée. La porte entre les deux pièces est repercée, ce qui indique bien que la distribution d origine s effectuait depuis l escalier uniquement. Le second étage reprend les mêmes dispositions générales : une pièce au nord, peu éclairée par une seule fenêtre, et comportant une cheminée, et une pièce au sud, plus éclairée par deux fenêtres (une croisée et une demi-croisée) et pourvue de latrines (deux pour la pièce sud du second étage). Les dispositions d origine des pièces orientales, plus modifiées, ne peuvent pas être véritablement décrites au stade du diagnostic. On peut cependant indiquer que la division nord-sud de l espace est assurée par un mur de refend en moellon dans lequel un grand arc de décharge est visible au premier étage dans la pièce sud. Dans cette pièce, le piédroit d une cheminée d origine est conservé sur le mur sud. Dans la pièce nord-est du second étage, la croisée d angle est jouxtée d une cheminée qui semble dater de l époque moderne. La présence de cette fenêtre très ostentatoire et qui porte les armes du commanditaire est peut-être due davantage à son emplacement vers la place et vers la rue qui mène à l église que pour distinguer une pièce à la fonction particulière. 2

4 Problématique et préconisations pour une étude archéologique Ce rapide diagnostic donne une idée de ce que pourrait apporter une étude archéologique de la maison. Le parti originel de la maison est dans un bon état de conservation et présente, a priori, un véritable programme qu il serait intéressant d étudier. L identité du commanditaire, Bertrand de Chalencon, évêque de Rodez, renforce cet intérêt, puisqu il s agit, non seulement de comprendre la maison pour elle-même, mais également au sein de Salles-Curan, lieu de résidence d été des évêques de Rodez, et donc dans ses relations avec le château, l église, et dans le fonctionnement de ce lieu de villégiature des évêques. L étude et la datation de cet édifice aux formes très caractéristiques fourniraient de plus un jalon intéressant pour l étude des maisons du XVe siècle en Aveyron, et plus largement pour l histoire de l art de cette période dans la région de Rodez. Les questions ouvertes : - Chronologie de la construction (une construction homogène puis peu de remaniements ultérieurs?). - Fonction des différentes pièces (la pièce nord-ouest du premier étage peut-elle, par exemple, être identifiée comme une cuisine?) et des niveaux de soubassement. - Hiérarchisation des espaces dans les niveaux d habitation. - Programme de la maison (l absence de grande arcade de boutique ou d atelier en rez-de-chaussée souligne-t-elle une vocation résidentielle qui correspond bien à l identité du commanditaire?). Méthode envisagée : NB : Des plans et élévations de la maison ont été réalisés par le SDAP et sont mis à disposition pour l étude. - Campagne photographique complète, par niveau et par pièce. - Examen et analyse de la partie orientale du bâtiment, appuyée au besoin de piquetages ponctuels des enduits voués à être enlevés, pour retrouver les dispositions d origine. - Examen attentif des équipements de la pièce sud-ouest du premier étage : latrines, évier et placard pouvaient-ils être isolés par un cloisonnement? - Vérifier si les équipements sont tous d origine (particulièrement le potager et l évier de la pièce nord-ouest du premier étage). - Rechercher si la pièce sud ouest du second étage pouvait être cloisonnée entre la croisée et la demi-croisée, ce que semble indiquer la présence de deux latrines (observations qui seront limitées du fait du remplacement des poutres à ce niveau, sachant que l accroche des cloisons en pan-de-bois disparues se lit essentiellement sur les plafonds). - Examen des enduits : vérifier dans la mesure du possible l absence ou la présence de décors peints, particulièrement dans les pièces pourvues d équipements de confort (pièces sud-ouest des étages). - Vérifier la contemporanéité des cloisons en pan-de-bois. 3

5 Dendrochronologie : L édifice conserve suffisamment de bois en place (poteaux des cloisons, plusieurs poutres des plafonds et certaines pièces de la charpente) pour que puisse être envisagée une analyse de dendrochronologie. La forte section des poutres laisse espérer un nombre de cernes important et les flaches observées sur certaines d entre elles signalent la présence d aubier qui pourrait permettre de dater la coupe des bois à l année près. Toutes les études montrent que les bois sont mis en œuvre peu après la coupe, quelques mois après le plus souvent, et c est donc la construction de la maison qui pourrait ainsi être datée avec une grande précision. 4

6 Figures Figure 1. Extrait du plan cadastral 2010 AM. 5

7 Figure 2. Elévation est. 6 Figure 3 : Croisée sur l angle nord-est.

8 Figure 4 : Elévation nord. Figure 5 : Elévation sud. Figure 6 : Elévation ouest. 7

9 Figure 7 : Elévation nord, étages. Figure 8 : Elévation nord, rez-de-chaussée. 8

10 Figure 9 : Elévation sud, étages. Figure 10 : Elévation sud, rez-de-chaussée. 9

11 Figure 11 : Niveau de soubassement, pièce nord-est. Figure 12 : Niveau de soubassement, pièce nord-ouest. 10

12 Figure 13 : Premier étage, pièce nord-ouest, vue vers l est : cloison en pan-de-bois et porte sur l escalier. Figure 14 : Premier étage, pièce nord-ouest, vue vers l ouest. 11

13 Figure 15 : Premier étage, pièce sud-ouest, murs ouest et nord : cheminée, latrines, évier et placard. Figure 16 : Premier étage, pièce sud-ouest, mur sud : croisée. 12

14 Figure 17 : Deuxième étage, pièce sud-est, mur ouest avec arc de décharge. Figure 18 : Deuxième étage, pièce nord-est, cheminée du mur nord et croisée d angle. 13

15 Figure 19 : Deuxième étage, pièce sud-ouest, murs sud et ouest : fenêtres, cheminée et latrines. Figure 20 : Deuxième étage, pièce nord-ouest, mur ouest : cheminée. 14

16 Figure 21 : Portes de l escalier. Figure 22 : Niveau de soubassement : départ de l escalier en vis. 15

17 12. Salles-Curan Demeure dite «Maison de Bertrand de Chalencon» Plan du niveau de soubassement. Dessin M. Scellès, 2014, d après les relevés de Jean-Paul Tournier, Gra N nd- rue Grand-rue puits place de l Eglise rue Noire 0 10 m

18 12. Salles-Curan Demeure dite «Maison de Bertrand de Chalencon» Plan du 1er étage (rez-de-chaussée surélevé). Dessin M. Scellès, 2014, d après les relevés de Jean-Paul Tournier, N 0 10 m

19 12. Salles-Curan Demeure dite «Maison de Bertrand de Chalencon» Plan du 2e étage. Dessin M. Scellès, 2014, d après les relevés de Jean-Paul Tournier, N 0 10 m

20 12. Salles-Curan Demeure dite «Maison de Bertrand de Chalencon» Coupe transversale nord-sud. Dessin M. Scellès, 2014, d après les relevés de Jean-Paul Tournier, m