Education Physique et Sportive Socialisation et Education

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1 Education Physique et Sportive Socialisation et Education L EPS est-elle elle une discipline éducative? A. Thépaut Cours CAPEPS 13/10/2006

2 1 - L E.P.S. : discipline éducative

3 En éduquant les corps, les enseignants, éducateurs physiques, ont, semble-t-il toujours eu le souci d éduquer les «cœurs» Avoir une action éducative sur le comportement des sujets (des élèves) à l égard d autrui, de soi, de son environnement

4 L éducation (physique et sportive) une éducation / développement du corps, de l activité corporelle Education (physique et sportive) et Développement (accéder à un meilleur) 1. Des qualités 2. Des valeurs morales

5 L éducation : une définition BEAUTE J., (1994), Les courants de la pédagogie contemporaine. Erasme Chronique sociale.

6 L instruction la sphère des savoirs et savoir-faire. L éducation la sphère des valeurs. La formation: aux rôles et statuts liés à la sphère de l organisation sociale.

7 L EPS s impose comme une discipline scolaire à fort pouvoir éducatif Des disciplines centrées sur la transmission des savoirs (mathématiques, sciences de la vie te de la terre, histoire géographie ) Des disciplines éducatives :(éducation musicale, éducation artistique, éducation morale )

8 Les Instructions Officielles Collège : «Par la richesse et la diversité de ces environnements et des APSA qu elle propose, l EPS au collège contribue à l éducation à la santé, à la sécurité, à la solidarité, à la responsabilité et à l autonomie. En offrant des possibilités concrètes d accéder aux valeurs sociales et morales, notamment dans le rapport à la règle, l EPS participe à l éducation de la citoyenneté.» Lycée :

9 1.1 - DES QUESTIONS comme autant de problématiques possibles Quel impact éducatif? L eps, discipline souvent plébiscitée par les élèves Mais qui occupe encore bien souvent une place mineure dans le classement scolaire des disciplines Et un horaire peu conséquent

10 1.1.2 Une discipline au statut particulier L enseignant entretien des rapports privilégiés avec les élèves Mais qui n échappe pas aux heurts conflits et violences pendant les cours (conflits enseignants/élèves, élèves/élèves, élèves / matériel) Méard J.A., Bertone S., (2001) «Citoyenneté et apprentissage : rendre les règles signifiantes» Revue EPS 288.

11 3 Une discipline particulière du point de vue des normes scolaires Elle favoriserait la réussite des élèves, habituellement en échec dans les autres disciplines scolaires Mais dont les résultats statistiques montrent, dans une réussite globale, une réussite plus importante des élèves, habituellement en réussite à l école (G. COMBAZ 1992, C. VIGNERON 2005)

12 2 - Des rapports entre EPS et APSA

13 2.1 Distinguer EPS et APSA Les APS sont le moyen de l éducation physique et non la finalité en soi (Hébrard( A. 1986, L éducation physique et sportive, réflexions et perspectives,, Paris, Ed Revue EPS revue STAPS) L EPS ne se confond pas avec les APS qu elle utilise et organise Si l EPS n est pas l apprentissage des APSA, qu en est-il de ses rapports avec les «valeurs morales» du mouvement sportif?

14 L EPS ne repose pas uniquement sur les seules activités sportives Elle s appuie également sur d autres activité physiques (la danse, les activités du cirque, les ASDEP ) Ces activités ont-elles la même finalité éducative que celles du mouvement sportif?

15 2.2 Les valeurs des activités sportives Sport et éducation physique : au départ, une et même chose Le sport est au départ une forme d éducation des jeunes et futures cadres Quelles valeurs? Les valeurs de l aristocratie et haute bourgeoisie britannique : courage, loyauté, fair-play, vaincre dans le respect de l autre, des règles le fighting spirit

16 Le sport à l école : un débat entre classiques et modernistes Un débat sur l éducation, l enseignement scolaire Les classiques : partisans d une formation académique, humaniste (faire ses humanités) Les modernistes : une scolarité ouverte sur la vie, le monde contemporain, la formation professionnelle V. Isambert Jamati : Crises de la société, crises de l enseignement,, Paris PUF, 1979.

17 L œuvre de P. de Coubertin P. De Coubertin : un éducateur avant d être le rénovateur des Jeux Olympiques de l ère moderne Hypothèse : faute de n avoir pu faire entendre sa voix dans le domaine éducatif scolaire, il se tourne vers l organisation du mouvement sportif

18 En résumé Durant toute la fin de 19 ième siècle et le 20 ième siècle Le sport L EP Vont se développer, s institutionnaliser en même temps Non sans conflit, ni lutte d influence P. Arnaud (1985), La didactique de l éducation physique, in Psychopédaogogie des activités physiques et sportives, Toulouse, Privat, Chap 17, pp

19 3 La question des valeurs Un point de rencontre entre Des activités (physiques et sportives) Un sujet en développement Un enseignant (des conceptions éducatives) Quelles valeurs

20 3.1 Des activités physiques et sportives Les activités sportives : des activités vertueuses Aux effets contradictoires. 1 Dans la pensée des promoteurs de l activité sportive (et des éducateurs sportifs), le sport est un mode de vie permettant d accéder aux plus grandes valeurs morales, au meilleur de l homme 2 en même temps des études montrent des effets contradictoires PARLEBAS : «Le sport n est pas vertueux en soi, il devient ce que l on en fait» in Education physique et conduites motrices, Ed EPS, 1976/2001

21 Le rapport à la règle La maîtrise de l agressivité La socialisation : respect de l arbitre, des partenaires des advsersaires Des résultats contradictoires

22 Transgression des règles et conduites agressives Une étude des comportements agressifs C. SABATIER et R. PFISTER(1995) Transgression des règles par l enfant dans la pratique du hand-ball en milieu scolaire, Revue STAPS n 36, Presse Universitaire de Grenoble.

23 évolution des comportements chez le pratiquant temps de pratique. Comment évolue le comportement d enfants au cours de la pratique d un sport collectif et plus précisément si le fait de suivre un enseignement influence ou non le respect des règles et la maîtrise de l agressivité

24 Des Interactions Adversives Conformes au règlement (I. A. C.) des interactions qui sont codifiées par le règlement et donc légales (capter, s emparer de la balle, s opposer à la progression du joueur adverse...) Des Interactions Non Codifiées (I.A.N.C.) des interactions qui ne respectent pas le règlement et sont donc non conformes et illégales.

25 Intervention Adversive Non codifiée Opératoire non opératoire Fonction Destinataire Nature Exemples Instrumental e Orientée vers la réalisation de la tâche motrice Réactive, hostile, ne permettant pas d opérer directement la tâche motrice Adversaire Physique Préhension Adversaire arbitre partenaire soi-même objet public autres Verbale Gestuelle Physique Rétention Percussion Altercation, dispute, insulte, menace, bousculade, frappe,... en dehors de l action

26 Principaux résultats

27 Une différence selon le temps de pratique L étude donne les résultats suivant chez les élèves observés : Les IANC opératoires représentent 33% Les IANC non opératoires 67% une différence importante avec les résultats obtenus généralement chez les sportifs adultes Les IANC «opératoire» occupent une place plus importante : 95% en handball ( étude de Pfister, Roustan et Roustan 1991) 85% en football (étude de Pfister en 1987).

28 Chez les enfants prédomine une agressivité émotionnelle réactive, alors que chez les adultes c est une agressivité «instrumentale».

29 l enfant constitue un «terrain» extrêmement favorable à l acquisition de ces conduites déviantes : son réalisme est tel qu il ne juge pas les agressions en regard de leur signification morale, mais en fonction du résultat et de leur efficacité.

30 La maîtrise cognitive des règles ne s accompagne pas d une meilleure acceptation de cette contrainte, mais sert au contraire à mieux les contourner et à s en jouer. Cette influence reste essentiellement dans le sens d une tolérance, voire d une incitation à la violence.

31 Sport et développement moral Une étude menée sur l effet des stratégies éducatives dans l animation sportive, sur le développement moral Les effets d une animation sportive conduite sur le long terme (10 mois) Pantaléon N., Bruant G., (1999), Sport et intégration sociale : effets des stratégies éducatives sur le développement moral, Revue Française de Pédagogie 127, avril-mai-juin, pp

32 Ils mesurent la «conscience morale» en situation sportive, dans leur rapport a - à la corruption b - aux réaction à la tricheries de l adversaire c - au respect des décisions de l arbitre sur une échelle de valeur allant de 1 à 5 niveau d équilibre

33 L étude montre : Globalement, l expérience sportive entraîne une régression de la conscience morale dans les situations sportives Il existe un effet de l interaction moment- âge : la régression est plus forte chez les préadolescents (11/14 ans)

34 3.1.3 Sport et socialisation DURET P. AUGUSTINI M (1993) Sports de rue et insertion sociale, Paris Insep Les situations sportives mettent en jeu des logiques complexes

35 Valeur : la famille DOMESTIQUE e Valeur : l égalitarism Valeur : le talent DON COMPROMIS Justice par recomposition PRINCIPE PRINCIPE COMPROMIS Justice «maison» PRINCIPE PRINCIPE Constitution de l équipe L EFFORT Valeur : le mérite Justice tra nsitoire CO MPRO MIS Justice compensatoire COMPROMIS DROIT

36 CONCLUSION 1 - Les études montrent que le sportif, par la pratique n apprend pas à canaliser son agressivité, mais au contraire apprend à élaborer des conduites agressives. 2 - Il passe d une agressivité de type réactive, émotionnelle, à une agressivité instrumentale, caractérisée par une maîtrise émotionnelle et une orientation vers la recherche d efficacité, du but à atteindre. Des résultats contrastés et contradictoires

37 3.2 Un sujet en développement L enfant n accède pas d emblée au valeurs qui fonde le jugement moral de l adulte L accès au jugement moral s effectue En passant d une morale hétéronomne à une morale autonome En même temps qu un développement de l intelligence

38 selon PIAGET, l'enfant passe progressivement d'une morale hétéronome à une morale autonome morale sous la dépendance d'une instance supérieure et à laquelle il faut se soumettre sans discussion librement consentie, résultant d'une coopération avec autrui et d'une acceptation mutuelle de contraintes indispensables à l'action collective.

39 Piaget J (1932), Le jugement moral chez l enfant, Paris PUF Parlebas P. (1986), Eléments de sociologie du sport, Paris, PUF Rapport à la règle et plaisir de jouer : l émergence du contrat ludique chez l enfant

40 quatre cas de figure possibles Joueur 2 Joueur 1 Les 2 joueurs respectent la règle (R - R) Un des 2 joueurs ne respecte pas la règle ( NR - R) L autre joueur ne la respecte pas alors que le premier la respecte ( R - NR) Aucun des 2 joueurs ne se soumet à la règle ( NR - NR)

41 Enfants de 2 à 6ans. joueur 2 N.R. R joueur 1 N.R. (8,8) (10,1) R (1,10) (2,2) joueur 2 N.R. R joueur 1 N.R. (3,3) (7,2) R (2,7) (5,5) Enfants de 7 à 11 ans. Enfants de 11 ans et plus joueur 2 N.R. R joueur 1 N.R. (2,2) (6,0) R (0,6) (10,10)

42 L'idée de justice chez le jeune sportif BARBREAU et DURAND ont pu constater que la conception du rôle de l'arbitre évolue avec l'âge. BARBREAU E., DURAND G., DURAND M., Contribution à l'étude de la morale sportive chez l'enfant de 5 à 12 ans, STAPS n 9, 1984, pp

43 Ils ont interrogé de jeunes joueurs chargés de juger des actions illégales décrites en fonction du résultat (but marqué ou non) et de la sanction (l'arbitre siffle la faute ou ne la siffle pas) Ceci donne des réponses intéressantes.

44 A 5-6 ans l'image qui vient spontanément à l'esprit des enfants est celle de l'arbitre de football, indispensable au jeu, car il empêche les altercations toujours possibles. Cet arbitre est perçu comme infaillible, incorruptible et seul véritable rempart contre la violence latent ou effective

45 Vers 8-9 ans les enfants pensent que le rôle de l'arbitre est de régenter le jeu et de veiller au bon déroulement des parties. Sa fonction principale est de faire attention à ce que les autres joueurs ne trichent pas et de réparer les torts commis (en retirant par exemple des points à la marque des fautifs).

46 vers ans l'arbitre est vu comme un directeur de jeu qui peut se tromper et dont il est possible de discuter les décisions. Son rôle est de permettre à la partie de se dérouler en faisant respecter le règlement. Pour ce faire, il dispose d'un moyen : la sanction

47 la fonction de l'arbitre est à la fois le gendarme qui fait respecter la loi le juge qui dit le droit, inflige des sanctions et répare les dommages causés.

48 Le résultat est donc assimilé par eux à une sanction : si une faute est commise, puis suivie d'un échec (le but est manqué), il n'est pas utile ou moral qu'elle soit sifflée puisque le joueur est déjà puni par son échec. En revanche, si l'acte illégal est suivi d'un but, cet acte devient immoral ou injuste et doit être sifflé.

49 Une dimension sociologique, antropologique Une évolution Un rapport aux règles : les élèves «semblent user d un libre arbitre assez prononcé». Et «une importante régression des attitudes dans le domaine scolaire»

50 Dans cette perspective, l éducation physique et sportive peut-elle elle être éducative? 1 - Pour certains, l'enfant va accéder à cette nécessité du respect de la règle, puisqu'il possède un dynamisme propre qui le pousse à cette exigence, à savoir le souci de justice et d'équité. 2 - Pour d'autres, le rôle de l'adulte est d'intervenir directement dans ce processus par des injonctions, des rappels à l'ordre voir des sanctions,

51 3.3 Des conceptions éducatives Une conception type III république Une conception «naturaliste» : les enfants s éduquent entre eux entre pairs, en dehors de l influence de l adulte (Piaget 1932) Une critique radicale : l éducation : l imposition d un arbitraire culturel Une conception interactioniste ethnologie

52 Un traitement de sujet :

53 L EPS participe de façon spécifique à l éducation à la responsabilité 1 Définition de la responsabilité 2 La responsabilité n est pas univoque : Elle suppose une prise en charge de la situation par l élève En même temps qu une délégation de responsabilité de la part de l enseignant 3 Une transposition dans le domaine de l EPS à partir d un exemple précis 4 Des propositions didactiques précises 5 Une ouverture, extension : En EPS Des limites

54 Bibliographie P. Arnaud (1985), La didactique de l éducation physique, in Psychopédaogogie des activités physiques et sportives, Toulouse, Privat, Chap 17, pp P. Arnaud (1989), Contribution à une histoire des disciplines d enseignement : la mise en forme scolaire de l éducation physique, Revue Française de Pédagogie n 89. P. Bourdieu (1980), Comment peut-on être sportif? Questions de sociologie, Minuit, Paris. Rapport à la règle Barbreau E., Durand G., Durand M., Contribution à l'étude de la morale sportive chez l'enfant de 5 à 12 ans, STAPS n 9, 1984, pp Parlebas P. (1986), Eléments de sociologie du sport, Paris, PUF Piaget J (1932), Le jugement moral chez l enfant, Paris PUF

55 Sport et socialisation : C. Dubar (1991), La socialisation : construction des identités sociales et professionnelles, Colin, Paris. Duret P. Augustini M (1993) Sports de rue et insertion sociale, Paris Insep Pantaléon N., Bruant G., (1999), Sport et intégration sociale : effets des stratégies éducatives sur le développement moral, Revue Française de Pédagogie 127, avril-mai-juin, pp C. Sabatier et R. Pfister(1995) Transgression des règles par l enfant dans la pratique du hand-ball en milieu scolaire, Revue STAPS n 36, Presse Universitaire de Grenoble. EPS et apprentissage des règles J.A. Méard S Bertone (2001), Citoyenneté et apprentissage : rendre les règles signifiantes, Revue EPS n 288 E. Flavier, J.A. Méard (2003) Comprendre les conflits professeur-élèves en EPS, Revue EPS n 303