SYNTHÈSE PROVINCIALE DE LA RÉFLEXION SUR L AVENIR DU SECTEUR LAITIER QUÉBÉCOIS

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1 Fédération des producteurs de lait du Québec SYNTHÈSE PROVINCIALE DE LA RÉFLEXION SUR L AVENIR DU SECTEUR LAITIER QUÉBÉCOIS Présentée à l assemblée générale annuelle Québec Les 11 et 12 avril 2007

2 À la faveur de la pause dans les négociations de l OMC et de la tenue de la Commission sur l avenir de l agriculture et de l agroalimentaire québécois, la Fédération des producteurs de lait du Québec relançait à l été 2006 sa démarche de planification stratégique. Le conseil d administration amorçait ce vaste chantier de réflexion dans le but de définir avec l ensemble des producteurs une vision d avenir et un plan d action pour la réaliser. INTRODUCTION Essentiellement, deux grandes questions ont été adressées aux producteurs : Comment évaluez-vous la situation actuelle du secteur laitier, ses forces et ses faiblesses, tant au niveau de la ferme que de la mise en marché? Où voulez-vous que le secteur laitier soit rendu dans 10 ans au niveau de la ferme et de la mise en marché? En septembre 2006, les travaux débutaient à l occasion d une session de réflexion du conseil d administration élargi de la Fédération. Le 15 novembre, une autre étape était franchie dans le cadre d une journée de réflexion de ses 150 délégués des syndicats régionaux afin de préparer la consultation de l ensemble des producteurs de lait de la province. En janvier et février 2007, les 14 syndicats régionaux membres de la Fédération ont tenu un total de 78 journées de consultation au cours desquelles plus de 2750 producteurs, répartis dans quelque 301 groupes de discussion, ont exprimé leur opinion et tracé la voie pour l avenir de la production au Québec. Ce document fait la synthèse de l état de la situation du secteur laitier dressé par les producteurs et de leur vision d avenir. Il propose, pour adoption par l assemblée générale annuelle, sept énoncés à partir desquels le plan d action stratégique de la Fédération serait défini. 2

3 Dans un premier temps, les producteurs étaient invités à dresser un constat de la situation de la production laitière au Québec. Les discussions portaient sur deux grands thèmes : la situation des fermes laitières et la situation du secteur laitier dans son ensemble ainsi que de la mise en marché du lait. LES CONSTATS Les principales forces des fermes laitières : - la passion des producteurs pour leur profession; - des producteurs de mieux en mieux formés; Les constats - une relève motivée et mieux formée; - une qualité de vie qui s améliore, notamment avec la mécanisation et l apparition des fermes de groupe; - des relations plutôt harmonieuses avec nos voisins ruraux; - des exploitations agricoles qui peuvent revendiquer un bilan environnemental équilibré, car elles disposent de l ensemble des sols requis pour épandre le fumier de leurs troupeaux; - des troupeaux laitiers de plus en plus performants. Les principales faiblesses des fermes laitières : - la valeur élevée des fermes et le travail exigeant qui rendent difficile le transfert à la prochaine génération; - la difficulté de recruter de la main-d œuvre qualifiée; - l endettement élevé; - la diminution du nombre de fermes qui apparaît très difficile à stopper; - la valeur élevée du quota. Les principales forces du secteur laitier et de la mise en marché du lait : - la gestion de l offre et la mise en marché collective; - la solidité et l efficacité des organisations contrôlées par les producteurs (la FPLQ, l UPA, le CIAQ, Valacta, les groupes-conseils, Novalait, Colbex); - la diversité de la taille des fermes québécoises et leur dispersion dans l ensemble des régions agricoles du Québec; - les ententes nationales et régionales de mise en commun des revenus; - la place faite aux produits de créneaux et aux petits transformateurs. Les principales faiblesses du secteur laitier et de la mise en marché du lait : - un soutien théorique des gouvernements qui n exercent pas de véritable contrôle ni aux frontières sur les produits importés ni sur la vente des succédanés; - la concentration des entreprises de transformation, qui diminue le pouvoir de négociation des producteurs et les rend plus vulnérables face à un arrêt de production (conflit de travail, catastrophe, fermeture d usine, etc.); - une incompréhension de la part des citadins qui ne connaissent pas les efforts déployés par les producteurs en matière de développement durable et de protection de l environnement, et qui veulent des produits de qualité, mais ne sont pas prêts à en payer le prix. 3

4 On a aussi demandé aux producteurs à quoi devrait ressembler idéalement et réalistement nos fermes laitières et notre secteur laitier dans 10 ans. L AVENIR Les fermes laitières québécoises - seront gérées par des producteurs mieux formés, tant en production qu en gestion technicoéconomique et en gestion de la main-d œuvre; - utiliseront les formules de travail à forfait et de mise en commun comme les coopératives d utilisation de machinerie agricole (CUMA) et les coopératives d utilisation de main-d œuvre (CUMO); - pourront se procurer du quota à un prix en équilibre avec les revenus qu il génère; - auront diminué leur endettement; - pourront contribuer à un fonds de retraite collectif pour les agriculteurs; - pourront bénéficier d incitatifs fiscaux ou d autres moyens qui rendront le transfert de la ferme plus attrayant que son démantèlement; - auront accès à de la main-d œuvre spécialisée bien formée; - auront établi des communications harmonieuses avec leurs voisins. Le secteur laitier québécois - se développera dans le cadre d un contrat social renouvelé basé sur la reconnaissance par les deux niveaux de gouvernement de l importance d une politique de souveraineté alimentaire, de la mise en marché collective et de la gestion de l offre appuyée sur un contrôle efficace des importations; - sera centré sur des fermes présentes dans toutes les régions du Québec et dont le nombre aura cessé de décroître; - pourra compter sur une solidarité accrue des producteurs de lait canadiens, notamment parce qu on aura renforcé nos ententes régionales et nationales avec l objectif de créer un seul pool de revenus au Canada; - encouragera le développement des marchés de créneaux sans délaisser le marché de masse; - aura mis en place des moyens pour encourager la consommation de produits de marque fabriqués à partir de lait canadien à l aide du logo de la petite vache bleue, pour rendre nos produits laitiers plus facilement reconnaissables dans les comptoirs des épiceries, pour être plus à l écoute des besoins des consommateurs, par exemple les communautés ethniques; - aura appuyé les efforts des producteurs de lait pour s impliquer dans l ensemble de la chaîne laitière, qui va de la ferme à la table, par le biais de partenariats avec les transformateurs ou les distributeurs pour aller chercher une juste part du dollar du consommateur; - encouragera la transformation en région et l essor des transformateurs artisans, notamment en s assurant de réserves pour leur allouer du lait; - pourra vanter les mérites du lait «écologique» québécois dont la production se fera selon des méthodes de production plus respectueuses du bien-être des animaux que dans bien des pays exportateurs, et respectueuses de l environnement, qui permettront de livrer du lait répondant à de hauts standards de qualité; - poursuivra ses efforts pour sensibiliser le grand public et les jeunes, dans les écoles, aux réalités de la production et de la mise en marché du lait (coût de production, revenus, heures de travail, retombées économiques, etc.); 4

5 Le secteur laitier québécois et la mise en marché du lait en 2017 LES ÉNONCÉS DE VISION D AVENIR 1. En 2017, le secteur laitier appuiera son développement sur un contrat social renouvelé avec la population et les gouvernements, basé sur les principes de la souveraineté alimentaire et sur une gestion de l offre efficace. Les fermes laitières retireront leur revenu du marché, soutenues par des programmes gouvernementaux verts pour remplir leurs missions sociale, environnementale et d occupation du territoire. 2. La solidarité des producteurs de lait québécois et canadiens, renforcée par une mise en commun nationale des revenus et des marchés, leur permettra d évoluer profitablement dans un contexte de concurrence accrue. 3. En collaborant avec leurs partenaires de la filière et en s impliquant dans la transformation et la distribution, les producteurs s assureront d un développement durable et profitable de tous les marchés canadiens, de masse et de créneaux. Ils encourageront, par leurs programmes de marketing, la commercialisation de produits laitiers de qualité supérieure, certifiés à 100 % de lait d ici, et favoriseront la fabrication des produits de créneaux par des transformateurs, artisans et producteurs-transformateurs installés dans des bassins laitiers régionaux. Les fermes laitières québécoises en En 2017, toutes les régions du Québec compteront de nombreuses fermes laitières familiales, bien réparties sur tout le territoire. 5. Bien gérées par des productrices et des producteurs formés, jouissant d une bonne santé financière et d une dette réduite, les fermes laitières québécoises offriront une bonne qualité de vie à ceux et celles qui y travaillent. Elles miseront pour ce faire sur leurs propres outils de services conseils, sur la spécialisation des tâches et les travaux à forfait ainsi que sur la mise en commun de machinerie et de main-d œuvre. Ces conditions de vie et de travail leur assureront une relève motivée et compétente. 6. Les fermes laitières pratiqueront une agriculture durable, écologique, misant sur les avantages d une production combinant l élevage et des productions végétales variées. Par leurs investissements dans la santé et le bien-être animal ainsi que dans la qualité du lait, elles auront atteint les plus hauts standards de la production laitière. 7. Les productrices et les producteurs de lait gagneront l appui des citoyens québécois par leurs efforts de communication, leur transparence et l éthique de leurs pratiques. Les citoyens reconnaîtront leurs rôles nourricier, économique, social et environnemental essentiels. 5

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