Cahier d Inmédiats DÉC.2014 COMMUNAUTÉS ANIMER DES COMMUNAUTÉS D INTÉRÊT SUR LES SCIENCES ET L INNOVATION

Transcription

1 Cahier d Inmédiats DÉC.2014 # 3 COMMUNAUTÉS ANIMER DES COMMUNAUTÉS D INTÉRÊT SUR LES SCIENCES ET L INNOVATION

2 sommaire Préambule 02 Construire une relation durable et significative avec les publics 02 Les communautés 03 La communauté Inmédiats 03 Le groupe communautés 05 Notre positionnement 05 Notre champ d action du Web 2.0 aux communautés sur le territoire 06 Notre fonctionnement 07 Quelques activités communautés 08 Impliquer 08 Les activités communautés 12 Fédérer les acteurs 12 Animer 15 Conclusion 18 Ce document est émis à disposition selon les termes de la licence Créative Commons Attribution CC BY - NC - SA Direction : Laurent Chicoineau / Thomas Amourous - Membres du groupe Communautés : Marion Sabourdy (La casemate) / Audrey Bardon (Science Animation) / Sébastien Cursan (Cap Sciences) / Guillaume Dupuy (Relais d sciences) / Benoît Evelin (Espace des Sciences) - Design graphique :

3 2Communautés / 2014 préambule Construire une relation durable et significative avec les publics Les LivingLabs et les Fab Labs ont fait émerger une nouvelle approche de l innovation dans laquelle l utilisateur est remis au cœur du processus d innovation. Par opposition aux approches traditionnelles des centres de sciences, qui invitent principalement les publics à devenir visiteurs de leurs évènements, les centres de génération Inmédiats cherchent, au travers de ces dynamiques de création, à collaborer, à construire une relation durable et significative avec ces derniers, et notamment avec les ans. Ne plus les inviter à voir, mais les inciter à participer. Les faire passer du simple rôle de spectateur à celui d acteur. Pour atteindre cet objectif, les centres du consortium Inmédiats doivent faire évoluer leurs différentes fonctions. La question n est plus simplement Comment faire venir les publics? mais bien Comment les motiver à participer? et Comment instaurer et entretenir une relation de confiance avec eux?. Pour tenter de répondre à ces questions, il faut s en poser bien d autres. Définir une communauté, sa communauté, ses membres, ses besoins. Trouver sa place, définir les rôles de chacun. Lancer des hypothèses, les tester, en tirer les bonnes conclusions. Depuis sa création, le programme Inmédiats a permis de mener de nombreuses expérimentations. Autour d évènements, de projets ou de lieux. Au niveau local ou à plus grande échelle. Il importe aujourd hui de faire le point sur ces expériences, de confronter les points de vue, de partager notre point de vue et nos retours d expérience. C est l objet de ce cahier d Inmédiats.

4 / Communautés LES COMMUNAUTÉS La communauté Inmédiats Qu est-ce qu une communauté? Au début d une réflexion, on a tendance à revenir aux fondamentaux. Ainsi, lorsque l on souhaite mettre en place une stratégie de création et d animation de communautés, la première question qui vient naturellement est celle-ci : mais au fait, qu est-ce qu une communauté? Selon le Petit Robert, une communauté est un groupe social dont les membres vivent ensemble ou ont des biens, des intérêts communs. Passé cette généralité, on s aperçoit en interrogeant les gens autour de soi que chacun à sa propre définition d une communauté. Pourquoi? Parce qu en réalité, personne ne se pose la question de définir ce qu est une communauté. Chaque communauté a ses codes, ses habitudes, ses traditions. Une personne qui cherche à répondre à cette question a tendance à se référer aux règles de sa communauté. La différence notable est alors l intention : c est en abordant la question de cette façon qu apparaissent les interrogations centrales. Que veut-on partager? Avec qui? Comment? C est de la réponse à ces questions que découlent la nature de la communauté, son objet et le profil des membres qui la constituent. Les centres du consortium Inmédiats cherchent à renouveler leurs rapports aux publics afin de ne plus en faire de simples visiteurs, mais de réels acteurs de l innovation, des sciences et des techniques. Ces centres veulent ouvrir le processus d innovation. Ainsi, la communauté Inmédiats est une communauté d idées et de projets, une communauté du faire, ouverte, créative et collaborative, focalisée sur les jeunes adultes.

5 4Communautés / 2014 Historiquement, les centres de sciences animent un réseau d acteurs de l enseignement supérieur et de la recherche, de l éducation, de la culture et des territoires. Les acteurs du développement économique et des entreprises technologiques s y joignent progressivement. Tous ces professionnels ont leur place dans la communauté Inmédiats. Il ne s agit pas de créer une nouvelle communauté. Le défi est ailleurs : ouvrir les horizons d une communauté existante pour que chacun puisse venir y exprimer ses idées ; insuffler un nouvel équilibre où l on pourra être à tour de rôle le sachant ou l apprenant ; provoquer des rencontres pour faire surgir des idées nouvelles. Et les ans dans tout ça? Certains sont déjà là. Doctorants, étudiants, lycéens et jeunes startupers font partie du réseau historique de nos centres. Quelques marches restent à franchir, comme les rendre plus visibles ou en faire des partenaires à part entière, tout comme le sont aujourd hui les chercheurs, les artistes et les chefs d entreprise ; les former pour leur donner les moyens de participer au débat et en faire des ambassadeurs auprès de leurs pairs. Et les autres? Ces jeunes adultes distants de la culture sont au cœur de la démarche Inmédiats. Il faut chercher à les comprendre et à identifier leurs attentes et blocages. Identifier les leviers de motivation qui déclencheront leur participation. Valoriser leurs idées et leurs talents.

6 / Communautés LE GROUPE COMMUNAUTÉS Notre positionnement Le groupe Communautés réunit un ensemble d animateurs de communautés agissant chacun sur leurs territoires. Si leurs profils et leurs fonctions au sein des centres diffèrent, leurs volontés et objectifs convergent vers deux missions principales : La difficulté du groupe Communautés a été de se positionner vis-à-vis des autres groupes Inmédiats. La réflexion sur la question de l implication des publics n est pas son apanage : chaque groupe y apporte une réponse à son niveau, ce qui est également le cas au sein des équipes de chaque centre. Le groupe Communautés doit donc intervenir de manière transversale pour former, conseiller et appuyer les autres équipes dans leurs tâches à la fois sur le terrain et en ligne. Il doit également créer des liens et permettre aux publics de chaque groupe de s impliquer dans d autres projets. Expérimenter de nouvelles pratiques avec le Web 2.0 D une part, il s agit pour le groupe d expérimenter sur les différents territoires (en ligne et hors ligne) de nouvelles pratiques de médiation en s appuyant sur les outils du Web : tester les usages d outils tels que Twitter, tenter de nouvelles approches par le développement d outils et la mise en place d animations en ligne spécifiques, capitaliser sur les expérimentations pour les partager... Construire, développer et animer des communautés D autre part, le groupe a pour rôle de construire, développer et d animer des communautés autour des projets, des lieux, des évènements, et plus généralement des missions de leur centre. Ce travail de fourmi repose sur des valeurs telles que la proximité avec les publics, la prise en compte de leurs opinions, la mise en valeur de chacun, ou encore l échange horizontal. Il s agira alors de les faire passer du rôle de simple participant à celui d acteur contributif. L ensemble de ces communautés thématiques pourra ainsi venir enrichir la communauté créative Inmédiats. Il s agira par ailleurs de passer de communautés souvent éphémères à une communauté durable. En parallèle de projets communs, chaque membre partage ainsi au sein du groupe Communautés ses expériences, ses tests, ses méthodes, ses astuces et ses ratés, pour permettre à chacun d améliorer ses propres pratiques au service de ses communautés. 1 L expression Web 2.0 désigne l ensemble des techniques, des fonctionnalités et des usages qui ont permis l internaute d interagir et de contribuer à l échange d informations.

7 6Communautés / 2014 Notre champ d action : du Web 2.0 aux communautés sur le territoire Le groupe Communautés travaille donc plus particulièrement sur l articulation entre les actions des centres et le Web 2.0, devenu aujourd hui incontournable. Hier, le site Internet statique, le téléphone et le courriel étaient les principaux moyens d interaction à distance. Ils sont complétés aujourd hui par les commentaires, les contributions, le partage en réseau. Notre cœur de métier étant la médiation, nous devons saisir toutes les opportunités pour développer le débat. Les technologies du Web 2.0, réseaux sociaux numériques en tête, incitent au dialogue, poussent à la curiosité et offrent la possibilité d animer une communauté ainsi créée. Ces outils numériques sont un moyen et non une finalité : ils ne remplacent pas les pratiques sociales classiques (rassemblement, travail en commun, échange entre passionnés, etc.) mais facilitent les rencontres et créent un territoire virtuel que les acteurs de la culture scientifique et technique peuvent investir. Mais la mise en place de ces nouveaux usages ne s est pas faite sans réticences internes et externes à nos centres : peur du changement, peur de perte d un statut, peur d une dégradation dans la qualité d échange... Un accompagnement et une sensibilisation des acteurs sont alors indispensables. Les réseaux sociaux numériques deviennent un lieu de partage et d échange, qui peut devenir rapidement un moyen pour se retrouver IRL 1 pour se connaître et échanger. Dans notre domaine où les communautés ont tendance à se constituer d abord lors de rencontres physiques (une exposition, un événement,...), les médias en ligne ne sont qu une façon d entretenir la relation initiée. 1 In Real Life. En français dans la vraie vie.

8 / Communautés Notre fonctionnement Le groupe Communautés d Inmédiats est composé de cinq membres 1 aux profils complémentaires : Benoit Evellin, Chargé de projets numériques (Espace des sciences) Missions : Gestion des communautés et médiation autour des pratiques du numérique Guillaume Dupuy, Chargé de la communication (Relais d sciences) Missions : Actions d animation de communauté et formation Sébastien Cursan, Direction Ingénierie & Conseil (Cap Sciences) Missions : Mise en place des interfaces numériques pour les expositions avec dimension communautaire Audrey Bardon, Chargée de projets Innovation et Communautés (Science Animation Midi-Pyrénées) Missions : Communication, médiation sur la culture de l innovation, gestion de projets autour des communautés Marion Sabourdy, Responsable éditorial Echosciences Grenoble (La Casemate) Missions : Journaliste scientifique, rédaction, édition, animation de communautés, formations Le groupe Communautés révèle ainsi la diversité souvent constatée des profils des personnes en charge de l animation de communautés au sein des centres de sciences : développement Web, communication, médiation, journalisme, etc. Cette diversité se croise et s enrichit au travers d échanges réguliers et organisés : réunions téléphoniques mensuelles, veille partagée via un hashtag commun sur Twitter, discussions dans un groupe Facebook privé, documents de travail et méthodes partagées dans un dossier commun en ligne ou encore des s très réguliers pour s entraider. Par des échanges quasi-quotidiens, le groupe avance et construit une expertise commune. Au bout de deux ans, une véritable équipe s est formée, capable de travailler ensemble malgré la distance et de s appuyer pour toucher les publics à plus forte échelle, pour des projets communs Inmédiats mais également pour des projets propres à un centre. 1 Bien entendu, ces cinq référents ne sont pas les seuls à s occuper des communautés dans leurs centres respectifs : community manager à Bordeaux, co-animation avec la webmaster à Rennes...

9 8Communautés / 2014 QUELQUES ACTIVITÉS COMMUNAUTÉS Impliquer La captation de l attention et l implication des publics-cibles dans un projet passe indéniablement par la capacité de son coordinateur à les attirer et les motiver dans la durée. Comment motiver les membres de la communauté autour de projets de culture scientifique et technique? Plusieurs expérimentations ont été mises en place en ce sens par le groupe Communautés. Dans un cadre événementiel Les centres de sciences Inmédiats consacrent une grande partie de leurs activités à l organisation d évènements qui rencontrent leurs publics, tels que des expositions ou des conférences. Est-il possible d augmenter ces formats traditionnels en y intégrant une dynamique communautaire? Il s agira de construire une communauté propre à l évènement, qui n aura pas forcément de vie au-delà de celui-ci, mais qui favorisera l effervescence et le dialogue autour de lui, ainsi que sa visibilité. Les membres de ces communautés éphémères intègrent ainsi la communauté créative Inmédiats et pourront, par la suite, s associer à d autres communautés projets. Livetweets lycéens En 2013, Relais d sciences a tenté l expérience en mettant en place un livetweet de conférences animé par des lycéens. L hypothèse de départ était très simple : les médias sociaux mobilisent une large part des publics jeunes ; ils peuvent donc constituer un élément pertinent pour les impliquer dans une opération de culture scientifique et permettre, dans le même temps, de diversifier les publics en apportant un regard nouveau sur la manifestation. En partenariat avec le CLEMI 1 de l Académie de Caen, Relais d sciences a ainsi mobilisé un groupe de 13 lycéens et mis en place une formation avec Knowtex 2. La webteam constituée a assuré le récit de la conférence et les échanges avec les publics en ligne. La même expérimentation a été proposée par Relais d sciences en 2014 avec un public étudiant (18-25 ans) ainsi que par Science Animation avec des élèves de lycées techniques pour l animation des conférences du forum Futurapolis. 1 Centre de Liaison de l Enseignement et des Moyens d information. 2 Plateforme communautaire dédiée à l innovation éditée par Umaps Communication.

10 / Communautés La Fée cartographe Dès la création du forum des Fondamentales, le CNRS a souhaité intégrer les publics à la réflexion sur le thème central de l évènement : les territoires inconnus des connaissances. Il a pour cela fait appel aux centres Inmédiats qui ont développé un dispositif en deux temps : la création d une Carte des territoires inconnus et son animation en ligne grâce à un personnage sur Twitter, gérée de manière collective. Cette approche a permis de dédramatiser l aspect scientifique de l évènement grâce au ton très libre apporté par le personnage et de constituer, très en amont, une communauté intéressée qui a relayé l évènement sur les réseaux sociaux et ainsi démultiplié la communication de la manifestation. Opération Plant Fiction Dans la cadre de l exposition de Science Animation Et si la plante idéale existait, Toulouse et Bordeaux ont expérimenté l organisation d un jeu de piste transmédia 1. Il avait pour objectif de sensibiliser et attirer un public étudiant au sein de l exposition. L animateur de communautés a animé durant plusieurs semaines l histoire et le jeu de piste en ligne à travers des vidéos, des comptes sur les réseaux sociaux et des blogs de personnages, en se glissant dans leurs peaux. Digital Bones Du côté de Grenoble, une communauté s est développée autour de la construction de l exposition Confidences d outre-tombe, co-produite par le Musée Archéologique de Grenoble Saint-Laurent, le Musée Dauphinois et La Casemate. Une démarche d innovation ouverte a été mise en place autour de cette exposition, impliquant, à travers divers ateliers, des créatifs professionnels, des amateurs ou encore des groupes scolaires. Afin de prolonger les discussions en ligne et offrir un espace d échange à cette communauté, un blog a été mis en place, relayé sur les réseaux sociaux par le personnage d Oscar, un squelette qui partage les coulisses du projet. 1 Jeu immersif et scénarisé développé sur différents médias.

11 10Communautés / 2014 Autour d un lieu La plupart des centres de sciences Inmédiats disposent d un ou de plusieurs lieu(x) d accueil des publics. Ceux-ci hébergeant également les personnels et une grande partie de l activité du centre, ils peuvent faire l objet d un traitement privilégié sur les réseaux sociaux (ex. : blog des personnels, #hashtag commun, livre d or numérique, etc.) Ces lieux peuvent également représenter le point de départ ou de rassemblement d une communauté constituée autour d un thème (par exemple celui de l exposition en cours) ou d une activité (comme celle d un Fab Lab). Un bon moyen de fidéliser et de valoriser les publics. Les rendez-vous CYOU1 Pour favoriser le développement d une communauté active, Cap Sciences développe actuellement des groupes thématiques (biologie, paléontologie, ) ou de pratiques (Fab Lab, vidéo,...) réunissant des personnes passionnées et motivées, abonnées au service CYOU 1. Les premiers abonnés à ce service ont d ailleurs eux-mêmes été invités dans un groupe expérimental baptisé CYOU1, animé par trois membres de Cap Sciences. Le but : atteindre rapidement plus de 100 membres 2 pour assurer l émergence de groupes et leur permettre de réaliser leurs activités en ligne ou en présentiel, plusieurs outils ont été mis en place. Les participants doivent pouvoir s informer, discuter, se réunir et tenir un calendrier coopératif. Ils peuvent ainsi capitaliser leurs échanges et produire des ressources collectives, accessibles à tous. Le centre apporte un soutien aux participants, des méthodes et des outils aux personnes qui montent leur groupe. Il veille également à créer du lien entre les groupes. L animation des communautés lors de rencontres est une pratique développée et documentée. De nombreuses sources d inspiration sont disponibles, notamment dans le monde de la culture (Muzeonum, Muséomix, ) ou de l innovation collaborative (Brest en biens communs, Imagination for people ). 1 CYOU est un service de personnalisation de visite mise au point par Cap Sciences. Plus d infos : 2 Seuil minimum pour mettre en place une dynamique suffisante pour que les échanges se développent naturellement, d après Jean-Michel Cornu du site communautaire Imagination for People (

12 / Communautés Cap Sciences a organisé une première rencontre physique des membres de CYOU1 où plus de 50 participants ont travaillé par petits groupes selon la technique du world café 1 sur ce qu ils pourraient créer avec Cap sciences : livre interactif, vidéos de vulgarisation, potager école, maison domotique, etc. A l issue de cette soirée, le nombre de membres de CYOU1 s élevait à 112. Cette communauté est reliée à d autres dans le monde qui s intéressent aux projets sociaux créatifs grâce au réseau Imagination for people. Les membres de CYOU1 peuvent se retrouver chaque trimestre à Cap Sciences, chaque mois dans des réunions à distance et en permanence sur une liste de discussion. Un temps est dédié aux membres les plus actifs les vendredis soirs à Cap Sciences. L entrée est gratuite ce soir-là pour eux et pour les jeunes de 15 à 25 ans. Cette expérimentation doit aboutir à la création de trois groupes actifs en 2015 avec pour objectif le développement d opérations dès la fin de l année. Première rencontre des membres de la communauté CYOU Cap Sciences 1 Le World Café est un atelier d animation pour booster la créativité mis en place par des québécois :

13 12Communautés / 2014 LES ACTIVITÉS COMMUNAUTÉS Fédérer les acteurs Créer des réseaux sociaux dédiés Les centres de sciences ont, très souvent, un rôle de coordinateur des activités de culture scientifique et technique sur leurs territoires, notamment lors d événements nationaux comme la Fête de la science, la Semaine du cerveau, la Nuit des chercheurs, etc. A ceci s ajoute parfois l animation d un lieu dédié. Les centres sont de fait en contact avec des acteurs aussi variés que les chercheurs, les chargés de communications des laboratoires, instituts ou entreprises, les associations culturelles, les étudiants, les publics de leurs espaces (enfants, jeunes, adultes) ou encore des passionnés de sciences souhaitant lancer un projet. Afin de cartographier ces différentes communautés, de mettre en lien ces acteurs et de donner à voir leurs activités, certains centres Inmédiats ont fait le choix de mettre en place des plateformes en ligne dédiées, en parallèle de leurs propres sites Internet. C est le cas de La Casemate (Echosciences Grenoble, lancé en mars 2012), de Cap sciences (CYOU, lancé en septembre 2013) et de Science Animation (Makerscience, lancement prévu en 2015). Si les orientations ou les lignes éditoriales de ces plateformes diffèrent (accent mis plutôt sur les contenus, les projets ou des données pratiques), leur objectif reste le même : proposer à leurs communautés un espace en ligne à la fois miroir, prolongement et vitrine des activités du territoire, où chacun peut créer son profil, entrer en contact avec d autres, contribuer (commentaires, votes, articles ), créer et animer une fiche projet, etc. Impossible de fédérer les acteurs d un territoire si sa propre équipe n est pas impliquée dans la discussion et le partage. Ainsi, chaque membre du groupe Communautés sensibilise et implique son équipe à travers un accompagnement dans la prise en main d outils et dans les pratiques de valorisation de leur travail (publication de photos, usages de hashtags, mention des comptes existants ).

14 / Communautés Créer des rencontres Les réseaux sociaux/plateformes d Inmédiats ont été mis en place afin de permettre aux acteurs d un territoire de se mettre en lien. Ceux-ci se sont souvent rencontrés lors d événements phares et autres rencontres organisées par les centres de sciences et leurs partenaires. Ces événements permettent à la fois d engager la conversation, de tisser des liens et d orienter des personnes intéressées vers ces plateformes. Ces discussions informelles sont le liant indispensable pour animer et maintenir en vie une communauté. A l inverse, les plateformes peuvent elles-mêmes être sources d événements, à l image du Forum des projets d Echosciences Grenoble, qui se tient tous les ans depuis 2012 à l initiative de La Casemate. Pendant une journée, des acteurs repérés dans la communauté, et dont les projets sont au préalable présentés sur Echosciences, se rencontrent et se mettent en contact. C est un temps précieux pour comprendre en direct les besoins des utilisateurs de la plateforme, en termes d ergonomie et de fonctionnalités. Le Forum des projets : une rencontre annuelle pour faire le point Pierre Jayet_La Casemate

15 14Communautés / 2014 Former à l usage des réseaux et des outils du Web 2.0 Pour indispensables qu elles soient, les rencontres informelles ne suffisent pas toujours. Difficile de motiver certains acteurs à prolonger la discussion ou à valoriser leurs activités en ligne. Le manque de temps ou l impression de ne pas maîtriser les outils (blogs, réseaux sociaux, recherche d images, etc.) sont souvent les raisons invoquées pour expliquer le manque d implication en ligne. Des initiations, formations ou mises à niveau en présentiel sont indispensables pour établir une culture commune au sein des acteurs de culture scientifique et technique d un territoire. Autant de compétences et de références sur lesquelles il est ensuite possible de s appuyer pour mener à bien des projets ou faire gagner de la visibilité au territoire, de manière collective. Formation de lycéens, d étudiants ou de doctorants au livetweet, présentation de l intérêt des outils du Web 2.0 et initiation à la rédaction Web, formation des collègues et des enseignants : ces moments de formations / sensibilisation ont permis aux acteurs de se lancer dans l utilisation de ces outils, voire d improviser de nouvelles pratiques qui ont ellesmêmes enrichi les plateformes en ligne, à l image du blog du Muséum de Grenoble sur Echosciences. Le travail commun sur les leviers de participation au sein des groupes Inmédiats se traduit notamment dans Communautés par une réflexion sur la valorisation des contributeurs. Comment récompenser les plus actifs? Comment remercier ceux qui font vivre nos communautés? Cela passe notamment par des articles et des billets réguliers sur nos blogs et sites respectifs ou sur le site Inmédiats, faisant le portrait de ces membres actifs, qu ils soient internes ou externes à nos centres. Ces portraits et articles permettent également d éclairer l activité des centres pour attirer de nouveaux membres.

16 / Communautés Animer Les outils Chaque membre du groupe Communautés a d abord construit son animation sur les outils du Web 2.0 attirant les plus fortes audiences (Facebook, Twitter, YouTube, Flickr). Ces médias permettent de : valoriser les actions, diffuser du contenu (textes, liens, photos, vidéos, etc.), créer du partage et de la discussion. Les animateurs utilisent par ailleurs des outils de veille pour surveiller les échanges et trouver du contenu (Google Alerts ou encore Feedly) ou encore les outils de gestion multi-comptes Tweetdeck ou Hootsuite, qui permettent de suivre aisément des comptes partenaires, des équipes, ou des mots-clés (comme #Inmediats). Objectif : augmenter la proximité avec les membres des centres et développer le sentiment d appartenance des publics. Quelques exemples d actions : À la Casemate et à l Espace des sciences, par exemple, l animation se développe également à travers des comptes / blogs dédiés à des actions / services À Relais d sciences, Instagram est expérimenté avec la publication quasiquotidienne de photos des coulisses de la structure. À Science Animation, ces coulisses sont racontées sur un blog tenu par l ensemble des membres de l équipe. L Espace des sciences s appuie sur les outils du Web 2.0 pour partager du contenu scientifique et technique (veille avec Netvibes, ajout de sources sur Wikipédia, versement de photos sur Wikimedia Commons). Enfin, Cap sciences met en place une stratégie d animation communautaire autour d un lieu à partir de la plateforme web Coop Group qui soutient l intelligence collective et l innovation sociale. Au-delà de ces usages, des besoins propres à la médiation scientifique et technique se sont fait ressentir, ne trouvant pas de solution totalement convenable au sein des outils existants. Des réseaux sociaux spécifiques ont ainsi été développés pour répondre à ces besoins et venir ainsi en complément des outils généralistes. Ce sont Echosciences Grenoble, CYOU à Bordeaux ou encore le futur Makerscience à Toulouse qui impliquent une animation à la fois dans leurs espaces, mais aussi sur les outils généralistes avec des comptes ou des hashtags dédiés.

17 16Communautés / 2014 Le community management Les compétences de community management s acquièrent avec la pratique et le partage de connaissances entre gestionnaires de communautés et/ou en faisant appel à des agences spécialisées (formations). La pratique dépend de chaque organisation : une seule personne référente (temps partiel / temps plein), plusieurs animateurs, etc. Il est possible de réaliser des actions entre Gestionnaire de communautés voisins ou non, pour animer un territoire, partager un événement (livetweet) ou se répartir la charge de travail d animation. Science Animation, l Espace des sciences et Relais d sciences ont un référent principal (deux à Rennes) qui s occupe d animer les comptes institutionnels, tout en se tenant au courant des activités du centre et de ses partenaires. Cela permet de bien connaître les communautés, de répondre à leurs attentes et, pour les personnes co-animant les réseaux socio-numériques, de s appuyer sur une personne ayant une vue globale sur la stratégie d animation. La charge de travail est une question d organisation : veille quotidienne sur les réseaux ou alertes , les moyens pour rester en contact et animer sont nombreux. La co-animation nécessite néanmoins une excellente coordination entre les Gestionnaires de Communautés : tableau à jour du suivi des publications et réponses, calendrier, répartition des rôles, etc. Ces outils ont notamment été mis en place lors de l animation collective du (voir 9), ainsi qu un glossaire de phrases-types. A Toulouse et Bordeaux, le Gestionnaire de Communautés répartit les messages aux membres de l équipe, tous formés et sensibilisés à l importance de l animation de communautés (tous possèdent un compte Twitter et participent à l animation du blog). Les groupes Communautés et Studio collaborent régulirement pour imaginer ensemble de nouveaux formats et médias de culture scientifique et technique. Imaginer une série de vidéos faisant mouche auprès des ans, construire un scénario transmédia, développer de manière conjointe contenus et animations, penser la diffusion de nos productions, etc.

18 / Communautés Évaluation et indicateurs Afin de prendre du recul sur les opérations et les objectiver, l action Communautés doit être évaluée quantitativement et qualitativement. Notre groupe se penche souvent sur cette délicate question, comme de nombreux gestionnaires de communautés, qu ils travaillent dans le domaine culturel ou commercial. Il n existe pas d outil unique qui permette d évaluer quantitativement toutes les interactions liées à une action sur les réseaux sociaux. La mesure se fait donc par réseau social et via différents outils statistiques, gratuits ou payants. Il est coutumier de mesurer le nombre de posts de l animateur et de sa communauté (tweets, photos, billets de blog), de s vues ou de visites sur un site, de partages, de commentaires et de membres impliqués. Ces indicateurs sont suivis tout au long de l opération et peuvent être pondéré par le nombre d heures consacrées au projet. Hors ligne, des sondages par questionnaire permettront de définir la part de participants ayant été informés via les médias sociaux. A Cap Sciences par exemple, toutes ces données quantitatives et qualitatives sont implémentées et analysées au début de chaque mois dans un fichier central. De cette manière, il est possible d établir les interactions entre les activités du centre et l activité sur les réseaux sociaux. La partie qualitative, plus difficile à mesurer et parfois un peu subjective, n en reste pas moins fondamentale pour apprécier une opération. Elle pourra notamment être mesurée au travers du nombre de rencontres issues du travail d animation, des rencontres initiées par le gestionnaire de communautés ou par la communauté elle-même. Sans oublier les projets et partenariats, fruits de ces discussions et de ces rencontres. Des exemples précis et réussis restent la plus belle preuve d une bonne animation de communautés.

19 18Communautés / 2014 conclusion Quelques réponses encore plus de questions! Les expérimentations menées depuis trois ans dans le cadre du programme Inmédiats ont permis aux différents centres de sciences de mieux cerner leurs communautés, d interagir avec elles et de les fédérer sur leurs territoires respectifs. Cet effort local s est étendu avec la mise en place de collaborations inter-régionales. Les équipes des différents centres ont développé leur utilisation des outils du Web 2.0 et observé les usages des acteurs du territoire, avec l idée d enrichir leur pratique. Des questions ont fréquemment marqué les réflexions : Comment attirer? Comme fidéliser? Comment fédérer? L accent a été mis sur l autonomisation de ces communautés en favorisant la construction d une culture numérique commune. Une remise en question pour tous les acteurs qui prend du temps et demande parfois de sortir de sa zone de confort pour explorer de nouvelles opportunités. Au-delà de ces expériences, réussies ou non (on apprend souvent plus de ses erreurs), le groupe Communautés a tiré nombre d enseignements et d idées de ces échanges avec les autres groupes Inmédiats. Les projets comme Muzeonum ou Muséomix, deux initiatives lancées du côté des musées, ont également été, et sont toujours, de vraies sources d inspiration. Cette nouvelle méthode de travail et l expérience acquise ont conduit certains centres de sciences à développer leurs propres réseaux sociaux territoriaux, conçus pour répondre spécifiquement aux besoins des communautés de la culture scientifique et technique, tout en évoluant dans l écosystème dynamique du Web 2.0. De nombreux défis restent à relever. La question de l évaluation des activités et la définition d un modèle économique sont encore à approfondir. Le développement d une stratégie transmédia commune déclinable dans toutes les activités des centres et la réorganisation inhérente des équipes restent également en projet. Pour toutes ces questions, pas de réponses toutes faites. Plutôt des hypothèses et de nombreuses expérimentations qu il reste encore à mener, à objectiver et à partager.

20 Contact : #inmediats contact@inmediats.fr