«Comme tous les gens de la Terre, de tous les pays, d autrefois et de maintenant, adultes et enfants, nous allons aujourd hui réfléchir ensemble à la

Transcription

1 «Comme tous les gens de la Terre, de tous les pays, d autrefois et de maintenant, adultes et enfants, nous allons aujourd hui réfléchir ensemble à la question suivante»

2 LES ATELIERS PHILO À L ÉCOLE Ou comment faire l expérience vertigineuse de la pensée une pensée logique, réflexive, critique et autonome.

3 CE N EST QU UN DÉBUT Après le visionnage du film, il faudra: Trier dans les compétences scolaires de cycle 1 celles qui paraissent être développées lors d un atelier philo Analyser le positionnement de l enseignante, son évolution tout au long du projet.

4 LES OBJECTIFS: Il s agit d amener les élèves : à développer les compétences psychiques que sont les capacités à affronter le manque, l attente, la règle et la solitude. 15% des élèves ne peuvent accéder aux apprentissages scolaires car ils n ont pas ces compétences psychiques (Serge Boimare) à se placer en "recherche de sens " à poser des questions pertinentes à réfléchir à des questions et des réponses pertinentes à discuter au moyen du dialogue philosophique entre pairs, à l'intérieur d'une «communauté de recherche»

5 DÉVELOPPER UNE PENSÉE RÉFLEXIVE, CRITIQUE ET AUTONOME Instituer un lieu et un moment de parole et d écoute spécifiques, utilisant le langage comme mode de communication interactive Provoquer les conflits socio-cognitifs dans une situation donnant au langage une fonction de négociation et de conciliation. Provoquer la confrontation des opinions. Mettre en œuvre une communauté de recherche entre «pairs» par le dialogue. Tout ce qui concerne l Homme doit pouvoir être traité en tant que problème, provoquer la remise en cause des préjugés et tendre vers un accord possible.

6 DÉVELOPPER UNE PENSÉE RÉFLEXIVE, CRITIQUE ET AUTONOME Développer des habiletés cognitives : capacités à interroger, s interroger, raisonner, faire des distinctions, des comparaisons, synthétiser, tirer des conclusions. Habiletés sans lesquelles ne peuvent se concevoir l acquisition de savoirs. Faire accéder l élève à une pensée autonome, en la confrontant à celle des autres, et en interrogeant ses pré-supposés. Combattre les préjugés. Donner du sens à la présence de l élève à l école, lui faire prendre conscience qu il est acteur de ses apprentissages et faire émerger son désir d apprendre en l incitant à la curiosité, condition nécessaire pour accepter et bien vivre l Ecole. Faire prendre conscience à l élève de son importance au sein d une communauté. Eduquer à la raison, à réfléchir de manière sensée afin de pouvoir exercer des choix et des jugements «raisonnables et justes»

7 QUELQUES DÉFINITIONS: Une discussion est considérée de "nature philosophique" lorsqu'elle implique une mise en doute, une quête de la vérité. Les thèmes débattus sont ceux qui ont, de tous temps, préoccupé les philosophes. La communauté de recherche est constituée d'un groupe, enseignants et élèves qui se retrouvent ensemble assis en cercle.

8 LES DIFFÉRENTS COURANTS On distingue 4 approches qui toutes s appuient sur un protocole très précis, le cadre étant tenu par l adulte. Leur différence essentielle réside dans le degré de guidance de l animateur Lévine: dans le courant de l AGSAS (association des groupes de soutien au soutien) Lipman: s adresse aux plus grands car s appuie sur la lecture de textes d où sont issues les réponses aux questions Tozzi: dérivé de la pédagogie coopérative, le dispositif est primordial (1 président, 1 reformulateur et 1 synthétiseur parmi les élèves) Brénifier: le plus fort degré de guidance de l adulte: un matériel déclencheur, un questionnement très appuyé

9 EXEMPLE DE DÉMARCHE: SELON LÉVINE Préparation: un geste symbolique, rituel qui met en place le climat propice Phase 1: enregistrement de la parole de chacun à tour de rôle sur le thème Phase 2: écoute de l enregistrement complet Phase 3: débat (enregistré ou pas) Phase 4: une trace écrite Commune en dictée à l adulte Individuelle en dessin commenté Mur d images, mur de mots

10 RÔLE DE L ENSEIGNANT: Phase 1: il met en place les conditions favorables: un cadre, un rituel il n intervient en rien sur le fond il accepte et respecte les silences il gère le temps Phase 3: il accompagne les élèves dans la discussion : donne le coup de pouce qui déclenche la réflexion demande des explications exige l'argumentation rappelle les pensées déjà exprimées note au tableau pour la synthèse finale ouvre des pistes

11 SELON LÉVINE, 5 APPORTS QUI FONDENT LA SPÉCIFICITÉ DE LA DÉMARCHE: L enfant fait une expérience particulière de lui-même en tant que lieu du cogito. Il s y découvre porteur de cette dimension fondamentale de l être qu est la pensée dont on est soi-même la source. Son statut social, inégalitaire par rapport aux adultes, s en trouve considérablement modifié. Confronté aux problèmes les plus fondamentaux qui préoccupent les hommes, il est implicitement invité à faire partie du club de ceux qui cherchent à rendre la terre plus habitable, la vie plus vivable. La pratique qui consiste, dans un cadre collectif à s entendre émettre des hypothèses sur des problèmes majeurs, correspond à un nouveau vécu de la vie groupale scolaire. C est l expérience du groupe cogitant. L enfant découvre que sa parole se double d un travail invisible de la pensée, «le langage oral interne» dont la conscientisation est un important facteur d enrichissement de l image de soi. Chacun, implicitement, est mis au défi de mettre de l ordre dans ses pensées sur le monde. Cette sollicitation de recherche de concepts explicatifs l engage dans un travail permanent de dépassement des réponses acquises.

12 AUTRE EXEMPLE DE DÉMARCHE: SELON TOZZI Une durée très précise: 2 parties de 15 min Des rôles bien définis: 1 président de séance: «Le président ça veut dire qu il donne la parole et aussi il regarde s il y en a qui font les bêtes un peu ". 1 reformulateur: «C est quand quelqu un parle, je répète ce qu il dit pour que les autres écoutent bien ce qu il dit ". 1 responsable du micro: «Ça sert à parler, ça sert à passer le micro, c est moi le chef du micro. ". 2 dessinateurs : «Nous on recopie ce qu ils disent les enfants, on fait un dessin et il faut faire la même chose qu ils disent les autres. On va écouter les autres pour faire le dessin» des débatteurs Lors de la deuxième partie de la séance, le dessin devient l objet de la discussion et de la réflexion des élèves.

13 UN ATELIER TRÈS DIRIGÉ: «Les enfants sont capables d apprendre le rôle social du langage. Cependant, je ne pense pas qu il suffise de les mettre en situation de parler pour qu ils acquièrent une maîtrise du langage et de la réflexion. Pour développer leur pensée réflexive, l enseignant institue les enfants dans des rôles qu il accompagne durant l atelier. Les faire verbaliser sur le fonctionnement du dispositif a la même importance que le contenu de la discussion. En effet, le choix éducatif retenu est celui d un sujet qui se construit dans l autonomie mais aussi dans l hétéronomie. L enfant conserve son potentiel créatif, il peut choisir de participer à la discussion, il a l initiative pour donner son point de vue ou ne rien dire, il reste interprète quand il dessine et quand il joue un rôle d animateur. Mais, il est aussi soumis à la dépendance des règles du dispositif ainsi qu aux exigences réclamées par l enseignant, ici, la construction du dialogue au travers du questionnement.» Alain Delsol, enseignant chargé de cours université Montpellier 3

14 QUELQUES THÈMES À DÉVELOPPER A quoi sert la politesse? Comment décider de ce qui est juste? Comment faire pour être heureux? Comment peut-on bien vivre avec les autres? Est-ce que tous les gens peuvent être d accord? Est-ce que tous les gens sont pareils? Existe-t-il quelqu'un qui soit bête? Grandir, c est quoi? La violence, qu est-ce que c est? Le bonheur, c est quoi? Le courage, qu est-ce que c est? Le malheur, c est quoi? Les hommes sont-ils tous égaux? Peut-il être utile de mentir? Peut-on avoir, en même temps, plusieurs vrais amis? Peut-on donner sans recevoir? Peut-on recevoir sans donner? Peut-on se mettre à la place de quelqu un d autre? Pourquoi dit-on parfois : C est beau!? Pourquoi faut-il respecter la loi? Pourquoi faut-il travailler? Pourquoi mourrons-nous? Pourquoi n a-t-on pas les mêmes pensées? Pourquoi sommes-nous nés? Pourquoi y a-t-il des gens qui divorcent? Pourquoi y a-t-il des gens qui insultent les autres? Pourquoi y a-t-il des gens racistes? Pourquoi y a-t-il des pauvres et des riches? Pourquoi y a-t-il des personnes qui souffrent? Qu est-ce que ça veut dire, faire semblant? Qu est-ce que la solitude? Quand a-t-on le droit de désobéir? Quelle est la différence entre l'animal et l'homme? Quelle est la place d'un enfant dans une famille? Qu'est-ce qu il faut faire pour respecter les autres? Qu'est-ce qui est important dans la vie? Qu'est-ce qui est injuste? Qu'est-ce qui provoque la violence? Qu'est-ce qu'une grande personne?

15 UN EXEMPLE DE SYNTHÈSE FINALE La philo qu est-ce-que ça me fait? Ça nous aide à... parler correctement aux autres changer d avis avec les autres changer notre comportement, écouter les autres, s écouter soi-même, se connaître : soi-même & les autres ça fait plaisir, ça fait du bien de partager ça sert à s exprimer librement à exprimer des choses qu on ne peut pas, librement, à apprendre de nouveaux mots, à trouver ce qu on cherche, ça permet de savoir ce qu on ressent, de mettre nos idées en commun, nos soucis aussi, de réfléchir (mieux réfléchir parce qu on est moins nombreux) de parler avec les parents d expliquer notre vie aux autres ça nous aide à faire la différence, à prendre confiance à rester plus calme, nous apaiser, nous détendre, à se rappeler... du passé, à réfléchir... à des soucis qu on a, à comprendre ce qu on fait ça donne des cours en moins, ça nous apprend et on comprend... ça peut améliorer le futur... ça peut rendre heureux ou malheureux, ça me fait rire, ça fait honte quand on s entend au magnéto,.. c est bien pour entendre sa vraie voix, mieux connaître les autres, se faire des amis ce n est pas du travail, c est du plaisir, c est un lieu de parole où l on peut dire des choses lourdes à porter, ça soulage... c est dommage que ça s arrête, ça va nous manquer... On n est pas évalué!

16 ALBUMS SUPPORTS DE RÉFLEXION PHILOSOPHIQUE Thème Titres de livre langage, communication L'étrange guerre des fourmis ; Je voulais te dire esprit critique métaphysique identité relations sociales, autrui violence Le boa cantor Marguerite et la métaphysique Une vie de toutes les couleurs ; Fanchon ; Bibi ; Le loup rouge ; Un chat est un chat Une vie de toutes les couleurs ; Peur bleue chez les souris grises ; Une simple histoire d'amour ; Le monde à l'envers ; Alice sourit ; Histoire à voix L'étrange guerre des fourmis ; Flon-Flon et Musette ; Méchante rêve et réalité Mauvaise caisse! connaissance la pensée et l'action le temps l'exclusion sociale, la misère la liberté la mort Le secret ; 7 souris dans le noir La sagesse de Wombat Longtemps Petit-gris ; Eva et le pays des fleurs ; Les petits bonshommes sur le carreau Le seigneur des vents Bonjour, madame la Mort;

17 SITES Revue internationale de didactique de la philosophie Articles sur les pratiques philo en maternelle (Alain Delsol) analyse notamment les différents rôles dans le groupe tm tm

18 QUELLES SONT VOS RÉFLEXIONS À LA FIN DE CET ATELIER? Possible, pas possible? Pourquoi? Intérêt? Difficultés envisageables? Est-on prêt à lâcher le rôle de celui qui sait, celui qui enseigne, celui qui apporte la solution, celui qui tranche, celui qui valide les réponses, celui enfin qui détient les clés et les réponses à tout?

19 A MÉDITER La seule qualité requise pour devenir un bon philosophe est de s étonner. Tous les petits enfants possèdent ce don. [ ] Il semble toutefois que ce don de s étonner se perde en grandissant. Pourquoi ça? Jostein GAARDER Le Monde de Sophie