DE LA DANSE À NANTES

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1 DIAGNOSTIC PARTAGÉ DE LA DANSE À NANTES Diagnostic partagé de la Danse à nantes /1

2 Diagnostic partagé de la danse à Nantes Édito a Nantes, grâce à l engagement et au talent de tous ses acteurs, le secteur chorégraphique fait preuve, depuis plusieurs années, d une belle vitalité. Le diagnostic partagé effectué depuis juin 2013 en a été une nouvelle preuve. Il a été l occasion d échanges très riches avec l ensemble de celles et ceux qui, dans leur diversité, font vivre la danse, en ont la passion et l envie de la partager. Qu ils soient ici toutes et tous remerciés de leur contribution. Ce diagnostic partagé a été l occasion de dresser un panorama du paysage chorégraphique nantais, d en recenser les besoins et les multiples potentialités. De nombreuses pistes ont été ouvertes. Il convient maintenant de poursuivre ce travail, autour du constat de l importance du rôle de la danse dans nos pratiques artistiques et culturelles et plus largement dans nos sociétés contemporaines. Pour cela, il nous faut être inventifs, innovants, il nous faut savoir porter la danse auprès du plus grand nombre. Et surtout, il nous faut encore approfondir les collaborations entre les différents acteurs. Je suis certain que, dans la suite du diagnostic partagé, nous ferons vivre collectivement cette ambition. David Martineau Adjoint à la culture Sommaire 1. Les enjeux et objectifs de la démarche p.3 2. Une démarche partagée avec les acteurs de la danse p.4-5 A. De janvier à octobre 2014 : les trois phases de la démarche p.4 B. Une communauté chorégraphique mobilisée p.4 C. L'essor du secteur chorégraphique nantais p.5 3. Les soutiens publics à la danse p.6-8 A. Les aides des collectivités publiques à la danse p.6 B. La danse dans la politique culturelle de la Ville de Nantes p.7, 8 4. La création et la permanence artistique p.9-12 A. La fragilité de l'économie de la création p.9 1. Les soutiens à la production et à la résidence p La structuration des équipes artistiques p.11 B. Les lieux et outils de travail p La diffusion de la danse et la mobilité des artistes p A. Rendre la danse visible à Nantes p.14 B. La mobilité des artistes du local à l'international p Le développement chorégraphique et les publics p A. La culture chorégraphique et les publics p.18 B. Les pratiques de la danse en milieux scolaire et associatif p Danser à l'école p Les pratiques avec le réseau associatif et les danseurs amateurs p.20 C. La formation du danseur p Une identité chorégraphique nantaise : des collaborations entre acteurs en devenir p Remerciements : liste des acteurs qui ont participé à la démarche p.23 2 / Diagnostic partagé de la Danse à nantes

3 1. LES ENJEUX ET LES OBJECTIFS DE LA DÉMARCHE Un diagnostic partagé de la danse à Nantes Nantes : La culture au cœur du développement Depuis 20 ans, la Ville de Nantes a fait le choix de placer la culture au cœur même de son projet de territoire comme ferment de cohésion sociale et levier de son attractivité. Cette dynamique, qui s'appuie sur les vitalités associatives et créatives nantaises (220 associations culturelles subventionnées en 2013, budget de 61,7 Millions d'euros), permet de développer un projet culturel exigeant et diversifié au bénéfice des Nantais. Dans ce contexte, le secteur musical ainsi que certains équipements culturels et événements artistiques majeurs ont connu une forte expansion. De son côté, si le champ chorégraphique nantais a eu besoin de temps pour affirmer sa place, il fait preuve aujourd'hui d'une grande vitalité. L effervescence récente du paysage chorégraphique nantais «( ) l arrivée en nombre et l émergence de nouvelles compagnies est l occasion d établir une nouvelle force de proposition et de dialogue». (Cf. "Lettre des compagnies adressée à la Ville" - Juin 2013) Depuis quelques années, le paysage chorégraphique nantais se caractérise par le développement continu du nombre d'artistes et de compagnies chorégraphiques. Cette situation génère de nouvelles attentes portant notamment sur les moyens et les lieux de la création et sur les espaces de visibilité des projets. Ses objectifs sont les suivants: 1. Etablir un état des lieux du secteur chorégraphique professionnel existant ; 2. En identifier les potentialités, les points de faiblesse et les besoins non couverts ; 3. Repérer les leviers pour développer et valoriser la culture chorégraphique en direction des Nantais (diffusion et sensibilisation) ; 4. Formuler des propositions afin de faire évoluer la politique publique et de rendre lisible le cadre d intervention de la Ville en faveur de la danse. Trois thématiques majeures ont guidé la réflexion : - la production (moyens de création et lieux de travail) ; - la diffusion de la danse (du local à l international) ; - le développement de la culture chorégraphique (dont la formation professionnelle) et des publics ; Chacune de ces thématiques a également ouvert des débats portant sur l identité chorégraphique nantaise, sur le développement des synergies entre les acteurs et les complémentarités entre les ressources du secteur. a partir des constats et des problématiques posés par le diagnostic, les acteurs ont travaillé collectivement à la conception de pistes d'évolution et d'amélioration du secteur chorégraphique et ce, afin de nourrir la politique publique de la danse. Ces pistes sont actuellement étudiées par la Ville de Nantes, laquelle reviendra vers les participants au diagnostic pour présenter les chantiers sur lesquels elle souhaitera se positionner, en lien avec les partenaires. 1. Les engagements en faveur du Dialogue citoyen s'inscrivent dans le cadre de la charte adoptée en Conseil Municipal en Cette dernière précise le cadre de la démocratie participative nantaise et ouvre ainsi, pour les citoyens, la possibilité de construire les politiques publiques avec les élus. Les récentes mutations du paysage chorégraphique nantais impliquent de mieux connaître les réalités du secteur, les logiques à l œuvre et les besoins réels des acteurs. Ces constats, alimentés par le renouvellement fin 2015 de la direction du Centre chorégraphique national de Nantes (CCNN), invitent également à la réflexion sur l avenir de cette institution majeure et sur ses liens avec les compagnies et les lieux du territoire. Quelles perspectives pour la politique publique de la danse? Dans la perspective du mandat municipal , les élus ont exprimé la volonté d'entreprendre une réflexion collective et partagée sur le devenir et le développement de la danse à Nantes avec l'ensemble de la communauté chorégraphique professionnelle. Dans la poursuite des démarches de «Dialogue citoyen» 1, la Ville de Nantes a lancé en juin 2013 un diagnostic partagé de la danse. Musique et Danse en Loire-Atlantique Bastien Capela Diagnostic partagé de la Danse à nantes /3

4 2. UNE DÉMARCHE PARTAGÉE AVEC LES ACTEURS DE LA DANSE A. De janvier à octobre 2014 : les trois phases de la démarche CONCERTATION PRÉPARATOIRE Mai 2013 : Cadrage de la démarche, constitution des instances de pilotage et co-élaboration du cahier des charges avec le comité restreint. 10 juin 2013 : Annonce de la démarche aux acteurs par l Adjoint à la culture et la Direction à la culture : échanges sur le cadre et les objectifs de la démarche. Juin : Envoi d un courrier à la Ville par les compagnies nantaises. Septembre 2013 : Appel d offre pour la consultation. PHASE 1 : ÉTAT DES LIEUX DES RESSOURCES Février à avril structures ont participé à cette phase bâtie sur les trois thématiques de la démarche : production, diffusion et développement chorégraphique. Un état des lieux des ressources (équipes, activités, espaces, moyens et financements); Recueil des attentes et des potentialités d évolution : Des entretiens collectifs sur les thématiques d action. 10 entretiens individuels. Un questionnaire et une base de données 2 : recueil et analyse des données de 23 structures nantaises. PHASE 2 : APPROFONDISSEMENT DU DIAGNOSTIC Mai ateliers participatifs : 38 structures et 51 personnes (dont 25 compagnies) - Approfondir le diagnostic en croisant les points de vue des acteurs sur les constats et les attentes identifiés - Déterminer en commun les pistes d'évolution Benchmark : Des entretiens et une analyse comparée d expériences avec les villes de Rennes et de Montpellier choisies pour leur politique en faveur de la danse concernant les espaces dédiés à la création. PHASE 3 / MISE EN DEBAT ET PROPOSITIONS DE CHANTIERS / Juin à septembre Séminaire - 12 juin 2014 : 36 structures et 46 participants Une co-élaboration concrète des chantiers envisagés à l avenir pour la danse à Nantes. Proposition de chantiers : Les propositions ont été reformuléespar le bureau d études et inté grées dans le rapport de mission finalisé en septembre B. Une communauté chorégraphique professionnelle mobilisée Des instances de pilotage associant les acteurs chorégraphiques nantais La démarche s est déroulée sous la conduite d une équipe projet (Direction du développement culturel Pôle évaluation et Dialogue citoyen) et a été animée par le bureau d études Insolido Conseil, associé à Art, cultures et développement durable. Un comité restreint, composé de 8 structures du secteur, a accompagné chaque étape du diagnostic. Une instance partenariale a réuni une cinquantaine d acteurs (compagnies, structures de production, de diffusion, collectivités territoriales, Etat) conviés régulièrement à partager les ateliers et la réflexion. La mobilisation des acteurs au centre des enjeux 42 structures ont participé à la démarche (78% des structures professionnelles répertoriées) dont 20 structures aux 3 phases (37%); 62 personnes ont participé à une phase au moins du diagnostic; 3 structures de l agglomération ont été invitées du fait de leur activité en faveur de la danse 3. NB : Les pratiques amateurs, ainsi que les écoles privées et associatives de danse n ont pas été retenues dans le périmètre d étude de la mission. Une qualité d échange et de contribution centrée sur les perspectives d évolution Les acteurs se sont fortement impliqués dans les différentes étapes de la démarche témoignant de préoccupations réelles quant au développement futur de la danse et d'une motivation à se fédérer autour d'enjeux communs à visée d'intérêt général. Les espaces de dialogue, d'échanges et d'interconnaissance ont été appréciés et ont généré une synergie positive à poursuivre. Les chantiers identifiés comme leviers de développement de la danse sont étudiés dans un principe de coresponsabilité avec les participants à la démarche. Au premier trimestre 2015 La Ville de Nantes réunira les acteurs pour énoncer les chantiers prioritaires sur lesquels elle souhaite s'engager. RESTITUTION AUX ACTEURS 2 octobre 2014 : 50 participants Présentation des éléments clés du diagnostic Exposition des chantiers co-élaborés avec les acteurs Echanges en présence de l Adjoint à la culture 2. Questionnaire adressé à 33 structures (Structures de création, de diffusion, centres de ressources et organisme de formation) : 25 structures ont répondu (dont 11 compagnies) soit un taux de participation de 76 %. La sélection des compagnie sollicitées a été établie selon des critères de professionnalisation tels que : soutien de(s) collectivité(s) publiques supérieur à 5000, production d'une création et diffusion de 10 représentations dans les deux années précédent l'étude, budget supérieur à Musique et Danse en Loire Atlantique (MDLA), ONYX, scène conventionnée danse - Saint-Herblain, Médiathèque Hermeland - Saint Herblain 4 / Diagnostic partagé de la Danse à nantes

5 C. L essor du secteur chorégraphique nantais 53 structures inventoriées en qualité d acteurs dans le champ chorégraphique nantais : Les structures de création Le Centre chorégraphique national de Nantes (CCNN) 29 compagnies 2 bureaux de production 2 lieux indépendants gérés par des compagnies Les lieux de production et de diffusion 6 structures culturelles dont 1 festival transdisciplinaire 1 agence départementale 8 établissements de développement chorégraphique et d enseignement 4 collectivités territoriales dont la Ville de Nantes ÉVOLUTION DES Compagnies ENTRE 2008 et 2014 L évolution récente du paysage chorégraphique nantais En 2014, les 29 compagnies indépendantes inventoriées se composent en plusieurs groupes dont l évolution a été retracée depuis 2008 : - Un noyau solide de 10 compagnies étaient installées à Nantes en 2008 et poursuivent leur activité. 8 autres compagnies présentes en 2008 ont interrompu depuis leur activité nouvelles équipes ont émergé ou se sont installées depuis 2008 dont 3 sont repérées en émergence. Cette dynamique se caractérise notamment par la notoriété de compagnies arrivantes (dont 3 conventionnées par l État), par des liens de filiation artistique entre ces artistes et des compagnies émergentes et par une culture de travail en collectif. Une diffusion de la danse et une adhésion des publics en hausse constante 19 NOUVELLES CIES DEPUIS % 8 CIES ACTIVITÉS EN SUSPEND 21% 10 CIES PRÉSENTES EN % CCNN 3% Si la diffusion de la danse se développe à l échelle nationale à partir des années 80, elle attendra la fin des années 90 pour véritablement se structurer à Nantes. Les années 2000 constituent un tournant dans la diffusion de la danse puisqu elles voient apparaître des entités structurantes pour le secteur chorégraphique. Le Centre Chorégraphique National de Nantes (CCNN) Le CCNN 4 est créé en 1992, sous la direction de Claude Brumachon et de Benjamin Lamarche, avec la volonté de développer un pôle de création d'envergure nationale. Il s inscrit dans une région qui dispose d une institution phare, le CNDC d'angers (Centre national de danse contemporaine) créée en 1978 (Alwin Nikolais), en amont de l officialisation des CCN en Fruit de la décentralisation artistique, cette proximité territoriale renforce le poids des grandes institutions, en générant une forte attractivité mais aussi en captant une part importante des budgets dédiés au secteur. Les missions publiques du CCNN sont centrées sur la création et la diffusion des directeurs artistiques, élargies à l'accueil-studio de compagnies, le développement chorégraphique et la formation. Depuis sa création, le CCNN a généré une large diffusion au rayonnement international. Cependant, l institution nantaise est également l un des moins dotés en subventions publiques et en espaces de travail au niveau national. A l occasion du renouvellement prochain de sa direction, les acteurs nantais impliqués dans le diagnostic ont affirmé leurs attentes de travailler avec un CCNN moteur d'un projet ouvert sur le territoire. 4. Le Centre Chorégraphique National de Nantes est subventionné par l État - Préfet de la région Pays de la Loire - Direction Régionale des Affaires Culturelles, la Ville de Nantes, le Conseil Régional des Pays de La Loire et le Conseil Général de Loire-Atlantique. Il reçoit l aide de l Institut Français pour certaines de ses tournées à l étranger. Ville de Nantes Le Lieu Unique, scène nationale (2000) devient un pôle phare de la danse (notamment Le Club des 5, Festival Let's Dance puis Chantiers d'artistes et Constellations avec le TU). L'ONYX à Saint-Herblain - scène conventionnée danse est créée en 2004 et Musiques et danse en Loire-Atlantique (MDLA) lance Transcendance en Le TU - Théâtre Universitaire développe sa programmation chorégraphique et crée la manifestation Flash Danse en En , la danse a représenté 26% des spectacles programmés (49 spectacles sur 190) et a conquis spectateurs. Des résultats révélateurs des engagements des lieux et d une attente des publics pour la danse. Diagnostic partagé de la Danse à nantes /5

6 3. LES SOUTIENS PUBLICS À LA DANSE d'indicibles Violences Laurent Philippe A. Les aides des collectivités publiques à la danse La nécessaire coopération entre collectivités publiques La réforme territoriale, la redistribution des compétences entre collectivités publiques et ses impacts potentiels sur les porteurs de projets culturels ont été régulièrement interrogés par les acteurs au cours de la démarche. Les enjeux liés à la coopération entre les collectivités publiques à l échelle d une région et entre les réseaux professionnels de territoires voisins (Grand Ouest) sont au centre des préoccupations : comment mieux anticiper les modalités de coopération entre collectivités? Comment s appuyer sur les territoires comme leviers de développement et moyens de mutualisation? La mise en réseau des ressources publiques ainsi que la mise en convergence des politiques publiques sont résolument d actualité pour accompagner de manière efficiente et cohérente le développement du secteur chorégraphique. Les engagements des collectivités auprès des structures de création nantaises En 2013, les aides des 4 collectivités (Etat, Région, Département et Ville de Nantes) correspondent à 1.325M. Si Nantes concentre plusieurs structures d envergure régionale et nationale, les éléments recueillis illustrent combien leur vitalité est soutenue par l ensemble des collectivités. Cela met en évidence la nécessité de la coopération entre les collectivités publiques pour favoriser la danse dans la Cité et l'emmener au plus près des populations. 29% des aides sont destinées aux structures de création indépendantes (382.4K ). Les collectivités territoriales et l'etat développent des dispositifs de soutien différents selon leurs politiques publiques. 3 compagnies sont soutenues par la DRAC, 10 par le Conseil Régional, 12 par le Conseil Général, 15 par la Ville de Nantes. Cette analyse met l accent sur les difficultés économiques des compagnies qui ont notamment exprimé leurs attentes d un financement renforcé de leurs projets et de mutualisation de certains outils (dont les espaces de travail). 71% des aides des 4 collectivités publiques sont attribuées au CCNN (943 K ) en sa qualité d institution nationale et soutenue à ce titre pour son rôle structurant du secteur chorégraphique et ce, notamment par l Etat. Le renouvellement de sa direction est cité comme un enjeu majeur. La responsabilité des collectivités est de veiller à promouvoir l une de ses vocations : participer à la vitalité de la création chorégraphique en travaillant en synergie avec l ensemble des forces en présence. RÉPARTITION DES SUBVENTIONS 2013 DES COLLECTIVITÉS PUBLIQUES AUX STRUCTURES DE CRÉATION NANTAISES (CCNN et compagnies indépendantes) CONSEIL GÉNÉRAL 44 89,5 Kh VILLE DE NANTES 390, 9 Kh CONSEIL RÉGIONAL 235 Kh DRAC Pays de Loire 610 Kh 6 / Diagnostic partagé de la Danse à nantes

7 B. La danse dans la politique culturelle de la Ville de nantes Soutenir l essor de la scène chorégraphique : une ambition pour la Ville de Nantes La Ville de Nantes a défini une politique culturelle, facteur de créativité et de cohésion sociale, par laquelle elle entend soutenir les compagnies et artistes chorégraphiques tout en favorisant la rencontre entre les Nantais et le fait artistique et culturel. Durant le précédent mandat, trois axes ont orienté la politique municipale en faveur de la danse : la créativité (aide à la création ; au fonctionnement des compagnies) ; le développement chorégraphique dans la Cité (aide à la diffusion de la danse, sensibilisation des publics) ; l enseignement de la danse (porté par le Conservatoire à rayonnement régional de Nantes). A l aube du mandat , la Ville de Nantes a choisi la mise en œuvre d un diagnostic partagé avec les acteurs du champ chorégraphique, afin de participer à la définition renouvelée de sa politique en faveur de la danse. Le diagnostic a permis de dresser plusieurs constats : le décalage entre les potentiels de création et les moyens effectivement alloués à la danse ; les besoins en terme d'espaces de travail, les difficultés structurelles des équipes artistiques ; enfin, les aspirations des acteurs à la mise en réseau des ressources. Les moyens financiers alloués à la danse Le budget de la Direction à la Culture consacré à la danse est de 1M, répartis comme suit : pour la Direction du développement culturel (Subventions aux associations) et pour Direction des établissements culturels et de l'administration (Conservatoire, Dispositif d'aide à la mobilité internationale). Le budget "subventions" de la Direction du développement culturel est de (Compte administratif 2013) dont 94 % consacrés au spectacle vivant. Quant à la danse, elle représente 2,3 % du budget global "subventions" de la DDC et 2,48 % de la part consacrée au spectacle vivant. Ce soutien financier s'accompagne de dispositifs annexes et complémentaires : soutien à la visibilité des projets, mise à disposition d espaces de travail et de logements, soutien à la mobilité internationale, etc. Mise à disposition d'espaces de création et de répétition La Ville de Nantes gère différents types d'espaces de création et de répétition qu'elle met à disposition de nombreuses équipes artistiques et culturelles. D'une part, la Direction du développement culturel propose deux équipements mis à disposition sur la base de créneaux (horaires à mensuels) pour des créations ou des reprises : le studio Saint Georges des Batignolles (2 studios : 300m2 et 83m2) et l'espace culturel Jules Bréchoir (2 studios de 100m2). D'autre part, elle propose des espaces de travail et de laboratoires dans le cadre des «Fabriques, Laboratoires artistiques», réseau pluridisciplinaire d espaces de création, de diffusion, de formation et de ressources dans différents quartiers nantais. Plus précisément, les Fabriques Dervallières-Zola et Bellevue-Chantenay poursuivent l objectif de favoriser l expérimentation et l émergence de projets culturels, et de répondre aux besoins des artistes au cours des différentes étapes du processus de création. La danse a ainsi représenté 27% des temps d occupation de ces espaces en 2012 et La Fabrique Ile de Nantes, quant à elle, a la particularité de proposer des espaces de répétition (musique et arts numériques), de diffusion (transdisciplinaires) ainsi que des lieux adaptés aux expérimentations numériques. Group Berthe "Les pieds sur la nappe" Vincent Vanhecke Diagnostic partagé de la Danse à nantes /7

8 Plusieurs dispositifs d accompagnement peuvent être proposés à l'échelle des Fabriques en fonction des projets : résidences de création, dispositif de coopération pour un itinéraire d'artiste (Nantes - Rennes), temps de visibilité des projets ( Les jeudi(s) de la Fabrique), espaces administratifs partagés (Pépinière), temps de diffusion à la Fabrique Ile de Nantes (Exemple : les cartes blanches ). Par ailleurs, la Ville de Nantes, à travers son réseau de salles associatives gérées par d'autres Directions (Direction des Sports, Direction du développement associatif, etc), peut également mettre à disposition des espaces de travail (Exemple : 38 Breil, studio géré par la Compagnie Ecart). Renforcer les coopérations professionnelles et la mobilité des artistes du local à l international La Ville de Nantes favorise les coopérations avec les territoires voisins et sur le plan international. Le Pôle métropolitain Loire-Bretagne, dont le volet culturel est en phase de constitution, s inscrit dans des perspectives d échanges accrus entre les villes de Nantes, Saint-Nazaire, Rennes, Brest et Angers. Une convention entre Nantes et l Institut Français permet de soutenir activement la mobilité des compagnies chorégraphiques sur le plan international. Il convient également de noter que 6 studios consacrés à l enseignement et à la formation seront ouverts sur l'ile de Nantes au printemps 2015, partagés entre le Conservatoire et le Pont supérieur (Pôle d'enseignement supérieur spectacle vivant Bretagne - Pays-de-la-Loire). Enfin, trois appartements sont mis à disposition pour l accueil d équipes artistiques. LES FABRIQUES, LABORATOIRE(S) ARTISTIQUE(S) Dervalliéres-zola et bellevue-chantenay Cie 29x27 - Le Labyrinthe de l'hippocampe (création 2015) Stéphane Tasse MÉDIAS CINÉMA 6% MUSIQUE 7% DANSE 27% Récapitulatif du soutien à la danse par la Ville de Nantes (2013) ARTS PLASTIQUES 47% TRANSDISCI- PLINAIRE 5% THÉÂTRE 8% Les aides à la danse représentent 1 M soit 1,61 % du budget global à la culture de la Ville de Nantes. Des aides à la danse présentes sur deux budgets : Direction des établissements culturels et de l'administration : (Conservatoire à rayonnement régional et dispositif d'aide à la mobilité internationale) : (40% du budget danse) Favoriser l accès des Nantais aux pratiques de la danse Au delà de son implication en matière d enseignement de la danse à travers son Conservatoire à rayonnement régional (1800 élèves en 2013 dont 13 % en danse), la Ville de Nantes développe une politique de proximité culturelle par laquelle elle entend rapprocher les Nantais du fait artistique. Ainsi a été créé le dispositif «Création partagée» qui a permis à 60 projets (dont 7 créations chorégraphiques) de se réaliser sur l'ensemble des quartiers nantais depuis Les «Créations partagées» associent des artistes et des Nantais à la production d une œuvre artistique sur le territoire. Elles ont pour objectif d impliquer les habitants en proximité et s adressent particulièrement à ceux et celles qui ne vont pas spontanément vers l offre culturelle proposée à Nantes, dans une volonté de mixité sociale et intergénérationnelle. Elles contribuent à désacraliser l'acte de création tout en initiant à une pratique artistique ; elles constituent par ailleurs des projets fédérateurs entre les acteurs d'un même territoire. Direction du Développement Culturel (DCC) : (60% du budget danse) notamment aux structures de création (CCNN, compagnies indépendantes). BUDGET SPECTACLE VIVANT - DDC RÉPARTITION DES AIDES SELON LES DISCIPLINES ARTISTIQUES THÉÂTRE 14% MUSIQUES 55% DANSE 2,4% PLURI- DISCIPLAIRE 29% 8 / Diagnostic partagé de la Danse à nantes

9 4. LA CRÉATION ET LA PERMANENCE ARTISTIQUE Le processus de production : du projet de création à sa réalisation «J ai pu écrire auparavant que la danse était un art qui s appuyait sur du sable. Je ne le pense plus. Il faut que cet art s inscrive sur la durée» Brigitte Lefèvre. 5 Depuis les années 80, la danse a connu un essor considérable au regard de son histoire 6, portée par une politique basée sur le primat à la création, générant à la fois une formidable créativité et une recherche toujours renouvelée de moyens pour la produire. Qu en est-il de l état de la création chorégraphique aujourd hui, à Nantes plus précisément? L effervescence du paysage chorégraphique nantais a généré depuis cinq ans un accroissement des créations entraînant de nouveaux besoins en espaces de travail et en moyens pour les réaliser. De la pensée initiale à l écriture du projet, du studio à la scène, les artistes et les équipes qui les accompagnent, sont au coeur du processus de production. 5. Directrice de l Opéra de Paris de 1995 à Entretien avec MC Vernay les cahiers DRAC PACA compagnies étaient soutenues en 1998 par le Ministère de la Culture, 238 en L état des lieux nantais a inventorié une vingtaine d espaces de travail aux usages multiples, partagés entre les 32 compagnies identifiées produisant chacune une création annuelle ou biannuelle, un CCNN et son studio de création, et un nombre conséquent de projets chorégraphiques soutenus en 2013 par les lieux culturels nantais. Pour autant, les compagnies nous ont confié leur parcours d équilibriste pour parvenir à organiser les équipes et les temps de travail, à réunir les financements nécessaires, à mobiliser les compétences adaptées. Les attentes exprimées ont mis en exergue le manque d espaces de création et les difficultés de structuration des équipes salariées, caractérisée par l emploi au régime de l intermittence (85%) et par une précarité des emplois permanents (usage des emplois aidés), limitant leur niveau de développement. Plusieurs pistes d évolution ont été identifiées pour valoriser les espaces de travail, pour conforter les équipes artistiques et les lieux culturels dans leurs engagements. Les chantiers sont multiples et pourront être priorisés à l'avenir, en combinant l optimisation des moyens existants à de nouvelles aides, en accompagnant la mutualisation des ressources entre les compagnies, le CCNN, les lieux municipaux et les équipements culturels. Musique et Danse en Loire-Atklantique Bastien Capela Diagnostic partagé de la Danse à nantes /9

10 A. LA FRAGILITE DE L'ÉCONOMIE DE LA CRÉATION De l émergence à la reconnaissance : le parcours contrasté des compagnies (exploitation des données des 11 compagnies ayant répondu au questionnaire) Quatre profils de compagnies ont été constitués ce qui révèle une forte hétérogénéité. Néanmoins, toutes se rejoignent sur la nécessité d être soutenues à chacune des étapes de leur parcours artistique. 3 compagnies confirmées ont des budgets supérieurs à 150K, cumulent 60% des produits, 71% des subventions, 58% des CDD. 4 compagnies reconnues sur le plan artistique réunissent 30% des produits, 3 compagnies équilibrent difficilement leurs activités (8% des produits) et 2 sont très fragilisées. La diffusion, clé de voûte de l équilibre financier Les compagnies ont souligné des moyens insuffisants pour financer les projets de création, un besoin de politiques publiques mieux coordonnées et de dispositifs durables. Au regard des subventions (34% des ressources en moyenne), les recettes propres sont indispensables dans leur équilibre économique, se répartissant entre la diffusion (65%), les coproductions (18%), la formation (13%). 14% des coproductions proviennent des structures de diffusion nantaises. En reflet des fragilités actuelles, 14 créations sur 37 ont été produites en dessous d un seuil de % des spectacles sont des petites formes (solos, duos). La fragilité des emplois permanents Les 12 compagnies interrogées montrent une forte préoccupation pour l emploi. Leurs priorités seraient d assurer une permanence administrative, de mieux rémunérer les artistes en répétition, d être accompagnées en production et diffusion. La masse salariale représente 62% des charges globales. 4 compagnies (25%) emploient des salariés permanents, tous soutenus par des emplois aidés. 85% des salariés des compagnies sont au régime de l intermittence. L engagement des lieux culturels nantais pour la production et la diffusion de la danse Les quatre équipements culturels impliqués dans le champ chorégraphique (Lieu Unique, Onyx, Grand T, TU - Théâtre universitaire) sont des structures conventionnées, qui réunissent un budget global de 17.7M et sont subventionnés à hauteur de 13.3M (73% des produits). Les budgets artistiques correspondent à 45% des charges, la danse est à 16% des budgets artistiques (1.29M ). 12 projets chorégraphiques (48% des coproductions), dont 9 nantais, ont été coproduits en 2013 attestant de l attention des lieux à la création nantaise, avec cependant des apports très variables. Les pistes d'évolution co-élaborées et proposées par les acteurs à l'occasion de la démarche. A partir des constats cités, les acteurs ont identifiés collectivement les leviers leur permettant d améliorer les conditions de production et de permanence chorégraphique à Nantes. A partir de deux thématiques «Les soutiens à la production et aux résidences» et «La structuration des équipes», plusieurs chantiers ont été proposés par les acteurs et sont restitués ci-dessous. 1. Les soutiens à la production et aux résidences Accompagner les processus de création >> Mieux produire les compagnies : cet axiome connu des réseaux professionnels et des collectivités est repris dans une visée de soutien sur la durée (artistes associés, résidences de 3 ans). Les modalités de production vertueuses (seuil plancher de coproduction et production déléguée) ont également été soulignées. La coopération entre collectivités publiques peut être renforcée, avec l idée d étendre les aides à la création sur deux années (durée d un montage de production) et de réguler à terme la diffusion. >> La création d une aide spécifique à la maquette pourrait être expérimentée comprenant une présentation publique, afin d'évaluer la pertinence du projet et sa faisabilité. >> Une aide spécifique à la reprise permettrait de soutenir la constitution d'un répertoire et d optimiser l offre de diffusion des compagnies. >> L accompagnement de la reconversion d artistes ou en fin de carrière demanderait des mesures spécifiques pour une sortie échelonnée des dispositifs de financements. Développer les aides à la résidence >> L accroissement des moyens dédiés aux résidences des compagnies locales dans les équipements culturels nantais permettrait aux équipes de créer dans de meilleures conditions et d'être en conformité avec la législation sociale. >> Le principe de l accueil-studio des CCN pourrait être étendu aux autres lieux culturels, pour permettre notamment l'amélioration des conditions techniques et logistiques d accueil. La présence des artistes dans les lieux de diffusion s en trouverait valorisée tout en permettant le développement du rapport au public. >> Le soutien de résidences sur d autres territoires a été évoqué, notamment le développement de dispositifs concertés entre collectivités publiques tels que les plateaux tournants et la mutualisation de moyens financiers et techniques entre équipements culturels. 10 / Diagnostic partagé de la Danse à nantes

11 2. La structuration des équipes artistiques Soutenir la structuration des équipes Les acteurs ont souligné l importance d accompagnements permettant d assurer la permanence artistique des équipes et la viabilité des projets, en convergence entre les moyens économiques et le développement artistique. >> La connaissance mutuelle et partagée des réalités de fonctionnement et des métiers des compagnies a aussi été soulignée comme condition nécessaire pour repenser ces dispositifs d accompagnement et de soutien à la structuration. >> Les soutiens pourraient être envisagés suivant la situation des compagnies, afin de renforcer les emplois en interne, mutualiser un emploi avec une autre structure, ou encore faire appel à un accompagnement et à des services externalisés. >> Plus précisément, la mutualisation des emplois semble un réel levier pour consolider la structuration des compagnies. Elle pourrait prendre différentes formes : l'élaboration de projets structurels mutualisés (type coopératives, groupements d'employeur), la création de dispositifs spécifiques si besoin (production déléguée, compagnonnage, tutorat), le soutien aux initiatives d emploi mutualisé. >> Les aides aux emplois aidés sont un moyen de soutenir la permanence artistique. Les difficultés des compagnies à pérenniser ces emplois nécessiteraient d adapter les aides et leurs critères. Encourager les structures d accompagnement d artistes, de production et de conseil >> La proposition de création d une plateforme d accompagnement des équipes a été émise, afin d accompagner les compagnies. Pour cela, un dispositif pourrait aider les compagnies à faire appel à des compétences ponctuelles, à une expertise, à un tutorat. >> Le rôle des centres ressources a été reconnu pour l ensemble de ces accompagnements. Il serait pertinent de faire un état des lieux des soutiens et des dispositifs existants dans les centres ressources (MDLA, Trempolino, le Pôle des musiques actuelles en Pays-de-la-Loire, etc), et de les combiner pour optimiser l'existant. Les liens avec les Centres ressources interrégionaux et nationaux participent de fait de ces accompagnements (CND, Hors les murs, IRMA ). B. LES LIEUX ET LES OUTILS DE TRAVAIL Des besoins d espaces dédiés à la danse au cœur des attentes des collectifs 24 lieux de travail sont identifiés sur le territoire nantais par les 11 compagnies ayant répondu au questionnaire. Ils sont de statuts publics et privés, et présentent des équipements très variés (Cf. schéma page 12). L usage des espaces est réparti entre les quatre activités majeures des compagnies avec : 42% des activités centrées sur la création (sur plateaux) et les résidences (en studio). Les institutions culturelles proposent 84% des temps de travail sur plateau. 35% sont consacrés aux entraînements des danseurs et 23% aux cours pour les professionnels et amateurs. Les enjeux liés aux lieux de création et de travail ont toujours été une priorité pour les danseurs dont les pratiques nécessitent des espaces adaptés à l entraînement régulier, au mouvement et à la composition chorégraphique. La problématique des espaces reste prégnante que ce soit pour répéter et créer, pour s entraîner au quotidien, pour enseigner, pour stocker les matériels et accueillir le travail administratif. L insuffisance d espaces dédiés à la danse à Nantes est soulignée, tout en reconnaissant une évolution du nombre de studios depuis quelques années. Les atouts relevés portent sur la mise à disposition de studios par la Ville, la flexibilité des échanges et l esprit de mutualisation entre partenaires. La dispersion des lieux à l'échelle du territoire nantais suppose une forte itinérance des compagnies et une fragmentation des utilisations en périodes courtes, parfois complexes à anticiper. Une disponibilité limitée des équipements pour les phases de création Les lieux culturels font le constat d un manque de disponibilité de leurs plateaux, à l exception des périodes estivales ainsi qu'un manque de personnel technique dédié aux résidences. Le besoin en dispositifs pérennes pour l accueil des compagnies de danse est jugé indispensable, avec le souhait de développer une politique coordonnée entre lieux afin de renforcer une logique de suivi entre la production et la diffusion. Les compagnies font surtout état de leurs difficultés à accéder aux plateaux de création (dévolus en priorité à la diffusion). Elles notent des matériels en lumière et son inexistants dans la plupart des studios de travail (hors Fabrique Bellevue-Chantenay), et un besoin d appartements supplémentaires pour l accueil d artistes en résidence. Honolulu DR Diagnostic partagé de la Danse à nantes /11

12 Les espaces restreints du CCNN partagés entre la création et les accueils-studio CCNN et accueils-studios 2012 : 7 compagnies dont 1 nantaise / 70 jours / / 572 spectateurs 2013 : 10 compagnies dont 2 nantaises / 76 jours / / 682 spectateurs Suite aux travaux de 2002, le CCNN dispose d un espace de création permettant la présentation publique : 67% des représentations du CCNN à Nantes sont réalisées en autonomie dans ses propres locaux. Ce même studio de création est également utilisé pour les accueils-studios 7 du CCNN, avec une disponibilité limitée au regard des demandes. Un second studio de 64m2 peut être utilisé. De fait, l équipement actuel restreint l exercice des missions publiques attendues du CCNN, l un des Centres chorégraphiques le moins doté en espaces au plan national. Les Fabriques : des espaces appréciés pour les phases de recherche et d émergence des projets La danse représente 27% du temps d occupation des espaces en 2012 et 2013, et deux compagnies de danse sont accueillies dans la pépinière d artistes. Le projet des Fabriques (Dervallières-Zola et Bellevue-Chantenay) est reconnu par les acteurs pour favoriser l expérimentation de démarches de création : la co-élaboration des projets, la souplesse d utilisation des espaces, la mutualisation des moyens, la visibilité apportée par les Jeudis de la Fabrique et les relations avec le territoire (Dervallières-Zola) sont saluées. Cependant les studios des Fabriques restent de l avis des compagnies en retrait des besoins spécifiques de la danse notamment pour la phase de création. LIEUX ET OUTILS DE TRAVAIL 2012 et 2013 AUTRES LIEUX 28% 783 et HONOLULU 20% LIEUX CULTURELS 18% STUDIOS VILLE + FABRIQUES + STUDIOS DU BREIL 34% Les pistes d'évolution co-élaborées et proposées par les acteurs à l'occasion de la démarche. De ces constats sont nées deux propositions majeures : optimiser les équipements existants et créer un lieu fédérateur dédié à la danse. Optimiser les équipements existants >> Un état des lieux approfondi des espaces de répétition et de résidence disponibles est préconisé afin de proposer les améliorations techniques (plancher, grill et régies) avec une réflexion sur les conditions d usage. >> Pour les Fabriques ou dans l hypothèse de nouveaux investissements de la Ville, l aménagement d un espace supplémentaire dédié à la création scénique a été évoqué pour l accueil de résidences de danse. >> La création d un second studio pour le CCNN et d un logement pour les artistes serait un atout pour répondre plus largement à ses missions de création et de diffusion, pour développer les accueils des compagnies notamment nantaises, les actions de formation. >> La conception et la mise en ligne d une cartographie dynamique des lieux sont citées comme un moyen simple pour développer la lisibilité des espaces dédiés aux activités chorégraphiques. A usage des artistes, mais aussi des publics, elle permettrait de faciliter la circulation des acteurs à l échelle de l agglomération, voire à terme à l'échelle du Pôle Métropolitain Loire-Bretagne. Un lieu fédérateur dédié à la danse : Un outil de travail et de création partagée >> La création d un lieu fédérateur dédié à la danse à l échelle de l agglomération est l action prioritaire retenue par les acteurs à l issue de cette démarche. Les acteurs nantais imaginent un lieu physique très concret qui animerait l écosystème chorégraphique, pensé avec et pour les bénéficiaires. Dans ce sens, il porte une dimension collective associant le CCNN et des compagnies, à même de fédérer la communauté de la danse sur des intérêts et une gouvernance partagés. >> Plateforme de lisibilité d un projet global pour la danse, ce lieu de création serait aussi un espace de pratiques (ateliers professionnels et amateurs), ouvert sur la Cité et à la culture chorégraphique (rencontres avec les publics, ouvertures studios). Comprenant des bureaux de travail, il serait aussi un espace ressources (accompagnement, coworking, mutualisation, conseil). 7. Accueil-studio : mis en place en 1998 par le Ministère de la Culture pour favoriser le partage des espaces de création et qui a rencontré une très vive demande par CCN en soutien à la production. 130 à 150 projets sont accueillis chaque année par les 19 CCN et Ballets nationaux. 12 / Diagnostic partagé de la Danse à nantes

13 5. LA DIFFUSION DE LA DANSE ET LA MOBILITE DES ARTISTES Le contexte fragile de la diffusion «Mes pièces appartiennent à ceux qui les dansent» Dominique Bagouët / Carnets Bagouët créés en 1993 La diffusion de son travail est une question très sensible pour toute équipe artistique : être vue et reconnue par les publics et les réseaux professionnels s'avère être non seulement l'aboutissement de tout projet artistique mais également une étape nécessaire pour développer ses capacités de production et gagner en mobilité sur les plans national et international. Dans le meilleur des cas, la diffusion conforte l assise et la notoriété du projet artistique, en assurant la stabilité et un équilibre économique vital pour la structuration de la compagnie. Dans ce contexte, la scène chorégraphique nantaise peut être considérée comme dynamique puisque l'offre de spectacles en danse y est supérieure à la moyenne nationale 8 (26% des saisons culturelles). Si des collaborations suivies et un travail de mise en réseau entre les acteurs sont constatés, il n'en demeure pas moins que les équipes artistiques rencontrent les mêmes difficultés qu'ailleurs avec des perspectives de diffusion contraintes : stagnation voire diminution des opportunités d accueil, difficulté de mobiliser les programmateurs, coûts d exploitation non couverts par les recettes, faiblesse des propositions de diffusion «en série». De fait, l'écart entre les compagnies se creuse, les artistes émergents peinent à exister et à se développer hors des circuits traditionnels de diffusion au profit d'artistes plus reconnus et de compagnies à rayonnement international. Éric Deroost 8. Etude DMDTS 2006 : la danse représentait 19% des spectacles programmés par les scènes nationales (pour 13.8% des représentations) 9. «Nous n avons aucune vraie cartographie de la diffusion de la danse en France» Fabien Jannelle. Directeur ONDA en Environ 400 lieux culturels diffusent régulièrement de la danse pour une moyenne de 1000 à 1200 pièces chorégraphiques par saison. Par ailleurs, les publics de la danse se sont largement développés ces trente dernières années 9 à l'échelle internationale et locale mais insuffisamment au regard de l'augmentation significative du nombre de compagnies et de projets chorégraphiques. L'ouverture de la danse à un plus large public est donc encore aujourd'hui un défi à relever par l'ensemble de la communauté chorégraphique nantaise et les collectivités publiques. Diagnostic partagé de la Danse à nantes /13

14 A. Rendre la danse visible à Nantes «Ce qui reste constant, c est l écart entre l offre, le nombre de spectacles créés chaque année, et les débouchés de la diffusion». Patrick Germain-Thomas 10. Présenter ses créations à Nantes : un véritable enjeu pour les compagnies «Faire mon métier et gagner ma vie là où je vis» (atelier mai compagnies nantaises). En aboutissement du processus de création, les premières représentations sont déterminantes, présentées dans une relation de proximité avec les publics et les partenaires locaux. La diffusion a un impact considérable dans l économie des compagnies nantaises, leur apportant en moyenne 65% des recettes propres en 2013 (36% des produits). Les compagnies réalisent 13% de leur diffusion à Nantes et le CCNN 36%. Pour autant, il s'agit de nuancer ces chiffres car il existe une forte hétérogénéité entre les équipes : 3 compagnies réalisent 68% des dates recensées sur le territoire tandis que 5 d entre elles ne représentent que 10%. «Il faut être diffusé pour être aidé, et vice versa.» Dans un contexte nantais riche en propositions culturelles, les possibilités d accueil des compagnies chorégraphiques nantaises restent inférieures aux besoins et n'ont pas évolué malgré leur présence en développement. Les compagnies émergentes éprouvent notamment des difficultés à trouver des partenaires locaux de production et de diffusion, impactant de fait leur capacité à obtenir des financements publics. Ainsi, 13 % des spectacles des compagnies nantaises sont programmés à Nantes contre 43 % sur le reste du territoire national (hors Région des Pays-de-la-Loire) et 12 % à l'international. Les difficultés à produire les pièces comme les perspectives de diffusion peuvent également influer sur leur format. Les pièces courtes mobilisant une équipe artistique réduite comme les spectacles «Jeune public» étant plus faciles à diffuser. A Nantes, les liens sont étroits entre les conditions de production et la diffusion d un projet souvent réalisé dans les lieux l ayant coproduit. La qualité du dialogue entre les artistes, les lieux, les partenaires publics, est en ce sens primordiale pour assurer un avenir au projet artistique. La dynamique de diffusion du CCNN en France et à l étranger 39 représentations en 2013 (64 représentations en 2012) Sur 2 années : 36 % de la diffusion à Nantes (Soit spectateurs), 7 % dans le département, 6 % en Région, 29 % à l'échelle nationale, 22 % à l'international 67 % des représenta tions nantaises sont produites par le CCNN dans ses locaux L offre régulière de 8 à 12 pièces en diffusion, associant créations et répertoire, permet de répondre à la demande d'un réseau étendu de lieux culturels La stratégie de diffusion nantaise du CCNN s'appuie sur une structure permanente et la valorisation de son grand studio comme espace de diffusion. Des lieux culturels de notoriété nationale ouverts à la danse La danse représente 26 % des programmations des quatre structures de diffusion étudiées dans le cadre du diagnostic, et totalise spectateurs sur la saison Les scènes nantaises bénéficient par ailleurs d'une notoriété reconnue dans le champ professionnel. Part de la danse dans les programmations des lieux TU (42%), LU (20%), ONYX (37%), Grand T (8%) Biennale Transcendanse en 2013 : 21 spectacles dont 13 à Nantes / 9500 spectateurs / 10 compagnies nantaises. Les compagnies nantaises représentent 20.5% des équipes chorégraphiques accueillies par les lieux culturels. Cette attention et cette visibilité données à la danse apportent une valeur ajoutée appréciée des compagnies. Il est en effet essentiel de s y produire pour pouvoir investir par la suite d autres territoires. DIFFUSION DES COMPAGNIES 2012 ET Compagnies exploitées dans la phase État des lieux 249 représentations en 2013 FRANCE 43% INTER NATIONAL 12% NANTES 13% RÉGION 10% DÉP % SAISON CULTURELLE spectacles / 49 en Danse L impact des temps forts et festivals de danse MUSIQUE 37 concerts 17% AUTRES 4% THÉÂTRE 93 spectacles 44% DANSE 26% La diffusion des compagnies nantaises se réalise particulièrement lors du festival annuel Flash Danse, organisé par le TU et dédiée à la scène chorégraphique émergente, et soutenu notamment par la Ville de Nantes au titre du dispositif «Nantes studio Danse diffusion». L impact de la Biennale Transcendance, organisée par Musique et Danse en Loire Atlantique avec le soutien du Conseil Général, est également à souligner. Les acteurs saluent leur impact positif sur la production et la diffusion locales tout en regrettant l'absence de programmateurs extérieurs. 14 / Diagnostic partagé de la Danse à nantes 10. Politique et marché de la danse contemporaine en France Ed. de l Attribut, 2012 / Propos in Etat des lieux de la danse La Terrasse 2012

15 Les spectacles de danse sont diffusés en moyenne 1.5 fois, ce qui se révèle être un chiffre inférieur au théâtre. Aussi, la possibilité de programmer des séries de représentations a été identifiée par les participants au diagnostic comme un levier de développement et ce, même si cela génère une offre de spectacles différents moins importante. Par ailleurs, il convient de noter l'accroissement de l'offre Jeune public à l'échelle de l'agglomération incarnée par la création de festivals (Petits et grands, festival pluridisciplinaire, Nijinskid porté par ONYX, scène conventionnée danse ) et celle du dispositif «Théâtre et danse à l'école» porté par la Ville. Les pistes d'évolution co-élaborées et proposées par les acteurs à l'occasion de la démarche. Sur la base de l'état des lieux, des pistes d'évolution pour accroître les conditions de visibilité de la danse ont été travaillées collectivement par les acteurs. Créer un événement d envergure dédié à la danse et aux formes pluridisciplinaires à Nantes B. Accompagner la mobilité des artistes du local à l'international Les atouts nantais Les artistes nantais sont très mobiles, réalisant 32% de leur diffusion au plan régional, 43% au national et 12% à l international. Pour sa part, le CCNN diffuse ses pièces à 29% au national et 22% à l international. Nantes réunit les atouts pour être une plate-forme favorisant la diffusion vers le national et l international, s'appuyant sur le bouillonnement chorégraphique porté par les compagnies dans des esthétiques variées (contemporain, hip hop, jeune public, arts de la rue) et la notoriété des lieux culturels. Un dispositif de soutien à la mobilité internationale des artistes nantais cogéré et cofinancé par la Ville de Nantes et l'institut Français vient soutenir cette dynamique. A ce titre, 6 projets chorégraphiques ont été soutenus en 2012 et 2013 (pour un montant total de ), confortant ainsi la circulation internationale des compagnies nantaises. Les projets soutenus ont aussi pu bénéficier d'une valorisation à l'occasion de différentes manifestations à l'image de Itinéraire(s) Danse(s) organisée par l'espace Cosmopolis en >> La création d un événement d envergure, citée comme une des priorités par les acteurs, s appuierait sur les ressources réunies de la communauté chorégraphique nantaise. Identifié par les réseaux nationaux et internationaux, ce festival, pensé en biennal, pourrait non seulement permettre de rendre visible la diversité de la création chorégraphique contemporaine mais également d élargir les publics par son caractère festif et fédérateur. Diversifier les espaces de diffusion et multiplier les rencontres avec les publics >> Le soutien d une diffusion alternative «hors les murs» : par nécessité, la scène émergente expérimente des logiques de diffusion en auto-production. Elle investit les espaces publics, des lieux alternatifs ou intègrent des événements pluridisciplinaires (arts plastiques, musique, théâtre) et pourrait être accompagnée dans cette logique. >> L incitation des structures dédiées à d'autres domaines artistiques à diffuser des propositions chorégraphiques permettrait à la danse d'aller à la rencontre de nouveaux publics (Musées, salles de musique(s)) >> L inscription de la danse dans les événements nantais en période estivale (Voyage à Nantes, Aux Heures d'été) est évoquée en réponse à l interruption de la programmation de mai à octobre, en invitant les danseurs à créer des déambulations et des performances dansées, des ateliers et des soirées festives dans des sites urbains et patrimoniaux. >> La mise en œuvre de parcours chorégraphiques entre les lieux pourrait favoriser les programmations coordonnées et dynamiser la mobilité des publics. Compagnie Chute Libre "Mad Men" Stéphane Tasse Diagnostic partagé de la Danse à nantes /15