Nouveaux programmes maternelle : points de vigilance

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1 Viviane Bouysse IGEN LYON 6 février 2015 Nouveaux programmes maternelle : points de vigilance Intro : CSP : 50 votes favorables pour le nouveau projet de programmes Nouvelle carte d identité de l école maternelle (cf code de l éducation : article L321-2) Missions maintenues - Soutien au développement dans une conception explicitement élargie - Prévention des difficultés ; intervention en cas de handicaps (alerte, prise en charge) - Préparation aux apprentissages systématiques et structurés ultérieures ; devenir élève Nouveautés : - Approche équilibrée qui vise à résoudre des tensions antérieures entre une école du laisser grandir et une école primarisée ( on n aide pas une plante à grandir en tirant sur ses feuilles mais en prenant soin de ses racines. L école maternelle doit être ce temps là) - Vision positive de l enfant : l EM doit fournir à l enfant une 1 ère expérience scolaire réussie Rappel : Pas d instruction obligatoire avant 6 ans. Ces enfants pourraient ne pas fréquenter l école avant 6 ans (la loi). Actuellement certains enfants avant d entrer au cp sont déjà «identifiés» comme étant en difficulté. Cet équilibre est à inventer (laisser grandir et instruire ): cela demande à l enseignant de mettre en œuvre une pédagogie inventive, que l on ajuste au jour le jour (contrairement à l école élémentaire) Il s agit de concilier deux modèles de référence souvent donnés comme antagonistes : -une approche dite développementale centrée sur l enfant favorisant les apprentissages dits indirects ou incidents ( apprentissages surtout adaptatifs). -des interventions plus marquées de la part de l enseignant animé par des intentions didactiques précises, pratiquant un guidage approprié pour favoriser des apprentissages voulus et structurés. Important : Exploiter la manière dont les enfants apprennent Conduire les enfants du «préscolaire au scolaire» Une pédagogie structurée autour de 3 verbes clés, pour pouvoir apprendre, les enfants doivent : Agir : c'est-à-dire prendre des initiatives (et non éxecuter) et «faire» (essayer, recommencer). Le petit enfant apprend d abord avec l action. L enseignant n insiste pas sur la notion de réussites. Réussir : aller au bout d une intention, d un projet. 1

2 Le programme fait un peu l impasse sur l idée de réussir mais il est nécessaire d insister car ce dont on se remémore c est avant tout la réussite de l action. L action de l enfant doit déboucher sur des réussites. Comprendre : Nécessité de faire comprendre à l enfant le lien entre l action conduite et le résultat. Il n y a pas de lien réussi sans langage. Cette prise de distance constitue ce qui est au cœur de la posture d élève. Enseigner à l école maternelle, c est permettre aux élèves de réussir. Le guidage et l étayage sont essentiels. L enseignant doit être capable de lire le cheminement de l enfant pour mieux le guider. On observe -une réorientation de la préparation à la lecture/ écriture (productions d écrit en GS) mais jusqu où aller? - une approche plus mathématique que culturelle et langagière du nombre - le cycle 1 est un cycle autonome : PS MS GS, une question en attente : évaluation et livret scolaire? Des continuités dans les textes mais des pratiques à revaloriser, à fortifier - Activités physiques et activités artistiques - Activités visant à la fois la découverte du monde et l installation des «outils» de la pensée logique -Dépasser la réitération du même mouvement sans progressivité (EPS) Dans les rapports IGEN : Il n y a plus de séance d éducation musicale, plus de rythmique, d écoute musicale. Il y a d autres modifications à faire dans l école maternelle (en dehors des nouveautés du programme. Priorité à la pédagogie du langage, C est la pédagogie de l oral qui est à travailler. Le travail autour de la littérature de jeunesse est déjà très riche. Il n y aura pas trop de changements à apporter. La conscience phonologique devra être limitée. Comprendre ce qui est attendu en matière d entrée dans l écrit et de préparation à la lecture écriture Place première de l écrire : partir de l oral et travailler l encodage ( écriture inventée ou tatonnée) ; utiliser la dictée à l adulte (depuis 1992) très peu mise en place de manière régulière (gestes professionnels à développer de manière obligatoire) Les enseignants doivent concevoir des dispositifs pédagogiques adaptés pour qu ils puissent conduire une activité avec un petit groupe. Les autres élèves sont sur des tâches qui les mobilisent. Maitrise d actes professionnels adaptés : en particulier «parler professionnel» et interactions+accompagnement des essais d écriture+conduite de dictées à l adulte. Continuité et cohérence dans les parcours d apprentissage (montrer l écriture dès la PS Brigaudiot) 2

3 Une approche + mathématique que culturelle et langagière du nombre -Compréhension de ce que l on veut corriger -Renouvellement des moments mobilisant le nombre au sein des rituels -Création de séquences d apprentissage (conception des séances ateliers) ; matériel à privilégier ) dépassant la familiarisation avec les noms et les usages du nombre pour entrer dans la structuration du nombre. -Situations qui sont de vrais substituts aux «fiches» pour mettre en avant l agir, avant de déboucher sur les codages représentation écritures) Connaissance fine des 10 premiers nombres, composition, décomposition Patrimoine d activités à trouver ou retrouver pas d écritures conventionnelles trop tôt Attention aux fiches! Un nouveau statut du «vivre ensemble» Le programme définitif est composé de manière différente : -Place limitée aux missions de l école maternelle (éthique du métier, destiné aux enseignants et non aux parents ) - «Apprendre ensemble et vivre ensemble» réintégré dans les domaines (et non pas une partie à part). Pas d attendus à évaluer dans ce domaine particulier (intégré aux autres domaines) Conception d ensemble en fait peu modifiée sous un intitulé qui inverse la logique antérieure. Une vigilance sur 2 points - la primauté de «l apprendre ensemble» - le statut des attendus - ce qui en découle : un style pédagogique, des actes pédagogiques qui intègrent la «réflexivité» On insiste sur la bienveillance : manière d être, moyen pour développer plus de confiance en soi chez l enfant.la bienveillance n est pas le laxisme,c est de l attention à l autre, on prend en compte ce que vit et ressent l autre.capacité à mettre en mots, à interpréter et à désamorcer. «Oui je t ai compris». Ne pas mettre les enfants dans des situations qui les humilient (pipi dans la culotte). Quel image d un enfant impose t on aux autres? La bienveillance : mélange de souci de l autre et d attention vigilante, requis du fait de la dépendance de l enfant de sa vulnérabilité. Mobiliser l empathie (partage d affects, d émotions) la sollicitude (intérêt pour l autre : soutien donné sans y être obligé) Offrir à l enfant le regard dont il a besoin : «ce besoin que tout petit d homme a de recevoir, au travers du regard d intérêt qui lui est porté, la reconnaissance de son statut» D.Marcelli, «L enfant, chef de la famille», albin michel 2203 P280 3

4 Le petit enfant a besoin de réussir par lui même sous les yeux d un adulte qui pourra témoigner de la réussite = fondements de l évaluation, 1 ère évaluation positive = le regard du maitre. Deux effets de la bienveillance : protéger et contenir Permettre (encourager à..) et valoriser les bonnes expériences, c'est-à-dire guider, encadrer avec justesse. Cette régulation est fondamentale avec les petits qui ne peuvent se réguler aux mêmes. Les structures cérébrales se stabilisent à 7 ans, les enfants peuvent alors se réguler. Sécuriser, apaiser, rassurer ont des effets sur le cerveau, aident à la gestion des émotions Mais apaiser, ce n est pas céder aux désirs de l enfant. Besoins exprimés par les enseignants dans la synthèse : une progressivité Il est temps de normer les parcours à partir de l EE mais pas à l école maternelle. Il y a des possibles dans les quatre ans de l école, on peut anticiper sur les progrès mais il faut bannir l idée qu il y a des normes d âge, de section. 2 temps à distinguer : - La petite section 2/4 ans : temps ou l enfant apprend à se synchroniser avec les autres, à s adapter au rythme collectif des activités -Adaptation à l école : socialisation, rythmes -Unité qui se fait autour de la conquête du langage : à 4 ans l enfant doit être capable de produire des phrases, de se faire comprendre par le langage -Une moisson d expériences sur lesquelles construire du langage et des images mentales à mobiliser ensuite. Nourrir des souvenirs conscients. Découvrir un univers inconnu, faire des expériences culturelles, construire du langage : sur cette base, on construit les apprentissages. -Une enseignante qui accompagne et stimule Attention au collectif trop tôt.la distinction entre les moins de trois ans peut être énorme ou ridicule. Majoritairement des enfants qui ont plus de deux ans et demi (en Belgique tous les enfants de 2 ans et 6mois) peuvent entrer à l école. Les moyenne et grande section(s) 4/6 Des habiletés motrices, des capacités langagières, des compétences sociales qui confèrent plus d autonomie. Des capacités cognitives qui permettent d anticiper, de commencer à se décentrer : théorie de l esprit (comprendre que les autres ne savent pas forcément ce dont un autre parle) et à analyser. La pédagogie de projet oui en GS (amener en MS) mais en ps c est le projet du maitre. Une enseignante qui varie davantage les modes de sollicitation, qui met les enfants en projet. Peu de place pour le numérique dans les programmes? Utilisation du numérique pour le langage (preneur d idées) Problème clé : mise en évidence des acquis et des besoins = une affaire d évaluation : quand, quoi et comment? 4

5 Un cycle autonome mais qui ne doit pas s enfermer Loi de 89 + cycles un livret scolaire pour l enfant dès la maternelle Loi de 2005 /socle commun : à partir du CP chaque élève est doté d un LPC Actuel état d esprit : changer cette donne. Polémique autour des abus de l évaluation de l EM Il est vraisemblable qu il y aura un nouveau décret qui corrige les textes antérieurs, et disjoindra la question de l évaluation et du livret. Pas formaté par le même livret que celui de l école élémentaire. Comment communiquer le travail de l EM au C.P? Il doit y avoir un bilan à l école maternelle, pour montrer que les enfants progressent, montrer ce que l école apporte. -Continuité avec l aval : liens avec le cp Continuité avec l amont : la maternelle et avant? Situations très variables selon les communes Première scolarisation, essentiel = que l accueil permette une séparation enfants /parents dans des conditions de sécurité affective suffisante. Continuité dans la journée de l enfant à la maternelle : dehors, après, avant Question du péri scolaire devenue cruciale partout avec les nouveaux rythmes. Problème induit : rôle des atsem. Dérive des rythmes scolaires pour certaines familles c est l atsem qui est l interlocuteur privilégié Qui communique dans quel registre et sur quoi? Atsem+péri éducatif : les atsem auront une nouvelle lecture de ce qui se passe dans les classes (plus qualifiée qu auparavant) les nouveaux rythmes accélèrent le phénomène. Formation initiale? Développer dès la formation des gestes professionnels propres à l école maternelle pour faire évoluer l école élémentaire. Mutualisation de pratiques Ex : Equipe de la Sarthe (numérique) Formation : Conduire des réflexions autour de problèmes professionnels entre pairs : s autoriser à parler de ses pratiques, d échanger. «On est tous une partie du problème, une partie de la solution» 5