Ouvrage busé Photos : F. Bontemps. Pose du pont en bois remplaçant les buses Photos : E.Pesme, P. Durlet

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1 Circulation de la faune aquatique : exemple d aménagements, réalisés dans le cadre du programme LIFE «Ruisseaux de têtes de bassins et faune patrimoniale associée» Eric PESME - PNR du Morvan - Programme LIFE Ruisseaux eric.pesme@parcdumorvan.org - De façon concrète, la question de la franchissabilité pour la faune aquatique s envisage dans deux situations : _ l aménagement ou le remplacement d un obstacle jusqu alors infranchissable _ l installation d éléments nouveaux que l on souhaite franchissables par conception Remplacement ou modification de dispositifs infranchissables Le premier cas est illustré par le remplacement d un passage busé par un pont en bois sur un chemin rural de la commune de Champeau en Morvan, sur un ruisseau d un mètre de large environ. Cette solution offre l avantage, sous réserve de respecter la pente naturelle du cours d eau, de ne présenter aucun obstacle à la circulation de la faune aquatique. Dans cet exemple les deux buses existantes étaient jugées très difficilement franchissables compte tenu : _ de la très faible lame d eau dans les buses en débit moyen _ d une vitesse d eau très élévée en débit soutenu (période de migration pour la truite commune), sur une distance assez longue (4m) _ de la chute d eau au pied de l ouvrage rendant impossible l accès vers l amont aux «petites» espèces Ouvrage busé Photos : F. Bontemps Pose du pont en bois remplaçant les buses Photos : E.Pesme, P. Durlet

2 Le pont en bois a été installé en octobre Il a été réalisé en douglas du Morvan par un menuisier local et remonté sur place après enlèvement des buses. L installation a duré une demi-journée à 3 personnes. Le coût total de l opération est de 4500 HT. Le pont sera recouvert de terre et de graviers issus du démontage des buses afin de faciliter le passage des bovins, qui semblent redouter de marcher sur le pont en bois. Les limites de l aménagement de seuils ou obstacles divers segmentant les cours d eau sont d abord liées au manque de connaissances sur la capacité de franchissement de certaines espèces. En effet, si des données précises permettent de dimensionner correctement des aménagements d obstacles ou des passes à poissons pour assurer la circulation de la truite commune, ce n est pas le cas pour la plupart des «petites» espèces de têtes de bassins qui se déplacent elles aussi dans le cours d eau, comme par exemple la lamproie de Planer, le chabot ou l écrevisse à pieds blancs. Dans le cadre du programme LIFE Ruisseaux des tests seront réalisés en milieu artificiel pour déterminer les capacités de nage et de franchissement de ces espèces et plus particulièrement de la lamproie de Planer. En effet des études de marquages ont montré que cette espèce patrimoniale pouvait accomplir des migrations sur des distances allant jusqu à deux kilomètres pour trouver un substrat favorable à sa reproduction. Ces expériences auront lieu en avril et mai Les résultats obtenus serviront à déterminer les solutions les mieux adaptées pour rendre franchissables trois seuils situés sur des affluents de la Valouse (Jura) au pied desquels se concentrent les lamproies adultes cherchant à remonter vers des zones de graviers favorables à la reproduction. En haut à gauche : lamproie de Planer adultes, en période de fraie L. Paris En haut à droite : radier pour accès agricole, infranchissable par les lamproies, dans le Jura E. Pesme Ci-contre : tests en milieu artificiel pour estimer les capacités de franchissement mis en place fin avril E. Pesme D autre part, même lorsque les capacités de franchissement des espèces visées sont connues, toutes les solutions techniques pour modifier un obstacle afin de le rendre franchissable nécessitent une adaptation au cas par cas afin de prendre en compte les caractéristiques hydrologiques propres à chaque ruisseau. Cette ingénierie représente un coût incompressible mais indispensable pour garantir la fonctionnalité des travaux engagés

3 et constitue une seconde contrainte en terme de restauration, notamment sur le chevelu hydrographique, où la fréquence des obstacles artificiels infranchissables est la plus élevée (cf. exposé de Julien Bouchard). Aménagement de dispositifs franchissables par conception Plusieurs techniques innovantes de franchissements de cours d eau garantissant la circulation de la faune aquatique et la préservation des berges seront testées dans le cadre du programme LIFE. Ces dernières concernent essentiellement les passages dans les parcelles agricoles ou pour des chemins ruraux, afin d éviter l utilisation problématique des buses en béton. Deux exemples sont présentés : les arches en PEHD pour passages agricoles et les arches métalliques autoportées plutôt destinées aux chemins ruraux. Les arches en PEHD (Poly Ethylène Haute Densité) sont installées à partir de tubes utilisés habituellement pour les réseaux d eaux pluviales, découpés dans le sens de la longueur avec une tronçonneuse ou une disqueuse. L extérieur est annelé, l intérieur lisse, et ce matériau présente l avantage d être léger et résistant. Une arche de 3 à 4 m de long pour 80 cm de diamètre est en effet transportable à deux, sans l aide d un engin de levage. La pose de ces arches est réalisée à même le lit, sans fondations et sans modifier le profil longitudinal ni la rugosité du lit. Elle n engendre donc quasiment aucun départ de matière en suspension dans l eau. Compte-tenu des dimensions disponibles, les arches en PEHD sont adaptées pour les ruisseaux, sur des secteurs de pente moyenne à faible. La résistance des passages créés dépend de l épaisseur du remblai, comme pour les buses rondes. Pour une utilisation agricole, un remblai de 30 à 50 cm est suffisant mais ces chiffres sont empiriques, raison pour laquelle cette technique est réservée actuellement aux passages agricoles. Le coût du matériau est approximativement de 50 /ml TTC, par unité de 12 m (tube de 6m) pour un diamètre de 80 cm. En haut, à gauche : arches en PEHD E. Pesme Ci-dessus : circulation intégrale de la faune aquatiquesous l arche, lit non modifié E. Pesme Ci-contre : une arche en cours d installation sur un ruisseau à écrevisses du Jura E. Pesme

4 En terme de section, une arche de 80 cm de diamètre est équivalente à une buse de 56 cm de diamètre. Les capacités hydrauliques peuvent difficilement être comparées car elles sont fonction de la rugosité des parois ou du lit, de la forme de la section et de la pente. Pour une arche de 80 cm de diamètre, sur un ruisseau à 2% de pente, elle est estimée à 150 à 200 L/s. Différents exemples, parmi les six passages réalisés au cours de l automne 2006, sont présentés. Pour chacun sont précisés la longueur du passage, l usage et les principales caractéristiques de la pose et de la finition des extrémités du passage : m, passage pour bovins (pâture), pose par équipe verte + mini-pelle (2h), remblai graviers, têtes en pierres plates E. Pesme 2. 4m, passage bovins + tracteur (pâture), pelle mécanique (30min), remblai terre+pierre, têtes granite cm E. Pesme 3. 3m, passage tracteur (prairie de fauche), installation manuelle, remblai pierres granite, têtes demi-tronc épicéa+piquets P. Durlet Le coût de ces passages, matériaux et pose, varie de 350 à 600 HT selon le contexte (disponibilité des matériaux, nombre de passages réalisés lors du même chantier ). Il pourra être réduit si la pose est réalisée par l agriculteur et si le remblai est disponible sur place. Toutefois le coût des arches en PEHD, incompressible et variant en fonction des quantités achetées et du cours du pétrole, est de 150 à 200 TTC. Une autre solution technique, peu utilisée actuellement en France, sera également testée dans le cadre du programme LIFE Ruisseaux. Il s agit des arches métalliques autoportées, dont la pose est certifiée CE pour des tonnages allant jusqu à 5 tonnes par essieu (avec une épaisseur de 50 cm de remblai compacté). Ces arches seront posées sur plusieurs chemins ruraux fréquentés par toutes sortes d engins motorisés et traversant des ruisseaux actuellement non équipés de passages fonctionnels. La pose est réalisée sans fondation et les diamètres disponibles pour ces arches autoportées vont jusqu à un mètre. Compte-tenu de l épaisseur de remblai à disposer sur

5 l arche, cette solution est plutôt recommandée pour des ruisseaux aux berges assez encaissées. Les premières seront installées fin avril dans le Morvan, toutes d un diamètre d un mètre et d une longueur de cinq mètres. Le coût unitaire d un tel aménagement est d environ 4200, se répartissant en : 2 à 3000 pour l arche métallique (en fonction du nombre commandé), 700 pour la pose, 500 pour le remblai (en fonction de l encaissement des berges). A titre d exemple, l installation d une buse en béton aurait coûté Le surcoût est donc notable mais cette solution garantit une circulation totale de la faune aquatique. De plus le coût élevé des arches métalliques est particulièrement lié au transport et à l absence de concurrence. Si cette solution se vulgarise, les coûts devraient baisser rapidement. Arches métalliques autoportées - P. Durlet et chemin rural morvandiau équipé fin avril E. Pesme. Conclusions? Ces exemples présentent quelques solutions mais d autres techniques sont efficaces, comme la pose de dalots ou de buses surdimensionnées et bien posées (lame d eau suffisante sous le passage, pente respectant la pente naturelle pour ne pas engendrer de seuils d érosion régressive ou de chute d eau infranchissable côté aval). L intérêt principal des arches est de pouvoir les installer sans toucher au fond du cours d eau et en étant assuré que la pose n entraînera pas de discontinuité dans la libre circulation piscicole. Les travaux sont en cours, les premiers ont débutés fin 2006 et les retours d expériences ne sont pas encore disponibles. Des fiches techniques détaillées seront publiées dans le cadre du programme LIFE, à la fin de celui-ci. La prise en compte de la circulation de la faune aquatique nécessite de bien peser les avantages techniques et économiques de l aménagement d obstacles ou de leur remplacement. Sur les têtes de bassins, ces obstacles, même s ils sont infranchissables, restent souvent de taille modeste et les coûts d ingénierie et de travaux pour dimensionner une modification d obstacle fonctionnelle seront souvent supérieurs au remplacement pur et simple par un dispositif totalement transparent pour la circulation piscicole.