Développement des préférences alimentaires durant l'enfance et l'adolescence

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1 Développement des préférences alimentaires durant l'enfance et l'adolescence Natalie Rigal Université Paris 10, Département de Psychologie Inra Dijon, Département Flavic Octobre 2008

2 Nourrissons Enfants Auto-régulation x x Préférences et rejets x x Néophobie et sélectivité x x Changements? Si oui, influence des parents / de lʼéducation?

3 Auto régulation : définition Au sens strict Capacité de réguler les prises alimentaires selon la densité calorique des aliments Par extension Capacité dʼinterrompre et dʼinitier les prises alimentaires selon les signaux internes de faim et de satiété

4 Auto - régulation : évolution avec lʼâge Lien entre la densité calorique et la taille de la portion consommée Fox et al. (2006) : rappel des 24 heures de 3022 bébés de 4 à 24 mois Lien négatif avant 1 ans Plus de lien après 1 ans Selon la déclaration des parents Wardle et al. (2001) : diminue entre 3 et 6 ans Lien entre «précharge» et «consommation ad libitum» Cecil et al. (2005) : ajustement 6-7 ans > 8-9 ans Johnson et al. (2006) : ajustement diminue entre 5 et 12 ans Birch et al. (1986) : ajustement 2-5 ans > adultes

5 Nourrissons Enfants Auto-régulation OK Préférences et rejets x x Néophobie et sélectivité x x

6 Préférences et rejets du nourrisson Préférences universelles Sucré Gras = Valeur adaptative : plaisir à consommer ce qui est nourrissant, ex le lait maternel Rejets universels Acide Amer = Valeur adaptative : protection contre les aliments potentiellement toxiques

7 Préférences et rejets du jeune enfant Aliments favoris Gras et sucrés (glace, gâteau, yaourt) Féculents (frites, pâtes, purée) Viandes (poulet, steak haché) Doux et denses Aliments outsiders Condiments Légumes (oignon, moutarde) (poivron, épinard, choux) Forts et peu denses

8 Préférence : le plaisir pour les aliments denses 0,30 0,25 r =.65 (p <. 001) Taux de choix moyen 0,20 0,15 0,10 0,05 0,00 Nicklaus et al., Valeur énergétique de la portion (kj)

9 Nourrissons Enfants Auto-régulation Préférences et rejets Préférences Aliments denses Préférences Aliments denses Rejets Aliments peu denses (F & L) Néophobie et sélectivité

10 Néophobie / Sélectivité : définitions Néophobie Réticence à goûter des aliments nouveaux Sélectivité Rejet de nombreux aliments dans le répertoire des aliments connus Fussiness (enfant dit «difficile») Néophobie + Sélectivité (aliments nouveaux et familiers)

11 Enfants difficiles : évolution avec lʼâge

12 Nourrissons Enfants Auto-régulation Préférences et rejets Néophobie et sélectivité No

13 Nourrissons Enfants Auto-régulation OK Préférences et rejets Préférences Aliments denses Préférences Aliments denses Rejets Aliments peu denses (F & L) Néophobie et sélectivité No Changements = oui Situation idyllique Situation problématique Influence des parents / de l éducation?

14 Nourrissons Enfants Auto-régulation OK Quʼest ce qui explique cette dégradation? Préférences et rejets Néophobie et sélectivité

15 Dérégulation : influence de lʼéducation? Emphase sur les signaux externes Taille des portions Pression à manger («finis ton assiette») Aliment utilisé comme une récompense Sollicitations à la consommation Intérieur des placards Publicité Distributeurs?? Restriction Birch (ex : 2001) Plus le parent restreint les consommations de son enfant, Moins bonne est la capacité dʼauto-régulation de lʼenfant.

16 Nourrissons Enfants Laisser lʼenfant ajuster ses consommations sur ses sensations de faim et de satiété. Auto-régulation Pour cela, ne pas insister sur les signaux externes de la consommation, et notamment hyper-sollicitation et hyper-restriction. Préférences et rejets Néophobie et sélectivité

17 Nourrissons Enfants Auto-régulation Préférences Aliments denses Aliments denses Comment expliquer certaines attirances déraisonnables? Rejets Néophobie et sélectivité

18 Attirance pour les aliments denses : influence des parents? Interdiction de consommer certains aliments Birch (ex : 2001) Plus les parents interdisent de consommer un aliment, Plus celui-ci est consommé en grande quantité quand il se trouve en libre accès.

19 Nourrissons Enfants Auto-régulation Préférences Ne pas interdire la consommation des aliments denses. Laisser lʼenfant, qui a une bonne capacité dʼauto-régulation, gérer les quantités. Rejets Néophobie et sélectivité

20 Nourrissons Enfants Auto-régulation Préférences Rejets des aliments peu denses et forts Pas de rejet Rejet Comment amener lʼenfant à dépasser ces rejets? Néophobie et sélectivité

21 Rejet des légumes : influence des parents? Possibilité de développer le plaisir pour les aliments peu appréciés. Par familiarisation A court terme = autour de la préparation du repas A long terme = par apprentissages répétés

22 A court terme - autour de la préparation des plats et à table - Développer lʼenvie de goûter par : Choix des menus Recette (ex : ajout de béchamel dans les légumes) Ajout dʼune sauce familière (ex : ketchup aux USA) Contexte Peu stimulant (faible niveau dʼexcitation et de bruit) Avec possibilité de modelage (présence dʼautrui qui consomme lʼaliment avec plaisir) Chaleureux Information Goût (information sensorielle et hédonique) Santé (inefficace)

23 A long terme - à travers les habitudes - Proposer un modèle par : Disponibilité Consommations répétées Style éducatif cadrant et chaleureux

24 Disponibilité 15 publications depuis 2005 indiquent que : Un des facteurs qui prédit le mieux la consommation des fruits et légumes des enfants, = leur disponibilité à la maison.

25 La répétition : consommation répétée Réponse hédonique J aime Je n aime pas Aliment inconnu Aliment devenu connu Nombre de consommations

26 Effect of exposure on intake for the initially disliked and the liked vegetables Maier et al. (2007) - 50 enfants de 5 à 7 mois -

27 Définitions des différents styles Le style éducatif Style autoritaire = règles rigides Style démocratique = règles souples Style permissif = peu de règles Impact sur les préférences 8 études / 12 : le style démocratique favorise la consommation des légumes, contrairement au style autoritaire. 1 étude : le style permissif est lié à une faible consommation de légumes. Mécanismes sous-jacents Importance des règles (styles autoritaire et démocratique) qui permettent les consommations répétées, dont lʼeffet positif sur les préférences est accéléré par la qualité socio-affective du contexte (style démocratique)

28 Nourrissons Enfants Auto-régulation Préférences Rejets des aliments peu denses et forts Proposer une familiarisation progressive et démonstrative (non explicative) : lʼenfant est considéré comme un apprenti et non pas un élève Néophobie et sélectivité

29 Nourrissons Enfants Auto-régulation Préférences et rejets Néophobie et sélectivité Non Comment aider lʼenfant à dépasser de telles conduites?

30 Néophobie / sélectivité : influence des parents? Galloway, Lee & Birch (2003) Filles avec néophobie Mères avec néophobie Plus anxieuses, plus timides, plus en retrait Facteurs Dispositionnels (tempérament) Filles avec sélectivité Mères avec moins de variété de légumes Mères avec moins de temps pour cuisiner Allaitement < 6 mois Facteurs expérientiels Cf : L. Marlier : effets à long terme des expériences précoces

31 Influence de la variété antérieure sur la consommation (g) dʼun aliment nouveau N = 48 enfants de 4 mois LAB DOMICILE LAB DAYS Carrot group CA CA CA CA CA CA CA CA CA CA CA C h GROUPES SELON LA VARIETE Potato group CA PT PT PT PT PT PT PT PT PT CA C h ALIMENTAIRE Variety group CA PP PO T C O PP PO T C O PP PO T C O CA C h Gerrish & Menella, 2001

32 Nourrissons Enfants Auto-régulation Préférences et rejets Néophobie et sélectivité Proposer précocement une alimentation variée à son enfant lʼaiderait à dépasser sa néophobie

33 Rappel sur lʼ influence des parents Auto-régulation Laisser lʼenfant ajuster ses consommations à ses sensations de faim et de satiété. Eviter lʼ hyper-sollicitation et lʼhyper-restriction. Préférences Ne pas interdire la consommation des aliments denses. Rejets des aliments peu denses et forts Proposer une familiarisation progressive et démonstrative (non explicative). Néophobie et sélectivité Proposer précocement une alimentation variée à son enfant.

34 Les limites de lʼinfluence parentale La sélectivité, une période normale du développement. 77 % des enfants se montrent néophobes entre 2 et 10 ans. Le rejet des légumes, de freins puissants à la consommation chez l enfant. Les spécificités de l enfant : sa sensibilité gustative et olfactive

35 Pourquoi le rejet des légumes? Interprétation sensorielle Flaveur spécifique de nombreux légumes Interprétation nutritionnelle Faible densité énergétique de tous les légumes Interprétation bio-psychologique Caractère potentiellement toxique des végétaux Interprétation mercantile Faible niveau de transformation des produits Interprétation relationnelle Forte valeur santé, dʼoù insistance des parents et résistance des enfants

36 Lien entre sensibilité gustative et néophobie Sensibilité à lʼamertume à 6 mois Comportement alimentaire à 2 ans Peu sensibles n = 5 Mangent de tout Normalement sensibles n = 21 Petits caprices Très sensibles n = 8 Difficiles à nourrir Chiva, 1985

37 Conclusion Certaines interventions éducatives tendent à déréguler les bonnes capacités adaptatives du nourrissons. Lʼinfluence des parents est donc réelle, mais est en interaction avec les spécificités de lʼenfant et de son développement. Conduites complexes. Résultats à confirmer A bientôt, avec les résultats de lʼétude OPALINE.