Fiche «Fertilisation // Autonomie en protéine»

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1 Fiche «Fertilisation // Autonomie en protéine» Culture en place : Toutes A savoir : Quand nous travaillons sur les sols vivants et la protection de l environnement, il faut regarder les cultures séparément à partir de données biologiques introduites par la fertilisation azotée. Il faut savoir que chaque produit de fertilisation aura une influence sur le comportement des plantes. Objectif : Améliorer la productivité et la qualité des cultures pour avoir + de rendement et moins de maladies Fumures : 1) Effluents => très bons engrais, encore mieux s ils ont été traités biologiquement ou passé par la méthanisation. En règle générale, ces effluents apportent la fertilisation de fond (Ca, P, K, Mg, Oligo, S) et de l azote L azote est souvent sous forme organique (de 50 à 100 %) et ammoniacale (NH4+, souvent le reste de l azote vis à vis de la forme organique). L efficacité de la fertilisation azotée est dépendante de sa forme ammoniacale (NH4+) car cette forme d azote est assimilable rapidement. L azote organique est un azote à action lente. S il n y a pas de traitements «bactériologiques», l azote sous forme d ammoniac (NH3) est perdu par volatilisation, ce qui peut représenter jusqu à 50% de l azote total 2) Toutes les plantes assimilent l ammonium (azote ammoniacal NH4+) en priorité. Cette forme d azote est l azote de la nature. En absorbant NH4+, la plante est en bonne santé. Elle sépare en 2 la combinaison chimique NH4+ en utilisant le N pour construire ses protéines et le H4+, l hydrogène, est réinjecté dans la rhizosphère sous forme d acide organique (malate, citrate, ). Cette acidification de la rhizosphère (ph entre 4 et 5,5) permet à la plante d extraire les autres éléments minéraux des sols (S, Ca, Mg, P, K, Oligo, ) ce qui améliore la santé de la plante. Sa sève sera bien équilibrée. 3) Le cas des nitrates => NO3- Le nitrate est absorbé de manière préférentielle par les plantes lorsqu il est produit par le sol. En effet, cette forme d azote est lessivable. Les plantes s organisent donc pour ne pas la perdre. Cependant, dans la nature, il existe des mécanismes qui empêchent la production des nitrates, car cette forme d azote est problématique. Non seulement elle est lessivable, mais en plus elle rend les plantes malades. La minéralisation de l azote dans le sol suit la logique suivante : 1

2 NH2 (Urée) => NH3 (ammoniac évaporable à partir de 15 C) => NH4+ (ammonium assimilable) => NO3- (nitrates lessivables et problématiques pour la santé du végétal) Dans la nature, les bactéries empêchent la production des nitrates en les utilisant dans la construction de l humus. Les bactéries vont utiliser les nitrates et du carbone (des débris végétaux et de la paille) pour fabriquer de l ammonium et de l humus. L assimilation des nitrates vont avoir les effets suivants : l azote N est séparé de l oxygène O3- et sera utilisé pour fabriquer des protéines (comme avec l ammonium). Ainsi, comme avec l ammonium, le résidus restant après séparation du N, l oxygène O3-, sera injecté dans la zone racinaire. Malheureusement, l injection de l oxygène se fait sous forme de OH-, c est à dire sous une forme de BASE (ph > 8) qui va rendre impossible d absorption des éléments minéraux (oligo, Ca, Mg, P, K). Ainsi, la plante sera mal nourrie et sa sève finira déséquilibrée s il y a trop de nitrates disponibles. La plante finira malade et il faudra la protéger. Les nitrates doivent être utilisés exclusivement comme un engrais starter. Sa forme oxydée se marie à la perfection avec le soufre SO3 ou SO4 4) L urée Cette forme d azote est très intéressante car elle est soluble si le sol est humide et minéralise lentement. En effet, il faut entre 1 et 2 mois pour transformer cette forme d azote en ammonium (NH4+) assimilable. Le seul hic de l urée est sa sensibilité à la sécheresse et à la température. Par temps sec, l urée ne fond pas et à partir de 15 C, la molécule s évapore car la forme ammoniac (NH3) intermédiaire qui s installe dans le rythme de transformation est une forme gazeuse. L utilisation de cette forme d azote est la plus intéressante pour le système de culture céréalier. Par contre, elle n est pas très intéressante pour la prairie à cause de sa particularité de minéralisation lente (entre 1 et 2 mois). La minéralisation lente doit s accompagner de temps dans l élaboration des protéines végétales (2 mois environ), temps que l on ne laisse pas à la prairie due à la gestion de l herbe (multi coupes). 5) Plans de fertilisation : 5-1) les céréales grain et le blé : besoins = 3 UN/quintal Dans tous les cas, tenir compte de la fertilisation liée aux effluents. Avec travail du sol, il y aura une fourniture du sol. Tenir compte du plan de fumure traditionnel pour caler l azote Les formes d azotes sont les suivantes : nitrates + soufre en starter de sortie d hiver et ensuite urée comme apport d azote «retard». La totalité des apports peut se faire en sortie de l hiver. Soit avec 2 produits séparés, ammonitrate + soufre et urée, soit avec un seul produit, la solution 39% En gros, nous faisons en sorte qu il n y ait aucun fractionnement. C est inutile. Les formes d azote sont complémentaires et il n y a aucun risque de perte. Les nitrates et le soufre font l effet starter et prépare l épi 1 cm, l urée fait l azote retard qui sera disponible au mois de mai pour la flambée de croissance des céréales. Le plan de fumure tiendra compte du raisonnement suivant : nitrates et ammoniacal et 2

3 soufre = 50% N, et urée = 50% N La formule solution est parfaite. Les apports sont terminés le 15 mars (totalité des apports). Nous garderons un apport lors de la dernière feuille au cas où. S il fait chaud, il faut «injecter» la solution azotée via des buses pinceaux à 3 bars directement dans la plante, le soir avec des céréales sèches. La dose sera de 40 L/ha en pur (non dilué). Le fractionnement recommandé n apporte aucun gain! Sans travail du sol, il n y a plus d azote fourni par le sol! Il faut donc augmenter la fertilisation et corriger l erreur du plan de fumure. Il faudra donc augmenter la fertilisation azotée de la quantité d azote que fournit le sol (à voir selon les différents cas). Les règles d apports sont exactement les mêmes qu avec travail du sol. Tout se met en mi février et mi mars. Nitrates et soufre = azote starter et épis 1 cm, urée = azote «retard» pour la croissance et la protéine en mai et juin. Rappel : la plante doit trouver assez d azote au stade épis 1 cm car c est le stade d élaboration du rendement. Les apports azotés sont terminés à la mi mars. Si l on ne dispose pas d urée solution 39 en juin pour le dernier apport (dernière feuille), alors on peut utiliser un peu d ammonitrate (qui ne s évapore pas) ou alors de l urée protégée de la volatilisation sous forme NEXEN. 5-2) le maïs : besoins 2,5 UN/quintal (en équivalent grain), même raisonnement si ensilage plante entière Dans tout les cas, tenir compte de l apport d azote organique MAIS : Si le temps est sec, l azote organique n est pas très efficace. Dans tous les cas, garder un plan de fertilisation ouvert avec au moins 50% d azote minéral qui sera efficace en cas de sécheresse. Avec travail du sol, il y aura une fourniture du sol => tenir compte du plan de fumure traditionnel pour caler l azote. Attention toutefois à l intensité du travail du sol. L intensité du travail du sol aura une influence sur la minéralisation de la MO du sol. Il faut apprécier la minéralisation de la MO du sol en fonction du travail du sol avec un étalon labour + herse si l on fait du TCS. Le Strip Till entre dans la case faible travail du sol, avec finalement une minéralisation faible de l azote du sol. Dans le cas de Strip Till, augmenter la fertilisation azotée. Dans les apports, garder au moins 50 % de l azote sous une forme minérale. La meilleure forme minérale est l urée. Elle sera mélangée au sol avec la préparation du sol. Il est interdit d apporter l urée en plein au stade 5/6 feuilles du maïs. L urée risque de s évaporer et le maïs l utilise mal. En effet, le maïs à besoin d azote au stade «épis 1 cm» qui est justement au stade 5/6 feuilles. Il faut donc de l azote dans le sol à ce moment là. C est pour cela que l urée doit être apporté au semis car l azote mettra encore au moins 1 mois à minéraliser. Ce sera alors le stade 5/6 feuilles du maïs = parfait l azote starter du maïs pourra avantageusement être de l ammonitrate + Soufre (20 UN max). Il remplacera avantageusement le 18/46. Généralement, nos plans de fertilisations comprennent assez de phosphore qu il s agit de ne pas bloquer dans les sols via une mauvaise gestion du calcium. Attention donc aux techniques de chaulages qui apparaissent obsolètes dans les techniques 3

4 avec sols vivants. Le calcaire ne doit être qu un engrais = fourniture des besoins des plantes. Sans travail du sol, il n y a pas de fourniture d azote du sol. Il faudra donc corriger le plan de fertilisation vis à vis de la démarche officielle. Les règles d apports sont identiques au travail du sol : pas plus de 50% sous forme organique à cause du risque fort de sécheresse et apport du reste de l azote sous forme d urée. La solution conviendra bien s il y a de l humidité, l urée également. Il faut que l azote puisse fondre. Attention toutefois s il fait sec. Il faudra utiliser la forme NEXEN (protection de l évaporation) en semis direct, entre 50 et 100 % des besoins selon la dose d apport organique. On gardera un engrais starter au semis sous forme d azote ammonitrate + soufre (20 UN max) si nécessaire (mais recommandé en SD). Un semis tardif est favorable à une minéralisation rapide de l azote (sol chaud et humide). 5-3) les méteils : besoins faibles si ils sont riches en légumineuses Règles d apport d azote : il suivent la quantité de légumineuses dans le mélange. Les méteils seront récoltés en ensilages riches en protéines. Les règles d exportations de l azote suit la richesse en protéine du mélange. Si l on veut avoir un mélange à 180g de MAT, alors il faut apporter 30 UN/t MS exportée. Pour comprendre, nous abordons le sujet avec la règle suivante : MAT/6 = azote minéral exporté dans le mélange. Nous calerons donc le plan de fertilisation sur cette règle : 7 t MS x 30 UN = 210 UN en besoins. La fourniture du sol sera très faible. Celles des effluents également. L azote organique n est disponible qu en mai et juin. Le méteil n en profite quasiment pas. Il faudra donc compter sur les légumineuses et la fertilisation minérale starter. Nous partons du rendement récolté et il faut déterminer sa richesse en légumineuses. Si 80% de légumineuses, alors les besoins ne sont que ceux des graminées (20% d azote à apporter). Sur un total des besoins à 210 UN pour 7 t MS, il faudra donc apporter 40 UN pour les graminées (20% de 210). Pour ne pas pénaliser les légumineuses, il suffira d apporter entre 25 et 40 UN + soufre. C est la dose de soufre qui est importante. Il faudrait au moins en apporter 60 U SO3. La kiésérite est un excellent produit pour réaliser cet apport, ou encore du sulfate d ammoniac, ou encore l'ammonitrate + soufre, ou encore la solution 39% + soufre liquide. Attention, le soufre liquide est du soufre pur qui dose 1 U S = 3 U SO3 à peu près. Il n y aura aucune différence entre labour et semis direct. Si la quantité de graminée est forte, alors la fertilisation azotée devra augmenter. Par exemple, pour avoir 7 t MS à 180g de MAT, le méteil aura besoin de 30 UN/t MS. Il faudra apporter 80% de la dose d azote car la légumineuse ne sera présente qu à 20% (dans notre exemple). Ici, dose d apport de N = 160 UN + soufre. La forme ammonitrate est à privilégier. Si utilisation de solution 39%, pas de problème, mais il faut l apporter tôt (durée de minéralisation de l urée = 2 mois). Il faut laisser le temps à la plante de fabrique sa protéine. 4

5 5-4) les prairies Elles valorisent parfaitement l azote organique, et encore mieux les effluents traités avec des activateurs. Si elles sont riches en légumineuses, alors garder l azote comme un starter en début de printemps. Utiliser de l azote soufré, entre 30 et 100 UN + S selon les situations et les objectifs de rendement. Plus la dose d azote devient forte, plus il faut la séparer en 2. L urée n est pas favorable aux prairies. Cette forme d azote est souvent toxique pour les légumineuses. La solution azotée peut convenir si les apports sont précoces et si les apports de soufre sont réalisés en plus. Compter le premier apport tôt, 200 C en base zéro (comme pour les céréales) Si pas de légumineuses, il faut fertiliser en azote. La totalité de l azote provient de l organique et/ou du minéral. Compter entre 25 et 30 UN/t MS en objectif récolté. Les apports organiques se font de manière préférentielle en automne et les apports minéraux au printemps. Il est généralement contre productif d apporter de l azote en fin de printemps. L organique minéralisera beaucoup s il y a d humidité et l azote n aura aucun effet s il fait sec. 5-5) en agriculture biologique Les mêmes raisonnements de fond sont nécessaires : fourniture du sol selon intensité du travail du sol et si semis direct, sol = zéro. Les apports se font avec des effluents (traitements avec activateurs fortement recommandés) et avec les légumineuses qu il faut bien gérer. Les fertilisants très intéressant pour l AB sont les minéraux à base de soufre : Kiésérite et Polysulphate. Personnellement, la formule Polysulphate (nom commercial) est la plus intéressante car elle apporte également du calcium et de la potasse avec un peu de magnésie en plus du soufre (48 %). C est donc un produit minéral très intéressant pour compléter la fumure organique AB. Pour le maïs, et surtout en semis direct, il faudra impérativement apporter une fumure organique rapidement assimilable, de type fiente de poule ou autre (lisier de porc déshydraté). Les produits issus des méthanisateurs sont apparemment de bons produits (à pister). Dans tous les cas en AB, il faudra tenir compte du manque d azote qui est le premier facteur limitant de la production fourragère et céréalière. L apport de soufre reste très intéressant. L apport d engrais organiques assez solubles est parfait (effluents organiques issus d élevages de monogastriques). La problématique principale reste le prix. Les mélanges riches en légumineuses sont à privilégier - Un apport d oligo élément est à programmer car c est souvent un facteur limitant. 5