Economie politique. Classe de 1D de l enseignement secondaire. I ère D Economie politique Chapitre 5. Commission Nationale des Programmes

Dimension: px
Commencer à balayer dès la page:

Download "Economie politique. Classe de 1D de l enseignement secondaire. I ère D Economie politique Chapitre 5. Commission Nationale des Programmes"

Transcription

1 Economie politique Classe de 1D de l enseignement secondaire Commission Nationale des Programmes en Sciences Economiques et Sociales I ère D Economie politique Chapitre 5 septembre 2015

2 Première partie MICROECONOMIE producteur consommateur marché

3 Introduction au raisonnement marginaliste 3 Introduction au raisonnement marginaliste Après la deuxième moitié du 19e siècle, vers 1870 plus précisément, la pensée économique découvre de nouveaux horizons, une nouvelle façon de penser et d appréhender les phénomènes économiques. Le britannique Stanley Jevons ( 1882), le français Léon Walras ( 1910), l autrichien Carl Menger ( 1921) et l italien Vilfredo Pareto ( 1923) sont les fondateurs de ce nouveau courant, appelé néo-classique. On assiste à un véritable changement de perspectives associé à l apparition du calcul économique. Alors que les auteurs classiques tels qu Adam Smith et David Ricardo mettaient l accent sur une vision à long terme de la croissance économique et du devenir général du système économique, les néo classiques concentrent leur étude analytique et mathématique sur l allocation optimale (l affectation la meilleure possible) des ressources économiques ou facteurs de production disponibles. Concrètement: comment un consommateur type disposant d un budget limité doit-il se comporter pour satisfaire au mieux ses besoins ; ou comment un producteur, une entreprise doivent-ils faire pour arriver à un profit maximal compte tenu des possibilités de production? Ces auteurs néo-classiques s intéressent donc avant tout aux comportements et aux décisions rationnelles des agents économiques, que ce soit le consommateur ou le producteur. Il y a changement de l objet d analyse, mais aussi de la façon d analyser, car le principe de maximisation est fondamental dans ce type d analyse ; il s agit toujours d un problème de maximisation sous contrainte et il est dès lors évident que ces auteurs ont eu systématiquement recours à des instruments mathématiques et à la formalisation mathématique. Relevons encore le fait que l analyse néo-classique est à la fois positive et normative. Elle pourrait s exprimer ainsi : à supposer que le consommateur veuille maximiser sa satisfaction, ou que le producteur veuille maximiser son profit, quelles sont les règles de conduite que la science économique peut fournir? Mais les auteurs néo-classiques ne prétendent pas que la réalité corresponde toujours à ces modèles proposés Première partie Economie politique I ère D

4 4 Microéconomie Chapitre 1 Théorie du consommateur Imaginons un consommateur disposant d un certain revenu dont il consacre une partie pour l achat de biens et de services. Comment cet individu va-t-il dépenser son budget? Normalement il achètera ce qu il aime ou ce qu il préfère. La notion fondamentale est donc celle de préférence ou de jugement de préférence, sachant que ce jugement reste tout à fait subjectif dans la mesure où il peut varier d une personne à l autre. Nous allons partir de simples axiomes concernant ces préférences, ensuite les illustrer sous forme graphique et finalement en donner une interprétation économique. 1.1 Axiomes sur les comportements individuels Le consommateur est considéré comme un homo oeconomicus, c est à dire comme un être parfaitement rationnel capable de juger, d exprimer et de classer des préférences. Soit un consommateur qui considère divers paniers ou assortiments contenant deux biens différents, par exemple des livres (X) et des disques (Y). Les paniers, désignés par les lettres A, B, C, etc., diffèrent entre eux uniquement par les quantités x et y des deux biens qu ils contiennent. Selon l axiome de comparaison, le consommateur est capable de comparer les divers paniers de biens et d exprimer un jugement de préférence ou d indifférence : ou bien il préfère le panier A au panier B, ou bien il préfère le panier B au panier A, ou bien il est indifférent entre les paniers A et B. I ère D Economie politique Chapitre 1

5 Théorie du consommateur 5 L axiome de transitivité postule que les jugements de préférence ou d indifférence du consommateur sont cohérents. Soient trois paniers A, B et C ; si le consommateur préfère le panier A au panier B, et le panier B au panier C, alors il préfère le panier A au panier C. De même, si A est indifférent à B, et B est indifférent à C, alors A est indifférent à C. L axiome de non-saturation postule que le consommateur préfère toujours plus à moins. Soient deux paniers A et B ; si le panier A contient plus de biens x que le panier B, et s il contient autant ou plus de biens y, alors le panier A est préféré au panier B. L axiome de substituabilité suppose que lorsqu un panier est préféré à un autre, il est possible de compenser, par exemple, l insuffisance du bien X par un surplus du bien Y, de façon à ce que les deux paniers soient rendus indifférents. Si ces axiomes sont respectés, le consommateur est capable de classer tous les paniers ou assortiments qui lui sont présentés ; un tel classement logique est appelé pré ordre de préférence. Le tableau 1.1.a et le graphique 1.1.b. présentent cinq exemples de paniers contenant les quantités x et y des deux biens X et Y : Fig Paniers de biens : (a) tableau, (b) graphique. 1.2 Les courbes d indifférence Grâce aux axiomes précédents, nous sommes en mesure d établir des courbes d indifférence. Considérons le panier A composé de 10 livres et de 40 disques. Tous les assortiments ou paniers considérés comme indifférents à ce panier A, par exemple le panier B, sont situés sur une même courbe d indifférence, ici I 1 sur la figure 1.2. Première partie Economie politique I ère D

6 6 Microéconomie Une courbe d indifférence représente donc l ensemble des paniers indifférents entre eux, procurant au consommateur un même niveau de satisfaction ou d utilité. Les paniers C et D, indifférents l un à l autre, sont tous deux préférables aux paniers A et B, se situent sur une même courbe d indifférence I 2, mais plus éloignée de l origine et représentant donc un niveau de satisfaction plus élevé. En d autres termes si le consommateur s élève d une courbe d indifférence à une autre, par exemple de I 1 à I 2 puis I 3, son degré de bien-être augmente. Les courbes d indifférence peuvent dans ce sens être interprétées comme des courbes de niveau de satisfaction. Notons que deux courbes d indifférence ne peuvent pas se croiser, en vertu des hypothèses de transitivité et de non-saturation, et qu elles sont décroissantes, car, pour garder un même niveau de satisfaction, il faut : ou bien diminuer la quantité du bien Y et augmenter celle du bien X ; ou bien augmenter la quantité du bien Y et diminuer celle du bien X. Fig Les courbes d indifférence Le déplacement le long d une courbe d indifférence marque le passage d un panier de biens à un autre tout en gardant le même niveau de satisfaction ; il y a par conséquent substitution entre les biens et celle-ci peut être mesurée grâce au taux de substitution, qui est le rapport entre les quantités de biens cédées et les quantités de biens obtenues en compensation qui laissent le consommateur en état d indifférence. I ère D Economie politique Chapitre 1

7 Théorie du consommateur 7 Taux de substitution de x à y = y x avec Δy < 0 et Δx > 0 On parle du taux marginal de substitution (TMS) lorsqu on pose Δx =1 ; si les biens sont parfaitement divisibles et si on raisonne en termes infinitésimaux (Δx 0), le TMS apparaît comme la dérivée - ou la pente - de la courbe d indifférence. Notons que le TMS est souvent exprimé en valeur absolue. Les courbes d indifférence sont convexes vers l origine en vertu de la difficulté croissante de substitution. En effet, si on considère ce taux de substitution, on constate qu au fur et à mesure que y diminue (et que x augmente), le consommateur renonce de moins en moins volontiers au bien Y. On voit sur la figure 1.3 que pour une variation constante de x (Δx 1 = Δx 2 ), la variation de y devient de plus en plus petite (Δy 1 > Δy 2 ). Le TMS n est donc pas constant le long de la courbe d indifférence ; il diminue en valeur absolue au fur et à mesure que x augmente, ce qui traduit graphiquement la difficulté croissante de substitution. Fig La carte d indifférence L ensemble des courbes d indifférence d un consommateur individuel, représentant ses préférences à l égard de tous les paniers imaginables, constitue la carte d indifférence du consommateur, représentée graphiquement par la figure 1.3. Tout comme les jugements de préférence, les cartes d indifférence varient dans le temps les goûts changent et d une personne à l autre. Première partie Economie politique I ère D

8 8 Microéconomie Pour des raisons de simplification, nous avons raisonné sur deux biens seulement, mais il n y a aucune difficulté à étendre le raisonnement à un panier composé de trois biens, voire de n biens. Nous verrons plus tard dans les applications qu il est possible d associer à chaque courbe d indifférence un indice de satisfaction (ou d utilité), donc une valeur quantitative précise. Cependant le consommateur lui-même n est pas censé devoir préciser ou mesurer la quantité de satisfaction qu il éprouve, et même s il voulait le faire, comme certains économistes l ont essayé, ce serait là un exercice bien difficile. Seul compte le fait qu il soit capable de comparer et de classer des paniers. On parle donc d une théorie ordinale et non pas cardinale. 1.3 Le concept d utilité L utilité d un bien est généralement définie comme étant l aptitude de ce bien à satisfaire un besoin. Dans ce sens l utilité d un vêtement ou d une voiture apparaît comme évidente, mais peut-on parler de l utilité des cigarettes ou des drogues en général? La notion de satisfaction semble être plus neutre et mieux respecter la subjectivité du consommateur. Tâchons toutefois de définir les différents types d utilité et d en donner une représentation graphique. a) Utilité totale d un bien (U) L utilité totale d un bien déterminé, par exemple du courant électrique, dépend de la quantité (de ce bien) dont dispose le consommateur (U = f(x)). L utilité totale augmente si la quantité augmente, et inversement. Si on suppose que le consommateur est insatiable et qu il préfère toujours plus à moins, l utilité totale (U) peut être représentée par une fonction positive et croissante comme sur la figure 1.4. Nous constatons que l utilité totale augmente (U'(x)>0), mais de moins en moins vite (U (x)<0), ce qui se traduit graphiquement par une fonction de plus en plus aplatie. Le concept d utilité marginale nous aidera à comprendre l allure particulière de U. I ère D Economie politique Chapitre 1

9 Théorie du consommateur 9 b) Utilité marginale (U m ) Fig Utilité totale L utilité marginale d un bien est définie comme étant l utilité supplémentaire (ou additionnelle) apportée par la consommation d une unité supplémentaire de ce bien. Mathématiquement parlant on a donc : U m = ΔU Δx si Δx 0 alors U m = lim Δx 0 ΔU Δx ou bien U m = du dx = U (x) Si on suppose que le bien X est parfaitement divisible et que la fonction U est continue, U m apparaît comme la dérivée première de U. La première loi de Gossen exprime le fait que l utilité marginale est une fonction strictement positive mais décroissante (voir graphique 1.5), ce qui explique l allure aplatie de la fonction d utilité totale. En effet l utilité de la deuxième paire de chaussures (ou du deuxième verre d eau) est toujours inférieure à l utilité de la première paire (ou du premier verre), et ainsi de suite. Fig L utilité marginale Première partie Economie politique I ère D

10 10 Microéconomie c) Dérivées partielles Nous sommes en présence d une fonction à n variables indépendantes y = f (x 1, x 2,..., x i,..., x n ) La dérivée partielle de y par rapport à x i est y = lim Δxi 0 ( f(x1,x2,...,xi + Δxi,...,xn) f (x1,x2,...,xi,...,xn) La dérivée partielle est le taux de variation de la fonction y par rapport à x i, les autres variables étant constantes. Par conséquent la technique de dérivation se réduit à la dérivation d une seule variable x i, toutes les autres variables restant constantes. d) Fonction d utilité Une courbe d indifférence apparaît comme étant une fonction des quantités consommées (x et y) des biens X et Y. On parle d une fonction d utilité dont l expression générale serait la suivante : Δxi U = f (x; y) (voir figure 1.7) L équation de U peut prendre plusieurs formes particulières, comme par exemple : U = xy ou U = 5xy ou plus généralement U = axy ) Fig Indices de satisfaction I ère D Economie politique Chapitre 1

11 Théorie du consommateur 11 Si on se reporte au graphique 1.6, et si on suppose une fonction d utilité de la forme U = xy, alors les paniers A et B, situés sur la courbe d indifférence I 1 et équivalents entre eux, apportent une satisfaction de 400, tandis que les paniers C et D, situés sur une courbe d indifférence I 2, apportent une satisfaction de 800, donc plus élevée. Une fois le niveau de satisfaction fixé, on peut définir l équation de la courbe d indifférence : pour I 1 on a : xy = 400 et y = 400 ou y = x x pour I 2 on a : xy = 800 et y = 800 ou y = x x Fig La fonction d utilité Première partie Economie politique I ère D

12 12 Microéconomie 1.4 La contrainte ou droite de budget Les besoins du consommateur sont supposés être illimités, mais ses ressources financières sont généralement limitées. Certains choix (paniers) sont donc accessibles et d autres pas. Il s agit maintenant de déterminer cette limite ou ce seuil. Les moyens permettant au consommateur de se procurer les biens et services sont constitués par son revenu et plus précisément la part de revenu destinée à la dépense, c est-à-dire son budget. Toutefois le consommateur subit une deuxième contrainte sur laquelle il n exerce aucune influence, à savoir le prix des biens et services considérés, déterminés par le jeu de l offre et de la demande sur les marchés. Supposons que le consommateur dispose d un revenu R et qu il le dépense intégralement. Désignons les prix des biens X et Y par p x respectivement p y. La droite de budget est exprimée par la relation : R = p x x + p y y avec R : revenu ou budget p x : prix du bien X p y : prix du bien Y Après transformation on obtient l équation de la droite de budget : y = p x p y x + R p y où le rapport des prix - p x p y exprime la pente négative de la droite de budget. Si R = 500 avec p x = 10 et p y = 20, alors le consommateur peut acheter 50 unités du bien X ou 25 unités du bien Y s il consacre tout son budget à l achat de l un ou de l autre de ces biens. Ces deux choix sont représentés par les deux points (paniers) A et B sur le graphique 1.8. I ère D Economie politique Chapitre 1

13 Théorie du consommateur 13 Fig Droite de budget Si on relie les deux points A et B, on obtient la droite ou ligne de budget du consommateur, qui représente l ensemble des paniers qui occasionnent une même dépense totale, égale à son revenu ou budget. Chaque point de la ligne de budget représente un panier que le consommateur peut se procurer et qui épuise son budget, compte tenu de son revenu R et des prix p x et p y. Tous les points situés en-dessous de la ligne de budget, par exemple C et D, représentent des paniers accessibles au consommateur, mais qui n épuisent pas son budget ; il y a constitution d une épargne. Tous les paniers situés au-dessus de la droite de budget sont inaccessibles ou hors de portée du consommateur, comme E par exemple, car dans ce cas la dépense est supérieure au revenu. La droite de budget n est donc rien d autre qu une frontière - un seuil ou une limite - qui sépare les choix accessibles des choix non accessibles. Rappelons encore que la droite de budget est nécessairement décroissante ( p x p y ) car si le consommateur désire acquérir une quantité plus grande du bien X, il doit renoncer à une certaine quantité du bien Y ; il passe alors du panier F au panier G par exemple. 1.5 L équilibre du consommateur Les concepts de courbe d indifférence et de ligne de budget nous permettent de déterminer l équilibre du consommateur : cet équilibre (ou optimum) découle d un comportement d achat bien précis du consommateur, être rationnel, guidé par ses préférences et limité par les contraintes de budget et de prix. Première partie Economie politique I ère D

14 14 Microéconomie D une part le consommateur tâchera de maximiser sa satisfaction ou, en d autre termes, d atteindre la courbe d indifférence la plus élevée de sa carte d indifférence, c est-à-dire la plus éloignée de l origine. D autre part, la contrainte de budget oblige le consommateur à se limiter aux choix financièrement accessibles. Cette situation est montrée dans le graphique 1.9 ci-dessous, où on présente trois courbes d indifférence I 1, I 2 et I 3 ainsi que la droite de budget AB. Fig L équilibre du consommateur Il est clair que le panier D est inaccessible et que le panier C n épuise pas le budget. Les paniers E, F et G, situés sur la droite de budget, épuisent tout le revenu, mais le panier G, situé sur une courbe d indifférence plus éloignée, procure une satisfaction plus élevée, et dans ce cas-ci maximale, car toute courbe d indifférence située au-delà de I 2 reste inaccessible. L équilibre du consommateur, situation optimale qui lui procure une satisfaction maximale, est atteint lorsque la ligne de budget est tangente à la courbe d indifférence la plus élevée possible, au point G. Cet optimum est nécessairement unique. A l équilibre le panier G contient une quantité x e du bien X et une quantité y e du bien Y. On peut donc dire que le consommateur est prêt à acquérir ces quantités de biens. On parle de la demande individuelle du consommateur, pour deux biens précis, sachant que le raisonnement peut être étendu à un nombre de biens plus élevé. A l équilibre, au point de tangence, les pentes de la courbe d indifférence et de la droite de budget sont égales ; on peut donc écrire : I ère D Economie politique Chapitre 1

15 Théorie du consommateur 15 TMS = - Δy Δx = p x p y sachant que cette égalité ne vaut qu à l équilibre. Il est possible de montrer la relation existant entre le TMS et l utilité marginale des biens X et Y. Admettons que le consommateur diminue la consommation du bien Y et augmente celle du bien X, tout en restant sur la même courbe d indifférence. Comme son niveau de satisfaction reste constant, la perte d utilité (suite à la baisse de y) est compensée par un gain d utilité (suite à la hausse de x). Sous condition de la parfaite divisibilité des biens, on peut écrire : Δy Um y + Δx Um x = 0 Δy Um y = Δx Um x - Δy Δx = Um x Um y = TMS A l équilibre, on a donc : Um x Um y = p x p y et Um x p x = Um y p y Cette dernière égalité est connue sous le nom de seconde loi de Gossen. Elle exprime le fait que, à l optimum, les utilités marginales de X et de Y, pondérées par les prix respectifs, sont égales. 1.6 Application résolue Déterminer mathématiquement l équilibre du consommateur revient à trouver la solution au problème mathématique suivant : maximiser la fonction U = f(x; y), c est à dire maximiser les quantités x et y à condition que ces dernières satisfassent à l équation y = p x p y x + R p y, c est-à-dire respectent la limite budgétaire. Première partie Economie politique I ère D

16 16 Microéconomie Soit R = 720 ; p x = 40 ; p y = 60 et U = xy (1) R = 720 = 40x + 60y ou 60y = -40 x y = (-2/3)*x + 12 (2) On remplace dans (1) U = xy = x*(-2/3 x + 12) = (-2/3)*x x (3) Maximiser U revient à annuler la dérivée première de U : (a) U (x) = (-4/3)* x + 12 = 0 (-4/3)*x = -12 x = (3/4)*12 x = 9 y = (- 2/3)*9 +12 = y = 6 U = xy = 54 et y = 54 x (b) On vérifie que U (x) < 0 ( U max car U (x) = 4 / 3 ) Fig L optimum du consommateur I ère D Economie politique Chapitre 1

17 Théorie du consommateur 17 Calculons le TMS à l équilibre et vérifions la seconde loi de Gossen. TMS = - Δy Δx = p x p y = 40 / 60 = 2 / 3 ou bien : TMS = Um x Um y = y / x = 6 / 9 = 2 / 3 Um x p x = Um y p y = 6 / 40 = 9 / 60 Pour calculer le TMS en tout autre point de la courbe d indifférence, par exemple au point x = 3 et y = 18, nous procédons de la façon suivante : TMS = Um x Um y = y / x = 18 / 3 = Variation de prix et fonction de demande Pour déterminer l optimum du consommateur, nous avions supposé que toutes les variables exogènes du modèle (préférences, budget et prix) étaient des données constantes. Or chacun de ces trois éléments est susceptible de varier. Dans cette section-ci, nous allons étudier comment se déplace l équilibre du consommateur si le prix d un des biens se modifie. Dans la section suivante, il s agit d analyser les effets d une variation de revenu Variation de prix Partons de la droite de budget AB (voir figure 1.11). Les paniers A et B indiquent la quantité respective du bien X et du bien Y si le consommateur consacre tout son revenu à l achat d un des deux biens. Supposons que le prix du bien X baisse tandis que celui du bien Y reste constant. Pour un revenu R donné et constant, le consommateur pourra acheter plus de biens X. Il en résulte une nouvelle droite de budget AC. Première partie Economie politique I ère D

18 18 Microéconomie Comme on peut le voir sur le graphique 1.11, la nouvelle ligne de budget reste ancrée au point A (car p y n a pas changé) et pivote autour de ce point. Si p x baisse, le pivotement se fait vers la droite, vers l extérieur ; si p x augmente, le pivotement se fait vers la gauche ou l intérieur, et la nouvelle ligne de budget est AD par exemple. Fig Pivotement de la droite de budget Partons de la situation d équilibre E 1, point de tangence entre la ligne de budget AB et la courbe d indifférence I 1, présentée sur les trois graphiques suivants 1.12 a, b et c. Suite à une baisse de p x, avec R et p y constants, l équilibre du consommateur se déplace de E 1 en E 2, point de tangence entre la nouvelle ligne de budget AC et la courbe d indifférence I 2. Il en résulte une augmentation de la consommation du bien X, qui passe de x 1 à x 2, ce qui est tout à fait logique, étant donné que son prix a diminué. Fig Variations de l optimum du consommateur : a, b, c I ère D Economie politique Chapitre 1

19 Théorie du consommateur 19 Mais qu en est-il de la consommation du bien Y, dont le prix n a pas varié? En fait trois situations peuvent se présenter et elles sont visualisées par les trois graphiques. Sur la figure 1.12.a nous voyons qu une baisse de p x n a aucun effet sur la consommation du bien Y. Sur le graphique 1.12.b on constate que la consommation du bien Y a baissé de y 1 en y 2. On parle d un effet de substitution qui concerne très souvent des biens dits de substitution (comme vin et bière, café et thé, etc.). Le bien dont le prix baisse se substitue au bien dont le prix n a pas changé mais qui est devenu plus cher en termes relatifs. On peut aussi inverser le raisonnement et partir d une hausse de p x (dans ce cas l équilibre se déplace de E 2 en E 1 ). Dans ce cas le consommateur compense la hausse du prix de X en remplaçant le bien X par le bien Y, devenu moins cher en termes relatifs. Sur le graphique 1.12.c on voit qu une baisse de p x provoque même une hausse de la consommation de Y. Il s agit alors souvent de biens complémentaires (comme voiture et essence, café et sucre, etc.). Si la baisse du prix des voitures entraîne une hausse de la demande de voitures, elle provoque aussi une hausse de la consommation d essence. Mais ce phénomène a encore d autres explications : la baisse du prix d un bien signifie une hausse du pouvoir d achat (ou du revenu réel) du consommateur, même si son revenu nominal est resté inchangé. Et le consommateur peut décider d affecter ce pouvoir d achat supplémentaire à la consommation du bien X et du bien Y. On parle dans ce cas d un effet de revenu La fonction de demande individuelle Supposons que le revenu et le prix du bien Y restent constants et que le prix du bien X baisse deux fois successivement. On a donc : p x1 > p x2 > p x3 avec R et p y donnés et constants Sur le graphique 1.13 du haut on remarque que l équilibre se déplace successivement de E 1 en E 2 puis en E 3. Intéressons-nous plus particulièrement à la quantité consommée du bien X. Nous constatons qu elle augmente successivement de x 1 à x 2 puis à x 3. Ces valeurs sont projetées sur un deuxième graphique, en bas, qui représente les quantités demandées (du bien X) en fonction du prix (du bien X). On détermine ainsi trois couples prix-quantité que l on peut relier par une courbe (souvent une droite pour des raisons de simplification). Première partie Economie politique I ère D

20 20 Microéconomie Fig Fonction de demande individuelle On obtient ainsi la fonction de demande individuelle, exprimant l attitude d achat d un consommateur individuel confronté à différents niveaux de prix possibles. Cette courbe de demande est décroissante car la demande est une fonction décroissante du prix : si le prix augmente, la demande diminue et inversement. Si on la représente par une droite, son équation serait la suivante : D = q d = αp + β avec α < 0 et β > 0 Notons une particularité propre à la représentation graphique habituellement utilisée en économie politique : pour assurer une meilleure lecture des graphiques, la variable indépendante, ici le prix p, (la variable x en mathématiques) n est pas représentée en abscisse mais en ordonnée, tandis que la variable dépendante, la quantité (la variable y en mathématiques), est représentée en abscisse. I ère D Economie politique Chapitre 1

21 Théorie du consommateur Fonction de demande du marché La fonction de demande du marché (ou fonction de demande agrégée) résulte de la synthèse de toutes les demandes individuelles émanant des consommateurs individuels. Elle s obtient en faisant la somme horizontale des fonctions individuelles; sur la figure 1.14, on a procédé à l agrégation de deux demandes individuelles. Fig Demande du marché 1.8 Variation de revenu Supposons que les préférences du consommateur ainsi que les prix des biens restent inchangés et que seul le revenu varie. Quels seront les effets sur l équilibre du consommateur? Si le revenu R augmente, le consommateur pourra acheter plus de biens X et Y. Si les prix restent inchangés, le rapport p x p y, exprimant la pente de la ligne de budget, reste inchangé. Par conséquent la ligne de budget change de position en se déplaçant parallèlement à elle-même vers la droite ou l extérieur (figure 1.15). Le déplacement se fait vers la gauche en cas de baisse du revenu, il en résulte une baisse de la consommation de X et de Y. Première partie Economie politique I ère D

22 22 Microéconomie Fig Variation de revenu Le déplacement de l équilibre de E 1 en E 2 est illustré par le graphique On constate que dans ce cas-ci, les quantités de X et de Y augmentent. Fig Chemin d expansion du consommateur Si on considérait une succession de variations de revenu, on obtiendrait une succession de points d équilibre qui, reliés entre eux, montrent la courbe de consommation-revenu ou encore le chemin d expansion du consommateur. L allure précise de ce chemin d expansion dépend surtout de la nature des deux biens considérés. Pour des biens dits inférieurs, comme des bas morceaux de viande ou la margarine, il se peut que la demande diminue si le revenu augmente, parce que cette hausse du pouvoir d achat permet au consommateur de s orienter plus vers des produits dits normaux, voire supérieurs. On peut construire une courbe de demande en fonction du revenu, encore appelée courbe d Engel, en projetant les valeurs de x aux différents équilibres sur un deuxième graphique représentant la demande du bien X en fonction du revenu porté en ordonnée (graphique 1.17). I ère D Economie politique Chapitre 1

23 Théorie du consommateur 23 Fig Demande en fonction du revenu Pour une meilleure lisibilité on préfère inverser les axes (voir graphique 1.18). Remarquons la forme particulière de la courbe d Engel représentée ici : cette courbe s aplatit progressivement, ce qui veut dire que la consommation du bien considéré ici augmente, mais moins vite que le revenu. C = f (R) avec C'(R) > 0 et C (R) < 0 Déjà au 19e siècle le statisticien allemand Engel avait constaté que la part du revenu consacré à l alimentation diminuait au fur et à mesure que les revenus augmentaient. De multiples enquêtes statistiques ont confirmé cette tendance séculaire et montrent aussi que la part des dépenses destinées aux loisirs, à la santé et à la culture est d autant plus grande que le revenu est plus élevé. Première partie Economie politique I ère D

24 24 Microéconomie Fig Courbe d Engel Notons en fin de compte que la hausse du revenu provoque un déplacement vers la droite de la fonction de demande pour le bien X, illustré sur le graphique 1.19 ; en effet, pour un prix inchangé p, le consommateur est prêt à acheter une quantité plus grande et toute la fonction de demande individuelle se déplace de D 1 en D 2. Fig Déplacement de la demande Il est important de faire la distinction entre un déplacement le long de la courbe de demande, mouvement provoqué par une variation du prix, et un déplacement de la courbe, provoqué par tout autre facteur (revenu, préférences, prix des autres biens). I ère D Economie politique Chapitre 1

25 Théorie du consommateur Exercices 1) Soit une fonction d utilité U = 3xy avec p x = 12 ; p y = 18 et R = 360. On suppose que le revenu est entièrement consacré à l achat des biens X et Y. Travail à faire : a) Déterminer les quantités consommées à l équilibre ; b) calculer le TMS à l équilibre par deux méthodes différentes ; c) vérifier la seconde loi de Gossen ; d) représenter l équilibre graphiquement ; e) vérifier que le TMS est décroissant le long de la courbe d indifférence ; f) supposons que p y passe de 18 à 20 ; quels seront les effets sur l équilibre? 2) Soit une fonction d utilité de la forme : U = xy avec p x = 8 et p y = 4. Le montant du revenu est inconnu. Travail à faire : a) Calculer le TMS au point x = 10 et y = 125 situé sur la courbe d indifférence tangente à la droite de budget ; b) déterminer l équilibre du consommateur ; c) vérifier la seconde loi de Gossen ; d) représenter l équilibre graphiquement ; e) vérifier que le TMS est décroissant le long de la courbe d indifférence. 3) Soit une fonction d utilité: U = 2x 2 y Travail à faire : a) Déterminer l équilibre du consommateur pour R = 1800, p x = 2 et p y = 20 ; b) Enoncer, démontrer et vérifier la seconde loi de Gossen. (examen juin 2013 repêchage) Première partie Economie politique I ère D

26 26 Microéconomie Chapitre 2 Théorie du producteur 2.1 Introduction Le producteur est constamment amené à faire des choix sur base de calculs économiques rationnels sous peine de sanctions graves : pertes, cessation de paiement, voire faillite pure et simple. Ces choix portent sur les objectifs à atteindre et sur les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. Les buts poursuivis par une entreprise peuvent être multiples : maximiser son profit, maximiser son chiffre d affaires, augmenter ses parts de marché, assurer certaines prestations considérées comme prioritaires, etc. En fait, le producteur est toujours amené à se poser quatre questions fondamentales : Que produire? Quels types de biens ou services faut-il produire? Dans ce contexte se pose la question cruciale de l innovation de produit, c est-à-dire du développement et du lancement de nouveaux produits. Comment produire? Quelles techniques de production utiliser? Quelle combinaison de facteurs de production choisir? Là encore se pose la question de l innovation technologique dans les méthodes de production. Qui prend les décisions économiques et selon quels processus? Quelle quantité produire? Quel est le niveau ou volume de production optimal qui permet d atteindre les objectifs fixés? Afin de simplifier le raisonnement et de limiter l étendue de l exposé, nous ne traiterons pas ici les trois premières questions, c est-à-dire celles relatives aux types de biens à produire, aux méthodes de production et aux processus de décision ; parmi les objectifs possibles, nous ne retiendrons du moins dans le présent chapitre qu un seul, à savoir le profit maximal. I ère D Economie politique Chapitre 2

27 Théorie du producteur 27 La question fondamentale qui reste est donc la suivante : Comment un producteur individuel doit-il s y prendre pour obtenir un profit maximal, compte tenu des choix qu il a opérés (en ce qui concerne la nature des biens produits et les méthodes de production) et des contraintes qui lui sont imposées (coûts de production et prix de vente sur le marché). 2.2 La loi des rendements non proportionnels Généralités Pour assurer sa production, l entreprise combine, dans des proportions variables, trois facteurs de production : ressources naturelles (terre, matières premières, énergie, etc.) ; ressources humaines (travail manuel et intellectuel) ; ressources en capital (équipements, machines, outillage, etc ). D une manière générale, on peut affirmer que la fonction de production Q dépend des trois facteurs de production, N (nature), L (travail) et K (capital) : Q = f(n,l,k). On parle de substituabilité d un facteur de production, lorsque celui-ci peut remplacer un autre facteur tout en gardant un même niveau de production. La substitution du capital au travail est un phénomène généralisé dans les économies modernes. On parle de divisibilité d un bien ou d un facteur de production lorsque ceux-ci peuvent être fractionnés en unités de plus en plus petites. Certes, une vache ou une machine ne sont pas divisibles sans qu elles perdent leurs qualités intrinsèques, mais des produits comme le pétrole ou le sucre sont parfaitement divisibles. De même un ouvrier n est pas divisible, mais son temps de travail l est bien, en journées, heures, minutes, voire secondes. Dans la suite, nous allons supposer que les biens et les facteurs sont parfaitement divisibles, ce qui facilite grandement le raisonnement mathématique et la représentation graphique (les fonctions utilisées sont donc des fonctions mathématiques continues sur un intervalle déterminé). Première partie Economie politique I ère D

28 28 Microéconomie La combinaison nature-travail Imaginons le cas d une grande exploitation agricole produisant du blé à l aide d un certain nombre d ouvriers et de machines. Supposons que la surface cultivable, le facteur terre (N) reste fixe, de même que le nombre de machines, le facteur capital (K), de sorte que seul le facteur travail (L) c est-à-dire le nombre d ouvriers multiplié par le nombre d heures de travail, soit variable. La quantité de blé produite, le produit total (Q), évalué en quantités physiques (tonnes), varie alors uniquement en fonction de la quantité de facteur travail utilisée, ce que l on note Q = f (L, N 0, K 0 ). La productivité moyenne (Q M ) s obtient en divisant le produit total par le nombre d heures travaillées ; c est donc la quantité produite par heure de travail, ou : Q M = Q L La productivité marginale (Q m ) est le produit supplémentaire ou additionnel obtenu par l utilisation d une unité de travail supplémentaire, tous les autres facteurs restant constants. Sous l hypothèse de la parfaite divisibilité du facteur travail, avec ΔL 0, la productivité marginale peut être définie comme la dérivée première de la fonction de production par rapport à la variable travail, ce qui s écrit : Q m = ΔQ ΔL et Q m = Q'(L) si ΔL 0 (à condition que la fonction du produit total soit continue et dérivable). Les concepts ainsi définis sont repris dans le tableau ci-dessous qui donne les valeurs de Q, Q M et Q m en fonction du volume de travail utilisé L. Comment évolue le produit total Q si on augmente progressivement la quantité de travail (graphique 2.1)? L observation empirique montre que : Q est nul si L est nul, la fonction de produit total part donc de l origine ; le produit total augmente à un rythme variable ; au début la croissance est forte, ce qui veut dire que si L augmente, Q augmente plus que proportionnellement ; I ère D Economie politique Chapitre 2

29 Théorie du producteur 29 au-delà du point d inflexion I, la courbe de Q change de concavité. La croissance reste positive mais elle se ralentit ; si L augmente, Q augmente moins que proportionnellement ; la fonction de produit total passe par un maximum en M et diminue au-delà. La fonction de produit total (Q) est représentée sur le graphique 2.1.a, tandis que les fonctions de productivité moyenne (Q M ) et marginale (Q m ) sont montrées sur le graphique 2.1.b. On constate que : Q m croît jusqu au maximum I' (qui correspond au point d inflexion I de la fonction du produit total) ; au-delà de ce maximum, la productivité marginale devient décroissante, mais reste positive jusqu au point M' où elle est nulle ; au-delà du point M', la productivité marginale devient négative, étant donné que le produit total diminue. Q M croît jusqu au point A', où elle est maximale ; à ce point correspond, sur le graphique supérieur, le point A où la pente de la droite reliant l origine à la courbe du produit total est maximale ; au-delà du point A, la pente en question diminue, ce qui signifie que, sur le graphique inférieur, au-delà de A', la productivité moyenne décroît sans jamais devenir nulle ou négative. Première partie Economie politique I ère D

30 30 Microéconomie Fig (a) Produit total, (b) Productivité moyenne et marginale La courbe de la productivité marginale coupe celle de la productivité moyenne au maximum de celle-ci ; tant que Q m > Q M, Q M augmente ; si Q m < Q M, alors Q M diminue, donc Q m passe par le maximum de Q M. On peut en fournir la preuve mathématique : Q = f(l) Q M = Q = f(l) Q L m = Q'(L) Q M est maximale si la dérivée première Q M (L) = 0 L Q M = Q (L)L QL L 2 = 0 or L 2 0 et L' = 1 par conséquent il faut que : Q (L)L Q = 0 et Q ' (L)L = Q et Q ' (L) = Q L au maximum de Q M, on a donc : Q m = Q M I ère D Economie politique Chapitre 2

31 Théorie du producteur 31 Cette loi dite des rendements non proportionnels s énonce comme suit : Si on augmente progressivement la quantité d un facteur de production variable tout en maintenant fixes les autres facteurs, la quantité produite augmente, d abord plus que proportionnellement, ensuite moins que proportionnellement, passe par un maximum et décroît par la suite. Cette loi semble intuitivement vraie et elle a souvent été observée en pratique, notamment dans l agriculture et dans l industrie. Le même raisonnement s applique d ailleurs au facteur capital combiné au facteur travail. 2.3 Les coûts de production L utilisation des facteurs de production nature, travail et capital implique pour l entreprise des coûts de production qu elle doit supporter, si elle veut obtenir un certain volume de production. Tous les développements qui vont suivre se situent dans une période courte, caractérisée par une quantité fixe de capital technique disponible, l augmentation de la production se faisant par une augmentation de la quantité de travail et/ou de la quantité de matières premières ou auxiliaires utilisées. Si on raisonnait en période longue, alors il faudrait admettre que l échelle de la production puisse être modifiée, ou, en d autres termes, que le volume du facteur capital (équipements techniques, machines, outillage, etc.) puisse être modifié. On distingue généralement les coûts totaux, calculés sur l ensemble de la production, et les coûts unitaires, calculés par unité ou pièce produite Les coûts totaux Les coûts totaux se subdivisent de la façon suivante : - Les coûts fixes totaux (CFT) sont indépendants du volume de production et la firme doit les supporter même si la production est faible, voire nulle ; il s agit, par exemple, des loyers, des assurances, de l entretien et de l amortissement des équipements ou des intérêts débiteurs sur emprunts. L équation correspondante s écrit : CFT = d = constante (d > 0) Première partie Economie politique I ère D

32 32 Microéconomie Sur le graphique 2.2 on remarque que le coût fixe total est représenté par une droite horizontale. - Les coûts variables totaux (CVT) dépendent directement du volume de production ; ils sont nuls, si la production est nulle ; ils augmentent, si la production augmente, mais pas nécessairement de manière proportionnelle. Comme exemples on peut citer les coûts engendrés par la consommation intermédiaire : matières premières, marchandises, énergie, etc. (cf. loi des rendements non proportionnels). Les CVT sont donc une fonction croissante du volume de production, mais le rythme de croissance est supposé variable, comme le montre le graphique 2.2. Dans une première phase les CVT augmentent moins vite que la production, puis la courbe passe par un point d inflexion I, avant d augmenter à un rythme croissant. (Le cas particulier d une fonction de CVT strictement linéaire sera étudié en fin de chapitre). L équation correspondante est du 3e degré et s écrit : CVT = aq 3 + bq 2 + cq (a > 0; b < 0; c > 0) Fig Les coûts totaux I ère D Economie politique Chapitre 2

33 Théorie du producteur 33 - Le coût total (CT) est la somme des coûts fixes et des coûts variables. Notons que l allure de la courbe des CT est identique à celle des CVT, mais décalée vers le haut pour une valeur correspondant à celle des CFT, comme le montre le graphique 2.2. On a donc : CT = CVT + CFT et CT = aq 3 + bq 2 + cq + d Les coûts unitaires Les coûts unitaires se subdivisent de façon analogue : - Le coût fixe moyen (CFM) est obtenu en divisant le coût fixe total par la quantité produite: CFM = CFT q = d q Comme le CFT est constant, la fonction de CFM est décroissante au fur et à mesure que la quantité augmente. La production de masse permet, en effet, de répartir les coûts fixes sur une grande quantité. Du point de vue mathématique, si q +, le CFM 0 ; de même si q = 0, le CFM +. La fonction de CFM est donc une branche d hyperbole équilatère qui a pour asymptotes les deux axes de coordonnées. - Le coût variable moyen (CVM) s obtient en divisant le CVT par la quantité : CVM = CVT q = aq3 + bq 2 + cq q = aq 2 + bq + c - Le coût total moyen (CTM) est le coût total par unité produite : CTM = CVM + CFM = aq 2 + bq + c + d Les graphiques 2.3.a et 2.3.b montrent l allure des fonctions de coût total (CT, CVT, CFT) et de coût moyen (CTM, CVM, CFM). Notons les particularités suivantes : q Première partie Economie politique I ère D

34 34 Microéconomie les fonctions de CVM et CTM sont d abord décroissantes, passent par un minimum et deviennent ensuite croissantes ; elles reflètent exactement l allure des fonctions de CVT et de CT ; en effet, elles sont au minimum lorsque la pente de la droite qui relie l origine à la fonction de CVT respectivement CT est minimale (points A et B) ; la fonction de CTM est toujours au-dessus de celle du CVM, car elle inclut les CFM ; l écart entre le CTM et le CVM tend vers zéro si le CFM tend vers zéro ; par conséquent les fonctions de CTM et de CVM ont tendance à se rapprocher ; le minimum du CVM est atteint avant le minimum du CTM : la remontée du CVM précède donc celle du CTM. - Le coût marginal (C m ) est le coût supplémentaire ou additionnel engendré par la production d une unité supplémentaire, ou, en d autres termes, c est le coût de la dernière unité produite. Si on admet la parfaite divisibilité des biens, on peut raisonner sur des variations infinitésimales, et le Cm apparaît comme étant la dérivée du CT par rapport aux quantités : C m = CT q = CT ' (q) si Δq 0 L allure de la fonction de C m (voir graphique 2.3.b) se déduit de l allure de la fonction de CT ou de CVT. Comme le CT est une fonction croissante, le C m est toujours positif. Au début le C m est décroissant, car le CT augmente moins que proportionnellement, et la dérivée seconde du CT est négative (CT"(q) = C m (q) < 0). Lorsque le CT passe par son point d inflexion I, le Cm passe par son minimum et la dérivée seconde est nulle (CT" (q) = C m (q) =0). Ensuite le Cm est croissant (avec CT"(q) > 0) car le CT augmente à un taux croissant. Notons en fin de compte une propriété importante de la fonction de C m. Le C m coupe le CVM et le CTM en leur minimum. Aussi longtemps que le coût marginal est inférieur aux coûts moyens, ceux-ci sont décroissants ; lorsque le C m se situe audessus, les coûts moyens sont croissants. I ère D Economie politique Chapitre 2

35 Théorie du producteur 35 Fig (a) Les fonctions de coûts totaux et (b) unitaires Première partie Economie politique I ère D

36 36 Microéconomie La preuve mathématique, similaire à celle fournie au point 2.2 dans le cadre de la loi sur les rendements non proportionnels, vaut aussi bien pour le CTM que pour le CVM. Comme les coûts moyens dépendent de la quantité on peut écrire : CM = f(q) q La fonction de CM passe par un minimum si CM (q) = [ f(q) q ] = 0 Comme f(q) q représente un rapport de fonctions du type y = u v d appliquer les règles de dérivation et on trouve que : il suffit f ' (q) = f(q) q c.-à-d. C m = CM Un cas particulier : la fonction de CVT est linéaire Si le coût variable total est strictement proportionnel au volume de production, on obtient une fonction linéaire comme le montre le graphique 2.4.a. On a alors : CVT = aq avec (a > 0) et CFT = d = constante et CT = aq + d On déduit que : C m = CT'(q) = a et CVM = aq q = a et CFM = d q et CTM = a + d q Dans ce cas particulier le C m est constant et égal au CVM. Le CTM est toujours décroissant et représenté par une hyperbole ayant comme asymptotes l axe des ordonnées et la droite du C m (voir graphique 2.4.b). I ère D Economie politique Chapitre 2

37 Théorie du producteur 37 Fig (a) Coûts totaux linéaires, (b) coûts unitaires 2.4 Les recettes du producteur Si on admet l hypothèse d un marché en concurrence parfaite qui respecte la condition d atomicité (voir chapitre 3), le producteur individuel n a aucune influence sur le prix de vente de son produit ni sur le prix des facteurs qu il doit acquérir. Il est ce qu on appelle un price-taker, il subit le prix et sa seule variable d action est la quantité qu il décide de produire ; il est donc un adaptateur de quantités. Le prix est fixé par le marché et s impose au producteur individuel, comme le montrent les graphiques 2.5.a et 2.5.b ci-dessous. Première partie Economie politique I ère D

38 38 Microéconomie Fig (a) Equilibre du marché ; (b) fonction de débouché Le prix d équilibre p E est déterminé par la confrontation de l offre et de la demande sur le marché (figure 2.5.a) ; on obtient ainsi la fonction de prix, encore appelée fonction de débouché du producteur individuel ou fonction de demande à la firme (figure 2.5.b). Il s agit d une droite horizontale ; cela signifie qu une variation du volume de production d un producteur individuel n a pas d influence sur le prix, ou, en d autres termes, que le producteur individuel pourrait vendre n importe quelle quantité à ce prix. La fonction de prix nous permet de déduire les fonctions de recettes suivantes : la recette totale (RT) s obtient en multipliant le prix par la quantité ; la recette moyenne (RM) s obtient en divisant la recette totale par la quantité ; la recette marginale (R m ) est la recette supplémentaire obtenue par la vente d une unité supplémentaire ; toujours sous l hypothèse de la parfaite divisibilité des biens, la R m est la dérivée de la fonction de RT. On a donc les fonctions suivantes : RT = pq RM = pq q R m = RT (q) = (pq) = p Dans le cas d un producteur individuel agissant comme price-taker on constate que la recette moyenne et la recette marginale sont égales au prix : RM = R m = p Sur les deux graphiques ci-dessous on voit que la recette totale est une fonction linéaire qui passe par l origine (graphique 2.6.a) et que les fonctions de recette moyenne, de recette marginale et de prix se confondent et sont représentées par une droite horizontale (graphique 2.6.b). I ère D Economie politique Chapitre 2

39 Théorie du producteur 39 Fig (a) Recette totale ; (b) recettes unitaires 2.5 L équilibre du producteur individuel Ayant défini et précisé l objectif ainsi que les contraintes du producteur individuel, il s agit maintenant d associer tous ces éléments afin de déterminer l équilibre ou l optimum du producteur : quel est le volume de production qui lui permet de maximiser son profit (π)? On peut dégager mathématiquement la condition d équilibre, sachant que le profit se détermine à partir des recettes totales et des coûts totaux : π = RT CT Selon la condition de 1er ordre (CPO), le profit est maximal si π'(q) = 0 c est-àdire si (RT CT)' = 0 ou RT'(q) CT'(q) = 0 et R m = C m. Selon la condition de second ordre (CSO), il faut que π''(q) < 0, c est à dire que R m '(q) C m '(q) < 0. Puisque R m '(q) = 0, on trouve que C m '(q) > 0. Première partie Economie politique I ère D

40 40 Microéconomie Comme le C m a deux points d intersection avec la R m, il faut toujours considérer le point d intersection avec la branche croissante du C m. Pour maximiser son profit, le producteur devra donc produire une quantité qui lui permet d égaliser recette marginale et coût marginal, de sorte que la recette de la dernière unité produite couvre exactement le coût déboursé pour sa fabrication Equilibre sur le graphique des coûts et recettes unitaires Sur le graphique 2.7, le point E marque l intersection entre la R m et le C m. Il détermine une quantité d équilibre q E qui est optimale, dans le sens où elle procure au producteur un profit maximal. Toute variation du volume de production, même minime, ferait baisser le profit. La quantité d équilibre q E détermine à son tour le niveau du CTM (point D sur le graphique), ce qui permet de visualiser le profit total réalisé, représenté par la surface DEFG. En effet la distance ED représente le profit moyen (π M = RM CTM) qu il suffit de multiplier par la quantité Oq E pour obtenir le profit total maximal Equilibre sur le graphique des coûts totaux et des recettes totales Il est possible de déterminer l optimum du producteur à partir des coûts totaux et des recettes totales (voir graphique 2.8). Aux points E et J, les pentes des deux fonctions RT et CT sont égales, donc leurs dérivées sont égales, c est-à-dire R m = C m. Ces point E et J permettent de déterminer la quantité optimale à produire q E ainsi que le profit total représenté par la distance EJ ou HI. Il est possible d aligner verticalement trois graphiques présentant sous trois optiques différentes la même solution mathématique et graphique du problème (voir graphiques 2.9). La figure 2.9.a montre l équilibre par les recettes et coûts totaux, le graphique 2.9.b montre l équilibre par les coûts et recettes unitaires, et la figure 2.9.c représente les fonctions de profit total (π = RT CT), de profit moyen (π M = π ) et de q profit marginal (π m (q) = π (q)) qui est nul à l optimum. On remarque que tous les points d intersection et toutes les valeurs correspondantes des variables doivent concorder sur les trois graphiques simultanément. I ère D Economie politique Chapitre 2

41 Théorie du producteur 41 Fig Equilibre du producteur : R et C unitaires Fig Equilibre du producteur : R et C totaux Première partie Economie politique I ère D

42 42 Microéconomie Les seuils de rentabilité Le seuil de rentabilité (S.R.), notion que l on retrouve également en analyse financière, est défini comme étant la quantité à produire (et à vendre) pour que la firme ne réalise pas de perte. On a donc, par définition : Au S.R. : CT = RT CTM = RM π = 0 Ces trois égalités se vérifient simultanément sur les trois graphiques. La particularité des fonctions de coût (du 3e degré) utilisées dans les développements précédents réside dans le fait qu elles admettent un seuil de rentabilité inférieur (S.R. inf ) et un seuil de rentabilité supérieur (S.R. sup ), volume de production à ne pas dépasser. Ces deux seuils délimitent un intervalle ou une zone de profit bien précise en dehors de laquelle le producteur réalise une perte, comme le montre le graphique 2.9.c. Notons toutefois que si on admet une fonction de CT linéaire, il n y a qu un seul seuil de rentabilité et il n est pas possible de déterminer un profit maximal ; en effet il y a bien un seuil de rentabilité à partir duquel le résultat devient positif, mais il n y a pas de maximum Application résolue Nous allons présenter une application résolue qui permettra de suivre la démarche étape par étape. Soit CT = q 3 20q q et p = 102 Travail à faire : 1) Présenter toutes les fonctions de coûts, de recettes et de profit ; 2) déterminer l équilibre du producteur ; 3) calculer le montant du profit maximal. I ère D Economie politique Chapitre 2

43 Théorie du producteur 43 - CVT = q3 20q q et C FT = 226 RT = 102q CTM = q2 20q q CVM = q2 20q CFM = 226 q RM = 102 π = q3 + 20q2 48q π M = q2 + 20q 48 q C m = 3q2 40q et R m = 102 π m = 3q2 + 40q 48 - A l équilibre on a : C m = R m (C.P.O) donc : 3q 2 40q = 102 3q 2 40q + 48 = 0 Δ = 1024 et =32 q 1 = 12 à retenir suivant C.S.O (CT (q) > 0 ) q 2 = 1,33 à rejeter CT''(q) = C m '(q) = 6q 40 pour q 1 : CT'' = 32 > 0 pour q 2 : CT'' = 32 < 0 - Le profit est maximal pour une quantité q = 12 π = RT C T = q3+ 20q2 48q 226 π = (12)3+ 20(12)2 48(12) 226 π = 350 La représentation graphique de cet exercice est donnée par la figure 2.9. Première partie Economie politique I ère D

44 44 Microéconomie Fig Equilibre du producteur selon les trois optiques a-b-c I ère D Economie politique Chapitre 2

45 Théorie du producteur La fonction d offre du producteur individuel Partons de l équilibre du producteur et faisons varier le prix de vente p à plusieurs reprises (voir graphique 2.10). Supposons que p augmente successivement de p 1 en p 2 puis en p 3 de façon à ce qu on ait : p 1 < p 2 < p 3. On constate que l équilibre se déplace de E 1 en E 2 puis en E 3, et que les quantités d équilibre correspondantes passent de q 1 en q 2 puis en q 3 avec q 1 < q 2 < q 3. La quantité produite et offerte par le producteur augmente donc si le prix augmente et vice-versa. Si on répète cette opération un grand nombre de fois, on obtient une courbe d offre croissante qui se confond avec la fonction du coût marginal pour autant qu elle soit supérieure au minimum du CVM. Fig La fonction d offre du producteur individuel Le minimum du CVM représente le seuil de fermeture (S.F.) ; en effet, si le prix chute en-dessous de ce seuil, la firme ne récupère même pas ses coûts variables et elle sera forcée d arrêter sa production pour éviter des pertes encore plus graves. Tant que le prix est situé entre le minimum du CVM et le minimum du CTM, la firme continuera à produire (à perte) pour récupérer au moins une partie des coûts fixes. Si le prix est égal au minimum du CTM, (sachant que p = RM), la firme atteint son seuil de rentabilité (S.R.), défini cette fois par rapport au prix. (Dans la section précédente le seuil de rentabilité était défini par rapport au volume de production, à prix donné et constant). Première partie Economie politique I ère D

46 46 Microéconomie 2.7 La fonction d offre du marché Pour connaître l offre du marché, il faut agréger les fonctions d offre de tous les producteurs individuels. Le graphique 2.11 nous montre l addition horizontale de deux fonctions d offre individuelles A et B, à prix donnés p 1 et p 2. L équation d une fonction d offre supposée linéaire est la suivante : O = q o = γp + δ (γ > 0; δ > 0 ou δ 0) Fig La fonction d offre du marché 2.8 Exercices - Soit une fonction de coût total : CT = q 3-12q q Le prix d équilibre du marché est de p = 60. Travail à faire : a) Etablir toutes les fonctions de coûts, de recettes et de profit du producteur ; b) déterminer l équilibre du producteur ; c) calculer le montant du profit réalisé à l optimum ; d) déterminer les niveaux de prix correspondant au seuil de fermeture et au seuil de rentabilité de l entreprise individuelle ; e) déterminer les volumes de production correspondant aux seuils de rentabilité inférieur et supérieur (qui déterminent la zone de profit de l entreprise, à prix donné) ; f) représenter l équilibre sur trois graphiques alignés (travail sur ordinateur) et vérifier par les calculs mathématiques. I ère D Economie politique Chapitre 2

47 Le marché en concurrence parfaite 47 Chapitre 3 Le marché en concurrence parfaite Dans les deux chapitres précédents nous avons dégagé la fonction de demande et la fonction d offre qu il s agit maintenant de mettre en relation dans le cadre d un marché dont il faudra au préalable préciser les modalités de fonctionnement. 3.1 Les conditions de la concurrence parfaite Le marché est dit en concurrence parfaite, s il suffit aux conditions suivantes: homogénéité des produits : les produits sont tous identiques, il n y a pas de différence de qualité, de sorte que le prix est le seul et unique facteur qui détermine le choix du consommateur ; en fait, il y a peu de produits homogènes : citons comme exemple les titres, les devises, le pétrole ou le sucre blanc raffiné, etc.; transparence du marché : tous les participants sont parfaitement informés sur les prix et les quantités, de sorte que personne ne peut profiter d avantages d information ; dans ce cas, il ne peut se former sur un marché particulier qu un seul prix, car tout offreur exigeant un prix supérieur ne trouverait pas d acheteur ; atomicité du marché : il y a un grand nombre de participants, mais aucun d entre eux n a une influence sur le prix ou sur les quantités échangées, tant du côté de l offre que du côté de la demande, de sorte qu il ne peut y avoir aucune concentration de pouvoir économique ; Première partie Economie politique I ère D

48 48 Microéconomie fluidité du marché et mobilité des facteurs de production : il y a parfaite liberté de transactions qui s effectuent sans aucune entrave ou barrière ; les facteurs travail et capital circulent librement à la recherche de la meilleure rémunération possible ; cette condition de libre accès au marché est essentielle pour la suite des développements. Il va sans dire que, généralement, les marchés réellement existants ne remplissent pas toutes les conditions présentées ci-dessus. Voilà pourquoi on considère le marché de concurrence parfaite comme un modèle de référence abstrait et normatif. Mais certains marchés s en rapprochent tout de même, comme les bourses de marchandises ou de titres, ainsi que le marché des changes. 3.2 L équilibre du marché en courte période Si on considère la période courte, le volume de production des firmes peut se modifier, mais uniquement dans le cadre d une capacité de production donnée (facteur de production K fixe). Sur le marché d un bien particulier, le prix se détermine par confrontation de l offre (q o ou O) et de la demande (q d ou D) du marché. Il y a équilibre au point d intersection E entre O et D, où les quantités offertes et demandées sont égales pour un prix déterminé. Ce point d intersection, normalement unique, détermine donc un prix d équilibre p e et une quantité échangée à l équilibre q e (voir graphique 3.1). Fig Equilibre du marché I ère D Economie politique Chapitre 3

49 Le marché en concurrence parfaite 49 On peut déterminer l équilibre mathématiquement en partant des équations relatives à O et D et de la condition d équilibre O = D. Supposons une fonction d offre : O = q o = 3p + 9 et une fonction de demande : D = q d = 6p + 27 en posant O = D on obtient 3p + 9 = 6p + 27 et p e = 2 en introduisant ce prix d équilibre dans la fonction de O ou D, on obtient q e = 15 Il n y a aucune raison pour que ce prix d équilibre s installe d office, mais les forces du marché et les mécanismes d ajustement du marché sont tels que le prix, par des ajustements progressifs, converge vers ce prix d équilibre, comme le montre le graphique 3.2. Fig Les mécanismes d ajustement du marché Supposons d abord un prix p 1 supérieur à p e : à ce prix-là il y a un excès d offre par rapport à la demande existante (O 1 > D 1 ). Cet excès d offre exerce une pression à la baisse sur le prix ; celui-ci va successivement diminuer jusqu à atteindre le niveau d équilibre p e où l écart entre O et D est complètement résorbé. De même, si on part d un prix p 2 inférieur à p e, l excès de demande (D 2 > O 2 ) fera monter le prix jusqu à ce qu il atteigne le niveau p e. Cet équilibre est stable tant qu il n y a pas de choc exogène qui vienne le perturber. Première partie Economie politique I ère D

50 50 Microéconomie 3.3 Modifications de l équilibre Les fonctions d offre et de demande du marché peuvent se modifier, c est à dire se déplacer, si un ou plusieurs facteurs exogènes viennent à se modifier. Pour la demande, ces facteurs sont les suivants : les goûts et les préférences des consommateurs ; le revenu des consommateurs ; le nombre de consommateurs ; le prix des autres biens. Pour l offre, ces facteurs sont : le nombre d offreurs ; le prix des facteurs de production ; le progrès technique. Afin d analyser en détail l impact de ces variations sur l équilibre, nous allons distinguer plusieurs scénarios Modifications non conjointes de l offre et de la demande Dans ce cas, une des deux fonctions se déplace tandis que l autre reste fixe : a) O constante ; D variable (graphique 3.3) Fig Offre constante, demande variable I ère D Economie politique Chapitre 3

51 Le marché en concurrence parfaite 51 si la demande augmente, cela signifie qu à prix donné, les acheteurs demandent une quantité plus élevée ou, ce qui revient au même, que pour une quantité donnée, ils sont prêts à payer plus cher ; la fonction de demande se déplace vers la droite ; si la demande diminue, le raisonnement aboutit à la conclusion inverse : la fonction de demande se déplace vers la gauche ; si D augmente et passe en D, l équilibre se déplace de E en E avec, comme effet, une hausse du prix et de la quantité d équilibre qui passent en p' et en q' si la demande baisse de D en D, l équilibre se déplace de E en E avec, comme effet, une baisse du prix et de la quantité. b) D constante ; O variable (graphique 3.4) si l offre augmente, cela signifie qu à prix donné, les vendeurs sont prêts à offrir plus ou que, à quantité constante, ils sont prêts à vendre moins cher ; la fonction d offre se déplace vers la droite ; si l offre diminue, la fonction d offre se déplace vers la gauche et on aboutit à la conclusion inverse ; si l offre augmente et passe de O en O, l effet sera une baisse du prix et une hausse des quantités échangées ; si l offre diminue de O en O, l effet sera inverse : le prix augmente et la quantité diminue. Fig Demande constante, offre variable Première partie Economie politique I ère D

52 52 Microéconomie Modifications conjointes de l offre et de la demande Dans ce cas les deux fonctions se déplacent simultanément : a) Modifications dans le même sens (graphique 3.5) Fig Modifications de O et D dans le même sens si O et D augmentent en même temps, les deux fonctions se déplacent vers la droite ; la quantité d équilibre augmente mais l effet sur le prix reste indéterminable, en fait celui-ci dépend de l amplitude des variations de O et de D; si O et D diminuent, il en résulte une baisse de la quantité échangée avec toujours la même indétermination quant au prix. b) Modifications dans le sens opposé (graphique 3.6) si l offre augmente et la demande baisse, le prix baisse et la variation de la quantité dépend de l ampleur des modifications de l offre et de la demande ; si l offre baisse et la demande augmente, le prix augmente et la variation de la quantité dépend de nouveau de l ampleur des modifications de l offre et de la demande. I ère D Economie politique Chapitre 3

53 Le marché en concurrence parfaite 53 Fig Modifications de O et D dans le sens opposé 3.4 L équilibre de longue période En période longue, les conditions de production se modifient, c est-à-dire tous les facteurs de production sont variables. Vers où tendra alors le prix d équilibre sur un marché déterminé? Supposons d abord que toutes les firmes produisent dans les mêmes conditions ; les courbes de coûts étant toutes identiques, nous pouvons raisonner sur une firme quelconque, représentative de tout le secteur. Le graphique 3.7, montre qu à un moment donné l équilibre entre l offre O 1 et la demande D détermine un prix d équilibre p 1 qui s impose à tous les producteurs, supposés être des price-takers. Au prix p 1 le secteur réalise un superprofit, égal à la différence entre le prix p 1 et le coût total moyen CM, ce dernier incluant un profit normal revenant au chef d entreprise. Compte tenu de la parfaite mobilité des facteurs et du libre accès au marché, le superprofit va attirer de nouvelles firmes sur le marché. Leur production supplémentaire va faire augmenter l offre du marché qui se déplace de O 1 en O 2. Il en résulte une baisse du prix d équilibre qui passe de p 1 à p 2 et une baisse de l offre de chaque firme de q 1 en q 2. Première partie Economie politique I ère D

54 54 Microéconomie Etant donné que pour un niveau de prix p 2 il subsiste encore un superprofit, le même mécanisme va se répéter jusqu à ce que le prix atteigne le niveau p 4, égal au minimum du coût moyen. Pour ce prix p 4 il n y a plus de superprofit et l entrée de nouveaux concurrents sur le marché cesse. Si jamais il y avait un nombre excessif de nouvelles entrées, le prix chuterait en-dessous du minimum du CM, jusqu au niveau p 5 par exemple. Toutes les firmes feraient alors des pertes et se retireraient du marché, ce qui ferait baisser l offre globale et augmenter le prix. Fig a/b : L équilibre de longue période Nous constatons donc qu à long terme le prix converge vers le minimum du coût moyen, que l arrivée de nouveaux concurrents fait augmenter l offre totale et qu en même temps elle fait baisser le prix et la part de marché de chaque entreprise. Il convient maintenant de lever l hypothèse de départ, très irréaliste, suivant laquelle le niveau et l allure des fonctions de coût seraient identiques pour toutes les firmes. Les entreprises plus performantes ont un niveau de coût inférieur à celles moins compétitives. Si on applique le même raisonnement que plus haut, on arrive à la conclusion qu à long terme, le prix tend vers le minimum du CM des firmes les plus productives, ayant le niveau de coût le moins élevé. Les autres firmes sont soit condamnées à disparaître, soit forcées de modifier leur structure et leur niveau de coût pour rester compétitives sur le marché. I ère D Economie politique Chapitre 3

55 Le marché en concurrence parfaite 55 Il faut constater que, paradoxalement, les lois de la concurrence parfaite conduisent à l élimination d entreprises et à la concentration économique, contrecarrée, il est vrai, par l apparition incessante de nouveaux concurrents, dans un processus continu de création et de destruction. 3.5 L équilibre général La loi de l offre et de la demande ne se limite pas au marché des biens et services, mais s applique également au marché des facteurs de production, à condition d admettre qu il y ait concurrence parfaite sur ces marchés, ce qui est loin d être le cas (cf. 7.1, Le marché du travail ). Les auteurs classiques et néo-classiques, qui ont développé le modèle jusqu au bout de sa logique, sont arrivés aux conclusions suivantes : en principe tous les prix sont fixés de la même façon, sur tous les marchés. On parle d équilibre général lorsqu il y a équilibre simultané sur tous les marchés particuliers. Les prix ainsi déterminés jouent un rôle fondamental en économie : d une part ils reflètent les préférences des consommateurs et les coûts de production des entreprises et d autre part ils sont un indicateur de rareté. Globalement ils constituent un système d information et de régulation pour les agents économiques. L augmentation du prix d un bien, par exemple le pétrole, signal émanant du marché, informe la collectivité que le bien ou la ressource en question est devenu plus rare et qu il doit être utilisé de manière plus rationnelle ou économe. Les réactions des agents économiques permettent alors d orienter la production et la consommation vers des utilisations plus efficaces et plus avantageuses pour tous. A partir de ces actions individuelles, en assurant l utilisation optimale de toutes les ressources, c est tout le système économique qui est orienté vers la situation optimale, la meilleure possible pour la collectivité entière. Cette conclusion permet de comprendre la volonté, exprimée par un grand nombre de responsables de la politique économique, d éliminer les entraves à la concurrence afin que les marchés réels se rapprochent de plus en plus du cadre théorique de la concurrence pure et parfaite. Les Etats-Unis adoptèrent déjà en 1890 le Sherman Act, interdisant les monopoles et certaines pratiques anti-concurrentielles. L article 58 du Traité de Rome instituant la Communauté économique européenne interdit toutes pratiques concertées qui ont pour objet ou pour effet de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence. Première partie Economie politique I ère D

56 56 Microéconomie Au Luxembourg, la loi du 17 mai 2004 relative à la concurrence stipule que les prix des biens et services sont librement déterminés par le jeu de la concurrence. La même loi interdit toute forme d accord ou entente entre entreprises qui empêcherait ou fausserait le jeu de la concurrence. Force est de constater qu aujourd hui la concurrence est beaucoup plus présente et plus forte sur de nombreux marchés libéralisés, comme les télécommunications, le gaz, l électricité ou le transport par rail pour ne mentionner que ces quelques exemples. 3.6 Le concept d élasticité Le coefficient d élasticité est un instrument mathématique qui permet de mesurer la réaction ou la sensibilité plus ou moins prononcée de l offre ou de la demande suite à une variation de prix ou de revenu. Nous allons passer en revue les différents types d élasticité L élasticité-prix de la demande (e D/p ) Cette élasticité mesure la variation de la demande d un bien face à une modification de son prix. a) Formules Le coefficient d élasticité-prix de la demande (e D/p ou simplement e p ) s exprime par le rapport entre la variation relative de la quantité demandée (Δq/q) et la variation relative du prix (Δp/p). e D/p = q q p p = q q p = q p p p q Il est parfois plus commode d exprimer ces variations sous forme de pourcentage. Si le prix passe de 10 à 12 et que la quantité demandée diminue de 100 à 90, alors la variation relative du prix est de + 20% et la variation relative de la demande est de -10% ce qui donne un coefficient de e D/p = 10% 20% = - 0,5 I ère D Economie politique Chapitre 3

57 Le marché en concurrence parfaite 57 Si on admet la parfaite divisibilité des biens et du prix (avec Δp 0), il est possible de calculer l élasticité en un point quelconque de la fonction de demande grâce à la formule de l élasticité-point suivante : e D/p = D (p) p q D (p) est la dérivée de la fonction de demande par rapport au prix ; si on admet par exemple une fonction de demande linéaire D = q d = 4p + 12, alors e D/p = D (p) p q = - 4 p q = 4p 4p+12 Il faut remarquer que le coefficient d élasticité ne doit pas être confondu avec la pente de la courbe de demande : il n est pas constant le long de la droite dans le cas de la fonction de demande linéaire, car il dépend du prix. Ce coefficient augmente (en valeur absolue) si le prix augmente. b) Valeurs de e D/p normalement e D/p < 0, car la demande est une fonction décroissante du prix et le rapport (Δq/Δp) est nécessairement négatif ; si 1 < e D/p < 0 on dit que la demande est inélastique parce qu elle réagit faiblement ; c est le cas pour les biens et les services essentiels comme l alimentation, la santé ou le transport ; si e D/p = 0,5, cela signifie que si le prix varie de 1%, la demande varie de 0,5% dans le sens opposé ; si e D/p = 1 alors prix et demande varient d une même intensité ; une variation de 2% du prix induit une variation de 2% de la quantité ; si < e D/p < 1 on dit que la demande est élastique ; si e D/p = 4 cela signifie qu une variation du prix de 1% induit une variation de la demande de 4% dans le sens opposé ; si e D/p = 0 la demande est dite parfaitement rigide ou parfaitement inélastique, c est-à-dire totalement insensible à une variation du prix ; si e D/p = la demande est dite parfaitement élastique. On constate en général que l élasticité est d autant plus forte que les possibilités de substitution du bien en question sont plus grandes. La figure 3.8 illustre les différentes fonctions de demande suivant leur degré d élasticité. Première partie Economie politique I ère D

58 58 Microéconomie Fig L élasticité-prix de la demande c) Fonction de demande linéaire Il convient d analyser plus en détail l élasticité-prix le long d une fonction de demande linéaire sur base du graphique 3.9. L équation de la fonction de demande est la suivante : On peut établir que : D = q d = αp + β (α < 0; β > 0) q = 0 p = - β α p = 0 q = β p = - β 2α q = β 2 I ère D Economie politique Chapitre 3

59 Le marché en concurrence parfaite 59 Fig Fonction de demande linéaire Déterminons l élasticité pour ces 3 points particuliers : q = 0 e D/p = D (p) p q = α p 0 = - p = 0 e D/p = D (p) p q = α 0 q = 0 p = - β 2α e D/p = D (p) p q = α β 2α β 2 = - 1 d) Demande à élasticité constante ou isoélastique Admettons une fonction de demande ayant la forme d une hyperbole équilatère comme le montre la figure L équation de la fonction est la suivante : D = q d = ap n (a > o; n < 0) Première partie Economie politique I ère D

60 60 Microéconomie On établit que e D/p = D (p) p q = n Dans ce cas l élasticité est constante tout le long de la courbe et égale à l exposant n ; si on admet une demande du type D = a alors e D/p = 1 et l élasticité est unitaire. p e) Elasticité croisée Fig Demande isoélastique L élasticité croisée de la demande du bien i par rapport au prix du bien j, notée e Di/pj mesure la réaction de la demande du bien i suite à la variation du prix du bien j : e Di /pj = qi qi pj pj si e Di /pj > 0, cela signifie qu une hausse du prix du bien j (p.ex. le transport individuel) entraîne une hausse de la demande pour le bien i (p.ex. le transport public) ; nous sommes en présence de biens de substitution ; si e Di /pj < 0, une hausse du prix du bien j (p. ex. l essence) entraîne une baisse de la demande pour le bien i (p.ex. voitures à grosse cylindrée) ; il s agit alors de biens complémentaires. I ère D Economie politique Chapitre 3

61 Le marché en concurrence parfaite Elasticité-revenu de la demande (e R ) Cette élasticité exprime le rapport entre la variation relative de la consommation et la variation relative du revenu, la formule étant : e R = On retrouve ici les raisonnements développés à la section 1.8 où il est question de la courbe d Engel : si e R < 0, il s agit de biens inférieurs (lard, pommes de terre...) dont la consommation diminue si le revenu augmente ; si 0 < e R < 1, la consommation augmente avec le revenu, mais proportionnellement moins que celui-ci ; c est le cas pour l alimentation ; si e R = 1, la consommation augmente proportionnellement au revenu ; c est le cas pour l habillement et le logement ; si e R > 1, il s agit de biens qualifiés de supérieurs, comme la santé, la culture ou les loisirs, dont la consommation augmente proportionnellement plus que le revenu. q q R R L élasticité-prix de l offre (e O/p ) Les définitions et formules sont identiques à celles concernant la demande, sachant bien sûr que la variable q utilisée dans les calculs concerne la quantité offerte et non pas demandée : e O/p = q p p q et e O/p = O (p) p q Remarquons que normalement e O/p > 0 car l offre et le prix varient dans le même sens. Notons encore le cas particulier d une fonction d offre strictement linéaire (voir graphique 3.11) ayant comme équation : O = q o = γp (γ > 0) Dans ce cas on a e O/p = O (p) p q = 1 Première partie Economie politique I ère D

62 62 Microéconomie L élasticité est unitaire et constante quelle que soit la valeur de γ. Fig Fonction d offre isoélastique Le paradoxe de King A la fin du XVIIe siècle l auteur anglais Gregory King ( ) remarqua un phénomène économique étrange : quand les récoltes étaient bonnes voire abondantes, les recettes des paysans risquaient de chuter, et à l inverse, quand elles étaient mauvaises, leurs recettes augmentaient. Comment comprendre ce paradoxe? L explication réside dans la nature particulière du marché des produits agricoles de base comme le blé, le café ou le sucre. L offre est très rigide car la récolte dépend des conditions climatiques et non pas directement du prix. La demande de produits agricoles est également caractérisée par une faible élasticité par rapport au prix. Sous ces conditions, une hausse de l offre provoque une baisse du prix et des recettes. Nous allons illustrer l effet de King par les graphiques 3.12.a et b ci- dessous. Sur les deux graphiques l offre augmente et passe de O 1 en O 2. L intersection avec la fonction de demande détermine à chaque fois un prix p 1 qui baisse en p 2, suite à l augmentation de l offre. Les recettes avant modification sont R 1 = p 1 q 1 et deviennent R 2 = p 2 q 2 suite à l augmentation de l offre. I ère D Economie politique Chapitre 3

63 Le marché en concurrence parfaite 63 Fig L effet de King : a et b La différence entre les deux graphiques réside dans l allure de la fonction de demande. Sur le graphique 3.12.a l équilibre se situe sur la partie élastique de la fonction de demande (e p < 1). Le revenu R 2 est supérieur à R 1, car la perte de revenu due à la baisse du prix (surface hachurée xxxx) est largement compensée par le gain de revenu dû à la hausse de la quantité (surface hachurée ++++). L effet de King ne joue pas. Sur le graphique 3.12.b l équilibre se situe sur la partie inélastique de la fonction de demande. Les recettes R 2 sont inférieures à R 1, car la perte de recettes due à la baisse du prix n est pas compensée par le gain de recettes suite à la hausse des quantités vendues. L effet de King joue pleinement dans ce cas. Si on veut simuler une hausse des recettes des paysans suite à de mauvaises récoltes, il suffit d inverser les raisonnements précédents. Les fortes fluctuations dans la production agricole ont pu être atténuées au fil du temps grâce aux importations (en temps de pénurie) ainsi qu aux exportations et au stockage (en cas de surplus). Il reste néanmoins que les prix agricoles peuvent subir de fortes fluctuations, souvent au détriment du secteur agricole des pays développés et frappant très durement de larges parties de la population rurale dans les pays en développement, dont beaucoup sont fortement dépendants de certaines monocultures (café, cacao, thé, fruits, etc.). Première partie Economie politique I ère D

64 64 Microéconomie C est pour cette raison que beaucoup de pays ont mis en place des systèmes d intervention sur les marchés agricoles afin de stabiliser les prix et de garantir les revenus 3.7 L intervention de l Etat sur les prix Les exemples historiques sont nombreux : en l an 301, l empereur Dioclétien fixa un prix maximum pour le pain ; pendant la révolution française, l Etat français fit de même pour le pain et la viande ; en général, durant les périodes de guerre, les Etats furent souvent amenés à intervenir directement sur les prix. Mais ce n est pas la seule action envisageable. L Etat moderne préfère souvent intervenir sur les déterminants du prix, à savoir l offre et la demande : en stockant ou en détruisant les surplus ; c est le cas de l Europe communautaire en matière de produits agricoles divers ; en bloquant ou en taxant les importations de certains produits ; en lançant des campagnes publicitaires et en organisant des distributions gratuites de certains biens (lait dans les écoles, etc.) ; en stimulant les investissements et la production par des primes diverses en cas de pénurie. Il est indispensable pour une économie moderne de connaître avec précision l évolution des prix. Grâce à l indice des prix (à la consommation ou à la production), les autorités publiques sont à même de mesurer et de surveiller cette évolution. En cas de nécessité ou suivant certaines décisions politiques, l Etat peut imposer un prix fixe (articles de tabac) ou un prix maximal à ne pas dépasser (produits pétroliers), ou un prix minimal garanti (produits agricoles). Dans des cas d inflation extrême, l Etat peut procéder au blocage des prix, souvent accompagné d un blocage des salaires. Encore faut-il que l Etat ait réellement la possibilité d intervenir sur le prix d un bien déterminé, qu il ait la maîtrise des prix, ce qui, dans une économie de plus en plus ouverte et mondialisée, n est souvent pas le cas. Les pays non producteurs de pétrole par exemple n ont pratiquement aucune possibilité d influencer l offre sur le marché et subissent donc très largement les variations de prix dictées par le marché mondial. I ère D Economie politique Chapitre 3

65 Le marché en concurrence parfaite 65 Les motifs de l intervention publique en matière de prix sont divers mais se résument finalement à deux types : soit il y a excès de demande et insuffisance de l offre, ce qui crée une situation de pénurie et de hausse des prix : mauvaises récoltes, catastrophes naturelles, guerres, etc. ; dans un souci de protéger les consommateurs et les couches sociales plus faibles, l Etat intervient en fixant des prix maxima ; soit il y a excès d offre, c est-à-dire surproduction et les prix ont tendance à chuter, comme c est le cas pour un certain nombre de produits agricoles ; afin de protéger les producteurs concernés ou de sauvegarder certaines branches économiques, l Etat fixe des prix minima garantissant un certain revenu. Nous allons analyser plus en détail ces deux situations typiques Fixation de prix maxima Imaginons que l Etat fixe un prix maximal, ou prix-plafond, pour un bien déterminé, dans le souci de protéger les consommateurs. Quels seront les effets de cette politique? Sur le graphique 3.13 on voit que le prix maximal p max est inférieur au prix d équilibre p e qui résulterait du libre jeu de l offre et de la demande. On constate également que pour p max, la quantité demandée excède largement la quantité offerte et que celle-ci est même inférieure à ce qu elle serait sans intervention de l Etat. En d autres termes, la fixation d un prix maximal aggrave encore plus la pénurie déjà existante et n apporte donc pas de solution durable au problème. La mesure peut être juste du point de vue social, elle reste inefficace du point de vue économique : il y a conflit d objectifs entre justice et efficacité! L observation a montré que l ajustement entre offre et demande, faute de pouvoir se faire par le prix, se réalise par d autres moyens : l apparition de files d attente : les derniers arrivés risquent de n être pas servis; la mise en place d un système de rationnement par lequel les autorités publiques décident des modalités d attribution du bien en question ; l apparition d un marché noir (illégal) ou d un marché gris (illégal mais toléré). Première partie Economie politique I ère D

66 66 Microéconomie Fig La fixation d un prix maximal Fixation d un prix minimal Si l Etat fixe un prix minimal ou prix-plancher pour un bien déterminé, il y aura apparition d un excès d offre (graphique 3.14). Comme le prix minimal p min est supérieur au prix d équilibre du marché p e, les producteurs sont incités à produire davantage. Les consommateurs se retrouvent pénalisés par un prix élevé qui constitue un frein à la demande. Dans ce cas aussi, la mesure s avère inefficace à résoudre le problème de la surproduction, à moins que l Etat n ait recours à des systèmes de quota (pour la production laitière européenne par exemple), dans le but de réduire artificiellement la production ou du moins d empêcher une hausse de celle-ci. Fig La fixation d un prix minimal I ère D Economie politique Chapitre 3

67 Le marché en concurrence parfaite 67 Notons que certains auteurs libéraux appliquent une analyse similaire au marché de l emploi et au salaire minimum, qu ils considèrent comme un frein à l emploi. 3.8 Exercices 1) Soit les fonctions d offre et de demande suivantes : O = q o = 3p + 5 et D = q d = 4p Travail à faire : a) Déterminer l équilibre du marché ; b) représenter l équilibre graphiquement ; c) calculer p et q sachant que Δβ = 5 et Δδ = 5 ; d) vérifier les calculs graphiquement ; e) calculer l élasticité de l offre et de la demande à l équilibre. 2) Soit une fonction de demande D = 4p et une offre parfaitement rigide qui augmente et passe de O 1 en O 2 avec : O 1 = 240 et O 2 = 300 Travail à faire : a) Déterminer l équilibre du marché pour O 1 et pour O 2 ; b) vérifier le paradoxe de King en déterminant la variation des recettes des producteurs et en calculant le coefficient d élasticité de la demande ; c) représenter les deux situations graphiquement. 3) Admettons que l Etat veuille réduire la consommation d un bien particulier de 40%. Sachant que le coefficient d élasticité-prix de la demande pour ce bien est constant et égal à -1,25, déterminer la variation de prix que l Etat devra imposer (à l aide d une taxe spéciale par exemple). Première partie Economie politique I ère D

68 68 Microéconomie Chapitre 4 La concurrence imparfaite Sauf rares exceptions, les marchés réels présentent des imperfections plus ou moins importantes par rapport au modèle de référence de la concurrence parfaite. Afin d analyser plus en détail les différents types d imperfections, nous allons reconsidérer une par une les hypothèses de la concurrence parfaite. 4.1 Des imperfections du marché Homogénéité des produits : la plupart des produits sont en fait hétérogènes, c est-à-dire présentant des caractéristiques différentes. Les producteurs offrent des gammes de produits pour les divers segments de marché et ont tendance à différencier leurs produits pour attirer une clientèle particulière. On parle d un marché en concurrence monopolistique (voir section 4.2). Transparence du marché : il y a asymétrie d information entre le producteur et le consommateur ; le producteur connaît en principe mieux les caractéristiques de son produit et du marché que le consommateur. Le consommateur mal informé devient facilement la proie d un marketing de plus en plus agressif et son comportement est largement influencé par des modèles culturels ou psychologiques. Le consommateur désireux de s informer le mieux possible doit tenir compte des coûts d information. Pour assurer la protection du consommateur, l Etat oblige les entreprises à fournir certains types d information (traçage et étiquetage des produits alimentaires par exemple). Atomicité du marché : le nombre de participants sur un marché est très variable et la taille des entreprises n est pas identique. Moins il y a d offreurs sur un marché, plus leur pouvoir économique, financier, voire politique est grand. En fonction du nombre d offreurs et de demandeurs on distingue divers cas typiques (voir tableau 4.1) dont nous analyserons plus en détail le monopole (section 4.3) et l oligopole (section 4.4). I ère D Economie politique Chapitre 4

69 La concurrence imparfaite 69 Fluidité du marché et mobilité des facteurs de production : malgré de fortes tendances à la dérégulation et à l ouverture des marchés, il reste des domaines protégés et/ou réglementés par l Etat, comme l accès à certaines professions (artisanat, professions libérales, etc.) ou le commerce extérieur ou encore le marché du travail (fortement réglementé en Europe, contrairement aux pays anglo-saxons). La mobilité de la main d œuvre dépend, quant à elle, de facteurs démographiques et sociologiques que nous ne traiterons pas dans le cadre de ce cours. Fig Types de marché à produits homogènes 4.2 La concurrence monopolistique Le terme semble paradoxal, dans la mesure où il combine les deux formes de marché les plus opposées, la concurrence et le monopole. En concurrence monopolistique, il y a, à la fois, un grand nombre de vendeurs et une différenciation des produits. A la concurrence par les prix vient s ajouter la concurrence par les produits. Chaque producteur essaie de différencier ses produits autant que possible pour disposer d une sorte de monopole, ne fût il que provisoire, sur son propre type de produit, son modèle ou sa marque. Ainsi l entreprise crée à la fois un produit dont elle détient l exclusivité et une clientèle qu elle tentera de fidéliser. La différenciation, c est-à-dire l hétérogénéité des produits, ne découle pas seulement de différences de qualité intrinsèques, mais aussi de leur conditionnement, de leur présentation, du service après-vente, des conditions de financement, de la localisation de l entreprise ou simplement de son image de marque. Citons comme exemple les chaînes de télévision ou de radio, les marques de vêtements ou de chaussures, mais aussi, à plus petite échelle, les restaurants ou les cafés. En fait, les petites entreprises sont souvent en situation de concurrence monopolistique, ne fût-ce que par leur avantage de proximité. Première partie Economie politique I ère D

70 70 Microéconomie Si l entreprise arrive à fidéliser une partie de sa clientèle, elle dispose d une marge de manœuvre quant au prix : une hausse du prix ne fera pas fuir tous les clients, une baisse du prix pourra en attirer des nouveaux. Par conséquent la fonction de débouché de la firme (ou de demande à la firme), qui exprime les quantités vendues en fonction du prix, n est plus une droite horizontale comme en concurrence parfaite, mais une fonction décroissante : au lieu de subir le prix, le producteur a la possibilité de fixer le couple prix quantité. En d autres termes, il peut faire varier le prix, par exemple de p 1 à p 2, mais il devra tenir compte de la réaction de sa clientèle, dont la demande passera de q 1 à q 2, comme le montre le graphique 4.2. Fig Fonction de débouché en concurrence monopolistique 4.3 Le monopole Il y a situation de monopole, si un seul producteur assure la totalité de l offre d un bien particulier, face à un grand nombre de demandeurs. Pour que le monopole soit parfait, il faut que l entreprise soit effectivement la seule sur le marché, qu il n y ait aucune concurrence, même pas en provenance de l étranger, et qu il n y ait aucun bien de substitution proche. Comme ces conditions sont particulièrement difficiles à remplir, le monopole parfait n existe que rarement en réalité ; il s agit plutôt d un modèle de référence, comme celui de la concurrence parfaite. Les monopoles sont souvent instaurés et/ou contrôlés par les pouvoirs publics : entreprises de transport en commun, entreprises de production ou de distribution d énergie et d eau potable, entreprises des postes et des télécommunications. Et même dans ces secteurs, il y a depuis quelques années de fortes tendances à la libéralisation des marchés. I ère D Economie politique Chapitre 4

71 La concurrence imparfaite 71 Le monopole est souvent temporaire dans la mesure où les entreprises par exemple lancent des produits nouveaux (un médicament spécifique, le CD ou l ipod) pour lesquels elles disposent d un monopole provisoire, jusqu à ce que des firmes concurrentes aient développé des produits similaires. Ceci explique l importance croissante de la recherche et du développement qui permettent justement aux entreprises de devancer leurs concurrents en développant des produits nouveaux. Le monopole peut être limité à une aire géographique : s il n y a qu un seul distributeur à essence sur un tronçon d autoroute de 100 km, l automobiliste à court de carburant n aura pas d autre choix ; de même, une chaîne de salles de cinéma peut disposer d un monopole dans une région déterminée La demande à la firme Supposons un monopole parfait. Comme le monopoleur est le seul offreur, il est confronté à la demande du marché. Les demandeurs n ayant pas d autre alternative, la demande qu ils adressent à la firme se confond donc avec la demande du marché. Par conséquent la fonction de débouché (qui exprime les quantités vendues en fonction du prix) est une courbe décroissante comme le montre le graphique 4.3. Elle s exprime par l équation suivante : p = aq + b (a < 0; b > 0) Le monopoleur, seul offreur sur le marché, n est plus un price-taker, mais un price-maker ; il peut librement choisir son prix, ou plutôt le couple prix-quantité, sachant qu une variation du prix aura des répercussions sur la demande et donc sur son chiffre d affaires. Fig La fonction de débouché (demande à la firme) du monopoleur Première partie Economie politique I ère D

72 72 Microéconomie Les fonctions de coûts et de recettes Les fonctions de coût total (CT), de coût total moyen (CTM) et de coût marginal (C m ) sont supposées être identiques à celles du producteur individuel (cf. chapitre 2). La recette totale (RT) du monopoleur s obtient en multipliant la quantité produite (et vendue) par le prix : RT = pq = (aq + b)q = aq 2 + bq (a < 0; b > 0) La recette moyenne (RM) s obtient en divisant la recette totale par la quantité ; on constate que la recette moyenne est décroissante et égale au prix : RM = RT = pq = p La recette marginale (R m ) s obtient en dérivant la fonction de RT par rapport à la quantité : q R m = RT ' (q) = 2aq + b (a < 0; b > 0) La fonction de R m décroît donc deux fois plus vite que la RM et coupe l axe des abscisses au point q = b 2a q Fig Les fonctions de recettes du monopoleur I ère D Economie politique Chapitre 4

73 La concurrence imparfaite 73 Les fonctions de RT, RM et R m sont représentées sur le graphique 4.4. La recette totale est une parabole qui s annule pour q = 0 et pour p = 0 (avec q = b ). Elle est a maximale si sa dérivée première est nulle, c est-à-dire si R m = L équilibre du monopoleur En fonction des stratégies poursuivies par la firme, il faudra envisager la maximisation du profit ou la maximisation de la recette totale. a) Maximisation du profit Si on suppose que l objectif du monopoleur est la maximisation du profit, la condition d équilibre est la même que celle du producteur individuel, à savoir C m = R m. Aussi longtemps que la recette supplémentaire est supérieure au coût supplémentaire, le monopoleur a intérêt à augmenter sa production. Dès que C m > R m, la production d une unité supplémentaire réduirait le profit. Fig Maximisation du profit Première partie Economie politique I ère D

74 74 Microéconomie On retrouve donc la même condition d équilibre que pour le producteur en concurrence parfaite, à la différence près que le prix de vente est ici supérieur à la recette marginale et donc au coût marginal. D après la condition de second ordre de maximisation du profit : π'' < 0 ; R m ' C m ' < 0 ; R m ' < C m ' : la pente du C m doit être supérieure à la pente de la R m. L intersection, au point E, entre les fonctions de C m et de R m détermine la quantité d équilibre q e et le prix d équilibre p e, ce qui permet de déterminer la recette totale, le coût total et le profit maximal, visualisé par la surface hachurée (voir figure 4.5). Le profit moyen est mesuré sur l échelle des ordonnées par l écart entre la recette moyenne et le coût moyen. b) Maximisation de la recette totale Le monopoleur peut décider de poursuivre une stratégie différente, qui vise à maximiser sa recette totale, c est-à-dire son chiffre d affaires, et non pas le profit. Dans ce cas, on vérifie, par le graphique et par le calcul, que les quantités produites augmentent et que le prix diminue (voir graphique 4.6). En effet, la recette totale est maximale quand la recette marginale s annule, ce qui est le cas pour une quantité q 1 = b 2a et pour un prix p 1 = b 2 Fig Maximisation de la recette totale I ère D Economie politique Chapitre 4

75 La concurrence imparfaite 75 Fig Equilibre du monopole selon les trois optiques a-b-c Première partie Economie politique I ère D

76 76 Microéconomie Une stratégie de prix bas peut s avérer utile lorsque le monopoleur veut empêcher l apparition de nouveaux concurrents. Il est même possible que dans une telle situation le profit soit négatif. Tout dépend en fait du niveau de la courbe de coût moyen. Remarque : Il est possible de déterminer l optimum du monopoleur par un graphique représentant le coût total et la recette totale, ou par un graphique représentant le profit total, le profit moyen et le profit marginal. Comme pour le modèle du producteur individuel, les trois graphiques alignés verticalement donnent des solutions identiques pour les trois optiques (voir graphique 4.7.a/b/c) Critique du monopole Sur un marché en concurrence parfaite l équilibre du marché se situe au point d intersection entre l offre et la demande du marché (O = D). La demande se confond avec la fonction de débouché du monopoleur et si celui-ci se comportait comme en concurrence parfaite, l offre correspondrait à sa courbe de coût marginal. Par conséquent, l équilibre serait déterminé par l intersection entre ces deux fonctions et on retrouverait la condition d équilibre C m = p. Le graphique 4.8, établit une comparaison entre monopole et concurrence parfaite. On vérifie que le prix d équilibre du monopoleur (p M ) est supérieur au prix d équilibre de la concurrence parfaite (p C ), et que la quantité offerte par le monopoleur (q M ) est inférieure à celle de la concurrence parfaite (q C ). On constate aussi que le profit du monopoleur est supérieur à celui réalisé en concurrence. De plus ce superprofit est durable, car en l absence de concurrents, il n y a aucune pression à la baisse des prix. La théorie économique prouve donc que le monopole est désavantageux pour le consommateur qui doit payer plus pour une quantité moindre. Cette conclusion est tout à fait capitale car elle tend à démontrer que le monopoleur exploite sa position dominante au détriment des consommateurs. C est un argument de poids pour tous les détracteurs du monopole. I ère D Economie politique Chapitre 4

77 La concurrence imparfaite 77 Fig Comparaison entre monopole et concurrence parfaite 4.4 L oligopole L oligopole est une situation caractérisée par la présence d un petit nombre d offreurs produisant des biens homogènes ou non, face à un grand nombre de demandeurs. Les marchés réels sont souvent de nature oligopolistique. C est le cas pour le marché du pétrole, pour l industrie de l automobile et des pneumatiques, l industrie chimique, l industrie de l électronique de masse ou des microprocesseurs, etc. Première partie Economie politique I ère D

78 78 Microéconomie Caractéristiques de l oligopole Les deux caractéristiques les plus importantes des marchés oligopolistiques sont l interdépendance et l incertitude des acteurs. En effet, alors qu en concurrence parfaite et en concurrence monopolistique, le producteur n a pas à se soucier de l action ou de la réaction des concurrents, la situation est très différente en oligopole : toute décision prise par l une des entreprises, par exemple une hausse ou une baisse du prix, aura des répercussions sur toutes les autres (par exemple une modification dans la répartition des parts de marché). Comme tous les oligopoleurs sont en concurrence entre eux, l imprévisibilité de la réaction des concurrents est un facteur d incertitude majeur. Prenons un exemple pour illustrer ce dilemme de l oligopoleur. Supposons un duopole où deux entreprises A et B se partagent le marché (comme Coca-Cola et Pepsi-Cola ou Boeing et Airbus). Admettons que les deux entreprises vendent le même bien pour un même prix. Si A augmente son prix, B pourra réagir de deux façons : soit elle suit à la hausse et les parts de marché resteront inchangées, soit elle ne suit pas, et A perdra des parts de marché. Si A diminue son prix, B pourra suivre à la baisse pour ne pas perdre des parts de marché. Quoiqu elle décide, le risque est grand pour l entreprise A de perdre des parts de marché ou de ne rien gagner. Par conséquent, l entreprise A a intérêt à ne pas modifier son prix. Cette incertitude fondamentale quant à la réaction des concurrents explique en grande partie la forte rigidité des prix que l on constate sur les marchés oligopolistiques. Le prix reste bien sûr une variable stratégique importante, mais au lieu de déclencher une guerre des prix souvent ruineuse et à l issue incertaine, les entreprises oligopolistiques préfèrent mettre en œuvre d autres stratégies Stratégies en situation d oligopole La concurrence par les produits et la différenciation des produits est une stratégie très fréquente en oligopole, mais elle n est possible que pour les biens de consommation finale et beaucoup plus difficile à mettre en œuvre pour les produits de base ou intermédiaires : pétrole, acier, produits chimiques de base, sucre, café, céréales, etc. Face aux concurrents, il y a deux attitudes fondamentales possibles : I ère D Economie politique Chapitre 4

79 La concurrence imparfaite 79 La coopération : les entreprises peuvent trouver un accord entre elles en vue de partager le marché ou de fixer un prix commun qui assure un bénéfice maximal joint, valable pour l ensemble de la branche. Les entreprises agissent alors de manière coordonnée comme si elles formaient un monopole composé de plusieurs établissements ; mais ces ententes sont fragiles, car les entreprises demeurent rivales. De plus ces ententes sont généralement interdites par les législations antitrust et doivent donc rester secrètes, ce qui est d autant plus difficile que le nombre de participants est élevé. Une autre variante stratégique de coopération est celle des prix directeurs : la firme dominante exerce un price-leadership en fixant des prix qui sont acceptés par l ensemble des autres entreprises de la branche. La compétition : pour protéger leur marché, les firmes oligopolistiques peuvent appliquer une politique dite de prix-limite qui consiste à fixer des prix suffisamment bas pour décourager l entrée de nouveaux concurrents. Entre firmes établies sur le marché, la compétition se fait principalement au niveau de la qualité (objective ou subjective) des produits, souvent à l aide de grandes campagnes de publicité. Dans des cas rares, la compétition dégénère en guerre des prix, très coûteuse pour les parties concernées. Alors il reste la possibilité d absorber le concurrent ou de fusionner avec lui, suivant le précepte if you can t beat them, join them. 4.5 La concentration des entreprises Le terme désigne le passage d un système de petites unités concurrentielles vers une économie de grandes unités à tendance oligopolistique, voire même monopolistique. Ce phénomène n est pas nouveau, mais il s est notablement renforcé depuis une vingtaine d années, avec l avancée du libéralisme économique et l ouverture des frontières à la libre circulation des capitaux Les motifs de la concentration Il y a une série de motifs qui poussent les entreprises à se regrouper en entités plus grandes : La concentration permet de réaliser des synergies et de réduire les coûts unitaires de production. L augmentation de la production et une meilleure coordination des différentes activités permettent d augmenter la productivité et de se procurer des avantages compétitifs. Première partie Economie politique I ère D

80 80 Microéconomie La concentration permet de maîtriser une filière de production et de distribution. L intégration de fournisseurs dans la chaîne de fabrication réduit les incertitudes liées à l approvisionnement. Le regroupement d activités complémentaires à partir de l exploitation des matières premières jusqu à la production ou la vente du produit fini est appelé concentration verticale ou intégration (exemple : Minerais S.A., Arcelor-Mittal S.A. et Paul Wurth S.A.). La concentration horizontale réunit des entreprises se situant dans le même domaine d activité, comme deux groupes sidérurgiques ou deux constructeurs d automobiles. Le but est de conquérir une position plus forte, voire dominante sur le marché en question. L accroissement du pouvoir économique s accompagne d un accroissement du pouvoir de négociation vis-à-vis de l Etat, qui peut difficilement refuser son aide en cas de graves difficultés, vis-à-vis des organisations syndicales souvent confrontées à des menaces de délocalisation, ou vis-à-vis des banques, lorsqu il s agit de négocier des crédits importants. Toutes les grandes entreprises et branches d activité entre tiennent des lobbies, des groupes de pression qui essaient d influencer l opinion publique ou le processus législatif des Etats à leur avantage. Le poids politique des grands groupes industriels est considérable et peut même se manifester par des interventions directes dans la vie politique d un Etat. Seules les grandes firmes transnationales ( multinationales ou global players ) ayant des centres d activité dans de nombreux pays, sont capables de développer des stratégies de production et de commercialisation à l échelle planétaire. En déplaçant les activités d un continent à l autre, elles profitent pleinement des écarts de coûts salariaux et des différences entre les Etats en matière de législation sociale, fiscale ou écologique Les formes de la concentration Les ententes ou cartels sont des accords entre entreprises d un même secteur économique, mais qui restent juridiquement indépendantes, en vue de limiter la concurrence et de contrôler un marché. On distingue les cartels de prix (fixant des prix communs plus élevés qu en concurrence), les cartels de production (fixant des quotas de production comme l OPEP) et les cartels de débouchés (qui répartissent les zones d écoulement). I ère D Economie politique Chapitre 4

81 La concurrence imparfaite 81 Tous les pays occidentaux ont adopté des lois anticartels. Le Traité de Rome interdit les ententes de même que la loi luxembourgeoise du 17 mai 2004 sur la concurrence qui stipule que sont interdits tous les accords entre entreprises tendant à empêcher, restreindre ou fausser le jeu de la concurrence. Et malgré les amendes sévères infligées par la Commission européenne, allant jusqu à plusieurs centaines de millions d euro, les cas de collusion (ententes secrètes ou gentlemen s agreement) sont nombreux. La pratique la plus courante de concentration ce sont les liaisons financières entre entreprises. La prise de participation dans le capital d une firme permet d influencer la politique générale de cette firme. Si la participation dépasse 50% du capital, la maisonmère exerce un véritable contrôle sur sa filiale, qui reste cependant juridiquement indépendante. Au fil du temps naissent ainsi des structures de plus en plus complexes. Les prises de contrôle se font souvent par le biais d une OPA, offre publique d achat, par laquelle une firme propose au grand public de racheter les actions d une autre firme à un prix déterminé. Si une firme dominante acquiert la totalité du capital d une autre firme généralement de taille plus réduite, on parle d absorption. Si deux ou plusieurs firmes décident de réunir leur capital pour ne former qu une seule entité, on parle de fusion, étape ultime de la concentration. Les prises de contrôle majoritaires, les absorptions et les fusions sont toutefois soumises à l autorisation de la Commission européenne de Bruxelles qui veille à ce que la position de la nouvelle entité ne soit pas trop dominante sur le marché. Aux Etats-Unis ce contrôle est effectué par la Federal Trade Commission et la Section Antitrust du Département américain de la Justice. Retraçons à titre d exemple l historique de l ARBED S.A., née en 1911 de la fusion entre la Société anonyme des mines du Luxembourg et des forges de Sarrebruck, la Société en commandite des forges d Eich Le Gallais Metz et Cie et la Société anonyme des hauts-fourneaux et forges de Dudelange. En 1967, l Arbed absorba la société HADIR S.A.. En 2001, Arbed (Luxembourg), Usinor (France) et Aceralia (Espagne) fusionnèrent pour donner naissance à Arcelor S.A., géant mondial de l acier qui finit par absorber un certain nombre d autres entreprises du secteur. En 2006, Arcelor a fusionné avec Mittal Steel. Première partie Economie politique I ère D

82 82 Microéconomie 4.6 Exercices 1) Un monopoleur supporte les coûts suivants : CVM = 4 et CFT = 60. La fonction de demande du marché est : p = 16 2q. Travail à faire : a) déterminer l équilibre du monopoleur et son profit maximal ; b) déterminer le profit s il maximise sa recette totale ; c) comparer les solutions de a) et b) à la concurrence parfaite ; d) comparer les solutions a), b) et c) graphiquement ; e) calculer l élasticité-prix de la fonction de demande dans le cas a). 2) La fonction de coût total d un monopoleur est : CT = q 3 12q q Sa fonction de débouché est : p = q Travail à faire : a) déterminer le profit maximal ; b) déterminer la recette maximale ; c) comparer a) et b) à la concurrence parfaite ; d) déterminer les seuils de rentabilité inférieur et supérieur ; e) présenter la solution a) sur trois graphiques alignés verticalement (travail sur ordinateur). I ère D Economie politique Chapitre 4

83 Deuxième partie MACROECONOMIE Etat Entreprises Ménages Monde

84 84 Macroéconomie Chapitre 5 L Etat - rôle économique et social 5.1 Les rôles de l Etat Le Traité de Maastricht définit le secteur public comme entité renfermant - l Administration centrale (Etat), - les administrations locales (communes) ainsi que - la Sécurité Sociale Le secteur public est un acteur qui, par son comportement, influence largement la vie économique et sociale. L intervention de l Etat, telle que nous la connaissons aujourd hui, remonte à la fin de la Seconde Guerre mondiale. De nos jours, la conception du rôle joué par l Etat fait l objet de controverses : - augmentation du coût des prestations sociales, - difficultés de financement, - perte d efficacité des systèmes de redistribution, - réglementations excessives, - découragement de l initiative personnelle, etc. La recherche du meilleur équilibre entre secteur privé et secteur public est à l origine de discussions passionnées. I ère D Economie politique Chapitre 6

85 L Etat - rôle économique et social Un rôle passif: L Etat veilleur de nuit (Nachtwächterstaat) Au 19e siècle, le rôle de l Etat était limité à quelques fonctions clés que l on considérait comme faisant fondamentalement partie du secteur public. Parmi les domaines d activité, l on peut citer, entre autres, l enseignement public de base, la construction et l entretien d infrastructures collectives, le système juridique, l organisation de la défense nationale, la sauvegarde de l ordre intérieur, etc. L Etat préférait ne pas intervenir dans les affaires économiques conformément à la célèbre formule du laisser faire, laisser passer de Gournay 1. Sous l influence de la doctrine du libéralisme économique, on considérait que les lois du marché étaient plus aptes à régler le fonctionnement de l économie que toutes les formes d intervention publique. Les économistes de l école classique 2 (Adam Smith, David Ricardo, Jean Baptiste Say, etc.) étaient globalement les défenseurs du libéralisme économique. L action gouvernementale se limitait à définir le cadre au sein duquel les entreprises pouvaient exercer leur activité économique et à veiller au respect des lois et règlements. Dans le domaine social, l intervention de l Etat était également bien circonscrite. Elle se limitait aux enfants abandonnés, aux indigents, aux malades incurables, aux invalides, aux vieillards qui ne sont plus capables de trouver par leur travail de quoi subsister 3. C est au lendemain de l indépendance que l on trouve la première disposition sociale au Luxembourg. Il s agit de la loi de 1843 imposant aux communes le devoir de soutenir les nécessiteux non valides par l intermédiaire des bureaux de bienfaisance établis dans chaque commune 4. On peut en conclure que l intervention des pouvoirs publics dans la vie économique et sociale était minime. Les dépenses de l Etat ne représentaient qu une fraction infime du P.I.B. dans les pays de l Europe occidentale et des Etats-Unis (en moyenne 8,3% du P.I.B. en ). 1 Vincent de Gournay ( ), administrateur et économiste français 2 La période de l école classique s écchelonne de 1776 (date de la publication de l ouvrage d A. Smith Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ) à 1874, début de la période néo-classique ou marginaliste. 3 F. DEMIER, Sciences Economiques et Sociales Term ES, Bordas, 1999, p STATEC, Histoire quantitative du Luxembourg , p Vito TANZI et Ludger SCHUKNECHT, La réforme de l Etat dans les pays industrialisés, LL, No 39, 27/09/1996, p. 8. Deuxième partie Economie politique I ère D

86 86 Macroéconomie Un rôle actif : l Etat interventionniste La grande dépression des années 1930, déclenchée par les événements du fameux Jeudi Noir de Wall Street (krach boursier en octobre 1929), fut à l origine d une nouvelle conception de l Etat. En effet, la juxtaposition de crises qui ont bouleversé les économies des pays industrialisés avait déclenché un processus de réflexion dans les milieux économiques et politiques. La dépression économique avait montré que la seule initiative privée était incapable d assurer l équilibre économique et social. L intervention de l Etat est alors apparue comme indispensable pour réaliser cet équilibre. Alors qu au 19e siècle et même jusqu à la grande crise de 1929, les responsables politiques considèrent le plus petit budget de l Etat comme étant le meilleur, ils optent systématiquement, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, pour un Etat actif et interventionniste. Les premières expériences interventionnistes pour sortir de la crise économique datent du début des années 1930 : il s agit du New Deal du président américain Roosevelt et du programme de relance de l économie allemande sous Hitler. Marqué par l ampleur du chômage, l économiste anglais John Maynard Keynes 6, rompt avec la pensée économique du 19e siècle. Keynes prône l intervention de l Etat au cas où la demande effective des ménages et des entreprises s avérerait insuffisante. Puisque la production doit être planifiée, les entrepreneurs doivent décider du volume d activité avant que la demande ne s exprime sur le marché. Pour cela, ils doivent anticiper la demande des ménages et des autres entrepreneurs ; cette demande anticipée porte aussi le nom de demande effective. Celle-ci dépend dans une très large mesure du caractère optimiste ou pessimiste des prévisions des entrepreneurs. Les keynésiens ne voient pas dans l action gouvernementale une intervention permanente dans le déroulement des affaires ; il s agit tout simplement de donner un coup de main à un système en difficulté. 6 Théorie générale de l emploi, de l intérêt et de la monnaie publié en I ère D Economie politique Chapitre 6

87 L Etat - rôle économique et social 87 Soulignons que l intervention étatique n a pas pour objet de supprimer la libre concurrence, mais d atténuer les effets négatifs et parfois néfastes d une concurrence sauvage et déloyale. Elle n a pas non plus comme but de se substituer à l initiative privée, mais de combler l absence de celle-ci dans certains domaines (enseignement, santé, infrastructures collectives, etc.). Les domaines d intervention et les instruments correspondants sont très variés. Les autorités publiques peuvent par exemple : adopter, dans certaines branches, le rôle d entrepreneur (transports collectifs, production et distribution d énergie, etc.) ; aider certaines entreprises par l octroi d aides publiques (subventions, aménagements de zones industrielles, etc.) ; limiter ou réprimer les abus de puissance économique par une législation appropriée (concernant la protection du consommateur, les ententes abusives entre entreprises, la fixation de prix maxima pour certains biens de première nécessité, etc.) Dès l après-guerre, les pays européens développent des régimes étendus de sécurité sociale en améliorant ainsi sensiblement le bien-être de la population. L Etat opère des transferts sociaux, basés sur le principe de la solidarité. On parle de redistribution de richesses, que l on définit comme étant l ensemble des opérations par lesquelles une partie des revenus est prélevée sur certains agents économiques pour être reversée au bénéfice d autres. C est la naissance de l Etat-providence (Wohlfahrtsstaat, welfare state) qui se caractérise par un système d assurances collectives, destiné à couvrir ses citoyens contre un certain nombre de risques sociaux. A titre d illustration mentionnons l assurance maladie, l assurance pension, l assurance invalidité, assurance chômage, etc. 5.2 Le budget de l Etat Le budget de l Etat se compose des recettes et des dépenses utilisées par l Etat en tant que moyen d intervention tant sur le plan économique que sur le plan social. Ainsi l Etat luxembourgeois arrête, tous les ans, dans une loi budgétaire votée à la Chambre des Députés, avisée par le Conseil d Etat et appréciée, entre autres, par les Chambres professionnelles, l ensemble des recettes et dépenses prévues pour l année à venir, c.-à-d. l exercice budgétaire suivant. Deuxième partie Economie politique I ère D

88 88 Macroéconomie Les recettes de l Etat D où proviennent les moyens financiers dont l Etat a besoin pour mener à bien son intervention dans le domaine économique et social? Nous distinguons trois sources de financement : a) Les recettes courantes : les impôts et taxes Il existe une grande variété d impôts. L art de la fiscalité consiste selon Colbert, ministre des finances sous Louis XIV, à plumer l oie de façon à obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris. L Etat perçoit des impôts sur les revenus des personnes physiques et sur les bénéfices des entreprises. Les achats de biens et de services sont soumis à la TVA. Les droits d accises portent sur l essence, le tabac, l alcool. La vignette est une taxe sur les véhicules automoteurs, etc. En fait, peu de transactions échappent à l imposition. Les différents impôts imaginés par les pouvoirs publics peuvent être regroupés en impôts directs et impôts indirects (fig. 5.1). Fig Impôts directs et indirects L analyse du circuit économique simplifié (fig. 5.2) permet de visualiser la place des deux catégories d impôts dans une économie de marché. I ère D Economie politique Chapitre 5

89 L Etat - rôle économique et social 89 La répartition entre impôt direct et indirect constitue un choix politique. En général, on considère que l impôt direct est plus équitable que l impôt indirect. L impôt direct tient compte de la capacité contributive du contribuable. Tel n est pas le cas pour l impôt indirect qui frappe le consommateur indépendamment de sa situation sociale. Fig Circuit économique simplifié Les impôts : définitions et précisions Impôt sur le revenu des personnes physiques. Impôt fixé par voie d assiette. C est l impôt qui est prélevé sur base d une déclaration d impôts sur l ensemble des revenus imposables d un contribuable. Cet impôt est progressif et il est fixé suivant un barème publié officiellement. Impôt sur le revenu des collectivités. C est l impôt que payent les sociétés commerciales sur leurs bénéfices. Deuxième partie Economie politique I ère D

90 90 Macroéconomie Impôt sur les traitements et salaires. C est l impôt retenu par les employeurs sur les salaires et traitements de leurs salariés et versé à l Administration des contributions. Cet impôt est progressif et fixé suivant un barème officiel. Impôt retenu sur le revenu des capitaux. C est l impôt à la source retenu sur les dividendes payés par les sociétés anonymes et les sociétés à responsabilité limitée. - L impôt de solidarité. C est la majoration d impôt appliquée tant à l impôt sur le revenu des personnes physiques qu à l impôt sur le revenu des collectivités. L impôt de solidarité sert à alimenter le Fonds pour l emploi. - Autres impôts. Il s agit d une partie des impôts indirects dont principalement la taxe sur le loto et le prélèvement sur le produit des jeux de casino ainsi que des taxes, redevances et remboursement de dépenses de fonctionnement comme p.ex. les redevances dues par les concessionnaires des pharmacies. Le taux optimal d imposition : la courbe de Laffer L économiste américain Arthur Laffer a établi une relation entre le taux d imposition et les recettes fiscales (fig. 5.3) par laquelle il souhaite montrer qu audelà d un taux d imposition optimal, une hausse supplémentaire du taux d imposition entraîne une baisse de l activité économique et une diminution des recettes fiscales. En d autres mots trop d impôt tue l impôt. Son raisonnement est le suivant : Pour un taux d imposition t = 0%, les recettes fiscales sont nulles. A fur et à mesure qu on augmente le taux d imposition, les recettes fiscales de l Etat vont augmenter jusqu à un point I qui représente l optimum fiscal. Au-delà de ce point une augmentation additionnelle du taux d imposition entraîne une diminution des recettes fiscales. En effet, les agents économiques sont de plus en plus incités à substituer des temps de loisir à leur activité professionnelle puisque le coût d opportunité du loisir (le manque à gagner) tend à devenir inférieur à l utilité des heures de loisir supplémentaires. En outre l économie souterraine (travail au noir) et la fraude fiscale auraient tendance à se développer. Ainsi la diminution de la base imposable réduit les recettes fiscales malgré une hausse des taux d imposition. Finalement à un taux d imposition égal à t = 100%, les recettes fiscales seraient nulles; plus personne n accepterait de travailler dans une économie où le revenu est entièrement versé à l Etat. I ère D Economie politique Chapitre 5

91 L Etat - rôle économique et social 91 b) Les autres recettes courantes Fig La courbe de Laffer Les autres recettes ont des origines très diverses. Elles proviennent : d intérêts de fonds publics déposés auprès des banques ; de redevances encaissées en contrepartie de concessions accordées à certaines sociétés privées (Bourse de Luxembourg) ; de revenus provenant des sociétés à participation publique, que l on appelle des sociétés d économie mixte (CREOS, ENOVOS, SEO, SES Global, Luxair, etc.) et de l exploitation d entreprises publiques (POST Luxembourg, SNCI, Office du Ducroire, Banque Centrale du Luxembourg, etc.) ; de taxes sur le produit brut des jeux (Casino 2000) ; de recettes, de moindre importance, ayant leur origine dans la location d immeubles ou de la vente de biens meubles (vente de bois). Les impôts et les autres recettes courantes constituent les recettes courantes de l Etat. Deuxième partie Economie politique I ère D

92 92 Macroéconomie c) Les recettes en capital Les recettes en capital présentent un caractère non récurrent. Une vente de participations publiques en constitue un exemple. Lorsque les recettes de l Etat sont insuffisantes pour couvrir les dépenses, les responsables font appel à l emprunt qui est considéré comme une recette en capital. Toutefois l emprunt public représente une recette d une nature particulière, car contrairement aux autres recettes de l Etat, il faudra prévoir son remboursement Les dépenses de l Etat Au niveau de la nation, les prévisions des différents ministères (départements ministériels, administrations et services publics, etc.) sont inscrites dans le budget. En avançant leurs propositions, les responsables des départements ministériels tablent sur les expériences faites lors des exercices budgétaires écoulés tout en tenant compte des projets futurs qu ils désirent réaliser. a) Les dépenses courantes Les dépenses publiques courantes ou dépenses de fonctionnement comprennent les trois postes suivants : * la consommation publique traitements/salaires/pensions des fonctionnaires et employés de la fonction publique ; loyers, frais de fonctionnement des administrations publiques, achats de biens et services, etc. * les transferts subventions aux entreprises ; transferts aux ménages (allocations familiales, bourses pour études, allocation de rentrée scolaire, primes de naissance, congé parental, allocations de chômage, aides en faveur du logement, contribution publique au financement de l assurance maladie, vieillesse, invalidité, etc.) ; transferts au reste du monde (UE, ONU, pays en développement, etc.) ; * les intérêts de la dette publique. I ère D Economie politique Chapitre 5

93 L Etat - rôle économique et social 93 Une partie non négligeable des dépenses prévues dans le budget de l Etat est le résultat d un ensemble de dépenses récurrentes qui ne peuvent pas être supprimées d une année à l autre. C est le cas, par exemple, pour les dépenses de consommation et les dépenses sociales. Plus ces charges sont élevées, plus la marge de manœuvre en faveur des projets extraordinaires sera faible. b) Les dépenses en capital En principe, les dépenses en capital correspondent aux dépenses destinées à augmenter le patrimoine public. On parle encore de dépenses d investissement. Exemples : investissements publics (infrastructures routières, musée, salle de concert, aérogare du Findel, construction d écoles, etc.), prises de participation dans des entreprises privées, financement des entreprises publiques. Le remboursement de la dette publique fait également partie des dépenses en capital Le solde budgétaire Le solde budgétaire est la différence entre les recettes courantes de l Etat (T) et ses dépenses (G) : SB = T G Il y a : excédent budgétaire si SB > 0 déficit budgétaire si SB < 0 équilibre budgétaire si SB = 0. D une façon générale, un déficit budgétaire peut être financé par l endettement public et/ou l utilisation de réserves budgétaires résultant des excédents des années précédentes. L endettement public se subdivise en dette intérieure et dette extérieure. L endettement public est soit à court terme (émission de bons du Trésor), soit à long terme (émission d obligations de l Etat). L endettement peut également être effectué auprès du système bancaire et notamment de la Banque centrale. Dans ce cas le financement est monétaire, c.-à-d. assuré par création de monnaie. Notons que le recours au financement du déficit budgétaire par la Banque centrale est interdit dans l Union européenne. Deuxième partie Economie politique I ère D

94 94 Macroéconomie 5.3 Les objectifs de la politique économique Les objectifs d un Etat et plus particulièrement de son gouvernement sont très variés et ne sont pas tous de nature économique. Assurer le bien être social et moral d un pays relève de la politique sociale, de la politique de l enseignement et de la formation professionnelle, de la politique culturelle et autres. Assurer le bien-être matériel d une population relève certainement de la politique économique, tout comme le but d atteindre un développement économique soutenu et stable Objectifs principaux L objectif général est une économie performante et compétitive qui évite au mieux les déséquilibres macroéconomiques (chômage, inflation, etc.) qui affaiblissent ou perturbent l activité économique. Encore faut-il formuler ces objectifs de manière plus précise. Nous le ferons sur base de trois caractéristiques fondamentales de tout état de l économie : le niveau de l emploi, la variation du niveau général des prix et la croissance économique. Dans pratiquement tous les pays du monde ces trois objectifs sont reconnus comme essentiels, même si les programmes gouvernementaux peuvent diverger fortement entre eux, par le degré d importance qu ils accordent à ces trois composantes ou par les instruments mis en œuvre pour atteindre ces buts. La recherche du plein-emploi est un objectif fondamental de tout gouvernement, défini même dans la Charte des Nations Unies et dans les traités européens. Cet objectif macroéconomique est formulé et mesuré par le taux de chômage, qui exprime le nombre de chômeurs par rapport à la population active. Le cas idéal et donc irréaliste serait de fixer ce taux à zéro. En théorie économique on parle souvent du taux de chômage incompressible, comme limite du possible. Le problème est de quantifier cette limite : située autour de 1% il y a trente ans, elle serait de 4-5% aujourd hui. En réalité les taux de chômage se situent entre 4 et 25% et plus, suivant les époques et les pays. L objectif de stabilité des prix signifie éviter aussi bien l inflation que la déflation, phénomènes de hausse respectivement de baisse des prix qui peuvent causer de fortes perturbations économiques. Cet objectif se formule et se mesure par le taux d inflation, exprimé en pourcentage de hausse annuelle de l indice général des prix. Depuis la Seconde Guerre mondiale l inflation cause problème, avec des taux de 5-10% annuels jusqu en 1975 et même des pointes de 15-20% pendant les années I ère D Economie politique Chapitre 5

95 L Etat - rôle économique et social 95 A la suite des politiques anti-inflationnistes menées par les gouvernements occidentaux, le taux d inflation a été ramené progressivement à des niveaux situés entre 2 et 4%. Notons que la Banque centrale européenne fixe son objectif à 2% d inflation annuelle à ne pas dépasser. L objectif de croissance économique se formule et se mesure par le taux de croissance du produit national brut (ou du PIB), en valeur réelle (inflation déduite) et en pourcentage par rapport à l année précédente. Si la croissance économique ellemême est plutôt une affaire des entreprises et des consommateurs, le rôle reconnu de l Etat est celui de stimulateur et d accompagnateur en favorisant l esprit d entreprise, la recherche scientifique et l innovation technologique tout comme l enseignement et la formation professionnelle. Dans les pays émergents le taux de croissance peut atteindre jusqu à 10%, dans les pays occidentaux ce taux est normalement situé entre 1 et 5%. En cas de récession il est négatif. Une croissance inférieure à 2% est généralement insuffisante pour freiner la hausse du chômage Croissance du PIB en volume (en %) Etats-Unis 1,9-3,5 1,7 Zone euro ,5 Luxembourg 6,6-5,2 1,5 Taux d inflation (en %) Etats-Unis 2,8-0,3 3,1 Zone euro 2, ,7 Luxembourg 2,3 0,4 3,4 Taux de chômage (en %) Etats-Unis 4,6 9,3 8,9 Zone euro 7.6 9,6 10,2 Luxembourg 4,2 5,1 5 Fig Perspectives économiques mondiales selon l OCDE Objectifs secondaires A côté de ces trois objectifs fondamentaux sont apparus divers autres objectifs que l on pourrait qualifier de secondaires, non pas qu ils soient moins importants, mais parce que souvent ils découlent ou sont dépendants des premiers. Deuxième partie Economie politique I ère D

96 96 Macroéconomie L équilibre extérieur concerne les échanges économiques avec le reste du monde (importations et exportations de biens, services et capitaux). Il est vrai qu un pays ne peut pas financer indéfiniment un grave déficit extérieur, mais certains pays émergents ont volontairement assumé des déficits importants afin d importer des technologies nouvelles et du know-how, stratégie somme toute très bénéficiaire pour leur développement économique. Certains de ces pays sont devenus aujourd hui de très gros exportateurs présentant des balances commerciales fortement excédentaires. L équilibre des finances publiques n est pas non plus un dogme absolu. Là encore, un Etat ne peut pas voir grossir sa dette publique jusqu à atteindre des proportions astronomiques, mais nous verrons dans les chapitres suivants qu en cas de crise et de récession économiques, un gouvernement peut assumer un déficit budgétaire afin de relancer la demande quitte à devoir le combler par des excédents budgétaires en cas de croissance de l activité économique et des recettes budgétaires. Assurer un certain degré d équité ou de justice sociale grâce à une redistribution des revenus est un autre objectif de l Etat, même si le niveau de redistribution est fortement tributaire de mentalités et de choix politiques. Mais il est certain qu une forte croissance économique peut contribuer à mieux corriger les inégalités sociales et qu une hausse de l emploi permet de mieux financer les systèmes de sécurité sociale. L équilibre écologique, la réparation et la prévention des dommages causés à l environnement ainsi que la protection des ressources naturelles fondamentales sont en passe de devenir un nouvel objectif de la politique économique. Mais là encore le changement de mentalités est lent et très souvent la protection de l environnement est considérée comme un luxe que seuls les pays riches peuvent se permettre de financer. Tous les objectifs cités sont interdépendants entre eux et leur compatibilité n est pas du tout assurée. Très souvent des conflits d objectifs apparaissent, par exemple entre croissance économique et protection de l environnement, ou entre plein-emploi et stabilité des prix. En effet on remarque qu une économie en forte expansion, arrivant progressivement aux limites de ses capacités de production, connaît des tensions inflationnistes de plus en plus fortes. Une politique anti-inflationniste rigoureuse risque par contre d étrangler la croissance économique et de provoquer une hausse du chômage. De même, le retour à un équilibre des finances publiques peut provoquer de graves coupes dans les budgets sociaux. Les gouvernants sont donc constamment obligés de faire des choix politiques, parfois très douloureux. I ère D Economie politique Chapitre 5

97 L Etat - rôle économique et social 97 Remarquons finalement qu un gouvernement n est jamais sûr d atteindre un objectif visé, ni de le faire dans les délais et avec l ampleur souhaités, car le secteur privé, ménages et entreprises, anticipent certaines mesures et réagissent face aux interventions publiques, et ces réactions peuvent être fort divergentes de ce à quoi on s attendait. 5.4 La politique budgétaire en tant qu instrument de la politique économique et sociale La réalisation des objectifs fixés par le gouvernement se fait moyennant la politique budgétaire qui peut avoir une vocation conjoncturelle, structurelle, sociale, écologique et européenne Politique conjoncturelle La conjoncture désigne l ensemble des variations à court terme de l activité économique. Le P.I.B., le chômage, le commerce extérieur, le niveau général des prix représentent autant d indicateurs qui permettent d analyser la situation économique d un pays. Les autorités publiques tentent de corriger le niveau de l activité économique par une politique anticyclique ou politique budgétaire keynésienne, destinée à fournir un contrepoids à l activité privée jugée soit insuffisante soit excessive (voir fig. 5.5). Fig Politique de rigueur, politique de relance Deuxième partie Economie politique I ère D

98 98 Macroéconomie Dans un scénario de basse conjoncture avec une demande insuffisante et un chômage en hausse, l Etat peut stimuler la demande des ménages et des entreprises par une politique de relance de la demande (politique budgétaire expansionniste) en se servant des instruments suivants : une baisse des impôts permet d accroître le revenu disponible (pouvoir d achat) des ménages et le bénéfice des entreprises. Les responsables politiques s attendent à une augmentation de la demande privée (consommation et investissement) qui peut être suivie d une relance de la production et, par conséquent, d un recrutement de travailleurs au chômage ; une hausse des dépenses publiques permet de stimuler l activité des entreprises (construction d un lycée, d une salle de concert, etc.) et d augmenter la consommation des ménages (augmentation des allocations familiales, etc.). Illustrons cette politique de relance de la demande par un accroissement des dépenses publiques ΔG (politique budgétaire expansionniste, fig. 5.6) Fig Politique budgétaire expansionniste I ère D Economie politique Chapitre 5

99 L Etat - rôle économique et social 99 Le revenu national Y E correspond à un équilibre E de sous-emploi dans lequel de nombreuses ressources restent inemployées. Par l accroissement de leurs dépenses (ΔG > 0), les pouvoirs publics ont comme objectif d atteindre un revenu national de plein-emploi Y PE (équilibre E') qui permet de réduire le chômage. L Etat, par sa politique budgétaire expansionniste, provoque ainsi un accroissement de la demande globale égal à l écart déflationniste E'A. Insistons encore sur le fait que les effets initiaux de la variation des dépenses publiques seront accentués par des effets d entraînement (le multiplicateur keynésien) sur le niveau de l activité économique : Imaginons que le gouvernement décide de stimuler l activité du pays et augmente les investissements publics de 100 millions (construction de routes, d hôpitaux, d écoles, etc.). L effet immédiat est évident : 100 millions de production intérieure supplémentaire. Mais, selon l approche keynésienne, il existe des effets ultérieurs susceptibles de stimuler le PIB bien au-delà de l effet initial. En effet, les 100 millions représentent 100 millions de production supplémentaire répartis entre les différents producteurs qui vont satisfaire les commandes de l Etat. Mais toute production entraîne la distribution d un revenu équivalent. Les 100 millions de travaux publics impliquent aussi 100 millions de revenus supplémentaires distribués dans l économie. Si la propension marginale à consommer est égale à 0, 8 alors 80% de ces 100 millions seront consommés, et 20 millions seront épargnés. La production de biens de consommation va donc augmenter de 80 millions ; ces 80 millions de production impliquent à leur tour 80 millions de revenus supplémentaires dont 80% seront consommés ; la consommation va donc encore progresser de 64 millions supplémentaires, et ainsi de suite. Ainsi, les dépenses publiques exercent un effet multiplicateur sur le PIB. La progression du PIB n est donc pas équivalente à celle des dépenses publiques ; elle est un multiple de l impulsion initiale! Dans un contexte de haute conjoncture avec une demande trop forte et un risque d inflation, l Etat pratique une politique de rigueur (politique budgétaire restrictive, fig.5.7) afin d éviter une surchauffe de l économie : hausse des taux d imposition, réduction des dépenses publiques. Deuxième partie Economie politique I ère D

100 100 Macroéconomie Fig Politique budgétaire restrictive L activité économique est en surchauffe (Y E correspond à un équilibre E de suremploi des facteurs de production) et les pouvoirs publics diminuent leurs dépenses (ΔG < 0) de la valeur de l écart inflationniste (AE') afin d atteindre en E' le revenu national de plein-emploi (Y PE ) Politique structurelle La politique budgétaire est dite structurelle lorsqu elle vise l extension ou le renforcement qualitatif et quantitatif de l appareil de production. On parle d une politique de l offre qui vise à améliorer, à moyen et long terme, la compétitivité économique du pays. L Etat favorise l implantation d entreprises nouvelles en développant les infrastructures publiques et en leur accordant une aide sous forme de subventions de capital, de bonifications d intérêt, de dégrèvement fiscal, etc. Les politiques structurelles peuvent aussi avoir comme objectif de rendre moins onéreuse la production de biens et de services. Ainsi, le financement par l Etat d une partie des activités de recherche et de développement des entreprises peut être à l origine d une amélioration qualitative de l appareil de production. I ère D Economie politique Chapitre 5

101 L Etat - rôle économique et social Politique sociale C est à l Etat qu incombe la tâche d atténuer les inégalités, voire les injustices sociales, qui ont pu apparaître dans notre système économique. Ainsi l Etat est appelé à organiser la sécurité sociale basée sur le principe de la solidarité. Dans nos sociétés caractérisées par le vieillissement de la population, par un chômage persistant, par des inégalités de revenu et de fortune, la solidarité entre les générations ainsi qu entre les différentes couches sociales s avère indispensable. Rappelons que la redistribution de richesses est l ensemble des opérations par lesquelles une partie des revenus est prélevée sur certains agents économiques pour être reversée au bénéfice d autres. A travers les transferts sociaux les pouvoirs publics exercent leur rôle redistributif. Citons notamment : les allocations familiales ; les allocations d éducation, de naissance, de maternité ; les aides aux étudiants ; le revenu minimum garanti (RMG) ; les aides au logement ; le congé parental et le congé pour raisons familiales Politique écologique Les consommateurs et les producteurs, à la recherche de l intérêt personnel et du profit, peuvent se désintéresser des incidences de leur comportement sur l environnement naturel. Les dommages éventuels, parfois irréparables, ne sont pas nécessairement suivis de compensations ou de mesures réparatrices. Cette constatation vaut, entre autres, pour les productions qui provoquent une pollution de l environnement naturel. La correction des défaillances du marché a malheureusement été trop longtemps négligée par l Etat. Le coût des mesures réparatrices, comme par exemple la construction de stations d épuration, alourdit le budget des dépenses de l Etat Politique budgétaire et objectifs européens Le traité de Maastricht (1992) crée l Union économique et monétaire UEM et fixe les conditions et le calendrier pour une monnaie européenne unique, l euro. Deuxième partie Economie politique I ère D

102 102 Macroéconomie Il oblige les Etats membres à coordonner leurs politiques économiques : pour garantir le bon fonctionnement de l UEM, des critères de stabilité liés notamment aux prix et aux budgets des pays ont été élaborés. Ces critères de référence prévoient que le déficit budgétaire (annuel) ne peut pas dépasser 3% du P.I.B. et la dette publique ne doit pas dépasser 60% du P.I.B. Le «pacte de stabilité et de croissance» (Dublin 1996) est destiné à surveiller la gestion saine des finances publiques dans la zone euro. Le but est de prévenir tout déficit budgétaire excessif, avec comme objectif à moyen terme un retour à l équilibre budgétaire. La réforme du pacte de stabilité en 2005 admet sous certaines conditions (p.ex. efforts importants réalisés en matière de dépenses d investissement ou de recherche) un dépassement temporaire des 3% du déficit budgétaire. Or, face à la crise, certains Etats membres n ont pas réussi à respecter ces règles strictes et se sont livrés à des excès de déficit et d endettement préjudiciables à l ensemble de la zone euro. Voilà pourquoi, en 2011, les textes du «six-pack» 7 ont introduit une nouvelle procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques et un mécanisme renforcé de mise en œuvre. Finalement le «Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l UEM», ratifié le 29 mars 2013 par le Luxembourg, est le dernier instrument en vue de renforcer la discipline budgétaire. Le «pacte budgétaire» impose aux Etats de présenter des budgets en équilibre ou en excédent grâce à une règle d équilibre structurel. Un mécanisme de correction, déclenché automatiquement, oblige les pays contractants qui s écartent de l objectif à moyen terme, de prendre des mesures détaillées pour corriger de façon durable leur déficit public excessif. Ainsi le traité renforce l encadrement de la politique budgétaire de chaque Etat membre Le carré magique de Nicholas Kaldor Les politiques que nous venons de voir servent à l Etat comme instruments afin d atteindre ses objectifs. L orientation d une politique économique dépend donc du choix des objectifs. Ces objectifs nombreux sont souvent résumés à l aide de quatre indicateurs : la croissance économique, mesurée par le taux de croissance du PIB ; le plein-emploi, mesuré par le taux de chômage ; la stabilité des prix, mesurée par le taux d inflation ; l équilibre des échanges extérieurs, mesuré par le solde de la balance courante (en % du PIB). 7 constitué par cinq règlements et une directive, textes entrés en vigueur le 13 décembre I ère D Economie politique Chapitre 5

103 L Etat - rôle économique et social 103 Le caractère parfois contradictoire de ces objectifs oblige l Etat à faire des choix différents selon la situation économique et sociale. L économiste britannique Nicholas Kaldor 8 a réalisé une représentation synthétique de ces quatre indicateurs sur un même graphique : le carré magique. Chacun de ces axes 9 est doté d une échelle autonome : Nord ( ) : taux de croissance du PIB (-2 8) ; Sud ( ) : solde de la Balance courante (-3 6) ; Ouest ( ) : taux de chômage (13 0) ; Est ( ) : taux d inflation (13 0). Un point proche du centre du graphique (origine des quatre axes) décrit une mauvaise situation. Un point situé plus éloigné de l origine des axes décrit une meilleure situation. Fig Le carré magique 8 Nicholas Kaldor, économiste britannique, né en Hongrie ( ), l un des principaux animateurs du courant post-keynésien. 9 Ce graphique ne doit pas être confondu avec un graphique polaire puisque premièrement, les vecteurs unitaires ne sont pas tous dirigés vers l extérieur, et deuxièmement, les unités propres à chaque axe ne sont pas les mêmes. Yves Perraudau, Economie générale, Librairie Vuibert 1995, p.78 Deuxième partie Economie politique I ère D

104 104 Macroéconomie Considérons, à titre d exemple (voir fig. 5.8), les données suivantes : un taux d inflation de 2%, un taux de chômage de 3%, un taux de croissance du PIB de 5% et un excédent de la balance courante de 2,5% du PIB. En reliant les quatre points obtenus sur le graphique, nous retrouvons un quadrilatère. Si la croissance économique est forte et s accompagne d une stabilité des prix, d un taux de chômage faible et d un solde de la balance courante positif, alors la surface sera importante et décrit ainsi une bonne situation économique. L idéal est d obtenir un carré décrivant une situation quasiment magique, puisque fort difficile à atteindre. Le carré magique peut être utilisé pour juger rapidement de l évolution dans le temps des performances d une économie en réalisant plusieurs carrés magiques sur un même graphique. Il peut également être utilisé afin de comparer rapidement, pour une année ou une période donnée, la situation de plusieurs pays. Rappelons que les autres objectifs de l Etat, non repris dans le carré magique, sont d assurer une certaine qualité de vie à ses citoyens, c.-à-d. d essayer de réaliser la justice sociale et de protéger l environnement naturel. 5.5 Intégration de l Etat dans le modèle keynésien Fonction de comportement des agents économiques Le modèle macro-économique présenté ci-dessous se base sur le système d une économie fermée faisant intervenir les agents économiques suivants : - les ménages, par leur consommation (C) ; - les entreprises, par l investissement (I) ; - l Etat, par les dépenses publiques (G) et les recettes publiques (T). a) les ménages La fonction de consommation (C) des ménages comprend une partie variable en fonction de leur revenu disponible (cy d ) et une partie autonome (C 0 ), indépendante du revenu. D où : C = cy d + C 0 ou bien : C = c(y T) + C 0 La consommation variable cy d varie dans une proportion constante c avec le revenu national disponible Y d. I ère D Economie politique Chapitre 5

105 L Etat - rôle économique et social 105 c = propension marginale à consommer et exprime la part d un accroissement du revenu disponible qui est consommé. (p.ex. : c = 0,80 signifie que pour un revenu disponible supplémentaire de 1, 80% sont consommés, le reste est épargné.) Le revenu national disponible Y d correspond au revenu national diminué des impôts et taxes prélevés par l Etat. Donc Y d = Y T. b) les entreprises Pour simplifier le modèle macro-économique nous retenons un investissement autonome I = I 0, c.-à-d. l investissement reste invariable par rapport au revenu national. c) l Etat Comme pour les entreprises, nous retenons des dépenses publiques invariables par rapport au revenu national : G = G 0. Pour financer ses dépenses, l Etat doit prélever des impôts et des taxes. L impôt total (T) varie dans une proportion constante t par rapport au revenu national. D où : T = ty. (P.ex. : t = 0,10 signifie que pour un revenu national de 1, l Etat encaisse 0,10 d impôts.) Détermination du revenu national d équilibre Y E La détermination du revenu national d équilibre Y E passe par la condition d équilibre Offre globale = Demande globale. L offre globale est constituée par le produit national qui est égal au revenu national. O gl = Y La demande globale se compose de la demande de tous les agents économiques : Deuxième partie Economie politique I ère D

106 106 Macroéconomie D gl = C + I + G A l équilibre D où O gl = D gl Y E = C + I + G Y E = cy d + C 0 + I 0 + G 0 Y E = c(y E T) + C 0 + I 0 + G 0 Y E = c(y E t Y E ) + C 0 + I 0 + G 0 Y E = c(1 t) Y E + C 0 + I 0 + G 0 Y E - c(1 t) Y E = C 0 + I 0 + G 0 [1 - c(1 t)] Y E = C 0 + I 0 + G 0 Y E = Co + Io + Go 1 c(1 t) = 1 (Co + Io + Go) 1 c(1 t) k = 1 1 c(1 t) (k = multiplicateur keynésien) I ère D Economie politique Chapitre 5

107 L Etat - rôle économique et social Applications 1) Supposons une propension marginale à consommer c = 0,75 ; un taux d imposition t = 0,20 ; un investissement autonome I 0 = 40 ; une dépense publique G 0 = 30 et une consommation autonome C 0 = 10. a) déterminer le revenu national d équilibre Y E ; b) représenter graphiquement cet équilibre ; c) quelle est la valeur du multiplicateur des dépenses publiques? d) de combien varie Y si ΔG = +10? Quelle conclusion peut-on tirer? 2) A partir des données suivantes c = 0,85 ; T = 20% de Y ; C 0 = 130 ; I 0 = 300 ; G = , 1Y a) déterminer la valeur d équilibre du revenu national ; b) calculer le multiplicateur des dépenses publiques ; c) évaluer le solde budgétaire sur base de ce revenu national et d) indiquer les possibilités de son financement. 3) On donne les équations de comportement suivantes dans une économie fermée : C = , 8(Y T) T = 0, 25Y I 0 = 140 G 0 = 200 a) déterminer la valeur d équilibre du revenu national ; b) déterminer le solde budgétaire ; c) supposons un revenu national de plein-emploi de Quelle est la politique budgétaire appropriée pour atteindre ce revenu national? De quel montant doivent varier les dépenses publiques pour combler l écart déflationniste/inflationniste ; d) comment évolue le solde budgétaire? Deuxième partie Economie politique I ère D

108 108 Macroéconomie Chapitre 6 Monnaie et politique monétaire La politique budgétaire et la politique monétaire figurent parmi les principaux instruments de la politique économique d un pays. La politique budgétaire est mise en œuvre par le gouvernement, tandis que la politique monétaire est du ressort de la banque centrale. 6.1 La Banque Centrale Mission et objectif d une Banque centrale La banque centrale a pour mission d émettre la monnaie fiduciaire sous forme de billets de banque et de pièces de monnaie. Dans le système bancaire d un pays, la banque centrale dispose d un statut particulier; elle se trouve au sommet de la hiérarchie. En tant que banque de premier rang, elle assume le rôle de prêteur à l égard des banques ordinaires. Ces dernières, encore appelées banques de second rang 10, s adressent à la banque centrale pour lui demander des crédits au cas où les ressources disponibles des déposants (épargnants) seraient insuffisantes pour faire face aux retraits des épargnants et aux demandes de crédit des emprunteurs (investisseurs). Mais l action de la banque centrale ne se limite pas à ce rôle de pourvoyeur de fonds aux banques ordinaires. En général, une banque centrale poursuit les deux objectifs suivants : 10 Par la suite, les banques de second rang seront désignées par banques ordinaires ou banques. I ère D Economie politique Chapitre 6

109 Monnaie et politique monétaire 109 maintenir la stabilité des prix, c.-à-d. sauvegarder le pouvoir d achat de la monnaie nationale en évitant toute inflation et déflation démesurées; soutenir la croissance économique La Banque Centrale Européenne (BCE) La Banque centrale européenne 11, créée le et installée à Francfort, est une institution monétaire indépendante par rapport à tout pouvoir politique. Le Traité de Maastricht (traité instituant l Union économique et monétaire UEM et signé à Maastricht le 7 février 1992) retient que la BCE doit poursuivre comme objectif principal le maintien de la stabilité des prix 12, préservant ainsi le pouvoir d achat de l euro. Néanmoins, le Traité de Maastricht précise également que, sans préjudice de l objectif principal, la BCE peut apporter son soutien aux politiques économiques générales de l Union européenne (par exemple combattre le chômage, favoriser une croissance économique élevée, etc.). Ainsi, les missions fondamentales de la BCE consistent à : émettre les billets de banque dans la zone euro ; définir et mettre en œuvre la politique monétaire de la zone euro ; conduire les opérations de change, détenir et gérer les réserves officielles de change des pays de la zone euro ; promouvoir le bon fonctionnement des systèmes de paiement. 11 En se conformant strictement au Traité de Maastricht de 1992, les missions indiquées ci-dessus reviennent à l Eurosystème qui est le dispositif regroupant la BCE et les banques centrales nationales (BCN) de la zone euro. Toutefois, l actualité économique utilise le plus souvent la notion de BCE au lieu de Eurosystème. 12 Afin de permettre au public d évaluer le succès de la politique monétaire unique, la BCE a annoncé une définition précise de son objectif principal. La stabilité des prix a été définie comme une progression sur un an des prix à la consommation inférieure à 2%. BCE, Banque centrale européenne, avril 2000, p. 25. Deuxième partie Economie politique I ère D

110 110 Macroéconomie La Banque Centrale du Luxembourg (BCL) Avant l introduction de l euro, le franc luxembourgeois et le franc belge coexistaient au Luxembourg depuis 1922, en vertu du Traité de l Union économique et monétaire avec la Belgique (UEBL). En 1998, année précédant l introduction de l euro, le Luxembourg a créé sa propre banque centrale, la Banque centrale du Luxembourg (BCL). Aujourd hui, le Luxembourg, au même titre que tous les autres pays de la zone euro, est représenté dans le conseil des gouverneurs, principal organe de décision de la Banque centrale européenne qui fixe la politique monétaire commune pour la zone euro. Comme pour toutes les banques centrales nationales, la Banque centrale du Luxembourg exécute les décisions de la Banque centrale européenne. 6.2 La politique monétaire de la BCE Pour éviter tout déséquilibre monétaire, qu il soit inflationniste ou déflationniste, un rôle croissant revient aujourd hui à la politique monétaire poursuivie par la banque centrale Le taux d intérêt directeur Pour influencer la masse monétaire en circulation, la banque centrale dispose d instruments multiples et complexes. Un des principaux instruments de la politique monétaire est le taux d intérêt directeur (Leitzinssatz). Pour financer leurs dépenses de consommation et d investissement, les ménages et les entreprises peuvent demander des crédits auprès des banques ordinaires au prix d un taux d intérêt à payer. Les banques à leur tour, ayant un besoin de liquidités, s adressent à la banque centrale en lui demandant des crédits dont le prix dépend d un taux d intérêt appelé taux d intérêt directeur. I ère D Economie politique Chapitre 6

111 Monnaie et politique monétaire 111 Il va sans dire que si la banque centrale augmente (ou réduit) son taux d intérêt directeur, les banques ordinaires vont suivre et procèdent également à une hausse (ou à une baisse) de leur taux d intérêt (fig. 6.1). Fig Le taux d intérêt directeur La politique monétaire restrictive et expansionniste La politique monétaire restrictive est mise en œuvre pour garantir la stabilité des prix. La politique monétaire expansionniste vise, dans un contexte caractérisé par une maîtrise de l inflation, à stimuler la croissance économique et à diminuer le chômage. a) La politique monétaire restrictive Lorsque les risques d inflation s accentuent, la banque centrale doit réagir et combattre ces tensions inflationnistes. Ainsi, la banque centrale augmente son taux d intérêt directeur et décide, par-là, de mettre en œuvre une politique dite restrictive visant à restreindre la croissance de la masse monétaire en circulation. Par la suite, les banques ordinaires, à leur tour, augmentent leur taux d intérêt sur les prêts accordés. Face à ce renchérissement du crédit, les agents économiques demandent moins de crédits. Les ménages et les entreprises diminuent leurs consommations et investissements, de sorte que la demande globale de biens et de services se réduit. Deuxième partie Economie politique I ère D

112 112 Macroéconomie Ce rétrécissement du volume de la demande globale enlève la pression sur les prix et l inflation diminue ou, du moins, augmente moins rapidement. Il y a toutefois des limites à l efficacité de la politique monétaire restrictive. Il se peut qu une hausse des taux d intérêt provoque un effet contraire. Si, par exemple, les ménages et les entreprises s attendent à de nouvelles hausses futures des taux d intérêt, ils accélèrent leurs consommations et investissements en demandant encore plus de crédits. b) La politique monétaire expansionniste En partant d une situation économique caractérisée par une inflation maîtrisée et une croissance économique faible, la banque centrale, dans un souci de relancer l activité économique, peut réviser son taux d intérêt directeur à la baisse. Les banques ordinaires réduisent à leur tour le taux d intérêt demandé sur leurs prêts accordés. Incités par un crédit bon marché, les agents économiques demandent plus de crédits. La demande privée (consommation et investissement) est stimulée, et la demande globale de biens et de services augmente. La production nationale est relancée et entraîne généralement une diminution du chômage. Notons, une fois de plus, que la politique monétaire expansionniste connait également des limites. La seule diminution du taux directeur n est pas forcément suffisante pour relancer l activité économique. Beaucoup dépend des attentes des entreprises et des ménages. En effet : si les firmes estiment que le marché n offre pas de nouveaux débouchés, elles n investiront pas, même si le taux d intérêt est faible ; si les particuliers préfèrent épargner face à un avenir incertain, la baisse des taux d intérêt ne contribue guère à une augmentation de la consommation Les instruments de la politique monétaire de la BCE La banque centrale européenne dispose de 3 types d instruments pour mettre en œuvre sa politique monétaire : les opérations d open market, les facilités permanentes et les réserves obligatoires. I ère D Economie politique Chapitre 6

113 Monnaie et politique monétaire 113 a) Opérations d open market Les opérations d open market jouent un rôle important dans la politique monétaire européenne. Nous nous limitons ci-après à la présentation des deux principales opérations : - Les opérations principales de refinancement constituent le principal canal de refinancement du secteur financier. Elles sont destinées à fournir au système bancaire les liquidités dont il a besoin. Par ces opérations principales de refinancement, la BCE accorde des prêts aux banques contre des dépôts de sûretés (obligations d Etat, etc.). Le taux d intérêt minimal appliqué aux opérations principales de refinancement est ce qu on appelle le taux directeur, plus connu, dans les milieux financiers, sous l appellation Taux REFI (Leitzinssatz). Par une baisse de ce taux directeur, la BCE met en œuvre une politique monétaire expansionniste, tandis qu une hausse de ce taux est l expression d une politique monétaire restrictive. Les opérations principales de refinancement sont effectuées hebdomadairement et pour une durée d une semaine. - Par les opérations de refinancement à plus long terme, la BCE fournit des liquidités additionnelles au système bancaire. Ces opérations sont réalisées mensuellement et pour une période de trois mois. Par le biais de ces deux types d opérations la BCE peut, soit injecter des liquidités supplémentaires dans le système financier (politique monétaire expansionniste), soit en retirer (politique monétaire restrictive). b) Facilités permanentes Les facilités permanentes permettent à la BCE de fournir (politique monétaire expansionniste) ou de retirer (politique monétaire restrictive) des liquidités au jour le jour (à 24 heures). Deux facilités permanentes sont à la disposition des établissements de crédits : - La facilité de prêt marginal - permet aux banques qui ont besoin de liquidités de fin de journée d obtenir de leur Banque centrale nationale (BCN) les liquidités nécessaires (les banques vont emprunter over night) contre des dépôts de sûretés. - Les banques peuvent aussi utiliser la facilité de dépôt marginal (dépôt over night) pour effectuer des dépôts au jour le jour auprès de leur BCN. Deuxième partie Economie politique I ère D

114 114 Macroéconomie c) Réserves obligatoires La BCE impose aux établissements de crédits de la zone EURO un minimum de réserves obligatoires à détenir en compte courant rémunéré auprès de la banque centrale de son pays. Le montant des réserves obligatoires à constituer par chaque établissement est déterminé en fonction d éléments de son bilan (dettes à vue, dettes à préavis à 2 ans, dettes à terme ayant une échéance initiale à 2 ans, etc.). Ces réserves obligatoires ne pourront pas être utilisées par les établissements de crédits pour les prêter à leurs clients. Depuis le 1er janvier 1999, le coefficient de réserves imposé par la BCE n a pas changé et s élève à 2%. Néanmoins, d autres banques centrales appliquent l instrument des réserves obligatoires de façon plus active : si une banque centrale augmente le coefficient de réserves, moins de crédits pourront être accordés par les banques, de sorte que l augmentation de la masse monétaire est freinée. Dans pareil cas, la banque centrale pratique une politique monétaire restrictive ; en abaissant le coefficient des réserves obligatoires, la banque centrale favorise l octroi de crédits et l augmentation de la masse monétaire : une politique expansionniste est mise en œuvre. 6.3 Impact de la monnaie sur l économie réelle D après Keynes, le niveau du revenu national (Y) et de l emploi (N) sont fonction de la demande globale (DG). La demande globale dans une économie fermée, sans intervention de l Etat, se décompose en dépenses de consommation (C) et en dépenses d investissement (I). La consommation est une fonction du revenu national (C = cy + C 0 ). L investissement dépend du taux d intérêt (i). Le taux d intérêt selon Keynes est établi par la loi de l offre (M) et de la demande de monnaie (L). La nouveauté de Keynes est d avoir montré que la monnaie n est pas neutre mais qu elle est capable d influencer le niveau du revenu national ou le niveau général des prix par l intermédiaire du taux d intérêt (fig. 6.2). I ère D Economie politique Chapitre 6

115 Monnaie et politique monétaire 115 Graphique A : L offre et la demande de monnaie déterminent le taux d intérêt. L offre de monnaie dépend de la décision de la banque centrale. La demande de monnaie provient des ménages, des entreprises, de l Etat. Trois motifs incitent les agents économiques à garder une partie de leurs avoirs sous forme liquide : a) un motif de transaction : les agents économiques désirent disposer d une encaisse afin de pouvoir effectuer des transactions au moment voulu. b) un motif de précaution : les agents détiennent généralement un supplément de monnaie pour faire face aux imprévus. Fig Impact de la monnaie sur l économie réelle c) un motif de spéculation : on préfère disposer de liquidités afin de profiter des mouvements des cours sur les marchés financiers et ainsi réaliser une bonne opération de placement. Deuxième partie Economie politique I ère D

116 116 Macroéconomie Graphique B : L entrepreneur qui projette d utiliser ses liquidités a le choix entre : - L investissement (r= taux de rendement de l investissement) - le placement de l épargne (i= taux d intérêt du placement) Comportement de l entrepreneur : Si r > i : l entrepreneur choisit l investissement Si i > r : l entrepreneur se décide en faveur du placement Supposons qu on range des projets d investissements (A ; B ; C ; D ; E) du plus rentable pour aboutir au moins rentable (fig. 6.3). Admettons un taux d intérêt i1. Les entreprises réalisent en principe les projets d investissements A, B, C pour lesquels r > i. Fig Rentabilité de l investissement A un taux d intérêt plus bas i2, les projets A, B, C, D sont réalisés. Pour des perspectives de profit donné, plus les taux d intérêts sont bas, plus les entrepreneurs préfèrent investir plutôt que de placer leur épargne. Les investissements deviennent ainsi relativement plus rentables ; l investissement projeté est une fonction décroissante du taux d intérêt. Graphique C : Le revenu national d équilibre Y1 est déterminé par la demande globale (C+I). Graphique D : Le rapport N/Y associe à un niveau de revenu national un volume d emploi correspondant. Notre revenu national d équilibre Y1 engendre un niveau d emploi N1. Si N correspond au plein emploi du facteur travail, le segment N N1 représentera le chômage. I ère D Economie politique Chapitre 6

117 Monnaie et politique monétaire 117 Conclusion : Le taux d intérêt assure le lien entre le marché de la monnaie d une part, le marché des biens et services et le marché de l emploi d autre part. Par conséquent toute variation de M modifie le taux d intérêt et induit des variations sur l investissement qui se répercutent sur la demande globale, la production nationale et l emploi. Applications : 1) Montrer graphiquement les incidences de la variation de M opérée par la banque centrale dans une situation de sous-emploi. 2) Quelle serait la réaction de la banque centrale en cas d inflation? Deuxième partie Economie politique I ère D

118 118 Macroéconomie Chapitre 7 Emploi et chômage 7.1 Le marché du travail La figure 7.1 présente de manière schématique les composantes du marché du travail ainsi que les facteurs qui déterminent ou influencent l évolution de ce marché. D une part on a l offre de travail, qui émane des ménages, représentée par la population active, c.-à-d. l ensemble des ressources en main-d œuvre humaine disponible. Le niveau de la population active est lui-même déterminé par des facteurs démographiques comme le taux de natalité et le solde migratoire (immigration moins émigration). Il est également influencé par des comportements sociologiques tels que l affluence de travailleurs frontaliers, l emploi des femmes, la durée de scolarité des jeunes ou encore l âge de départ à la retraite. D autre part il existe la demande de travail qui émane des entreprises. Les besoins en main-d œuvre dépendent du volume de travail nécessaire pour assurer un certain niveau de production. A court terme une augmentation du volume de production induit une hausse du volume de travail et entraîne une demande de travail accrue de la part des entreprises. A moyen et à long terme l évolution de la productivité joue un rôle très important. A production constante, une hausse de la productivité fera baisser le volume de travail nécessaire et donc la demande de travail. Si le marché du travail fonctionnait comme un marché en concurrence pure et parfaite, sans entraves et sans intervention étatique, le niveau du salaire (prix du facteur travail) serait déterminé par la confrontation de l offre et de la demande. Un excès d offre (de main-d œuvre) ferait baisser les salaires tandis qu une pénurie de main-d œuvre provoquerait une hausse des salaires. Mais ceci n est que partiellement vrai, et pour plusieurs raisons : I ère D Economie politique Chapitre 7

119 Emploi et chômage 119 Fig Marché du travail Le travail est par nature un bien très hétérogène. Les aptitudes et compétences individuelles varient d une personne à l autre et il y a une multitude d activités différentes. Il n y a en fait pas un marché, mais beaucoup de marchés du travail : celui des ouvriers non qualifiés, celui des employés de bureau, celui des travailleurs hautement qualifiés, ingénieurs, programmeurs, etc. Il peut y avoir pénurie de maind œuvre sur un marché et pléthore sur tel autre, ceci expliquant en partie les fortes disparités de salaires entre professions. On constate depuis longtemps une rigidité des salaires à la baisse et même en cas de chômage, il est rare que les salaires baissent. La méthode la plus efficace pour empêcher des réductions de salaire, c est de se regrouper en syndicats de travailleurs capables de défendre les intérêts communs. Deuxième partie Economie politique I ère D

120 120 Macroéconomie Le syndicalisme des travailleurs, suivi par le regroupement des entreprises dans des fédérations patronales, a complètement changé les mécanismes de détermination des salaires sur les marchés du travail. Du côté de l offre comme du côté de la demande, on assiste à une monopolisation bilatérale qui fait que ce n est plus le travailleur isolé qui négocie son salaire face à un employeur isolé, mais des délégués syndicaux et patronaux qui négocient des accords collectifs appelés conventions collectives. L Etat intervient pour sa part sur le marché du travail par des mesures législatives rassemblées dans le droit du travail : salaire minimum, limitation des heures de travail, protection contre le licenciement abusif, etc. 7.2 L emploi au Luxembourg Au Luxembourg, la croissance continue du PIB au fil des dernières années est à l origine de la création de nombreux emplois. En raison de la pénurie de la maind œuvre luxembourgeoise, cette offre supplémentaire n a pu être satisfaite que par l apport de travailleurs frontaliers et de travailleurs migrants. Mais, malgré cette progression notable de l emploi, le chômage, certes largement en dessous de la moyenne européenne, reste une donnée de la vie économique et sociale au Luxembourg. Le marché de l emploi au Luxembourg se caractérise par des mutations structurelles que connaissent tous les pays développés tout en présentant des particularités propres Mutations structurelles de l emploi a) Le développement du secteur tertiaire Les profondes mutations structurelles de l économie luxembourgeoise, caractérisées par la transition du secteur secondaire vers le secteur tertiaire, ont également affecté la structure de l emploi. Le secteur tertiaire est devenu le plus grand pourvoyeur d emplois au Luxembourg. L emploi dans les banques et les entreprises d assurances et de transports a particulièrement progressé. Mais il ne faut pas négliger l effet d extension sur d autres activités connexes : experts comptables, cabinets d avocats, réviseurs d entreprises, etc. L avènement de la société de l information, de la communication et des médias exige de plus en plus une main-d œuvre disposant d un know-how hautement spécialisé. Remarquons que les emplois dans les activités de services sont majoritairement localisés à Luxembourg-Ville et dans sa périphérie. Plus on s éloigne de la capitale, plus la part des actifs dans le tertiaire diminue. I ère D Economie politique Chapitre 7

121 Emploi et chômage 121 b) L emploi féminin Autrefois, la société confinait les femmes dans les activités ménagères et familiales. Au cours des dernières décennies l emploi féminin a constamment augmenté au Luxembourg. La part des femmes dans la population active est passée de 26% en 1970, à 38% en 1999 et à 49% en Au Luxembourg l écart entre les femmes et les hommes reste notable : en 2010, le taux d emploi des femmes âgées de 20 à 64 ans se chiffrait à 62% contre 79% chez les hommes. Les pays scandinaves se distinguent par des écarts sensiblement moins importants (10%). Au niveau de l Union européenne, le taux d emploi féminin était en 2010 de 62 %. L analyse de l activité professionnelle féminine relève que 13 : les jeunes femmes sont plus représentées que les plus âgées ; les étrangères ont un taux d activité plus élevé que les Luxembourgeoises, quelle que soit la classe d âge ; le mariage ou la vie en couple font diminuer le taux d activité ; l activité professionnelle féminine diminue avec le nombre d enfants à charge et augmente avec le niveau de scolarité. L accroissement de l emploi féminin est lié au développement de mesures permettant de concilier vie professionnelle et contraintes familiales. L augmentation de l emploi féminin nécessite des politiques sociale, familiale et fiscale cohérentes, ainsi qu une politique d aménagement du temps de travail, qui incitent les jeunes femmes, qui sont souvent bien formées, à ne pas abandonner leur emploi pour se consacrer uniquement à leur vie familiale et à l éducation de leurs enfants. Il en est de même des femmes qui veulent réintégrer le marché du travail L immigration et les frontaliers a) L immigration Au 19e siècle, le Luxembourg était une terre d émigration. A cette époque l activité économique était essentiellement orientée vers l agriculture. Entre 1841 et 1891, faute de moyens suffisants nécessaires à la survie, plus de personnes ont quitté le pays, notamment pour le Brésil, le Guatemala et surtout les Etats-Unis. 13 M. Milloch, Les femmes au Grand-Duché de Luxembourg : Cycle de vie professionnelle et profil d activité, dans : Conférence Nationale des Professeurs de Sciences Economiques et Sociales, numéro 1, 1999, pp Conseil Economique et Social, L évolution économique, financière et sociale du pays 2000, Avis, p.78. Deuxième partie Economie politique I ère D

122 122 Macroéconomie A partir de 1870, grâce au développement de l industrie du fer, le Luxembourg a attiré de forts contingents d ouvriers étrangers. Toutefois, ce n est qu à la fin du 19e siècle que le courant migratoire s inverse. Au cours du 20e siècle nous avons connu des vagues successives d immigration. A la fin du 19e siècle, les Allemands représentaient à peu près la moitié de la colonie étrangère. Après la Seconde Guerre mondiale, les Italiens ont pris la relève. A la fin des années 1970, les Portugais ont ravi le premier rang aux Italiens. Cette immigration plus que centenaire, indispensable au Luxembourg pour assurer sa croissance économique, a ses raisons particulières : la réduction progressive du taux de natalité et l allongement de la vie des Luxembourgeois conduisent à un vieillissement de la population ; depuis les années 1960, on assiste à une stagnation de la population de nationalité luxembourgeoise. En fait, la population du Luxembourg n augmente qu en raison du flux migratoire ; les modifications intervenues dans la structure sociologique de la population luxembourgeoise, suite à l allongement de la scolarité et l accès à une formation scolaire plus poussée, dévalorisent certains emplois, notamment manuels, qui sont moins recherchés par les Luxembourgeois ; l augmentation des départs à la retraite se répercute négativement sur la population active. Jusque dans les années 1970, l immigration a fourni la maind œuvre manquante essentiellement à l industrie, à la construction et à l artisanat. b) Les frontaliers Les nouveaux emplois créés au Luxembourg (en moyenne une progression annuelle de 3,5% depuis 1990) n ont que partiellement pu être occupés par les Luxembourgeois. A l immigration s est associé le développement de l emploi frontalier. Un frontalier est une personne qui travaille au Luxembourg tout en habitant un des trois pays limitrophes. Un taux de chômage élevé dans la Grande Région, des différences de rémunération dans les différents pays, et la proximité des frontières constituent les causes essentielles du développement de l emploi frontalier. A titre de comparaison, relevons qu en 1974, seulement frontaliers étaient occupés au Luxembourg contre près de fin 2014, c.-à-d. plus du tiers de l emploi intérieur. Actuellement les frontaliers sont les principaux fournisseurs de la main-d œuvre manquante au Luxembourg. Notons encore qu à côté des frontaliers et les étrangers vivant au Luxembourg, les Luxembourgeois ne représentent plus que le tiers de l emploi intérieur du pays! I ère D Economie politique Chapitre 7

123 Emploi et chômage 123 En 2014, la ventilation par pays de résidence des frontaliers était la suivante : France (50%), Belgique (25%), Allemagne (25%) Définitions et statistiques a) Les différentes notions de l emploi L emploi intérieur est formé de l ensemble des personnes travaillant sur le territoire national quel que soit leur lieu de résidence. Il tient donc compte des frontaliers étrangers travaillant au Luxembourg, mais néglige les frontaliers luxembourgeois travaillant à l étranger et les fonctionnaires des institutions internationales considérées comme extraterritoriales. L emploi national représente l emploi des personnes résidant sur le territoire du Grand-Duché de Luxembourg. Il englobe donc les frontaliers luxembourgeois travaillant à l étranger et les agents des institutions internationales. La population active s obtient par l addition de l emploi national et des demandes d emploi non satisfaites (personnes au chômage). Le taux de chômage est calculé par le rapport : nombre de chômeurs population active X 100 Le taux d activité s obtient par le rapport : population active population totale en âge de travailler X 100 (Par population en âge de travailler on prend les personnes âgées entre 20 et 65 ans). Deuxième partie Economie politique I ère D

124 124 Macroéconomie b) Données statistiques Année Spécification 1. Emploi intérieur 215,5 263,8 307,8 352,2 358,6 2. Frontaliers nets (a) - (b) 47,3 79,0 108,5 135,9 138,7 a. Frontaliers non résidents 56,1 87,7 118,5 147,2 150,1 b. Frontaliers résidents 8,8 8,8 10,1 11,3 11,4 3. Emploi national (1) - (2) 168,1 184,8 199,3 216,3 219,9 4. Demandes d'emploi non satisfaites 4,8 4,5 8,5 12,5 13,5 dont: Chômeurs indemnisés 6,3 6,3 5. Population active (3) + (4) 172,9 189,3 207,8 228,7 233,4 6. Taux de chômage en % (4) : (5) 2,7 2,4 4,1 5,4 5,8 7. Personnes en mesures pour l'emploi 2,1 3,9 3,1 3,8 8. Taux de chômage élargi (y c. personnes en mesure) en % (4+7) : (5) 3,5 6,0 6,8 7,4 B3100 Vue d'ensemble du marché du travail (en personnes) (Statec) c) Qui est demandeur d emploi? Au Luxembourg, est considérée comme demandeur d emploi, toute personne : sans emploi ; disponible pour le marché du travail ; à la recherche d un emploi approprié ; non affectée à une mesure pour l emploi ; indemnisée ou non indemnisée ; et ayant respecté les obligations de suivi de l Agence pour le Développement de l Emploi (ADEM). 7.3 Le chômage Le chômage dans une perspective historique a) L emploi salarié au 19e siècle Le chômage est sans doute l un des fléaux caractéristiques du système capitaliste. Depuis le 19e siècle l économie de marché a connu une extension progressive du nombre de travailleurs salariés, employés dans de grandes unités de production. Le changement des structures de production et le passage de la société artisanale à la société industrielle ont été à l origine de mutations sociales importantes. I ère D Economie politique Chapitre 7

125 Emploi et chômage 125 En cas de crise, la situation des salariés fut très critique. Des licenciements massifs étaient à l ordre du jour et la protection sociale n existait pas. Si le travailleur perdait son emploi, il ne pouvait s attendre à aucune allocation de chômage. b) Le chômage de masse des années 1930 La grande crise des années 1930 était à l origine d un chômage de masse jamais vu auparavant. En Angleterre, le nombre de chômeurs passa en deux ans de 1,1 million à 2,7 millions de personnes. En 1932, les Etats-Unis d Amérique comptaient 12 millions de demandeurs d emploi. En Allemagne, la situation est la plus dramatique. En 1933, à la veille de l avènement au pouvoir d Hitler, l Allemagne comptait 6 millions de chômeurs. Inutile de rappeler que le parti national-socialiste profitait largement de ce scénario social très critique pour accéder au pouvoir. Les expériences pénibles des années 1930 révèlent à merveille que le chômage ne pose pas seulement des questions économiques et sociales. Il constitue également un problème politique dans la mesure où le nombre croissant de demandes d emploi non satisfaites est responsable d un climat politique instable et propice aux tendances extrémistes. c) Le chômage banni De 1945 à 1973 tous les pays occidentaux enregistrent une période de croissance économique soutenue. Jamais le monde n aura connu pendant un laps de temps aussi long une telle progression des productions nationales. Le plein emploi s accompagne d un taux de chômage très faible. En Europe ce taux tombe en dessous de 2%, aux Etats-Unis il s établit à 4,5%. Aux alentours de l année 1970, la mécanique semble se détraquer : la croissance ralentit, les prix commencent à monter et le chômage réapparaît progressivement. d) La croissance du chômage En 1973, face à l accroissement des prix dû notamment à la montée vertigineuse du prix du pétrole, les gouvernements sont amenés à prendre des mesures restrictives. Il en résulte un ralentissement de la croissance économique et une montée du nombre de chômeurs. En 1983 on compte, pour l ensemble de l O.C.D.E, jusqu à 34 millions de chômeurs. Fin 1988 ce chiffre tombe à 28 millions, pour augmenter de nouveau au début des années Toutefois le chômage parait moins tenace aux Etats-Unis qu en Europe. Un renversement de tendance n y est apparu que vers la fin du 20e siècle. Deuxième partie Economie politique I ère D

126 126 Macroéconomie Il n est donc pas surprenant que la lutte contre le chômage figure à l ordre du jour des politiques économiques. Au vu d une concurrence internationale des plus sévères et en raison d une accélération fabuleuse du progrès technologique, un large éventail de stratégies et de mesures est indispensable si l on veut comprimer progressivement le taux de chômage. Il s agit donc de favoriser un environnement économique permettant la création d emplois supplémentaires et de préparer les citoyens aux mutations techniques qui, tout au long de leur vie, affecteront leur vie professionnelle. Si les travailleurs licenciés peuvent aujourd hui bénéficier d une allocation de chômage permettant d assouplir leur situation précaire, il ne faut pas pour autant perdre de vue que le sous-emploi du facteur travail est à l origine d un coût important pour la collectivité. Le coût économique le plus visible du chômage est celui des sommes importantes que requiert, par la sécurité sociale, le financement des allocations versées aux chômeurs. Leur justification évidente sur le plan redistributif n annule pas le fait que ces sommes ont un coût d opportunité : celui de ce que l on aurait pu faire d autre avec elles. Un coût plus important quoique moins visible est celui de la perte d activité productive des chômeurs : leur inactivité forcée prive non seulement eux-mêmes mais aussi toute la société des biens et services qu ils pourraient produire. (...) Mais les problèmes que suscite le chômage se situent aussi à un niveau plus intangible, où ils s avèrent encore plus importants. La perte d un emploi ou l impossibilité d en trouver un signifient d abord une perte substantielle de revenu, donc de niveau de vie, pour ceux qui en sont victimes : mais ensuite commencent le cortège des difficultés de la recherche, les vexations des refus, la somatisation des angoisses du lendemain, les crises psychologiques d identité et le sentiment d inutilité face à la non-insertion dans une société où le travail est une valeur essentielle. Statistiquement, on observe que maladies, violences et criminalité s accroissent notablement dans les périodes de chômage important Chômage et indemnisation du chômage au Luxembourg A partir de 1990, le nombre de chômeurs ou de demandeurs d emploi au Luxembourg a sensiblement augmenté par rapport aux deux décennies précédentes. De 1997 à 2001 ce nombre diminue progressivement mais augmente de nouveau à partir de Relevons que notre taux de chômage demeure tout de même de loin parmi les plus faibles en Europe. L analyse des demandes d emploi au Grand-Duché permet de faire ressortir quelques caractéristiques : 15 A.Jacquemin et H.Tulkens, Fondements d économie politique, De Boeck, 1986, p.309. I ère D Economie politique Chapitre 7

127 Emploi et chômage 127 le pourcentage des demandeurs d emploi masculins est légèrement supérieur à celui des demandeurs d emploi féminins ; la catégorie des chômeurs les plus touchés se situe entre 31 et 50 ans (60%); la formation scolaire a une incidence sur le nombre de chômeurs : plus de la moitié des demandeurs d emploi n ont suivi que la scolarité obligatoire (9 ans) ; la durée de chômage : les chômeurs de longue durée sont souvent ceux dotés d une formation peu poussée ; la durée d inscription à l Administration de l Emploi augmente avec l âge. Depuis 1976, le législateur a instauré un fonds de chômage et a prévu l octroi d indemnités de chômage. L alimentation de ce fonds de chômage est un exemple de solidarité nationale. En effet, les contribuables doivent participer au financement en fonction de leur capacité contributive. 7.4 Les types de chômage La lutte contre le chômage ne peut être efficace que si l on est en mesure d identifier les différentes causes du chômage. En effet, les instruments de lutte varient d un type de chômage à l autre. Nous distinguons : a) Le chômage conjoncturel A court terme, le niveau de l emploi est déterminé par le niveau de la production. Si la production s accroît, les entreprises embaucheront plus de main-d œuvre et inversement. La production à son tour est conditionnée par la demande qu expriment les agents économiques. Par exemple, une diminution de la demande entraîne une réduction des dépenses de consommation des ménages et/ou des investissements des entreprises. Ce type de chômage est donc lié à l insuffisance de la demande qui s adresse aux producteurs. Si la demande se rétrécit, les entreprises seront obligées tôt ou tard de réviser leurs plans de production à la baisse. La réduction du volume de la production va généralement de pair avec une diminution du nombre de salariés. Faute de commandes, les unités de production devront licencier une partie de la main-d œuvre. Deuxième partie Economie politique I ère D

128 128 Macroéconomie Ce sous-emploi, conséquence directe d un ralentissement économique, touche l économie dans son ensemble. Quels sont les remèdes pour relancer la demande afin de combattre le chômage conjoncturel? Les pouvoirs publics peuvent notamment : stimuler la demande en provenance des ménages et des entreprises en baissant par exemple les impôts ; compenser le rétrécissement de la demande privée par une augmentation des dépenses publiques (programmes d infrastructure). La banque centrale peut diminuer son taux d intérêt directeur, rendant ainsi le crédit moins cher afin de relancer la consommation et l investissement. b) Le chômage structurel Ce type de chômage est lié aux structures économiques d un pays et aux caractéristiques des personnes cherchant un emploi. Un chômage peut coexister avec des emplois vacants. Par exemple, on peut avoir une pénurie de programmeurs et avoir en même temps un excédent d ingénieurs. Ce type de chômage s explique par une inadéquation entre les qualifications demandées et offertes. Autrement dit, les personnes sans emploi n ont pas les qualifications que recherchent les employeurs. Un développement régional inégal des activités économiques en est une autre cause. Une pénurie de main-d œuvre dans des régions à forte croissance économique peut coexister avec du chômage dans des régions en déclin. Une poussée démographique forte peut renforcer le chômage structurel. Les jeunes générations arrivent sur le marché de travail qui, faute de postes supplémentaires, n est pas prêt à les accueillir. Comment remédier au chômage structurel? Il s agit notamment : de permettre aux chômeurs structurels de se doter de nouvelles qualifications, ce qui nécessite la mise en place de programmes de formation ; de créer de nouveaux emplois en stimulant les investissements privés ; d adapter encore davantage les programmes scolaires aux nouvelles exigences du monde contemporain. I ère D Economie politique Chapitre 7

129 Emploi et chômage 129 La résorption du chômage structurel reste un problème délicat. En effet, il est plus facile de lutter contre le sous-emploi dû à une insuffisance de la demande que de porter remède au chômage structurel. c) Le chômage technologique Le chômage technologique est lié aux innovations entraînant la substitution du capital au facteur travail. Deux thèses s opposent à propos de l incidence du progrès technologique sur le chômage. La thèse pessimiste, affirme que le progrès technique est source de chômage. La robotisation et l informatisation constituent des exemples où la machine chasse l homme. La thèse optimiste insiste sur les conséquences positives du progrès technique. La baisse probable des prix augmente le pouvoir d achat des consommateurs et par là les ventes. En plus, le progrès technique donne naissance à de nouveaux produits ; d autres activités apparaissent pour répondre à de nouveaux besoins. La hausse de la consommation et des investissements qui en résulte engendre une augmentation de la production et par conséquent une demande supplémentaire de main-d œuvre. d) Le chômage frictionnel Le chômage frictionnel apparaît lorsque des salariés cherchent un nouvel emploi, suite à l abandon volontaire ou involontaire de l ancien emploi. Des personnes renoncent volontairement à un emploi pour en rechercher un autre dont les conditions sont plus intéressantes (rémunération plus élevée, meilleures perspectives de promotion, etc.). Dans certains cas, des personnes involontairement au chômage y demeurent volontairement en attendant de meilleures propositions d emploi. Le chômage frictionnel est généralement de courte durée. Le délai d ajustement d un emploi à l autre dépend notamment : de la mobilité géographique et sectorielle de la main-d œuvre ; de la disponibilité d informations sur les offres d emploi de la part des entreprises; du montant des allocations de chômage. Deuxième partie Economie politique I ère D

130 130 Macroéconomie e) Le chômage saisonnier Le chômage saisonnier s explique par la dépendance de certains emplois à l égard des variations saisonnières de la demande. Les salariés de l agriculture, du bâtiment, de la restauration et de l hôtellerie, du tourisme sont régulièrement touchés par ce type de chômage. f) Le chômage technique Ce type de chômage est dû à des événements aléatoires ou accidentels entraînant une réduction de l activité économique. Il apparaît dans les situations les plus diverses : incendie, inondation, tremblement de terre, grand froid, mauvaise récolte, grève des camionneurs, défaillance d un fournisseur, etc. g) Le chômage lié à la délocalisation de la production La mondialisation de l économie et la concurrence qui est livrée à l Europe occidentale par les nouveaux pays industrialisés de l Asie (Taiwan, Singapour, Hong Kong, la Corée du Sud, etc.) ont déclenché un processus de délocalisation de certaines activités de production qui, jadis, étaient situées en Europe. Comme le coût unitaire de la main-d œuvre est sensiblement plus faible dans ces régions, il y a transfert de certaines productions vers ces pays. Que l on pense, par exemple, à l industrie du textile, de la construction navale, de la sidérurgie, etc. De même, depuis l ouverture du rideau de fer, un nouveau mouvement de délocalisation de la production a été mis en route. Nombre d entreprises cherchent à déplacer leurs activités de production en direction des pays l Europe de l Est à faible coût salarial. 7.5 Chômage et inflation : la courbe de Phillips En 1958, l auteur néo-zélandais A.W. Phillips avait mis en évidence une relation inverse entre le taux d inflation et le taux de chômage observés dans l économie britannique sur une période de cent ans. Cette relation est mieux connue sous le nom de courbe de Phillips (fig. 7.2). I ère D Economie politique Chapitre 7

131 Emploi et chômage 131 Explication de l allure de la courbe de Phillips : Si on s approche du plein-emploi (et que le taux de chômage diminue) et que les employeurs veulent encore augmenter le niveau de la production, la main-d œuvre se fait de plus en plus rare sur le marché du travail et les salariés peuvent revendiquer des salaires plus élevés. A productivité du travail égale (ce qui est normalement le cas puisque les keynésiens raisonnent surtout à court terme), cette hausse se répercute sur les prix et le taux d inflation augmente. A l inverse, plus on est loin du plein-emploi (et que le taux de chômage augmente), plus la main-d œuvre devient abondante et plus les salaires et donc aussi le taux d inflation ont tendance à baisser. Ce dernier peut même devenir négatif. L importance de la courbe de Phillips réside maintenant dans le fait que, d un côté on ne peut réduire le taux de chômage sans augmenter le taux d inflation, mais d un autre côté elle fait apparaître la possibilité d un arbitrage entre le chômage et l inflation. Ainsi un taux d inflation un peu plus élevé serait le prix à payer pour combattre efficacement le chômage. Fig Courbe de Phillips La courbe de Phillips semble d abord être vérifiée empiriquement ; elle devient rapidement la pierre angulaire de la politique conjoncturelle keynésienne des années 1960 et du début des années Comme les keynésiens donnent la priorité à la lutte contre le chômage, ils pratiquent de préférence des politiques budgétaires expansionnistes en acceptant une hausse du niveau général des prix. Ce n est que lorsque les effets négatifs de l inflation (comme la perte de compétitivité-prix au niveau des exportations) se font trop pressants que les gouvernements font marche arrière et se mettent à pratiquer des politiques budgétaires restrictives. Deuxième partie Economie politique I ère D

132 132 Macroéconomie Une telle succession de politiques de relance de l activité économique pour combattre la récession et de politiques de freinage de l activité pour combattre les tendances inflationnistes est mieux connue sous le nom de politique stop and go. 7.6 La lutte contre le chômage a) Les outils traditionnels Combattre le chômage doit être un objectif prioritaire de toute politique économique. En dehors des outils traditionnels mis en œuvre dans le cadre des politiques budgétaire et monétaire, les pouvoirs publics peuvent favoriser tout un ensemble d autres instruments. b) Le partage du travail Les partisans d une réduction de la durée de travail proposent notamment : la retraite progressive. Le salarié prend sa retraite par étapes à partir d un certain âge. On peut imaginer qu un salarié âgé de 50 ans, souhaite réduire sa tâche aux troisquarts de la durée normale. A partir de 55 ans il décide de prendre sa semi-retraite ; le travail à temps partiel. La durée de travail hebdomadaire ou mensuelle est inférieure à la durée légale de travail. Ces postes conviennent aux personnes qui veulent être disponibles pour la famille, sans renoncer complètement à leur vie professionnelle ; la réduction des heures supplémentaires ; la réduction hebdomadaire du travail. c) Autres mesures possibles Afin d enrayer le développement persistant du sous-emploi et de réduire les rigidités du marché du travail, les pouvoirs publics, les organisations patronales et syndicales sont appelées, entre autres, à : favoriser la mobilité géographique et professionnelle de la main-d œuvre tout en augmentant sa flexibilité ; I ère D Economie politique Chapitre 7

133 Emploi et chômage 133 perfectionner progressivement les systèmes de communication permettant d intensifier les contacts entre offreurs et demandeurs d emploi ; lutter, dans le cadre de campagnes de sensibilisation et d information, contre la dévalorisation du travail manuel afin de réduire les inadéquations persistantes entre l offre et la demande de travail ; soutenir plus systématiquement les modules de formation continue et complémentaire au profit des travailleurs désireux de changer de travail, respectivement de sauvegarder leur emploi ; diminuer les coûts salariaux par une réduction des charges sociales et fiscales ; faciliter la réinsertion dans la vie active des femmes au foyer ; promouvoir le travail à domicile. Deuxième partie Economie politique I ère D

134 134 Macroéconomie Chapitre 8 Théorie de la croissance 8.1 La croissance économique La croissance économique est un des sujets les plus controversés des sciences économiques. Déjà les auteurs classiques comme Smith, Ricardo, Say et Malthus s y sont intéressés et depuis le début de la révolution industrielle à la fin du 18e siècle jusqu à aujourd hui, ce phénomène historique d importance majeure fait l objet d une multitude d analyses et d interprétations des plus diverses. Comment expliquer la croissance, quels sont les facteurs qui la favorisent et les obstacles qui la freinent, et surtout, pourquoi y a-t-il de tels écarts de croissance entre les différentes parties du globe et suivant les époques? La science économique seule n est pas capable de répondre à ces questions parce que le phénomène est trop complexe et déborde largement sur le terrain de l analyse historique, politique ou sociologique Définition et mesure de la croissance a) Définition de la croissance La croissance économique est l accroissement durable, donc à plus long terme, de la production globale d une économie. Il ne faut pas confondre croissance, expansion et développement. L expansion est une augmentation de la production sur une courte période. Croissance et expansion sont des phénomènes quantitatifs, donc mesurables. I ère D Economie politique Chapitre 8

135 Théorie de la croissance 135 Le développement par contre est un phénomène qualitatif, il exprime des changements structurels de nature technique, sociale, démographique et culturelle, comme par exemple les modifications dans la répartition de la population active suivant les secteurs. Croissance et développement sont toutefois intimement liés, car la croissance est une condition nécessaire du développement qui à son tour peut favoriser la croissance économique. b) Mesure de la croissance L instrument de mesure de la croissance sont le PNB ou le PIB ou encore le revenu national ou plus précisément leur taux de croissance. Mais la mesure de la croissance doit se faire en volume ou en termes réels, afin d éliminer l impact de l inflation et de la déflation. L évolution nominale ou à prix courants du PIB doit donc être corrigée par un déflateur du PIB pour obtenir une mesure à prix constants. Le déflatage se pratique à l aide de l indice des prix à la consommation (IPC) en appliquant la formule suivante : PIB réeln = PIB nominaln x IPC 1 IPC n IPC 1 étant l indice des prix à base 100 (époque de référence) et IPC n étant le niveau des prix à l époque n. Si on veut mesurer l évolution du niveau de vie d une population, il convient d utiliser un autre indicateur économique, à savoir le PIB par tête d habitant. Cet instrument permet aussi d effectuer des comparaisons internationales. Mais pour éliminer les distorsions dues aux différences des niveaux de prix entre pays (le pouvoir d achat de 1 dollar n est pas le même à New York qu à Bombay), on passe par l évaluation en parités de pouvoir d achat (PPA). Ces PPA sont des taux de conversion monétaire qui permettent justement d éliminer les différences de niveaux des prix entre pays. Notons encore que pour mesurer le niveau de développement, les Nations Unies ont mis au point l Indicateur du développement humain (IDH), qui combine le PIB réel par tête exprimé en PPA, le niveau de scolarisation de la population adulte et l espérance de vie à la naissance. Remarquons finalement que tous ces indicateurs sont nécessairement incomplets et partiellement faussés par l absence de statistiques fiables ou parce qu ils ne prennent pas parfaitement en compte l économie souterraine ou non marchande qui restent très importantes dans beaucoup de pays. Il convient donc d utiliser ces indicateurs avec une certaine prudence. Deuxième partie Economie politique I ère D

136 136 Macroéconomie Les facteurs de la croissance Qu est-ce qui explique que la croissance a lieu, ou qu elle n a pas lieu? Quels sont les facteurs qui la déterminent, ou qui l influencent, dans un sens positif ou négatif? Les tentatives d explication sont nombreuses, très variées et parfois contradictoires. Nous nous limiterons ici à en présenter quelques-unes, à propos desquelles il semble y avoir un large consensus parmi les économistes. - Le rôle des facteurs naturels (ressources naturelles, population) semble indéniable. L abondance de ressources naturelles énergétiques, minières et autres est certainement un avantage et permet un décollage économique plus rapide, mais à lui seul, ce facteur est insuffisant pour garantir une croissance durable, comme le montre l exemple de l ex-union soviétique ou encore du Congo aujourd hui. L influence des facteurs démographiques est un sujet très controversé. L augmentation de la population globale serait un facteur positif conférant à l économie plus de dynamisme et plus de créativité, contrairement à une population vieillissante, en stagnation ou en déclin démographique. D autres auteurs mettent l accent sur la surpopulation, qui caractérise de nombreux pays en développement. Elle serait un obstacle au progrès économique dans la mesure où le taux de croissance de la population dépasse souvent le taux de croissance économique du pays, de sorte que la pauvreté générale augmente. - Le progrès technique est généralement considéré comme un facteur de croissance important. L évolution des connaissances scientifiques et leurs retombées technologiques induisent une hausse constante de la productivité du travail et du capital technique, permettant ainsi une baisse des prix et une élévation du niveau de vie des populations. Le progrès technique favorise aussi l apparition de nouveaux secteurs d activité, comme l informatique, qui a donné naissance aux nouvelles technologies de l information, avec des conséquences favorables pour l emploi. Mais il est permis de se poser la question de savoir si le progrès technique est la source ou plutôt le fruit de la croissance ou les deux à la fois, la croissance permettant de dégager les ressources nécessaires pour stimuler l enseignement, la recherche et le développement. I ère D Economie politique Chapitre 8

137 Théorie de la croissance Les investissements sont également un facteur incontestable de la croissance. Par investissement on comprend l investissement net du secteur privé, celui qui permet un accroissement des biens de capital fixe (bâtiments, équipements, matériel et outillage). On y inclut également l investissement du secteur public, responsable des infrastructures publiques indispensables à l essor économique (réseaux de communications, enseignement, santé, sécurité, etc.) L investissement en capital humain, c.-à-d. l acquisition et la diffusion du savoir et du savoir-faire, comme la connaissance et la maîtrise des processus industriels, techniques ou scientifiques, occupe une place de plus en plus importante dans nos sociétés de l information. - En fin de compte le contexte géopolitique international ainsi que le contexte politique, juridique et réglementaire national ne sont pas négligeables. Les tensions et conflits internationaux provoquent des vagues de pessimisme et de prudence qui se traduisent par un ralentissement de la consommation, des investissements et des échanges constituant ainsi un frein à la croissance. Les anticipations des agents économiques plus optimistes stimulent par contre la croissance. La stabilité politique et la paix sociale intérieure d un pays jouent un rôle similaire. Par une législation appropriée, les Etats cherchent à promouvoir le développement de nouveaux secteurs (place financière luxembourgeoise, aéronautique et recherche spatiale européennes etc.), à favoriser les investissements transnationaux et l implantation d entreprises étrangères, bref à influencer les déterminants de la croissance. 8.2 Les cycles économiques On parle de cycle économique lorsque les fluctuations, mouvements de hausse et de baisse de l activité économique, se reproduisent avec une certaine régularité. La théorie économique a essayé d identifier les différents types de cycles et d en expliquer les raisons Les phases du cycle économique On peut décomposer un cycle en quatre phases successives dont les plus marquantes sont les phases d expansion et de contraction : Deuxième partie Economie politique I ère D

138 138 Macroéconomie - la phase d expansion ou de prospérité est une période de haute conjoncture pendant laquelle on assiste à une hausse de la production, des revenus et de l emploi avec, à partir d un certain moment, des tendances inflationnistes ; - la crise marque le passage de la prospérité à la récession et est parfois précédée d une période de surchauffe de l économie ; - la phase de contraction, de récession ou de dépression est une période de basse conjoncture marquée par une baisse de la production et une hausse du chômage, elle est parfois accompagnée par des tendances déflationnistes ; - la reprise se caractérise par un retournement de situation lorsque l économie, après avoir dépassé le creux de la vague, revient à une phase d expansion. Fig Les phases d un cycle économique Les différents types de cycles Tous les cycles ont des caractères essentiels communs, mais ils se distinguent par leur durée et par leur intensité. Ainsi par exemple le crash boursier à Wall Street en octobre 1929 déclencha une récession qui déboucha sur une dépression profonde du monde capitaliste. I ère D Economie politique Chapitre 8

139 Théorie de la croissance 139 Les cycles conjoncturels sont de courte durée. Le cycle Kitchin (économiste américain, 1932) est d une durée approximative de 3 ans. Il est lié aux variations des stocks. Les entreprises, anticipant une hausse de la demande, accélèrent l activité de production et constituent des stocks. Le recul des commandes et de la demande déclenche ensuite une phase de déstockage et de ralentissement économique. Aux Etats-Unis ce cycle était considéré comme le mouvement conjoncturel fondamental alors qu il est plus difficile à observer dans l histoire des économies européennes. Le cycle majeur ou cycle Juglar (économiste français, 1905) durent entre 6 et 11 ans et s inscrivent à l intérieur de mouvements de longue durée. Pendant la phase d expansion, prix, salaires, profits et emploi augmentent en même temps, tandis que pendant la phase de contraction, toutes ces variables macroéconomiques sont en baisse. Le cycle Juglar est bien vérifié par l histoire européenne du 19e siècle (il y aurait ainsi 15 cycles Juglar entre 1816 et 1938), mais il a plus de mal à être confirmé par l évolution économique des trente années d expansion qui suivirent la Deuxième Guerre mondiale. Le cycle long ou cycle Kondratieff (économiste russe, 1930, qui a repéré ce cycle au début des années 1920) est d une durée de 30 à 50 ans et résulte principalement du progrès technique. La croissance économique est à chaque fois déclenchée par des innovations technologiques majeures qui exercent un effet d entraînement sur toute l économie. Après un certain temps, l impact des innovations faiblit et déclenche ainsi une phase de ralentissement économique : : machine à vapeur, charbonnages, textile : sidérurgie, chemin de fer : moteur à explosion, chimie, électricité : automobile, pétrochimie, aéronautique ** : électronique de masse, informatique, internet, etc. L analyse tend à montrer que les cycles viennent se greffer les uns sur les autres. Un cycle Kondratieff comprend 6 cycles Juglar qui comprend à son tour 3 cycles Kitchin. Les mouvements courts s inscrivent dans un mouvement long ou même très long que certains appellent le trend. Deuxième partie Economie politique I ère D

140 140 Macroéconomie Depuis la Deuxième Guerre mondiale, les fluctuations traditionnelles se sont atténuées, du moins dans les économies occidentales. Les phases de croissance sont plus longues, les phases de ralentissement plus courtes et surtout moins brutales. On peut y voir le résultat de la politique interventionniste des Etats qui cherchent justement à contrecarrer les mouvements de baisse et à soutenir les mouvements de hausse. Fig Cycle long I ère D Economie politique Chapitre 8

141 Les relations économiques internationales 141 Chapitre 9 Les relations économiques internationales 9.1 Justification des échanges internationaux L objet des échanges De nos jours, la plupart des pays échangent non seulement des marchandises, mais encore : des services (transports, assurances, tourisme, conseils d entreprises, etc.) ; de la main-d œuvre (immigration et émigration, frontaliers, etc.) ; des capitaux financiers (investissements d entreprises, actions et obligations, crédits commerciaux, etc.) ; des technologies et des informations (know-how, brevets et licences, contrats d ingénierie, etc.) Les facteurs favorisant les échanges Une multitude de facteurs permet d expliquer le développement des relations économiques entre pays. * Les pays se spécialisent dans la production des biens pour lesquels leurs coûts de fabrication sont plus faibles qu à l étranger. Cet avantage peut provenir soit : I ère D Economie politique Chapitre 9

142 142 Macroéconomie des conditions naturelles (p.ex. : les pays méditerranéens bénéficient d un climat plus favorable à la culture d oranges, d olives et de citrons que les pays de l Europe du Nord) ; de faibles niveaux de salaires (p. ex. : salaires dans l industrie du textile jusqu à dix fois plus bas dans certains pays asiatiques qu en Europe occidentale) ; d avances technologiques (p. ex. : avance des Etats-Unis dans le secteur des microprocesseurs). Les différences dans les coûts de fabrication proviennent ici de l inégale répartition des facteurs de production dans les différents pays. Cet argument explique surtout les échanges entre les pays développés à économie de marché (le Nord ) et les pays en voie de développement (le Sud ). * Les préférences des consommateurs et leur désir de profiter des différences culturelles expliquent certains échanges. Le consommateur luxembourgeois boit les vins de la Moselle luxembourgeoise, mais aussi des bordeaux ou des vins californiens ; la variété des climats, des paysages et des cultures est à l origine des activités de tourisme ; des consommateurs allemands achètent des Renault Mégane alors que des Français roulent en VW Golf. Les différences réelles entre les produits sont souvent renforcées par les stratégies marketing des entreprises et une différenciation quelque peu artificielle des produits. Les préférences des consommateurs expliquent une partie des échanges croisés entre pays industrialisés qui ont une répartition assez égale des facteurs de production (échanges Nord/Nord, p.ex. : France/Allemagne). * Un certain nombre d industries (ex. : aviation, automobile) présentent des rendements d échelle croissants (ou économies d échelle). Des rendements d échelle croissants 16 font que le coût moyen du produit diminue si la quantité produite augmente. 16 Les rendements d échelle sont dits croissants (économies d échelle) si une augmentation des facteurs de production entraîne une augmentation plus que proportionnelle de la production. Exemple : Un doublement des quantités de travail et de capital utilisées fait augmenter la production plus que du double. Le coût unitaire de la production diminue et la productivité augmente. Ceci peut être dû à une meilleure organisation du travail, à une meilleure maîtrise du processus de production, à une répartition des coûts fixes sur un volume de production plus important ou encore à des approvisionnements en gros moins coûteux. Les rendements d échelle croissants se retrouvent dans la plupart des industries. I ère D Economie politique Chapitre 9

143 Les relations économiques internationales 143 Dès lors, les entreprises ont intérêt à rechercher la grande taille et à augmenter leur volume de production par des exportations. Ceci réduira leurs coûts, les rendra plus compétitives et leur permettra d éliminer des concurrents ; à terme il ne restera plus que quelques entreprises très performantes sur le marché (marché mondial oligopolistique). Les pays se spécialisent alors sur les productions pour lesquelles les rendements croissants sont les plus intenses. Les rendements croissants expliquent également en partie les échanges Nord/Nord. * Les stratégies des firmes multinationales expliquent les échanges intra firmes. Une firme multinationale est une grande entreprise qui possède ou contrôle plusieurs filiales de production dans plusieurs pays Depuis les années 80, les multinationales poursuivent une stratégie globale ( global player ) en offrant un produit standardisé pour tous les marchés extérieurs. La production des différents composants du produit est alors réalisée dans les différentes filiales de façon à tirer pleinement profit des avantages que chaque pays peut offrir : faible coût salarial, fiscalité des sociétés avantageuse, savoir-faire technologique, etc. Souvent la société-mère ne fait plus qu assembler les composants produits dans les filiales. Les économies d échelles sont réalisées au niveau international. Nous sommes en présence d une division internationale des processus de production. Exemple : Le géant mondial de puces pour ordinateurs INTEL pratique la politique suivante : la conception aux Etats-Unis, la fabrication des composants (activité à technicité moyenne) aux Etats-Unis, en Irlande et au Proche-Orient, l assemblage (activité à technicité faible) en Extrême-Orient et en Amérique Centrale. Les échanges entre filiales qui s ensuivent augmentent le volume du commerce international. Les prix pratiqués lors de ces échanges (appelés prix de transfert) ne sont plus déterminés par les lois du marché mais en fonction d objectifs comptables et fiscaux relatifs à la stratégie globale du groupe. Deuxième partie Economie politique I ère D

144 144 Macroéconomie 9.2 La balance des paiements La balance des paiements (Zahlungsbilanz) est un tableau qui résume les transactions économiques d un pays avec le reste du monde pendant une période donnée (mois / trimestre / année). La balance des paiements est un bon indicateur économique qui permet d apprécier l évolution des relations économiques extérieures d un pays Les composantes de la balance Par transactions économiques, on entend les échanges de biens et de services, les flux de revenus du travail et du capital, ainsi que les mouvements de capitaux. La balance des paiements se présente habituellement sous forme d un tableau qui reprend : du côté gauche, les transactions générant des entrées de fonds (recettes) ; du côté droit, les transactions entraînant des sorties de fonds (dépenses). Afin de mieux pouvoir analyser l impact économique des différents types d échanges, la balance des paiements est subdivisée en plusieurs balances partielles : la balance des biens, la balance des services, la balance des revenus du travail et du capital, la balance des transferts courants et la balance des opérations financières (fig. 9.1). La différence entre les recettes et les dépenses de chaque balance partielle est exprimée par un solde qui peut être excédentaire ou déficitaire. RECETTES > DEPENSES EXCEDENT DEPENSES > RECETTES DEFICIT I ère D Economie politique Chapitre 9

145 Les relations économiques internationales 145 Fig Balance courante La somme des recettes et des dépenses de ces quatre balances partielles forme la balance courante (Leistungsbilanz) qui peut présenter un excédent courant ou un déficit courant Chaque balance partielle permet de dégager un excédent ou un déficit. Si, par exemple, dans la balance commerciale (Handelsbilanz) les exportations dépassent les importations, il en résulte un excédent commercial ; dans le cas contraire, on parle d un déficit commercial. Deuxième partie Economie politique I ère D

146 146 Macroéconomie Fig Balance des opérations financières La somme des recettes et des dépenses des cinq balances partielles précédentes peut aboutir à un déficit ou à un excédent. Dans ce cas on parle d un déséquilibre économique. Fig Equilibre formel de la balance des paiements Commentaires et réflexions - Formellement, c.-à-d. du point de vue comptable, une balance des paiements est toujours en équilibre. Les déséquilibres ne peuvent apparaître qu au niveau des balances partielles. - Un solde global nul des 5 premières balances peut correspondre à des situations économiques très différentes : I ère D Economie politique Chapitre 9

CHOIX OPTIMAL DU CONSOMMATEUR. A - Propriétés et détermination du choix optimal

CHOIX OPTIMAL DU CONSOMMATEUR. A - Propriétés et détermination du choix optimal III CHOIX OPTIMAL DU CONSOMMATEUR A - Propriétés et détermination du choix optimal La demande du consommateur sur la droite de budget Résolution graphique Règle (d or) pour déterminer la demande quand

Plus en détail

La demande Du consommateur. Contrainte budgétaire Préférences Choix optimal

La demande Du consommateur. Contrainte budgétaire Préférences Choix optimal La demande Du consommateur Contrainte budgétaire Préférences Choix optimal Plan du cours Préambule : Rationalité du consommateur I II III IV V La contrainte budgétaire Les préférences Le choix optimal

Plus en détail

Chapitre 2/ La fonction de consommation et la fonction d épargne

Chapitre 2/ La fonction de consommation et la fonction d épargne hapitre 2/ La fonction de consommation et la fonction d épargne I : La fonction de consommation keynésienne II : Validations et limites de la fonction de consommation keynésienne III : Le choix de consommation

Plus en détail

Méthode : On raisonnera tjs graphiquement avec 2 biens.

Méthode : On raisonnera tjs graphiquement avec 2 biens. Chapiittrre 1 : L uttiilliitté ((lles ménages)) Définitions > Utilité : Mesure le plaisir / la satisfaction d un individu compte tenu de ses goûts. (On s intéresse uniquement à un consommateur rationnel

Plus en détail

FONCTION DE DEMANDE : REVENU ET PRIX

FONCTION DE DEMANDE : REVENU ET PRIX FONCTION DE DEMANDE : REVENU ET PRIX 1. L effet d une variation du revenu. Les lois d Engel a. Conditions du raisonnement : prix et goûts inchangés, variation du revenu (statique comparative) b. Partie

Plus en détail

Les indices à surplus constant

Les indices à surplus constant Les indices à surplus constant Une tentative de généralisation des indices à utilité constante On cherche ici en s inspirant des indices à utilité constante à définir un indice de prix de référence adapté

Plus en détail

Chapitre 3. Quelques fonctions usuelles. 1 Fonctions logarithme et exponentielle. 1.1 La fonction logarithme

Chapitre 3. Quelques fonctions usuelles. 1 Fonctions logarithme et exponentielle. 1.1 La fonction logarithme Chapitre 3 Quelques fonctions usuelles 1 Fonctions logarithme et eponentielle 1.1 La fonction logarithme Définition 1.1 La fonction 7! 1/ est continue sur ]0, +1[. Elle admet donc des primitives sur cet

Plus en détail

Chapitre 2 Le problème de l unicité des solutions

Chapitre 2 Le problème de l unicité des solutions Université Joseph Fourier UE MAT 127 Mathématiques année 2011-2012 Chapitre 2 Le problème de l unicité des solutions Ce que nous verrons dans ce chapitre : un exemple d équation différentielle y = f(y)

Plus en détail

Les coûts de la production. Microéconomie, chapitre 7

Les coûts de la production. Microéconomie, chapitre 7 Les coûts de la production Microéconomie, chapitre 7 1 Sujets à aborder Quels coûts faut-il considérer? Coûts à court terme Coûts à long terme Courbes de coûts de court et de long terme Rendements d échelle

Plus en détail

Concurrence imparfaite

Concurrence imparfaite Concurrence imparfaite 1. Le monopole 2. Concurrence monopolistique 3. Hotelling et Salop 4. Concurrence à la Cournot 5. Concurrence à la Bertrand 6. Concurrence à la Stackelberg Monopole Un monopole,

Plus en détail

Fonctions de plusieurs variables

Fonctions de plusieurs variables Module : Analyse 03 Chapitre 00 : Fonctions de plusieurs variables Généralités et Rappels des notions topologiques dans : Qu est- ce que?: Mathématiquement, n étant un entier non nul, on définit comme

Plus en détail

CHAPITRE 1 : DE LA FONCTION DE DEMANDE DU CONSOMMATEUR À LA DEMANDE DE MARCHÉ

CHAPITRE 1 : DE LA FONCTION DE DEMANDE DU CONSOMMATEUR À LA DEMANDE DE MARCHÉ CHAPITRE : DE LA FONCTION DE DEMANDE DU CONSOMMATEUR À LA DEMANDE DE MARCHÉ..Introduction.2. Le point de départ de l analyse micro-économique du consommateur.3. La fonction de demande individuelle.4. Effets

Plus en détail

Cours Fonctions de deux variables

Cours Fonctions de deux variables Cours Fonctions de deux variables par Pierre Veuillez 1 Support théorique 1.1 Représentation Plan et espace : Grâce à un repère cartésien ( ) O, i, j du plan, les couples (x, y) de R 2 peuvent être représenté

Plus en détail

COURS 2 : LA DEMANDE DU CONSOMMATEUR

COURS 2 : LA DEMANDE DU CONSOMMATEUR Université Pierre et Marie Curie Licence Informatique 2014-2015 Cours LI 352 - Industrie Informatique et son Environnement Économique Responsable : Jean-Daniel Kant (Jean-Daniel.Kant@lip6.fr) COURS 2 :

Plus en détail

Cours d Analyse. Fonctions de plusieurs variables

Cours d Analyse. Fonctions de plusieurs variables Cours d Analyse Fonctions de plusieurs variables Licence 1ère année 2007/2008 Nicolas Prioux Université de Marne-la-Vallée Table des matières 1 Notions de géométrie dans l espace et fonctions à deux variables........

Plus en détail

EXERCICES - ANALYSE GÉNÉRALE

EXERCICES - ANALYSE GÉNÉRALE EXERCICES - ANALYSE GÉNÉRALE OLIVIER COLLIER Exercice 1 (2012) Une entreprise veut faire un prêt de S euros auprès d une banque au taux annuel composé r. Le remboursement sera effectué en n années par

Plus en détail

Chapitre 1. L intérêt. 2. Concept d intérêt. 1. Mise en situation. Au terme de ce chapitre, vous serez en mesure de :

Chapitre 1. L intérêt. 2. Concept d intérêt. 1. Mise en situation. Au terme de ce chapitre, vous serez en mesure de : Chapitre 1 L intérêt Au terme de ce chapitre, vous serez en mesure de : 1. Comprendre la notion générale d intérêt. 2. Distinguer la capitalisation à intérêt simple et à intérêt composé. 3. Calculer la

Plus en détail

CONSOMMATION INTERTEMPORELLE & MARCHE FINANCIER. Epargne et emprunt Calcul actuariel

CONSOMMATION INTERTEMPORELLE & MARCHE FINANCIER. Epargne et emprunt Calcul actuariel CONSOMMATION INTERTEMPORELLE & MARCHE FINANCIER Epargne et emprunt Calcul actuariel Plan du cours Préambule : la contrainte budgétaire intertemporelle et le calcul actuariel I II III Demandes d épargne

Plus en détail

Bac Blanc Terminale ES - Février 2011 Épreuve de Mathématiques (durée 3 heures)

Bac Blanc Terminale ES - Février 2011 Épreuve de Mathématiques (durée 3 heures) Bac Blanc Terminale ES - Février 2011 Épreuve de Mathématiques (durée 3 heures) Eercice 1 (5 points) pour les candidats n ayant pas choisi la spécialité MATH Le tableau suivant donne l évolution du chiffre

Plus en détail

2.1.4. L'équilibre général des échanges

2.1.4. L'équilibre général des échanges 2.1.4. L'équilibre général des échanges La prise en compte des offres et des demandes de l'ensemble des pays participants au commerce mondial permet la détermination des prix mondiaux. L'existence d'un

Plus en détail

DÉRIVÉES. I Nombre dérivé - Tangente. Exercice 01 (voir réponses et correction) ( voir animation )

DÉRIVÉES. I Nombre dérivé - Tangente. Exercice 01 (voir réponses et correction) ( voir animation ) DÉRIVÉES I Nombre dérivé - Tangente Eercice 0 ( voir animation ) On considère la fonction f définie par f() = - 2 + 6 pour [-4 ; 4]. ) Tracer la représentation graphique (C) de f dans un repère d'unité

Plus en détail

M2 IAD UE MODE Notes de cours (3)

M2 IAD UE MODE Notes de cours (3) M2 IAD UE MODE Notes de cours (3) Jean-Yves Jaffray Patrice Perny 16 mars 2006 ATTITUDE PAR RAPPORT AU RISQUE 1 Attitude par rapport au risque Nousn avons pas encore fait d hypothèse sur la structure de

Plus en détail

Exercices Alternatifs. Une fonction continue mais dérivable nulle part

Exercices Alternatifs. Une fonction continue mais dérivable nulle part Eercices Alternatifs Une fonction continue mais dérivable nulle part c 22 Frédéric Le Rou (copyleft LDL : Licence pour Documents Libres). Sources et figures: applications-continues-non-derivables/. Version

Plus en détail

Soit la fonction affine qui, pour représentant le nombre de mois écoulés, renvoie la somme économisée.

Soit la fonction affine qui, pour représentant le nombre de mois écoulés, renvoie la somme économisée. ANALYSE 5 points Exercice 1 : Léonie souhaite acheter un lecteur MP3. Le prix affiché (49 ) dépasse largement la somme dont elle dispose. Elle décide donc d économiser régulièrement. Elle a relevé qu elle

Plus en détail

Complément d information concernant la fiche de concordance

Complément d information concernant la fiche de concordance Sommaire SAMEDI 0 DÉCEMBRE 20 Vous trouverez dans ce dossier les documents correspondants à ce que nous allons travailler aujourd hui : La fiche de concordance pour le DAEU ; Page 2 Un rappel de cours

Plus en détail

Résolution d équations non linéaires

Résolution d équations non linéaires Analyse Numérique Résolution d équations non linéaires Said EL HAJJI et Touria GHEMIRES Université Mohammed V - Agdal. Faculté des Sciences Département de Mathématiques. Laboratoire de Mathématiques, Informatique

Plus en détail

CCP PSI - 2010 Mathématiques 1 : un corrigé

CCP PSI - 2010 Mathématiques 1 : un corrigé CCP PSI - 00 Mathématiques : un corrigé Première partie. Définition d une structure euclidienne sur R n [X]... B est clairement symétrique et linéaire par rapport à sa seconde variable. De plus B(P, P

Plus en détail

Continuité en un point

Continuité en un point DOCUMENT 4 Continuité en un point En général, D f désigne l ensemble de définition de la fonction f et on supposera toujours que cet ensemble est inclus dans R. Toutes les fonctions considérées sont à

Plus en détail

Programmation linéaire

Programmation linéaire Programmation linéaire DIDIER MAQUIN Ecole Nationale Supérieure d Electricité et de Mécanique Institut National Polytechnique de Lorraine Mathématiques discrètes cours de 2ème année Programmation linéaire

Plus en détail

JOHANNA ETNER, MEGLENA JELEVA

JOHANNA ETNER, MEGLENA JELEVA OPENBOOK LICENCE / BACHELOR Micro économie JOHANNA ETNER, MEGLENA JELEVA Sommaire Remerciements... Introduction... V VII Chapitre 1 Demande et offre sur le marché... 1 Chapitre 2 Technologie de production...

Plus en détail

La valeur présente (ou actuelle) d une annuité, si elle est constante, est donc aussi calculable par cette fonction : VA = A [(1-1/(1+k) T )/k]

La valeur présente (ou actuelle) d une annuité, si elle est constante, est donc aussi calculable par cette fonction : VA = A [(1-1/(1+k) T )/k] Evaluation de la rentabilité d un projet d investissement La décision d investir dans un quelconque projet se base principalement sur l évaluation de son intérêt économique et par conséquent, du calcul

Plus en détail

Exercices Alternatifs. Une fonction continue mais dérivable nulle part

Exercices Alternatifs. Une fonction continue mais dérivable nulle part Eercices Alternatifs Une fonction continue mais dérivable nulle part c 22 Frédéric Le Rou (copleft LDL : Licence pour Documents Libres). Sources et figures: applications-continues-non-derivables/. Version

Plus en détail

L Equilibre Macroéconomique en Economie Ouverte

L Equilibre Macroéconomique en Economie Ouverte L Equilibre Macroéconomique en Economie Ouverte Partie 3: L Equilibre Macroéconomique en Economie Ouverte On abandonne l hypothèse d économie fermée Les échanges économiques entre pays: importants, en

Plus en détail

Exercices - Fonctions de plusieurs variables : corrigé. Pour commencer

Exercices - Fonctions de plusieurs variables : corrigé. Pour commencer Pour commencer Exercice 1 - Ensembles de définition - Première année - 1. Le logarithme est défini si x + y > 0. On trouve donc le demi-plan supérieur délimité par la droite d équation x + y = 0.. 1 xy

Plus en détail

FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES (Outils Mathématiques 4)

FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES (Outils Mathématiques 4) FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES (Outils Mathématiques 4) Bernard Le Stum Université de Rennes 1 Version du 13 mars 2009 Table des matières 1 Fonctions partielles, courbes de niveau 1 2 Limites et continuité

Plus en détail

Souad EL Bernoussi. Groupe d Analyse Numérique et Optimisation Rabat http ://www.fsr.ac.ma/ano/

Souad EL Bernoussi. Groupe d Analyse Numérique et Optimisation Rabat http ://www.fsr.ac.ma/ano/ Recherche opérationnelle Les démonstrations et les exemples seront traités en cours Souad EL Bernoussi Groupe d Analyse Numérique et Optimisation Rabat http ://www.fsr.ac.ma/ano/ Table des matières 1 Programmation

Plus en détail

Le calcul du barème d impôt à Genève

Le calcul du barème d impôt à Genève Le calcul du barème d impôt à Genève Plan : 1. Historique Passage d un système en escalier à une formule mathématique 2. Principe de l imposition Progressivité, impôt marginal / moyen ; barème couple/marié

Plus en détail

Optimisation non linéaire Irène Charon, Olivier Hudry École nationale supérieure des télécommunications

Optimisation non linéaire Irène Charon, Olivier Hudry École nationale supérieure des télécommunications Optimisation non linéaire Irène Charon, Olivier Hudry École nationale supérieure des télécommunications A. Optimisation sans contrainte.... Généralités.... Condition nécessaire et condition suffisante

Plus en détail

Nombre dérivé et tangente

Nombre dérivé et tangente Nombre dérivé et tangente I) Interprétation graphique 1) Taux de variation d une fonction en un point. Soit une fonction définie sur un intervalle I contenant le nombre réel a, soit (C) sa courbe représentative

Plus en détail

Variations du modèle de base

Variations du modèle de base 1 Variations du modèle de base Dans ce chapitre nous allons utiliser le modèle de base du chapitre précédent pour illustrer certaines questions économiques simples. Ainsi, le modèle précédent nous permettra

Plus en détail

Développements limités, équivalents et calculs de limites

Développements limités, équivalents et calculs de limites Développements ités, équivalents et calculs de ites Eercice. Déterminer le développement ité en 0 à l ordre n des fonctions suivantes :. f() e (+) 3 n. g() sin() +ln(+) n 3 3. h() e sh() n 4. i() sin(

Plus en détail

Chapitre 3. Les distributions à deux variables

Chapitre 3. Les distributions à deux variables Chapitre 3. Les distributions à deux variables Jean-François Coeurjolly http://www-ljk.imag.fr/membres/jean-francois.coeurjolly/ Laboratoire Jean Kuntzmann (LJK), Grenoble University 1 Distributions conditionnelles

Plus en détail

avec des nombres entiers

avec des nombres entiers Calculer avec des nombres entiers Effectuez les calculs suivants.. + 9 + 9. Calculez. 9 9 Calculez le quotient et le rest. : : : : 0 :. : : 9 : : 9 0 : 0. 9 9 0 9. Calculez. 9 0 9. : : 0 : 9 : :. : : 0

Plus en détail

FctsAffines.nb 1. Mathématiques, 1-ère année Edition 2007-2008. Fonctions affines

FctsAffines.nb 1. Mathématiques, 1-ère année Edition 2007-2008. Fonctions affines FctsAffines.nb 1 Mathématiques, 1-ère année Edition 2007-2008 Fonctions affines Supports de cours de mathématiques de degré secondaire II, lien hpertete vers la page mère http://www.deleze.name/marcel/sec2/inde.html

Plus en détail

Chapitre 6. Fonction réelle d une variable réelle

Chapitre 6. Fonction réelle d une variable réelle Chapitre 6 Fonction réelle d une variable réelle 6. Généralités et plan d étude Une application de I dans R est une correspondance entre les éléments de I et ceu de R telle que tout élément de I admette

Plus en détail

AC AB. A B C x 1. x + 1. d où. Avec un calcul vu au lycée, on démontre que cette solution admet deux solutions dont une seule nous intéresse : x =

AC AB. A B C x 1. x + 1. d où. Avec un calcul vu au lycée, on démontre que cette solution admet deux solutions dont une seule nous intéresse : x = LE NOMBRE D OR Présentation et calcul du nombre d or Euclide avait trouvé un moyen de partager en deu un segment selon en «etrême et moyenne raison» Soit un segment [AB]. Le partage d Euclide consiste

Plus en détail

TD de Macroéconomie 2011-2012 Université d Aix-Marseille 2 Licence 2 EM Enseignant: Benjamin KEDDAD

TD de Macroéconomie 2011-2012 Université d Aix-Marseille 2 Licence 2 EM Enseignant: Benjamin KEDDAD TD de Macroéconomie 2011-2012 Université d Aix-Marseille 2 Licence 2 EM Enseignant: Benjamin KEDDAD 1. Balance des paiements 1.1. Bases comptable ˆ Transactions internationales entre résident et non-résident

Plus en détail

OPTIMISATION À UNE VARIABLE

OPTIMISATION À UNE VARIABLE OPTIMISATION À UNE VARIABLE Sommaire 1. Optimum locaux d'une fonction... 1 1.1. Maximum local... 1 1.2. Minimum local... 1 1.3. Points stationnaires et points critiques... 2 1.4. Recherche d'un optimum

Plus en détail

Théorie Financière 2. Valeur actuelle Evaluation d obligations

Théorie Financière 2. Valeur actuelle Evaluation d obligations Théorie Financière 2. Valeur actuelle Evaluation d obligations Objectifs de la session. Comprendre les calculs de Valeur Actuelle (VA, Present Value, PV) Formule générale, facteur d actualisation (discount

Plus en détail

I - PUISSANCE D UN POINT PAR RAPPORT A UN CERCLE CERCLES ORTHOGONAUX POLES ET POLAIRES

I - PUISSANCE D UN POINT PAR RAPPORT A UN CERCLE CERCLES ORTHOGONAUX POLES ET POLAIRES I - PUISSANCE D UN POINT PAR RAPPORT A UN CERCLE CERCLES ORTHOGONAUX POLES ET POLAIRES Théorème - Définition Soit un cercle (O,R) et un point. Une droite passant par coupe le cercle en deux points A et

Plus en détail

Continuité et dérivabilité d une fonction

Continuité et dérivabilité d une fonction DERNIÈRE IMPRESSIN LE 7 novembre 014 à 10:3 Continuité et dérivabilité d une fonction Table des matières 1 Continuité d une fonction 1.1 Limite finie en un point.......................... 1. Continuité

Plus en détail

Vision industrielle et télédétection - Détection d ellipses. Guillaume Martinez 17 décembre 2007

Vision industrielle et télédétection - Détection d ellipses. Guillaume Martinez 17 décembre 2007 Vision industrielle et télédétection - Détection d ellipses Guillaume Martinez 17 décembre 2007 1 Table des matières 1 Le projet 3 1.1 Objectif................................ 3 1.2 Les choix techniques.........................

Plus en détail

3 Approximation de solutions d équations

3 Approximation de solutions d équations 3 Approximation de solutions d équations Une équation scalaire a la forme générale f(x) =0où f est une fonction de IR dans IR. Un système de n équations à n inconnues peut aussi se mettre sous une telle

Plus en détail

Optimisation des fonctions de plusieurs variables

Optimisation des fonctions de plusieurs variables Optimisation des fonctions de plusieurs variables Hervé Hocquard Université de Bordeaux, France 8 avril 2013 Extrema locaux et globaux Définition On étudie le comportement d une fonction de plusieurs variables

Plus en détail

Etude de fonctions: procédure et exemple

Etude de fonctions: procédure et exemple Etude de fonctions: procédure et exemple Yves Delhaye 8 juillet 2007 Résumé Dans ce court travail, nous présentons les différentes étapes d une étude de fonction à travers un exemple. Nous nous limitons

Plus en détail

Suites numériques 4. 1 Autres recettes pour calculer les limites

Suites numériques 4. 1 Autres recettes pour calculer les limites Suites numériques 4 1 Autres recettes pour calculer les limites La propriété suivante permet de calculer certaines limites comme on verra dans les exemples qui suivent. Propriété 1. Si u n l et fx) est

Plus en détail

Exercices - Polynômes : corrigé. Opérations sur les polynômes

Exercices - Polynômes : corrigé. Opérations sur les polynômes Opérations sur les polynômes Exercice 1 - Carré - L1/Math Sup - Si P = Q est le carré d un polynôme, alors Q est nécessairement de degré, et son coefficient dominant est égal à 1. On peut donc écrire Q(X)

Plus en détail

ECONOMIE GENERALE G. Carminatti-Marchand SEANCE III ENTREPRISE ET INTERNATIONALISATION

ECONOMIE GENERALE G. Carminatti-Marchand SEANCE III ENTREPRISE ET INTERNATIONALISATION ECONOMIE GENERALE G. Carminatti-Marchand SEANCE III ENTREPRISE ET INTERNATIONALISATION On constate trois grandes phases depuis la fin de la 2 ème guerre mondiale: 1945-fin 50: Deux blocs économiques et

Plus en détail

Commun à tous les candidats

Commun à tous les candidats EXERCICE 3 (9 points ) Commun à tous les candidats On s intéresse à des courbes servant de modèle à la distribution de la masse salariale d une entreprise. Les fonctions f associées définies sur l intervalle

Plus en détail

De même, le périmètre P d un cercle de rayon 1 vaut P = 2π (par définition de π). Mais, on peut démontrer (difficilement!) que

De même, le périmètre P d un cercle de rayon 1 vaut P = 2π (par définition de π). Mais, on peut démontrer (difficilement!) que Introduction. On suppose connus les ensembles N (des entiers naturels), Z des entiers relatifs et Q (des nombres rationnels). On s est rendu compte, depuis l antiquité, que l on ne peut pas tout mesurer

Plus en détail

Chapitre 1 : Évolution COURS

Chapitre 1 : Évolution COURS Chapitre 1 : Évolution COURS OBJECTIFS DU CHAPITRE Savoir déterminer le taux d évolution, le coefficient multiplicateur et l indice en base d une évolution. Connaître les liens entre ces notions et savoir

Plus en détail

Corrigé du baccalauréat S Asie 21 juin 2010

Corrigé du baccalauréat S Asie 21 juin 2010 Corrigé du baccalauréat S Asie juin 00 EXERCICE Commun à tous les candidats 4 points. Question : Le triangle GBI est : Réponse a : isocèle. Réponse b : équilatéral. Réponse c : rectangle. On a GB = + =

Plus en détail

DOCM 2013 http://docm.math.ca/ Solutions officielles. 1 2 10 + 1 2 9 + 1 2 8 = n 2 10.

DOCM 2013 http://docm.math.ca/ Solutions officielles. 1 2 10 + 1 2 9 + 1 2 8 = n 2 10. A1 Trouvez l entier positif n qui satisfait l équation suivante: Solution 1 2 10 + 1 2 9 + 1 2 8 = n 2 10. En additionnant les termes du côté gauche de l équation en les mettant sur le même dénominateur

Plus en détail

Image d un intervalle par une fonction continue

Image d un intervalle par une fonction continue DOCUMENT 27 Image d un intervalle par une fonction continue La continuité d une fonction en un point est une propriété locale : une fonction est continue en un point x 0 si et seulement si sa restriction

Plus en détail

MESURE ET PRECISION. Il est clair que si le voltmètre mesure bien la tension U aux bornes de R, l ampèremètre, lui, mesure. R mes. mes. .

MESURE ET PRECISION. Il est clair que si le voltmètre mesure bien la tension U aux bornes de R, l ampèremètre, lui, mesure. R mes. mes. . MESURE ET PRECISIO La détermination de la valeur d une grandeur G à partir des mesures expérimentales de grandeurs a et b dont elle dépend n a vraiment de sens que si elle est accompagnée de la précision

Plus en détail

Correction du bac blanc CFE Mercatique

Correction du bac blanc CFE Mercatique Correction du bac blanc CFE Mercatique Exercice 1 (4,5 points) Le tableau suivant donne l évolution du nombre de bénéficiaires de minima sociaux en milliers : Année 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Plus en détail

Notes du cours MTH1101 Calcul I Partie II: fonctions de plusieurs variables

Notes du cours MTH1101 Calcul I Partie II: fonctions de plusieurs variables Notes du cours MTH1101 Calcul I Partie II: fonctions de plusieurs variables Guy Desaulniers Département de mathématiques et de génie industriel École Polytechnique de Montréal Automne 2014 Table des matières

Plus en détail

Petit lexique de calcul à l usage des élèves de sixième et de cinquième par M. PARCABE, professeur au collège Alain FOURNIER de BORDEAUX, mars 2007

Petit lexique de calcul à l usage des élèves de sixième et de cinquième par M. PARCABE, professeur au collège Alain FOURNIER de BORDEAUX, mars 2007 Petit lexique de calcul à l usage des élèves de sixième et de cinquième par M. PARCABE, professeur au collège Alain FOURNIER de BORDEAUX, mars 2007 page 1 / 10 abscisse addition additionner ajouter appliquer

Plus en détail

Taille optimale dans l industrie du séchage du bois et avantage compétitif du bois-énergie : une modélisation microéconomique.

Taille optimale dans l industrie du séchage du bois et avantage compétitif du bois-énergie : une modélisation microéconomique. Taille optimale dans l industrie du séchage du bois et avantage compétitif du bois-énergie : une modélisation microéconomique Alexandre SOKI cole Supérieure du ois Atlanpôle P 10605 Rue hristian Pauc 44306

Plus en détail

F411 - Courbes Paramétrées, Polaires

F411 - Courbes Paramétrées, Polaires 1/43 Courbes Paramétrées Courbes polaires Longueur d un arc, Courbure F411 - Courbes Paramétrées, Polaires Michel Fournié michel.fournie@iut-tlse3.fr http://www.math.univ-toulouse.fr/ fournie/ Année 2012/2013

Plus en détail

Programmation linéaire

Programmation linéaire 1 Programmation linéaire 1. Le problème, un exemple. 2. Le cas b = 0 3. Théorème de dualité 4. L algorithme du simplexe 5. Problèmes équivalents 6. Complexité de l Algorithme 2 Position du problème Soit

Plus en détail

L'ELASTICITE-PRIX I- QUAND LES PRIX VARIENT...

L'ELASTICITE-PRIX I- QUAND LES PRIX VARIENT... L'ELASTICITE-PRIX La consommation dépend, entre autre, du prix des biens et des services que l'on désire acheter. L'objectif de ce TD est de vous montrer les liens existants entre le niveau et l'évolution

Plus en détail

Le financement adossé de l immobilier en gestion de patrimoine : une modélisation simple

Le financement adossé de l immobilier en gestion de patrimoine : une modélisation simple Le financement adossé de l immobilier en gestion de patrimoine : une modélisation simple Laurent Batsch ahier de recherche n 2005-01 Le financement adossé est une des modalités de financement de l investissement

Plus en détail

Statistiques Descriptives à une dimension

Statistiques Descriptives à une dimension I. Introduction et Définitions 1. Introduction La statistique est une science qui a pour objectif de recueillir et de traiter les informations, souvent en très grand nombre. Elle regroupe l ensemble des

Plus en détail

Texte Agrégation limitée par diffusion interne

Texte Agrégation limitée par diffusion interne Page n 1. Texte Agrégation limitée par diffusion interne 1 Le phénomène observé Un fût de déchets radioactifs est enterré secrètement dans le Cantal. Au bout de quelques années, il devient poreux et laisse

Plus en détail

Economie de l incertain et de l information Partie 1 : Décision en incertain probabilisé Chapitre 1 : Introduction à l incertitude et théorie de

Economie de l incertain et de l information Partie 1 : Décision en incertain probabilisé Chapitre 1 : Introduction à l incertitude et théorie de Economie de l incertain et de l information Partie 1 : Décision en incertain probabilisé Chapitre 1 : Introduction à l incertitude et théorie de l espérance d utilité Olivier Bos olivier.bos@u-paris2.fr

Plus en détail

Fonctions de deux variables. Mai 2011

Fonctions de deux variables. Mai 2011 Fonctions de deux variables Dédou Mai 2011 D une à deux variables Les fonctions modèlisent de l information dépendant d un paramètre. On a aussi besoin de modéliser de l information dépendant de plusieurs

Plus en détail

Correction de l examen de la première session

Correction de l examen de la première session de l examen de la première session Julian Tugaut, Franck Licini, Didier Vincent Si vous trouvez des erreurs de Français ou de mathématiques ou bien si vous avez des questions et/ou des suggestions, envoyez-moi

Plus en détail

Chapitre 0 Introduction à la cinématique

Chapitre 0 Introduction à la cinématique Chapitre 0 Introduction à la cinématique Plan Vitesse, accélération Coordonnées polaires Exercices corrigés Vitesse, Accélération La cinématique est l étude du mouvement Elle suppose donc l existence à

Plus en détail

INTRODUCTION À L ANALYSE FACTORIELLE DES CORRESPONDANCES

INTRODUCTION À L ANALYSE FACTORIELLE DES CORRESPONDANCES INTRODUCTION À L ANALYSE FACTORIELLE DES CORRESPONDANCES Dominique LAFFLY Maître de Conférences, Université de Pau Laboratoire Société Environnement Territoire UMR 5603 du CNRS et Université de Pau Domaine

Plus en détail

RAPPORT D OBSERVATIONS DEFINITIVES SUR LES COMPTES ET LA GESTION DE LA COMMUNE DE TARBES

RAPPORT D OBSERVATIONS DEFINITIVES SUR LES COMPTES ET LA GESTION DE LA COMMUNE DE TARBES CHAMBRE REGIONALE DES COMPTES DE MIDI-PYRENEES --- N/Réf. : GO10 329 01 RAPPORT D OBSERVATIONS DEFINITIVES SUR LES COMPTES ET LA GESTION DE LA COMMUNE DE TARBES Exercices 2003 à 2009 22 5.3 Les renégociations

Plus en détail

I. Polynômes de Tchebychev

I. Polynômes de Tchebychev Première épreuve CCP filière MP I. Polynômes de Tchebychev ( ) 1.a) Tout réel θ vérifie cos(nθ) = Re ((cos θ + i sin θ) n ) = Re Cn k (cos θ) n k i k (sin θ) k Or i k est réel quand k est pair et imaginaire

Plus en détail

Exercices Alternatifs. Quelqu un aurait-il vu passer un polynôme?

Exercices Alternatifs. Quelqu un aurait-il vu passer un polynôme? Exercices Alternatifs Quelqu un aurait-il vu passer un polynôme? c 2004 Frédéric Le Roux, François Béguin (copyleft LDL : Licence pour Documents Libres). Sources et figures: polynome-lagrange/. Version

Plus en détail

Exercices Alternatifs. Quelqu un aurait-il vu passer un polynôme?

Exercices Alternatifs. Quelqu un aurait-il vu passer un polynôme? Exercices Alternatifs Quelqu un aurait-il vu passer un polynôme? c 2004 Frédéric Le Roux, François Béguin (copyleft LDL : Licence pour Documents Libres). Sources et figures: polynome-lagrange/. Version

Plus en détail

Chapitre 6. Le calcul du PIB, de l inflation et de la croissance économique. Objectifs d apprentissage. Objectifs d apprentissage (suite)

Chapitre 6. Le calcul du PIB, de l inflation et de la croissance économique. Objectifs d apprentissage. Objectifs d apprentissage (suite) Chapitre 6 Le calcul du PIB, de l inflation et de la croissance économique 1 Objectifs d apprentissage Faire la distinction entre le stock de capital et de la richesse et le flux de production, de revenu,

Plus en détail

Fonctions homographiques

Fonctions homographiques Seconde-Fonctions homographiques-cours Mai 0 Fonctions homographiques Introduction Voir le TP Géogébra. La fonction inverse. Définition Considérons la fonction f définie par f() =. Alors :. f est définie

Plus en détail

Fonctions de plusieurs variables, intégrales multiples, et intégrales dépendant d un paramètre

Fonctions de plusieurs variables, intégrales multiples, et intégrales dépendant d un paramètre IUFM du Limousin 2009-10 PLC1 Mathématiques S. Vinatier Rappels de cours Fonctions de plusieurs variables, intégrales multiples, et intégrales dépendant d un paramètre 1 Fonctions de plusieurs variables

Plus en détail

ELEC2753 Electrotechnique examen du 11/06/2012

ELEC2753 Electrotechnique examen du 11/06/2012 ELEC2753 Electrotechnique examen du 11/06/2012 Pour faciliter la correction et la surveillance, merci de répondre aux 3 questions sur des feuilles différentes et d'écrire immédiatement votre nom sur toutes

Plus en détail

BAX MC Contrats à terme sur acceptations bancaires canadiennes de trois mois

BAX MC Contrats à terme sur acceptations bancaires canadiennes de trois mois BAX MC Contrats à terme sur acceptations bancaires canadiennes de trois mois Groupe TMX Actions Bourse de Toronto Bourse de croissance TSX Equicom Produits dérivés Bourse de Montréal CDCC Marché climatique

Plus en détail

Cours 9. Régimes du transistor MOS

Cours 9. Régimes du transistor MOS Cours 9. Régimes du transistor MOS Par Dimitri galayko Unité d enseignement Élec-info pour master ACSI à l UPMC Octobre-décembre 005 Dans ce document le transistor MOS est traité comme un composant électronique.

Plus en détail

Méthodes de la gestion indicielle

Méthodes de la gestion indicielle Méthodes de la gestion indicielle La gestion répliquante : Ce type de gestion indicielle peut être mis en œuvre par trois manières, soit par une réplication pure, une réplication synthétique, ou une réplication

Plus en détail

Relation entre deux variables : estimation de la corrélation linéaire

Relation entre deux variables : estimation de la corrélation linéaire CHAPITRE 3 Relation entre deux variables : estimation de la corrélation linéaire Parmi les analyses statistiques descriptives, l une d entre elles est particulièrement utilisée pour mettre en évidence

Plus en détail

Stratégie d assurance retraite

Stratégie d assurance retraite Stratégie d assurance retraite Département de Formation INDUSTRIELLE ALLIANCE Page 1 Table des matières : Stratégie d assurance retraite Introduction et situation actuelle page 3 Fiscalité de la police

Plus en détail

IV- Equations, inéquations dans R, Systèmes d équations

IV- Equations, inéquations dans R, Systèmes d équations IV- Equations, inéquations dans R, Systèmes d équations 1- Equation à une inconnue Une équation est une égalité contenant un nombre inconnu noté en général x et qui est appelé l inconnue. Résoudre l équation

Plus en détail

L analyse boursière avec Scilab

L analyse boursière avec Scilab L analyse boursière avec Scilab Introduction La Bourse est le marché sur lequel se traitent les valeurs mobilières. Afin de protéger leurs investissements et optimiser leurs résultats, les investisseurs

Plus en détail

Calcul matriciel. Définition 1 Une matrice de format (m,n) est un tableau rectangulaire de mn éléments, rangés en m lignes et n colonnes.

Calcul matriciel. Définition 1 Une matrice de format (m,n) est un tableau rectangulaire de mn éléments, rangés en m lignes et n colonnes. 1 Définitions, notations Calcul matriciel Définition 1 Une matrice de format (m,n) est un tableau rectangulaire de mn éléments, rangés en m lignes et n colonnes. On utilise aussi la notation m n pour le

Plus en détail

t 100. = 8 ; le pourcentage de réduction est : 8 % 1 t Le pourcentage d'évolution (appelé aussi taux d'évolution) est le nombre :

t 100. = 8 ; le pourcentage de réduction est : 8 % 1 t Le pourcentage d'évolution (appelé aussi taux d'évolution) est le nombre : Terminale STSS 2 012 2 013 Pourcentages Synthèse 1) Définition : Calculer t % d'un nombre, c'est multiplier ce nombre par t 100. 2) Exemples de calcul : a) Calcul d un pourcentage : Un article coûtant

Plus en détail

Oscillations libres des systèmes à deux degrés de liberté

Oscillations libres des systèmes à deux degrés de liberté Chapitre 4 Oscillations libres des systèmes à deux degrés de liberté 4.1 Introduction Les systèmes qui nécessitent deux coordonnées indépendantes pour spécifier leurs positions sont appelés systèmes à

Plus en détail

Baccalauréat ES Antilles Guyane 12 septembre 2014 Corrigé

Baccalauréat ES Antilles Guyane 12 septembre 2014 Corrigé Baccalauréat ES Antilles Guyane 12 septembre 2014 Corrigé EXERCICE 1 5 points Commun à tous les candidats 1. Réponse c : ln(10)+2 ln ( 10e 2) = ln(10)+ln ( e 2) = ln(10)+2 2. Réponse b : n 13 0,7 n 0,01

Plus en détail

Quelle est l influence d une réduction des prestations d 1/5, via le crédit-temps et l interruption de carrière, sur le revenu du ménage?

Quelle est l influence d une réduction des prestations d 1/5, via le crédit-temps et l interruption de carrière, sur le revenu du ménage? Etudes Quelle est l influence d une réduction des prestations d 1/5, via le crédit-temps et l interruption de carrière, sur le revenu du ménage? Table des matières Introduction...7 Objectif, méthodologie

Plus en détail