Performance, éthique et intégrité : mariage ou divorce?

Transcription

1 Performance, éthique et intégrité : mariage ou divorce? Professeur Luc Wilkin

2 Intégrité? Notion complexe, polysémique, obscure, équivoque, sujette à discussions sans fin mais néanmoins de plus en plus sollicitée - à côté d autres termes : morale, valeurs, éthique, déontologie... Interpelle de plus en plus de professions et d activités : ingénieurs, informaticiens, cadres, opérateurs de base, médecins, avocats, hommes et femmes politique, sportifs, fonctionnaires à tous les niveaux...

3 Intégrité? De plus en plus d organisations s équipent de codes et de chartes d intégrité... y compris d ailleurs les universités : - valeurs : véracité, auto-discipline, auto-critique, ouverture et transparence - rupture de l intégrité possible à tous les niveaux : falsification des données, confidentialité, plagiat, violation de la propriété intellectuelle, abus de pouvoir, inflation de publications (auto-plagiat), conflits d intérêt, auto-attribution de résultats obtenus par d autres, trafic d influence,...

4 Intégrité? Il est parfois plus commode de désigner les ruptures d intégrité que de définir celle-ci. Un inventaire à la Prévert : - la corruption, le trafic d influence, le chantage - le népotisme, le «copinage» - la fraude et le vol - les conflits d intérêt - l usage «impropre» de l autorité, intimidation, violence - la manipulation de l information - la discrimination et le harcèlement - abus ou gaspillage de ressources organisationnelles - usage privé de ressources organisationnelles -...

5 Ruptures d intégrité : conséquences Conséquences financières, économiques et sociétales Image de l organisation Crise de légitimité de l organisation comme institution - crise de confiance - l organisation comme arène d opportunismes - perte de substance avec ses conséquences «pratiques» (nomadisme, insatisfaction, absentéisme,...) - «on récolte ce qu on sème» Conséquences personnelles (sociologie clinique)

6 Penser l intégrité? L intégrité fait référence à des attitudes, des comportements ou des compétences considérés comme problèmes «à gérer» à différents niveaux : - individuel - collectif de travail - organisation - société

7 Penser l intégrité au niveau personnel Au niveau individuel : l intégrité comme élément de l identité du sujet l intégrité et l autonomie du sujet intégrité = un «tout» dans lequel valeurs et actes du sujet sont en conformité (idée d intégration) soulève la question des rôles multiples de l individu en société

8 Penser l intégrité au niveau personnel Au niveau individuel : pose la question des conséquences d une rupture entre idéal de soi et nécessité de «(sur)vivre» sur un plan personnel (burnout, acceptation contrainte, retrait, cynisme,...) pose le problème du niveau de compromis «acceptable»

9 Penser l intégrité au niveau personnel & organisationnel Au niveau individuel & organisationnel : valeurs personnelles vs valeurs organisationnelles - valeurs déclarées, culture prescrite vs valeurs en action, culture apprise - les valeurs proclamées ont un sens équivoque - valeurs = valence positives et négatives

10 Penser l intégrité au niveau personnel & organisationnel Au niveau individuel & organisationnel : valeurs personnelles vs valeurs organisationnelles - la traduction des outils de gestion en actes et force de ces derniers qui peuvent «cadrer» l action dans un sens contre-productif (cf. indicateurs de performances, tricherie) - dilemmes éthiques

11 Penser l intégrité au niveau personnel & organisationnel Au niveau individuel & organisationnel : valeurs personnelles vs valeurs organisationnelles - nécessite de la part de l acteur une activité réflexive qui (re)met en concordance valeurs personnelles, valeurs organisationnelles et sociétales - il en va de même au niveau de l organisation

12 Penser l intégrité au niveau personnel & organisationnel Au niveau individuel & organisationnel : tension entre charte éthiques et autonomie de l acteur, entre approche contrôlante et stimulante une dérive est que les chartes éthique (lorsqu elles servent à évaluer dans quelle mesure une action satisfait aux obligations et aux prohibitions qui incombent à l acteur) s inscrivent dans le registre d une «soft law» et fassent dès lors obstacle à la réflexion

13 Mariage heureux Mariage malheureux Divorce à l amiable Divorce conflictuel Droits, devoirs, prescrits Zone de décision Action située Réflexivité

14 Mariage heureux Dialogue productif Confiance Satisfaction dans l emploi Satisfaction au travail Efficacité personnelle et organisationnelle Evolution personnelle Sentiment de justice Mariage malheureux Divorce Cynisme Conformisme Insatisfaction et mal-être au travail Retrait et apathie Insatisfaction au travail et dans l emploi Auto-destruction personnelle Légitimité / Confiance / Equité / Transparence / Performances

15 L éthique, elle n est pas un fiacre que l on peut faire arrêter à son gré pour y monter ou en descendre suivant le cas Max Weber