Profils de personnalité et enjeux dépressifs chez les hommes incarcérés
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- Mireille Bernard
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1 Profils de personnalité et enjeux dépressifs chez les hommes incarcérés Suzanne Léveillée Professeure UQTR et Chercheuse CRIVIFF Colloque : Emprisonnement et mise sous garde Atelier du 16 novembre 2012
2 Plan de la présentation 1.Introduction ; Quelques définitions et la littérature consultée 2. Mieux comprendre pour mieux prévenir et intervenir 3. Les données provenant du Québec : Quelques résultats et un cas clinique 4. Conclusion et Questions. Suzanne.leveillee@uqtr.ca
3 Introduction L incarcération induit un arrêt d agir ; la personne «cesse de transgresser». Le contrôle externe remplace le contrôle interne (le surmoi). Que se passe-t-il quand une personne qui commet des passages à l acte ou des «acting out» fréquents est incarcérée? Que suscite l arrêt d agir imposé par l incarcération?
4 Définitions Ainsi l enjeu relationnel serait au cœur des comportements auto ou hétéro agressifs. Le sens sous jacent est souvent une demande d aide un appel à l autre un message à l autre. Le sens de l acte est plus «clairement» exprimé lors des comportements violents dans la famille (ex. violence conjugale). L aspect utilitaire est plus fréquent dans les délits contre les biens (vols, fraude); posséder ce qui appartient aux autres («l envie» serait sous jacent).
5 Mieux comprendre De plus, par les comportements auto ou hétéro dirigés = il y a évitement des affects. Ainsi, en agissant la personne expulse à l extérieur d elle les émotions difficiles à vivre, à nommer et à contenir à l intérieur de soi. Expulsion au dehors des émotions : Colère, tristesse, et même l envie L agir = un véritable «court circuit» à la mentalisation (définition : la capacité à nommer les conflits inhérents à la vie comme par exemple les affects dépressifs suite à une perte).
6 Littérature consultée Le moment de l incarcération est un moment crucial pour le détenu : 1. Il y a perte de l autonomie 2. Une rupture avec le milieu de vie 3. Et une perte des repères spatiaux, temporels et affectifs. Ainsi il y a présence de plusieurs types de perte. Auteurs clés consultés : Ciavaldini (2008) ; Senon et coll. (2008); Claude Balier
7 Suite Ces pertes génèrent des manifestations anxieuses, des troubles de comportements ou des passages à l acte auto ou hétéro agressifs chez des personnes fragiles Les suicides ou les tentatives de suicide s avèrent fréquents et les moyens les plus utilisés sont la pendaison ou la strangulation (SCC ; 89%).
8 Objectifs de la présentation Mieux comprendre la problématique des hommes incarcérés et effectuer le lien avec la dépression; ensuite présenter quelques résultats d une étude effectuée au Québec et un cas clinique. La compréhension du phénomène et une meilleure prévention.
9 Littérature consultée Selon Bénézech (1999) les facteurs suicidogènes en détention sont : Les conditions de vie en prison Les pertes évoquées avant Les particularités de la clientèle : de jeunes hommes (moins de 30 ans) qui présentent une personnalité fragile (trouble de personnalité limite).
10 Suite Dans l ensemble de la littérature : 10 à 60% des personnes incarcérées présenteraient un trouble de la personnalité limite à expression psychopathique (traits antisociaux). Et 80% de ces individus commettent des tentatives de suicide ou s automutilent.
11 Littérature consultée Selon Bénézech, Lebihan, Bourgeois, 2002 : 60% des personnes incarcérés présentent un trouble de la personnalité antisociale (TPA); ce trouble de la personnalité se caractérise par les transgressions sociales.
12 Littérature consultée 55% présentent un trouble de la personnalité limite (TPL); ce trouble se caractérise par l instabilité dans plusieurs secteurs de la vie, dans les relations interpersonnelles, au niveau de l humeur et de l identité. Pourcentage élevé (ne comptant pas les individus qui présentent des traits) ; TP associé aux passages à l acte auto ou hétéro dirigés.
13 Suite Selon une étude effectuée par les SCC (2010) : Les individus qui se sont suicidés en détention : 44% = diagnostic psychiatrique (à l âge adulte), 64% = un trouble de la personnalité et 30% = trouble de l humeur. Il y a un lien entre le suicide et les délits graves contre la personne. Comment comprendre ces individus?
14 Comprendre ces individus Les individus qui présentent un trouble de la personnalité limite se caractérisent par : 1. Une angoisse permanente de vide interne. 2. Un «syndrome dépressif» caractérisé par un sentiment de vide existentiel. 3. De l instabilité affective et de l impulsivité De plus, il y a clivage (mécanisme de défense principale), l absence d une figure paternelle intériorisée et des carences affectives. Auteurs clés : Bergeret et Kernberg
15 Comprendre ces individus Ces individus présentent fréquemment des symptômes dépressifs (sans présence d une dépression majeure). Deux formes de troubles dépressifs : 1.Un trouble réactionnel le temps de la détention 2.Ou une dépression de type abandonnique lors de détention ; incluant le sentiment de vide (relié à la perte des repère favorisée par la détention) sans toutefois, le ralentissement psychomoteur ni culpabilité et souvent, l humeur semble adapté à la conditions de vie en prison.
16 Suite Ainsi, les symptômes = le vide affectif, l angoisse d abandon, l instabilité de l humeur et l impulsivité. L association entre les symptômes dépressifs et le trouble de la personnalité = Terrain propice aux comportements autodestructeurs.
17 Une étude au Québec L évaluation de 68 hommes incarcérés dans une prison provincial au Québec a permis d explorer diverses caractéristiques de cette clientèle. 1. Caractéristiques sociodémographiques Âge moyen : 32 ans; 65% célibataire, 22% marié ou conjoint de fait et 13% divorcé ou séparé. La scolarité = 84% de niveau secondaire.
18 Suite 53% sans emploi et 41% avaient un métier. 2. Les caractéristiques criminologiques : 49% = introduction par effraction, 50% vol, 26% fraude, 31% voies de fait simple, 4% (3 individus) agression sexuelle, et 3% (2 individus) une tentative de meurtre.
19 Suite Les caractéristiques psychologiques : 25/68 (37%) = TPL+TPA 15 TPL (22%) ; 14 TPA (21%)
20 Suite Au total et ce, tout diagnostic confondu : 34% des individus incarcérés (et évalués dans la présente étude) ont commis une tentative de suicide (et +) durant leur vie. Aussi 41% ont été impliqué dans des délits contre autrui. Aussi, 24% ont vécu un épisode de dépression majeure durant leur vie.
21 Suite Ainsi, il y a significativement plus d individus présentant les deux troubles (TPL + TPA) ayant commis une tentatives ou + durant leur vie. La notion de co morbidité semble être importante à souligner.
22 Suite 40% des TPL + TPA (10) ou 15% de l ensemble des individus incarcérés évalués ont vécu ne dépression majeure dans leur vie. Et au moment de l évaluation = il y avait près de 20% des individus qui présentaient un épisode de dépression majeure.
23 Cas clinique : M.D.B. Homme de 32 ans Délit à la dernière incarcération : séquestration et voies de fait graves contre son ex conjointe Plusieurs incarcérations pour divers délits tels que voies de fait, vols, méfaits Plusieurs bagarres dans sa vie Problème d alcool important Pas d emploi stable (toute sa vie); Prostitution.
24 Suite Plusieurs tentatives de suicide dans sa vie Famille d origine avec différents types de problèmes incluant = Violence conjugale, alcoolisme, attouchements sexuels
25 Suite Incarcération : un autre échec, sentiment qu il ne s en sortira jamais, se dévalorise ++ Colère contre lui-même et difficultés d adaptation avec certains autres détenus (méfiance) Trouble de la personnalité limite : vide interne, clivage, autodestruction incluant automutilations et tentatives de suicide, colère, instabilité de l humeur, identité diffuse, dissociation (stress).
26 Suite Traits de la personnalité antisociale tels que vols, transgressions sociales fréquentes, violence (comportements agressifs contre autrui), négligence pour la vie d autrui.
27 Suite Pas d idéation suicidaire présentement Toutefois, plusieurs symptômes dépressifs sans coter dépressions majeures, instabilité de l humeur Pertes reliées à l incarcération et sentiment d échec toutefois, arrêt d agir au moment de l évaluation.
28 Suite Cas complexe : plusieurs paramètres Alcool, trouble de la personnalité limite, traits antisociaux, instabilité de l humeur et symptômes dépressifs Arrêt d agir = occasion de travailler sur ses difficultés et aussi revoir son fonctionnement social
29 Quelques constats 1. Un % élevé d individus présentant un TPL + TPA troubles associés à l instabilité des émotions, des relations interpersonnelles et de l identité. 2. La présence de co morbidité semble importante et il y a un lien significatif avec la dépression et l autodestruction. 3. Un % élevé d individus qui présentent des symptômes dépressifs sans présence de tous les symptômes pour coter une dépression majeure.
30 Constat 4 Le quatrième constat : L incarcération est une période difficile pour le détenu ; les conflits expulsés à l extérieur sont ressentis fortement à l intérieur il y a des risque de comportements autodestructeurs. Cette période pourrait devenir pour certains détenus une période de verbalisation et de changement Un moment de fragilité (- d agir) pour mieux élaborer psychiquement et changer au niveau comportemental.
31 Poursuite des travaux Poursuivre la compréhension plus approfondie des enjeux dépressifs des hommes incarcérés pour des délits graves incluant la violence dans la famille; ces individus sont les plus susceptibles de commettre de l autodestruction. Évaluer les différents profils cliniques de la dépression. L association entre symptômes dépressifs et TPA/TPL.
32 Déjà la fin Merci de votre écoute Pour me rejoindre : Suzanne.leveillee@uqtr.ca
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