INTELLIGENCE. Sommaire Le livre par lequel le scandale arrive
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- Angèline Gervais
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1 Psychologie Jean Paschoud 2004 INTELLIGENCE Sommaire Le livre par lequel le scandale arrive Problème de définition(s) Intelligence uni- ou multidimensionnelle? Intelligence innée ou acquise? Les tests : mesure de l intelligence Document Le livre par lequel le scandale arrive Malgré ses 850 pages et son écriture aride, The Bell curve (La Courbe en cloche) est un véritable best-seller aux Etats-Unis. La courbe en cloche, c est la forme que prend la représentation mathématique de la distribution du quotient intellectuel dans une population. Signé par un sociologue, Charles Murray, et un professeur de psychologie à l Université de Harvard, Richard Herrnstein, cet ouvrage truffé de très nombreux tableaux et courbes développe l argumentation suivante, en plusieurs points. C est le niveau d intelligence d un individu qui détermine essentiellement son emploi et son revenu. Cette intelligence peut être mesurée par les tests de quotient intellectuel. Or, on constate une différence de 15 points de Q.I. en moyenne entre Blancs et Noirs, sans évolution notoire depuis plusieurs décennies. Les inégalités sociales entre Noirs et Blancs sont donc le produit direct des différences de Q.I. Les programmes d «affirmative action» visant à réduire les inégalités frappant les minorités dans l enseignement et l emploi, n ont que des effets faibles et éphémères. Ils sont donc dénués d intérêt. De plus, Murray et Herrnstein se lamentent de ce qu ils nomment la «dysgénésie», c est-à-dire le fait que les personnes au Q.I. moins élevé font plus d enfants que les autres, ce qui entraîne une baisse de la moyenne intellectuelle dans le pays. Cependant, les critiques du livre de Murray et Herrnstein ne se sont pas faites attendre. Ainsi, un ouvrage intitulé The Bell curve wars, réunissant des auteurs de renom (psychologues, sociologues, historiens, juristes, journalistes) tente d apporter un démenti aux thèses de Murray et Herrnsten. Les propos sont parfois acerbes. Ainsi, deux journalistes déclarent que ce sont des «théoriciens de la race peu recommandables et d excentriques eugénistes». Les critiques d ordre scientifique touchent à plusieurs domaines : la confusion entre corrélation et causalité, des contradictions internes dans l argumentation, l interprétation tendancieuse de statistiques... La charge scientifique la plus sévère est venue de Richard Nisbett, professeur de psychologie à l Université du Michigan. Selon, lui, Murray et Herrnstein ont opéré une sélection drastique sur les sources d information. Il reprend en détail trois points essentiels de l argumentation des auteurs de The Bell curve et les critique minutieusement. Thèse de Murray & Hernstein Les différences génétiques entre Noirs et Blancs conduisent à une différence de 15 points de Q.I. Critique de Nisbett Pour asseoir leur argumentation, Murray et Herrnstein se servent essentiellement de l «Enquête nationale longitudinale de la jeunesse», qui est un examen d aptitude à l entrée dans les forces armées, et non un test de QI stricto sensu. Les résultats de cette enquête vont, de fait, dans leur sens. Mais Nisbett souligne qu il existe sept études portant spécifiquement sur les liens entre race et Q.I, quasiment ignorées par Murray et Herrnstein. Or, l ensemble de ces études amène à conclure que la contribution génétique à la différence d intelligence entre Noirs et Blancs est égale à zéro. L une d entre elles met même en évidence un léger avantage pour les Noirs. Dans cette étude, des enfants de quatre ou cinq ans, élevés dans la même institution, avec un environnement favorisant l éveil, ont obtenu les Q.I. suivants : Blancs, 103; Métis, 106; Noirs, 108. Thèse de Murray & Herrnstein Les interventions sociales en vue d améliorer les compétences cognitives ont des effets légers et éphémères. Critique de Nisbett Il s oppose à cette affirmation de Murray et Herrnstein en citant des études (non présentées par ceuxci) aux résultats positifs. Plusieurs études montrent que lorsque l intervention préscolaire est poursuivie dans les premières années scolaires, les gains intellectuels obtenus sont maintenus. Thèse de Murray & Herrnstein Conséquence des affirmations 1) et 2), il n y a qu une faible convergence entre les Q.I. des Noirs et des Blancs au cours des récentes décennies. Critique de Nisbett Celui-ci reprend les cinq études ayant servi à Murray et Herrnstein pour établir le degré d amélioration dans des épreuves composites (par exemple verbal + lecture). Les auteurs de The Bell curve déclarent que les programmes d intervention conduisent à une réduction de 2 à 3 points de Q.I. de la différence entre Noirs et Blancs, tandis que Nisbett affirme qu elle s élève à 6 points, aucune étude, au cours des 20 dernières années, n obtenant une réduction inférieure à 4,2 points. Dans la réponse qu il a faite à divers contradicteurs, Charles Murray (Richard Herrnstein est mort peu avant la parution du livre) n a pu, face aux critiques de Nisbett, que relever une erreur de détail sans répondre aux arguments de fond formulés par cet auteur. Jacques Lecomte Sciences humaines
2 INTELLIGENCE Problème de définition(s) L intelligence n est pas une entité située dans l organisme mais plutôt une caractéristique du comportement. Le comportement intelligent est essentiellement adaptatif dans la mesure où il intègre des moyens efficaces pour répondre aux exigences changeantes de l environnement. A. Anastasi L intelligence est avant tout une faculté de connaissance, qui est dirigée vers le monde extérieur, et qui travaille à le reconstruire en entier, au moyen de petits fragments qui nous en sont donnés. Compréhension, invention, direction, censure, l intelligence tient de ces quatre mots. A. Binet Les mécanismes d apprentissage et de transfert de l acquis sont les fondements de l intelligence. La compréhension et le contrôle que la personne possède sur la situation d apprentissage, c est-àdire la métacognition, exercent une influence significative sur l activité intellectuelle. Le soutien social peut jouer un rôle important dans le développement intellectuel. Les indicateurs des capacités d apprentissage doivent être dynamiques plutôt que statiques, c est-à-dire qu ils doivent se fonder sur ce que la personne peut acquérir de neuf maintenant plutôt que sur ce qu elle a acquis dans son histoire passée ; les indicateurs les plus valables sont ceux qui reflètent les changements dans la façon d apprendre plutôt que la quantité ou la vitesse d acquisition. A. Brown et J.C. Campione L intelligence est la capacité de résoudre par la pensée des problèmes nouveaux. De ce point de vue, ce qui la caractérise en propre, c est qu elle est une activité de recherche. E. Claparède Une des meilleures façon de bonifier notre compréhension de l intelligence est d utiliser trois habiletés de base identifiées dans le domaine de l intelligence artificielle : la capacité de manipuler des symboles ; la capacité d évaluer les conséquences de différents choix offerts ; la capacité d utiliser des connaissances et des principes heuristiques dans les recherches effectuées à travers des séries de symboles (différents mouvements dans une joute de hockey, différentes décisions dans une tâche de classification, etc.). W.K. Estes L intelligence correspond à la capacité du cerveau de transmettre sans erreur de l information. La vitesse mentale, la reconnaissance d erreurs, de différences ou de relations et la continuation constituent des composantes de base de l intelligence. H.J. Eysenck L intelligence correspond à la compétence dans le rendement cognitif intellectuel. Le mot intellectuel est utilisé ici en opposition à émotionnel. La performance peut concerner des domaines circonscrits de façon formelle, comme dans le domaine scolaire, et des domaines naturels d activité cognitive, comme la langue maternelle, la connaissance de l espace environnant, etc R. Glaser L intelligence en tant qu entité unique n existe pas ; ce qui existe, c est une série d habiletés cognitives s inscrivant dans des domaines déjà très vastes tels que : la pensée visuelle, la pensée auditive, la mémoire à court terme, la mémoire à long terme, la flexibilité du raisonnement, etc. J. Horn Le facteur «G» est un représentant utile et opérationnel de l intelligence. Il s agit du facteur commun qui ressort des résultats obtenus à plusieurs tests mentaux. Ce facteur général est la principale source de différences individuelles et c est pourquoi il est préférable à plusieurs facteurs spécifiques en tant que représentant de l intelligence. A.R. Jensen L activité intelligente est un processus d adaptation résultant d un équilibre entre les actions de l organisme sur le milieu (assimilation) et celles du milieu sur l organisme (accommodation). J. Piaget L intelligence, c est l autorégulation mentale (développement de règles, exécution, évaluation) qui donne au sujet les moyens de se gouverner de façon que ses pensés et actions soient organisées, cohérentes et sensibles aux demandes de l environnement interne et externe. R.J. Sternberg Il est difficile de donner une définition unique et claire de l intelligence. Paradoxalement, la boutade de Binet pourrait être généralisée : «L intelligence, c est ce que mesure mon test». En effet, en fonction de la méthode utilisée par les psychologues pour évaluer l intelligence, on peut, dans une certaine mesure, se faire une idée de leur définition spécifique de ce concept. Les chercheurs semblent toutefois d accord pour reconnaître dans l intelligence une capacité à apprendre à partir de l expérience et celle de s adapter à des problèmes nouveaux. La définition de l intelligence a beaucoup évolué, mais le débat reste marqué par deux questions fondamentales : «L intelligence est-elle unique ou multidimensionnelle?» et «L intelligence est-elle déterminée par le milieu, par l hérédité ou par une interaction des deux?». 2
3 INTELLIGENCE Intelligence uni- ou multidimensionnelle? BINET & SIMON (1905) A la demande du Ministère de l Education Français, Alfred Binet et Théophile Simon élaborent une liste d aptitudes, caractéristiques d un âge donné, afin de distinguer les enfants sous et sur doués. Sur la base des résultats de leurs observations, ils construisent le concept d âge mental qui permet de situer le niveau de performance de l enfant. Pour permettre la comparaison entre des enfants d âges différents, W. Stern (1912), puis L. Terman, introduisent le concept de QI (quotient intellectuel) qui se définit comme le rapport : Age mental 100 Age réel Le facteur G, ou «sens commun», traduit l aptitude individuelle à résoudre des questions, et donc une forme d intelligence. SPEARMAN est le père de l analyse factorielle et un des pionniers de la psychométrie. THURSTONE (1938) Louis Thurstone reprend le modèle de l analyse factorielle sur 56 tests d aptitude et conteste l idée d un facteur général. Il met en évidence 8 facteurs indépendants (aptitudes mentales primaires) qui définissent chacun un aspect de l intelligence : Aptitudes spatiales Vitesse perceptive Aptitude numérique Compréhension verbale Mémoire Fluidité verbale Raisonnement inductif Raisonnement déductif Une version standardisée du test est mise au point aux Etats-Unis (Stanford-Binet). Ces différents tests, réactualisés, sont encore utilisés actuellement. GUILFORD (1959, 1988) J.P. Guilford utilise la combinaison de l analyse factorielle et la réflexion logique pour faire l hypothèse de l existence de 180 facteurs de fonctionnement intellectuel. Chaque facteur est défini par 3 éléments : Il faut toutefois signaler qu aujourd hui, le QI est un indice global, construit statistiquement pour respecter une distribution normale (dite courbe de Gauss). C est notamment ce qui est appliqué aux tests de type WECHSLER (WISC : Wechsler Intelligence scale for children WAIS ; Wechsler adults intelligence scale). Ces test sont les plus fréquemment utilisés Contenus ou type d information traitée (visuel, auditif, symbolique, sémantique, comportemental). Produits ou forme adoptée par l information (unités, classes, relations, systèmes, transformations, implications). Opérations ou traitement cognitif sollicité (jugement, production convergente, production divergente, rétention, stockage, cognition). QI = SPEARMAN (1904) Charles Spearman constate qu il y a une faculté individuelle qui permet de résoudre différents problèmes. En traitant statistiquement un grand nombre de réponses à des tests, il met en évidence une tendance qu il appelle «Facteur G». Les quelques divergences par rapport à cette tendance constituent des «Facteurs spécifiques». Ex.: «Nommez autant d objets que vous pouvez qui sont blancs et combustibles». L intelligence qui permet de répondre à cette question implique une opération visant à produire de nombreuses réponses divergentes dont le contenu est de type sémantique. Comme ce sont des mots, le produit est unitaire. Pour Guilford, être intelligent, c est donc être capable d opérer sur des contenus pour obtenir un certain résultat. 3 Alfred Binet 3 ans Etre capable de montrer le nez, les yeux, la bouche. Donner son nom de famille. Répéter 2 chiffres. Répéter une phrase de 6 syllabes. 4 Identifier une clé, un couteau, un sous. Répéter 3 chiffres Donner son sexe. 5 Répéter un phrase de 10 syllabes Comparer 2 poids. Copier un carré. 6 Copier un losange. Définir par l usage. Distinguer le matin et le soir. 7 Identifier la main droite, l oreille gauche. Nommer 4 couleurs. 8 Répéter 5 chiffres. Compter de 20 à 1. Date du jour 9 Reconnaître les pièces de monnaie. Rendre la monnaie sur 1 franc. Enumérer les mois. 10 Identifier l élément absurde d une phrase. Ordonner 5 poids. 2 dessins de mémoire. 12 Deviner le sens d une phrase désordonnée. 15 Résoudre des problèmes de logique quotidienne. Répéter 7 chiffres. Répéter un phrase de 26 syllabes. Trouver 3 rimes. Adulte Définir des mots abstraits. Epreuves de découpage. Reconstruire un triangle. Exemples tirés du test de Binet Simon (1921)
4 INTELLIGENCE GARDNER (1983 ; 2000) H. Gardner postule l existence de huit types d intelligence indépendants les uns des autres. Chacune a son rythme de développement propre, chacune peut disparaître à la suite d une lésion sans que les autres soient nécessairement touchées. Chacune, enfin, peut être surdéveloppée alors que les autres formes d intelligence restent normale. Selon les informations à traiter, le cerveau choisit la façon de fonctionner qui lui semble la plus efficace : Logico-mathématique Maniement des concepts abstraits, nombres et symboles, analyse, classification, déduction Verbale Manipuler les mots, construction grammaticale, vocabulaire, métaphore, rime, Musicale Exécuter et composer des morceaux de musique, analyser et mémoriser des sons, fréquences, rythmes, Corporelle Utiliser son corps avec précision, sens des gestes, minutie, habileté motrice, Visuo-spatiale Se représenter l espace, s y diriger, mémoriser dans l espace, se représenter des objets, les manipuler virtuellement, Naturaliste Observer, repérer des détails, discerner l organisation du vivant, Intrapersonnelle Capacité à savoir ce qui est vrai en soi, sentir ses limites, analyser ses sentiments, Interpersonnelle (ou sociale) Comprendre les autres, prévoir les réactions d autrui, bonne attitude, savoir négocier, STERNBERG (1985 ; 1998) Le modèle de R. Sternberg est triarchique. Il étend le concept d intelligence à de nouveaux domaines : Dimension contextuelle, ou intelligence pratique, permet l adaptation au milieu. Dimension de l expérience, ou créativité, permet de s adapter à des situations nouvelles. Dimension compositionnelle, permet de manipuler des abstractions. Cette dimension se subdivise en : Métacomposantes (conscience que l on a de ses propres processus) Composantes de rendement (opérations utilisées pour résoudre un problème), Composantes d acquisition des connaissances (opérations utilisées pour acquérir de nouvelles connaissances). CARROLL (1993) J.B. Carroll effectue une métaanalyse sur un grand nombre d analyses factorielles réalisées au cours du siècle sur des tests d intelligence (460 études en tout). Il montre que l intelligence peut être représentée par une pyramide hiérarchique à 3 niveaux. L intelligence est la synthèse de huit facteurs principaux qui sont eux-mêmes la synthèse de nombreux facteurs secondaires. Son modèle réalise la synthèse entre les modèles unitaires et les modèles multifactoriels. Intelligence PIAGET ( ) Les travaux de J. Piaget se centrent, non sur les performances de l enfant, mais sur le développement et l organisation de son intelligence. Son point de vue est radicalement constructiviste et interactionniste. L intelligence se construit par stades à partir de structures innées. Le développement est le fruit de l interaction du sujet avec son milieu. Intelligence fluide Intelligence cristallisée Mémoire Perception visuelle Perception auditive Récupération Vitesse cognitive Vitesse de traitement Raisonnement séquentiel, logique, manipulation des idées, induction, Compréhension du langage, vocabulaire, capacités acquises Mémoire associative, rappel libre, mémoire visuelle, Visualisation, relations spatiales, Discrimination des sons, discrimination des fréquences, Modèle hiérarchique de Carroll Créativité, fluidité des idées et des mots, Aisance numérique, Temps de réaction, vitesse de traitement sémantique, 4
5 Intelligence innée ou acquise? Comme le montre clairement l article de J. Lecomte, les enjeux de ce débat ne sont pas vraiment scientifiques, mais bien plutôt politiques et sociaux, voire même économiques. En effet, les enquêtes qui tendent à prouver une prédominance de l hérédité dans la détermination de l intelligence sont susceptibles de servir des idéologies racistes. Au contraire, celles qui privilégient l influence du milieu légitiment les thèses interventionnistes. Pour tenter de déterminer l influence respective de l hérédité et celle du milieu, de nombreuses études ont cherché à comparer les INTELLIGENCE QI d individus en fonction de leur degré de parenté et de leur milieu éducatif. Le tableau suivant est le résultat d une méta-analyse effectuée sur des centaines d études. Ces données semblent confirmer que l origine de l intelligence est à la fois environnementale et génétique.. Relation entre QI et hérédité Corrélations moyennes entre QI Personnes non apparentées, élevées Personnes non apparentées, élevées ensemble Parents et enfant, vivant Parents et enfants vivant ensemble Frères et sœurs, Frères et sœurs, élevés élevés ensemble Lien de parenté Jumeaux dizygotes, élevés ensemble Jumeaux monozygotes, élevés Jumeaux monozygotes, élevés ensemble Eugénisme Le débat autour des déterminants de l intelligence n est pas récent. Sir Francis GALTON ( ), cousin de C. Darwin, est considéré comme le fondateur de l eugénisme. Persuadé que l intelligence était déterminée par les gènes, il proposa à l Etat anglais un projet politique encourageant les gens intelligents à se marier entre eux. Il suggéra même de payer les individus moins intelligents pour ne pas procréer. De nombreux pays, notamment anglo-saxons et scandinaves, mais aussi l Allemagne nazie, ont appliqué dans une large mesure ces principes en stérilisant certains déficients mentaux. En Suisse romande, les différents cantons ont appliqué de telles lois jusque dans les années La loi vaudoise, par exemple, datant de 1928 a ainsi autorisé 187 stérilisations forcées de débiles mentales sous le prétexte d «hygiène mentale». De telles lois s appliquaient aux assistées à Berne, aux dépressives à Genève, ainsi qu aux femmes présentant des troubles de l intelligence. Sir Cyrill BURT ( ) Les travaux de C. Burt étant encore largement cités, son cas particulier mérite d être évoqué. De son vivant, C. Burt était unanimement reconnu comme le spécialiste des recherches sur les jumeaux. Ses statistiques portaient notamment sur un nombre impressionnant de jumeaux monozygotes élevés. A sa mort, il a été toutefois démontré (Kamin, 1976) que la plupart de ses données avaient été inventées de toute pièce et que ses statistiques étaient falsifiées pour mieux servir sa thèse innéiste. 5
6 INTELLIGENCE Les tests : mesure de l intelligence Caractéristiques Pour être utilisé à une large échelle, un test doit répondre à deux critères fondamentaux : Fidélité Le test doit donner sensiblement les mêmes résultats si une personne s y soumet à plusieurs reprises. Validité Le test doit évaluer ce qu il est sensé mesurer. Traitement des résultats Comme pour tous les tests scientifiquement fondés, les résultats bruts (nombre de points) ne peuvent être interprétés sans un traitement préalable. Lors de l élaboration ou de l adaptation d un nouveau test, les résultats de plusieurs centaines de personnes sont enregistrés pour servir de norme ou de référence. Sur la base de ces données, on construit un barème permettant de traduire les scores bruts dans une nouvelle échelle standardisée (stanines, scores z, scores T, ). C est la procédure d étalonnage. Une fois standardisée, la distribution des résultats de référence respecte une courbe normale de Gauss. Les propriétés mathématiques de cette courbe permettent de comparer un individu à la courbe de référence, mais aussi deux individus entre eux. Interprétation des résultats Par convention la moyenne du QI est fixée à 100, ce qui situe 50% de la population en dessus et 50% en dessous. Les deux tiers des individus d une population ont un QI qui se situe entre 85 et % de la population possède un QI inférieur à 70, ce qui correspond au seuil de la débilité. Symétriquement, 2.5% de la population se situe en dessus de 130, ce qui correspond à la définition du génie. Critiques Paradoxalement, et contrairement ce que l explosion du concept d intelligence pouvait laisser supposer, les psychologues continuent d évaluer un QI unique (distinguant éventuellement QI verbal et non-verbal). Dans le meilleur des cas, les batteries de tests utilisées comportent des items variés qui permettent de rendre compte de quelques facettes de l intelligence. Néanmoins, l accent reste principalement mis sur la mesure du raisonnement logicomathématique, qui est par ailleurs un bon prédicteur de la réussite scolaire. On peut reprocher à plusieurs tests d intelligence d être connotés culturellement. Certains tests sont construits pour être indépendants de toute culture. ( culture free). Utilisation Le QI fait ment partie du dossier des élèves rattachés aux structures de l enseignement spécialisé ou intégrés à des institutions. Le règlement AVS/AI accorde une rente aux personnes dont le QI est inférieur à 70. Les tribunaux ordonnent parfois une expertise pour un prévenu afin de pouvoir décider de sa responsabilité. 6
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