LES NOUVEAUX PAYSANS BIO
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- Vincent Turgeon
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1 LES NOUVEAUX PAYSANS BIO
2 Les nouveaux paysans Bio améliorent leurs revenus, vivent dans un environnement plus sain et vendent à un public de plus en plus réceptif à consommer des légumes et des fruits issus de l agriculture biologique. Toutefois il reste encore des défis à relever : s affranchir du statut de sans terres, disposer de semences locales améliorées... Par Natacha Fanou et Virginie Peytoureau (texte et photos) Lydie et Joseph sont maraîchers. Ils vivent dans la commune de Sèmè Kpodji, à l Est de Cotonou. La voie empruntée pour arriver chez eux est sablonneuse, comme la terre qu ils cultivent depuis plus de dix ans. Père et mère de six enfants, ils sont originaires d Adja, ethnie du Sud-Ouest du pays. Migrants agricoles, ils font partie d un groupe d environ cinquante maraîchers reconvertis en agriculture biologique depuis six ans avec l appui d HELVETAS Swiss Intercoopération Bénin et de l Association pour le Maintien de l Agriculture Paysanne au Bénin (AMAP Bénin). Lydie et Joseph devant leur maison La terre appartient à l Etat Le demi-hectare de terre sablonneuse qu ils cultivent est une concession de l Etat, qu eux et 22 autres familles ont négociés pour FCFA par personne. Cette terre, située sur le cordon littoral, est très pauvre de par sa nature et exige par conséquent un apport constant en intrants. Avec d autres familles exploitantes du domaine, ils ont créé une coopérative (42 membres) qui leur permet de vendre leurs produits chaque semaine à des consommateurs Bio. Ces petits marchés attirent chaque semaine 305 acheteurs avec des paniers BIO. Depuis 2 ou 3 ans, ils ne produisent que des légumes issus de l Agriculture Biologique (carottes, concombres, salades, piments et quelques fruits).
3 Helvetas Swiss Intercooperation Bénin Dans la région, il existe encore des paysans «conventionnels». Des bandes de sécurité ont été créées entre les parcelles Bio et celles conventionnelles pour éviter la migration d insectes et de pesticides. Mais Lydie et Joseph préfèreraient travailler sur une terre plus riche et exclusivement destinée à la production biologique. Joseph a des inquiétudes de redevenir sans terre, car, l Etat, le propriétaire de cette terre, peut la lui retirer sans préavis. Cette situation d incertitude bloque en lui toute idée d extension et d investissement. L Etat a annoncé la construction d un port minier dans cette zone. Du coup, tous les fermiers vivent la hantise d une expulsion. Mais Bio, c est vraiment mieux? Pour Lydie et Joseph, cela n a pas été simple. Comme la majorité des paysans Bio, ils produisent leur propre pépinière, parce qu il n existent pas de pépiniéristes de produits maraîchers dans le pays. «Quand je faisais de l agriculture conventionnelle, après chaque traitement et ce, malgré ma protection corporelle, j avais des picotements, des démangeaisons, des brûlures sur tout le corps. Mes yeux me piquaient et j enfermais ma femme et mes six enfants dans la maison. Mais malgré tout, la maison empestait les produits. Maintenant je peux traiter sans risque pour moi et ma famille sans aucune peur pour eux!» Joseph Hossou, paysans 100% Bio En ce qui concerne l approvisionnement en eau, chaque parcelle est équipée d un forage à moteur de 10 m. de profondeur, Lydie et Joseph ont aussi un petit bassin. Ils ont donc de l eau toute l année pour leur production. Pour le compost, la coopérative a bénéficié d une subvention d HELVETAS pour construire un atelier de production de compost situé à équidistance (environ 800 m.) entre les parcelles et un grand marché de bétails d où sont tirés les détritus entrant dans la production du compost. Ce compost enrichît donc cette terre sablonneuse, cela améliore la durabilité de la terre, c est une protection des sols et à moyen terme on utilise moins d eau. Travaux et investissement / charges Agriculture Conventionnelle Agriculture Bio intrants / planche fumur temps de travail 575FCFA (1.2 kg) engrais chimiques + équipement de protection sanitaire Plus de travail : les traitements pesticides se font tous les 3 jours 750 FCFA de compost organique (13 kg) Moins de travail : Les traitements Bio pesticides se font tous les 15 jours pesticides / bio-pesticides 90 FCFA 55 FCFA consommation d eau (120l. / planche / jour => l. / planche / mois) production de référence par planche 120 salades en 30 jours et commercialisation Les traitements chimiques n enrichissent pas la terre, donc l eau s infiltre plus rapidement Prix moyen de la planche au marché : FCFA la planche Moins de consommation d eau à moyen terme, soit 1/3 d eau que l on gagne FCFA la planche prix d une planche (au jardin) en gros FCFA FCFA Exemple d une planche de salades de 6 m. x 1 m. => 6m 2 2
4 Helvetas Swiss Intercooperation Bénin Le champ de légumes biologiques de Lydie & Joseph Lydie sarcle une «planche» de carottes Lydie & Joseph dans leur champ de salades biologiques Joseph dans ses champs Lydie arrose une «planche» de piments 3
5 Helvetas Swiss Intercooperation Bénin L atelier de production de compost L atelier a été construit en février 2013, il produit par mois 1 tonne de compost enrichit (fumier de vache, fientes de volailles ou de chauvesouris...). Des camions qui transportent les animaux du Burkina Faso ou du Niger sont chargés de fumier. Ce fumier est acheté et transporté dans l atelier pour être transformé. Les paysans Bio sont les seuls dans tout le Bénin à produire du compost de cette qualité et souhaitent aggrandir cette entreprise afin de produire jusqu à 10 tonnes par mois. La coopérative a ouvert une ligne d épargne des ressources générées à cette activité de vente de compost, dans le but d acquérir un domaine propre et à terme, sortir de leur statut de sans terre. C est pourquoi Lydie et Joseph y travaillent, ils payent le sac de 100 kg, FCFA. HELVETAS appuie «Les nouveaux Paysans Bio» Atelier de production de compost 4
6 Helvetas Swiss Intercooperation Bénin 3 Vente de légumes Bio Lydie vérifie un régime de bananes pour un consommateur Bio questions à Sébastien Dohou, Coordinateur adjoint du Projet pour la professionnalisation des Acteurs Agricoles - 2P2A Pouvez-vous nous expliquer l importance de la certification SPG au niveau du Bénin? Et pour les insectes? Comme pour les cultures conventionnelles, il faut combattre les ravageurs, les insectes. Pour cela Lydie et Joseph ont suivis des formations où ils ont appris plusieurs méthodes pour les combattre. associations de cultures, rotations de cultures, vides sanitaires (repos de la terre quelques semaines). Ils utilisent également ce qu on appelle communément des bio-pesticides, tels que l huile de Neem, la cendre... Le SPG est un système alternatif de certification des produits biologiques. Il met directement en relation producteurs & consommateurs sur les normes de qualités convenues et le prix juste à payer. Le niveau de transparence en terme de qualité du produit et de son prix d achat ne sont plus gérés par un tiers. Quelle est votre fonction dans ce processus? La certification SPG C est grâce à tous ces investissements humains et financiers que la coopérative des paysans Bio ont acquis la certification «Système Participatif de Garantie» (SPG - Bénin), mis en place au Bénin grâce à HELVETAS. Elle assure ainsi aux consommateurs que les producteurs ont respecté les normes de production Bio. Ma fonction est d accompagner le processus de développement et de promotion du SPG. Quelles sont les prochains défis du programme? Natacha Fanou et Virginie Peytoureau 5 Les prochains défis sont de certifier effectivement les produits, faire fonctionnement les organes des gestion et de régulation du système et assurer la visibilité et l adoption du SPG pour les acteurs.
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