Biologie et dynamique d'epipactis fibri, micro-endémique des îles du Rhône. Bilan des actions menées en

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1 Conseil général de l'isère Pôle départemental de Recherche sur la Biodiversité Biologie et dynamique d'epipactis fibri, micro-endémique des îles du Rhône Bilan des actions menées en Association des amis de l île de la Platière B. Pont Laboratoire d'ecologie Alpine, I. Till-Bottraud Centre d'observation de la nature de l'ile du Beurre P. de Montmorillon

2 Introduction : rappel des objectifs du projet Epipactis fibri, l'épipactis du castor, est un taxon endémique, patrimonial très mal connu. Un programme de recherche a été mis en place en collaboration étroite entre le Laboratoire d'ecologie Alpine (CNRS Université Joseph Fourier, Grenoble) l'association des amis de l île de la Platière et le Centre d'observation de la nature de l'ile du Beurre pour d'apporter des connaissances nouvelles sur cette espèce dans le but de pouvoir proposer des mesures de gestion et de suivi favorables à son maintien. Quatre grands axes d'action ont été identifiés : - Dynamique des populations Mise en place de placette de suivi individu-centré et auto-formation des gestionnaires à cette méthodologie - Dynamique de l'espèce sur le territoire Etat des lieux de la répartition de l'espèce sur l'ensemble du territoire et description des stations - Système de reproduction, mode et distance de dispersion Etude de faisabilité sur l'utilisation de marqueurs AFLP - Communication sur l'espèce et sur la recherche effectuée/valorisation Réunions, posters, affiches Une première année de travaux en 2006/2007 a permis de mettre en place 19 placettes, de faire le point sur la répartition de l'espèce à l'ile de la Platière, de mettre au point les marqueurs AFLP et de réaliser quelques actions de communication. Pour les objectifs étaient : 1- Dynamique des populations Suivi des placettes implantées en 2006 et Mise en place de nouvelles placettes. Analyse globale des données. 2- Dynamique de l'espèce sur le territoire Visite des stations pour déterminer l'évolution de la répartition de l'espèce dans l'espace. Recherche et caractérisation de nouvelles stations. 3- Système de reproduction, mode et distance de dispersion Système de reproduction. Dispersion : Les AFLPs semblent pouvoir être utilisés pour étudier la diversité génétique et la dispersion (méthodes indirectes). 4- Communication sur l'espèce et sur la recherche effectuée/valorisation. Poursuite des actions de communication en "interne" (scientifiques-gestionnaires) par les actions conjointes sur le terrain et des visites-bilan. Poursuite des actions de communication "externes".

3 Bilan des actions menées en Dynamique des populations Les 19 placettes mises en place en 2006 et 2007 ont été suivies en juillet et août 2008 (Tableau 1). Globalement, comme pour 2007, peu de plantes sont retrouvées d'une année sur l'autre. Une 2 e campagne de suivi sera réalisée en octobre et novembre Ceci permettra de savoir si de nouveaux individus apparaissent en fin d'été et donc permettra d'identifier la période de suivi la plus efficace. Dans chaque placette un prélèvement de sol à été réalisé à 2 profondeurs afin d'analyser la teneur en C et N, le ph et la granulométrie. Les résultats pour le ph et la conductivité électrique sont donnés tableau 2. Le reste des analyses sera effectué entre décembre 2008 et mars Nous avons aussi effectué un relevé de végétation complet avec les différentes strates pour toutes les stations. Les premiers relevés ont été réalisés conjointement avec B. Pont (l'île de la Platière), J Girel, I Till-Bottraud et M. Jarry (LECA), et B. Coll (île du Beurre) afin d'homogénéiser les méthodologies et le mode de notation. Une sonde de mesure de température (mesures autonomes en continu) sera mise en place en octobre-novembre dans chaque placette. Cette sonde nous renseignera sur les conditions microclimatiques de chaque placette et nous espérons qu'elle nous donnera aussi des informations sur les périodes d'inondation. De nouvelles placettes ont été mises en place : - Malgré un très gros effort de prospection à Gerbey (14 journées homme sur le terrain) très peu de plantes ont été trouvées. Il a donc été impossible d'implanter de nouvelles placettes dans ce site. L'effort de prospection sera poursuivi dans les prochaines années afin d'obtenir une couverture relativement homogène des zones de répartition de l'espèce. - Trois placettes ont été mises en place à l'île de la Chèvre dans des situations écologiques non encore représentées; M. Jarry (LECA), et B. Coll (île du Beurre) - Deux placettes nouvelles ont été implantées à l'île de la Platière suite à un effort important de prospection (10 journées homme); B. Pont (l'île de la Platière), M. Jarry (LECA), et B. Coll (île du Beurre) Les données globales sont en cours d'analyse par M Jarry dans le cadre de son mémoire de BTS. 2- Dynamique de l'espèce sur le territoire D'importantes prospections ont été effectuées à Gerbey à l'île de la Platière (voir ci-dessus), mais aussi dans d'autres zones où l'espèce a été répertoriée (Barlet, Ile de la Chèvre,..). Une prospection dans le sud de la vallée du Rhône par G. Scappatticci (La Voulte-sur-Rhône (07); Livron-sur-Drôme, Montélimar, Châteauneuf-du-Rhône, Pierrelatte et Donzère (26) et recherche de stations nouvelles au sud de Valence) a permis de retrouver une station d'une vingtaine de pieds et de trouver 3 micro stations de 1 à 4 pieds.

4 Tableau 1 : Bilan des stations suivies en et été Site Modalité Quadrat Mise en place Nb plantes en 2006 Nb plantes en 2007 Nombre de plantes 2008 Barlet Chèvre Ripisylve Q (0 ressortie) Ripisylve Q (0 ressortie) Peupleraie privée Q (dont 1 ressortie) Chenal Nord Vergers Etang NW Q inexploitable en 2008 Q (dont 1 ressortie) Q (dont 2 ressorties) Q (0 ressortie) Q (dont 3 ressorties) Q (0 ressortie) Q (dont 2 ressorties) Q (dont 2 ressorties) Q (dont 3 ressorties) Q (dont 1 ressortie) Q (0 ressortie) Q (0 ressortie) Chemin creux Q Prairie peupleraie Q (10 ressorties) 41 (6 ress de 2007 et 9 de 2006) Mare Q (0 ressortie) 0 Q (0 ressortie) Q Beurre Mare Q Gerbey Platière Chèvre Platière Chenal Q Chenal Q Chenal Q Chenal Q (0 ressortie) Chenal Q (0 ressortie) 5 (0 ressortie) Etant SE Q Etant SE Q Etant SE Q Chenal Q Parcelle Schol Q Nb sites Nb Quadrats Nb plantes 2008 Nombre de plantes retrouvées par rapport à

5 Tableau 2 : ph et conductivité des 12 placettes échantillonnées en été Site Code Profondeur ph Conductivité (µs/cm) Ile de la Chèvre Forêt de Gerbey Ile de Barlet Nouvelle placette Ile de la Chèvre P1 P2 P3 P4 P5 P6 P7 P8 P9 P10 P11 P12 30 cm 8, cm 8, cm 7, cm 8, cm 8, cm 8, cm cm 7, cm 8, cm 8, cm 7, cm 7, cm 8, cm cm 8, cm 7, cm 8, cm 8, cm 8, cm 8, cm 8, cm 7, cm 7, cm 7, Les paléochenaux du Haut-Rhône Le site où l espèce est la plus présente est le site de l Ile du Beurre/Ile de la chèvre/gerbey. Cette plaine alluviale du Rhône présente la particularité de ne pas avoir été remaniée par la dynamique fluviale au cours du petit âge glaciaire, probablement du fait d aménagement romain armant le lit du fleuve. Cette plaine semble donc stable depuis environ 2000 ans, ce qui amène à formuler l hypothèse qu E. fibri pourrait être une plante de vieille plaine alluviale. Il semblait donc pertinent de prospecter des milieux similaires tels les paléochenaux datés par les géomorphologues se trouvant dans la plaine du Bouchage les Avenières (haut Rhône) et dans la plaine de Péage de Roussillon. La recherche dans les paléochenaux du Haut Rhône (Brangues, le Bouchage, Brégnier-Cordon) a été réalisée en automne 2008 par Raphaël Quesada (Lo Parvi) et s'est révélé infructueuse. Il semble donc que les biotopes ne conviennent peut être pas à la plante. Les paléochenaux sont encore actifs pour partie car des petits affluents du Rhône descendants des coteaux ont été capturés dans la plaine (la Save, l'huert, Le Gland). La connexion Fleuve/affluents, nappe entrainent des remontées fréquentes des niveaux d'eau, les sites sont alors occupés par de l'eau libre, des herbiers aquatiques, des roselières et des caricaies. En bordure on trouve des peupleraies (entretenues ou non) plutôt jeunes, quelques rares boisements alluviaux d'aulnes et frênes, des prairies pâturées et des cultures.

6 3- Système de reproduction, mode et distance de dispersion Si l'étude du système de reproduction sensu stricto n'a pas avancé, en revanche, l'étude de la biologie de l'épipactis du castor a été abordée à travers 3 points : * Profondeur d'enracinement, morphologie du rhizome Une "véloroute" est actuellement en cours d'implantation sur le secteur de l'île du Beurre. Des plantes étaient situées directement sur le tracé. Nous les avons donc déterrées afin d'obtenir des informations plus précises sur la partie souterraine de la plante (les informations de la publication de description de l'espèce, Scapaticci et al 1995, provenaient d'une seule plante de cette même localité). Le rhizome se trouve à une profondeur de 10 à 40 cm sous la surface du sol. Nous avons creusé jusqu'à cm et nous ne sommes pas arrivés au bout du rhizome. A départ du rhizome, en plus de la tige fleurie qui arrive jusqu'à la surface, on peut trouver un ou plusieurs bourgeons de tailles parfois différentes qui correspondent à des tiges qui émergeront l'année suivante, voire plus tard (photo 1a). Dans certains cas, plusieurs tiges émergent au même endroit en surface. Un groupe a été déterré (photo 1b). Les rhizomes étaient très emmêles et après un démêlage délicat les trois tiges correspondaient à des rhizomes indépendants. Il s'agit donc soit de 3 individus bien différents qui ont poussé au même endroit, soit d'une même plante assez âgée dont le rhizome s'est fragmenté. * Germination de graines ; collaboration Christian Raquin, ESE Orsay Des graines ont été mises à germer en conditions de culture in vitro. Plusieurs tests ont été réalisés avec différents milieux de culture sans aucun succès. Ceci confirme le caractère difficile de cette espèce pour la culture. * Recherche et identification des mycorhizes associées ; Collaboration Marc-André Selosse, CEFE Montpellier Des fragments de rhizome de plantes déterrées sur le tracé de la véloroute ont été transmis à MA Selosse pour typage génétique et identification taxonomique. Génétique et étude de la dispersion par marqueurs génétiques Echantillonnage pour études génétiques : - des contacts ont été pris avec un chercheur Slovaque qui nous a fourni des échantillons d'epipactis albensis et E. tallosii, échantillons reçus en automne échantillonnage sur les stations du sud de la vallée du Rhône par G. Scappaticci en été 2008 Les marqueurs mis au point se sont révélés soit peu reproductibles (et sont donc inutilisables), soit très peu variables. Nous allons cet hiver les tester sur différentes espèces d'epipactis afin de tester leur utilisation possible pour étudier les relations inter-spécifiques dans le groupe (et donc entre autre vérifier le statut d'espèce d'epipactis fibri)

7 b a Photo 1a : Bourgeons souterrains d'epipactis du castor. A gauche, le départ de la tige fleurie avec 2 petits bourgeons; à droite 2 gros bourgeons; en dessous, le rhizome. Photo 1b : trois tiges d'épipactis émergeant au même endroit et boule de rhizomes + terre 4- Communication sur l'espèce et sur la recherche effectuée/valorisation * Communication gestionnaires-scientifiques. De nombreuses sessions de travail et de prospection sur le terrain ont été réalisées en été et automne Le transfert de connaissances entre gestionnaires et scientifique est fructueux et fonctionne dans les deux sens avec profit. - 06/02/08 : réunion de montage de dossier pour le conseil régional Rhône Alpes pour un programme d'action et 16/04/08: préparation du plan de travail de l'été /07/08 réalisation en commun d'une partie du suivi Ile du Beurre - 06/08/08 réalisation en commun d'une partie du suivi et prospection à la Platière * Communication externe - 05/03/08 Communication lors de la réunion du Pôle de recherche départemental sur la biodiversité (Grenoble).