De Morgarten à Vienne, entre mythe et histoire
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- Virginie Normand
- il y a 7 ans
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1 ANNIVERSAIRES HISTORIQUES D Morgartn à Vinn, ntr myth t histoir Par Andra Tognina Autrs langus: MARS :00 Ds rsts d victims d la bataill d Marignan dans un oratoir d l'actull localité d Mlgnano. (Kyston) 1 von :39
2 On célèbr ctt anné n Suiss quatr événmnts qui ont contribué à forgr l idntité historiqu du pays. Un occasion d réfléchir sur l imag qu a la Suiss d ll-mêm t sur l fossé ntr rchrch historiqu t discours public sur l histoir. En 1315 à Morgartn, ls troups du canton d Schwyz battnt l duc Léopold I d Habsbourg. Un siècl plus tard, n 1415, la Confédération occup l trritoir d l actul canton d Argovi, pris aux Habsbourg. En 1515, après avoir contrôlé l duché d Milan pndant trois ans, ls troups suisss sont battus par ls Français t ls Vénitins à Marignan. Enfin, n 1815, ls puissancs uropénns réunis à Vinn garantissnt l intégrité trritorial t la nutralité d la Suiss. r Annivrsairs La bataill d Morgartn s st déroulé l 15 novmbr 1315, près du lac d Ägri, dans l canton d Zoug. L duc Léopold d Habsbourg, qui s dirigait probablmnt n dirction d Schwyz avc ss troups, a été battu t contraint à la fuit par ls Schwytzois. A l origin du conflit, il y avait put-êtr un disput ntr ls Schwytzois t l abbay d Einsidln ou un conflit ntr ls Habsbourg t Wrnr von Hombrg, bailli impérial ds Pays forstirs (Uri, Schwyz t Untrwald). La conquêt d l Argovi par ls Confédérés survint suit aux tnsions ntr l mprur romain-grmaniqu Sigismond t l duc d Autrich Frédéric IV d Habsbourg. Ls tnsions s sont aggravés lors du Concil d Constanc d 1415, lorsqu Frédéric quitta la vill t aida l antipap Jan XXIII à fuir. Sigismond bannit l duc t xhorta ss voisins à prndr ss trritoirs au nom d l Empir. Ls Confédérés s n prirnt ainsi à l Argovi, qu ils conquirnt ntr avril t mai La bataill d Marignan (dans ls nvirons d Milan), qui vit s opposr ls troups r suisss à clls du roi d Franc François I t d la Républiqu d Vnis, s déroula ls 13 t 14 sptmbr Battus, ls Suisss durnt rstitur à la Franc l duché d Milan qu ils contrôlaint d fait dpuis Ctt défait mit fin aux tntativs d xpansion d la Confédération vrs l sud ds Alps. L Congrès d Vinn ( ) mit fin aux conflits qui avaint suivi la Révolution français. Etat satllit d la Franc, la Suiss fut aussi l objt d négociations. Ls Puissancs uropénns avaint pour objctif la pacification intériur d la Suiss t la création d un Etat tampon ntr la Franc t l Autrich. Après la fuit d Napoléon d l îl d Elb, l Congrès confirma l 20 mars 1815 l intégrité du trritoir suiss t sa nutralité prpétull dans l intérêt ds Etats uropéns. La décision fut confirmé après la défait d Napoléon à Watrloo. Lors d la Paix d Paris du 20 novmbr 1815, ls Puissancs s portèrnt garants d l intégrité d la nutralité suiss. 2 von :39 C st autour d cs événmnts qu s sont dévloppés à la fin du XIX siècl ds récits
3 fondant l idntité historiqu du pays. Aujourd hui ncor, ils sont présnts dans l discours public sur l histoir suiss, n particulir dans l cadr du débat sur ls rapports ntr la Suiss t l Union uropénn. Mais dans l intrvall, l historiographi a rmis radicalmnt n discussion la porté t l intrprétation d cs événmnts. Faits t légnds La bataill d Morgartn, décrit pour la prmièr fois par l moin franciscain Jan d Wintrthur, un trntain d annés après ls faits, st dvnu l symbol d la lutt pour l indépndanc d la Suiss primitiv fac à la puissanc habsbourgois. Mais d un point d vu historiqu, ctt lctur st pour l moins hasardus. Ls sourcs sur lsqulls on pourrait s basr pour un rconstitution historiqu d la bataill sont pratiqumnt inxistants. Qu il s agiss ds raisons d la bataill ou d son déroulmnt, baucoup d choss rstnt inconnus. Mêm l liu xact st ignoré, c qui st un sourc d désaccord dpuis l XIX siècl ntr ls cantons d Zoug t d Schwyz, comm l a rapplé il y a qulqus annés l historin Rogr Sablonir dans un livr consacré aux prmirs tmps d la Confédération (Gründungszit ohn Eidgnossn, 2008). «L intrprétation traditionnll d la bataill d Morgartn rst attractiv pour ls nationaux-consrvaturs suisss, dans l optiqu d la défns d la librté suiss fac à l étrangr, aujourd hui rprésnté par l Union uropénn ou d autrs organisms intrnationaux. En réalité, la Confédération a commncé à prndr form sulmnt au XV siècl. Jusqu-là, ls Habsbourg ont été parfois ds concurrnts, parfois ds partnairs», obsrv l historin Thomas Maissn, autur d un Histoir d la Suiss n Marignan t la nutralité La bataill d Marignan d 1515 marqu la fin d la tntativ d xpansion suiss n Lombardi. Avc la défait ds troups confédérés, Milan rtourn dans ls mains du roi d Franc François I r. Mais fair découlr d ctt défait la décision d la Confédération d s tnir à l écart ds conflits uropéns t d mpruntr la voi d la nutralité, comm on l fait souvnt, rprésnt un opération sans fondmnt. «Il n y a pas trac d un tl rtrait d la Confédération d la politiqu uropénn, soulign Thomas Maissn. En 1536 ncor, Brn a conquis l pays d Vaud t momntanémnt aussi d autrs trritoirs savoyards au sud du Lac Léman. En fait, un changmnt important s produit avc la Réform. Dans un pays divisé par ls qustions rligiuss, Zurich la protstant n pouvait pas s allir avc Lucrn t l Espagn catholiqu.» Du rst, rmarqu ncor l historin, à l époqu ds conflits rligiux, l mot mêm d nutralité avait un connotation négativ, «on n pouvait êtr nutr ntr Diu t l 3 von 5 diabl». C st sulmnt dans ls drnièrs décnnis du XVII siècl, dans l contxt :39 du systèm ds Etats né après la Paix d Wstphali, qu l trm st ntré dans l
4 langag politiqu d la Confédération.. Bailliags communs Quant au Congrès d Vinn d 1815, il n y a pas d dout qu il rprésnt un étap important pour la rconnaissanc d la nutralité suiss. «Mais il st important d gardr à l sprit qu la nutralité suiss rntrait dans la logiqu uropénn t qu ll fut un concssion ds Puissancs uropénns. La Suiss srvait d zon tampon ntr la Franc t l Autrich», not ncor Thomas Maissn. Slon lui, insistr sur l thèm d la lutt contr ls Habsbourg pour c qui concrn la bataill d Morgartn t sur clui d la nutralité par rapport à Marignan t au Congrès d Vinn st trompur. «Ds quatr annivrsairs, au fond, l plus important st l moins connu t clui dont on parl l moins: la conquêt d l Argovi n 1415», affirm l historin. «L occupation d l Argovi a donné à la Confédération un continuité trritorial qu ll n avait pas auparavant, argumnt-t-il. D plus, cs nouvaux trritoirs, qui sont dvnus l prmir bailliag commun, ont aussi donné un tâch collctiv aux Confédérés. Jusqu n 1798, la gstion ds bailliags communs était la principal mission d la Dièt, l uniqu institution commun». Cla a contribué au dévloppmnt d un ntité étatiqu suiss. Thomas Maissn a étudié l histoir, l latin t la philosophi à Bâl, Rom t Gnèv. Entr 1996 t 2004, il a été collaboratur d la Nu Zürchr Zitung, t d 2004 à 2013, profssur d histoir modrn à l Univrsité d Hidlbrg. Il dirig actullmnt l Institut d histoir allmand d Paris. Il st l autur d un histoir d la Suiss (Gschicht dr Schwiz, 2010) qui a rncontré l succès auprès du public. Sacha Zala a étudié l histoir, ls scincs politiqus t l droit constitutionnl à Brn t à l Univrsité d Carolin du Nord. Dans ss rchrchs, il a notammnt traité d l histoir d l historiographi. Il dirig dpuis 2008 l édition ds Documnts diplomatiqus suiss ( dodis.ch). Il nsign à l Univrsité d Brn t dans d autrs univrsités suisss. Il st présidnt d la Société suiss d histoir dpuis Opportunités t risqus Fac au fossé évidnt ntr rchrch historiqu t discours public sur l histoir, il faut cpndant s dmandr dans qull msur ds annivrsairs comm cux qui sont célébrés ctt anné puvnt srvir à diffusr ls résultats d la rchrch historiqu récnt t, à l invrs, à qul point ils risqunt d confortr ds lcturs traditionnlls t parfois instrumntalisés d l histoir national. «Ls annivrsairs puvnt rprésntr un opportunité d débattr sur ds qustions 4 von :39 historiqus t aussi d stimulr d nouvlls étuds», déclar Sacha Zala, présidnt d
5 la Société suiss d histoir. «Il st évidnt qu l annivrsair d la Prmièr Gurr mondial a contribué à fair rflurir ds étuds sur un périod historiqu qui avait été négligé. Mais il s agit put-êtr d un xcption.» «En réalité, il xist l risqu qu c soit un discours n concurrnc avc l discours scintifiqu qui préval lors ds annivrsairs, ajout-t-il. Paradoxalmnt, ls historins ont un rôl assz faibl dans l débat public sur l histoir. A la différnc ds scincs xacts, d autrs acturs comm ls médias ou la politiqu sont n compétition pour l intrprétr.» Etuds historiqus n progrès L débat autour d cs annivrsairs illustr un phénomèn qui n s limit n aucun manièr à la sul Suiss. Partout, l récit national ntourant ds événmnts clfs d l idntité national st rmis n qustion par un historiographi qui s st émancipé dpuis longtmps d son rôl d srvitur d l Etat. Dans l passé, n particulir au XIX siècl, ls historins ont u un rôl détrminant pour fournir ls bass idéologiqus pour la construction d l Etat-nation. «Surtout après 1945, avc l dévloppmnt d un historiographi critiqu, ls historins ont abandonné définitivmnt ctt fonction d légitimation sans critiqu d l Etat», not Sacha Zala. «L discours scintifiqu a baucoup changé après 1945, obsrv d son côté Thomas Maissn. Aujourd hui, tous ls historins qui travaillnt dans un contxt académiqu sont impliqués dans ds débats intrnationaux. L histoir national aussi doit êtr intrnational, ll doit pouvoir êtr traductric t plausibl dans un contxt supranational.» swissinfo.ch Lins Dictionnair historiqu d la Suiss 5 von :39
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